2013-08-15 11:30+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde XII
Aujourd'hui, on célèbre le 66e anniversaire de l'indépendance de l'Inde. Contrairement aux années précédentes, je n'ai pas visité ce pays cet été, mais je passerai Noël à Chennai pour le festival de musique (carnatique) et de danse (principalement bharatanatyam). Dans cette ville, j'ai pris l'habitude de lire The Hindu, notamment pour les pages 3 et/ou 4 où sont annoncés les programmes des salles de spectacles. Comme j'envisage de visiter Lahore au Pakistan un de ces jours, mais pas dans l'immédiat, je me dis qu'il serait intéressant de progresser en hindoustani, cette langue dont la forme la plus couramment parlée en Inde s'appelle hindi et qui s'écrit en devanagari (un alphabet que je maîtrise depuis mon tout premier voyage en Inde) et dont la forme parlée au Pakistan, l'ourdou, utilise l'alphabet arabe. Bref, j'aimerais progresser dans le hindi oral et apprendre l'alphabet arabe.
Le hic est que plusieurs styles calligraphiques existent pour l'alphabet arabe. Le style le plus courant est apparemment le naskh, mais il semblerait que l'ourdou utilise traditionnellement le style calligraphique nastaliq, qui a résisté pendant longtemps aux tentatives des typographes. C'est pourquoi les journaux rédigés en ourdou étaient encore écrits à la main par des calligraphes il y a quelques décennies de cela. Maintenant, des fontes comportant les nombreuses ligatures nécessaires existent et les journaux se sont informatisés. Le sujet est assez sérieux, puisque l'Inde a tout récemment déclaré son indépendance typographique vis-à-vis du Pakistan : pour écrire l'ourdou, des fontes produites localement remplaceront dorénavant les fontes importées du Pakistan !
Tous les journaux se sont informatisés, sauf un : The Musalman :
Photographie chipée sur cette page
Comme on peut le voir dans cet émouvant film, tous les jours trois calligraphes écrivent à la main les quatre pages de ce journal. Il est annoncé à la fin que le rédacteur en chef Syed Failullah est décédé en 2008. On apprend avec joie dans un autre film que son fils Syed Arifullah lui a succédé, et qu'il entend continuer cette tradition familiale dont il représente la troisième génération.
Ce journal est publié en Inde, et plus précisément à Chennai. Lors de mon prochain séjour, je pourrai donc acheter tous les mains The Hindu et The Musalman ! (Je ne serai sans doute pas encore en mesure de déchiffrer la calligraphie nastaliq, mais je pourrai au moins mettre ces journaux de côté pour m'entraîner par la suite.)
2012-12-27 19:21+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Lectures — Culture indienne
Cette année, j'ai vu à peu près le même nombre de spectacles qu'en 2011. C'est encore peut-être un peu trop...
En 2012, j'ai assisté à vingt-huit représentations d'opéras, ce qui est bien moindre qu'en 2011. Je n'ai pour ainsi dire plus aucun plaisir à aller à l'Opéra Bastille, et ce pour de nombreuses raisons (voir par exemple mon billet sur Don Giovanni). Contrairement aux années précédentes, je n'ai même plus envie de me risquer à aller écouter et voir les nouvelles productions, qui sont pour ainsi dire toutes ratées depuis la prise de fonction de Nicolas Joel. Le salut vient d'ailleurs, même si à Paris la nouvelle direction du Théâtre des Champs-Élysées fait des efforts, cf. Médée. Pour ce qui est des opéras en version scénique, je crois que mon meilleur souvenir est celui de La Traviata donnée à Dijon (où j'avais toutefois été moins convaincu par L'Opéra de la lune de Brice Pauset...). Le deuxième acte de Billy Budd entendu à Londres était une merveille musicale. Cela dit, je n'étais pas venu à Londres pour ça mais plutôt pour Les Troyens dont je me souviendrai sans doute longtemps de la démesure des décors et de l'absence de Jonas Kaufmann...
Pour ce qui est des opéras en version de concert, je ne regrette pas le déplacement à Budapest pour le Ring qui s'y est donné en juin dernier ! Le Tristan et Isolde dirigé par Andris Nelsons au TCE m'a aussi bouleversé. Le Château de Barbe-Bleue de l'Orchestre de Paris m'a procuré beaucoup de plaisir. J'ai eu assez longtemps une certaine méfiance vis-à-vis de la musique de Bartók, mais cette année, je suis allé d'émerveillements en émerveillements : le concerto pour piano nº2, la musique pour cordes, percussions et célesta, Le Prince de bois, etc...
J'ai eu l'occasion d'assister à un nombre invraisemblable de bons concerts. Beaucoup de concerts excellents. Pas mal de concerts merveilleux. Quelques concerts fantastiques. Dans cet ensemble, il se trouve une poignée de concerts auxquels je ne peux repenser sans être saisi d'une émotion rétrospective quasiment insoutenable. Les voici, par ordre chronologique :
Dans la catégorie “un pouillème en dessous de fantabullissime”, j'incluerais deux concerts Bach très différents : La Messe en si mineur dirigée par Masaaki Suzuki et La Passion selon Saint Matthieu dirigée par Marc Minkowski.
S'agissant des compositeurs que j'ai découverts cette année, j'ai déjà mentionné Bartók, mais j'ai aussi été émerveillé par la Symphonie nº3 “Chant de la nuit” de Szymanowski et par son concerto pour violon nº1, entendus deux fois cette année, par Christian Tetzlaff et Janine Jansen. J'ai aussi en quelque sorte découvert que Mozart, ça pouvait être bien... notamment grâce à l'Orchestre de chambre de Paris et Sir Roger Norrington ! Grâce au Chamber Orchestra of Europe, j'ai pu apprécier des œuvres que je n'aimais pas trop (cela marche au moins avec les compositeurs en Schu- : Schubert, Schumann). Cette année, quelques autres orchestres de chambre m'ont fait également de très bonnes impressions : le Britten Sinfonia, Les Dissonances, Academy of St Martin in the Fields.
La musique de chambre a également eu une certaine importance dans les concerts auxquels j'ai assisté en 2012. Il y eut bien sûr la Biennale de quatuors à cordes à la Cité de la musique qui a concouru à une de mes grandes découvertes de l'année : la musique de chambre de Beethoven. Plus tard, à Budapest, j'ai ainsi pu me délecter de son trio en si bémol majeur, op. 97. La musique de chambre de Brahms m'a aussi fait une forte impression dans la série en cours à Pleyel par les solistes du Berliner Philharmoniker. Parmi bien d'autres moments mémorables liés à la musique de chambre, je retiens aussi les master-classes de Kurtág à la Cité de la musique ou Clair de lune de Debussy joué en bis par Menahem Pressler, par exemple.
Ma grande découverte musicale de l'année dernière était le chant dhrupad. Cette année, je me suis mis à le pratiquer. Les premiers cours me firent un certain effet ! Partant de zéro, je n'ai bien sûr pu faire que des progrès... Maintenant, je dois arriver au moins à chanter une gamme à peu près juste dans quelques ragas et chanter quelques compositions en respectant le rythme imposé (et de plus en plus, je reçois non plus la suggestion mais presque l'ordre de chanter plus fort, ça doit impliquer que c'est plus juste qu'au tout début...). Les opportunités d'entendre ce type de musique en concert dans de bonnes conditions furent assez limitées, mais tous furent d'excellente qualité : Nirmalya Dey, Uday Bhawalkar (déjà cité plus haut parmi mes meilleurs souvenirs de concerts de l'année !).
Du côté de la danse indienne, j'ai eu l'occasion de voir des formes de danse que je ne connaissais pas vraiment et de les apprécier : le kathak avec Isabelle Anna et l'odissi avec Arushi Mudgal. Cependant, mon style préféré reste le bharatanatyam. La raison est tout simplement que c'est le style que j'ai vu le plus souvent, et progressivement j'ai le sentiment de le comprendre de mieux en mieux. J'ai aussi eu l'occasion cette année de voir presque toutes mes danseuses préférées et d'en découvrir d'autres : Lavanya Ananth, Mallika Thalak, Meenakshi Srinivasan et Nancy Boissel. Depuis le déclic délenché par Srithika Kasturi Rangam lors de son récital à Chennai en février 2010, cette forme d'art est devenue une de celles qui me procurent le plus de plaisir en tant que spectateur, souvent autant sinon davantage que lors de représentations moyennes du Ballet de l'Opéra. Cette compagnie m'aura procuré en 2012 moins de moments mémorables que les années précédentes... Que me reste-t-il ? Josua Hoffalt et Aurélie Dupont dans L'Histoire de Manon (et les adieux de Clairemarie Osta dans ce ballet). Myriam Ould-Braham dans La Bayadère, La Fille mal gardée et dans le défilé du Ballet. De la série des Don Quichotte dans laquelle pratiquement personne n'a vu les danseurs prévus initialement, les distributions n'ayant pas arrêté de changer, je retiens l'interprétation de Mathilde Froustey dans le rôle de Cupidon.
La danse n'est l'apanage de jeunes corps parfaits. Parmi mes plus grandes émotions liées à la danse cette année, je retiens le récital Abhinaya de Malavika et le duo entre Mats Ek et Ana Laguna dansé dans le programme “6000 miles away” de Sylvie Guillem.
J'ai beaucoup moins lu cette année que les années précédentes, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'avec Pagli d'Ananda Devi j'ai lu un chef d'œuvre de la littérature francophone. Plus récemment, Parva d'Amruta Patil m'a fait renouer plus qu'agréablement avec la littérature indienne ancienne.
2012-04-01 00:24+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Lectures — Culture indienne
Quel mois ! En novembre dernier, j'avais déjà eu un mois très chargé en spectacles. La plupart avaient été extrêmement satisfaisants. Ce mois de mars a été encore plus riche en émotions. Voici un récapitulatif, le nombre de points d'exclamation étant une indication approximative d'appréciation, au frissonomètre, au lacrimomètre, au youpiömètre, enfin bref :
concerts de ma vieex-aequo !!!!!!!!
Des 23 spectacles auxquels j'aie assisté ce mois-ci, je n'ai gardé que le meilleur, certains spectacles juste bien n'ayant pas été considérés dignes de figurer dans la liste !
2012-03-24 23:07+0100 (Orsay) — Culture — Lectures
Je m'aperçois que j'ai oublié de mettre ici un lien vers le billet que
j'ai écrit sur le Biblioblog à propos du roman Pagli
d'Ananda Devi. J'ai eu le bonheur d'échanger quelques mots avec elle et
de me faire dédicacer ce livre il y a quelques jours lors du Salon du
Livre. J'étais depuis un certain temps déjà convaincu de l'immense talent
de cet auteur. Par le plus grand des hasard, j'ai terminé il y a quelques
semaines ma lecture de son œuvre par ce roman, qui me semble
extraordinairement bien réussi. Peu de livres m'ont autant ému, pas
seulement par l'histoire, mais aussi par le style, la construction, la
poésie. Quand je dis peu
, cela se limite à deux ou trois maximum en
comptant celui-ci !
2011-12-25 22:22+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Lectures — Culture indienne
L'année dernière, après en avoir vu 107 au cours de l'année, je m'étais dit qu'il ne serait pas raisonnable d'augmenter encore la dose de spectacles et qu'il faudrait bien faire des choix. C'est bien entendu le contraire qui s'est produit : j'ai vu davantage de spectacles cette année. J'ai passé plus d'une soirée sur trois à assister à un spectacle, mais moins d'une sur deux...
L'opéra reste un des piliers de ces spectacles. J'ai assisté à 42
représentations d'opéra (j'inclus dans ce total les opéras en version de
concert) correspondant à environ 30 opéras, parmi lesquels se sont trouvés
22 opéras que je n'avais encore jamais vus. Parmi ceux-là, deux créations :
The Second Woman (Frédéric Verrières) et Akhmatova (Bruno Mantovani). Si le sujet du
deuxième m'a intéressé davantage, le plaisir procuré par le premier a été
supérieur. Cette année, j'ai diversifié quelque peu les lieux pour assister
à des opéras. J'ai ainsi vu une de bonnes productions d'Orphée et Eurydice à la MC93 Bobigny et de Carmen à Nancy. Plus près de l'Opéra, j'ai fait
deux belles découvertes
à l'Athénée ‒ Louis Jouvet : Didon & Énée (Purcell) et The
Turn of Screw (Britten). Ce lieu m'a également offert une des plus
détestables soirées d'opéra de ma vie : L'Egisto
(Marazzoli/Mazzochi). La musique était loin d'être inintéressante, mais le
théâtre était sclérosé (je sais gré à Peter Brook d'avoir introduit cette
notion il y a plus de quarante ans dans L'espace
vide). Du théâtre sclérosé, il y en a également eu une certaine
dose à l'Opéra de Paris : Francesca Da Rimini,
Salomé, Faust, La
Cenerentola. À l'inverse, il y eut en ces lieux une production
tout-à-fait honorable de La Clémence de Titus et
d'excellentes productions de Lulu, de Tannhäuser et de Kátia
Kabanová. Au TCE, j'ai eu l'occasion de voir quelques opéras en
version de concert. Il y eut ainsi un Ariodante
avec une formidable Joyce DiDonato, un Pelléas et
Mélisande avec un superbe Laurent Naouri et un lamentable Fidelio.
Parmi mes bonnes résolutions de l'année dernière, il y avait celle de mieux comprendre la musique de Wagner pour ne pas passer à côté des Siegfried et Götterdämmerung que j'avais prévu de voir à l'Opéra Bastille. Au début du mois de janvier, j'acquis ainsi une édition de 1903 du Voyage artistique à Bayreuth d'Albert Lavignac. Après quelques semaines d'efforts, je réussis à me mettre en tête la plupart des leitmotivs de la Tétralogie, devenant par la-même ringopathe. Mon expérience de spectateur en a été complètement transformée et le plaisir renouvelé avec Parsifal au TCE, le programme Wagner de l'Orchestre Colonne, Tannhäuser à Bastille, le Ring Saga à la Cité de la musique (et la Citéscopie parallèle) et dernièrement avec Le Ring sans paroles, suite symphonique jouée par le Philharmonique de Radio France. J'ai comme l'impression que je n'en ai pas fini avec Wagner...
Par rapport aux années précédentes, j'ai augmenté sensiblement la proportion de concerts Pleyel dans mes choix. Je vois donc un peu plus de concerts symphoniques que précédemment. Un des plus fabuleux concerts auxquels j'aie assisté cette année a été le programme Rameau orchestral du Concert des Nations dirigé par Jordi Savall. Pour ce qui est du baroque, j'ai également passé de très bons moments à écouter Damien Guillon et Pierre Hantaï. J'ai par contre dû remettre en cause mes standards de qualité en réécoutant La Passion selon Saint Jean dirigée par Ton Koopman. En revanche, avec Haydn, aucun problème avec Le Concert Spirituel pour Die Schöpfung, L'Orchestre de Paris et le Quatuor Thymos à l'Athénée. Ce dernier concert était un programme de musique de chambre. Les autres concerts de musique de chambre auxquels j'aie assisté m'ont procuré un certain plaisir, comme celui de Lisa Batiashvili, François Leleux, Sebastian Klinger, Guy Ben-Ziony, Milana Chernyavska au TCE ou encore celui du Quatuor Pražák et de quelques autres dans un programme Hindemith/Schönberg.
Parmi les concerts symphoniques, je garde un souvenir émerveillé de trois concerts LSO/Gergiev : Le chant de la nuit (Mahler) et Symphonies nº6 et 10 (Chostakovitch). Le concert de l'Orchestre de Paris du 14 octobre à Pleyel m'a procuré des émotions très contrastées puisque j'ai pu d'une part entendre pour la première fois le concerto pour violon de Tchaikovski interprété par Leonidas Kavakos et d'autre part tenter de réprimer des gloussements à l'écoute de la symphonie de Hans Rott. Un autre grand moment pour moi a été la première écoute de La symphonie fantastique. Pour le reste, j'ai eu le plaisir de réentendre du Roussel dans Bacchus et Ariane dirigé par Yutaka Sado. La présence d'œuvres contemporaines aux programmes des concerts Colonne m'a donné l'occasion d'adhérer complètement à une œuvre contemporaine dès la première écoute : Melancolia (Kremski). Un phénomène semblable s'est produit avec La nuit transfigurée de Schönberg lors du concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Pierre Boulez.
Pour ce qui est du ballet, je me suis pour ainsi dire limité à la programmation de l'Opéra de Paris. Je retiens la belle création de La Source, la reprise d'Onéguine, de Roméo et Juliette et la Coppélia de Lacotte dansée par les élèves de l'école de danse (tellement plus intéressante que celle dansée par le ballet de l'Opéra). Bien sûr, il reste quelque chose du passage du Bolchoï : Flammes de Paris, Don Quichotte. Enfin, c'est devenu une évidence, mais la grande révélation de la saison, pour moi, c'est Myriam Ould-Braham, formidable Juliette, Naïla et Olga.
Il me reste maintenant à évoquer ce qui n'appartient pas aux formes
classiques européennes
. Pour moi, cela se réduit essentiellement à
l'Inde. Toutefois, de la nuit soufie, c'est bien le chant
du marocain Marouane Hajji que je retiendrai. Maintenant, venons-en à
l'Inde... Depuis le récital de Srithika Kasturi Rangam à
Chennai en 2010, j'ai développé un certain goût pour le
bharatanatyam. J'ai profité de mon séjour dans le Sud de l'Inde
cet été pour voir quelques récitals (à Mumbai, Bangalore et Chennai). Au cours de
l'année, j'en aurai vu une douzaine. Comme il n'y en a plus aux Abbesses,
je me suis déplacé au Musée Guimet pour voir Urmila
Sathyanarayanan et Priyadarshini Govind, deux
récitals relativement décevants (pour des raisons différentes). Comme ce
n'était pas suffisant, je suis également allé au Centre Mandapa ; mes plus grandes
satisfactions sont venues des récitals qui s'y sont déroulés. Parmi les
danseuses vues cette année, je retiendrai deux noms : Lavanya
Ananth, Mallika Thalak. Elles correspondent toutes
les deux à l'idéal que je me fais de ce style de danse.
Je n'ai longtemps entendu la musique carnatique que comme une musique d'accompagnement pour des récitals de bharatanatyam. Lors de mon séjour à Chennai en août, je suis allé plusieurs soirs de suite assister à des concerts de chant carnatique. Le plus remarquable a été celui de Sri Mohan Santhanam au Vani Mahal. À force d'écouter ce type de musique, j'ai commencé à comprendre la forme générale que prenaient les improvisations et compositions. J'espère que le plaisir d'écoute n'en sera que meilleur quand je réentendrai Aruna Sairam au Théâtre de la Ville en avril 2012.
En Inde, les formes les plus raffinées de musique viennent du Nord, il faut bien l'admettre. Au cours de l'année 2011, j'eus l'occasion d'entendre du khyal lors d'un triple-concert au cours duquel s'étaient particulièrement distingués Ustad Ulhas Kashalkar et Pandit Ajoy Chakrabarty. Quelques mois plus tard, j'ai également pu réentendre la fille de ce dernier, Kaushiki Chakrabarty. La grande découverte de l'année, je la dois à Klari grâce à qui j'ai pu découvrir le chant dhrupad avec deux représentants de la dynastie Dagar : Wasifuddin Dagar et Sayeeduddin Dagar. (J'avais déjà entendu les Gundecha en 2008, mais j'en garde un amer souvenir.) Récemment, le concert du sitariste Shahid Parvez au Théâtre de la Ville m'a permis d'entrevoir de façon moins superficielle que je ne le faisais jusque là certaines similitudes formelles entre ces musiques (instrumentales ou vocales). J'espère bien passer suffisamment de temps à Kolkata l'été prochain pour assister à plusieurs concerts !
Bon, maintenant, je peux l'avouer à ceux qui ont lu jusqu'au bout : j'ai assisté à cent soixante-trois spectacles en 2011. L'année prochaine, il faudra donc véritablement songer à faire des choix (réduire un peu l'abonnement Pleyel, continuer à quasi-boycotter le TCE, se limiter à deux représentations d'un même ballet, se limiter à une seule représentation d'un opéra ?).
PS: Pour ce qui est des lectures, le bilan est sur le Biblioblog.
2011-11-08 01:27+0100 (Orsay) — Culture — Lectures
Auditorium du Louvre — 2011-11-07
Ananda Devi, texte et narration
Dédoublement, dialogue rêvé avec Malcolm de Chazal.
L'entrée était payante, 6€, mais cela en vallait la peine. Comme il est plus courant de les entendre dans des librairies à l'occasion d'une rencontre-dédicace, il m'avait cependant semblé assez insolite d'avoir à payer pour avoir le privilège d'entendre un écrivain. Mais s'agissant d'un des écrivains de langue française que j'admire le plus, il était hors de question de rater cette occasion.
L'écrivain en question, c'est Ananda Devi. J'avais déniché par hasard son roman Le Voile de Draupadi en faisant une recherche de livres par mots-clefs sur des personnages du Mahābhārata. C'était il y a cinq ans, et depuis j'ai lu presque tous ses livres (il y en a un peu moins d'une vingtaine). J'ai même lu sa thèse de doctorat The primordial link, Telugu ethnic identity in Mauritius. Il ne me reste que le roman Pagli et ses trois recueils de poèmes (actuellement, un d'entre eux n'est même pas communicable à la BnF parce que localisé dans un magasin en travaux...).
L'intervention d'Ananda Devi se place dans le cadre d'un cycle de conférences d'écrivains Pays réel, pays rêvé à l'Auditorium du Louvre (tous les lundi jusqu'à fin novembre), qui s'inscrit dans le programme plus large Le Louvre invite Jean-Marie G. Le Clézio.
Au début de la conférence, alors qu'apparemment tout le monde s'attendait à ce qu'elle entrât par la droite, elle a paru par la gauche et a lu un extrait de La Quarantaine de J. M. G. Le Clézio comme le feront les autres écrivains invités (Homero Aridjis, Alain Mabanckou et Dany Laferrière).
La conférence proprement dite a pu commencer. Intitulée Dédoublement, elle est la narration d'un dialogue imaginaire avec l'écrivain et peintre mauricien Malcolm de Chazal. Elle a imaginé que le 12 mars 1974, alors qu'elle était une toute jeune femme, elle se rendait à l'hôtel National à Port-Louis et entamait une discussion avec lui.
Il m'est impossible de résumer cette conférence qui était accompagnée d'une projection de peintures de Chazal, de photographies, de citations, etc. La plupart des réponses que faisaient Chazal dans le dialogue étaient tirées de ses œuvres.
J'ai trouvé cette conférence passionnante parce que d'une part elle mettait au jour la pensée de Chazal, un écrivain que je ne connaissais pas du tout et d'autre part le questionnement était éclairant sur le rapport d'Ananda Devi aux mots, à l'écriture, à Maurice (dont elle est originaire). J'ai particulièrement aimé les références implicites d'Ananda Devi à ses œuvres de jeunesse, contemporaines de sa lecture de Sens-Plastique, en particulier aux nouvelles du recueil Solstices. La dernière image projetée y faisait écho : elle montrait la tombe de Malcolm de Chazal envahie par la végétation.
Timidement, J. M. G. Le Clézio a descendu l'escalier pour s'approcher de la scène, remercier l'écrivain pour sa conférence. Ils ont ensuite eu quelques échanges autour de questions quelque peu confuses de la modératrice.
Voici une liste de liens vers mes billets sur le Biblioblog à propos de ses livres :
2011-03-31 07:53+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Lectures
Opéra Bastille — 2011-03-28
Janina Baechle, Anna Akhmatova
Atilla Kiss-B, Lev Goumilev
Lionel Peintre, Nikolai Pounine
Varduhi Abrahamyan, Lydia Tchoukovskaia
Valérie Condoluci, Faina Ranevskaia
Christophe Dumaux, Le Représentant de l'Union des écrivains
Marie-Adeline Henry, Olga
Paul Crémazy, Un sculpteur, un universitaire anglais
Vladimir Kapshuk, Un étudiant, deuxième universitaire
Ugo Rabec, Un agent
Sophie Claisse, Une femme du peuple
Laura Agnoloni, Une vieille femme du peuple
Emanuel Mendes, Solo ténor
Slawomir Szychowiak, Solo baryton
Pascal Rophé, direction musicale
Christophe Ghristi, livret
Nicolas Joel, mise en scène
Wolfgang Gussmann, décors
Wolfgang Gussmann et Susana Mendoza, costumes
Hans Toelstede, lumières
Patrick Marie Aubert, chef du chœur
Marguerite Borie, collaboration à la mise en scène
Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris
Akhmatova, Bruno Mantovani (création)
J'ai assisté lundi dernier à la création d'Akhmatova (Mantovani) à Bastille. Mes impressions sont sur le Biblioblog.
2011-03-06 20:58+0100 (Orsay) — Culture — Lectures
2010-12-31 23:59+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Lectures — Culture indienne
Cette année, sauf erreur de comptage, j'ai vu environ 107 spectacles (dont 26 à l'Opéra Garnier, 20 à l'Opéra Bastille, 14 Salle Pleyel, 10 au Théâtre des Champs-Élysées et 8 au R. K. Swamy Auditorium à Mylapore...). Sur l'ensemble, j'en ai chroniqué 77. Comme il ne serait pas très raisonnable d'augmenter encore ces nombres, à l'avenir, il faudra bien faire des choix.
Du côté des spectacles en rapport avec l'Inde, j'ai eu l'occasion de diversifier un peu les genres et les lieux. Voir des spectacles en Inde pendant de courts séjours demande un peu d'organisation et un peu de chance. Pour ce qui est du bharatanatyam, le spectacle de Srithika Kasturi Rangam vu à Chennai a été énorme choc pour moi : c'est le récital qui m'a fait comprendre que cette danse pouvait être véritablement narrative. Les nombreux autres récitals vus m'ont un peu mieux familiarisé avec le langage de cette danse. Pour ce qui est du kuchipudi, j'ai vu deux très beaux récitals cette année : Smt. Radha Prasanna à Chennai et Shantala Shivalingappa aux Abbesses. Mon dernier séjour à Kolkata m'a donné l'occasion d'entendre la jeune Gaayatri Kaundinya interpréter le Raga Maru Bihag, ma première rencontre vraiment réussie avec la musique vocale du Nord de l'Inde. À Mumbai, j'ai pu entendre Aruna Sairam dans un superbe programme de musique carnatique. Certes, j'ai aussi vu Amitabh Bachchan au TCE, mais comme ce spectacle ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, cela ne pourra plus guère que me servir à impressionner d'éventuels Indiens qui me demanderaient si j'ai entendu parler d'Amitabh Bachchan...
Du côté de l'opéra, je retiendrai notamment les productions suivantes qui m'ont fait découvrir quelques œuvres du répertoire : Norma mise en scène par Peter Mussbach, Les Contes d'Hoffmann mis en scène par Robert Carsen, Pelléas et Mélisande à l'Opéra Comique, Don Giovanni au TCE, Eugène Onéguine à Bastille, Ariadne auf Naxos à Bastille. Cette année, j'ai également pu voir le prologue et la première journée de la Tétralogie de Wagner : Das Rheingold à Bastille, Die Walküre à Bastille. J'espère avoir le temps de mieux me préparer aux deux derniers opéras pour mieux en apprécier la musique de Wagner et la mise en scène de Günter Krämer. S'ils ne sont pas les plus intéressants qui soient dans l'absolu, deux opéras m'ont enthousiasmé parce qu'ils ont confirmé mon goût pour la voix de Natalie Dessay (La Sonnambula à Bastille, id. (deuxième)) ou éveillé mon intérêt pour celle de Joyce DiDonato (La donna del lago à Garnier, id. (suite)), une chanteuse que j'ai aussi eu l'occasion d'entendre deux fois au TCE en récital. Si je n'ai pas pu entendre Jonas Kaufmann dans Werther, j'ai beaucoup apprécié son interprétation de La Belle Meunière. Une production aux dimensions modestes m'a particulièrement enthousiasmé : Une Flûte Enchantée aux Bouffes du Nord.
Mon goût pour le ballet s'est confirmé. Parmi les moments forts de cette année, il y a eu Le spectacle de l'école de danse de l'Opéra (dans lequel j'ai particulièrement apprécié Piège de lumière de John Taras), Dorothée Gilbert dans Le Concert de Jerome Robbins, La Bayadère à Garnier, Kaguyahime à Bastille (où j'ai préféré Alice Renavand à Agnès Letestu dans le rôle de la princesse), Le défilé du ballet et Roland Petit à Garnier (Nicolas Le Riche dans Le Jeune Homme et la Mort, la musique de Dutilleux dans Le Loup, Isabelle Ciaravola dans Le Rendez-Vous), Parzival à Garnier (où j'ai découvert Harmonielehre de John Adams), Le Lac des cygnes à Bastille et enfin Le Sacre du Printemps à Garnier.
Pour ce qui est de mes lectures, les bilans sont sur le Biblioblog. Cette année, contrairement à l'année dernière, je n'ai lu que 62 livres. Il faut dire que depuis un peu plus de six mois, cette activité est concurrencée par un début d'apprentissage du piano, qui avance tout doucement...
2010-08-11 13:57+0530 (কলকাতা) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde IX
La journée d'hier était très chaude. L'eau du robinet, provenant probablement d'un réservoir situé en plein soleil était presque brûlante. J'eusse préféré que la douche fût fraîche.
Ce n'était donc pas une journée pour marcher. J'ai passé du temps dans des lieux climatisés, dont une librairie. Lors de cette deuxième visite, j'ai trouvé un rayon de livres d'auteurs indiens au sens large, grossièrement triés par ordre alphabétique. Le seul auteur d'expression française vivant dont j'aie vu un livre était Natacha Appanah.
J'ai acheté le livre Letters from a father to his daughter de Jawaharlal Nehru que j'ai lu d'une seule traite. Il s'agit d'une sorte de résumé de l'histoire de la Terre puis de l'humanité jusques à il y a quelques milliers d'années. Ce texte est constitué d'une suite de lettres envoyées par Nehru à sa fille Indira quand il était à Allahabad et elle à Mussorie. L'ensemble est très intéressant et n'est pas trop périmé. Le côté très séculier de Nehru apparaît dans ce texte. Il renvoie souvent au Book au Nature qu'il convient de déchiffrer pour comprendre le passé. Les réponses apportés par les religions lui apparaissent assez fantaisistes.
Dans la soirée, je suis parti à la recherche de restaurants du côté de Central, mais je n'ai rien trouvé. Je me suis alors dit que j'allais essayer de prendre le tramway, sans doute le dernier mode de transport en commun de Kolkata que je n'avais pas encore essayé. Les arrêts ne sont pas matérialisés. Je me suis mis à un coin du carrefour et ai attendu un bon quart d'heure avant de voir passer un tram' devant moi sans s'arrêter. Un Indien a réussi à monter dedans en marche. Il m'a fallu traverser le carrefour et attendre encore un quart d'heure avant de pouvoir monter dans un autre tram' qui m'a rapproché d'un bon restaurant.
2010-07-15 19:59+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Parmi mes dernières lectures indiennes, je recommande vivement Neuf vies, à la recherche du sacré dans l'Inde d'aujourd'hui de William Dalrymple. J'ai bien aimé aussi Quand viennent les cyclones d'Anita Nair. (Les liens en rose pointent vers le Biblioblog.)
2010-05-30 11:09+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
Le Prix Biblioblog du roman 2010 est décerné à L'Attente du soir de Tatiana Arfel (José Corti) :
2010-03-14 02:11+0100 (Orsay) — Culture — Expositions — Lectures — Culture indienne
Ma carte de la BnF ayant expiré vendredi, je l'ai renouvelée samedi afin de n'avoir pas à payer en sus le prix de l'exposition Miniatures et peintures indiennes. Pour tous ceux qui aiment l'Inde, cette exposition est à ne manquer sous aucun prétexte.
Si le nombre et la diversité des miniatures n'est pas comparable aux collections que l'on trouve au musée national de Delhi, voire au musée archéologique d'Allahabad (les deux collections les plus fournies que je connaisse), la collection de miniatures indiennes de la BnF est remarquable.
Plusieurs styles de miniatures sont présentés. Le style le plus
classique est le style moghol. Les miniatures de ce style sont apparemment
principalement issues du don du colonel Gentil à ce qui était alors la
Bibliothèque Royale. On trouve ainsi entre autres des portraits de
souverains et des scènes de cour. Parmi ces dernières, on voit un roi en
train de fumer la huqqa tandis que dehors, les princesses du
zenana célèbrent la colorée fête de la holi. On verra aussi le
gros idiot accompli
Mullah Do Piyaza chevaucher un cheval famélique
(il y a un rapprochement à faire avec Nasreddin Hodja à
propos duquel on trouve de nombreux contes absurdes dans Le cercle des
menteurs de Jean-Claude Carrière, Pocket). On verra aussi
L'esclave Nazir présentant à l'empereur Aurangzeb la tête de Dara
Shikoh. Cette miniature (comme d'autres ayant un thème historique) ont
une origine particulière : Saisie des commissaires du gouvernement
provisoire de Napoléon Bonaparte à Venise sous la direction de Gaspard
Monge, 1797
.
Je découvre un autre style dans cette exposition : Company School. Il n'est pas étonnant qu'il ne s'en trouve guère en Inde vu qu'il s'agit d'écoles qui travaillaient pour les diverses compagnies des Indes. Quelques unes proviennent ainsi de Chandernagor, ancien comptoir français. Certaines miniatures, notamment des images de monuments spectaculaires, comme le Taj Mahal, utilisent la perspective !
Toujours parmi les dons du colonel Gentil, une miniature représente la princesse Padmavati (cela doit être une des seules de l'exposition qui ait un rapport avec le Rajasthan). Dans l'iconographie hindoue, je note aussi Sharabha, une forme de Shiva ayant deux têtes de perruches punissant Narasimha pour avoir tué Hiraniakashipu (la raison-même de cette quatrième descente de Vishnu). En effet, ce démon était un dévôt de Shiva.
D'autres styles suivent. On voit ainsi quelques scènes hindoues à Kurnool (Andhra Pradesh). Il y est manifeste que vers 1800, les femmes n'y portaient pas de bustier : leur pudeur n'était protégée que par un pan du sari ramené à l'épaule. Plus loin, une Bayadère à Tanjore.
Une partie importante de l'exposition consiste en des recueils de peintures du Sud de l'Inde. On y voit de très nombreuses et diverses représentations mythologiques et épiques. Comme ces recueils se présentent comme des livres, ils sont ouverts à une certaine page, on voit ainsi Kumara/Kartikeya (à six têtes), le seigneur de la danse Nataraja (en couleurs !), le barattage de la mer de lait, etc ; on peut feuilleter les autres pages en manipulant les postes informatiques situés à proximité. On peut alors apprécier toute la richesse de ces recueils.
Le chef-d'œuvre de l'exposition est le plan du temple Jagannath à Puri (qui est défendu aux infidèles), de l'école de Raghurajpur (1830). Il fait plusieurs mètres de long. C'est un véritable concentré d'iconographie vishnouïste. Outre le plan en lui-même, on y voit entre autres des scènes du Ramayana, Vishnu monté sur Garuda, Lakshmi, Narasimha, Vishnu couché et de nombreuses scènes de la vie de Krishna. Superbe. Cela vaudrait presque le coup d'y retourner rien que pour en apprécier d'autres détails.
