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Le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin et Nina Stemme à Pleyel

2012-03-09 22:20+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2012-03-06

Marek Janowski, direction

Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin

Six Pièces, op. 6 (Webern)

Nina Stemme, soprano

Wesendonck-Lieder (Wagner)

Mort et Transfiguration (Strauss)

Prélude et Mort d'Isolde de Tristan et Isolde (Wagner)

Autant de concerts fabuleux à Pleyel en aussi peu de temps, c'est presqu'inhumain. Après les trois concerts du Chamber Orchestra of Europe (vendredi, samedi et lundi), cette salle accueillait mardi le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin dirigé par Marek Janowski.

Le programme commence par du Webern, un compositeur dont je n'ai guère eu l'occasion d'entendre la musique. Comme une autre fois à l'Opéra Comique (en 2010), ce sont des fragments qui sont joués. Les morceaux font une petite poignée de minutes tout au plus (au total, les six pièces durent dix minutes !). L'atmosphère est très sinistre. Le troisième mouvement censé évoquer des bruyères me fait davantage penser à un environnement urbain déprimé (avec une canalisation d'eau qui fuit un peu). Le quatrième des six pièces est la plus développée, la plus stridente et la plus percussive de toutes. Contre toutes mes attentes, l'orchestre a réussi à m'enthousiasmer pour cette austère musique.

J'avais déjà eu l'occasion d'entendre Nina Stemme dans le rôle d'Elisabeth de Tannhäuser. Cette fois-ci, j'ai été immédiatement transporté par sa voix lors du premier des Wesendonck-Lieder (Wagner). J'apprécie le côté brünnhildien du deuxième Lied Stehe still!. Le troisième Lied Im Treibhaus est très sombre et fait immédiatement penser à Tristan et Isolde (motif de la Solitude). On y entend aussi un très beau solo d'alto. Certains accords entendus dans Schmerzen (notamment le tout premier) me font penser à d'autres entendus chez Wagner sans que je puisse dire lesquels. Bien qu'il s'agisse d'une berceuse, le cinquième et dernier Lied Traüme est loin de m'endormir...

Je suis en fait tout à fait bouleversé par ce que je viens d'entendre. Je retrouve Bladsurb et Klari à l'entr'acte et parvient à les convaincre de quitter le premier balcon pour me rejoindre au dernier rang du deuxième balcon pour la deuxième partie du programme. Les conditions acoustiques y sont en effet fabuleuses. Je n'ai toutefois pas pris autant de plaisir qu'à l'écoute du poème symphonique Une vie de héros il y a deux mois, mais cette Mort et Transfiguration était quand même une fichtrement belle bête. L'œuvre est peut-être un peu trop sérieuse ; cela manque un peu de second degré. Il m'a juste semblé entendre dans les dernières minutes un petit motif qui ressemblait à un autre entendu dans Salomé. L'orchestre passe par différents états et s'enflamme parfois littéralement dans des accès de violence. Une de mes héroïnes de la soirée, la joueuse de cor anglais est aux commandes pour faire redescendre l'orchestre des sommets de violence à de plus douces atmosphères. L'orchestre est très beau à regarder. Il bouge comme un seul corps. Que les violons I et II soient du même côté du chef accentue encore cette impression. Cependant, dans la foule de musiciens, la première des seconds violons est particulièrement énergique !

Vient ensuite le Prélude et la Mort d'Isolde (Wagner). C'est pour moi un exercice pratique avant d'entendre une version de concert de cet opéra au TCE dimanche. Je me prépare en effet depuis deux semaines à cette représentation en essayant de mémoriser les différents motifs. Comme exercice, ce n'est pas très concluant parce que j'ai été surchargé d'émotion avant même la fin du Prélude. J'ai bien reconnu la plupart des motifs, mais comme en passant, l'émotion étant ailleurs, mon plaisir étant ainsi très différent de celui, contenu et intérieur, presque froid, que j'avais ressenti en assistant pour la première fois à une représentation du très motivique Siegfried. La façon qu'a eu Nina Stemme de chanter les tout premiers mots ne m'a pas absolument enchanté, mais la suite m'a beaucoup plu. Certes, il y a pas mal de vibrato, mais quelle puissance vocale !

J'ai apprécié que le chef Marek Janowski parvienne à obtenir du public un silence respectueux de plusieurs secondes à la fin de chacune des œuvres jouées.

Ailleurs : Bladsurb, Paris — Broadway.

Le concert est disponible à la réécoute sur le site de France Musique.

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