Weblog de Joël Riou

« Programme Gershwin pour l'Orchestre de Paris | Symphonies de Beethoven par le Chamber Orchestra of Europe/Haitink à Pleyel 2/3 »

Symphonies de Beethoven par le Chamber Orchestra of Europe/Haitink à Pleyel 1/3

2012-03-03 14:42+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2012-03-02

Bernard Haitink, direction

Chamber Orchestra of Europe

Renaud Capuçon, violon

Gautier Capuçon, violoncelle

Frank Braley, piano

Egmont, ouverture (Beethoven)

Triple concerto (Beethoven)

Symphonie nº6 Pastorale (Beethoven)

Que dire après un tel concert... En voyant l'énergie et la conviction déployée par tous les musiciens, je savais déjà après moins de cinq secondes d'ouverture Egmont que j'assistais au concert de ma vie. Je suis au premier balcon après avoir fait un semi-échange avec Klari pour que depuis l'arrière-scène elle puisse voir de face Bernard Haitink diriger le Chamber Orchestra of Europe. Je ne vois donc pour le moment Haitink que de dos, mais il est évident que le moindre de ses gestes est réfléchi et qu'aucun n'est superflu. Pendant l'exécution des œuvres, le temps se suspend et il nous fait entrer, nous immerge dans la musique, qui si elle peut paraître un peu bourrine jouée par d'autres, se déploie ici dans son suprême raffinement.

Faisons une avance rapide sur le Triple concerto pour lequel on aurait mieux fait de faire jouer les parties des solistes par des musiciens de l'orchestre, surtout celle de violoncelle. J'ai eu quelque mal à réprimer des gloussements de pervesse horreur en entendant le vibrato infâme de Gautier Capuçon au début du deuxième mouvement. Le trio de solistes qui se développe à partir de là m'a passablement ennuyé. Voilà, c'est dit. Passons à la deuxième partie du concert.

Je rejoins Klari à l'arrière-scène pour la sixième symphonie, une des deux dernières qu'il me reste alors à écouter en concert. Le chef a la bonne idée de faire de brèves pauses après les premier et deuxième mouvements pour me permettre de sécher mes larmes et de contrôler mes voix nasales pour affronter les émotions des trois derniers mouvements qui seront enchaînés.

Où que l'on regarde, on voit des musiciens débordant d'énergie. Que ce soient les contrebasses, au dernier rang des violons I, partout, absolument partout. D'autres orchestres ont des instants d'euphorie collective (le LSO, l'Orchestre de Paris, le Colonne, j'en vois qui en doutent, mais si, si, ça leur arrive aussi !), mais avec eux, c'est permanent et ça se voit et s'entend dès le début du concert. Le plus important, le son qui en sort, est magique. Les phrasés, les accents, les crescendos qui grimpent par vagues, chaque vague diffusant un son au timbre enrichi. Le phénomène est saisissant pendant le Ti.tatata.ta. Ti... que l'on entend dans le premier mouvement Éveil d'impressions agréables en arrivant à la campagne :

[Ti.tatata.ta Ti...]

Cette séquence est analysée par Djac Baweur dans son superbe billet Comment Beethoven pulvérise les minimalistes américains.

Sinon, bien sûr, les vents sont fantastiques. Le hautbois et la clarinette, mais aussi le basson et la flûte, mais trève de bidules techniques, parce que cette symphonie s'appelle la Pastorale. Dans le premier mouvement, on entend ainsi souvent le chant des oiseaux. Plus loin, ce sera le coucou au fond des bois alors que se fait entendre l'eau du ruisseau frémissant. Les villageois se réjouissent, et puis PAF (mon dieu, cette timbale !), l'orage se déchaîne avant que tout le monde se dise au revoir.

C'est mon troisième concert de l'année à atteindre le niveau rouge des graduations du lacrimamètre (après La Traviata à Dijon et le concert Janáček aux Bouffes du Nord), mais celui-ci explose complètement tous les compteurs. Bravo à tous ces immenses artistes et à Bernard Haitink, qui dirigeait cette sixième symphonie de mémoire, mais en gardant devant lui la figure tutélaire de Beethoven symbolisée par une partition refermée.

Le concert a été enregistré pour ArteLiveWeb. Après avoir visionné quelques extraits, l'enregistrement vidéo semble très bien fait nonobstant le nombre réduit de caméras, qui ne gênaient donc nullement les spectateurs contrairement à ce qu'on a parfois constaté avec d'autres équipes techniques, notamment pour quelques concerts de l'Orchestre de Paris...

Ailleurs : Klari, Rick et Pick.

PS : Ayant pu réécouter ces deux concerts grâce à ArteLiveWeb pour l'un et France Musique à l'autre, je reclasse rétroactivement le concert Janáček aux Bouffes du Nord du 23 janvier 2012 concert de ma vie ex-aequo avec celui-ci.

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