2010-02-28 13:25+0530 (मुंबई) — Culture — Lectures
2010-01-22 02:05+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Théâtre — Lectures
Opéra Comique — 2010-01-21
Lucy Crowe, Soprano, Juno
Andrew Foster-Williams, Bass, Coridon, Winter, Hymen, Sleep
Claire Debono, Mystery, First Fairy, Nymph, Spring
Miriam Allan, Anna Devin, Claire Debono, Maud Gnidzaz, Fairies
Ed Lyon, Tenor, Adam, Secrecy
Sean Clayton, Tenor, Summer
Callum Thorpe, Bass
Emmanuelle de Negri, Soprano, Night, The Plaint
Robert Burt, Mopsa
Andrew Davies, Phoebus
David Webb, Autumn
Helen Jane Howells, Eve
William Gaunt, Theseus
Robert East, Egeus
Alice Haig, Hermia
Nicholas Shaw, Lysander
Gwilym Lee, Demetrius
Jo Herbert, Helena
Roger Sloman, Starveling
Robert Burt, Flute
Desmond Barrit, Bottom
Paul Mc Cleary, Quince
Brian Pettifer, Snug
Jack Chissick, Snout
Sally Dexter, Titania
Jotham Annan, Puck
Finbar Lunch, Oberon
Laura Caldow, Omar Gordon, Samuel Guy, Anthony Kurt-Gabel, Jarkko Lehmus, Caroline Lynn, Maurizio Montis, Sarah Storer, Danseurs
Adel Aïssani, Riad Ghelazi, Lucien Pech, Indian Boy (en alternance)
Les Arts Florissants
William Christie, direction musicale
Jonathan Kent, mise en scène
Paul Brown, décors et costumes
Mark Henderson, lumières
Kim Brandstrup, chorégraphie
Francesca Giplin, assistante mise en scène
Joanna O'Keeffe, assistante chorégraphie
François Bazola, chef de chœur
Sophie Decaudaveine, conseillère linguistique
The Fairy Queen, Purcell
Les spectacles à l'Opéra Comique qu'il m'a été donné de voir rivalisent d'adresse à m'enthousiasmer. Le dernier en date est The Fairy Queen, semi-opéra de Purcell, dont la partition a été perdue pendant deux siècles ! Je ne m'étais pas renseigné sur cette œuvre. Je découvre ainsi qu'un semi-opéra est un spectacle intermédiaire entre le théâtre et l'opéra. À vrai dire, les musiciens, les comédiens et les chanteurs ne sont pas les seuls à rassasier les sens du spectateur puisqu'on verra aussi évoluer des danseurs !
Le livret est inspiré (vaguement nous dit le metteur en scène Jonathan Kent) de la pièce de Shakespeare Le songe d'une nuit d'été. Tout se passe dans un décor unique mais multiforme. Il commence par figurer l'intérieur du duc Theseus, puis il se déstructure pour représenter la forêt où les amoureux Lysander et Hermia ont promis de se rejoindre, suivis de près par Helena qui n'est point aimée de Demetrius en retour. La reine des fées et Oberon se disputent. Puck, le serviteur d'Oberon, se trompe de destinataire pour les charmes que lui suggère son maître, ce qui fait que la reine des fées se trouvera en amour avec le tisserand Bottom transformé en âne et que Lysander et Demetrius vont fuir Hermia pour se disputer Helena. Quand le jour paraîtra, tout sera rentré dans l'ordre et les personnages auront eu l'impression de faire un songe.
Tout ce spectacle est so British. Par exemple, les artisans jouent une pièce de théâtre inspirée de la légende de Pyrame et Thisbé racontée par Ovide. Les artisans jouent tellement mal leur pièce à l'intérieur de la pièce que c'en est à hurler de rire. Le comédien qui interprète Bottom (Desmond Barrit) est très impressionnant.
Le décor est unique, mais cela bouge beaucoup. Une trappe permet de rapides et multiples apparitions-disparitions de personnages. On a presque peur pour les danseurs qui arrivent à ne pas tomber dans le trou. Certains, comme Phoebus et Juno sont suspendus dans les cieux.
Le spectacle est très long : cela commence à 20h et finit peu avant minuit, avec un seul entr'acte d'une demi-heure. Bref, il ne s'en ai pas fallu de beaucoup pour que j'arrive à prendre le dernier RER B (qui, n'étant omnibus qu'à partir de Massy-Palaiseau, est plus rapide que ceux qui précèdent). Long, mais en rien ennuyeux.
2010-01-21 01:46+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Lectures
Opéra Bastille — 2010-01-20
Andrew Richards, Werther
Ludovic Tézier, Albert
Alain Vernhes, Le Bailli
Andreas Jäggi, Schmidt
Christian Tréguier, Johann
Sophie Koch, Charlotte
Anne-Catherine Gillet, Sophie
Alexandre Duhamel, Brühlmann
Olivia Doray, Kätchen
Michel Plasson, direction musicale
Benoît Jacquot, mise en scène
Charles Edwards, décors et lumières originales
Christian Gasc, costumes
André Diot, lumières
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris
Werther, Massenet
L'opéra Bastille voit se succéder les Werther maudits. L'an dernier, Villazón avait annulé la première. Cette année, pour la représentation de ce soir, Jonas Kaufmann a été remplacé par Andrew Richards qui a interprété fort honorablement le rôle de Werther dans l'opéra éponyme de Massenet.
J'avais plutôt apprécié la production de Jürgen Rose. Celle dont l'Opéra a fait l'acquisition, mise en scène par Benoît Jacquot au Royal Opera House (2004), m'a enthousiasmé bien au-delà. Le seul faux pas me semble résider dans le port de lunettes teintées par Werther lors de son entrée en scène. Bagatelle.
Les quatre décors (un par acte) sont en pente. Le mur d'enceinte et la porte d'entrée sur le domaine du bailli, les abords du temple (que l'on ne voit pas), le salon de Charlotte, la chambre de Werther. Les costumes sont classiques. Albert est en rouge, Werther en bleu, Charlotte en blanc, Sophie en violet. Si on excepte le début du troisième acte, trop sombre, j'ai trouvé que l'utilisation des lumières était extrêmement pertinente.
Depuis la dernière fois, j'ai pris le temps de lire le roman épistolaire de Goethe, Les souffrances du jeune Werther, que j'ai lu dans la sublime version française que constitue la traduction de Charles-Louis de Sévelinges, rendue plus élégante par Pierre Leroux qui n'entendait pas l'allemand et revue récemment par Christian Helmreich, Le Livre de Poche, collection Les Classiques de Poche. À ma surprise, Sophie, la sœur cadette de Charlotte, est un personnage qui n'apparaît que dans l'opéra. Elle est interprétée par Anne-Catherine Gillet, qui m'avait impressionné dans l'air de Micaëla de Carmen. C'est d'ailleurs dans cette Carmen que j'avais entr'aperçu Andrew Richards. Il n'avait pu assurer son rôle de Don José que pendant les deux premiers actes et avait été remplacé par un ténor brésilien anonyme.
Son interprétation du rôle de Werther est tout à fait convaincante. Toutefois, la prononciation de certaines voyelles lui pose occasionnellement quelques problèmes. Charlotte est interprétée par Sophie Koch que je n'avais entendue qu'une seule fois, dans le final de la neuvième symphonie de Beethoven en 2005 au TCE avec l'Orchestre Lamoureux. La tension dramatique et l'importance de ce rôle augmentent à chaque acte jusqu'à la scène finale, très lyrique.
Dans le rôle d'Albert, on trouvera cette année aussi Ludovic Tézier. Par rapport au roman, Albert est plus en retrait. On ne saura pas grand'chose de lui si ce n'est qu'il est l'homme que Charlotte avait promis d'épouser à sa mère sur son lit de morte. Dans le roman, on le voit volontiers philosopher avec Werther, qui est fasciné par le suicide... Dans cette version toutefois, un détail dans l'attitude d'Albert laisse à penser qu'il est parfaitement conscient de l'usage que Werther entend faire des pistolets qu'il lui prête pour un prétendu voyage. Dans le roman, seule Charlotte semblait envisager la fatale issue.
Les amateurs du son de la harpe seront comblés dans les derniers actes. Le directeur musical Michel Plasson (76 ans !) a manifestement plus de mal à marcher qu'à diriger l'orchestre de l'Opéra. En tout cas, il fait de la musique de Massenet un délice de musique continue, seulement interrompu par les deux entr'actes.
La représentation du 26 janvier sera retransmise en direct sur Arte et sur Internet (ArteLiveWeb).
PS: Il m'a semblé que le surtitrage a été remonté, le rendant seulement à moitié visible depuis le rang 7 du premier balcon de côté. Cela paraît curieux par rapport à l'utilisation de l'espace scénique : seule la moitié de la hauteur disponible était utilisée, de sorte qu'il n'eût résulté aucune gêne de ce qu'on descendît légèrement l'appareil.
2009-12-31 16:04+0100 (Orsay) — Culture — Lectures
En cette année 2009 finissante, j'aurai lu 101 livres et à ce jour, ma PAL s'élève à 101 unités. Il n'y a rien de particulièrement glorieux à avoir franchi le seuil de 100. D'ailleurs, en nombre de pages, c'est un peu moins qu'en 2008 et à peine plus qu'en 2007 où je n'avais lu que 56 livres. Je suis à peu près certain que je lirai moins de livres de 2010 (les 101 livres de ma PAL représentent deux fois plus de pages que ce que j'ai lu en 2009 !).
Mes impressions sur certains ce ces livres sont maintenant sur le Biblioblog sur lequel les rédacteurs les plus actifs livrent aujourd'hui un bilan de l'année 2009. J'ai ajouté récemment dans mon booklog des liens vers les livres recensés sur le Biblioblog.
⁂
Du point de vue musical, les salles que je fréquente maintenant le plus sont celles de l'Opéra. J'ai prévu de voir tous les spectacles de ballet de cette année et une bonne proportion des opéras. Un des prochains sera La Sonnambula que je n'ai vu qu'au cinéma et entendu au disque ; j'en ai déjà fait le résumé.
À propos de ballets, ne pas manquer la diffusion sur France 3 le premier janvier à 13h50 du spectacle Ballets russes récemment programmé à l'Opéra.
2009-11-17 01:55+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Je suis en train de terminer ma promenade dans l'œuvre de Vikram Seth. Ayant fini de lire ce qui a été traduit en français, il ne me reste plus que ce qui ne l'a pas été ou très tardivement comme The Golden Gate, je veux parler de son œuvre poétique. Depuis mon dernier voyage en Inde, je n'avais plus à lire que les quatre recueils de poèmes (procurés à Delhi) et un recueil de fables animalières.
Je lis les recueils par ordre chronologique (en parallèle d'autres lectures). J'ai commencé par Mappings. Je viens de débuter The Humble Administrator's Garden. Je ne suis encore que dans la partie Wutong consacrée à la Chine ; les indienne Neem et californienne Live-Oak suivront.
Le moins que je puisse dire est que la lecture de ce deuxième recueil s'avère plus ardue que celle du premier. Les poèmes, assez descriptifs d'un environnement, d'une ambiance particulière à certains lieux, parleront sans doute beaucoup aux sinophiles. En ce qui me concerne, je suis quelque peu dépassé par certaines références. Comme on va le voir, même le Grand Oracle Omniscient Gardien du Livre de l'Entendement (cela sonne comme un nom de palais impérial chinois, mais c'est de David Madore) a du mal à suivre.
Ainsi, dans le poème Nanjing Night, une alternative se présente
à des étudiants qui se massent devant un cinéma : Either the Gang of
Four or the Four Great Tasks
. Si le Gang of Four, je vois de
quoi il peut s'agir, les Four Great Tasks me plongent dans un
abîme de perplexité. Après quelques recherches Google infructueuses, le
seul lien prometteur trouvé est un extrait d'un livre intitulé Cadres
and Kin: Making a Socialist village in West China, 1921-1991 par
Gregory Ruf : In
the autumn of 1950, CCP work teams began to propagandize the Four Great
Tasks (si da renwu) among farmers: eliminate bandits, overthrow
local tyrants, reduce rents, and refund extortionate rent
deposits.
.
J'espère que la difficulté ne monte pas crescendo pour finir
comme du Mallarmé et qu'il se trouvera encore des friandises comme Thus
the young yahoos coexist / With whoso list to list to Liszt
.
2009-10-09 03:55+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde VI
J'ai commencé il y a quelques jours ma lecture du Bhāgavata Mahāpurāṇa dans l'édition Gita Press achetée à Tirumala lors de mon avant-dernier voyage en Inde 1.
Dans l'introduction à sa traduction de 1840, Eugène Burnouf situait l'écriture de cette œuvre autour du XIIIe siècle (estimation soumise à des hypothèses). Le texte est peut-être plus ancien que cela, mais il est certainement plus récent que le Mahābhārata. Ceci relativise le terme de Purāṇa (ancien, antique).
La traduction de mon édition bilingue sanskrit-anglais est manifestement
digne d'être qualifiée de médiocre
. Je ne sais pas dans quelle
mesure elle est fidèle à l'original. En tout cas, si l'essentiel se lit
sans grand déplaisir (c'est d'ailleurs écrit dans un anglais poussiéreux),
un certain nombre de vers restent obscurs. En comparaison, la traduction de
Burnouf est très limpide ; je la consulte quand j'en éprouve le besoin (ce
qui permet souvent de voir que les deux traducteurs n'ont pas compris le
texte sanskrit de la même façon).
J'ai en effet pu trouver les trois premiers volumes sur Google Books (ils ont fait leur
apparition sur ce site l'un après l'autre 2), mais il n'est pas raisonnable de lire un
aussi long ouvrage sur un écran d'ordinateur ; et j'ai l'intention de lire
les livres que j'ai achetés, eussent-ils été acquis pour un modique
prix.
J'ai lu 6% de mon édition en deux volumes. Au rythme actuel, il me faudrait une dizaine de mois pour en venir à bout. Il va falloir que je lise strictement plus de un chapitre par jour pour y arriver dans un délai plus raisonnable. Ce qui est amusant, c'est que mon édition commence par un extrait du Padma-Purāṇa qui explique notamment l'avantage que l'on peut tirer d'une lecture du Bhāgavata Mahāpurāṇa, plus efficace à procurer la libération de l'âme du cycle des renaissances que de nombreux sacrifices de cheval (un sacrifice très rarement réalisé par les rois épiques, c'est dire si c'est exceptionnel). La procédure pour une lecture en sept jours, particulièrement propitiatoire, est minutieusement décrite. (Pour la Bible, les lectures-marathons organisées place de la Bastille ne prennent que quatre jours. Cela dit, la Bonne Nouvelle y est prononcée 24h/24 tandis que des pauses sont prévues pour la lecture en sept jours du Bhāgavata Mahāpurāṇa.)
Ma première impression est que ce Purāṇa est un panégyrique à la gloire de Kṛṣṇa. Le premier des douze livres raconte essentiellement la fin du Mahābhārata. L'accent est bien sûr mis sur Kṛṣṇa ; son caractère divin, qui transpire dans l'épopée, est ici amplifié :
Dharmarâdja (Yudhichṭhira) occupait le trône, exauçant, comme un père, les vœux de ses sujets ; le culte qu'il adressait aux pieds de Krĭchṇa l'avait affranchi de tous les désirs.
(BhP I 12.4)
Cela dit, ce n'est pas qu'un texte narratif ! L'ouvrage fait très souvent référence à la bonne manière d'obtenir le salut dans la période troubliée du Kaliyuga qui serait la nôtre. Les mérites que l'on pourraient acquérir par une bonne conduite, voire l'ascèse sont considérés comme peu de choses s'ils ne sont pas alliés à une dévotion à Kṛṣṇa. Dans le ver ci-dessus, Yudhiṣṭhira se fait un exemple à suivre. C'est seulement par cette dévotion, la bhakti que l'on pourrait voir au-delà du voile de la Māyā, cette illusion dont se joue Kṛṣṇa pour nous faire éprouver la dualité, alors que véritablement, Kṛṣṇa, l'Univers tout entier, soi, est un. Le but ultime de cette dévotion serait de réaliser cette unité. Contrairement au brahmanisme plus ancien qui ne faisait guère de cas des classes les moins hautes de la société, la bhakti semble être une voie ouverte à toutes les classes. D'ailleurs, les Purāṇa auraient été diffusés par des hérauts n'appartenant pas à la classe des brâhmanes et viseraient à permettre à un public non versé dans les Veda (mais néanmoins sanskritiste...) d'accéder à la connaissance.
[1] En sept mois, ma PAL est passée de 104 à 108 livres. Sachant que j'ai lu 61 livres dans le même intervalle, je pense que je ne dois plus être très loin du point d'équilibre.
[2] Ils ont été publiés en 1840, 1844 et 1847 par l'Imprimerie Royale. L'auteur étant mort en 1852 avant d'achever sa traduction, ces volumes sont dans le domaine public. N'ayant pu trouver les dates d'Eugène Louis Hauvette-Besnault, un de ses deux continuateurs, je ne sais pas quel est le statut des quatre- et cinquième volumes.
2009-10-01 09:36+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Extrait de mon booklog ; deux romans qui ont paru en français lors de cette rentrée et dont j'ai fait la critique pour le Biblioblog. S'il n'en fallait lire qu'un, je choisirais celui d'Abha Dawesar :
2009-09-14 09:08+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
Après que Paul Vacca a remporté le Prix Biblioblog du Roman 2009 pour son premier roman La petite cloche au son grêle (Philippe Rey), le Biblioblog et la librairie Les Buveurs d'Encre organisent une rencontre/dédicace le vendredi 25 septembre à 19h30 (59 rue de Meaux, 75019 Paris).
Entretemps, Paul Vacca a aussi publié Nueva Königsberg et nous a accordé une interview.
Voir aussi le billet de Laurence.
2009-09-11 20:45+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Expositions — Lectures
Profitant d'un petit déplacement à Paris, je suis passé à l'Opéra dans le but de voir l'exposition Gounod, Mireille et l'Opéra organisée conjointement par l'Opéra de Paris et la BnF. L'opéra Mireille de Gounod est en effet programmé pour l'ouverture de la saison, et ceux qui ont encore la télévision pourront le constater en direct sur France 3 lundi prochain.
Vu que je n'étais jamais allé à l'Opéra Garnier qu'à l'occasion de représentations, je ne savais pas trop quel chemin prendre. La Bibliothèque-musée de l'Opéra (rattachée à la BnF) étant le lieu putatif de l'exposition, je suis entré par la façade occidentale vu que celle-ci se trouve dans le pavillon de l'Empereur. À l'accueil et au contrôle de sécurité, on ne semble pas franchement au courant de l'existence de l'exposition, mais la carte de la BnF semble valoir sésame pour entrer (comme pour les autres expositions organisées par la BnF), et je me retrouve laché dans les escaliers latéraux de l'Opéra, avec pour indication qu'il faudrait aller au deuxième étage.
Je me retrouve ainsi devant une exposition permanente, où je vois notamment un portrait d'Albert Roussel, mais point de Gounod. Plus loin une belle porte en bois peu accueillante. Par chance, un employé en sort. Le temps de discuter avec lui de l'emplacement de l'exposition (première personne rencontrée qui semble au courant), j'aperçois l'intérieur, assez impersonnel, de la bibliothèque. L'exposition commence à l'étage d'en-dessous.
L'exposition n'intéressera sans doute que les passionnés d'opéra. On y trouve quelques affiches de différentes reprises de Mireille, quelques documents autographes de Gounod (peu lisibles !), un buste, un laissez-passer de l'Empereur pour Gounod, des photographies d'interprètes d'opéras de Gounod, des esquisses ou maquettes de décors, etc. et une pipe.
Si l'entrée fut gratuite, la sortie ne l'a pas été. On est en effet obligé de passer par la boutique, et si j'ai ainsi eu l'occasion d'acheter en avance le programme de Mireille (dans lequel on trouve un catalogue des documents présentés dans l'exposition, avec quelques reproductions en pleine ou double page), ce qui est neutre pour moi, je suis tombé par malheur pour ma bourse devant un DVD de L'Amour de loin de Saariaho, dont j'avais lu le livret par hasard il y a quelques mois après l'avoir acheté dans une gare. Comme on m'a adressé deux fois la parole en anglais comme si cela allait de soi, je suppose que la proportion de clients étrangers est assez élevée.
Le programme (12€, 200 pages en papier glacé !) de Mireille revient longuement sur les nombreuses modifications dont la partition a été la cible, afin, selon ses instigateurs de proposer une fin qui plût davantage au public et de rajouter du brillant (et un commentateur glose en disant que cela permettait surtout à l'épouse du directeur de théâtre, Marie Caroline Miolan-Carvalho de mieux briller...). Contrairement à ce qui se fait d'habitude, on ne trouve aucun document relatif à cette nouvelle production, hormis un texte du chef d'orchestre Marc Minkowski. Globalement, cela donne envie de se plonger dans le poème de Mistral, Mirèio. Aussi, cela me rappelle que je réentendrai avec plaisir Anne-Catherine Gillet (qui fera ses débuts à l'Opéra), Amel Brahim-Djelloul (idem), Sylvie Brunet, Nicolas Cavallier et d'autres.
2009-09-08 23:15+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Photographies
Je viens de trier par ordre alphabétique les rayons indiens de ma
bibliothèque, au moins pour ce qui est de la littérature
. Et hormis
Vikram Seth qui aura son bout de rangée réservé, tant pis pour ceux qui
dépassent :
2009-08-26 18:12+0530 (दिल्ली) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde VII
Hier, j'ai passé l'essentiel de ma journé à lire. Je voulais achever Les feux du Bengale d'Amitav Ghosh et en finir par la même occasion avec cet auteur, dont je ne comprends pas le succès. Des personnages complètement invraisemblables. Trois fois, il fait mourir ses personnages principaux. Je n'avais pas trop aimé non plus Le chromosome de Calcutta, mais c'était moins n'importe quoi que celui-ci.
J'ai pris le train Jaisalmer-Delhi, cette fois-ci en 3AC
,
c'est-à-dire en compartiment climatisé (draps, oreillers et couverture
fournis). On y dort quand même beaucoup plus mieux qu'en Sleeper
Class et on n'est pas gêné par le sable. J'ai pu trouver de quoi dîner
dans une gare de taille moyenne (les pakoras sortaient tout juste de la
friture). Je me suis ravitaillé en eau à Jodhpur où le train était censé
s'arrêter une heure, mais à peine ai-je payé que le train redémarre (il
faut peut-être signaler que l'entrée à Jodhpur s'est faite après l'heure
prévue de départ). Le temps que je regagne mon wagon, le train a déjà pris
une certaine vitesse.
⁂
La destination finale était curieusement Delhi
, sans plus de
précision. Sachant qu'il y a deux gares principales appelées Old
Delhi
et New Delhi
, ce n'est qu'en sortant de la gare que j'ai
compris où j'étais. Dans la gare, le nom affiché était en effet Delhi
Junction
. C'est quand j'ai vu des panneaux Kashmere Gate
que
j'ai compris que j'étais à Old Delhi
. J'ai rejoint la station de
métro en cycle-rickshaw et me suis dirigé vers Rajiv Chowk (Connaught
Place) où se trouve mon hôtel, un peu miteux, mais bien placé.
Cet après-midi, après avoir mangé un bon thali d'Inde du Sud dans un restaurant Savarana Bhavan (j'ai dit plus haut que l'hôtel était bien placé...), j'ai visité le musée national (en m'y rendant à pieds, sous la pluie), qui s'étend sur trois niveaux. C'est surtout le rez-de-chaussée qui est intéressant. Civilisation de l'Indus, art du Gandhara (influencé par la Grèce, on y voit notamment un Bouddha debout drapé dans une sorte de toge), art Gupta, bronzes (dont quelques très beaux Nataraja), vaste collection de miniatures (présentées dans un dédale de salles dont il n'est pas évident de sortir), etc.
À Palika Bazar, j'ai enfin pu trouver des CD de M. S. Subbulakshmi. J'achète aussi le dernier film d'Ashutosh Gowariker (Lagaan, Swades), Jodhaa Akbar. Une autre touriste renonce à l'acheter, trouvant que 7€, c'est trop cher pour un DVD (le packaging exclut que ce soit une grossière contrefaçon).
2009-07-29 17:28+0530 (ਅੰਮ੍ਰਿਤਸਰ) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde VII
Un premier contact quelque peu brutal avec Delhi. Je suis parti dimanche de l'aéroport Charles de Gaulle pour Delhi via Helsinki. Cette année, je voyage avec un couple d'amis J. et M. dont c'est le premier voyage en Inde.
L'avion a atterri vers 4h du matin. Le temps de passer à travers les
contrôles
sanitaires liés à la grippe A, faire tamponner nos visas,
récupérer nos bagages, changer des euros, prendre un taxi prépayé (le
guichet a changé de place par rapport à la dernière fois), nous sommes
arrivés à Chandni Chowk (en ayant aperçu le Fort Rouge) vers 6h.
Il faisait jour. La première vision de la rue indienne est habituellement réservée au lendemain, les avions atterrissant d'ordinaire vers minuit. Le réveil de ce quartier a pu paraître glauque à mes compagnons de voyage.
En fin de matinée, nous avons rejoint la station de métro Central Secretariat, avons regardé de loin la résidence de la présidente de l'Inde puis avons marché dans Raj Path en direction de l'India Gate dont nous avons observé l'architecture peut-être un peu trop sobre.
Nous avons pris notre premier repas dans un restaurant chic avant de poursuivre en direction du tombeau de Humayun, un trajet fini en rickshaw quand la route à suivre ne se laissa plus aisément déterminer.
La pluie a commencé à tomber lors de notre visite du mausolée du deuxième empereur moghol et d'autres de personnes moins importants situés alentour. Nous avançons quand la pluie et l'orage baissent d'intensité, passant devant plusieurs pavillons. Si son dôme est fait de marbre blanc, le grès rouge donne sa couleur principale au tombeau de Humayun situé sur une vaste plate-forme à laquellle on accède par un escalier constitué de hautes marches.
Ce qui me surprend dans certains édifices alentour est la présence de vestiges de la couleur bleue, qui a moins résisté au temps que le rouge, le blanc et de façon plus anecdotique le jaune. Je n'avais vu du bleu que dans un édifice moghol à Agra sur la rive Nord de la Yamuna.
Nous avons rejoint le centre de Connaught Place en rickshaw et sommes entrés dans une librairie plutôt bien fournie. J'y ai trouvé les livres que je cherchais, à savoir les quatre recueils de poèmes Mappings, Three Chinese Poets, All You Who Sleep Tonight et The Humble Administrator's Garden, ce qui achève de compléter ma collection des euvres de Vikram Seth, aussi bien en prose qu'en vers (à ce sujet, voir ma critique de son roman en vers The Golden Gate, ainsi que celle d'Eugène Onéguine de Pouchkine, le plus célèbre roman en vers de la littérature russe).
Nous avons ensuite dîné au restaurant Saravana Bhavan (où j'avais déjà mangé en 2007). La carte y est moins fournie que dans ses homologues de Chennai. Je pensais que M. et J. apprécieraient la cuisine du Sud de l'Inde, dont je considérais que le côté pimenté relevait plus de la légende que de la réalité. Pourtant, alors que je me régalais avec mon thali, ils ont trouvé que tout était trop épicé...
Le retour à l'hôtel s'est fait sous le Déluge. D'abord, il a fallu traverser une des routes circulaires concentriques autour de Connaught Place. Vu la circulation, ce n'est déjà pas évident au sec, alors avec vingt centimètres d'eau par endroits... Nous avons ensuite utilisé des allées couvertes pour rejoindre le centre et prendre le métro. L'eau dévalait les marches à toute vitesse.
Le plus épique fut la marche à pieds entre la station Chandni Chowk et notre hôtel situé près de la mosquée Fatehpuri. Suite aux pluies très fortes (et qui n'avaient pas encore cessé), tout le quartier était inondé, l'eau montant souvent jusque sous le genou. Heureusement, Chandni Chowk est aménagée de vrais et larges trottoirs. On a vu un homme bouter l'eau hors sa boutique avec un seau.
Cette expérience s'est avérée quelque peu traumatisante pour mes compagnons de voyage. Je n'avais jamais vu un tel déluge. C'était beaucoup plus impressionnant que ce que j'avais vu à Allahabad. À Kolkata, les précipitations avaient été plus spectaculaires, mais je n'avais eu à patauger dans l'eau qu'une vingtaine de mètres, pas deux kilomètres.
⁂
Mardi, le Fort Rouge est ouvert ; nous le visitons. Si les motifs floraux du tombeau de Humayun sont plutôt primitifs, ceux du Fort Rouge sont nettement plus raffinés. On en trouve sculptés dans le grès rouge et dans le marbre et d'autres faits de pierres colorées incrustées dans le marbre blanc selon la même technique que celle utiisée dans le Taj Mahal, construit à la même époque. Les pierres incrustées de certains édifices latéraux ont élé pillées. On observe encore les vestiges de dorures plus abondantes sur un pilier du Diwan-I-Khas.
Après avoir mangé chez Karim's, un bon restaurant près de la porte Sud de la Jama Masjid, nous avons visité cette grande mosquée. L'entrée est gratuite, mais il est exorbitant d'entrer avec un appareil-photo : 200 roupies. Je m'attendais à un édifice plus grandiose.
Nous avons ensuite visité Raj Ghat, le lieu de crémation de M. K.
Gandhi, un carré noir où est inscrit हे रम
. Il s'est remis à
pleuvoir, mais de façon moins violente que la veille. Les routes étant
enbouteillés, nous sommes quand même rentrés à pieds, visitant au passage
un temple hindou situé à côté du temple jaïn qui est au coin de la rue en
face du Fort Rouge. Le temple est principalement dédié à Shiva. Pourtant,
on y trouve aussi des représentations associées à Vishnu (Vishnu avec le
disque et la conque, Radha et Krishna, Vishnu couché sur l'océan cosmique,
Brahma sortant de son nombril) en plus de divinités liées aussi bien à l'un
qu'à l'autre (Hanuman, Rama, Sita, Lakshman), de divinités fluviales
(Ganga, Yamuna) et d'autres associées à Shiva (Durga, Parvati). À l'autel
principal, les parasols n'étaient pas placés correctement, à savoir
au-dessus des divinités (Shiva et Parvati) : il y en avait trois qui
étaient décalées.
2009-07-09 14:15+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde VII
Le premier roman de Paul Vacca La petite cloche au son grêle a remporté le Prix Biblioblog du roman 2009. Je suis aussi très content de la deuxième place de Laver les ombres de Jeanne Benameur.
⁂
J'ai passé une semaine en Allemagne, au Mathematisches Forschungsintitut Oberwolfach. Quelques innovations culinaires intéressantes par rapport aux dernières fois, comme une entrée tricolore (vert, blanc, rouge) faite d'un curieux mélange entre morceaux de pommes, des groseilles, etc. Au retour, j'ai eu quelques heures à passer à Strasbourg, ce qui m'a permis de visiter la cathédrale.
⁂
J'ai presque terminé mon écoute de ma semi-intégrale
Haydn. Le moins que l'on puisse dire est que cela aura été moins
déplaisant que celle de mon intégrale Mozart (cependant, j'ai eu quelque
mal à supporter la symphonie parisienne nº82 L'Ours
). Il ne me reste
plus qu'on opéra La fedeltà premiata et, le meilleur pour la fin,
les oratorios Die Schöpfung et Die Jahreszeiten.
⁂
Je suis en train de terminer ma lecture de deux formidables romans en vers : The Golden Gate de Vikram Seth (en version originale) et Eugène Onéguine d'Alexandre Pouchkine (dans la traduction d'André Markowicz).
⁂
Je suis aussi en train de préparer mon septième voyage en Inde. L'itinéraire prévu est Delhi-Amritsar-Varanasi-Allahabad-Gwalior-Agra-Chittorgarh-Ajmer-Jodhpur-Jaisalmer-Delhi.
2009-06-06 23:07+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Cela fait presque deux ans que j'ai acheté un Paperback Oxford English Dictionary. Depuis, j'ai lu quelques livres en anglais : The Inheritance of Loss de Kiran Desai, The Palace of Illusions de Chitra Banerjee Divakaruni, et quelques autres. Si j'en lisais déjà occasionnellement, ce dictionnaire de langue anglaise me facilite bien la tâche. Il est et fait suffisamment cheap pour qu'on n'ait pas peur de l'abîmer en le manipulant beaucoup. Il n'est pas excessivement lourd, ce qui permet de l'emporter parfois dans les transports en commun.
Étant actuellement en train de lire le roman en vers de Vikram Seth, The Golden Gate, écrit en américain, je viens de tomber à l'instant, à côté de définitions m'intéressant, sur un couple de définitions doublement récursives :
crease v. (creases,
creasing, creased)
1 make or become crumpled.
2 ...
crumple v. (crumples,
crumpling,
crumpled)
1 crush something so as to make it creased.
2 ...
Il faudrait des mécanismes de détection de cycles dans les dictionnaires, afin qu'il n'en subsiste pas de trop courts.
2009-05-25 09:45+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne
J'ai fini il y a quelques jours ma lecture de Quatuor de Vikram Seth. Ce roman, qui a pour thème principal la musique, est excellent. J'ai rédigé mes commentaires pour le Biblioblog. Sur ma lancée, je viens de commencer son roman en vers The Golden Gate, dans sa version originale qui était dans ma bibliothèque depuis un moment plutôt que dans la traduction française qui vient de paraître. J'ai aussi acheté Eugène Onéguine, le célèbre roman en vers de Pouchkine, dont j'ai récemment vu une adaptation en ballet et qui avait enthousiasmé Vikram Seth lors de la parution d'un traduction anglaise.
Quelques autres critiques récentes :
2009-04-23 14:59+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
Il y a deux jours, l'UNESCO a annoncé le lancement de la Bibliothèque numérique mondiale.
L'interface est multilingue et ce n'est pas une plaisanterie : les méta-données des documents existent en sept langues. Ceci peut cependant provoquer quelques surprises au moment de l'ouverture des documents.
Je vois néanmoins deux gros défauts. Si on trouve quelques documents
assez exceptionnels, comme une
partition autographe d'un air de Carmen, le nombre de
documents disponibles (1170) est ridicule pour un projet ayant un titre
aussi pompeux, d'autant plus qu'une proportion non négligeable de ces
documents est faite de cartes (par exemple, les huit documents liés au
Pakistan sont des cartes). Je ne vois pas franchement comment ce site
pourrait réduire
la fracture numérique
.
L'autre défaut majeur réside dans l'interface de lecture, qui laisse à désirer. Si certains documents sont téléchargeables en PDF, un certain nombre d'entre eux ne peuvent qu'être visionnés dans l'interface du site et celle-ci n'a manifestement pas été envisagée dans l'optique de permettre à l'utilisateur de lire des livres : par exemple, le réglage du grossissement doit être refait après chaque tournage de page.
Parmi les curiosités trouvées, une carte de l'Inde à l'ère du Mahabharata où les noms sont écrits dans l'alphabet devanagari.
Un peu plus tard, je feuillette La Constitution de l'Inde et
m'aperçois avec surprise qu'elle commence par We, the people
of India, having solemnly resolved to constitute India into a sovereign
democratic republic...
alors, que ma mémoire non-défaillante (photo à l'appui)
me rappelle que cette république est aussi socialist
et
secular
. Surprise. J'ignorai ce fait, mais ces deux
adjectifs ont été ajouté en 1976 lors du quarante-deuxième
amendement. Aujourd'hui, l'adjectif socialiste
est assez
anachronique.
2009-04-09 02:00+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne
Église Saint-Roch — 2009-04-08
Mikael Stenbaek, ténor (Évangéliste)
Huub Claessens, basse (Jésus)
Caroline Weynants, soprano
Clint Van Der Linde, alto
Philip Sheffield, ténor
André Morsch, baryton
Chœur de la Radio flamande
Il Fondamento
Paul Dombrecht, direction
La Passion selon Saint Jean, BWV 245, Johann Sebastian Bach.
Depuis deux jours, je n'arrive pas à faire sortir de ma tête l'air Je
veux vivre
de Roméo et Juliette (Gounod). Comme il n'y a pas
de raison que cela n'arrive qu'à moi, je vous laisse en exercice de
comparer les interprétations suivantes d'Angela Gheorghiu,
Anna Moffo,
Anne Netrebko,
Natalie Dessay,
Diana Damrau,
Barbara
Hendricks et
Lily Pons.
⁂
Rien à voir, mais chez moi, j'expérimente Firefox avec l'extension Vimperator. Ceci renforce
la cohérence entre les trois principaux logiciels que j'utilise : l'éditeur
de texte vim
, le logiciel de
courrier électronique mutt
et le navigateur Web. Et ce n'est pas tout, puisqu'au niveau du window
manager (de dinosaure, puisqu'il s'agit de fvwm
), j'ai aussi un raccourci
clavier pour faire apparaître une ligne de commande sur la dernière ligne
de l'écran.
⁂
Je suis passé à la librairie Ambikâ spécialisée sur l'Inde. J'ai réussi à n'acheter que trois livres.
⁂
J'ai passé l'après-midi à travailler à la BnF. En tant que bibliothèque mathématique destinée aux chercheurs, elle est très nettement moins intéressante que les autres bibliothèques mathématiques que j'ai fréquentées en région parisienne (IMJ, ENS, IHP, Orsay) et que les collègues étrangers nous envient, souvent.
