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2012-01-21 23:38+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Ces jours-ci a lieu la biennale de quatuors à cordes à la Cité de la Musique. En 2010, j'étais allé à deux concerts. Cette année, j'en aurai vu cinq. J'ai suivi les conseils de Bladsurb, à savoir de tenter l'amphithéâtre, qui a été le lieu des trois premiers concerts de la série, concentrés le week-end dernier :
Amphithéâtre de la Cité de la musique — 2012-01-14
Quatuor Thymos
Eiichi Chijiiwa, Gabriel Richard, violons
Nicolas Carles, alto
Valérie Aimard, violoncelle
Quatuor à cordes nº1, opus 77 (Hob. III:81), Haydn
Quatuor à cordes nº9 “Quartettsatz”, Wolfgang Rihm
Quatuor à cordes nº14 (Beethoven)
Globalement, ce concert du Quatuor Thymos (avec un changement de violoncelliste depuis l'année dernière, est-ce temporaire ou permanent ?) a été le plus équilibré des cinq concerts que j'ai vus. Il est à noter que les deux violonistes ont échangé leurs rôles au cours du concert : Gabriel Richard a été violon I dans le Haydn, Eiichi Chijiiwa l'a été dans la suite du programme. Ce concerto de Haydn m'a procuré beaucoup de plaisir. Le quatuor nº9 de Rihm a été l'occasion de faire plus ample connaissance avec ce compositeur (passage quasi-obligé de tous les quatuors pendant la biennale). J'ai beaucoup craint pour l'instrument de Valérie Aimard, qui utilisait son archet comme un marteau pour frapper les cordes. À l'exception du quatuor de Rihm joué par le Borodin quartet, les autres quatuors de Rihm que j'ai entendus ces derniers jours faisaient un certain usage de cette technique, hum, surprenante... Si ces quatuors de Rihm ne m'ont guère passionné, certains moments n'étaient pas inintéressants.
Pour moi, la grande découverte est venue en deuxième partie de concert avec le quatorzième quatuor de Beethoven. Je ne connaissais pas du tout la musique de chambre de ce compositeur. Ce quatuor est absolument sublime. L'ambiance est toute différente de celle des quatuors de Haydn. Écouter Haydn, comme avec ces musiciens, cela devrait être toujours un plaisir (remboursé par la Sécu ?). On imagine que le compositeur utilise tous les stratagèmes pour attirer l'attention de l'auditeur et le divertir. Chez Beethoven, et particulièrement dans ce quatuor, on entre avec recueillement dans un autre monde, beaucoup plus intériorisé.
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Amphithéâtre de la Cité de la musique — 2012-01-15
Quatuor Zemlinsky
František Souček, Petr Střížek, violons
Petr Holman, alto
Vladimír Fortin, violoncelle
Quatuor à cordes nº3 (Alexander von Zemlinsky)
Quatuor à cordes nº10, Wolfgang Rihm
Quatuor à cordes nº6 (Beethoven)
Cinquième mouvement de Cinq pièces pour quatuor à cordes (Erwin Schulhoff)
Je n'ai que peu de souvenirs du quatuor d'Alexander von Zemlinsky qui donne son nom à cette formation. Ce concert me donne cependant l'occasion de me dire qu'il faudrait accorder aux violonistes et altistes une dispense de porter le nœud papillon. Parmi les musiciens, il semble qu'il y ait deux stratégies. Le plus souvent la mentonnière de l'instrument vient écraser le nœud papillon : les dommages éventuels au tissu restent cachés. Dans de plus rares cas, le musicien applique la mentonnière sur l'autre face du nœud ce qui tend à faire pivoter celui-ci. C'est ce qui s'est passé avec le premier violon du quatuor, dont le nœud finissait systématiquement tourné presque de quatre-vingt-dix degrés à la fin des morceaux...
Un incident s'est produit pendant le très percussifs quatuor de Rihm qui
a été joué. Si le premier mouvement était entièrement pizz. (avec
en outre le curieux mot kata prononcé par les musiciens), la suite
a été percussive. Ainsi maltraité, l'archet de l'altiste a tenté de
s'enfuir en faisant un vol plané. Le musicien a heureusement pu le
récupérer, apparemment pas trop amoché par le crash, et continuer à
jouer. (Il est d'ailleurs à noter que ce musicien avait sur son pupitre la
partition complète du quatuor avec les quatre parties : le
conducteur
).
Le quatuor de Beethoven interprété était très différent de celui entendu la veille. L'atmosphère y était très vivifiante !
Un très bel extrait d'une œuvre d'Erwin Schulhoff a été jouée en bis ! (Cf. Youtube pour voir à quoi cela ressemble.)
