« Andrea Chénier à Bastille | Lectures 2009, etc. »
2009-12-24 02:00+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2009-12-23
Vello Pähn, direction musicale
Madjid Hakimi, réalisation lumières
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Jean-Louis Vaudoyer, argument, d'après le poème de Théophile Gautier
Carl Maria von Weber, musique (L'Invitation à la Valse orchestrée par Hector Berlioz)
Michel Fokine, chorégraphie
d'après Léon Bakst, décor et costumes
Delphine Moussin, La jeune fille
Josua Hoffalt, le spectre
Le spectre de la rose
Claude Debussy, musique (Prélude à l'Après-midi d'un faune)
Vaslav Nijinski, chorégraphie
Léon Bakst, décors et costumes
Yann Bridard, Le faune
Émilie Cozette, La nymphe
L'Après-midi d'un faune
Gregorio Martinez Serria, livret d'après la nouvelle El Sombrero de tres picos de Pedro Antonio Alarcón
Manuel de Falla, musique
Léonide Massine, chorégraphie
d'après Pablo Picasso, décors, rideau de scène et costumes
Andrea Hill, mezzo-soprano
Vincent Chaillet, le meunier
Alice Renavand, la femme du meunier
Pierre Rétif, le Corregidor
Le Tricorne
Igor Stravinski, musique et livret
Alexandre Benois, livret
Michel Fokine, chorégraphie
d'après Alexandre Benois, décors et costumes
Nicolas Le Riche, Pétrouchka
Eve Grinstazjn, La ballerine
Stéphane Bullion, Le maure
Michaël Denard, Le charlatan
Pétrouchka
Le ballet de l'Opéra de Paris joue ces jours-ci non seulement Casse-Noisette, mais aussi Ballets Russes, un ensemble de quatre ballets qui furent montés par la compagnie russe de Diaghilev (qui a une place à son nom du côté Nord de l'Opéra Garnier) dans les années 1910.
J'étais déjà venu samedi soir dernier, profitant d'une place à 6€ que Palpatine n'avait plus l'intention
d'utiliser. Sur le ticket était inscrit Scène non visible
, ce qui
était assez largement exact. Néanmoins, c'était en premières loges nº6, une
des plus proches de la scène, avec donc une superbe vue sur l'orchestre.
Pour le reste, un pilier ne me laissait à voir qu'un tout petit quart de la
scène, et encore seulement les parties les plus proches de la fosse.
J'aurais au moins vu ce soir-là danser José Martinez, grâce aux talents de
chorégraphe duquel je suis devenu un spectateur régulier du ballet de
l'Opéra (c'était pour Les enfants du
paradis).
J'y suis retourné ce soir avec une place à 10€ (achetée au guichet), malheureusement un deuxième rang de quatrièmes loges, mais cependant pas trop excentré. Le placement n'est pas extraordinaire, mais au moins je verrai l'essentiel des mouvements de danse.
La première pièce est Le spectre de la rose, de Fokine. Cela dure dix minutes. Deux interprètes. Une jeune fille (Delphine Moussin) est assoupie chez elle. Le parfum d'une rose l'envahit et son spectre (Josua Hoffalt) entre dans la pièce. Le costume tout rose ne serait pas parfait si le danseur n'avait pas la tête elle aussi couverte de rose. La jeune fille se lève, et sa danse ainsi que celle du spectre devient de plus en plus enflammée. Enfin, elle se rendort, le spectre sort par la fenêtre (superbe saut). La jeune fille se réveille en se demandant bien ce qui a pu lui arriver.
Vient ensuite L'après-midi d'un faune, adaptation du poème de Mallarmé, sur la musique de Debussy. La chorégraphie de Nijinski avait fait scandale. Esthétiquement et techniquement, c'est très différent de tout ce que j'avais déjà vu. Bien sûr, pas de pointes, vu que les suivantes de la nymphe étaient pieds nus. La nymphe était dansée par Émilie Cozette, le faune par Yann Bridard. Je ne suis pas très convaincu par ce dernier (pas d'opinion sur l'autre), l'expression de son visage m'a semblé grossièrement lubrique, à un point presque clownesque. Même si je ne l'avais qu'entr'aperçu samedi dernier, Jérémie Bélingard m'avait semblé plus subtil.
La troisième pièce avant l'entr'acte est Le Tricorne (Massine). L'action se passe en Espagne. Chose curieuse pour un ballet, la mezzo-soprano Andrea Hill chante parfois sur la musique de Manuel de Falla. Les décors et costumes furent dessinés par Pablo Picasso. L'histoire ne tient pas vraiment la route. Un homme portant le tricorne s'intéresse de près à une meunière, qui le repousse. Il fait enfermer le meunier. À la fin, tout s'arrange, mais ce qui est invraisemblable, c'est le quiproquo qui fait que les soldats prennent plus tard le tricorne pour le meunier. Contrairement à samedi, aucune villageoise n'a chu. Je suis enchanté d'avoir vu danser Alice Renavand, la première fois que je la voyais dans un premier rôle.
La dernière pièce a la même durée que la précédente, trente-sept minutes, nous dit le programme. Il s'agit de Pétrouchka (Fokine) que je revois dans la même distribution que la première fois. Pétrouchka (Nicolas Le Riche), la ballerine (Eve Grinsztajn) et le maure (Stéphane Bullion) sont les trois poupées que présente le charlatan (Michaël Denard, vénérable danseur étoile) lors d'une grande fête populaire pétersbourgeoise. Les poupées s'animent. On découvre leur intérieur lors des deuxièmes et troisièmes tableaux. Pétrouchka et le maure sont tous les deux amoureux de la ballerine. L'un est triste, l'autre exubérant. La musique de Stravinski évolue entre des styles très divers. Pour l'avoir déjà apprécié samedi, j'attendais avec impatience le début du quatrième tableau, dont le son n'est pas sans rappeler celui de Wagner. La fête reprend, danses traditionnelles, ours et autres animaux... et enfin, nos poupées font une entrée fracassante : le maure zigouille Pétrouchka. Il ne s'agit heureusement que d'une poupée. Quoique, alors que le charlatan repart avec un Pétrouchka sans vie, un double fantomatique reparaît au-dessus du théâtre des poupées.
Autant pour l'opéra je conçois que captivé par l'écoute des voix merveilleuses on puisse se contenter d'une place presque aveugle, autant pour les ballets ça me dépasse un peu. C'est quoi l'intérêt de la danse si on ne la voit pas ?
(même si l'orchestre est très bon).
Bien sûr, je préfère voir et entendre autant les chanteurs que les danseurs, mais je prendrais plus volontiers une place à visibilité réduite pour un ballet que pour un opéra. En effet, si on ne voit que deux tiers de la scène, la mise en scène n'aidant pas, un chanteur soliste peut être occulté pendant de longues minutes alors qu'en danse, on utilise un peu plus l'espace et la fréquence d'apparition des danseurs dans le champ de vision est plus élevée. Cela dit, si j'ai déjà été content d'une place à 7 EUR à Garnier, l'expérience vient de montrer que celles à 6 EUR ne sont vraiment pas terribles (quoiqu'elles soient moins chères que le prix d'une visite en journée !). Je n'en reprendrai plus qu'en dernier recours.
Néanmoins, je le répète, même si je n'ai pas pu saisir l'intrigue de ces ballets dans leur globalité la première fois, je fus absolument ravi de voir de très près José Martinez danser.
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