⁂
Ce soir, j'ai assisté à ma sixième
Passion selon Saint Jean de J. S. Bach. Les chefs consécutivement
vus depuis 2003 dans la direction de cette œuvre sont Ton Koopman, Andreas
Spering, Sigiswald Kuijken, Emmanuelle
Haïm, Pierre Cao et donc Paul Dombrecht. Il me reste des souvenirs de
la plupart de ces différentes versions. Je me souviens avoir vu Sandrine
Piau et Klaus Mertens dans la première avec Ton Koopman. De la deuxième, je
me souviens d'une erreur dans le livret distribué (c'était le livret d'une
autre version de l'œuvre, le chœur introductif Herr, unser
Herrscher ayant été remplacé par le chœur qui apparaît maintenant à la
fin de la première partie de la Passion selon Saint Matthieu). La troisième
était originale en ce que le chœur y était on ne peut plus réduit (une voix
par pupitre). La quatrième était gâchée par une mise en scène
de
Robert Wilson. Dans la cinquième, Christoph Prégardien était
l'évangéliste.
Cette sixième version est assurément celle que j'ai le plus appréciée.
S'il n'y avait eu un ténor à la limite du soporifique (quel interminable
Erwäge), je serais parfaitement satisfait de ce concert. Mon
confort et mes conditions d'écoute dans l'Église Saint Roch étaient
presqu'idéales. Premier rang, un peu de côté, de la place pour les jambes.
L'estrade où les musiciens se sont installés est dans l'alignement du
transept. Pendant et après que les chanteurs ont fini de chanter, la
réverbération prolonge de son et engendre des effets saisissants, notamment
avant la partie da capo du chœur introductif où le chœur de la
radio flamande et l'orchestre Il Fondamento se sont arrêtés un
temps inhabuellement long avant de reprendre. Cela a contribué à la
solennité de la représentation, à laquelle concourait aussi le caractère
défendu des applaudissement pendant la semaine sainte et le long silence
qui suivit l'air Es ist vollbracht et les mots de l'évangéliste
Et inclinant la tête, il rendit l'âme.
.
La disposition du chœur était inhabituelle : de gauche à droite (de mon point de vue), les sopranos, les ténors, les basses, les altos (STBA), alors que la dispositions SATB est plus courante. Dans les chœurs où les différents pupitres commencent à chanter successivement, dans l'ordre basses, ténors, altos, sopranos (BTAS), comme dans le très joli Lasset uns den nicht zerteilen, sondern darum losen, wess' er sein soll, c'est un peu bizarre à suivre.
Je commence à bien connaître cette œuvre. Mon allemand biblique ne s'est pas trop perdu ; je n'avais pas de mal à suivre ce qui se passait. En dehors du Erwäge, je n'ai pas du tout eu le temps de m'ennuyer ; il s'est écoulé très vite. J'ai apprécié comme je ne l'avais éprouvé avant l'air pour alto Von der Stricken de la première partie où se répondent deux hautbois, alors que, outre la voix de la soprano, Ich folge dir gleichfalls laissent apprécier le son des flûtes.
Bref, je ne regrette pas du tout de m'être abonné cette année aux Concerts parisiens ― Philippe Maillard, dont la programmation fait une grande part à la musique baroque.
2009-04-05 11:06+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Théâtre — Lectures
Dans une entrée précédente, je discutais de mes impressions au sujet d'une retransmission d'une représentation de La Sonnambula, opéra de Bellini, et d'une perplexité qui avait refait surface à propos des liens familiaux supposés ou non entre Amina et le Comte Rodolfo. Entretemps, j'ai retrouvé ce que je cherchais dans les textes d'introduction de la production dont j'ai un enregistrement (Evelino Pidò, Opéra national de Lyon, avec Natalie Dessay, 2007) : la mention du fait qu'Amina était la fille naturelle de Rodolfo se serait trouvée dans une version préliminaire du livret de l'opéra.
Après avoir lu sur Gallica le texte du
ballet de Scribe et Aumer, je suis allé hier à la BnF pour consulter
d'autres sources littéraires. Ce fut l'occasion d'utiliser pour la première
fois un lecteur de microfiches ; un livre tient sur une ou plusieurs fiches
(mesurant environ 10 × 15 cm²) que l'on projète sur un écran ; c'est assez
confortable à lire, en blanc sur fond noir. J'ai ainsi lu d'une part une
analyse
du ballet par un certain M. H. (de moindre qualité que le
texte de Scribe et Aumer qui décrivait succintement chaque scène) et
d'autre part le texte de la pièce de Scribe et Delavigne dont le ballet est
inspiré (il est à noter que la pièce contenait des passages chantés). Voici
un tableau récapitulatif des correspondances :
Titre | La Somnambule | La Somnambule ou l'Arrivée d'un nouveau seigneur | La Sonnambula |
Genre | Comédie-vaudeville | Ballet-pantomime | Opéra |
Auteurs | Eugène Scribe et Germain Delavigne | Eugène Scribe et Jean-Pierre Aumer, musique de M. Hérold | Felice Romani, musique de Vincenzo Bellini |
Création | 1819, Théâtre du Vaudeville, Paris | 1827, Opéra de Paris | 1831, Teatro Carcano, Milan |
Lieu de l'action | (Non précisé) | En Provence, dans l'île de la Camargue, auprès d'Arles | Un village suisse |
La Somnambule | Cécile | Thérèse | Amina |
Son parent | M. Dormeuil, son père | Mme Michaud, meunière, sa mère adoptive | Teresa, meunière, sa mère adoptive |
Son fiancé | Frédéric de Luzy | Edmond | Elvino |
L'étranger | Gustave de Mauleon | M. Saint-Rambert | Le comte Rodolfo |
L'aubergiste | ― (Mauleon est logé dans le pavillon de Dormeuil) | Mme Gertrude | Lisa |
(Je renonce à comprendre la logique des changements de noms d'une œuvre à l'autre, et aussi l'helvétotropisme.)
L'intrigue de l'opéra est presqu'identique à celle du ballet, mais elle diffère de façon très-significative de celle de la pièce. Dans le ballet et l'opéra, un mariage se prépare entre une jeune fille dont on découvrira qu'elle souffre de somnambulisme et un jeune homme. Le contrat de mariage est signé ; la cérémonie religieuse est prévue pour le lendemain. Un étranger arrive au village où il a l'intention de passer la nuit avant de continuer sa route. Il rejoint la chambre qu'il a louée. Il flirte avec l'aubergiste qui laisse tomber son fichu et s'enfuit quand elle entend des bruits de pas. La somnambule rejoint l'étranger qu'elle prend pour son futur mari, ce qui trouble bien sûr l'étranger. La somnambule finit par s'endormir dans sa chambre. Pendant ce temps, au village, on a découvert que l'étranger était en fait le nouveau seigneur et on vient à son réveil lui manifester un joyeux accueil digne de son rang. Le scandale éclate quand on trouve la mariée dans sa chambre. L'étranger défend sa vertu en expliquant qu'elle souffre de somnambulisme. À d'autres. Son fiancé refuse de se marier avec elle et pour se venger, décide aussitôt d'épouser l'aubergiste (qui a un faible pour lui). Alors que la cérémonie se prépare, la mère de la somnambule intervient en brandissant le fichu de l'aubergiste qu'elle avait trouvé dans la chambre de l'étranger. Nouvel émoi, vite surpassé par l'arrivée de la jeune fille en état de somnambulisme. Elle se lamente sur son sort, clame son innocence et pourtant souhaite le bonheur à son ex-futur mari. Ce dernier est ému et quand elle se réveille, il lui dit qu'elle ne rêve pas et qu'elle est bien en train de voir son époux.
Dans la pièce, le personnage de l'aubergiste n'existe pas. Mauleon est hébergé dans un pavillon par Dormeuil. Mauleon est un ancien ami de Frédéric et un ancien prétendant à la main de Cécile. Elle avait refusé sa proposition le lendemain d'un bal où il avait passé la soirée à danser avec une autre ; pourtant ces deux-là s'aimaient sincèrement. Par dépit, elle avait accepté la demande en mariage de Frédéric. Quand elle voit Mauleon débarquer le jour de son mariage (il est là par hasard), elle est troublée. Quand elle le rejoint dans le pavillon en état de somnambulisme, elle semble essayer de dialoguer avec lui et d'apaiser sa conscience à propos du malentendu qui conduisit à ce qu'elle repoussât sa proposition ; bref, elle l'aime et regrette de n'avoir alors pas accepté.
Quand Frédéric entre dans le pavillon au matin, Mauleon essaie d'éviter qu'il ne regarde de l'autre côté du paravent où Cécile s'est endormie. Quand cela se produit enfin, elle a disparu : il ne reste plus que son schall. [...] La deuxième scène de somnambulisme dévoile l'amour de Cécile pour Mauleon. Frédéric, qui a déjà vu quatre de ses projets de mariage échouer, renonce à épouser Cécile et la donne en mariage à son ami. (On peut noter que dans le ballet, une renonciation hétérologue est exprimée par Mme Gertrude qui laisse Edmond épouser Thérèse ; dans l'opéra, Lisa se fait tout simplement oublier.)
Faire de Rodolfo le père d'Amina semblait être une bonne idée, puisque, de même que la passion liant Cécile à Mauleon expliquait que ses rêves et donc son somnambulisme la fît tendre vers lui, cette filiation rendait plausible qu'elle fût attirée vers lui. Cela eût aussi été cohérent avec la nostalgie qu'exprime Rodolfo dans la première scène. Cela dit, on imagine mal comment insérer cette révélation à la fin de l'opéra sans casser l'ambiance et tomber dans le ridicule qu'évoque Beaumarchais en imaginant comment écrire un Barbier de Séville qui plût à la critique :
Ce Figaro, qui pour toute famille avait jadis connu sa mère, est fils naturel de Bartholo. Le médecin, dans sa jeunesse, eut cet enfant d'une personne en condition, que les suites de son imprudence firent passer du service au plus affreux abandon.
Mais avant de le quitter, le désolé Bartholo, Frater alors, a fait rougir sa spatule ; il en a timbré son fils à l'occiput, pour le reconnaître un jour, si jamais le sort les rassemble. [...]
À l'instant, la plus touchante reconnaissance a lieu entre le médecin, la vieille et Figaro : C'est vous ! c'est lui ! c'est toi ! c'est moi ! Quel coup de théâtre.
Dans le genre, Palpatine avait relevé le ridicule des retrouvailles entre Idomeneo et Idamante dans Idomeneo de Mozart.
2009-04-03 01:07+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Aujourd'hui, j'ai réussi à entrer dans une librairie sans y acheter de livres. Entre les livres de la sélection du Prix Biblioblog et deux livres injustement délaissés depuis quelques jours (Le docteur Jivago et Mythe et épopée II), j'ai de la lecture pour un petit moment, sans compter la plus que centaine d'autres livres qui traînent dans ma bibliothèque (les livres rangés à l'horizontale ayant été considérés à un moment donné par moi comme étant à lire en priorité).
Bref, quand je suis allé en fin d'après-midi à la Fnac Saint-Lazare pour écouter Jean-Claude Carrière parler de son dernier livre, Dictionnaire amoureux du Mexique, chez Plon (merci Gilda pour le tuyau), il a bien fallu que je passe par l'étage consacré aux livres.
Dans la partie Asie/Inde, un livre chez Connaissance de l'Orient, La cité d'or et autres contes est écarté parce qu'il s'agit d'un recueil de contes issus du Kathāsaritsāgara de Somadeva dont j'ai récemment acquis une traduction intégrale (Océan des rivières de contes, Pléiade).
Un autre livre a attiré mon attention : Golden Gate de Vikram Seth (Grasset & Fasquelle), traduction du roman en vers intitulé The Golden Gate de Vikram Seth, dont je possède déjà, depuis au moins un an, un exemplaire, en anglais. Le livre ayant paru en anglais en 1986, je pensais qu'il n'y avait plus aucun chance qu'il soit traduit en français. Pourtant, cela s'est réalisé, plus de vingt ans après la première parution. Cela m'était déjà arrivé avec Le Palais des illusions de Chitra Banerjee Divakaruni. Je vais donc probablement faire passer ce livre dans la liste de ceux à lire en priorité.
Avec le légendaire Vālmīki, Vikram Seth est l'auteur indien que je préfère. J'ai écrit sur le Biblioblog mes impressions de lecture sur plusieurs de ses livres : Deux vies, Le lac du Ciel, Voyage du Sin-K'iang au Tibet, Un garçon convenable, Arion and the Dolphin. J'ai découvert récemment l'existence de l'émission de radio World Book Club de la BBC. Vikram Seth a été invité dans cette émision pour discuter de son livre le plus fameux : A suitable boy. Les archives de ce World Book Club sont accessibles en ligne.
2009-03-29 12:05+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
La sélection de la troisième édition du Prix Biblioblog vient d'être annoncée :
Comme les années précédentes, nous avons essayé de mettre en valeur des romans qui n'ont pas été très médiatisés.
2009-03-14 20:31+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Je suis allé aujourd'hui au salon du livre 2009. Le site Internet du
Salon est complètement buggé. Je suppose que c'est fait exprès, pour forcer
les gens à acheter un hebdomadaire partenaire pour pouvoir consulter dans
des conditions acceptables la liste des dédicaces. Il serait pourtant
tellement facile de mettre en ligne cette liste dans un fichier PDF, voire
dans un fichier texte. La boutique ne marche pas mieux puisqu'après que
j'eus commandé une entrée plein tarif, le billet que j'imprimai
comportait la mention Auteur en dédicace
. Je me suis donc fait jeter
à l'entrée grand public
. Mon code-barre ne passait pas non plus du
côté de l'entrée des auteurs, mais sans discuter, on m'a émis un badge
Joeol (sic) Riou, auteur en dédicace
et donné un
hideux cahier rose.
Année après année, la visite au Salon se révèle de plus en plus éprouvante, physiquement. Je ne pourrais pas faire ça plusieurs jours de suite. Les allées sont toujours trop étroites, surtout quand les Bernard Werber, les Amélie Nothomb, les Olivier Adam font des dédicaces. L'année dernière, c'était Daniela Lumbroso...
Sans avoir pris rendez-vous avec elles, j'étais sûr de tomber sur Laurence et Douja du Biblioblog au stand Actes Sud à 14h quand Lyonel Trouillot devait venir dédicacer ses livres. Il était en retard, personne n'avait l'air de savoir où il pouvait se trouver. Après avoir reçu une promesse de nous faire appeler au téléphone quand il arriverait, nous nous sommes retrouvés du côté des éditions de l'atelier in-8 où j'avais déjà pris deux courts textes. À 15h30, je reviens avec Douja du côté d'Actes Sud pour une autre dédicace, trop pleine de monde, à laquelle nous renonçons donc. Mais, qui apercevons-nous ? Lyonel Trouillot, qui s'en va, mais qui promet de revenir dans dix minutes. Pendant ce temps, l'équipe des rédacteurs du Biblioblog se reconstitue. Nous sommes quatre, puisque nous ont rejoints Laurence, Yohan et sa moitié. Quand Lyonel Trouillot arrive, il trouve un coin de table pour nous dédicacer des livres et une discussion enrichissante peut commencer.
J'abandonne les autres pour rejoindre Plon, où Jean-Claude Carrière me dédicace la réédition de Le Mahabharata, récit théâtral chez Albin Michel. J'avais déjà lu à la BnF le texte de cette pièce de théâtre en trois parties, publiée en 1985 par le Centre international des créations théâtrales (bref, le théâtre des Bouffes du Nord dirigé Peter Brook), mais je voulais un exemplaire pour ma bibliothèque. J'ai ensuite fait le tour d'un pâté de stands pour me rendre compte que Jean Teulé était juste en face pour dédicacer Le Montespan. Il prend le temps de faire un dessin, mais c'est apparemment le même pour tout le monde. Plus tard, je verrai Raharimanana pour Madagascar, 1947. Le livre qu'il dédicace contient du texte en français et en malgache. Le club Confusion est complice de l'éditeur Vents d'ailleurs puisque le livre est vendu en deux versions. Bref, je passe quelques minutes à parcourir le livre, pour essayer de voir si les passages en malgache sont bien des traductions des textes en français (à moins que ce ne soit l'inversion, peu m'importe). J'ai déjà conclu que cela semble bien être le cas quand l'auteur vient à ma rescousse et m'explique qu'entre les deux versions du livre vendues, seules diffèrent les couvertures. J'achète son dernier roman chez Philippe Rey un peu plus loin. La dernière dédicace à laquelle je vais est encore chez Actes Sud puisqu'il s'agit de Jeanne Benameur.
Voilà la liste de mes achats :
Cela ne fait que deux livres ayant un rapport avec l'Inde. Il faut bien dire que le stand Z64 où devait prendre place un éditeur indien était tristement inoccupé, et que de chez Picquier, j'ai déjà presque tous les livres qui m'intéressent.
Nombre PAL : 117.
2009-02-24 18:34+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde VI
Je suis parti ce matin vers 2h30 à l'aéroport de Chennai pour un vol
d'environ onze heures. En préparant mes bagages, j'avais eu peur de ne pas
réussir à tout faire rentrer dans mes sacs et à répartir le poids de façon
à ne pas dépasser la limite pour les bagages allant en soute. À l'aller,
mon sac faisait quatorze kilogrammes. Au retour, il est tout juste en
dessous de la limite de vingt kilogrammes. Pourtant, j'avais mis
l'essentiel des livres que j'ai achetés dans le sac à dos que j'ai pris
comme bagage à main. J'ai un peu stressé au moment des contrôles de
sécurité en raison des règles arbitraires et imprévisibles qui
fleurissent. En effet, peu après être entré dans l'aéroport, j'ai vu sur
des écrans des instructions donnant non seulement des listes d'objets
interdits dans les bagages à main, mais aussi une liste de choses
autorisées, parmi lesquelles on pouvait lire Books: one or two
. Mon
sac en contenait huit et plutôt pas des petits puisque le sac pesait huit
kilogrammes. Au moment du passage du bagage aux rayons X, j'ai espéré que
l'empilement de pages ne soit pas trop opaque pour être suspect. C'est
passé.
Ma collection de livres ayant un rapport avec l'Inde occupe maintenant presque une bibliothèque complète. Voici mes nouvelles acquisitions :
Les éditions du Ṛgveda et de The Hindu Temple m'ont coûté chacune un peu moins de 2000 roupies (environ 30€), ce qui n'est pas donné, mais est quand même assez raisonnable. Les ouvrages édités par Gita Press ont des prix dérisoires. Je voulais profiter de ce séjour pour acquérir une édition du Bhāgavata Mahāpurāṇa (la traduction française d'Eugène Burnouf étant hors de prix) ; sinon, je ne serais peut-être pas allé à Tirupati, qui était le lieu de vente le plus proche de Chennai d'après le site Web de Gita Press. En fait, la librairie située à Chennai que j'ai mentionnée distribue aussi des livres de Gita Press ; il suffit de leur demander.
La version du Mahabharata de Samhita Arni, qui était très jeune quand elle l'a écrit et illustré, existe aussi en français. J'en avais entendu parler, mais n'y avais pas repensé avant de voir le deuxième volume dans une librairie. En cherchant le premier volume dans diverses librairies, au rayon jeunesse, je suis forcément tombé sur des bandes-dessinées d'Amar Chitra Katha et ai acheté le numéro intitulé Draupadi. Elles couvrent divers sujets, mais une bonne proportion d'entre elles sont liées présentent de façon agréable et pittoresque les mythes et épopées indiennes. C'est très bien fait et cela procure une bonne initiation à l'iconographie indienne. Les prix sont très petits.
(En résumé, contrairement à la musique baroque qui est plus chère si on l'achète in situ, la culture indienne est moins onéreuse là-bas qu'ici, et cela vaut aussi bien pour les disques de musique carnatique que pour les livres ou encore pour les spectacles.)
Ma PAL qui était descendue assez nettement en-dessous de 100 est remontée à 104 et le Salon du Livre est pour bientôt...
2009-01-24 04:51+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Voyage en Inde VI
Je suis prêt à partir pour ce sixième séjour en Inde. Les prochaines entrées de ce blog seront sur le fuseau horaire de l'Inde (UTC+5½). J'emporte moins de livres que pour mon dernier séjour mathématique :
La dernière fois, j'en avais pris au moins deux fois trop et mes bagages firent plus de vingt kilogrammes à l'enregistrement...
2009-01-10 11:43+0100 (Orsay) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne
Si vous avez vingt bonnes minutes devant vous pour le lire, j'ai écrit pour le Biblioblog un résumé du Mahâbhârata avec quelques commentaires et une petite bibliographie commentée des versions que j'ai lues, en attendant ma critique du Palais des illusions de Chitra Banerjee Divakaruni qui apparaîtra au même endroit cet après-midi.
2008-12-31 15:44+0100 (Orsay) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne
Hier, j'ai revu The Mahabharata de Peter Brook (version courte de trois heures). Je pensais faire un billet pour préciser mon point de vue, ayant eu l'occasion de me replonger dans l'épopée récemment, mais il s'avère que je n'ai rien à modifier à ce que j'avais déjà écrit il y a plus de deux ans.
Très bientôt, une critique de The Palace of Illusions de Chitra Banerjee Divakaruni (acheté à Kolkata) qui a été traduit en français plus rapidement que je ne l'imaginais : Le Palais des illusions (Picquier). Comme ce roman est une adaptation du Mahābhārata, raconté du point de vue de Draupadī, j'ai aussi préparé un petit résumé de l'épopée...
2008-12-19 00:03+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Lectures
Il y a quelque temps, je parlais de la quarantaine d'heures de musique qu'il me restait à écouter après que j'eus finis de découvrir mon intégrale de Mozart. Cela fait au moins cinq ans que ça ne m'est pas arrivé, mais aujourd'hui, il n'y a pas dans ma collection de disques une minute de musique que je n'aie pas écoutée.
Parmi les opéras écoutés dernièrement, Fidelio de Beethoven m'a beaucoup impressionné. Rarement, au disque, je n'ai autant été ému par un opéra, alors même qu'aucun personnage ne meurt ! Si le premier acte ne m'a pas particulièrement enthousiasmé, le deuxième est vraiment superbe. J'avais acheté cet enregistrement (Sir Colin Davis, London Symphony Orchestra, 2006) pour me préparer à la représentation que je me disposais à voir cette année ; un grain de sable a dû compromettre la saisie de mon formulaire d'abonnement par les services de l'Opéra de Paris puisque de la production présentée cette année, je n'ai reçu nul billet. Quel dommage !
Là, tout de suite, je viens de visionner un DVD conseillé par Madame Abricot : Carmen avec Anna Caterina Antonacci et Jonas Kaufmann à l'Opéra royal de Londres. De cet opéra, je n'avais écouté que les suites pour orchestre qui en sont extraites. Avec d'excellents chanteurs et une bonne mise en scène, c'est tellement mieux ! Je me réjouis d'avoir pris une place pour la production de l'Opéra Comique en juin 2009, avec ladite Anna Caterina Antonacci. En regardant à nouveau la distribution, je viens de remarquer que le chœur d'enfants sera le chœur Sotto Voce. Tant mieux.
Mon mois de janvier s'annonçant chargé et celui de février indien, j'attendrai sans doute mars avant de me livrer à quelque nouvelle dilapidation (une semi-intégrale Haydn ?).
Côté livres, cette situation ne risque pas se produire de sitôt. À mon rythme actuel de lecture (environ quatre-vints livres cette année), j'ai de la réserve pour plus d'une année, étant entendu qu'en dernier recours, il me restera toujours une Bible (Segond).
2008-12-15 00:13+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne
Église des Billettes — 2008-12-12
Atsushi Sakaï, dessus de viole
Thomas de Pierrefeu, ténor de viole
Isabelle Saint-Yves, basse de viole
Josh Cheatham, basse de viole
Consort de violes Sit Fast
L'Art de la Fugue (BWV 1080).
Vendredi, quand j'en pris le chemin, cela faisait deux ans que je n'avais pas mis les pieds dans l'Église des Billettes. J'étais alors allé écouter Sigiswald Kuijken interpréter les trois premières suites pour violoncelle de Bach sur un étonnant instrument : le violoncello da spalla. Cette fois-ci, c'était pour écouter L'Art de la fugue. Les versions que j'en ai en disque sont pour clavecin, piano ou orgue. Je savais que cela avait aussi été adapté pour orchestre. Ce soir-là, à ma grande surprise, c'était un ensemble de quatre violes, le consort de violes Sit Fast qui interprétait cette œuvre, qui est une des toutes dernières de Bach.
Ce concert faisait partie du programme des productions Philippe Maillard auxquelles je suis abonné depuis plusieurs années. En entrant, je me suis assuré que le prix de leurs programmes n'avait pas changé depuis mai dernier et étaient toujours de 5€. Le placement étant libre, je me suis installé sur les bancs grinçants, aussi près que possible des musiciens : sinon, à moins de passer à l'étage, on ne voit pas grand'chose.
Les musiciens se sont installés, plaçant sur ou entre leurs genoux leur viole. Celles-ci étaient de différentes tailles. Je ne suis pas expert en violes, mais je soupçonne fortement que le programme comportait une erreur dans la distribution : la viole qu'utilisait Isabelle Saint-Yves avait une taille plus voisine de celle du dessus de viole d'Atsushi Sakaï que de celle des violes des deux autres musiciens, Thomas de Pierrefeu et Josh Cheatham. Une de ces deux dernières violes, grandes par la taille, arborait un charmant motif constitué d'arabesques.
L'ensemble a interprété les onze premiers contrepoints ainsi que la Fuga a 3 sogetti. À de nombreuses reprises, les musiciens ont dû réaccorder leurs instruments, ce qui prenait bien cinq minutes à chaque fois ! J'étais quelque peu sceptique à l'écoute du premier contrepoint, joué dans un tempo très lent. Cette interprétation très austère transporte les spectateurs dans l'ascèse (au point qu'ils en oublient de tousser). Mes préventions ont été rapidement dissipées et au bout du sixième, j'étais convaincu et appréciait vraiment ce que j'entendais. Après un court entr'acte intervenu après le septième contrepoint, le concert a continué jusqu'au onzième. Atsushi Sakaï est alors intervenu pour évoquer le dernier morceau qu'ils allaient interpréter. Il a expliqué que diverses théories avaient été proposées au sujet des contrepoints qui suivent les onze premiers qui, eux, ne sont pas l'objet de controverses. Il a annoncé que son ensemble avait retenu l'hypothèse selon laquelle la Fuga a 3 sogetti fait bien partie de L'Art de la Fugue, mais qu'elle s'arrête malheureusement avant que le thème revienne. L'ensemble a interprété cette fugue, et de façon subite, au bout de quelques minutes, la musique s'est interrompue.
⁂
Pour le chemin du retour, ayant apporté des livres choisis aléatoirement dans ma bibliothèque et ayant déjà eu le temps au cours de la journée de finir La Centurie, Poèmes amoureux de l'Inde ancienne d'Amaru, je n'ai pas eu d'autre alternative que de commencer la pièce de théâtre de Krishna Baldev Vaid, en version bilingue hindi-français : La faim, c'est le feu (भूख आग है), traduit du hindi par Muriel Calvet et Jyoti Garin, Asiathèque. Je pensais ne rien comprendre, mais j'arrive à saisir le sens d'une phrase sur deux du texte hindi. Il faut bien dire que les personnages rencontrés jusqu'à présent, une jeune fille et ses parents, parlent une langue qui est un Hindglish caricatural. Ils utilisent ainsi de nombreux mots anglais. Certaines répliques sont même entièrement en anglais, mais transcrites dans l'alphabet devanagari, comme celle-ci :
बच्ची. ― ममी, प्लीज़ नो ! आइ लव माइ हिंदी मैदम ।
Cette réplique de la jeune fille se transcrit ainsi : Mamî, plîz no !
Âi lav mâi hindî maidam.
. La traduction franglaise qui est donnée est
Maman, non, please! I love ma prof
de hindi !
. Bref, c'est très amusant à lire.
2008-11-01 16:47+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Je viens de terminer La légende immémoriale du dieu Shiva : le Shiva-purâna, traduit du sanskrit, présenté et annoté par Tara Michaël, Connaissance de l'Orient, Gallimard/Unesco. J'ai déjà évoqué la Vidyeshvara-samhitâ qui raconte un mythe qui vise sans doute à montrer la supériorité de Shiva sur Brahmâ et Vishnu. C'est d'ailleurs suite au mensonge de Brahmâ que j'évoquais que Shiva, sous sa forme terrible Bhairava, tranche la cinquième tête de Brahmâ et le condamne à ne pas recevoir de culte (la seule exception que je connaisse étant le temple de Brahmâ à Pushkar). D'autres légendes attribuent ces punitions au fait que Brahmâ avait incestueusement désiré sa propre fille.
Le texte de la Rudra-samhitâ se présente sous la forme d'un dialogue entre le sage Nârada et le dieu Brahmâ qui répond à ses questions. Le mythe qui est raconté est celui du mariage de Shiva et de la Déesse. Je ne peux donc m'empêcher de comparer ces passages avec ceux que j'ai lus dans La naissance de Kumara, Kalidasa, traduit du sanskrit par Bernadette Tubini, Connaissance de l'Orient, Gallimard/Unesco. Dans ceux-là, Shiva épouse la fille du seigneur des montagnes après que les Dieux ont estimé que Shiva devait engendrer un fils pour débarasser la Terre du démon Târaka. Pour cela, Kâma, le dieu Amour, et le Printemps sont chargés de détourner Shiva de son ascèse. Par leurs charmes et les flèches de Kâma, Shiva s'éprend de Parvati, mais foudroie Kâma du feu de son regard. Dans ceux-ci, il n'est pas question du démon Târaka, mais d'une volonté de vengeance de Brahmâ pour l'humiliation que Shiva lui a fait subir.
Le dieu Kâma est créé : Avec cette forme et grâce à ton carquois à
flèches de fleurs, tu pourras rendre épris et captiver hommes et femmes et
leur faire continuer l'œuvre éternelle de la création.
. Brahmâ lui-même
éprouve les effets de ces flèches en désirant sa propre fille Sandhyâ (mais
personne ne vient lui couper sa cinquième tête à ce moment). Brahmâ lance
une malédiction sur Kâma : il sera foudroyé pour avoir lancé une flèche sur
Shiva. Kâma proteste, pourquoi le punir ? il n'aura fait que sa mission de
répandre l'Amour. Brahmâ lui promet la vie éternelle après qu'il aura été
réduit en cendres. Kâma, son épouse Rati (la Volupté) et le Printemps
tentent de faire sortir Shiva de son ascèse. Les multiples tentatives échouent
et on n'entend presque plus parler de Kâma, qui ne sera pas réduit en
cendres, contrairement à ce que le texte promettait (une malédiction de
Brahmâ ou de brâhmane est faite pour se réaliser, sinon, à quoi eût-il
servi qu'elle eût été formulée ?). Les Dieux se réunissent. Ils vont
favoriser la manifestation de Satî, qui d'après des promesses anciennes,
est censée devenir l'épouse de Shiva, de même que Sarasvatî et Lakshmî sont
respectivement les épouses de Brahmâ et de Vishnu.
Brahmâ loue la Déesse (Durgâ) qui accepte de s'incarner comme Satî. Après quelques péripéties, Satî naît fille de Daksha (qui est lui-même issu de Brahmâ) sous le nom d'Umâ. Satî-Umâ utilise l'ascèse et l'adoration pour s'attirer les faveurs de Shiva. Émerveillés par cette ascèse, les Dieux et Brahmâ en particulier viennent demander à Shiva de prendre épouse. En tant que yogin, il refuse d'abord puis accepte, pourvu que son épouse soit une yoginî. Brahmâ lui révèle le nom de Satî (que l'Omniscient connaissait déjà bien sûr).
La mariage est célébré. C'est Brahmâ qui officie aux cérémonies. Shiva
et Shivâ (Satî) accomplissent la circumambulation du feu sacré. Chants et
danses. Un incident se produit : lui-aussi épris d'amour pour Satî, Brahmâ
regarde un peu trop fixement les pieds, puis le visage de la Déesse dont il
a écarté le voile. Il va jusques à laisser échapper quatre gouttes de sa
semence. Shiva en est furieux et brandit son trident pour le tuer, d'autant
plus qu'il avait promis à Vishnu qu'il tuerait qui regarderait son épouse
de façon concupiscente. L'incident semble imaginé pour que Vishnu puisse
dire : Ô Éternel Shiva, Brahmâ n'est pas autre que toi, et tu n'es pas
autre que lui. Je ne suis pas autre que toi, Seigneur, et tu n'es pas autre
que moi.
. Bref, Shiva accepte de ne pas se tuer Lui-même. Une pluie de
fleurs se répand, Shiva et Satî montent sur le taureau (leur monture) pour
rejoindre le mont Kailâsa.
Favorisés par Kâma et le Printemps, les ébats amoureux de Shiva et de
Satî durent vingt-et-un ans. Elle lui demande comment les créatures
peuvent surmonter les épreuves de l'existence
. Shiva répond que
c'est par la prise de conscience Je suis Brahman
(la fusion en
l'Être suprème, Brahman, est le but ultime de la philosophie de la
non-dualité). Il affirme que le moyen d'y parvenir est la bhakti,
la dévotion et en décrit les neuf formes.
⁂
Je n'ai pas pu lire sans un certain effroi la phrase suivante dans cet
ouvrage : Bien que le désir de saisir Sandhyâ aux traits attirants
subsistasse (sic) encore dans mon esprit, je comptai mes sens bouleversés
dans ma crainte respectueuse de Shiva.
. Combien de fois craignis-je
qu'une telle erreur subsistât dans mes écrits !
⁂
Comme il ne me restait qu'une quinzaine de pages à lire pour ce dernier round de lecture à la Bibliothèque François Mitterrand, je réservai aussi un autre livre. Il s'agissait du premier volume de la traduction du Bhâgavata-Purâṇa ou histoire poétique de Krĭchṇa d'Eugène Burnouf, professeur de sanscrit au Collège royal de France (1840). Je n'ai pour le moment lu que la préface nouvelle de Jean Filliozat pour la réédition de 1981 et le début de la préface de l'auteur. J'hésite beaucoup à me lancer dans cette lecture. L'ouvrage semble excellent, les explications de l'auteur visant un public non expert en indianisme (vu l'époque où cela a paru) sont très intéressantes. Il est aussi amusant de découvrir quelques particularités orthographiques et typographiques de ce siècle. Ce qui me fait un peu peur est l'extrême longueur de l'œuvre, les cinq tomes répartis en quatre volumes font environ 2250 pages. Le lire en bibliothèque serait une tâche assez démesurée, d'autant plus que je ne peux bien sûr y consacrer que d'occasionnels samedis ou dimanches (ces volumes étant par chance disponibles aussi dans la partie Haut-de-Jardin de la BnF et non seulement au Rez-de-Jardin qui ferme le dimanche). Acheter les quatre volumes auprès de l'éditeur est exclu, vu les prix prohibitifs que celui-ci oppose. Quoiqu'il fût louable de sa part de rééditer cette traduction, un prix de 340€ pour les pages, fussent-elles deux mille deux cent cinquante, d'un auteur mort en 1852, me paraît bien excessif. Lors de mes prochains voyages en Inde, j'essaierai d'acheter la traduction anglaise publiée par Gita Press pour un prix modique de 250 roupies.
2008-10-25 20:00+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Continuant mes lectures indianisantes, je suis tombé tout à l'heure sur un étonnant passage du Shiva-purâna. Au cours de mes lectures, j'ai pu remarquer que les traducteurs du sanskrit mentionnaient assez souvent en note que le texte initial comportait moult jeux de mots intraduisibles, expliquaient que tel ou tel vers pouvait être entendu de multiples manières, que les commentateurs classiques eux-mêmes en perdaient leur sanskrit. Certains poussent même le vice jusqu'à dire que pour bien apprécier la littérature sanskrite, il faut devenir soi-même sanskritiste...
