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2008-06-29 12:50+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
Le Prix Biblioblog du roman, auquel je participe, vient d'être décerné à Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, de Philippe Doumenc.
Le moins que l'on puisse dire est que la compétition a été très serrée !
2008-06-28 02:59+0200 (Orsay) — Culture — Opéra
Opéra Bastille — 2008-06-26
James Morris, Filippo II
Stefano Secco, Don Carlo
Dmitri Hvorostovsky, Rodrigo
Mikhail Petrenko, Il Grande Inquisitore
Paul Gay, Un frate
Tamar Iveri, Elisabetta Di Valois
Yvonne Naef, La Principessa Eboli
Elisa Cenni, Tebaldo
Jason Bridges, Il Conte Di Lerma
Elena Tsallagova, Voce Dal Cielo
Igor Gnidii, Luc Bertin-Hugault, Michal Kowalik, Marc Fouquet, Patrice Lamure, Marcos Pujol, Deputati Fiamminghi
Christian-Rodrigue Moungoungou, Slawomir Szychowiak, Vadim Artamonov, Enzo Coro, Constantin Ghircau, Shin Jae Kim, Sei Frati
Teodor Currentzis, direction musicale
Graham Vick, mise en scène
Tobias Hoheisel, décors et costumes
Matthez Richardson, lumières
Winfried Maczewski, chef des chœurs
Brad Moore, assistant à la direction musicale
Kevin Murphy, responsable des études musicales
Orchestre et chœurs de l'Opéra National de Paris
Don Carlo, Giuseppe Verdi
Théâtre des Champs-Élysées — 2008-06-27
Alessandro Corbelli, Falstaff
Anna Caterina Antonacci, Alice Ford
Francesco Meli, Fenton
Caitlin Hulcup, Meg Page
Amel Brahim-Djelloul, Nannetta
Federico Sacchi, Pistola
Marie-Nicole Lemieux, Mrs Quickly
Ludovic Tézier, Ford
Enrico Facini, Dr Cajus
Patrizio Saudelli, Bardolfo
Alain Altinoglu, direction musicale
Mario Martone, mise en scène
Sergio Tramonti, décors
Ursula Patzak, costumes
Pasquale Mari, lumières
Orchestre de Paris
Chœur du Théâtre des Champs-Élysées
Falstaff, Giuseppe Verdi.
Cette semaine, j'ai vu deux opéras de Verdi. Jeudi soir, Don Carlo à l'Opéra Bastille. Vendredi, Falstaff au Théâtre des Champs-Élysées.
Don Carlo était bien, mais globalement pas très enthousiasmant. Falstaff, le dernier opéra que Verdi a fini, est un opéra très différent de Don Carlo, et de tous ses autres opéras que j'aie vus ou entendus. Tout d'abord, il ne commence pas par une ouverture. On entre aussitôt dans l'histoire, qui est une comédie. Le très bedonnant Falstaff envoie deux lettres d'amour identiques à Alice Ford et à Meg Page. Celles-ci s'en aperçoivent et décident de rire à ses dépens. Monsieur Ford manigance aussi quelque chose (quoique l'opération soit d'un intérêt douteux, au moins pécunièrement : il donne incognito une valise de billets à Falstaff pour séduire sa femme). Alice Ford met en scène la venue de Falstaff chez elle. Quand son mari débarque fou de rage pour massacrer l'intrus, on le cache dans un panier à linge. On finit par le jeter dans la Tamise par la fenêtre. L'opéra pourrait presque se terminer sur ce plouf final. Dans le troisième acte, on va encore se moquer un peu de Falstaff, mais il ne sera plus le seul à en recevoir les éclaboussures. Depuis le premier acte, on avait découvert la romance entre Nanetta, la fille des Ford, et Fenton, mais Ford veut la marier avec le pédant Dr Cajus. Au cours de la cérémonie nocturne du troisième acte, Ford va célébrer simultanément deux mariages : Dr Cajus avec la reine des fées (il s'agit en fait d'un partisan de Falstaff déguisé) et, rendus méconnaissables par leurs déguisements, Nanetta et Fenton.