Les concerts s'enchaînent, mais j'ai le temps de prendre un café avant celui qui suit :
Amphithéâtre de la Cité de la musique — 2012-01-15
Quatuor Tetraktys
Giorgos Panayiotidis, Kostas Panayiotidis, violons
Ali Basegmezler, alto
Dimitis Travlos, violoncelle
Quatuor à cordes nº6 “Blaubuch”, Wolfgang Rihm
Quatuor à cordes nº19 en do majeur KV 465 “Les Dissonances” (Mozart)
J'ai survécu à un Rihm de 50 minutes ! J'en ai complètement oublié le
quatuor de Mozart de la deuxième partie du concert. Si cela semble être
l'habitude à la Cité de la Musique d'ajouter les titres des bis sur la page
du concert sur le site Internet, curieusement, cela n'a pas été fait ici.
Je n'ai donc pas été le seul à n'avoir pas compris l'annonce du bis faite
en anglais avec un accent grec fort prononcé. On leur pardonne, ils sont
jeunes et fougueux, un jour ils sauront déclamer un Tchaikovski,
Andante cantabile
dénué de toute ambiguité comme le fera
impérieusement le premier violon du quatuor Borodin quelques jours plus
tard.
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Cité de la musique — 2012-01-20
Quatuor Borodin
Ruben Aharonian, Sergei Lomovsky, violons
Igor Naidin, alto
Vladimir Balshin, violoncelle
Quatuor à cordes nº8 “Razumovski”, Beethoven
Grave — In memoriam Thomas Kakuska, Wolfgang Rihm
Quatuor à cordes nº9 “Razumovski”, Beethoven
Andanta cantabile du Quatuor à cordes nº1, Tchaikovski
Ce concert, comme le suivant, a lieu dans la salle des concerts (modulable). Même si je commence à m'y habituer, je ne fréquente pas si souvent que cela cette salle. En ouvrant ma pochette rouge de billets d'abonnements, je n'imaginais absolument pas que la place nº102 était située vers le milieu du premier rang de face. Est-ce la récompense d'avoir déposé mon formulaire d'abonnement le premier jour ?
L'interprétation du quatuor nº8 m'a modérément plu, même si chacun des musiciens a l'occasion de s'y mettre en valeur. Le Rihm en début de deuxième partie est beaucoup plus classique (par les sonorités) que les autres entendus précédemment. Il est pourtant un rien ennuyeux...
Le point culminant de ces cinq concerts sera atteint pour moi avec le quatuor nº9 de Beethoven. Le deuxième mouvement avec son rythme ternaire inlassablement marqué par les pizz. du violoncelle m'a particulièrement enthousiasmé ! Les fugues dans le troisième ! La virtuosité du quatrième !
La cohésion des musiciens est étonnante bien qu'ils jouent sans véritablement se regarder : je n'ai détecté qu'un œil droit d'altiste qui fixait le premier violon. En outre, mon intérêt est sans cesse ravivé par d'infimes petits détails d'interprétation comme certains changements presque subliminaux de dynamique et le vibrato...
(Ce concert sera retransmis sur France Musique le premier février à 14h.)
Zvezdo assistait également à ce concert, voici un lien vers son billet.
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Cité de la musique — 2012-01-21
Quatuor Takács
Edward Dusinberre, Károly Schranz, violons
Geraldine Walther, alto
András Fejér, violoncelle
Quatuor à cordes nº53 en ré majeur “L'Alouette”, opus 64 nº5 (Hob. III:63), Haydn
Quatuor à cordes nº3, Britten
Marc Coppey, violoncelle
Quintette pour deux violons, alto et deux violoncelles D. 956 (Schubert)
Si j'ai pris un certain plaisir pendant le premier mouvement du quatuor de Haydn, je me suis ennuyé pendant toute la suite. C'est un comble de s'ennuyer pendant un quatuor de Haydn. Si l'attitude souriante du premier violon et celle plus intériorisée du violoncelliste sont séduisantes pour l'œil, les oreilles ne sont pas satisfaites par l'ensemble. Lors des précédents concerts, il s'est toujours trouvé des moments où le tout était indiscutablement meilleur que la somme des parties. Je n'ai pas éprouvé de tel plaisir harmonique au cours de ce concert. Si le Schubert m'a moins déplu que le reste, j'étais comme perdu au milieu de cette œuvre. En outre, étant encore placé au premier rang, mes yeux se prenaient la lumière dirigée vers l'avant-scène ; j'ai dû lutter pour rester éveillé...
pour avoir joué du violon j'ai un avis: la cravate régate est très inconfortable (surtout avec un noeud double, ça écrase le cricoïde) et le noeud pap est plus souple. Evidemment quand on trouve du plaisir dans la suffocation, c'est autre chose...
Rien que la pensée du boutonner le bouton du col de chemise et j'imagine l'asphyxie subséquente.
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