Je n'ai pas cette ambition ; je lisais donc une traduction sélective de la Vidyeshvara-samhitâ, la
première samhitâ de ce Purâna majeur qu'est le
Shiva-purâna. Pour ce texte, Shiva est le dieu suprême. Il réalise cinq
fonctions parmi lesquelles la création (Brahmâ), la préservation (Vishnu),
la destruction (Rudra) ; il est responsable aussi d'éclairer les esprits ou
au contraire de les laisser dans la confusion. On trouve peu de mythes et
légendes dans cette première partie. Il est surtout question de rituels :
doit-on adorer le lingam ou une représentation anthropomorphe, que
signifient les marques sectaires shivaïtes, que signifient les cinq
syllabes du mantra (Om) Namah Shivaya
, comment se vider les
intestins convenablement, comment consacrer par les bonnes formules son
collier de larmes de
Rudra suivant le nombre de faces de chacune, etc. On y trouve cependant
une légende mettant en scène Brahmâ, Vishnu et Shiva. Shiva est présent
sous la forme d'une colonne doublement infinie. Brahmâ et Vishnu jurent
d'en voir le bout, Vishnu par en bas et Brahmâ par en haut. Ils reviennent
tous les deux sans avoir réussi. En redescendant, Brahmâ avait essayé de
convaincre une fleur qui descendait avec lui de mentir et de témoigner
qu'il avait réussi à voir le sommet. Shiva en est très mécontent et lui
jette un sort. D'après la table des matières, la deuxième partie, la
Rudra-Samhitâ, semble beaucoup plus riche en mythes.
Pour revenir au sujet de cette entrée, au vers 77 du chapitre XVIII, je lis :
Le mot Shiva désigne Celui qui a l'emprise sur tout et sur qui personne n'a d'empire, par le jeu de mots de l'inversion : Shiva est Vashî, celui qui possède le contrôle absolu, de même que le lion simha, est par le jeu de mots de l'inversion, himsa, c'est-à-dire la créature qui attaque les autres animaux et qu'aucun autre animal ne peut attaquer.
Il est bien connu que les noms des jours de la semaine sont liés aux planètes que les Romains leur associaient. Je viens de voir que ce Shiva-Purâna faisait les mêmes associations ! en associant de plus une divinité à chaque jour, du dimanche au samedi : Shiva, Mâyâ, Skanda, Vishnu, Brahmâ, Indra, Yama.
2008-06-29 12:50+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
Le Prix Biblioblog du roman, auquel je participe, vient d'être décerné à Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, de Philippe Doumenc.
Le moins que l'on puisse dire est que la compétition a été très serrée !
2008-06-15 00:08+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
Je mets à jour très régulièrement mon booklog. Cette page contient la liste des livres qui s'entassent chez moi ou que j'ai lus depuis que j'ai ouvert ce weblog. Au bout de trois ans, la liste se fait un peu longue et il devient difficile de s'y retrouver.
Pour y voir plus clair, je viens de faire en sorte qu'un classement par auteur soit généré automatiquement. Pour la plupart de ces auteurs, je n'ai lu qu'un seul de leurs livres. Les auteurs les plus représentés dans la liste sont Vikram Seth et Anita Desai. Ils apparaissent chacun huit fois. Cependant, la liste contient beaucoup d'acquisitions récentes... Je n'ai pour le moment lu que quatre livres de Vikram Seth et trois d'Anita Desai. Depuis 2005, l'auteur dont j'aie lu le plus grand nombre de livres est Jean-Claude Carrière. Cependant, les six livres que j'ai lu de cet auteur ne représentent que 857 pages : il n'est pas étonnant que je les ai presque tous lus d'une seul traite... En temps de lecture, les deux premiers quasi-ex-aequo sont manifestement Vikram Seth et Vālmīki.
2008-05-03 22:18+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Photographies
Quelle fut ma surprise, en arrivant en début d'après-midi à l'accueil de la salle W de la Bibliothèque François Mitterrand, de découvrir qu'un des deux livres que j'avais réservés était une BD alors que je m'attendais à lire un livret d'opéra, fût-il illustré !
J'apprécie beaucoup les livres de Vikram Seth. J'ai déjà commenté deux de ses livres sur le Biblioblog : Deux vies (biographie de son grand-oncle Shanti Seth et sa grande-tante Henny) et Le Lac du Ciel (récit d'un voyage en Chine, Tibet compris, au début des années 1980). J'ai lu récemment son roman Un garçon convenable ; ma critique paraîtra dans quelques jours sur le site.
En lisant la fiche Wikipédia anglophone de cet auteur, j'avais découvert qu'il avait rédigé un livret d'un opéra inspiré d'une légende grecque, créé à Plymouth en 1994 : Arion and the dolphin. En trouvant cette notice dans le catalogue de la BnF, je m'attendais à trouver une adaptation française de ce livret.
Je me suis donc retrouvé avec quelques doubles pages de dessins agrémentées chacune de quelques lignes de texte racontant l'histoire d'Arion, son voyage vers la Sicile où il gagne un concours de chant grâce à un coquillage, son retour en bateau durant lequel on lui vole sa bourse et on le jette à la mer, son sauvetage par un dauphin qui le ramène à bon port... (On peut faire de bons opéras avec des histoires encore plus simples ! Je me demande comment le rôle du dauphin était représenté sur scène.)
S'il paraît évident que l'adaptatrice a tenté de préserver le côté poétique que devait avoir l'original anglais, lire cet original donnerait une meilleure idée du travail poétique de l'auteur, et ce serait sans doute encore mieux sous la forme du livret d'opéra que sous cette forme illustrée où le texte occupe une place réduite.
⁂
Après cette lecture agréable bien que décevante compte tenu de ce à quoi je m'attendais, j'ai continué ma lecture d'une traduction française du deuxième livre du Rāmcaritmānas, entreprise que j'avais délaissée depuis quelques mois. J'ai repris ma lecture au début, le deuxième livre commençant par cette très belle invocation :
Puisse le dieu à gauche duquel resplendit la Fille des Monts, le dieu qui porte sur la tête la Rivière sacrée, sur le front la Lune nouvelle, sur la gorge la trace du Poison, sur la poitrine le Roi des Serpents en guise de cordon sacré, puisse le Meilleur des Dieux, le Maître de l'Univers, le Dispensateur de tous les Biens, l'Omniprésent, le Propice, le Dieu au Croissant de Lune, puisse le Seigneur Śaṅkara m'accorder sa protection !
Il s'agit bien sûr de Shiva. Dans l'iconographie hindoue, on retrouve ainsi très souvent le croissant de Lune, le serpent et la rivière sacrée (Ganga) jaillissant de son chignon d'ascète. La Fille des Monts est son épouse Parvati (pour plus de détails, voir La naissance de Kumara, Kalidasa, traduit du sanskrit par Bernadette Tubini, Connaissance de l'Orient, Gallimard/Unesco). La trace du Poison sur la gorge est une allusion à un épisode du mythe du barattage de la Mer de Lait au cours duquel, pour sauver le monde, Śiva avait avalé le poison qui s'était répandu partout : sa gorge en avait gardé une trace, ce qui avait valu à Śiva le nom de Nīlakaṇṭha (qui, au passage, est aussi devenu entretemps le nom d'un personnage d'opéra : le père du personnage éponyme de Lakmé de Delibes).
2008-03-30 12:40+0200 (Brest) — Culture — Lectures
Le Prix Biblioblog 2008 vient d'être lancé :
2008-03-15 16:24+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Photographies
J'ai fait ma visite au salon du livre 2008. Ma volonté de réprimer mes envies d'achats de livres peut bien souffrir quelques exceptions. J'ai rempli mon sac à dos avec quelques achats à peu près raisonnables :
Je suis d'abord allé au stand Québec éditions pour rencontrer Hélène Rioux, auteur de Vendredi soir au Bout du monde que je viens de lire. Nous avons jasé assez longuement. J'ai acheté Chambre avec baignoire un des livres où intervient Éléonore, son personnage de traductrice. À la recherche du stand Picquier, j'aperçois celui de l'Asiathèque que j'avais aussi noté. J'y ai acheté une version tibétaine des Contes du vampire dont j'ai lu récemment la version sanskrite de Somadeva, traduite en français par Louis Renou. Le titre de la traduction est Les contes facétieux du cadavre ; en tibétain, si vous avez des fontes appropriées, que votre navigateur gère l'écriture tibétaine (un peu plus complexe que d'autres systèmes d'écritures voisins comme celui utilisé pour le hindi) et que je ne me suis pas trompé en saisissant les caractères Unicode, cela donne ça : མི་རོ་རྩེ་སྒྲུང་།. J'y ai aussi pris une pièce de théâtre de Krishna Baldev Vaid La faim, c'est le feu (भूख आग है) et l'épopée moderne Kāmāyanī de Jay Shankar Prasād. Je suis ensuite naturellement allé le stand de l'éditeur Philippe Picquier qui édite de nombreux livres d'Asie, Inde comprise. J'y ai fait moisson de quelques romans et nouvelles. J'y ai retrouvé l'agréable compagnie de Gilda avec qui j'ai flâné dans les allées du salon et dont j'ai bénéficié des suggestions. J'ai été particulièrement frappé par l'impression d'abondance de (bons) livres en passant près des stands des éditeurs Payot & Rivages.
Finalement, j'ai encore trouvé le moyen de faire rentrer dans mon sac Voyager léger de Julien Bouissoux aux éditions de l'Olivier, India, India de Yolande Villemaire au stand du Québec, un roman en forme de récit de voyage, Le cri de Laurent Graff au Dilletante, un recueil de poèmes de Kedarnath Singh chez Caractères.
2008-01-13 15:58+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Lectures
Gaveau — 2008-01-11
Cornelia Samuelis, Soprano
Carlos Mena, Alto
Markus Schäfer, Ténor
Thomas Bauer, Basse
Orchestre Baroque de Séville
Chœur Arsys Bourgogne
Pierre Cao, direction
Le Messie, HWV 56, Händel.
Avant-Hier avant l'aube, queue à Bastille après une trop courte nuit pour acheter ma place pour une représentation de Luisa Miller en compagnie de quelques prosélytes lyriques et en bénéficiant des fruits secs de Madame Abricot. À midi, un bon biryani pour me remettre d'aplomb pour travailler en bibliothèque. Le soir, je me rends à la salle Gaveau pour un concert. Je croyais que celui commençait à 19h30. Arrivé à 19h, le hall était ouvert, mais personne en vue, ce qui était bizarre. Je vois alors passer quelques petits groupes : des chanteurs solistes que je reconnais, un chef d'orchestre (qui dirige aussi le chœur) sortent du bâtiment, j'entends parler espagnol, français, allemand. Étrange pour une formation qui est censée être sur scène dans moins d'une demi-heure.
Je vérifie mon billet : le spectacle ne commence qu'à 20h30. Je me replonge dans Les Hauts de Hurle-Vent pour quelques dizaines de minutes et m'installe à ma place dès que les organisateurs des concerts Philippe Maillard et le contrôle se sont mis en place. Un jeune homme accorde le clavecin avec application. C'est ensuite au tour des deux violoncelles et de la contrebasse de faire de même. La salle se remplit. Quand c'est l'heure, l'orchestre baroque de Séville puis le chœur Arsys Bourgogne prennent place. Le chef Pierre Cao, sobrement habillé de noir prend place devant son pupitre et commence à diriger Le Messie de Händel.
C'était hier la quatrième fois que j'assistais à une représentation de cette œuvre, et c'est celle qui m'a le plus enthousiasmé. Les conditions d'écoute étaient particulièrement bonnes pour moi. Vers le centre du deuxième rang, j'étais suffisamment loin pour n'avoir pas besoin de parapluie pendant les airs de solistes, mais suffisamment près pour pouvoir presque entendre individuellement chaque instrument (l'effectif de l'orchestre étant plutôt modéré), chaque voix de l'ensemble, et pénétrer les moindres mouvements respiratoires du premier violon.
Je ne suis en général pas un grand admirateur des voix d'altos masculines, à part peut-être celle de Philippe Jaroussky. Je préfère largement les voix féminines pour les cantates de Bach. Pour les oratorios anglais, je ne sais pas pourquoi, mais cela me choque moins. Hier, l'alto était Carlos Mena. Quand il se positionnait à la gauche du chef pour ses airs, j'avais une vue contre-plongeante de cet homme situé juste en face de moi. J'ai beaucoup apprécié sa voix claire (bien que je n'eusse pas réécouté Le Messie depuis près d'un an, le texte anglais m'était parfaitement intelligible quand il chantait). La basse Thomas Bauer, que j'ai souvent eu l'occasion d'entendre dans des cantates de Bach était dans un très bon jour. Je découvrais la soprano Cornelia Samuelis, dont l'air I know that my Redeemer liveth au début de la troisième partie était merveilleux ; je n'avais jamais vu un visage se rosir autant par l'afflux de sang déclenché par le chant. J'ai un peu moins aimé le ténor Markus Schäfer. Concernant le chœur Arsys Bourgogne, parmi lequel je reconnaît quelques visages d'une fois sur l'autre, ce n'est pas demain que je cesserai de l'apprécier.
2007-12-26 17:36+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Pendant que des piles de livres s'écroulent par ici, je suis en train de lire ma PAL. À ce jour, 64 livres attendent sur mes étagères que je les lise. Les livres commençant à être tassés les uns contre les autres, il serait bienvenu que je commande une nouvelle Billy (si je répugne à l'idée de retourner dans un magasin Ikea, je peux cependant consentir à prendre commande par Internet), mais je crains que si j'achète tout de suite de nouvelles étagères, l'envie de les remplir d'une bonne nouvelle centaine de livres se fera trop pressante. Bref, je suis dans une période où je lis les livres que j'ai déjà avant d'envisager d'en acquérir d'autres. Cette ascèse ne nuit guère à ma fièvre d'achats de disques, même si je tend aussi écouter mes disques aussi rapidement que je ne les achète.
Cependant, j'ai lu quelques romans ayant paru depuis septembre dernier. Parmi ceux-ci, trois m'ont particulièrement plu. Les voici (dans l'ordre chronologique de leur lecture), avec un lien vers le Biblioblog où ils sont commentés, par moi ou par d'autres :
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Dans l'intervalle, j'ai aussi lu de la littérature indienne. Un poignant roman de Samina Ali, Jours de pluie à Madras (Mercure de France), raconte dans les moindres détails un mariage dans la communauté musulmane d'Hyderabad et les désastres personnels qui s'ensuivront. Un autre roman Les mille visages de la nuit (Picquier poche) de Githa Hariharan évoque trois générations de femmes sur fond de légendes du Mahabharata. Le très bon roman Un héritage exorbitant (Stock) d'Anita Desai nous fait part des entrevues d'un professeur de hindi épris de poésie avec un grand poète ourdou, celles-ci conduisant l'apprenti-reporter à s'endetter pour mener à bien son projet d'enregistrer sur bande la voix du poète.
Parmi mes lectures indiennes récentes, deux romans lauréats du Man Booker Prize. D'une part, Les enfants de minuit (Plon, Le Livre de Poche) de Salman Rushdie ; difficile à résumer. D'autre part, The Inheritance of Loss de Kiran Desai (que j'avais eu du mal à trouver il y a un peu plus d'un an), dont l'histoire se situe dans le Nord du l'état du Bengale occidental (près de Darjeeling) lors d'une insurrection d'indiens-népalais pour la création d'un état du Gorkhaland. Au milieu de l'agitation, des retraités tentent de vivre tant bien que mal. Le conflit politique entre Gorkhas et autres indiens trouve son écho dans la relation entre Sai, la petite-fille d'un juge originaire du Gujarat, et son précepteur népali Gyan. Le cuisinier du juge rêve de revoir son fils Biju, pauvre travailleur clandestin en Amérique. Hier, j'ai fini de lire ce livre dans sa langue d'origine. Pour moi, cela a été une lecture difficile du fait de cette langue au vocabulaire recherché et varié (impossible d'avancer sans un bon dictionnaire anglais à portée de main). Cette difficulté a heureusement été compensée par des descriptions savoureuses, des personnages étonnants fourmillant d'astuces et l'humour qu'a répandu l'auteure dans ce très beau livre. Je suis en train de le relire, mais en français cette fois (La perte en héritage, Les deux terres).
⁂
Non-sequitur : au Théâtre du Châtelet, les petits numéros de place sont au milieu de l'orchestre ; moi qui pensais être excentré pour assister au spectacle de Jazz de Woody Allen hier, j'ai eu la surprise de me retrouver juste en face du clarinettiste.
2007-11-07 18:30+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Mathématiques
J'ai fini de lire l'Iliade il y a une dizaine de jours.
Certains passages sont très beaux, mais comme le sujet de l'épopée est
l'épisode de la guerre de Troie constitué par la colère d'Achille (depuis
la dispute avec Agamemnon jusqu'aux funérailles d'Hector), il est surtout
question de batailles, incluant quelques combats singuliers décrits en
détail, tandis que pour chaque héros, on donne une longue liste de ses
victimes ; ce n'est à mon goût pas follement passionnant. Cependant, les
Dieux de l'Olympe interviennent très fréquemment, soutenant les Grecs ou
les Troyens, se disputant entre eux, etc, ce qui rend l'épopée beaucoup
plus intéressante que le simple compte-rendu d'une guerre. Toutefois, je
suis toujours d'avis que le Rāmāyaṇa (et même si l'on n'en retient que le chant VI) est plus beau.
Cette épopée indienne a été écrite probablement un millénaire après
l'Iliade, et il faut bien reconnaître que les combattants
intervenant dans les épopées indiennes ont à leur disposition des armes
beaucoup plus puissantes que celles de leurs homologues grecs et troyens
(cependant, dans le Rāmāyaṇa, les singes ne sont
armés que de leurs griffes et de leurs crocs
), ce qui permet aux
auteurs indiens d'assouvir plus facilement leur fantaisie et de décrire des
combats indiscutablement spectaculaires.
En tout cas, si vous
êtes fan de mythologie grecque et ne jurez que par
l'Iliade, je vous suggère de jeter un œil à la traduction
française du Rāmāyaṇa, vous ne devriez pas être
déçu.
⁂
Samedi dernier, je suis retourné à la Bibliothèque François Mitterrand pour lire quelques textes difficilement trouvables ailleurs. Pour que je puisse entrer, ma carte à puce jaune a dû être changée en carte à puce rouge à radio-identification.
J'y ai lu le premier volume de l'adaptation théâtrale du Mahabharata par Jean-Claude Carrière, créée le 7 juillet 1985 à Avignon dans une mise en scène de Peter Brook. Ce qui était très bien rendu dans son livre Le Mahabharata me semble tout aussi bien réalisé dans cette version théâtrale. En lisant cette pièce, rien ne m'a laissé penser que je ne me retrouvais pas face aux personnages que j'avais découverts dans la version publiée par l'indianiste Madeleine Biardeau (ce qui n'a pas été le cas avec le poétique Yudhishtar & Draupadi de Pavan K. Varma). Dans l'avant-propos du premier volume, Jean-Claude Carrière explique d'ailleurs qu'elle avait encouragé son projet avec Peter Brook d'adapter au théâtre cette épopée pour la rendre accessible au spectateur occidental. Ce premier volume est découpé en cinq parties (actes ?) : Les commencements, Jeunesse, La mariage et le royaume, Le roi des rois, Le jeu de dés. J'ai hâte d'y retourner pour lire les deux autres volumes.
J'y ai également lu le début d'une traduction française d'un des chants de la version hindie du Rāmāyaṇa, l'Ayodhyākāṇḍa du Rāmcaritmānas de Tulsī-Dās, poète de la fin du seizième siècle. Ce poète a fini sa vie à Bénarès ; un temple lui y est d'ailleurs dédié (sur les murs d'icelui, le texte complet de cette épopée serait écrit dans l'alphabert devanagari). Je n'ai pas encore suffisamment avancé dans cette lecture pour pouvoir comparer ce chant avec le chant correspondant de l'épopée sanskrite.
⁂
Ce week-end, j'ai fini de lire les livres que m'avait envoyés Anjélica pour le swap thé et littérature. Voici les commentaires que je lui ai envoyée sur ces livres :
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les nouvelles de Robert Olen Butler ; j'y ai découvert le thème des vietnamiens exilés aux États-Unis d'Amérique. Je relirai volontiers des livres de cet auteur à l'avenir. J'ai un avis plus nuancé sur le livre de Wolf Serno. D'un côté, je suis un peu énervé par l'aspect tout à fait invraisemblable de ce roman d'aventures (où d'ailleurs les différents épisodes n'ont pas grand chose à voir avec la quête du héros qui est dénouée un peu trop facilement) et les connaissances anachroniques de certains personnages en sciences (qu'ils comprennent que la Terre tourne autour du Soleil, passe encore, mais qu'ils l'expliquent avec autant de clarté et de concision, alors que Galilée n'est alors qu'un jeune homme, cela me semble un peu invraisemblable). D'autre part, les personnages sont bien sympathiques, il leur arrive sans cesse des misères et on a toujours envie de savoir ce qu'il va se passer ensuite. Comme en plus le texte se lit très fluidement, quoiqu'assez épais, j'ai lu ce livre très rapidement. Malgré ses défauts, comme le promet la quatrième de converture, c'est un petit bonheur de lecture.
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La semaine prochaine, j'irai à Casablanca pour rendre visite à une collègue mathématicienne.
2007-10-20 13:02+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Thé — Jeux — Photographies
Hier soir, après être rentré de l'université, j'ouvre ma boîte aux lettres et y découvre un colis :
Mais qui peut bien m'envoyer des chaussures de sport ‽
Ah, il s'agit de l'envoi de ma swappeuse pour le swap thé et littérature organisé par Loutarwen :
Et voici le contenu du colis, une fois déballé (et on y voit plus clair avec le flash) :
Dans ce très beau colis, Anjélica m'envoie :
Merci beaucoup Anjélica !
⁂
Je m'empresse d'ouvrir le sachet de thé Bi Luo Chun pour le
sentir et en observer les feuilles. Il s'agit d'un thé vert chinois, dont
le nom signifierait la spirale de jade du printemps
, d'apparence
duveteuse. J'en prélève deux grammes, les mets dans mon zhong, rince le thé, ajoute de l'eau pour le laisser infuser
quelques minutes et déguste le résultat :
Les deux premières infusions m'ont semblées excellentes, mais j'ai raté la troisième : une eau un peu trop chaude (pour les thés verts, je mélange en principe un tiers d'eau froide et deux tiers d'eau bouillante), un temps d'infusion un peu trop long et une amertume qui se met à recouvrir le goût du thé qui s'est fait plus discret qu'aux deux premières infusions ; cela ne tient pas à grand chose.
Encore merci Anjélica pour ce très judicieux choix de thé. J'ai aussi goûté le thé à la violette, et suis plutôt agréablement surpris par le goût de ce thé.
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Vous pouvez voir le colis que j'ai envoyé à Amy pour ce swap sur son blog.
2007-10-17 18:31+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne — Cuisine — Photographies
Il y a une dizaine de jours, j'ai commencé à lire l'Iliade. J'en suis arrivé à la moitié, c'est-à-dire à la fin du douzième chant de l'épopée qui en comprend vingt-quatre. Je ne suis pas extraordinairement enthousiasmé par ce que je lis. Parmi mes autres lectures, je ne peux comparer cette œuvre qu'à la traduction française du Ramayana que j'ai lue, et c'est comme si on en avait gardé que le sixième chant, consacré à la guerre proprement dite opposant d'une part Rama, Laksmana et les singes et d'autre part Ravana et les raksasa. La traduction que je lis est rythmée par blocs de six, douze ou dix-huit syllabes, au prix de quelques contorsions syntaxiques, ce qui me semble moins plaisant à lire que l'élégante traduction du Ramayana que j'ai lue. J'espère que l'Odyssée me plaira plus que l'Iliade. D'ailleurs, après l'Iliade, j'enchaînerai peut-être avec l'Énéïde plutôt qu'avec l'Odyssée.
Je suis allé écouter les quatre saisons de Vivaldi par Sarah Chang et le
English Chamber Orchestra à la salle Pleyel. Je n'en ai pas non plus été
très enthousiasmé. En première partie, il y avait un Divertimento
de
Bartok qui ne m'a guère enchanté, mais ça, je m'y attendais.
J'ai toujours plus d'une centaine de disques non encore écoutés. Je viens cependant de franchir le premier tiers de mon écoute de l'intégrale Brilliant de Mozart. Je l'écoute dans l'ordre des numéros d'une des versions du catalogue Köchel, c'est-à-dire approximativement dans l'ordre chronologique de la composition. Au numéro KV 196, je me suis retrouvé face à cet enregistrement techniquement grotesque de La Finta Giardiniera. On passe son temps à entendre des bruits de pas, des chanteurs toussant discrètement ou prenant de grandes inspirations. Le plus ennuyeux, ce sont les bruits de pas, et c'est grâce à ces derniers que mon ancien collocataire reconnaissait cet opéra lors de nos blindtests réguliers.
J'ai testé une recette de Pav Bhaji, un plat faits de pommes de terres, poivrons, tomates, petits pois, oignons et un mélange d'épices. Le résultat était convenable et conforme à ce que j'ai vu en Inde, bien qu'il ne ressemblât point à la photo de l'emballage du Pav Bhaji Mix (où les pommes de terres sont découpées en morceaux tandis que la recette dit de les écraser...). En le préparant, j'ai senti que le parfum d'une épice dominait un peu trop les autres et me suis rendu compte avec horreur qu'il s'agissait d'anis, dont je n'apprécie pas du tout le parfum. Il faudra que je trouve un Pav Bhaji Mix sans anis ou que je prépare moi-même ce mélange.
Demain, il y a une grève, donc, pas de cantine, et je ne sais pas si je pourrai ouvrir la porte de la salle pour mon TP de calcul formel...
Ah, et puis, cela fait une éternité que ma demande d'abonnement à Free en est à l'étape nº1.
2007-09-22 19:27+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Lectures — Culture indienne — Mathématiques
Hier, réveil à 4h pour prendre un des premiers RER pour Paris et faire la queue à l'opéra Bastille en compagnie de quelques autres prosélytes lyriques.
Je m'étais promis de ne pas entrer dans une librairie avant d'avoir réduit significativement la taille de ma PAL (63 livres), mais je suis ensuite allé chez Gibert, et suis reparti avec le Paperback Oxford English Dictionary et La maison et le monde de Tagore auquel il est fait référence dans le nouveau roman d'Ananda Devi, Indian Tango, ma lecture du moment.
J'ai passé mon après-midi à la bibliothèque de l'École normale supérieure, à laquelle j'ai encore accès. Je n'étais entré dans les nouveaux locaux de celle-ci qu'il y a un an pour renouveler ma carte de lecteur. Malgré les échos négatifs que j'avais entendus à son sujet, j'ai trouvé ce nouvel espace très agréable pour travailler.
Dans la soirée, je me suis rendu au Théâtre des Champs-Élysées pour
écouter un concert du Staatskapelle de Dresde. Cet orchestre a interprèté
le concerto pour piano nº5 de Beethoven avec Hélène Grimaud, puis le poème
symphonique Une vie de héros de Richard Strauss. J'aime beaucoup
ce concerto de Beethoven, et l'entendre pour la première fois en
vrai
était un vrai plaisir. Le poème symphonique de Strauss me faisait
un peu plus peur, et les dix premières minutes (l'œuvre dure environ 45
minutes) n'ont pas altéré ce sentiment. Cette musique m'a semblé
extrêmement saccadée, stressante et presqu'oppressante (le volume sonore
émis par cet orchestre était important). Puis, vers le milieu, le style m'a
semblé se rapprocher de ce que j'arrive à apprécier dans la musique de
Strauss que j'ai écoutée jusqu'à présent (pas grand chose en dehors de
Ainsi parlait Zarathoustra et Vier letzte Lieder), ce qui
m'a soulagé.
Pour le retour, des relents d'alcool dans la RER B, la présence de supporters de l'équipe d'Irlande aidant...
2007-09-18 13:07+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Je viens de finir ma lecture de l'autobiographie de Gandhi, dont j'avais acheté une traduction anglaise lors de ma visite au Gandhi Memorial Museum à Delhi.
⁂
En 1925, à Ahmedabad, dans son ashram situé au bord
de la rivière Sabarmati, Gandhi entreprend d'écrire son autobiographie,
qu'il considère tout au long du livre comme l'histoire de ses
expériences avec la Vérité
. Il s'efforce de vivre en ne compromettant
pas son allégeance à la Vérité, et observe les fruits de cette attitude.
Par exemple, dans son enfance, un ami l'a poussé à manger de la viande ; il
prétend qu'il y a renoncé alors définitivement non pas parce que c'était
mal, mais parce qu'il ne pouvait continuer à agir ainsi sans mentir à ses
parents.
La période d'une vingtaine d'années où il a vécu en Afrique du Sud couvre l'essentiel du livre. De son combat pour la défense des colons de deuxième classe que sont alors les Indiens résidant dans cette colonie britannique, seules les grandes lignes sont exposées ; pour les détails, il renvoie à son ouvrage Satyagraha in South Africa. Quelques anecdotes liées au thème des expériences avec la Vérité sont néanmoins racontées. En dehors de son métier d'avocat et de son action publique, il évoque diverses rencontres avec des personnes (Chrétiens, théosophes, etc.) qui auront une influence sur sa pensée religieuse, dont il trouvera finalement la matière dans la Bhagavad-Gita.
Trois autres thèmes entremêlés occupent une part importante : la nourriture, la médecine et l'entretien des toilettes. Au cours de sa vie, son alimentation est devenue de plus en plus ascétique. Il explique dans quelles conditions et pour quelles raisons, parfois morales, parfois futiles, il a renoncé à la viande, au lait, au thé, aux condiments (sel compris), etc, pour ne plus se nourrir pratiquement que de fruits et de légumineuses. Il s'est souvent montré inflexible avec les médecins qui voulaient l'écarter de ce régime pour le soigner, mais parfois il préféré la vie à la vérité (considérant en se mentant à lui-même que son vœu visant à ne plus consommer de lait n'excluait pas le lait de chèvre). En outre, il a développé un charlatanisme alternatif à la médecine (quelle soit occidentale ou ayurvédique) et fait de nombreuses expériences en ma matière : traitements à base de terre ou de glace, etc. Dans le Grand Roman Indien de Shashi Tharoor, l'auteur fait du comique de répétition en faisant allusion à la passion de Gandhi pour la question de la propreté des toilettes ; elle trouve dans cette autobiographie une place de choix.
Progressivement, et plus encore quand il évoque son action à son retour en Inde vers la fin de la Première Guerre Mondiale, il expose le principe du Satyāgraha, néologisme désignant la tactique de résistance non-violente qu'il utilise pour obtenir l'abrogation de lois mauvaises en Afrique du Sud, puis en Inde.
Concernant les liens avec l'Empire britannique, Gandhi considérait que le fait d'être un citoyen de cette Empire devait non seulement lui donner des droits mais aussi des devoirs. Ce sentiment de devoir l'a conduit à agir d'une manière qui m'a beaucoup surpris. Ainsi, lorsque les Anglais ont mené la guerre des Boer, dû mater la rébellion zouloue ou plus tard participer à la Première Guerre Mondiale, il a considéré qu'il était de son devoir se soutenir l'Empire britannique en constituant des groupes de brancardiers Indiens, et ce en dépit de ses principes de non-violence (Ahiṃsā) et de sa sympathie éventuelle pour la partie adverse.
À part ça, saviez-vous que Gandhi avait appris le latin et le français et qu'il était monté de nombreuses fois en haut de la Tour Eiffel lors de l'exposition universelle de 1889 ?
Dans ce livre, Gandhi semble faire preuve d'une très grande honnêteté intellectuelle, n'hésitant pas à être critique envers lui-même. De nombreuses épisodes que j'ai vu illustrés dans divers musées lui étant consacrés sont exposés ici dans ses propres mots (enfin, ceux de son traducteur). Il est intéressant de voir comment un jeune homme qui était absolument incapable de prendre la parole en public a finalement eu une aussi grande influence sur son peuple.
⁂
Lors de cette lecture, mon petit dictionnaire Larousse anglais-français
s'est avéré insuffisant ; il faudra que je pense à en prendre un plus
complet. J'ai été surpris par l'abondance d'expressions latines et
françaises insérées dans cette traduction du gujarati vers l'anglais
réalisée par Mahadev Desai (qui fut secrétaire de Gandhi, et dont les cendres se trouvent au Gandhi National Memorial à Pune).
Bien que Gandhi connût le français et le latin, j'ai peine à croire qu'il
eût la fantaisie de mettre ces expressions dans l'original gujarati. Il
serait également étonnant qu'il eût été nécessaire de recourir au latin et
au français pour traduire ce texte gujarati en anglais. La traduction
anglaise ayant été approuvée
par Gandhi, cette fantaisie sa
manifesta peut-être lors de cette révision.
2007-08-01 19:01+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde IV
Je prends l'avion après-demain pour Helsinki, puis Delhi. Je n'ai plus qu'à faire mes bagages et ranger l'appartement avant de partir puisque mon propriétaire va y faire des travaux quand je ne serai pas là.
J'ai eu un peu de mal à faire ma réservation d'hôtel à Delhi, mais après trois hôtels complets et trois autres qui ne répondaient pas, j'en ai trouvé un tout près de Chandni Chowk.
Comme littérature, je pensais emmener La Danse des paons de Sharon Maas, mais j'ai fait l'erreur de le commencer il y a quelques jours, et c'est tellement addictif que je l'ai fini hier matin. De cet auteure, j'ai déjà lu Noces indiennes, que j'ai préféré. J'ai envisagé d'acheter son troisième roman avant de partir, mais il n'a pas encore été traduit en français. Du coup, je vais prendre Kalila et Dimna, Fables indiennes de Bidpaï et Le Rouge et le Noir.
2007-07-27 15:15+0200 (Paris) — Culture — Lectures — Culture indienne
Comme me le suggérait gilda dans un commentaire, je viens de finir de lire la relation du voyage de François de l'Estra aux Indes Orientales (1671-1675), parue récemment aux éditions Chandeigne, en orthographe modernisée et augmentée d'une introduction et de notes.
Le récit est intéressant. On y découvre les différentes étapes du voyage de L'Estra, des descriptions des différents comptoirs visités, leurs fortifications, les mœurs des habitants, son emprisonnement par les Hollandais pendant près de trois ans à Batavia (Jakarta). Contrairement, semble-t-il, à d'autres récits de voyages, sa description des coutumes des peuples qu'il a rencontrés est assez objective et dépourvue de condescendance. Il est intéressant de remarquer qu'il a considéré comme appartenant à différentes religions des groupes d'hindous de castes différentes (chacune ayant des rites différents), et plus amusant encore de voir sa confusion entre musulmans et hindous. Ainsi, certaines coutumes manifestement hindoues sont attribuées aux Maures, et certaines actions, comme la satî, sont encouragées par les récompenses que le Prophète accorderaient après la mort. Certaines processions, comme une dédiée à Rama, sont agréablement décrites.
En dehors de ces descriptions, on trouve un compte-rendu des rivalités entre les différentes puissances coloniales de l'époque, et plus particulièrement entre la France et la Hollande : combats navals, sièges, actes qui se rapprochent de la piraterie.
Le texte est assez agréable à lire, malgré la présence de mots
surannés. Les notes sont très intéressantes, mais leur abondance ralentit
beaucoup la lecture puisqu'il me fallait jongler entre trois marque-pages :
un pour le texte, un pour la traduction des mots anciens, et un troisième
pour les notes. Certaines notes sont redondantes et donnent une impression
de déjà-vu : il doit y en avoir au moins trois notes mentionnant que le mot
pagne
était du genre féminin.
Cependant, il manque certainement à cette édition une carte représentant
les différents comptoirs français, portugais, anglais, hollandais et danois
de l'époque : quelque chose comme ceci,
mais en plus complet. Il y a bien une carte des côtes indiennes en
néerlandais, mais les noms sont illisibles. Cela fait bizarre de voir plein
de noms comme Tranquebar
ou Trincomale
sans pouvoir se
figurer où ces villes se trouvent (d'autant plus que ces jours-ci, je n'ai
accès à Internet qu'au bureau). Mon dictionnaire de noms propres ignorant
ces noms de villes, il me semble qu'il était du devoir de l'éditeur
d'inclure une telle carte pour la commodité du lecteur.
2007-07-01 14:17+0200 (Grigny) — Culture — Danse — Danses indiennes — Expositions — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde IV — Mathématiques — Photographies
Le jour de la Fête de la Musique, c'est à dire il y a dix jours, j'ai
été confronté à un grand contraste entre le spectacle auquel j'assistais et
puis ce que j'ai entendu en sortant du théâtre. À l'intérieur du Théâtre de
la Ville, aux Abbesses, Shantala Shivalingappa
offrait un très harmonieux
spectacle de danse kuchipudi. Je ne connaissais pas du tout cette
danse, originaire de l'Andhra Pradesh. Je fus très agréablement surpris par
les mouvements très arrondis de cette danse, semble-t-il plus facile
d'accès que le bharata natyam. Une partie du spectacle comporait
une danse sur un plateau : la danseuse en pinçait les bords avec les
orteils et pouvait se déplacer en donnant l'impression de flotter sur la
scène tout en dansant avec la moitié haute du corps. Divers bracelets de
chevilles étaient utilisés au cours du spectacle, parfois ils étaient
laissés de côté et la musique se faisait très discrète. L'atmosphère sonore
de Montmartre en ce jour particulier pouvait alors se laisser
entr'apercevoir : Boum ! Boum !
. Je sortais de la salle, conquis par
cette danse (qui sera malheureusement absente de la saison 2007-2008 du
Théâtre de la Ville), et que découvris-je : un spectacle de fin du monde
avec l'illusion que des hordes de jeunes descendaient la rue Ravignan sur
de la musique du troisième millénaire. Un peu plus loin, une atmosphère
imprégnée des effluves des stands de frites-saucisses, et une station de
métro salvatrice.
⁂
À la Fondation Henri Cartier-Bresson, j'ai vu deux expositions du travail de Fazal Sheikh. Loin des splendeurs des Gupta, ces expositions, terribles, frappent par les aspects les moins reluisants de l'Inde qu'elles révèlent. La plupart des photographies (noir et blanc) sont des portraits. La première partie s'appelle Moksha (libération du cycle des renaissances) et est consacrées aux femmes, pour la plupart veuves et abandonnées par leur belle-famille (qui, après leur mariage, était devenue leur famille tout court), qui viennent à Vrindavan, tout près de Mathura (que j'ai prévu de visiter en août), pour se consacrer entièrement à l'adoration du dieu Krishna, qui est réputé avoir passé son enfance dans cette région, y avoir séduit des milliers de vachères et y avoir vaincu le démonique Kamsa. Chaque portrait est accompagnés par un résumé de la vie de la femme représentée. L'autre exposition, Ladli, présentait le sort réservé à de nombreuses jeunes filles, jugées indésirables par leurs parents qui auraient préféré avoir des fils, et qui se retrouvent dans des situations sordides : mariées très tôt, exploitées par des maris coureurs de dot ou par des proxénètes, assassinées par leur belle-famille...
⁂
Je viens de passer trois jours dans la charmante ville de Münster en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, pour y parler avec un jeune chercheur et y faire un exposé au colloquium. La ville est vraiment remarquable par les aménagements prévus pour les cyclistes. Dans le centre-ville, je n'ai pas vu une seule voiture. On voit régulièrement d'énormes parkings à vélo. Les pistes cyclables rouges sont larges, très bien conçues, de sorte qu'on n'a pas d'acrobatie à faire pour réaliser des virages, passer de la chaussée au trottoir et inversement. J'ai donc testé un tout petit peu les vélos allemands. Leur pédalier présente la singularité de ne pas pouvoir tourner à l'envers : cela actionne un frein. Cela impose de bien calculer son coup lors des arrêts aux feux pour disposer les pédales de façon à pouvoir repartir facilement (alors qu'avec un tour de pédalier en sens inverse, on pourrait toujours s'en sortir sur un vélo français). La personne qui m'invitait parlant très bien français, elle a insisté pour qu'on discute en français pour entretenir son niveau dans notre langue. En dehors, j'ai dû pratiquer un peu l'allemand, en tout cas infiniment plus que lors de mes précédents brefs séjours en Allemagne. J'arrive à suivre quand les hôteliers, serveurs, etc. me posent des questions, mais j'ai beaucoup plus de mal à leur répondre. Néanmoins, pour acheter des gâteaux à la boulangerie, cela allait très bien... Il était censé y avoir une grande exposition de sculptures dans les rues de Münster, mais tout ne devait pas encore être installé, parce que je n'en ai vue qu'une.
⁂
Je viens de lire un roman étonnant : Le grand roman indien de Shashi Tharoor. Il faut imaginer l'épopée du Mahabharata transposée dans l'Inde du vingtième siècle, à moins que ce ne soit l'inverse. On y trouve les personnages historiques de la période de la lutte pour l'indépendance de l'Inde, sa partition, et les aléas du pouvoir jusque vers le début des années 1980. Les noms des personnages sont tirés de l'épopée. Jawaharlal Nehru est Dhritarashtra, Gandhi est Bhishma (un des fils de la déesse Ganga, appelé ici Gangaji). La fratrie de Duryodhana est remplacée par la seule Priya Duryodhani (Indira Gandhi). La grande bataille du Kurukshetra est l'élection de 1977 où elle fut battue. De nombreuses libertés sont prises, à la fois avec l'épopée, et avec l'histoire. C'est ce que je trouve toujours ennuyeux avec les romans historiques, c'est qu'on ne peut pas toujours bien distinguer l'Histoire des faits imaginés par l'auteur. C'est un bon roman, plein d'humour, mais qui n'est sans doute vraiment intéressant à lire que si on connaît déjà l'histoire du Mahabharata (la manière la plus plaisante d'y remédier si ce n'est pas le cas étant de lire la version de Jean-Claude Carrière).
⁂
Les résultats du Prix Biblioblog du Roman que j'avais évoqué ici viennent de tomber. Il a été décerné à Passage du gué de Jean-Philippe Blondel. À mon avis, tous les livres sélectionnés étaient très bons, mais ce livre-ci faisait parmi de mes préférés, donc je suis très content qu'il ait été choisi.
2007-05-05 00:08+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Mathématiques
Quand les résultats des élections tomberont dimanche, je serai à Grenoble, première étape de mon périple visant à obtenir un poste de maître de conférences en mathématiques. Bref, pendant au moins une petite dizaine de jours, je vais visiter des gares, des universités, des hôtels, etc.
Il y a sept mois, je parlais du concours PAL. Le nombre de livres que j'ai lu entretemps est trente-et-un, c'est-à-dire la hauteur de ma pile de livres à lire de l'époque. Il ne faudrait pourtant pas croire qu'aujourd'hui, cette pile soit vide : parmi les trente-et-un livres de la pile d'alors, je n'en ai lu que onze, les vingt autres ayant été achetés (ou m'ayant été offerts) dans l'intervalle. Aujourd'hui, ma PAL comporte cinquante-sept livres. Bref, j'achète mes livres plus vite que je ne les lis. Ma dernière folie est une édition bilingue latin-français de l'Énéide en trois volumes, ceci s'insérant dans mon grand projet visant à lire ou relire Mythe et Épopée de Dumézil en ayant lu les œuvres importantes qui y sont mentionnées. Comme il convient de faire les choses dans l'ordre, je me dois de commencer par l'Iliade et l'Odyssée...
Si vous ne savez pas quels livres lire ces deux prochains mois, je vous suggère la sélection du Prix Biblioblog du roman, dont je suis juré. Voir aussi le Prix Biblioblog de la critique.
2007-04-17 20:21+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne
Vikram Seth est un des plus grands auteurs indiens de langue anglaise. En 1969, il vient étudier en Angleterre et est accueilli au 18 Queens Road à Hendon par son grand-oncle Shanti Seth et sa grande-tante Henny Caro qui ont alors soixante ans. Sur un malentendu, il se voit contraint d'apprendre l'allemand en très peu de temps pour passer un examen d'entrée à Oxford. L'examen réussi, il découvre qu'il aurait pu être dispensé de cette apprentissage. Néanmoins, cette expérience l'a beaucoup rapproché de Henny et Shanti.
Henny et Shanti se sont connus à Berlin au début des années 1930. Henny vivait avec sa mère Ella et sa sœur Lola. Venu en Allemagne étudier l'odontologie, Shanti loue une chambre dans leur appartement. Il entre dans le cercle des amis de Henny. Mais, après avoir achevé son doctorat, il est contraint à l'émigration au Royaume-Uni puisqu'il ne peut plus travailler en Allemagne. Henny parvient aussi à émigrer peu avant la Deuxième Guerre Mondiale. Comme tant d'autres Juifs, Ella et Lola seront déportées et exterminées par les nazis.
L'auteur dresse une biographie de Shanti et de Henny en s'appuyant sur des entretiens avec Shanti peu avant sa mort et sur la découverte fortuite de la correspondance de Henny. Shanti raconte notamment son engagement dans les équipes médicales mobiles des Alliés, la perte de son bras droit à Monte Cassino et ses efforts pour reprendre son métier en dépit de cette mutilation. La correspondance d'Henny constitue un document bouleversant sur l'époque. Après la guerre, Henny enquête sur le sort de Lola et d'Ella dont elle n'avait pas de signes de vie depuis leurs dernières cartes postales envoyées depuis les camps. En Allemagne, les conditions de vie sont difficiles pour les anciens amis d'Henny, mais si elle se montre très généreuse envers ceux en qui elle a toute confiance et qui ont soutenu Lola et Ella avant leur déportation, elle répugne à renouer le contact avec certains d'entre eux...
Albin Michel — 575 pages — Traduction de l'anglais par Dominique
Vitalyos.
ISBN : 978-2-226-17694-3.
Extrait :
Mon oncle hocha la tête. Il embrocha une feuille de laitue avec son couteau Nelson et la porta à sa bouche.
Ton oncle, me dit Fred, est un expert en art de vivre. Il n'a qu'un bras, et pourtant, il a fait tout ça...
— C'est heureux pour Fred que ses compatriotes m'aient bousillé un bras, dit mon oncle. C'est pour ça qu'il m'ont permis de faire venir un assistant en Angleterre.
— Je suppose que si tu avais perdu les deux bras, remarquai-je, tu aurais eu le droit d'en faire venir deux...Fred se tourna vers moi. Cette repartie dénuée de toute délicatesse le laissait bouche bée. Mon oncle, lui, riait de bon cœur.
2007-04-01 23:28+0200 (Grigny) — Culture — Lectures
La semaine dernière, j'ai lu deux romans qui m'ont beaucoup plu.
Le premier est Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay, traduit de l'anglais par Agnès Michaux, qui a paru aux éditions Héloïse d'Ormesson en mars. Une journaliste américaine vivant à Paris doit faire un article sur la rafle du Vél d'Hiv. Elle découvre que la famille de son mari a emménagé juste après la rafle dans un appartement où habitait une famille juive. Après avoir été internée à Beaune-la-Rolande, la petite Sarah aurait réchappé de l'extermination des Juifs. La journaliste Julia Jarmond raconte sa quête de Sarah et les bouleversements que celle-ci engendre dans sa vie.
Le deuxième est Impératrice de Shan Sa (Albin Michel). Il s'agit d'une autobiographie imaginaire de Wu Zetian. Après une enfance sordide, Lumière est remarquée par le général Li Ji qui la fait rejoindre le gynécée impérial en tant que Talentueuse de cinquième rang sous la dynastie Tang. La Cité interdite de la capitale Longue Paix est le théâtre de nombreuses rivalités. Déjouant tous les complots, son ascension est fulgurante. Son influence sur l'Empire devient telle qu'après avoir obtenu le pouvoir absolu, elle parvient à se faire sacrer Empereur. Écrit à la première personne, ce texte nous fait adopter le point de vue de ce personnage complexe.
2007-03-25 11:53+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne
Hier après-midi, je suis allé au Salon du Livre. C'est la première fois que je vais à un événement de ce type. Avant même de venir, j'ai pu observer que certains aspects de l'organisation laissent un peu à désirer :
Journal du Salon en ligne, récapitulant les différents événements, n'est consultable que via une interface toute pourritte en Flash : on peut l'imprimer, mais avec Firefox et Konqueror, le texte est tellement pixelisé qu'il en devient illisible.
l'invitée d'honneur, mais sa présence n'est pas vraiment mise en valeur : il y avait bien un espace géré par Gibert-Joseph offrant un large choix de livres en rapport avec l'Inde, mais c'était en périphérie du Salon. Non loin de là, les éditeurs indiens présentant des livres en langue anglaise ou dans d'autres langues indiennes étaient un peu à l'écart. En dehors de cet espace, il y avait de nombreux éditeurs (Picquier, Livre de Poche, Buchet-Chastel, Mercure de France...) publiant des livres des auteurs indiens invités, mais pour en trouver la liste, j'ai dû me faire toute la liste des auteurs présents aujourd'hui au salon pour isoler les noms à consonance indienne.
Voilà pour les aspects négatifs. Armé de ma petite liste de stands avec leurs coordonnées, je me suis rendu Porte de Versailles. Je suis assez satisfait de mon après-midi, mes étagères porteuses de livres s'en rejouissent, mon compte en banque un peu moins. J'ai pu rencontrer une petite dizaine d'auteurs. La plupart sont très sympathiques. On était rarement très nombreux à venir les voir (trois fois rien en comparaison des gens venus se faire dédicacer un livre par Daniela Lumbroso ou Hervé Villard), cela permettait de discuter un peu avec eux. Tarun Tejpal est très charmant, Indrajit Hazra est un anti-héros sympathique (son prénom est celui du fils de Ravana, le grand démon du Ramayana), Lavanya Sankaran portait un élégant sari, Krishna Baldev Vaid a bien voulu signer en hindi, etc. Ayant trouvé une édition Pocket du Mahabharata adapté par Jean-Claude Carrière, je suis allé le voir au stand Plon, et il m'a dessiné un Ganesh ! Il y avait une assez longue queue pour Vikram Seth, sans doute l'auteur le plus connu parmi les écrivains indiens présents (mais je n'ai malheureusement pas encore lu le moindre de ses livres).
Si les auteurs indiens n'étaient pas très visibles, il y avait cependant des conférences thématiques en rapport avec l'Inde. J'ai assisté à celle de Sunil Khilnani, qui était interrogé par Christophe Jaffrelot. C'était extrêmement intéressant. Il fut notamment question de la politique indienne (héritage de Nehru, menace du nationaliste, ouverture à l'économie de marché, inégalités), de relations internationales (tentation de l'Inde de se rapprocher des États-Unis d'Amérique tout en voulant éviter un monde unipolaire, liens avec les autres puissances, notion de bridging power, comparaison avec la Chine), de la diaspora indienne, notamment aux États-Unis d'Amérique.
À part ça, on aperçoit plein de têtes d'écrivains connus ; bulle de fumée autour de Philippe Sollers.
⁂
À l'entrée, on m'a distribué un mini-livre (environ 5 cm²) intitulé
Mes droits fondamentaux dans l'Union européenne
. Je trouve ce titre
mensonger d'un très mauvais goût : la valeur juridique de cette cette
charte des droits fondamentaux est subordonnée à la ratification par
les états-membres du traité
établissant une Constitution pour l'Europe. C'est d'autant plus
étonnant que ce livre (gratuit) a été publié en mars 2006, donc bien après
que le peuple français souverain eut rejeté ce traité.
Que l'on ne s'y méprenne pas : j'ai voté oui
au referendum. Je
trouve dommage que le peuple français n'ait pas estimé ce texte
globalement positif
; cependant je respecte sa décision. C'est
pourquoi je trouverais indigne du prochain Président de la République (ou
de celui d'après) d'utiliser un autre mode de ratification d'un futur
traité européen que celui du referendum, à moins que cette politique ne
fasse clairement partie d'un programme pour les présidentielles, et les
législatives subséquentes.
2007-03-01 22:52+0100 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne
Au hasard de ma lecture du quotidien de référence et de ses suppléments, je viens d'apprendre que l'Inde serait particulièrement à l'honneur lors du Salon du Livre, du 23 au 27 mars 2007, avec notamment la présence d'une trentaine d'auteurs indiens.
2007-01-24 22:42+0530 (इलाहाबाद) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa — Voyage en Inde III
Voici la plus longue entrée de ce blog (vingt-deux pages sur mon brouillon). Il s'agit du sixième épisode de mon résumé du Rāmayāṇa d'après la traduction que j'en ai lue. Il y aura prochainement™ le septième et dernier épisode. Cependant, on peut considérer que l'histoire est essentiellement finie après ce sixième chant. Tout en racontant ce qui se passe après, le septième chant apportera surtout des précisions sur ce qui s'est passé avant l'intrigue principale. Le résumé existe aussi en PDF.
⁂
Rāma remercie Hanumān pour le récit de son exploit mais il est triste parce qu'il ignore comment traverser l'océan pour ramener Sītā. Sugrīva le réconforte. Avant le départ de l'armée des singes, Hanumān décrit l'inaccessible Laṅkā. Rāma monte sur le dos de Hanumān et Lakṣmaṇa sur celui d'Aṅgada.
Pendant ce temps, à Laṅkā, Rāvaṇa demande l'avis de ses conseillers sur ce qu'il doit faire. Tous souhaitent la guerre, sauf son frère Vibhīṣaṇa qui lui suggère de rendre Sītā à Rāma. Rāvaṇa demande à son général en chef Prahasta de préparer la défense de la ville et prononce un discours guerrier. Bien qu'en désaccord avec son frère, le puissant Kumbhakarṇa accepte de combattre. Mahāpārśva pense que Rāvaṇa pourrait violer Sītā, mais cela ferait éclater sa tête à cause d'une malédiction de Brahmā. Après avoir répété son conseil, Vibhīṣana fait la leçon au fougueux Indrajit. Ayant été banni par Rāvaṇa, Vibhīṣana rejoint Rāma avec quatre autres rākṣasa. Il lui décrit la puissance de Rāvaṇa. Rāma promet de le faire roi de Laṅkā après leur victoire. Un négociateur-espion vient trouver Sugrīva pour lui conseiller de retourner à Kiṣkindhā. Les singes veulent le tuer mais Rāma les en empêche puisqu'il est venu comme messager.
Suivant le conseil de Vibhīṣaṇa, Rāma rend hommage à l'Océan, Sāgara. Mais l'Océan ne se montre pas. En colère, Rāma menace de l'assécher et prend une forme terrible pour lancer des flèches. Tandis que Rāma s'apprête à lancer un trait dédié à Brahmā et que le monde se met à trembler, l'Océan apparaît et accepte que Rāma le traverse. Le singe Nala, fils de Viśvakarman fait construire un pont jusqu'à Laṅkā, mais c'est par les airs, montés sur Hanumān et Aṅgada, que Rāma et Lakṣmaṇa traversent l'océan. Rāma libère un espion, celui-ci vient trouver Rāvaṇa pour lui décrire la puissance de Rāma et de son armée de singes. Il lui conseille de rendre Sītā, ce que Rāvaṇa refuse. Il envoie de nouveaux espions qui prennent l'apparence de singes pour s'infiltrer dans leur armée, mais Vibhīṣana les démasque aussitôt. Rāma leur demande de bien inspecter son armée et de dire à Rāvaṇa qu'il l'attaquera le lendemain. Ces espions décrivent à Rāvaṇa les principaux chefs simiens et lui conseillent de rendre Sītā. Rāvaṇa les chasse et envoie encore d'autres espions.
Utilisant la magie, Rāvaṇa fait croire à Sītā que Rāma est mort en lui faisant voir sa tête et son arc. Désespérée, elle préfère mourir que céder. Sītā se lie d'amitié avec la rākṣasī Saramā, épouse de Vibhīṣana qui la réconforte et épie Rāvaṇa. Le sage Mālyavān met en garde Rāvaṇa : il est invulnérable pour les dieux, démons et autres créatures célestes, mais c'est une armée d'hommes, de singes et d'ours qu'il doit combattre. Ayant remarqué de nombreux signes funestes, il lui conseille de rendre Sītā. Rāvaṇa est inflexible, la guerre est inévitable.
Les armées se préparent. Rāma ordonne aux singes de ne pas prendre forme humaine pendant le combat, ce qui les distinguera de Rāma, Lakṣmaṇa, Vibhīṣana et des quatre autres rākṣasa qui l'accompagnent. Ils grimpent au sommet du mont Susela d'où ils peuvent admirer Laṅkā. Ils y passent la nuit.
Le lendemain, à la vue de Rāvaṇa, Sugrīva s'en va le défier au combat. Rāma lui reproche de ne pas l'avoir consulté avant. Sûr de lui, Rāma envoie Aṅgada porter à Rāvaṇa un message lui annonçant sa mort prochaine. Pendant ce temps, l'armée des singes commence le siège de Laṅkā. Des combats terribles s'engagent entre les rākṣasa munis de nombreuses armes et les singes simplement armés de leurs griffes et de leurs crocs, réduits à lancer des troncs d'arbre et des pierres. Malgré la pluie de traits qui s'abat sur lui, Rāma vainc de nombreux ennemis de ses flèches tranchantes.
Dominé par Aṅgada, Indrajit utilise la magie pour se rendre invisible et en profite pour s'attaquer à Rāma et à Lakṣmaṇa. Transpercés de flèches en forme de serpents venimeux, les deux frères sont très affaiblis. Les singes sont affligés ; Vibhīṣaṇa demande à Sugrīva de reprendre confiance, tandis qu'Indrajit retourne à Laṅkā en annonçant la mort des deux héros.
Rāvaṇa fait monter Sītā sur le char Puṣpaka avec des rākṣasī qui lui font voir le champ de bataille depuis les airs. Ayant vu Rāma et Lakṣmaṇa en si piteux état, elle sombre dans le désespoir, mais la rākṣasī Trijaṭa la rassure.
Voyant son frère mal en point, Rāma envisage de se laisser mourir car il ne peut souffrir de devoir faire de la peine à Sumitrā en lui annonçant la mort de son fils. Cette situation attriste Vibhīṣaṇa, mais Sugrīva lui annonce une issue favorable. Le roi des oiseaux, Garuḍa, intervient de façon spectaculaire. Les serpents qui immobilisaient les deux frères sont mis en fuite ; de son toucher, Garuḍa guérit Rāma et Lakṣmaṇa. Rāma interroge Garuḍa sur les raisons de son amitié ; la monture de Viṣṇu lui demande de ne pas chercher à en savoir plus avant d'avoir vaincu Rāvaṇa.
Les singes sont rengaillardis par la guérison de Rāma. Leurs manifestations de joie sont entendues par Rāvaṇa qui réagit en envoyant combattre son oncle Dhūmrākṣa. Une grande bataille s'engage entre singes et rākṣasa. Hanumān fracasse le crâne de Dhūmrākṣa avec une crête montagneuse. Vajraduṃṣṭra est dépêché par Rāvaṇa ; après un combat difficile, Aṅgada lui coupe la tête en deux. Akampana prend la suite. Des signes funestes se manifestent ; une tempête de sable empêche les combattants de distinguer amis et ennemis ; la terre est recouverte de sang. Akampana parvient à briser de ses flèches le roc que lui lance Hanumān ; cependant, un arbre lancé en pleine tête par ce dernier lui est fatal.
Prahasta, le chef d'état-major de Rāvaṇa organise son armée et sort de Laṅkā sur son char malgré les mauvais présages. Le combat est terrible : la terre est une rivière de sang. En lui lançant un rocher sur le crâne, Nīla vainc Prahasta, faisant fuir les autres rākṣasa.
Rāvaṇa décide de s'engager lui-même dans le combat. Étincelant dans ses attributs royaux, il fait forte impression sur Rāma. Mis en colère par l'enlèvement de Sītā, il est néanmoins certain de vaincre le roi des rākṣasa. Rāvaṇa affronte les singes Sugrīva, Hanumān et Nīla, puis Lakṣmaṇa qui le défie de son arc. Rāvaṇa blesse grièvement le frère de Rāma avec une lance que Brahmā lui avait donnée, mais Lakṣmaṇa, se souvenant qu'il est une portion de Viṣṇu, a suffisamment de force pour survire. Hanumān intervient pour soustraire Lakṣmaṇa du champ de bataille et faire monter Rāma sur son dos pour l'aider à combattre Rāvaṇa, tel Viṣṇu montant sur Garuḍa. De ses flèches semblables à la foudre, il vainc Rāvaṇa, mais il le laisse fuir vers Laṅkā.
Rāvaṇa demande alors qu'on réveille Kumbhakarṇa. Ce frère très puissant a été contraint à un long sommeil par une ruse de Brahmā. Pour le réveiller, on hurle, on le tape avec des arbres, on frappe des éléphants pour qu'ils piétinent le géant. À son réveil, il déclare avoir faim. Après qu'il a été rassasié de sangliers, Rāvaṇa lui explique la délicate situation et lui demande son aide. Kumbhakarṇa lui reproche de gouverner en négligeant le dharma, l'artha et le kāma (devoir, intérêt, plaisir), mais consent à lutter contre Rāma.
Faisant trembler les montagnes, Kumbhakarṇa effraie les singes. Il en massacre et en dévore un grand nombre, puis combat les chefs des singes, Lakṣmaṇa et enfin Rāma qui l'achève en lui tranchant successivement les mains, les pieds et la tête de ses traits d'or dédiés à Indra. Des fils de Rāvaṇa s'ajoutent ensuite à la liste des guerriers rākṣasa tués au combat.
Devant cette débâcle, Rāvaṇa adopte une tactique défensive, mais son fils Indrajit, le vainqueur d'Indra, prétend pouvoir continuer à narguer les dieux en tuant Rāma et Lakṣmaṇa. Avant d'engager bataille, Indrajit offre un sacrifice au Feu qui lui procure des présages de victoire. Ni les singes ni Rāma et Lakṣmaṇa ne peuvent résister à cette puissance armée de rākṣasa, conduite par Indrajit, fort de ses traits dédiés à Brahmā.
Ayant vu tomber les deux héros, les chefs des singes sont démotivés. Vibhīṣaṇa explique que, par respect pour Brahmā, Rāma et Lakṣmaṇa ont laissé ce trait les atteindre. L'ours Jāmbavān pense que tant que vivra Hanumān, la victoire reste possible. Il lui demande de se rendre dans l'Himavān, à la montagne aux herbes, et d'en ramener quatre plantes médicinales qui pourront guérir Rāma et Lakṣmaṇa. Les montagnes tremblent lorsque Hanumān prend son élan pour accomplir sa mission. Parvenu au mont Kailāsa, il n'arrive pas à reconnaître les plantes et reproche au mont son manque de compassion. Hanumān décroche la montagne et la ramène auprès des deux frères. Non seulement les deux frères sont guéris grâce au parfum des plantes médicinales, mais les singes blessés ou morts reprennent vie. Hanumān rapporte le sommet montagneux sur l'Himavān et revient aussitôt.
Sûr de la victoire, Sugrīva ordonne aux singes d'incendier Laṅkā. Des centaines de milliers d'habitants meurent. Les combats entre rākṣasa et singes reprennent. Les valeureux fils de Kumbhakarṇa sont tués : Kumbha par Sugrīva et Nikumbha par Hanumān.
Rāvaṇa envoie Makarākṣa sur le champ de bataille. Rāma lui rappelle qu'il a vaincu dans la forêt Daṇḍaka quatorze mille rākṣasa parmi lesquels figurait son père Khara. Le duel est si acharné que des créatures célestes viennent assister au spectacle : Rāma tue le rôdeur de nuit d'un trait dédie au Feu.
Rāvaṇa envoie son fils Indrajit au combat. Comment celui qui a vaincu Indra ne pourrait-il pas tuer Rāma et Lakṣmaṇa ? Après avoir célébré un nouveau sacrifice dédié à Agni, il utilise la magie pour se rendre invisible des deux frères. Lakṣmaṇa menace d'utiliser l'arme de Brahmā pour exterminer tous les rākṣasa mais Rāma l'en dissuade : tous les rākṣasa ne sont pas aussi mauvais qu'Indrajit. Ce dernier réapparaît devant Hanumān sur son char en compagnie de Sītā, uniquement vêtue d'un linge sale. Il la tue. Après avoir combattu contre l'armée d'Indrajit, Hanumān estime qu'il doit avertir Rāma et Sugrīva du crime d'Indrajit.
À la nouvelle de la mort de Sītā, Rāma s'effondre. Désabusé, Lakṣmaṇa ne croit plus au dharma : s'il existait, Rāma ne subirait de tels tourments. Vibhīṣaṇa intervient : la mort de Sītā n'était qu'une illusion mise en scène par Indrajit. Il lui révèle aussi qu'Indrajit va célébrer un sacrifice au sanctuaire de la Nikumbhilā. Si le sacrifice est mené jusqu'à son terme, Indrajit sera invincible ; s'il est interrompu, Indrajit sera vulnérable.
Lakṣmaṇa, Vibhīṣaṇa et l'armée des singes viennent interrompre le sacrifice d'Indrajit. Harrangués par Vibhīṣaṇa, les singes luttent contre les rākṣasa et un formidable duel s'engage entre Lakṣmaṇa et Indrajit. Les créatures célestes viennent assister au déluge de flèches dédiées à divers dieux puissants annulant leurs effets. Finalement, la tête d'Indrajit est tranchée par une flèche que Lakṣmaṇa a dédiée à Indra et au dharma de Rāma. Cependant, Lakṣmaṇa est blessé ; le singe Suṣena le guérit avec le parfum d'une plante médicinale.
Rāvaṇa est attristé par la mort de son fils. Il se met en colère et se précipite au bois d'aśoka pour tuer Sītā. Perdue, elle maudit la bossue Mantharā. Mais le ministre Supārśva détourne Rāvaṇa de cet acte peu compatible avec ce qu'il a appris du Veda.
Avant de combattre Rāma lui-même, Rāvaṇa demande à son armée de massacrer les singes. Ces derniers prennent refuge en Rāma qui anéantit les rākṣasa. En se déplaçant très vite, Rāma leur donne l'illusion d'être partout à la fois et, croyant l'atteindre, ils s'entretuent. Les dieux louent Rāma pour ses exploits.
Ayant perdu un mari ou un fils, les rākṣasī tombent dans le chagrin, maudissant Śūrpaṇakhā pour avoir tenté de séduire Rāma et Rāvaṇa pour avoir conduit sa race à sa perte. Monté sur un char éblouissant, Rāvaṇa se lance dans la bataille avec trois grand guerriers rākṣasa : Mahodara, Mahāpārśva et Virūpākṣa. Rāvaṇa répand la mort dans l'armée de singes, mais Sugrīva tue Virūpākṣa et Mahodara, et Aṅgada tue Mahāpārśva.
Furieux, Rāvaṇa s'attaque à Rāma. Obscurcissant le ciel de leurs flèches, les deux combattants se transpercent l'un l'autre et utilisent des flèches incantées. Lakṣmaṇa intervient : il brise l'étendard du roi des rākṣasa, tue son cocher et détruit son arc. Vibhīṣaṇa tue les chevaux de Rāvaṇa, mais est frapé par une lance façonnée par Maya. Lakṣmaṇa se porte à son secours mais Rāvaṇa le frappe lui aussi avec cette lance.
Rāma demande aux singes de veiller sur son frère alors qu'il envisage le duel final avec Rāvaṇa. Cependant, à la pensée de la mort prochaine de Lakṣmaṇa, Rāma tombe dans le désespoir. Le singe Suṣena le rassure : il envoie Hanumān chercher des plantes médicinales sur le mont Mahodaya. Encore une fois, Hanumān rapporte le sommet montagneux. Après avoir broyé les plantes, Suṣena les administre à Lakṣmaṇa par le nez. Aussitôt rétabli, il reproche à Rāma de s'être attristé sur son sort : il doit tuer Rāvaṇa.
Pour que le duel soit disputé de façon équitable, Indra décide d'envoyer son cocher Mātali aider Rāma. Monté sur le char d'Indra, Rāma détruit les flèches en forme de serpent de Rāvaṇa en utilisant un trait dédié à Garuḍa. Les démons assistent au duel en soutenant Rāvaṇa tandis que les dieux veulent voir triompher Rāma. Rāvaṇa utilise une pique pure comme le diamant. Les flèches de Rāma ne peuvent rien contre cette arme redoutable ; il parvient enfin à la détruire en utilisant une arme d'Indra apportée par Mātali.
Les deux combattants continuent à se tirer des flèches. Prenant l'avantage, Rāma reproche à Rāvaṇa d'avoir enlevé Sītā et lui annonce sa mort prochaine. De sa propre initiative, le cocher de Rāvaṇa éloigne le char du champ de bataille, ce qui rend Rāvaṇa furieux contre lui. Pendant que Rāvaṇa s'explique avec son cocher, Agastya vient enseigner à Rāma l'Ādityahṛdaya, un hymne védique au Soleil. En le récitant, Rāma s'assure la victoire.
Alors que les présages sont funestes pour Rāvaṇa et heureux pour Rāma, leur duel terrible reprend sous les regards des singes et des rākṣasa qui restent immobiles. Contrairement à Rāvaṇa, Rāma parvient à détruire l'étendard de son adversaire. Ce duel en char est acharné. Les flèches lancées par les deux combattants forment un deuxième ciel ; la terre se met à trembler ; les créatures célestes sont angoissées.
Avec une flèche en forme de serpent, Rāma tranche une des dix têtes de Rāvaṇa, puis une autre... Mais à chaque fois, la tête tranchée réapparaît aussitôt. Le combat se poursuit pendant sept jours et sept nuits sans qu'aucun des combattant ne prennent l'avantage de façon décisive. Mātali suggère alors à Rāma d'utiliser l'arme sacrée de Brahmā contre Rāvaṇa. Tel Vṛtra frappé par Indra, Rāvaṇa est tué par Rāma. Les singes exultent de joie et des musiciens célestes chantent les louanges de Rāma.
Vibhīṣaṇa prononce un éloge funèbre. Mandodarī se lamente devant la dépouille de son époux, elle pense que c'est Viṣṇu en personne qui a vaincu Rāvaṇa. Sous la pression de Rāma, Vibhīṣaṇa fait célébrer les rites funéraires. Rāma fait sacrer ce vertueux Vibhīṣaṇa roi de Laṅkā.
Rāma demande à Hanumān puis à Vibhīṣaṇa de dire à Sītā de se préparer pour se présenter devant lui richement parée. Elle déclare d'abord vouloir voir son époux avant de s'être lavée puis, devant l'insistance de Vibhīṣaṇa, elle finit par accepter pour l'amour de Rāma. C'est dans la confusion que Sītā rejoint son époux en présence de tout le monde. Rāma déclare l'avoir enfin reconquise après avoir vaincu Rāvaṇa, mais il répudie Sītā puisqu'il ne serait pas convenable qu'il la garde après qu'elle a été prisonnière de Rāvaṇa. Pour prouver sa vertu, Sītā fait dresser un bûcher et y pénètre.
Les dieux Kubera, Yama, Indra, Varuṇa, Śiva et Brahmā viennent voir Rāma. Indigné par sa conduite à l'égard de Sītā, Brahmā lui révèle qu'il est Viṣṇu Nārāyaṇa et que Sītā est Lakṣmī. Après que Brahmā a rappelé à Rāṃa les exploits passés de Viṣṇu, le Feu sort du bûcher en tenant Sītā contre lui. Il assure à Rāma qu'elle n'a aucunement péché. Rāma explique que Sītā devait se soumettre à cette épreuve du Feu pour que la rumeur ne puisse pas se moquer de leur couple. Śiva félicite Rāma et lui demande, ainsi qu'à son frère, de rendre hommage à leur père Daśaratha qui vient d'apparaître. Heureux, il dit à Rāma qu'il doit montrer sur le trône, à Lakṣmaṇa, il promet le ciel et il souhaite de Sītā qu'elle n'en veuille pas à Rāma pour l'avoir répudiée. Indra accorde une faveur à Rāma : que les singes ayant rejoint le royaume de Yama soient ressuscités. Indra l'exauce.
Vibhīṣaṇa permet à Rāma d'utiliser le char Puṣpaka pour rentrer à Ayodhyā. Vibhīṣaṇa et les singes souhaitent l'accompagner. Tout le monde embarque à bord du char céleste. Rāma montre à Sītā la cité de Laṅkā et le pont de Nala depuis les airs. Le char survolant Kiṣkindhā, Sītā demande que Tārā et les autres épouses de singes l'accompagnent à Ayodhyā. Rāma accepte et continue la visite guidée en lui montrant le mont Ṛśyamūka, la Pampā, le Janasthāna, l'ermitage d'Agastya, etc. Rāma rend visite à l'ascète Bharadvāja qui lui explique que Bharata règne sur Ayodhyā en se soumettant à ses socques. Il lui accorde un vœu : les fruits et le miel ne manqueront pas à Ayodhyā, même hors saison.
À la demande de Rāma, Hanumān vient rencontrer Bharata. Il lui raconte les événements qui se sont produits. Śatrughna s'occupe des préparatifs pour faire un triomphe à Rāma pour son retour. Bharata honore Rāma à son arrivée et salue tous ceux qui l'accompagnent, les singes ayant pris une forme humaine. Rāma s'incline devant Kausalyā et salue Sumitrā et Kaikeyī. En ayant reçu l'autorisation de Rāma, le char Puṣpaka retourne au séjour de Kubera. Bharata rend pieusement son royaume à Rāma et ordonne qu'on le sacre. Vasiṣṭha procède à l'onction royale de Rāma avec de l'eau pure recueillie par les meilleurs des singes. Le chapelain des Ikṣvāku lui remet un diadème utilisé autrefois lors du sacre de Manu. On le pare d'un parasol blanc en présence des dieux. Des musiciens et danseuses célestes participent à la cérémonie.
Rāma récompense richement les brâhmanes et les singes. Sītā remercie Hanumān en lui remettant un précieux collier. Ses hôtes étant rentrés, Rāma fait de Bharataa son prince héritier, Lakṣmaṇa ayant refusé cet honneur. Pendant son règne long de dix mille ans, Rāma célèbre dix sacrifices de cheval qui contribuent à l'opulence et au dharma dans la cité d'Ayodhyā.
Ce poème de Vālmīki, le Rāmayāṇa, assure la prospérité à tous ceux qui l'entendent.
2006-12-20 20:25+0100 (Grigny) — Culture — Musique — Lectures
Théâtre des Champs-Élysées — 2006-12-19
Kristina Hansson, Soprano
Clare Wilkinson, Alto
Emiliano Gonzalez-Toro, Ténor
Henk Neven, Basse
Chœur de chambre de Namur
Jean Tubery, direction
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction
Oratorio de Noël (cantates 1, 2, 3, 6), BWV 248, Johann Sebastian Bach.
Comme l'année dernière (et les trois années précédentes), je suis allé écouter l'Oratorio de Noël de Bach au Théâtre des Champs-Élysées. J'ai beaucoup aimé cette version, dirigée par Christophe Rousset. Les solistes, plutôt jeunes, étaient assez bons. L'Évangéliste et la soprano, extrêmement concentrés, étaient impeccables. L'alto était visiblement intimidée lors de son premier air Bereite dich, Zion, mit herrlichen Trieben, mais elle s'en est quand même très bien tirée. Élégante, la basse a très bien chanté Großer Herr, o starker König, un des airs pour basse que je préfère 1. Là où ils ont gaffé, c'est à la fin, lors des rappels. Le chœur final Nun seid ihr wohl gerochen était repris ; dans ces cas-là, d'habitude, les solistes chantent avec les membres du chœur de même tessiture, et s'intègrent même au chœur, ce qui leur permet de lire la musique sur leur voisin. Mais, là, ils n'ont pas pensé à ça, ils sont restés au devant de la scène, et ne connaissaient visiblement pas tous le texte par cœur... et en plus, ils trouvaient ça drôle !
J'ai jeté quelques coups d'œil aux surtitres : il faudrait apprendre aux opérateurs à ne pas faire de fondus enchaînés entre les différentes lignes de textes puisque c'est nuisible à la lecture d'icelles.
Les années précédentes, la représentation avait lieu plus tôt dans le mois de décembre. Cette fois-ci, j'ai pu apprécier les décorations de Noël de la rue Montaigne.
Non sequitur : hier, j'ai découvert qu'à partir du 1er janvier 2007, les numéros ISBN allaient passer à treize chiffres.
[1] Pour mémoire, une autre version de cet air se trouve dans la cantate profane Tönet, ihr Pauken! Eschallet, Trompetten! (Drama per musica, BWV 214) sous le titre Kron und Preis gekrönter Damen.
2006-12-08 23:46+0100 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde III
La date du départ en Inde approche et je ne sais toujours pas quels livres je vais emmener avec moi. Tout-à-l'heure, je suis passé chez les agitateurs pour me ravitailler en livres. J'avais une petite liste, mais je ne suis pas du tout reparti avec ce que j'avais prévu, notamment à la suite de cet échange :
— Bonjour, je cherche The Inheritance of Loss de Kiran Desai.
— Oui, je vais regarder. Vous pouvez répéter le nom ?
— Kiran Desai, D-E-S-A-I.
— Je vais demander à mon collègue.
Le collègue, dont j'avais remarqué quelques minutes plus tôt le côté un peu speed arrive.
— Je voudrais savoir si vous avez The Inheritance of Loss de Kiran Desai, qui a obtenu le Booker Prize cette année.
— Desai, c'est dans ce coin-là !
Il montre le rayon
littérature d'Asieque je venais d'éplucher, puis s'y précipite pour me montrer un exemplaire du dernier roman d'Anita Desai. J'en avais déjà un exemplaire entre les mains...— Voilà !
— Kiran Desai, c'est sa fille.
— Mais ce n'est pas traduit !
— Bien sûr, mais vous ne l'auriez pas dans le rayon anglophone ?
— Non, cela m'étonnerait !
Quand même, je trouve cela assez incroyable que dans une librairie généraliste d'une telle étendue, on ne puisse même pas trouver le livre ayant obtenu le plus grand prix littéraire anglais !
J'espère qu'il se trouvera une librairie anglophone à Allahabad ou à Mumbai où je pourrai trouver mon bonheur.
⁂
J'ai commencé Noces indiennes de
Sharon Maas. Le roman alterne trois histoires qui, au début,
semblent indépendantes, les chapitres étant intitulés Nat
,
Saroj
ou Savitri
du nom du personnage principal de chacune
d'entre elles. C'est un peu déroutant de changer d'époque et de lieux d'un
chapitre à l'autre, mais on s'y habitue.
Une des histoires se passe en Guyane Britannique dans les années 1950-1960. Je découvre avec stupeur le gouffre de méconnaissance que j'ai de ce pays, ancienne colonie britannique, où de nombreux Indiens ont émigré au dix-neuvième siècle.
2006-11-30 21:17+0100 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde III
Le système de distribution de certains journaux gratuits m'énerve 1. Dans les premiers temps, on voyait des amoncellements de papier dans les couloirs du métro. Je suppose que la RATP a agrandi ses poubelles, que la qualité des journaux s'est améliorée ou que les gens les gardent un peu plus longtemps. Au passage, j'ose espérer que les entreprises qui distribuent ces journaux ont eu la bienveillance de proposer des arrangements à la RATP et à la Ville pour les dédommager de la gêne occasionnée par la masse de papier qu'elles engendrent. Maintenant, ce qui m'ennuie, c'est le journal gratuit du soir au parasol rouge. À certains endroits, notamment aux abords de la station de métro Bibliothèque François Mitterrand, la circulation des usages du métro n'est déjà pas très fluide en période de pointe, mais il y a maintenant des parasols rouges à l'effigie d'un journal, des piles de journaux et des gentils distributeurs qui transforment un simple déplacement en métro en véritable slalom, d'autant plus que l'hiver s'approchant, ces lieux ne sont pas très bien illuminés, c'est un miracle s'ils ne se transforment pas quotidiennement en une attraction d'auto-tamponeuses.
⁂
J'ai réussi à obtenir mon visa pour mon
prochain séjour en Inde. Je n'ai pas eu à attendre trop
longtemps à l'ambassade de l'Inde. J'ai eu un bonus d'attente
supplémentaire puisque je ne demandais pas un visa touristique : j'ai dû
attendre qu'en coulisses, on examine les lettres d'invitation
des instituts de mathématiques indiens, mon visa n'est valable que trois
mois (au lieu de six pour un visa touristique standard), mais c'est un visa
de type X
!
⁂
Pendant mon attente à l'ambassade de l'Inde, j'ai lu un court roman de George Sand, La mare au diable. C'est l'histoire sympathique du paysan Germain et de la petite Marie. Très bien écrit, peut-être un peu trop : j'aime bien lire des histoires où les personnages s'expriment avec affectation, j'y crois volontiers si ce sont des princes, des sultanes ou des bourgeois, mais j'ai du mal à souffrir les subjonctifs imparfaits et autres tournures recherchées que les personnages de George Sand émettent très fluidement.
Récemment, j'ai aussi lu un premier livre, Le tapis rouge, un recueil de nouvelles de Lavanya Sankaran (traduit de l'anglais) dont le cadre est la ville indienne de Bangalore. Certaines d'entres elles sont très belles, notamment celle qui a donné son titre au recueil.
[1] Je précise que je n'ai jamais lu un de ces journaux ; je ne me permettrais donc pas de critiquer leur contenu.
2006-11-14 07:48+0100 (Grigny) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne
Gaveau — 2006-11-13
Le Concert Français
Marc Hantaï, flûte traversière
Amandine Beyer, violon
Flavio Losco, violon
Simon Heyerick, alto
Bruno Cocset, violoncelle
Michele Zeoli, contrebasse
Pierre Hantaï, clavecin & direction
Quatuor en sol majeur TWV 43:5 pour flûte traversière, violon, alto & basse continue, Telemann.
Concerto pour clavecin en sol mineur, BWV 1058.
Sonate en mi mineur RV 40 pour violoncelle et basse continue, Vivaldi.
Sonata Op. 1 nº12 La Follia RV 63, Vivaldi.
Sonate en la majeur pour violon, flûte, violoncelle & basse continue, Telemann.
Concerto Brandebourgeois nº5 en ré majeur, BWV 1050.
Badinerie de la suite pour orchestre en si mineur, BWV 1067.
J'étais hier soir salle Gaveau pour écouter le programme Virtuosité baroque de l'ensemble Concert Français dirigé par Pierre Hantaï au clavecin.
J'y allais avant tout parce que deux concertos de Bach étaient au
programme, dont le cinquième concerto brandebourgeois (aaah, le solo
de clavecin à la fin du premier mouvement...), mais j'ai également
découvert des œuvres que je ne connaissais pas et qui m'ont bien plu.
Il faudrait que je pense à remédier au fait que je
n'aie pour le moment aucun disque de Telemann...
De Vivaldi, j'ai beaucoup aimé l'étonnante sonate La Follia
.
⁂
Ayant lu plus que d'habitude la semaine dernière, la rubrique booklog dans la colonne de droite défile plus vite que n'arrivent les entrées de blog ; il convient que je parle un peu de ces livres.
J'ai fini de lire le roman Alexis Zorba de Nikos Kazantzaki que l'on m'avait prêté. Le narrateur (dont on ignore le prénom) rencontre Zorba, un personnage énigmatique, qui l'aide à exploiter une mine de lignite en Crète. Dit comme ça, ce n'est pas très attirant ; ce qui est intéressant, ce sont les interrogations du narrateur, ses dialogues avec Zorba au sujet de la nature humaine, etc.
M'étant rendu à la Bibliothèque François Mitterrand pour poursuivre ma lecture du Mahabharata de Jean-Claude Carrière dont je disais du bien il y a quelque temps et celui-ci n'y étant pas en rayon, j'ai regardé tout autour les livres des rangées de littérature sanskrite et me suis laissé tenter par le Gîta-Govinda de Jayadéva, poète du Nord-Est de l'Inde du douzième siècle. Comparé au Cantique des cantiques, il s'agit d'un ensemble de vingt-quatre chansons racontant les amours de Radha et Krishna, tantôt du point de vue de Radha ou de son amie, tantôt de celui de Krishna lui-même. La traduction poétique de Jean Varenne est belle, très agréable à lire. Je n'ai pas vu le temps passer. Cela doit bien être une des premières fois que je lis un livre d'un seule traite.
J'ai également lu Le voile de Draupadi de l'écrivaine française Ananda Devi. Parallèlement au récit principal qui est celui d'Anjali, de son couple et de son fils gravement malade, s'insère harmonieusement par épisodes l'évocation du tragique destin de sa cousine Vasanti. C'est le premier roman de cet auteur que je lis. J'ai aimé son style qui comporte beaucoup d'images très bien pensées. Dans certaines d'entre elles, on peut s'amuser à distinguer des allusions à la mythologie indienne (qui est aussi présente très explicitement à plusieurs reprises, ne serait-ce que dans le titre).
Concernant Andromaque de Racine, j'ai goûté ces vers avec plaisir, plus que ceux d'Iphigénie qui m'avait semblé plus difficile à lire (compte tenu de la langue et du nombre élevé de rebondissements).
Hier, j'ai commencé Le cryptographe de Tobias Hill paru dernièrement en traduction. J'en avais lu une critique positive sur le blog de Clarabel. Ce que j'ai lu pour le moment me donne envie de lire la suite.
2006-10-26 21:38+0200 (Grigny) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Lectures — Mathématiques
Jusques à l'année dernière, à chaque fois que je passais à Jussieu au début de l'année universitaire, je me faisais accoster par diverses personnes qui prêchaient pour telle ou telle mutuelle étudiante. Ne voulant pas leur faire perdre leur temps, je disais tout de suite que je n'étais pas concerné, mais on ne me croyait pas, alors je devais expliquer que bien que je fusse étudiant, j'étais déjà affilié à une mutuelle. Cette année, je ne dois plus avoir une tête d'étudiant pour eux ; cela tombe bien, je ne le suis plus.
À l'entrée de ce lieu très fréquenté, il y a toujours autant de
personnes distribuant divers papiers. Le plus souvent, il s'agit de
publicité, parfois de tracts politiques. Mardi dernier, en sortant d'un TD,
je me suis vu remettre une petite carte (format carte de crédit) un peu
bizarre : dessus, on peut lire cliquez, découvrez, expérimentez !
en-dessous du nom d'un site ConnectezVotreVie.com
, avec en
fond une étudiante sans doute charmante écrivant sur son cahier tout en
regardant ailleurs. Bref, sans trop y faire attention, on pourrait prendre
cela pour de la publicité pour un fournisseur d'accès à Internet, un
fabricant d'électro-ménager, etc. Mais, en petits caractères, on peut
cependant lire Site interactif étudiant pour explorer la foi
chrétienne
. Ce matin, je suis repassé au même endroit, on m'a tendu un
nouvel exemplaire de cette carte ; je l'ai rendue en disant que je l'avais
déjà. Je discute un peu avec la jeune femme qui faisait la distribution.
Oui, j'étais allé voir le site. Non, cela ne m'avait pas fait croire en
Dieu. Non, je ne donnerais pas cette carte à quelqu'un d'autre 1. Bien que je m'intéressasse un petit peu aux
religions, j'étais incroyant. Je suis parti peu après qu'elle m'eut dit
Mais vous savez, Dieu, il vous aime. Comment peut-on vivre sans ? Dieu
vous bénisse.
. C'est à mon avis un aspect peu reluisant d'une religion,
celui de conduire certains à se sentir investi de la mission d'attirer de
nouveaux fidèles. Cependant, il y a un mérite que je peux leur reconnaître,
celui de conforter mon incroyance. Ce n'est vraiment pas ce court-métrage qui me
fera changer d'opinion.
⁂
Théâtre de la Ville — Les Abbesses — 2006-10-25
Krishna Devanandan, danse
Preethi Athreya, danse
Ashwini Bhat, danse
Anoushka Kurien, danse
Padmini Chettur, danse, chorégraphie
Maarten Visser, musique
Sumant Jayakrishnan, décors
Paperdoll
Hier soir, je suis allé voir un spectacle de danse. C'était mon baptême de
danse contemporaine. J'avais remarqué par une occurrence de bharata
natyam
dans la description
de ce spectacle
(Paperdoll, de Padmini Chettur) dans le programme du Théâtre de la
Ville ; voilà pourquoi je me trouvais dans cette salle hier. C'était
incontestablement de l'art, mais je suis assez déstabilisé.
L'accompagnement musical était très étrange, lui aussi très contemporain.
Je ne connais rien à cette musique, mais cela devait être un exemple de musique
concrète : une sorte de mélange aléatoire (sans rythme particulier) de
sons bizarres. Pendant le premier quart d'heure, j'essayais d'imaginer des
gouttes de métal liquide coulant d'un robinet que quelqu'un s'amuserait à
ouvrir et à couper. Après, je n'ai plus cherché à donner un sens aux
sons... Dans des tenues approximativement blanchâtres, cinq danseuses se
mouvaient avec extrême lenteur. Bref, au début, je me demandais un peu ce
que je faisais là. Il y avait néanmoins une cohésion assez intéressante
dans ce groupe : dans les mouvements que j'ai trouvés les plus
remarquables, plusieurs danseuses (voire toutes les cinq) étaient liées les
unes aux autres par les mains, assurant l'équilibre harmonieux de
l'ensemble, ou mettaient délicatement leur main en contact avec le visage
de la voisine.
⁂
J'ai passé le début de mon après-midi à retrouver comment montrer que le
groupe alterné sur au moins 5 lettres est un groupe simple. Je prévois en
effet de l'enseigner en TD la semaine prochaine. Après m'être
convaincu que je savais faire, je suis monté à la bibliothèque pour aller
voir comment c'était fait dans les livres canoniques d'algèbre de niveau
licence/maîtrise/CAPES/agrégation. Le Perrin n'était pas
dans les rayons (il y a un gros trou dans la rangée de livres à cet endroit,
je suppose qu'il y a toujours des hordes d'agrégatifs, capessiens, TD-persons qui en ont besoin en même temps). Les livres étant
rangés thématiquement, je regarde les livres avoisinants. Combien grande
fut ma déconvenue lorsque je vis les horreurs que contenaient certains
ouvrages. Dans un livre de cours de l'algèbre, la démonstration me sembla
comporter des erreurs béantes. Dans un autre qui se montrait assez
agréalablement mis en page, je suis tombé sur une erreur grossière dans un
paragraphe qui paraissait se vouloir synthétique.
J'ai également échoué sur un ouvrage en roumain de la période
communiste ; les mathématiques y avaient l'air aisément déchiffrables,
mais je n'ai pas poussé l'ascétisme jusqu'à y chercher le
théorème que je voulais. J'ai vu un
autre livre à la typographie trahissant une époque reculée où dans le
premier chapitre d'analyse, on expliquait la notion de nombre variable
infiniment petit
! Après ces tâtonnements, j'ai consenti à ouvrir une
valeur sûre (le Tauvel), pour y découvrir finalement ce que je voulais. La
démonstration qui s'y trouve est un peu plus directe que celle que j'avais
reconstituée.
En rentrant chez moi en RER, je n'ai pas vraiment pu me mettre à la lecture du roman en cours, ne parvenant pas à évacuer les groupes symétriques de ma tête...
⁂
Pense-bête : il va falloir que je réorganise les catégories (ou plutôt tags) que j'associe aux entrées de blogs, puisqu'en l'état, ce n'est pas satisfaisant du tout.
[1] Prétérition. Je ne pensais pas en parler sur ce blog.
2006-10-17 22:16+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Mathématiques
J'ai recommencé mes TD à l'université il y a deux semaines. Cela me demande un peu plus de travail de préparation que les années précédentes puisque ce semestre, j'enseigne à des étudiants de troisième année.
Je remplis mes nouvelles étagères de nouveaux livres. Compte tenu de la taille gigantesque de certaines autres PAL, je n'éprouve plus aucune culpatibilité à voir s'aligner des livres que je n'ai pas encore lus.
J'ai commencé à lire Le Mahabharata, raconté par Jean-Claude Carrière (éditions Belfond). Comme il a l'air épuisé, je vais le lire à la Bibliothèque François Mitterrand. Ce lieu est un peu glauque : les salles de lecture sont très sombres, on n'y voit pas clair même en allumant les petites lampes attachées aux tables. Après en avoir lu un peu plus de la moitié, je trouve ce livre de J.-C. Carrière assez remarquable. Il bénéficie évidemment des qualités que je trouvais au film de Peter Brook. L'histoire est très bien racontée ; tout en allant à l'essentiel, ce récit limpide conserve différents niveaux d'énonciation, comme dans l'épopée, et met en évidence, non sans humour, les côtés paradoxaux que cela comporte : quand Vyasa (le poète épique) et Krishna (la divinité suprême, selon certains) se rencontrent, ils se demandent lequel des deux a créé l'autre ! Le seul petit reproche que je pourrais faire concerne la transcription des noms ou mots sanskrits, qui me semble comporter des erreurs.
Concernant ma discolicité, cela s'arrange : dans quelques jours, je devrais avoir terminé ma première écoute de l'intégrale hänssler de Bach. En effet, depuis à peu près un an, j'écoute les cantates de Bach en suivant le calendrier liturgique. Un cycle entier s'est donc écoulé. Il me reste encore quelque chose comme huit cantates à écouter, mais je pense que je n'attendrai pas le 23 novembre 2008 (prochain vingt-septième dimanche après la fête de la Trinité) pour écouter la cantate BWV 140.
2006-10-05 07:51+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Photographies
Voici ma PAL :
Mon score doit être trente-et-un
. La liste de ces livres apparaît
sur mon booklog.
Évidemment, en comparaison d'autres scores du concours PAL, j'en ai une petite. Peut-être que pour un concours de la plus haute pile de disques à écouter, je serais bien classé.
2006-09-12 23:59+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne
Aujourd'hui, j'ai enfin achevé ma lecture de la traduction française de l'épopée indienne que je lisais depuis pas mal de temps, Le Rāmāyaṇa de Vālmīki. Au début, je pensais que cela me prendrait deux mois, mais finalement, il m'aura fallu cinq mois...
L'intrigue est moins complexe que celle du Mahābhārata. Par exemple, dans la guerre, du côté du dharma, il y a Rāma et son frère, des milliards de ... de milliards de singes (et d'ours) et cinq rākṣasa, tandis que dans le Mahābhārata, il y a un assemblage hétérocite de peuples. Les caractères des personnages sont moins subtils que dans le Mahābhārata. Par exemple, on ne peut pas trouver de circonstance atténuante à Rāvaṇa alors qu'on pourrait en trouver pour Duryodhana ; il n'y a pas vraiment de personnages comme Bhīṣma qui sont on ne peut plus dharmiques mais qui combattent quand même dans le camp de l'adharma, ici, le vertueux Vibhīṣaṇa rejoint Rāma ; Sītā a pour caractéristiques principales d'être belle, obéissante et fidèle envers Rāma, tandis que Draupadī avait une personnalité beaucoup plus forte. Cependant, il y a lieu d'être choqué par le comportement de Rāma en au moins trois occasions (il rejette l'innocente Sītā deux fois, il décapite un homme de basse caste parce qu'il avait osé pratiquer l'ascétisme). Dans le Mahābhārata, si des héros du camp du dharma commettent de vils actes, on a l'impression qu'ils n'avaient vraiment pas d'autre solution, que c'était absolument inéluctable.
Du point de vue de la mythologie, cette lecture est vraiment très instructive : non seulement les dieux agissent dans l'épopée via les hommes et autres créatures en lesquels ils se sont incarnés, mais on apprend au détour des récits de nombreux épisodes mythologiques mettant directement en scène les dieux (par exemple, le mythe védique de Vṛtra mis à mort par Indra, la descente de la Gaṅgā...). Le dernier chant est tout particulièrement intéressant puisque c'est là que sont lacées toutes les ficelles qui ont été déliées dans les chants précédents.
⁂
Pendant mon voyage en Inde, j'ai acheté une poignée de DVD de films indiens. Il y a quelques jours, j'ai regardé le dessin animé हनुमान, qui raconte l'histoire de ce singe, Hanumān, qui a un rôle si important dans le Rāmāyaṇa. Je ne sais pas trop pour quel public ce film est fait, mais il est clair que si on ne connaît pas déjà l'histoire et les différents noms des principaux dieux, c'est très difficile à suivre puisque de surcroît les épisodes se suivent à grande vitesse (le film fait environ une heure et demie). L'essentiel de ce qui est raconté se trouve dans le Rāmāyaṇa à quelques détails près, mais il y a un ou deux passages assez bizarres. Il est ainsi raconté que dans sa jeunesse, Hanumān aurait vécu un temps une vie d'animal de cirque en compagnie de Viṣṇu et qu'il aurait ainsi bien connu Rāma à la cour de son père Daśaratha, alors que dans l'épopée, ils ne se rencontrent pour la première fois qu'au quatrième chant. Le texte qui défile au début du film m'a beaucoup surpris aussi, puisqu'il y est dit que Hanumān est une incarnation de Śiva ; à ma connaissance, l'épopée n'en fait que le fils du Vent.
2006-08-02 20:58+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa
Ayant pris une taille colossale, le singe Hanumān s'élance dans les airs depuis le mont Mahendra pour franchir l'océan. Les dieux admirent cet exploit et l'Océan lui-même propose son aide au fils du Vent en faisant se dresser des eaux le mont Maināka. Autrefois, les montagnes avaient des ailes, mais de peur qu'elles ne tombassent, Indra les leur coupa. Celles du mont Maināka furent cependant sauvées par Vāyu qui, de son souffle, l'avait précipité dans l'océan. Mais, ayant promis de ne pas s'arrêter en chemin, Hanumān refuse cette aide et poursuit son vol. Les dieux décident de le mettre à l'épreuve en le confrontant à la mère des serpents, Surasā, qui a pris la forme d'une rākṣasī. Celle-ci essaie de le manger, mais Hanumān prend une taille minuscule pour entrer dans sa bouche et en ressortir aussitôt. Il tue aussi la rākṣasī Siṃhikā qui s'est emparé de son ombre. Le singe atterrit finalement à Laṅkā qu'il observe depuis le mont Trikūṭa.
Hanumān prend la taille d'un chat et attend la nuit pour partir à la recherche de Sītā en toute discrétion. En commençant sa visite, la ville de Laṅkā incarnée en rākṣasī l'attaque, mais elle est vaincue. Hanumān découvre la ville : palais richement décorés, espions, guerriers, chants mélodieux des femmes. Entrant dans le palais de Rāvaṇa, Hanumān contemple le char céleste Puṣpaka que Rāvaṇa a dérobé à son demi-frère Kubera. Il y aperçoit Rāvaṇa endormi, entouré de ses femmes livrées à l'ivresse et à la débauche.
N'ayant pas retrouvé Sītā, Hanumān a peur que l'échec de sa mission ne rende Rāma triste au point d'en mourir. Depuis le palais, le singe atteint le bois d'aśoka de ses bonds. Ce bois céleste au sol précieux et traversé par une rivière est idyllique. Il aperçoit, entourée de rākṣasī monstrueuses une femme belle mais vêtue d'un unique tissu jaune sali. Il reconnaît Sītā. Plus tard, il voit Rāvaṇa venir tenter de la séduire, mais elle le repousse en affirmant que Rāma le tuera. Les rākṣasī essayent aussi de faire changer d'avis Sītā et menacent même de la manger. Sītā tombe dans le désespoir, mais une rākṣasī, Trijaṭa, révèle le songe qu'elle a fait : Rāma resplendissant sur le char Puṣpaka en compagnie de Lakṣmaṇa et de Sītā.
Pour approcher Sītā, Hanumān évoque Rāma, sa rencontre avec Sugrīva et les expéditions visant à la retrouver. Ayant entendu cet éloge, Sītā prend cependant peur en voyant ce singe et pense avoir perdu la raison. Elle imagine même que c'est Rāvaṇa qui a pris cette apprence pour mieux la tromper. Mais Hanumān parvient à la consoler. Après lui avoir raconté son histoire, il lui remet la bague que Rāma lui avait confiée en signe de reconnaissance.
Hanumān propose à Sītā de la ramener sur son dos, mais elle refuse, parce que ce ne serait pas convenable et que c'est à Rāma de la ramener après qu'il aura massacré les rākṣasa. Elle demande à Hanumān de faire se hâter Rāma puisque Rāvaṇa la tuera dans deux mois. Elle lui confie aussi plusieurs signes de reconnaissance pour que Rāma la sache en vie. Elle lui raconte ainsi l'histoire d'un corbeau qui l'avait piquée alors qu'elle était avec Rāma après son bain, Rāma le frappa d'un trait dédié à Brahmā qui ne peut pas manquer son but ; ayant pris pitié du corbeau qui avait parcouru le ciel pour échapper à cette arme, Rāma lui laissa la vie sauve en crevant son œil droit. Sītā lui remet aussi une magnifique perle.
Voulant mesurer la force des rākṣasa, Hanumān saccage le bois d'aśoka, puis massacre les kiṅkara que Rāvaṇa, prévenu par les rākṣasī, a envoyés. Il détruit le sanctuaire des rākṣasa et se saisit d'une colonne pour en massacrer les gardiens. Il tue ensuite les fils de Prahasta, ministre et oncle de Rāvaṇa. Après avoir vaincu Akṣa, un des fils de Rāvaṇa, c'est Indrajit qui vient combattre le singe. Cet autre fils de Rāvaṇa avait autrefois vaincu Indra ! Ayant pris une taille prodigieuse, Hanumān résiste aux flèches lancées par Indrajit, mais ce dernier décoche un trait dédié à Brahma. Voulant respecter la volonté du dieu, Hanumān ne résiste pas, se sachant protégé par Brahma, Indra et Vāyu.
Quand les rākṣasa se saisissent de lui, le trait de Brahma perd son effet et Hanumān se laisse faire. Devant Rāvaṇa, il se présente comme un messager de Rāma, critique sa conduite contraire au dharma et lui décrit la force de Rāma. Rāvaṇa veut tuer l'insolent mais son frère Vibhīṣana l'en dissuade. On ne tue pas un messager.
Rāvaṇa lui laisse la vie sauve mais décide de brûler sa queue et de le faire traîner dans toute la ville. Sītā ayant appris cette situation demande au Feu de la fraîcheur pour Hanumān. Le Vent souffle pour exaucer la prière de Sītā. Le singe s'étonne de ne pas souffrir et, après réflexion, il diminue sa taille pour se défaire de ses liens. Il se saisit d'une massue de fer et tue les gardiens d'une des portes de la ville. Il se lance ensuite sur les toits pour incendier Laṅkā et tous ses trésors (en épargnant la maison de Vibhīṣana), apaisant ainsi le feu de sa queue.
Hanumān pense avoir commis une erreur et craint pour la vie de Sītā, mais il entend des voix célestes se réjouir que celle-ci ait réchappé de l'incendie. Le singe vient saluer la princesse et, tel Garuḍa, repart dans les airs en prenant élan sur le mont Ariṣṭa.
Ayant rejoint le mont Mahendra, il raconte ses exploits aux autres singes. Après ce récit, Aṅgada veut tuer Rāvaṇa tout de suite, mais Jāmbavān dit qu'ils doivent d'abord informer Rāma. S'en étant allés joyeux et excités, les singes remarquent le Madhuvana, le magnifique verger de Sugrīva. Ils s'empiffrent alors tous de fruits et de miel jusqu'à l'ivresse. Dépassé par les événements, le protecteur des lieux, Dadhimukha rejoint le roi Sugrīva pour l'informer de ce saccage. Loin de s'en attrister, le roi des singes se réjouit de ce signe du succès de la mission des valeureux singes qui rentrent à Kiṣkindhā.
Hanumān remet à Rāma le bijou de Sītā et raconte son périple.
2006-08-01 16:58+0200 (Grigny) — Culture — Danse — Lectures — Voyage en Inde II
Je suis pour ainsi dire prêt pour partir en Inde du Sud après-demain. J'ai déjà préparé une liste exhaustive de choses à apporter, histoire de ne rien oublier. J'espère que tout va rentrer dans mon sac à dos. Je savoure mes derniers thés chinois avant un bon moment et vais me lancer dans une nouvelle séance de repassage/pliage. Mes conditions de vie se sont déjà rusticisées depuis hier puisque je n'ai plus d'eau chaude à cause de travaux dans mon immeuble.
Il faut aussi que je choisisse quelques livres à emporter, en plus du
Rāmāyaṇa que je compte finir sur place. À propos
de listes d'achats, mon panier Amazon vient de se vider après trois mois
d'inactivité, dommage... Aujourd'hui, j'ai également eu le plaisir
de me replonger dans la brochure du Théâtre de la Ville et écouter pendant
de longues minutes leur musique d'attente au téléphone pour remplacer un
des spectacles de mon abonnement qui était déjà complet ; les textes de
présentation de ces spectacles sont excessivement spécieux (cf. le pastiche suivant),
mais cependant, tous les spectacles que j'y ai vus étaient excellents.
2006-07-08 19:36+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne
Cela fait bientôt trois mois que je lis le Rāmāyaṇa (Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard).
J'en suis arrivé au chant VI La guerre
(le résumé du chant V Les
merveilles
apparaîtra bientôt dans le résumé que je rédige au fur et
à mesure). Comme certaines subtilités ne sont pas du tout rendues dans
ce résumé, je voudrais faire une petite note pour tenter d'expliquer
quelques difficultés du texte, qui est cependant traduit dans un français
très agréable à lire.
J'ai déjà mentionné plusieurs fois que les personnages (ou dieux) importants des épopées indiennes ont des noms multiples. Pour essayer d'illustrer d'autres aspects qu'un résumé ne peut pas rendre, je vais me hasarder à un petit commentaire d'un extrait.
⁂
Nous sommes au chant VI, chapitre L. La guerre entre le camp du dharma conduit par Rāma et celui de l'adharma du rākṣasa Rāvaṇa a commencé. Les frères Rāma et Lakṣmaṇa sont presque laissés pour morts ; Indrajit, le fils de Rāvaṇa, a utilisé la magie pour les atteindre, les a criblés de flèches venimeuses (les flèches sont en fait d'authentiques serpents). Les deux héros sont paralysés, Rāvaṇa triomphe, la princesse Sītā est désespérée, les singes (qui constituent l'armée de Rāma) sont affolés ; des remèdes sont envisagés, mais une divinité fait une apparition indiscutablement spectaculaire :
Sur ces entrefaites, un vent accompagné de nuages et d'éclairs agita l'eau de l'océan et sembla faire trembler les montagnes. Sous le grand souffle d'aile du vent, les grands arbres de toutes les îles perdirent leurs jeunes branches et s'abattirent dans ses ondes salées. Les serpents qui les habitaient furent pris de terreur, et soudain tous les monstres marins plongèrent dans les eaux.
Alors, tout à coup, Garuḍa, le fils de Vinatā, apparut à tous les singes comme le feu étincelant. À sa vue, ces serpents qui, sous forme de traits puissants, paralysaient les deux hommes prirent la fuite. Suparṇa toucha les deux Kākutstha et les salua, puis il posa ses mains sur leur visage à l'éclat lunaire. Au contact du fils de Vinatā, leurs blessures se cicatrisèrent et leurs corps reprirent rapidement couleur et éclat. Leur rayonnement, leur héroïsme, leur puissance, leur vigueur et leur endurance — ces vertus fondamentales —, leur subtilité, leur intelligence et leur mémoire s'en trouvèrent doublés.
Garuḍa est le roi des oiseaux, c'est aussi l'ennemi mortel des
serpents ; la terreur des serpents dans le premier paragraphe est
annonciatrice de l'intervention de Garuḍa, aussi appelé Suparṇa, ou
Vainateya (fils de Vinatā
) ; son action est conforme à son profil,
puisqu'il fait fuir les serpents qui paralysaient les deux frères.
Le conflit entre Garuḍa et les serpents fait partie d'un ensembles de mythes très importants dans la mythologie indienne. Dans le mythe-cadre du Mahābhārata est racontée la rivalité entre les deux sœurs Kadrū et Vinatā, épouses de Kaśyapa. Kadrū est la mère de mille serpents tandis que Vinatā a deux fils, qui sont des oiseaux : son premier fils la maudit puisqu'elle l'a rendu difforme en brisant son œuf trop tôt, son deuxième fils Garuḍa promet de défaire cette malédiction. Vinatā devient l'esclave de Kadrū, et Garuḍa dérobe l'ambroisie (amṛta) aux dieux pour la donner aux serpents en échange de la liberté de sa mère. Mais il conclut un pacte avec Indra pour empêcher par la ruse les serpents de s'emparer de l'ambroisie. Sa mère est libérée, l'ambroisie revient aux dieux et il mange des serpents.
Une autre fonction de Garuḍa est d'être l'emblème ou la monture de Viṣṇu. Un peu plus loin dans ce chapitre, il dit à Rāma :
Quelque désir que tu en aies, tu ne dois pas chercher à connaître le motif de mon amitié. Tu le sauras quand tu auras rempli ta mission par cette guerre.
À ce stade, Rāma ignore qu'il est la descente du dieu Viṣṇu sur terre (il est l'avatāra). L'apparition de Garuḍa est un des nombreux indices de cette mission divine.
⁂
Si le texte présente des difficultés, il y a des passages qui sont beaucoup plus aisés à lire. Il y a par exemple une figure de style qui intervient très souvent dans l'épopée : le rūpaka. Au chapitre LII du chant VI, on lit par exemple :
Ce fut un combat effroyable, colossal par le nombre des combattants, par celui des armes, rochers, arbres utilisés, une symphonie où la corde des arcs remplaçait celle des luths mélodieux, où la mesure était battue par les hoquets des chevaux, dont les chœurs étaient les barris des éléphants blessés.
Il s'agit d'une comparaison entre le combat et une symphonie, certains éléments de l'un étant identifiés à des éléments homologues de l'autre.
2006-06-25 21:53+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa
Rāma se réjouit de la vue de la Pampā magnifiée par le printemps. La beauté de cette rivière attise sa peine d'avoir perdu Sītā. Certain qu'ils vaincront Rāvaṇa et retrouveront Sītā, Lakṣmaṇa réconforte Rāma.
Les deux frères ayant franchi la Pampā, le singe Sugrīva les aperçoit du mont Ṛśyamūka et prend peur en imaginant qu'ils ont été envoyés par son ennemi de frère, Vālin, roi des singes. Il demande alors au fidèle Hanumān de se présenter aux deux héros en prenant la forme d'un moine. Hanumān est rapidement rassuré sur leurs intentions. Un pacte d'amitié est célébré entre Rāma et Sugrīva : les singes aideront Rāma, mais il devra préalablement abattre Vālin. Sugrīva montre à Rāma et à Lakṣmaṇa les parures que Sītā avait laissé tomber.
Rāma invite Sugrīva à raconter les raisons de son inimitié avec son frère aîné. Sugrīva explique alors que son frère Vālin avait succédé à leur père. Un asura à l'apparence d'un buffle, Māyāvin, défia Vālin ; avant que leur combat ne se poursuivît au fond d'une crevasse qui s'était ouverte dans le sol, Sugrīva promit à son frère de garder l'entrée du gouffre. Le combat s'éternisa. Au bout d'un an, Sugrīva considéra sincèrement que son frère devait être mort, il bloqua l'entrée de la crevasse avec une pierre et se fit sacrer roi. Mais Vālin revint, victorieux de son combat et furieux envers son frère qu'il chassa de Kiṣkindhā, la capitale de son royaume. Sugrīva, accompagné Hanumān, Nala, Nīla et Tāra, vint se réfugier sur le Ṛśyamūka où ils seraient à l'abri de Vālin, celui-ci ne pouvant y pénétrer sous peine de mort du fait d'une malédiction prononcée par l'ascète Mataṅga qui reprochait au singe d'avoir répandu sur son ermitage une pluie de sang lors de son combat avec l'asura Dundubhi.
Conscient de la force de son aîné, Sugrīva doute de celles de Rāma et le met à l'épreuve : Rāma projète d'un seul orteil le corps de Dundubhi à dix lieues et lance une flèche qui traverse sept arbres śāla, une montagne et les enfers avant de revenir dans son carquois. Le singe est rasséréné, et on décide de partir pour Kiṣkindhā. Sugrīva défie son frère Vālin, un combat terrible s'engage, mais Rāma renonce à lancer la flèche fatale qu'il avait promis de lancer en direction de Vālin : les deux singes lui sont indistinguables, tels les Aśvin, les dieux jumeaux. Sugrīva se réfugie à nouveau sur le Ṛśyamūka et Rāma lui fait remettre par Lakṣmaṇa une fleur à se mettre autour du cou en signe de reconnaissance. Sugrīva revient défier Vālin. Tārā, l'épouse de Vālin, sait que Rāma est l'allié de Sugrīva, et incite le roi des singes à préférer l'amitié de Rāma plutôt qu'à le combattre. Mais Vālin décide de lutter contre son frère, mais il est frappé par une flèche de Rāma. Il débat avec Rāma de la légalité de ce coup avant de prendre refuge en lui. Tārā vient se lamenter devant le corps de son mari, mais Hanumān la réconforte en lui rappelant qu'elle doit veiller sur son fils Aṅgada. Avant de mourir, Vālin confie son fils Aṅgada, son épouse Tārā et un collier d'or protecteur à Sugrīva. Affligés, Tārā et Sugrīva sont réconfortés par Rāma. Les rites funéraires sont effectués, Sugrīva est couronné et Aṅgada fait prince héritier.
Rāma décide de laisser passer la saison des pluies avant d'aller combattre Rāvaṇa. Avec son frère, il vient passer cette saison dans une grotte sur le mont Prasravaṇa situé non loin de Kiṣkindhā. La saison des pluies attise encore la douleur de Rāma, qui fait confiance en la promesse de Sugrīva de l'aider à la retrouver. Pendant ce temps, Sugrīva se livre au plaisir avec son épouse Rumā et avec Tārā. Cependant, Hanumān lui rappelle ses devoirs et il finit par demander à Nīla de rassembler toutes ses troupes. C'est le début de l'automne et Rāma est en colère contre Sugrīva qui semble ne pas tenir parole. Lakṣmaṇa ne peut contenir sa fureur : il décide de descendre à Kiṣkindhā avec son arc en ayant l'intention de tuer Sugrīva. Apprenant cela, le roi des singes ne comprend pas ce qu'on lui reproche, mais Hanumān lui demande de faire profil bas. Par son discours, Tārā parvient à apaiser Lakṣmaṇa qui reproche à Sugrīva son ingratitude. Des troupes de dizaines de milliards de singes se mettent en route pour Kiṣkindhā et Rāma se réconcilie avec le roi des singes. Sugrīva ordonne à ses troupes de partir à la recherche de Sītā aux quatre coins du monde et de revenir dans un délai d'un mois. Des expéditions sont ainsi lancées vers l'Est, le Sud, le Nord et l'Ouest. Au bout d'un mois, les singes partis à l'Est, au Nord ou à l'Ouest reviennent sans avoir aperçu Sītā.
L'expédition chargée d'explorer le Sud est dirigée par Aṅgada et comporte notamment Hanumān, Tāra et Jāmbavān, le roi des ours. Cette exploration exhaustive s'avère difficile. En parcourant la région du mont Vindhya, ils découvrent un grand trou, le Ṛkṣabila, dont s'échappent des oiseaux. Ils y descendent et trouvent un lieu extraordinaire pour sa végétation, ses eaux et ses palais. Ils y recontrent une femme ascète, Svayamprabhā. Elle garde cette demeure construite par l'architecte Maya et appartenant à l'apsaras Hemā depuis que Brahmā la lui offrit. L'ascète nourrit les singes et les fait sortir du souterrain magique.
Ils aperçoivent alors l'océan. Le délai d'un mois accordé par Sugrīva pour retrouver Sītā s'est écoulé, les singes craignent le châtiment pour avoir failli à leur mission. Sous l'impulsion d'Aṅgada, ils commencent même à se laisser mourir quand ils entendent le cri du vautour Sampati à qui ils apprennent la mort de son frère Jaṭāyus. Le vautour leur raconte son histoire. Autrefois, son frère et lui avaient tenté de s'approcher au plus près du soleil. Quand ils ne purent que redescendre, Sampati protégea son frère des brûlures du soleil. Les ailes brûlées, il ne pouvait se déplacer et ne pensait plus qu'à mourir quand il vit le ṛṣi Niśākara qui lui raconta la mission qu'il devrait accomplir : quand il verrait des singes, il devrait leur parler de l'épouse de Rāma ; ainsi, il pourrait retrouver ses ailes. Sampati indique donc aux singes que Rāvaṇa s'est emparé de Sītā, ses ailes de mettent à pousser et il s'envole.
Laṅkā, la cité de Rāvaṇa, est située de l'autre côté de l'océan, long de cent lieues. Les singes se demandent lequel d'entre eux sera capable de le franchir d'un bond. Un premier affirme pouvoir sauter dix lieues, un autre vingt lieues, etc. Le vieux Jāmbavān pense être capable de sauter quatre-vint-dix lieues et affirme qu'Aṅgada serait en mesure d'accomplir cette mission qui ne saurait cependant être confiée au chef. Il se tourne alors vers Hanumān, qui était resté silencieux, et vante ses qualités. Sa mère, l'apsaras Puñjikasthalā, épouse fidèle du singe Kesarin, avait été surprise par Vāyu, le dieu du vent. Dans sa jeunesse, Hanumān avait bondi pour tenter de se saisir du soleil lors de son lever et Indra l'avait frappé de son foudre, le blessant à la machoire, ce qui mit en colère Vāyu qui s'arrêta de souffler. Pour apaiser le dieu du vent, Brahmā avait accordé à Hanumān l'invulnérabilité aux armes et Indra le privilège de choisir le moment de sa mort. Jāmbavān demande à Hanumān de franchir l'océan comme Viṣṇu avait parcouru le monde en trois pas.
Hanumān est fort des qualités de Vāyu et se compare à Garuḍa, le roi des oiseaux. Il affirme que le sol ne supportera pas le choc provoqué par son bond. Il décide de prendre appui sur le mont Mahendra pour s'élancer. Alors que le mont commence à hurler, et les animaux à prendre peur, Hanumān pense à Laṅkā.
2006-06-03 10:11+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Jeux
Via la fée Kozlika, je découvre une chaîne blogosphérique lancée par TarValanion :
Imaginons que vous puissiez recuperer un objet dans un livre (fiction uniquement). Quel serait cet objet ? Pourquoi j'ai dit deux objets ? Parce que je voudrais un objet officiellement magique et un objet officiellement non magique.
Contrairement aux boules de neige qui se propagent par mails, ces chaînes ne présentent aucun danger. Voici ma participation :
Ma et Masi ensembledans la nouvelle Paysage d'hiver d'Anita Desai (dans le recueil Poussière de diamant, traduit de l'anglais par Anne-Cécile Padoux, bibliothèque étrangère, Mercure de France) :
Puis le bébé tend les bras et désigne maladroitement une photographie qui est presque entièrement blanche, où seules quelques ombres grises dessinent les formes et les silhouettes. Elles sont deux, et toutes les deux enveloppées de vêtements d'un blanc immaculé qui couvrent leurs épaules, ne laissant voir que l'arrière de leurs têtes également blanc ; elles sont debout à côté du même réfrigérateur blanc dans la même cuisine aux murs blancs, devant une fenêtre au cadre blanc. Elles ne regardent pas la caméra, mais au-dehors la neige qui tombe devant la vitre, recouvrant l'arbre dénudé, la barrière en bois et le sol, leur offrant un paysage blanc dans lequel elles semblent presque se fondre. Presque.
Si cela vous dit de poursuivre la chaîne...
2006-05-20 20:56+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa
Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā entrent dans la forêt Daṇḍaka. Le terrifiant rākṣasa Virādha s'approche d'eux, s'empare de Sītā et adresse des reproches aux deux frères : des ascètes ne devraient pas porter d'armes et être accompagnés d'une femme. Un combat s'engage, mais Virādha ne peut être tué. Il s'agit en fait du gandharva Tumburu transformé en rākṣasa à la suite d'une malédiction prononcée par Kubera. Rāma a l'idée de demander à Lakṣmaṇa d'enterrer le rākṣasa. Tumburu reconnaît alors celui qui va le délivrer de sa malédiction. Avant de mourir, il lui indique comment rejoindre l'ascète Śarabhaṅga.
Peu avant que Rāma ne rencontre Śarabhaṅga, il aperçoit le char célestre d'Indra qui converse avec l'ascète. Le roi des dieux s'en étant allé, Rāma interroge Śarabhaṅga qui lui dit qu'après avoir rencontré le vertueux Rāma, le temps est venu pour lui de monter au ciel. Avant d'entrer dans le feu, il lui indique le chemin le long de la Gaṅgā qui le mènera à Sutīkṣṇa. De nombreux ascètes terrifiés par les rākṣasa viennent demander protection à Rāma qui la leur accorde. Quand Rāma rencontre Sutīkṣṇa pour lui demander conseil, ce dernier vient également de recevoir une visite d'Indra. Sutīkṣṇa ordonne à Rāma d'aller d'ermitage en ermitage et de revenir le voir. Après le départ, Sītā s'inquiète : elle a peur que Rāma se montre violent. Il a en effet promis de protéger des rākṣasa les ṛṣi vivant dans la forêt Daṇḍaka. Mais Rāma la rassure : il ne fait là que son devoir de kṣatriya et il tiendra sa parole. Les héros aperçoivent ensuite un lac magnifique, le Pañcāpsaras du fond duquel est émise une musique mélodieuse accompagnant les divertissements du sage Māṇḍakarṇi et de cinq apsaras. Ils vivent paisiblement pendant dix ans en évoluant d'ermitage en ermitage avant de revenir trouver Sutīkṣṇa. Rāma lui demande la permission d'aller voir le ṛṣi Agastya. L'ascète approuve et lui indique le chemin vers l'ermitage du frère d'Agastya.
En arrivant à cet ermitage, Rāma raconte un exploit d'Agastya. L'asura Ilvala invitait des brâhmanes à prendre un repas et leur faisait manger son frère Vātāpi qui avait pris la forme d'un bélier ; après le repas, Ilvala demandait à Vātāpi de sortir du corps des brâhmanes, ce qui déchirait leur corps et provoquait leur mort. Les dieux demandèrent à Agastya de mettre fin à ce brâhmanicide. Alors qu'Agastya venait de manger, Ilvala demanda à son frère de sortir, mais Agastya répondit en riant qu'il l'avait digéré pour de bon. Après avoir rencontré son frère, Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā parviennent à l'ermitage d'Agastya. Le ṛṣi remet à Rāma des armes divines : un arc, deux carquois inépuisables, une épée et le trait de Brahmā. Il lui indique aussi un lieu agréable pour établir son ermitage : Pañcavaṭi, où coule la Godāvarī.
Sur la route de Pañcavaṭi, Rāma rencontre le vautour Jaṭāyus, un ami du roi Daśaratha. Il promet de protéger Sītā en cas d'absence de Rāma et de Lakṣmaṇa. Les héros s'établissent à Pañcavaṭi. Quand l'hiver commence, Lakṣmaṇa en fait l'éloge à Rāma qui apprécie cette saison. Un jour, la rākṣasī Śūrpaṇakhā aperçoit Rāma et en tombe amoureuse. Cette hideuse sœur de Rāvaṇa révèle ses sentiments à Rāma. Mais les deux frères se jouent d'elle, celle-ci se rue sur Sītā, sa rivale. S'indignant du peu d'humour de la rākṣasī, Rāma ordonne à son frère de la mutiler. Lakṣmaṇa lui tranche les oreilles et le nez. La rākṣasī vient trouver son frère Khara qui envoie aussitôt quatorze rākṣasa pour la venger. Ceux-ci sont tués par Rāma. Elle se représente devant Khara pour l'exhorter à tuer lui-même Rāma. C'est toute une armée de quatorze mille rākṣasa du Janasthana menée par Khara qui va combattre Rāma. Remarquant des signes funestes, Rāma ordonne à Lakṣmaṇa de se réfugier avec Sītā dans une caverne. À lui tout seul, Rāma extermine les quatorze mille rākṣasa et tue Khara à l'issue d'un combat singulier. Des pluies de fleurs tombent sur Rāma qui est acclamé par les dieux et les ṛṣi tandis que Lakṣmaṇa et Sītā reviennent de leur cachette.
Un rākṣasa nommé Akampana est parvenu à s'enfuir et se rend à Laṅkā pour avertir Rāvaṇa. Ce rākṣasa aux dix cous veut tuer Rāma, mais Akampana lui suggère de s'en prendre plutôt à Sītā, Rāma étant aussi puissant que Viṣṇu. Rāvaṇa part sur son char tiré par des ânes demander à Mārica de l'aider à enlever Sītā. Celui-ci a déjà été vaincu par Rāma, il dissuade Rāvaṇa d'agir ainsi. De retour à Laṅkā, Rāvaṇa écoute une diatribe de Śūrpaṇakhā. Rāvaṇa n'utiliserait pas d'espions, ce qui en ferait un roi mal informé ; il se comporterait mal ; Rāma et Lakṣmaṇa seraient très puissants, mais en épousant Sītā, Rāvaṇa pourrait profiter d'une très belle femme. Rāvaṇa ne résiste pas à ces arguments et retrouve Mārica. Celui-ci fait l'éloge de Rāma et met en garde Rāvaṇa : Rāma pourrait anéantir tous les rākṣasa. Mais Rāvaṇa est là pour donner des ordres. Mārica ne peut qu'accepter de mettre en œuvre la ruse visant à enlever Sītā.
Les rākṣasa pouvant changer d'apparence, Mārica
prend la forme d'une antilope gracieusement recouverte de pierres
précieuses et se rapproche de l'ermitage de Rāma. En apercevant cette
antilope magique, Sītā est émerveillée et demande à Rāma de la lui
rapporter. Bien que Lakṣmaṇa évoque une possible ruse de rākṣasa, Rāma s'éloigne de l'ermitage pour la capturer
après avoir demandé à son frère de protéger Sītā pendant son absence. La
poursuite de l'antilope s'éternisant, Rāma décide de décocher une flèche
pour la tuer. Avant d'expirer, Mārica reprend sa forme de rākṣasa et imite la voix de Rāma pour crier Sītā !
Lakṣmaṇa ! Au secours !
. Entendant ce cri, Sītā ordonne à Lakṣmaṇa de
partir sauver Rāma. Celui-ci soupçonne encore une ruse de rākṣasa et préfère respecter l'ordre de son puissant
frère. Mais Sītā l'accuse de comploter avec Bharata contre Rāma. Lakṣmaṇa
s'incline devant Sītā et part à la recherche de Rāma.
Rāvaṇa prend l'apparence d'un mendiant pour entrer dans l'ermitage où Sītā, seule, l'accueille avec tout le respect dû à un brâhmane. Il tente de la séduire et lui demande comment une femme aussi belle s'est retrouvée dans un lieu aussi sordide. Sītā lui raconte son histoire et interroge Rāvaṇa à son tour. Celui-ci décline son identité de roi des rākṣasa et demande sans détour à Sītā de l'accompagner à Laṅkā et de l'épouser. Elle lui annonce qu'en lui manquant ainsi de respect, il court à sa perte. Tandis que Rāvaṇa l'emmène de force sur son char, les cris de Sītā réveillent le vautour Jaṭāyus qui vient à son secours. Il parvient à démolir le char de Rāvaṇa mais ce dernier le met à mort et emporte Sītā dans les airs. Apercevant des singes au sommet d'une montagne, elle laisse tomber un vêtement recouvert de parures précieuses en espérant qu'ils informeront Rāma de son enlèvement. Après avoir traversé la Pampā, Rāvaṇa arrive à Laṅkā et installe Sītā dans son gynécée. Répondant à de nouvelles protestations de Sītā, il lui dit que si elle n'accepte pas de l'épouser dans les douze mois, il la mangera. Sītā est conduite à un bois d'aśoka et souffre de son chagrin.
Pendant ce temps, Lakṣmaṇa retrouve Rāma qui lui reproche d'avoir laissé Sītā seule. De retour à l'ermitage, cherchant Sītā avec obstination, pensant qu'elle joue à cache-cache ou interrogeant en vain les créatures de la nature, Rāma tombe dans le désespoir. Les deux frères trouvent finalement les fleurs que Sītā nouait à ses cheveux et les débris du char d'un rākṣasa. Furieux, Rāma s'apprête à embraser l'univers si les dieux ne lui rendent pas Sītā, mais Lakṣmaṇa le ramène à la raison : il faut trouver l'ennemi et le tuer. En découvrant Jaṭāyus, Rāma croit voir l'assassin de Sītā, mais avant de mourir, le vautour lui raconte l'enlèvement de Sītā par Rāvaṇa. Les deux frères procèdent à ses rites funéraires et prennent la direction du sud.
Une autre rākṣasī, Ayomukhī, enlace Lakṣmaṇa, mais celui-ci lui coupe le nez, les oreilles et les seins. Les deux frères rencontrent ensuite Kabandha, un rākṣasa gigantesque, n'ayant ni tête ni jambes. Ayant une bouche sur le tronc, il engloutissait les créatures qu'il attrapait avec ses longs bras. Un premier temps capturés, ils lui coupent les deux bras de leur épée. Kabandha est en fait un beau prince qui a pris cette forme hideuse à la suite d'une double malédiction d'Indra et d'un brâhmane. Seul Rāma pouvait l'en délivrer. Ayant repris sa forme splendide, il incite Rāma à se lier d'amitié avec le singe Sugrīva, fils du Soleil, qui réside sur le mont Ṛśyamūka.
Le chemin des deux héros chemin croise l'ermitage qu'occupait Mataṅga ; sa disciple Śabarī les reçoit généreusement avant de s'immoler dans les feu, des ṛṣi lui ayant annoncé que l'accueil prodigué à Rāma l'autoriserait à rejoindre les mondes suprêmes. C'est un paysage idyllique qu'ils trouvent aux abords de la Pampā où foisonnent les lotus. Rāma et Lakṣmaṇa sont résolus à franchir cette rivière d'où se dresse le mont Ṛśyamūka.
2006-05-25 11:17+0200 (Grigny) — Culture — Lectures
Depuis quelques semaines, je lis le Rāmāyaṇa tout doucement ; j'essaie néanmoins d'intercaler la lecture d'autres livres de taille moins conséquente, entre deux chants de l'épopée (qui en compte sept) ou quand j'oublie bêtement mon livre quelque part (il y a deux semaines, je l'ai oublié à l'École Polytechnique en quittant un séminaire 1, mais j'ai pu le récupérer depuis).
Avant-hier, je lisais La ferme des animaux de George Orwell. Il s'agit d'une satire critiquant manifestement le totalitarisme communiste 2. Après qu'un cochon nommé Sage l'Ancien a fait un rêve lui ayant insufflé l'air d'un chant révolutionnaire Bêtes d'Angleterre, les animaux d'une ferme se révoltent et parviennent à expulser le fermier Jones...
Je fus assez surpris de lire la phrase suivante :
Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres.
Avant de lire ce livre, j'aurais spontanément attribué ce mème à Coluche...
[1] Je n'y étais pas retourné depuis les
concours que j'avais passés en 1999. Quand on y va depuis la station de RER
Lozère, il y a un fameux escalier
. La longueur et la hauteur des
marches est tellement irrégulière que cela ne peut être qu'une plaisanterie
d'architecte, à moins que les professeurs de sport y aient vu une occasion
de proposer des épreuves sportives diversement rythmées aux élèves (il y a
paraît-il un sport consistant à grimper cet escalier le plus rapidement
possible, avec chronométrage et promulgation du record). J'ai vaguement
essayé de compter le nombre de marches, mais je n'ai pas trouvé le même
résultat en montant et en descendant. Il y en aurait un peu moins de trois
cents.
[2] On entend parfois dire cela de 1984, mais cela ne me semble pas si évident. S'il y a des mécanismes communs entre ces deux livres, mais la fable est beaucoup plus explicite.
2006-05-07 23:01+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne
Je viens de lire le roman Devdas de Sarat Chandra Chatterjee, traduit du bengali par Amarnath Dutta et paru récemment dans la collection La Voix de l'Inde, Les Belles Lettres. Les personnages principaux sont Devdas, son amie d'enfance Parvati 1 et la courtisane Chandramukhi. Ce livre a été adapté de nombreuses fois au cinéma, mais je n'en connais que l'adaptation de 2002 due à Sanjay Leela Bhansali, intitulée elle aussi Devdas. Bien que la couverture du roman soit une image tirée du film, il est manifeste que le film n'est pas une adaptation très fidèle au roman.
Il y a quelques différences sans grande importance. Dans le film, Devdas est allé faire ses études en Londres ; dans le livre, c'est à Kolkata. Dans le livre, Parvati appartient à une famille de commerçants ; dans le film, sa mère est une danseuse (ce qui donne l'occasion d'une séquence musicale...).
Mais il y a des différences plus essentielles. Le caractère de certains
personnages est profondément altéré : dans le film, le mari de Parvati est
extrêmement antipathique, celui du livre est plutôt sympathique. Le rôle de
Chandramukhi est beaucoup plus important dans le livre. Le film contient la
fameuse danse de la lampe
; il s'agit de la lampe conservée allumée
pendant plusieurs années par Parvati comme symbole de son amour pour
Devdas ; dans le livre, Parvati a bien une lampe à l'huile, mais elle ne
symbolise rien de particulier. La plus belle séquence de danse réunit
Parvati et Chandramukhi 2 ;
dans le livre, elles ne se rencontrent jamais.
Comme il y aurait lieu d'être déçu par le film en tant qu'adaptation, je conseillerais de commencer par visionner le film et de lire ensuite le livre plutôt que l'inverse. Ce film est vraiment excellent, superbement esthétique, un des rares films bollywoodiens que je conseillerais à quiconque sans la moindre hésitation 3.
[1] Son nom est curieusement orthographié
en Parvoti
. Si le prénom bengali correspond bien au nom
de la déesse, il est étrange de ne l'avoir pas écrit Parvati
.
M'enfin, je suppose que le traducteur a ses raisons.
[2] Cette séquence de danse est absolument époustouflante. C'est de très loin la plus belle que j'ai vue pour le moment, à la fois pour la musique, la chorégraphie et pour la façon dont elle est filmée.
[3] Les parisiens peuvent voir ce film sur grand écran : il passe le dimanche après-midi au cinéma le Brady l'Albatros, boulevard de Strasbourg.
2006-05-06 22:55+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa
Voici le deuxième épisode. Si vous préférez une version imprimée, j'ai ook-ooké rapidement un petit programme pour convertir mes entrées de blog (en XML) en source TeX (en convertissant les signes diacritiques de la transcription IAST du sanskrit au passage). Il y a donc une version PDF de ce résumé ; je la mettrai à jour à chaque nouvel épisode.
⁂
La conduite de Rāma étant en tous points exemplaire, le roi Daśaratha décide d'en faire son prince héritier. Tandis que se prépare cette cérémonie dans l'allégresse générale, Mantharā, l'esclave bossue de Kaikeyī, incite sa maîtresse à s'opposer à cette consécration : elle aurait beaucoup à perdre avec le couronnement de Rāma, mais elle pourrait utiliser une promesse ancienne de Daśaratha pour tourner la situation à son avantage. En effet, après que Kaikeyī lui eut sauvé la vie autrefois, le roi avait accordé deux faveurs à sa favorite. Malgré les réticences premières de Kaikeyī qui affirme ne pas faire de différence entre Rāma et son propre fils Bharata, Mantharā la persuade de demander au roi d'une part que Rāma soit exilé dans la forêt et d'autre part que Bharata soit consacré prince héritier à la place de Rāma.
Après que Kaikeyī eut rappelé à Daśaratha sa promesse et que celui-ci eut promis d'exaucer les deux faveurs qu'elle lui demanderait, Kaikeyī annonce ses prétentions, ce qui plonge Daśaratha dans le désarroi. Le roi loue Rāma et arguë qu'il ne peut infliger une telle punition à ce fils et à son épouse Sītā, mais comme Kaikeyī le lui fait remarquer, en ne respectant pas ses désirs, il trahirait sa parole. Malgré ses supplications, Kaikeyī refuse de renoncer à ses demandes. Le roi est effondré.
La foule, inconsciente de ce qui vient de se passer, acclame Rāma lorsque celui-ci se rend au palais royal. Rāma, s'étonnant de ce que son père ne réponde pas à son salut, lui demande s'il a commis une faute. Mais Daśaratha ne répond rien, c'est Kaikeyī qui annonce ce qui a été décidé. Rāma accepte aussitôt d'accomplir la décision que son père a été contraint de prendre : il s'exilera dans la forêt des Daṇḍaka pendant quatorze ans.
Malgré les protestations de sa mère Kausalyā et de son frère Lakṣmaṇa, Rāma ne change pas d'avis : bien que sa nature de kṣatriya lui permettrait de triompher par la force, il veut avant tout respecter la décision de son père. Par dévotion pour son époux, Sītā demande à Rāma de l'autoriser à l'accompagner dans son exil. Après lui avoir rappelé les dangers et les privations qu'implique la vie dans la forêt et constaté son abnégation, il accepte. Lakṣmaṇa accompagnera aussi le couple pour le protéger. Après avoir fait don de ses richesses, Rāma met son vêtement ascétique formé d'écorce ; Kaikeyī voudrait que Sītā revête également ce vêtement, mais le chapelain Vasiṣṭha intervient en disant que cela ne faisait pas partie des faveurs accordées à Kaikeyī. Par conséquent, Sītā restera habillée de ses plus beaux vêtements.
Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā s'en vont sur le char du cocher Sumantra. De nombreux habitants d'Ayodhyā les suivent, mais Rāma fait en sorte qu'ils perdent leur trace le lendemain. La ville d'Ayodhyā est en pleine désolation lorsque Rāma quitte son royaume. Tandis que Sumantra rentre à Ayodhyā, les trois héros traversent la Gaṅgā avec l'aide de Guha, le roi des Niṣāda. Ils arrivent chez l'ascète Bharadvāja, au confluent de la Gaṅgā et de la Yamunā. Le lendemain, Bharadvāja conseille à Rāma de s'établir au mont Citrakūṭa. Ils traversent la Yamunā sur un radeau pendant que Sītā adresse des prières à la déesse associée à la rivière, puis à un banian situé sur l'autre rive. Après avoir rencontré Vālmīki, ils effectuent les rites de fondation tandis qu'ils s'installent dans le Citrakūṭa.
Quand Sumantra rentre à Ayodhyā, il trouve une ville désolée ; il vient donner des nouvelles de Rāma au roi. Daśaratha se reproche d'avoir cédé aux demandes de Kaikeyī. Bien que rassurée par Sumantra sur la capacité de Rāma, de Lakṣmaṇa et de Sītā à vivre dans la forêt, Kausalyā reproche à Daśaratha de leur avoir infligé ce sort. Celui-ci pense savoir pour quelle faute passée il est puni. Pendant une nuit, dans sa jeunesse, il ne se fia qu'à son oreille pour décocher une flèche dans ce qu'il pensait être un éléphant qui s'abreuvait à la rivière ; il s'agissait d'un anachorète venu remplir une cruche d'eau. Avant de mourir, il lui expliqua qu'il était venu prendre cette eau pour ses parents aveugles ; Daśaratha vint les trouver pour leur expliquer ce qui venait de se passer. Avant de mourir avec son épouse, l'ascète lança une malédiction à Dasáratha : il mourrait de chagrin à cause du sort de son fils. C'est en parlant ainsi à Kausalyā et Sumitrā que Daśaratha expire. Aucun de ses fils n'étant présent, son corps est conservé dans de l'huile.
Tandis que Bharata fait un rêve de mauvais augure, des messagers arrivent à la capitale des Kekaya pour lui transmettre un message de Vasiṣṭha lui annonçant qu'il a une tâche importante à accomplir. En arrivant à Ayodhyā, Bharata a l'impression de voir une forêt ; il vient trouver Kaikeyī au palais royal. Elle lui annonce la mort de son père et l'exil de Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā. Bharata est ulcéré du comportement de sa mère et jure qu'il fera revenir Rāma. Kausalyā vient lui adresser des reproches, mais il affirme qu'il ne connaissait pas l'intention de sa mère et maudit tout homme qui aurait consenti au départ de Rāma.
Les rites funéraires accomplis, Bharata décide de refuser la royauté : il veut faire revenir Rāma et accomplir lui-même les quatorze années d'exil. Alors que son frère Śatrughna menace de tuer la bossue Mantharā, Bharata intervient en disant que Rāma n'accepterait pas cette violence. Bharata envoie de nombreux ouvriers, géomètres, etc. sur le chemin qui doit le mener à Rāma pour qu'ils y construisent une route magnifique. Bharata s'en va avec sa grande armée. Ses ministres, ses chapelains et les épouses de Daśaratha sont également du voyage. Quand ils arrivent au royaume des Niṣāda, le roi Guha qui les accueille s'inquiète de la présence de cette armée : l'odieux Bharata ne voudrait-il pas du mal à Rāma ? Bharata le rassure sur ses intentions, Guha l'accueille chaleureusement et aide Bharata et son armée à traverser la Gaṅgā.
Bharata et Vasiṣṭha viennent seuls à la rencontre de Bharadvāja. L'ascète veut lui aussi savoir si Bharata ne cherche pas à se débarasser de Rāma. Bharata le rassure et lui demande où se trouver Rāma. Bharadvāja demande à Bharata de faire venir son armée, puis invoque les dieux (parmi lesquels Viśvakarman, l'architecte des dieux) pour faire apparaître des merveilles : de magnifiques demeures, des écuries, un palais, des troupes d'apsaras, de la musique enchanteresse, des rivières de riz au lait, etc. Les soldats commencent à se dire qu'ils resteraient bien dans ce décor paradisiaque, mais ces jouissances s'achèvent avec la fin de la nuit.
Le lendemain, Bharata remercie le ṛṣi pour son accueil et se fait indiquer le chemin vers le mont Citrakūṭa. La grande armée se met en marche en effrayant les animaux sauvages par son vacarme. Bharata se dirige vers un endroit d'où se dégage de la fumée. Pendant ce temps-là, Rāma décrit à Sītā l'harmonie qui régnait dans le lieu où ils se trouvent, ce qui l'aide à s'accommoder de la perte de la royauté. Mais le vacarme perturbe cette harmonie ; juché sur un arbre, Lakṣmaṇa aperçoit une armée et en informe Rāma qu'il s'agit de Bharata, venu pour les tuer. Rāma n'est pas de cet avis : il pourrait conquérir la terre sans difficulté, mais là n'est pas son devoir, c'est Bharata qui doit régner et ce dernier n'a pas de mauvaise intention. Rāma propose ironiquement de demander à Bharata que ce soit Lakṣmaṇa qui soit fait roi.
Bharata vient toucher les pieds de Rāma. Celui-ci l'interroge sur sa
famille et lui demande de multiple manière s'il exerce correctement ses
devoirs de roi. Bharata supplie Rāma d'accepter de devenir roi, mais Rāma
refuse de trahir la volonté de son vertueux père et de Kaikeyī. Il ne voit
pas non plus de faute dans la conduite de son frère. Après que Bharata eut
annoncé que Daśaratha était mort, Sītā, Lakṣmaṇa et Rāma se rendent auprès
de la Gaṇgā pour offrir de l'eau funéraire au roi défunt. Une foule rejoint
Rāma, aux premiers rangs de laquelle, les épouses de Daśaratha et le
chapelain Vasiṣṭha. Bharata redemande à Rāma d'accepter le trône, parce
qu'il ferait un meilleur roi que lui, mais Rāma invoque le destin et le
respect de la volonté de son père, puis une promesse de royauté que
Daśaratha aurait faite autrefois à Kaikeyī. Pour infléchir la position de
Rāma, l'éminent brâhmane Jābāli tient un discours de négateur des Vedas en
plaçant le plaisir avant le devoir et l'intérêt, Vasiṣṭha dresse la
généalogie de Rāma pour appuyer l'argument selon lequel c'est lui, l'aîné,
qui doit succéder à Daśaratha, Bharata commence une grève de la faim. Mais
Rāma réfute ces arguments
.
Une solution acceptable par tous est trouvée. Bharata fait enfiler des socques à Rāma qui les lui rend. Bharata règnera, mais son action sera guidée par ces socques qu'il place sur sa tête. Rentré à Ayodhyā, Bharata y retrouve une ville sans lumières. Il décide de partir pour Nandigrāma pour y vivre en ascète et régner sous la dépendance des socques de Rāma.
Alors que des rākṣasa perturbent la quiétude de leur ermitage, Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā partent en direction de la forêt Daṇḍaka.
2006-05-02 17:33+0200 (Paris) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne — Mathématiques
Je viens de passer une journée entière à remplir des dossiers de candidature pour des postes d'attaché temporaire d'enseignement et de recherche. C'est vraiment éprouvant. Il y a des différences subtiles entre les différentes universités où je candidate concernant les pièces demandées. Pour une des universités, j'ai été un peu surpris que l'on me demande un certificat de position militaire (je fais partie de ceux, nés en 1979, qui n'ont eu à faire ni service national ni journée de préparation à la défense).
⁂
À part ça, l'épisode nº2 du Rāmāyaṇa devrait arriver au cours de cette semaine. À propos de cette épopée, je suis allé samedi dernier au Grand Rex pour (re)voir quelques films dans le cadre de la Bollywood Week, j'ai donc revu कभी खुशी कभी ग़म (lors de sa sortie en salles en France, le titre avait été grotesquement traduit en La famille indienne). Avec cette nouvelle projection, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ce n'était sans soute pas un hasard s'il y avait beaucoup d'allusions aux héros de cette épopée dans le film : les statues de Rāma sont souvent montrées, on célèbre Divali (c'est-à-dire le retour de Rāma à Ayodhyā). En effet, il y a quelque ressemblance entre le film et l'épopée : dans le film, le fils aîné est contraint à un exil (d'un peu moins de quatorze ans) par la faute de son père tout puissant, etc. Mais bien évidemment l'homologie entre les personnages des deux histoires s'arrête assez rapidement. Rien à voir, mais je me demande bien à quoi ressemblera l'adaptation du Mahābhārata qui est annoncée pour 2007 avec des stars bollywoodiennes dans les rôles principaux (notamment Rani Mukherji dans le rôle de Draupadi).
2006-04-23 01:56+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne
Encore une entrée sur les épopées indiennes...
Aujourd'hui, j'ai regardé le film The Mahabharata, l'adaptation étant de Jean-Claude Carrière 1 et la mise en scène de Peter Brook. Ce film, réalisé en 1989, est une version cinématographique 2 d'une pièce qui avait été produite les années précédentes (avec les mêmes comédiens, si j'ai bien suivi). L'équipe du film est très internationale : il y a des acteurs japonais, africains, européens... et une comédienne indienne qui interprète remarquablement le rôle de Draupadī.
Les scènes sont très bien réalisées. Le texte est vraiment excellent : on sent que chaque mot a été pesé pour rendre en toute clarté et de façon très sobre le sens souvent subtil des différents tableaux.
Cependant, pour obtenir un montage d'un peu moins de trois heures (la
pièce de théâtre faisait neuf heures ; d'après IMDb, la durée initiale du
film était de 318 minutes : six épisodes d'environ 55 minutes), il semble
qu'il ait fallu faire d'importantes coupes. C'est vraiment dommage,
puisqu'il y a deux ou trois moments où la continuité du récit est
complètement brisée. Tout d'abord, la division du royaume entre les deux
fratries est à peine évoquée qu'on arrive déjà à la première partie de
dés : il n'est pas du tout question de l'expansion du royaume de
Yudhiṣṭhira, de la construction de la sabhā (salle d'apparat) et
de son sacre
. Ensuite, on passe directement des années dans la forêt
au moment important où Duryodhana et Arjuna viennent trouver Kṛṣṇa à son réveil pour lui demander dans quel camp
il sera pendant la guerre : l'année passée incognito
chez Virāṭa est passée sous silence. Enfin, il n'est pas dit
grand chose au sujet des événements qui suivent la fin de la guerre
proprement dite : on aurait pu s'attendre à ce que soit évoqué le
massacre du clan des vainqueurs
, le sacrifice de cheval ou la
montrée au ciel.
Mais heureusement, le DVD de making of montre au passage
quelques scènes d'épisodes absents de la version courte. C'est un peu
frustant, puisque ces courts extraits semblaient aussi bien réalisés que
les autres scènes... Bref, s'il y avait une version longue du film en DVD,
je la recommanderais sans réserve, mais en version courte
,
du fait des coupes, j'ai peur que les ellipses rendent une partie de
l'histoire incompréhensible pour ceux qui ne la connaissent pas déjà.
[1] Il est amusant de voir que la page IMDb mentionne
Vedavyas (story) uncredited
dans les writing credits. En
effet, du fait des mises en abyme multiples, le texte même du
Mahābhārata indique le nom de son auteur : Vyāsa ; ce poète
putatif est aussi un des personnages importants de l'épopée : d'une part,
c'est le grand-père biologique des deux fratries rivales, et d'autre part,
c'est un ṛṣi brâhmane qui a une certaine influence sur le
cours des événements. Il y a le même procédé dans le Rāmāyaṇa.
[2] Dans le DVD de bonus, j'ai bien aimé la remarque de Jean-Claude Carrière disant qu'au théâtre, un personnage peut parler d'une armée d'éléphants, l'imagination des spectateurs travaille au point qu'ils voient les éléphants, tandis qu'au cinéma, il faut absolument montrer les éléphants.
2006-04-19 21:11+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa
Voici le premier résumé de la série. Sa rédaction m'a pris beaucoup plus de temps que prévu. Pour ne pas faire trop long, j'ai passé sous silence certains passages. J'ai fait des modifications dans la feuille de style pour que les signes diacritiques aient plus de chances de s'afficher correctement à l'écran (surtout si vous avez la fonte Arial Unicode MS...).
⁂
L'ascète Vālmīki interroge le sage Nārada. Il voudrait connaître un
homme doué de nombreuses vertus.
Nārada lui raconte alors l'histoire de Rāma. Dans un
moment de chagrin, Vālmīki invente le mètre du poème, lui donne le nom de
śloka
et décide de raconter lui aussi l'histoire de Rāma. Par la
force de son dharma, il peut voir les événements tels qu'ils se sont
passés (Vālmīki est un ṛṣi).
Le roi Daśaratha gouverne à Ayodhyā. Chacun agit selon son dharma. La cité est riche et puissante, mais le roi kṣatriya est sans descendance. Il demande à son chapelain, le ṛṣi brâhmane Vasiṣṭha, de préparer un sacrifice de cheval. Après que le cheval eut erré pendant un an, le sacrifice est célébré par l'ascète Ṛṣyaśṛṅga en présence de nombreux rois et princes. L'ascète procède à une oblation supplémentaire pour procurer quatre fils au roi.
Pendant ce temps, les dieux sont réunis et évoquent les troubles engendrés par Rāvaṇa. Ce rākṣasa avait autrefois obtenu de Brahmā la faveur de ne pouvoir être tué ni par un dieu, ni par un démon, etc. Brahmā annonce que c'est un homme qui va tuer Rāvaṇa puisque par mépris pour les hommes, celui-ci les avait négligés dans la liste des créatures qui ne pourraient pas le vaincre. Le dieu Viṣṇu accepte de prendre forme humaine pour accomplir cette volonté de Brahmā : il va se diviser en quatre et se choisir Daśaratha comme père. Afin d'assurer de nombreux alliés à Viṣṇu, Brahmā met à contribution plusieurs catégories de créatures célestes en leur demandant de s'incarner sous la forme de singes.
C'est alors que surgit du feu du sacrifice de Daśaratha une sorte de génie qui remet au roi une coupe en or contenant du riz au lait. En le faisant manger à ses épouses, le roi obtiendrait des fils. Daśaratha remet une grande portion à Kausalyā, deux portions à Sumitrā et une portion à Kaikeyī. Ainsi, Rāma sera le fils de Kausalyā, deux jumeaux Lakṣmaṇa et Śatrughna naîtront de Sumitrā, et Bharata sera le fils de Kaikeyī. Chacun de ces fils est une portion de Viṣṇu.
Alors que Rāma a à peine seize ans, le ṛṣi Viśvāmitra se présente à Daśaratha. Il demande qu'on lui confie Rāma pour que celui-ci tue les deux rākṣasa qui perturbent un sacrifice auquel il veut procéder. Le roi finit par accepter de laisser partir Rāma et Lakṣmaṇa.
En cours de route, ils entrent dans une forêt dévastée par Tāṭakā, une rākṣasī ne pouvant supporter la malédiction prononcée par le ṛṣi Agastya. Rāma la tue d'une flèche en plein cœur. Le lendemain, Viśvāmitra remet à Rāma de nombreuses armes divines. Ils arrivent à l'ermitage de Viṣṇu lorsqu'il avait pris la forme du Nain Vāmana : le démon Bali étant devenu le roi de la terre, le Nain vint lui demander l'espace de trois pas en aumône, l'asura accepta, Viṣṇu recouvrit alors les mondes de ses pas et Indra recouvra sa souveraineté. Viśvāmitra commence son sacrifice sous la protection de Rāma et de Lakṣmaṇa. Comme prévu, les rākṣasa Mārica et Subāhu viennent perturber le sacrifice mais ils sont vaincus par les deux frères.
Ils se dirigent maintenant vers Mīthilā, le royaume de Janaka. Durant ce trajet, Viśvāmitra raconte de nombreuses histoires, notamment celle de la traversée des mondes de la Gaṅgā pour rejoindre l'océan. Le roi Sagara avait obtenu de Bhṛgu une nombreuse descendance par ses austérités : sa première épouse eut un fils Asamañja et sa deuxième épouse préféra donner naissance à soixante mille fils. Sagara voulut célébrer un sacrifice de cheval, mais Indra vola le cheval, ce qui devait plonger Sagara dans le malheur. Il demanda à ses fils de retrouver le cheval : ils parcoururent la surface de la terre, puis creusèrent, creusèrent, à tel point que la terre (identifiée à l'épouse de Viṣṇu) se mit à crier. Aux extrémités des mondes souterrains, ils rencontrèrent les énormes éléphants gardiens des points cardinaux. Mais Brahmā avait tout prévu : les soixante mille fils de Sagara devaient être brûlés par l'ardeur de Viṣṇu qui avait pris la forme du sage Kapila. Le petit-fils Aṃśumān de Sagara par Asamañja était un homme bon, son grand-père lui donna la mission de retrouver ses soixante mille oncles et de retrouver le cheval du sacrifice. Il fallait procéder aux rites funéraires de ces soixante milles hommes ; la solution fut trouvée par Bhagīratha, le petit-fils d'Aṃśumān : satisfait de son ascétisme, Brahmā fit tomber les eaux de Gaṅgā sur la chevelure de Śiva. Guidée par Bhagīratha, Gaṅgā finit par s'écouler sur la terre et atteindre l'océan et les mondes souterrains pour submerger les cendres des fils de Sagara.
Ils assistent ensuite au sacrifice de Janaka à Mīthilā. Ils y rencontrent son chapelain, Śatānanda, dont Rāma vient de délivrer la mère Ahalyā d'une malédiction provoquée par Indra. Śatānanda raconte à Rāma l'histoire de Viśvāmitra : son passé de roi kṣatriya, son conflit avec Vasiṣṭha au sujet de sa vache d'abondance, son ardeur et son obstination pour devenir ṛṣi, puis ṛṣi brâhmane. Viśvāmitra explique ensuite à Janaka que Rāma et son frère sont venus pour voir l'arc de Śiva qu'il possède. Janaka a obtenu une fille Sītā en labourant le terrain du sacrifice. Il n'accepte de marier cette extraordinaire fille qu'à un prince capable de tendre l'arc de Śiva. Aucun prince n'a jamais réussi ne serait-ce qu'à le soulever. Il faut cinq mille hommes pour tirer le coffre contenant cet arc. Rāma réussit l'épreuve sans difficulté, allant même jusqu'à briser l'arc. Rāma épouse donc Sītā, et Lakṣmaṇa Ūrmilā, l'autre fille de Janaka. Les deux autres frères Bharata et Śatrughna épousent les deux filles de Kuśadhvaja, le frère de Janaka. Les cérémonies de mariage sont prodigieuses, une pluie de fleurs tombe du ciel.
Les cérémonies terminées, Viśvāmitra peut s'en aller et Daśaratha rentrer avec ses fils et brus à Ayodhyā. En cours de route, Rāma (Daśarathi) montre une nouvelle fois sa bravoure en combattant Rāma Jāmadagnya, l'exterminateur des kṣatriya. Les deux autres frères Bharata et Śatrughna partent ensuite avec Yudhājit, le frère de Kaikeyī et roi des Kekaya.
Le chant se termine par un éloge de Rāma évoquant sa dévotion pour Daśaratha, sa gloire, son mariage harmonieux avec Sītā, comparée à la déesse Śri (épouse de Viṣṇu).
2006-04-16 23:10+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne
Je lisais il y a quelque temps l'entrée de blog Edgar Allan Poe mentionnant entre autres choses une coquille dans un volume de La Bibliothèque de la Pléiade. Je viens d'en mettre au jour une autre dans l'unique ouvrage de cette collection que je possède. Voici ce que j'ai lu tout-à-l'heure :
J'ai commencé cet ouvrage il y a un peu plus d'une semaine. Au rythme où je le lis, cela risque de m'occuper pendant environ deux mois. C'est très différent de l'édition du Mahābhārata (l'autre épopée indienne) que j'ai lue. Cette fois-ci, il s'agit d'une traduction des sept chants qui constituent le Rāmāyaṇa, avec quelques pages de commentaires, de notes et un index (très utile...) tandis que pour le Mahābhārata, ce n'était pas vraiment une traduction, mais plutôt une reformulation du texte sous forme contractée, alternant avec des commentaires approfondis. Du fait de la longueur, je me serais peut-être découragé si j'avais commencé par lire une traduction intégrale du Mahābhārata... tandis que concernant le Rāmāyaṇa, je ne pouvais pas vraiment me contenter d'un résumé, puisqu'il y en avait déjà un à l'intérieur du Mahābhārata ; pour le moment, j'apprécie beaucoup cette lecture.
Je viens de finir de lire le premier chant. Je commence à m'habituer aux
personnages. Il y a une chose qui est assez frappante, c'est le nombre de
mentions du dieu Indra
(via ses multiples noms : Śakra
, dieu
aux mille yeux
, Vāsava
, Purandara
, exterminateur de
Bala
, etc.). Pour dire qu'un roi domine d'autres rois, on dira que c'est
un Indra des rois
; il y a même une occurrence de Indra des
dieux
, pour désigner Indra lui-même, le chef
des dieux. De
nombreux mythes le concernant sont racontés.
⁂
Au fur et à mesure de ma progression dans la lecture, je vais peut-être faire une série d'entrées contenant chacune un court résumé d'un des septs chants. Cela devrait apparaître ici.
2006-04-08 01:39+0200 (Grigny) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne
Théâtre des Champs-Élysées — 2006-04-04
David Hansen, Solomon (contre-ténor)
Malin Christensson, la fille du pharaon, première prostituée (soprano)
Marie Arnet, Nicaule, la reine de Saba, deuxième prostituée (soprano)
Jeremy Ovenden, Zadok (ténor)
Henry Waddington, un lévite (basse)
Orchestra of the Age of Enlightenment
The English Voices
René Jacobs, direction
Solomon, HWV 67, Händel.
Mercredi dernier, j'ai vu Solomon, un oratorio de Händel, que j'ai beaucoup aimé.
Le deuxième acte
évoquait le jugement de Salomon ; quand on écoute
cet oratorio, on se demande bien pourquoi il était nécessaire de menacer de
couper l'enfant en deux pour faire émerger la vérité : le témoignage de la
vraie mère était tellement plus émouvant que les remarques acerbes de
l'autre prostituée... Les deux sopranos m'ont semblé particulièrement bien
inspirées.
Église Saint-Roch — 2006-04-06
Bernhard Hunziker, évangéliste et ténor I
Jan Van der Crabben, Christ et basse I
Sunhae Im, soprano I
Maria Kuijken, soprano II
Petra Noskaiová, alto I
Patrizia Hardt, alto II
Yves Van Handenhove, ténor II
Marcus Niedermeyr, basse II
La Petite Bande
Sigiswald Kuijken, direction
La Passion selon Saint Jean, BWV 245, Johann Sebastian Bach.
Hier soir, j'ai assisté à une représentation de la Passion
selon Saint-Jean de Bach par La Petite Bande, dirigée par
Sigiswald Kuijken. C'était la première fois que je voyais cette œuvre jouée
en formation réduite : le chœur ne comportait que huit chanteurs. Les airs
et ariosos étaient interprétés par des membres de ce chœur. En tout, il y
avait une vingtaine de personnes sur scène. C'était très différent des
versions que j'avais entendues précédemment (où l'effectif était multiplé
au moins par trois ou quatre). J'ai bien aimé cette version, d'autant plus
que du fait de leur participation au chœur, on peut profiter davantage de
la voix des solistes soprano et alto : ces solistes ont chacune un air dans
la première partie, et un autre dans la deuxième (ces derniers sont
vraiment très beaux : Es ist vollbracht et Zerfließe, mein
Herze). Évidemment, les questions du chœur Wohin ?
et la
réponse Nach Golgatha !
de l'air pour basse et chœur Eilt, ihr
angefochtnen Seelen étaient moins impressionnantes que lorsqu'il y a
un chœur gigantesque, mais c'était quand même très bien.
Selon le même principe un soliste par voix
, j'ai aussi une
version de la Passion
selon Saint-Matthieu interprétée par les Gabrieli Players dirigés
par Paul McCreesh ; cela doit être la version que je préfère.
Je viens de commencer ma lecture de l'autre épopée indienne : le Rāmāyaṇa, contant l'histoire de Rāma dont j'ai déjà lu un résumé dans le Mahābhārata. Je suis bien plus à l'aise maintenant pour entreprendre cette lecture qu'au début de ma lecture de l'autre grande épopée l'été dernier, beaucoup de notions et subtilités étant communes aux deux poèmes : au bout d'une dizaine de pages du texte proprement dit, les personnages principaux se sont déjà vu attribuer de multiples noms (on y voit déjà plus clair quand on fait bien attention à remarquer les noms dérivés des noms de parents ou ancètres).
Bien que parfaitement incroyant, j'ai bien du mal à rester complètement insensible à ces œuvres religieuses.
⁂
Je me suis posé il y a quelque temps la question calligraphique
suivante : comment écrire à la main un œ
majuscule, c'est-à-dire un
Œ
?
2006-03-18 05:01+0100 (Grigny) — Culture — Cinéma — Lectures
Je parlais il y a quelque temps du film Pride & Prejudice que j'avais beaucoup apprécié. J'avais alors l'intention de lire le livre de Jane Austen dont il était une adaptation ; c'est maintenant chose faite, bien que j'aie mis pas loin de dix jours à lire ce petit livre (presqu'uniquement pendant mes trajets en RER/métro).
C'est la première fois que le lis un roman en anglais (cf. une autre entrée de ce blog pour une évaluation de mes limites en anglais). J'ai beaucoup hésité entre version originale et traduction, de peur de me rendre compte à l'usage que le lire en anglais serait trop difficile ; mais dans la librairie, j'ai parcouru la première page et me suis convaincu que cela devait être jouable. Comme ce roman a été écrit il y a presque deux siècles, j'avais un peu peur de trouver une langue différente de l'anglais actuel ; à la lecture, le style de Jane Austen m'a semblé très agréable ; ce n'est sans doute pas un hasard, puisque j'y ai retrouvé certaines traits communs avec Les Mille et Une Nuits d'Antoine Galland : j'ai un faible pour les tournures légèrement archaïsantes et pour l'excès de politesse dans les dialogues. Les personnages du roman de Jane Austen s'expriment de façon délicieuse, restant exagérément courtois en toute circonstance, sans être toujours exempts de malice. À ce titre, les (peu nombreuses) répliques de Mr Bennet sont absolument excellentes :
You judge very properly,
said Mr Bennet,
and it is happy for you that you possess the talent of flattering with
delicacy. May I ask whether these pleasing attentions proceed from the
impulse of the moment, or are the result of previous
study?
Une des particularités de l'anglais utilisé dans ce livre est la proportion de mots « rares » qui semblent empruntés au français ; cela aide à la compréhension.
L'œuvre met en scène la vie d'une famille qui compte cinq filles dont les aînées sont Jane et Elizabeth. Mrs Bennet n'a qu'une envie : marier ses filles. Un jeune homme riche, Mr Bingley, vient habiter dans les environs, il est accompagné d'un ami, Mr Darcy, qui montre un orgueil excessif, à moins qu'il ne soit victime des préjugés des autres, en particulier ceux d'Elizabeth, à son égard. Le personnage principal est Elizabeth ; sans qu'elle soit la narratrice, c'est par son intermédiaire que l'histoire est contée, on voit ses sentiments évoluer, ses préjugés s'estomper...
Après avoir lu le livre, je pense toujours autant de bien de la dernière adaptation cinématographique, dont j'avais appris l'existence sur le blog de Pierre Assouline.
⁂
Rien à voir, mais je signale que Courrier international a sorti un hors-série sur l'Inde. Je n'ai pas encore fini de le lire, mais pour l'instant, cela me semble sensiblement plus intéressant que les dossiers que certains autres périodiques ont consacrés à ce pays.
2006-02-23 22:42+0100 (Paris) — Culture — Musique — Lectures
Je viens de lire 1984, de George Orwell. J'ai trouvé ce livre absolument terrifiant, beaucoup plus terrifiant que W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec.
En Océania, il n'est pas question d'assurer la conservation des
données, bien au contraire : le Ministère de la Vérité se charge de
modifier des articles de journaux pour assurer l'infaillibilité du pouvoir
totalitaire en place, les prédictions qui se sont avérées fausses sont
modifiées a posteriori, les preuves de ces falsifications étant
jetées dans des trous de mémoire
et par conséquent détruites.
En installant ce nouveau serveur, je me réjouissais d'avoir un outil contribuant à préserver certaines de mes données, notamment mes mails, les textes que j'ai tapées, et les fichiers musicaux extraits de mes CD audio. J'ai cette musique sous plusieurs formes :
agastya.toonywood.org
.Ce qui était ennuyeux, c'est que dans cette liste, les quatre premières matérialisations de ma discothèque sont à peu de choses près situées chez moi, à Grigny (je pensais mettre les copies sur CD-ROM ailleurs, mais j'ai eu la flemme de le faire pour le moment). La conservation de ces données n'était donc pas garantie contre les cambriolages ou les incendies...
2006-01-12 22:40+0100 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Thé
Depuis trois ou quatre mois, la quantité de thé dont je disposais diminuait comme une peau de chagrin ; il ne me restait plus un seul gramme de thé vert.
Avant-hier, je suis donc allé me ravitailler à la maison des trois thés (33 rue Gracieuse, dans le cinquième arrondissement à Paris). Cette maison de thé est un lieu absolument exceptionnel pour les amateurs de thé chinois. Les prix sont assez élevés ; il y a cependant de nombreux thés à des prix tout à fait abordables. Cette fois-ci, c'était maître Yu Hui Tseng qui s'occupait de moi ; elle me faisait sentir des thés que je n'avais pas encore essayés, me donnait avec enthousiasme des informations sur les thés Dong Pian, sur l'entretien des plantations de thé, sur les modes parmi les planteurs (apparemment, il y aurait pas mal de cultures de thé rouge qui seraient reconverties pour faire du Pu Er, le thé noir par excellence), sur les erreurs de nomenclature commises il y a cent ans et perpétuées par tradition... Je viens de mettre à jour ma liste de thés.
Je ne suis pas reparti sans quelques dizaines de grammes de Anxi Tié Guan Yin 3, j'ai hâte de pouvoir le déguster tranquillement.
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Depuis les vacances de Noël, j'ai entrepris de lire Mythe et Épopée de Georges Dumézil (édition Quarto Gallimard). Je suis dans le premier volume, intitulé L'idéologie des trois fonctions dans les épopées des peuples indo-européens et publié en 1968. La première partie de l'ouvrage aborde ainsi une analyse de l'épopée indienne du Mahābhārata sous l'angle très particulier de l'idéologie des trois fonctions. Les peuples indo-européens auraient ainsi eu cette idéologie commune dont l'auteur met en lumière les manifestations dans cette épopée indienne, mais aussi dans l'« histoire » de la fondation de Rome, l'Énéide, etc. Il s'agit là d'une lecture que je trouve très passionnante. Cette théorie est controversée (le livre contient de nombreuses réfutations), cependant le moins que l'on puisse dire, c'est que les arguments sont admirablement bien étayés.
2006-01-04 18:49+0100 (Grigny) — Culture — Musique — Opéra — Lectures
Aujourd'hui, j'ai été pris d'une légère folie consommatrice ; cela ne m'était pas arrivé depuis un certain temps.
J'ai ainsi passé pas moins de quatre commandes par Internet. Tout d'abord deux commandes de DVD, disques, livres. Dans un moment d'égarement, j'ai bêtement essayé d'acheter une version électronique d'un livre. Le site indiquait qu'il suffisait d'avoir Adobe Reader 6 pour accéder au document ; je pensais que tout irait bien, que ce serait un honnête PDF ; mais il s'est avéré que c'était du PDF crypté pour lequel il n'existe apparemment pas de lecteur fonctionnant sous Linux. Je m'en suis gentiment plaint à l'éditeur qui vient de me répondre qu'il acceptait de me dédommager en m'envoyant une version papier. Ouf.
Les deux autres commandes sont des places de concert : une pour Rigoletto, opéra de Verdi, dont j'aurai le privilège d'assister à une représentation en compagnie de quelques autres prosélytes lyriques.
L'autre place de concert, c'est la faute à la publicité que je reçois
régulièrement du Théâtre des
Champs-Élysées, publicité masquée sous le nom de Carnet de janvier à
mars 2006
: j'ai résisté à la tentation jusqu'à l'avant-dernière page, mais
à la dernière, j'ai remarqué un concert de l'orchestre national de France au
programme duquel figure Les Planètes de Holst ; ce sera aussi
l'occasion d'écouter la mezzo-soprano Anna Caterina Antonacci, que j'avais vue
pour la première fois dans Agrippina de Händel, dirigé par René Jacobs et mis en scène
par David McVicar (d'ailleurs, depuis quelques jours, je me réécoute en boucle
un enregistrement de cet opéra, dirigé par Claude Malgoire, avec notamment
Véronique Gens, Philippe Jaroussky et Ingrid Perruche comme solistes, en
particulier le dernier air Ogni
vento du deuxième acte ; tiens, si j'achetais le DVD ; ah, zut, je
l'ai déjà !).
Pour d'autres manifestations de ce genre de pathologies, cf. les livroliques anonymes.
2005-12-06 22:50+0100 (Grigny) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne
Théâtre des Champs-Élysées — 2005-12-05
Rachel Nicholls, Soprano
Annette Markert, Alto
Hans Jörg Mammel, Ténor
Dirk Snellings, Basse
Le Parlement de Musique
Maîtrise de Bretagne
Martin Gester, direction
Oratorio de Noël (cantates 1, 2, 3, 6), BWV 248, Johann Sebastian Bach.
Air de la troisième suite pour orchestre (BWV 1068).
J'assistais hier à une représentation de l'oratorio de Noël de J. S. Bach. Il s'agit probablement de l'œuvre de Bach que j'apprécie le plus, bien que je n'en possède qu'une seule version enregistrée ; c'est la quatrième fois que je l'entendais dans le cadre d'un concert (pour information, ce concert sera radiodiffusé le samedi 24 décembre 2005 à 19h30 sur France Musique). La version d'hier m'a légèrement décu : plusieurs hésitations, les solistes semblaient manquer de souffle, et leurs voix (en particulier celle de la soprano) étaient parfois complètement recouvertes par les cordes.
Cette œuvre est composée de six cantates, chacune étant censée être jouée un jour particulier entre le 25 décembre et l'Épiphanie. À chaque fois que j'ai assisté à une représentation, seules quatre cantates étaient jouées (trois fois les cantates 1, 2, 3 et 6, une fois les quatre premières). Hier, selon le choix du chef Martin Gester, la rupture entre la cantate nº3 et la cantate nº6 a été adoucie par un intermède : l'air de la troisième suite pour orchestre (BWV 1068). Le chef d'orchestre expliquait que « jouer les six cantates, ce sera un peu long », je m'en étonne un peu : on joue bien la Passion selon saint Matthieu en entier, ce qui dure parfois plus de trois heures ! hier, le concert s'est fini raisonnablement tôt, ce qui m'a d'ailleurs permis d'attraper mon RER in extremis (mais sans avoir besoin de courir, j'exècre cette tendance bien parisienne de bousculer tout le monde pour attraper un métro...), ce RER, disais-je, était le dernier, la fin de service étant à 23h au lieu de 25h02 en raison d'une grève : il y avait un train toutes les deux heures, ce qui m'a un peu gêné pour aller à Paris. En effet, j'avais travaillé chez moi le matin, je voulais arriver à Paris en fin de matinée, mais je suis arrivé trop tard à la gare, le train suivant était vers 14h ; je suis donc rentré faire des courses, préparer un curry de poulet et manger, mézalor il était trop tard pour prendre le train de 14h ; je ne suis donc arrivé au bureau que vers 17h, alors que mes collègues commençaient à partir... Tout cela pour dire que je n'ai jamais entendu la cinquième cantate en concert, ce qui m'attriste puisqu'elle contient des passages que j'apprécie tout particulièrement, comme le chœur introductif Ehre sei dir, Gott, gesungen.
Si vous connaissez de bons enregistrements autres que celui orchestré par Helmuth Rilling pour l'édition Hänssler backakademie, je suis preneur de toute information.
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À part ça, je viens de finir Le jeûne et le festin d'Anita Desai (traduit de l'anglais par Anne-Cécile Padoux, folio, Gallimard. Le livre commence par la confection d'un paquet contenant du thé et un châle envoyé par une famille indienne à un fils, Arun, parti faire des études à Boston. Une partie du roman se passe en Inde (à Allahabad, si je n'ai pas mésinterprété les indices) et raconte la vie de famille, du point de vue d'une plus-toute-jeune fille, Uma. Il est question de la déchéance de sa cousine Anamika, pourtant promise à un avenir brillant, de l'ascension sociale de sa sœur Aruna et de ses propres désastres en matière de mariage. L'autre partie se passe du point de vue d'Arun, ce qui permet à l'auteure de procéder à une description assez moqueuse du mode de vie de la famille américaine moyenne : société de consommation, barbecues de viande bien rouge, végétarianisme ascétique, pathologies alimentaires (boulimie).
Il s'agit d'un livre agréable à lire, le style est très fluide (je parle évidemment de la traduction, je devrais envisager de lire en langue anglaise les livres du même auteur), j'ai rarement dévoré un roman aussi vite ; peut-être pas vraiment à conseiller si on a déjà pas quelqu'intérêt pour l'Inde.
2005-11-20 00:22+0100 (Grigny) — Culture — Lectures
Je viens tout juste de terminer ma lecture du dernier tome des Mille et Une Nuits d'Antoine Galland où l'on voit se refermer le conte-cadre mettant en scène la sultane Scheherazade et le sultan Schahriar.
Ces contes mêlant fantastique, fastes et morale sont très agréables à lire ; on sait toujours que le conte va se bien terminer, mais on reste néanmoins avide de savoir comment les situations vont se démêler providentiellement.
Le style de Galland me semble extrêment délicieux : en très peu de lignes, il peut faire basculer très harmonieusement le récit, nous déplacer dans un tout autre contexte ; les dialogues sont très bien écrits, les personnages utilisant des formes élevées de courtoisie et ne manquant pas d'exercer leur art de la litote et de l'imparfait du subjonctif. Cette traduction (et adaptation) des contes arabo-persans ayant été rédigée au début du xviiie siècle, je ne laisse pas d'apprécier certaines tournures qui ont presqu'entièrement disparu aujourd'hui ; par exemple, saviez-vous qu'autrefois, le verbe « rester » pouvait s'accommoder de l'auxiliaire « avoir » ?
2005-10-01 22:47+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne
Je viens d'achever de lire le deuxième tome du Mahābhārata de Madeleine Biardeau.
Comme je le disais en parlant du premier tome, le livre est organisé comme une alternance de récits et de commentaires, le récit est contracté par rapport au poème sanscrit. On trouve à la fin un index des principaux noms propres et un très bel arbre généalogique sur une double page qui est très utile au début de la lecture pour se bien familiariser avec l'ensemble des personnages.
Grâce à un peu de patience, ce fut pour moi une lecture assez agréable ; certains passages de commentaires me sont cependant un peu passés au-dessus de la tête, en particulier ceux qui concernent les relations avec le bouddhisme : l'auteur émet l'hypothèse selon laquelle l'épopée aurait été rédigée 1 par un auteur unique vers le troisième siècle avant Jésus-Christ en réaction au développement du bouddhisme (après d'immenses conquètes meurtrières, le grand « empereur » Aśoka venait de se convertir à cette religion), et tente de décrypter certains passages en suivant cette hypothèse. Si on laisse de côté ces passages très techniques pour un non-spécialiste, les commentaires restent néanmoins compréhensibles et éclairent vraiment bien certains détails symboliques du récit.
En ce qui concerne l'intrigue, ce deuxième tome raconte la guerre proprement dite entre le camp du dharma et le camp de l'adharma. Cette guerre s'étale sur dix-huit jours, et est vraiment terrible : il s'agit d'une véritable boucherie. La plupart des grands guerriers sont des archers se déplaçant sur leur char dirigé par un cocher. Le grand guerrier du camp du dharma est Arjuna, dont le cocher est Kṛṣṇa ; il dispose de l'arc divin Gāṇḍīva et de deux carquois inépuisables (il peut lancer des flèches avec ses deux bras !), il pourrait tuer tous ses ennemis en quelques instants en évoquant des armes divines, mais il est partagé entre sa répugnance à tuer ses adversaires (parmi lesquels des personnages qu'il respecte énormément) et son dharma de guerrier qu'il ne peut honorer qu'en combattant ; Kṛṣṇa use de toutes les ruses pour le faire combattre. À la fin de la guerre, Yudhiṣṭhira retrouve son royaume (perdue lors d'une partie de dés au début de l'épopée), mais seule une poignée de guerriers ont survécu de chaque côté.
Un aspect intéressant de cette épopée, c'est que, bien qu'il y ait deux camps bien définis qui se font la guerre, il n'y a pas de manichéisme (philosophie qui n'existait certes pas encore) : il y a des personnages tout à fait remarquables dans le camp de l'adharma (Bhīṣma en particulier), même le plus mauvais des Kaurava, Duryodhana, n'est pas complètement mauvais, et de l'autre côté, même les meilleurs des Pāṇḍava n'ont pas une conduite irréprochable (mensonges, coups interdits, stratagèmes douteux).
Par ailleurs, il y a toujours autant de paraboles insérées dans le récit, souvent pour donner un exemple de conduite à un personnage qui se demande comment agir à un moment précis, ou pour révéler les circonstances ayant conduit à une malédiction sur tel ou tel protagoniste. Non seulement c'est divertissant, mais c'est aussi très important pour l'intrigue, et cela donne une architecture assez remarquable à l'ensemble de l'œuvre.
[1] Si elle a été rédigée à cette époque, il n'est peut-être pas clair qu'elle ait été écrite au même moment !
2005-08-13 21:35+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde I
Je viens tout juste de terminer ma lecture du premier tome de la version du Mahābhārata de Madeleine Biardeau. Je n'aurai donc à emmener que le deuxième tome en Inde, m'évitant de traîner 2,5 kilogrammes de livres.
D'habitude, je lis extrêmement lentement, et là, encore plus, peut-être une vingtaine de pages par heure seulement ! En effet, il y a beaucoup de noms à retenir : beaucoup de personnages en ont plusieurs ; dans certains paragraphes, on peut faire référence à un personnages en utilisant plein de noms différents : par exemple, page 957, « Keśava », « Janārdana », « Govinda », « Śauri », « Dāśārha » et « Kṛṣṇa » désignent la même personne, à savoir Kṛṣṇa Vāsudeva, à ne pas confondre avec « Kṛṣṇa Dvaipāyana Vyāsa », ni avec Draupadī (aussi appelée Kṛṣṇā ou Pāñcalī) l'épouse commune des cinq fils de Pāṇḍu, c'est assez déroutant, mais on s'habitue à distinguer l'apparition d'un nouveau nom d'un personnage déjà connu du nom d'un nouveau personnage (le glossaire permettant de se rafraîchir la mémoire si on oublie des noms)...
C'est vraiment intéressant de voir différents récits s'articuler autour du récit principal, racontés parfois à plusieurs reprises mais par des narrateurs différents, et de lire divers mythes ou paraboles (où les lois de la nature sont souvent transgressées de façon très imaginative) ; j'ai eu la surprise d'y trouver un récit condensé d'une partie de la vie de Rāma Dāśarathi et une version indienne du Déluge.
En tout cas, ce livre qui se présente comme une alternance de récits et de commentaires est extrêmement bien écrit. Moi qui ai en général du mal à accrocher lors des parties purement descriptives dans les livres ai été très impressionné par les descriptions des armées en présence (Pāṇḍava et Kaurava), cela fait vraiment peur ! bref, j'ai hâte de me lancer dans la lecture du deuxième volume.
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