Les raisons qui m'avaient poussé à inscrire cet opéra à mon abonnement étaient la présence d'Anna Caterina Antonacci (Alice Ford) et le fait qu'il s'agisse d'un opéra de Verdi. Comme toujours, j'ai aimé son chant et son jeu. Parmi les autres interprètes féminins, Caitlin Hulcup (Meg Page) était assez en retrait. J'ai été plutôt agréablement surpris par Marie-Nicole Lemieux (Mrs Quickly ; elle avait le bras en écharpe suite à une chute pendant les répétitions). Il y a un ou deux ans, le mensuel Cadences m'avait offert son disque L'heure exquise : je l'avais trouvé d'un ennui profond. Dans le rôle de Nanetta, Amel Brahim-Djelloul était très bien. Falstaff était interprété par l'impressionnant Alessandro Corbelli, que j'avais vu en DVD dans le rôle de Sulpice (La fille du régiment). J'ai pu apprécier à nouveau Ludovic Tézier (Ford) et entendre Francesco Meli (Fenton) dans le très bel air Dal labbro il canto estasiato vola.
Dans cet opéra, les personnages entrent et sortent de scène très rapidement, et on voit beaucoup de dialogues (mettant en relation parfois beaucoup de personnages), ce qui donne un résultat très vivant (tout particulièrement quand les quatre personnages féminins sont réunis), sans temps mort. La dernière partie du troisième acte est incroyable. Bien qu'elle l'ait fait jeter dans la Tamise, Mrs Quickly a réussi à faire croire à Falstaff qu'Alice Ford l'aime et qu'elle lui donne rendez-vous près du chêne de Herne, théâtre de la légende du Chasseur Noir, pourvu de cornes. À minuit, Falstaff est au lieu dit, déguisé comme on lui a demandé de le faire... Tous les autres vont concourir à sa mystification. L'idée est de lui faire croire que des créatures célestes réprouvent sa conduite. Elles l'intimident, le maltraitent physiquement et le forcent à se repentir. Cela commence par la mouvante apparition de la reine des fées (Nanetta), qui se balance sur une balançoire à la verticale de Falstaff ; après Natalie Dessay (Lucia di Lammermoor) et Sylvie Brunet (Padmâvatî), c'est la troisième chanteuse que je vois utiliser cet accessoire dans un opéra. Les fées vont bientôt céder la place à des créatures plus maléfiques, avançant masquées. La mise en scène de ce passage est extrêmement bien réussie ; le fond lumineux représentant un arbre peint en style impressionniste était un très seyant élément de décor. Le pauvre Falstaff en voit vraiment de toutes les couleurs. Dans la cohue, le masque de Bardolfo, un de ses partisans putatifs, tombe. Les créatures qui le tourmentent n'avaient donc rien de céleste. Vient le temps de la célébration des noces de Nanetta et du Dr Cajus, se dit Ford. Comme indiqué plus haut, il est trompé à son tour par les femmes. On se dispute un peu pour savoir qui a gagné et qui a perdu, et finalement, on se réconcilie.
Avec cette histoire et cette belle musique, il y avait de quoi faire un spectacle enthousiasmant. À mon avis, c'est une réussite, autant par la mise en scène que par les voix.
2008-06-26 17:16+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V — Mathématiques
Ce matin, je suis allé chez un médecin généraliste choisi au hasard parmi ceux pratiquant dans ma commune. La prochaine fois que j'aurai besoin d'une consultation, j'irai en voir un autre...
Jamais une consultation chez un médecin ne m'aura fait perdre autant de temps (à vrai dire, sans compter le temps passé en salle d'attente, je n'avais jamais eu l'impression de perdre de temps avec un médecin). Je venais pour une nouvelle injection d'un vaccin contre la fièvre typhoïde et pour me faire prescrire un traitement préventif contre le paludisme (dont, cela dit en passant, je vais visiter la ville où son vecteur a été mis en évidence, comme me l'ont rappelé indépendamment trois romans que j'ai lus récemment, effet Zahir.).
Malgré un remplissage d'une salle d'attente laissant supposer qu'elle finirait sa journée assez tard, très efficace, le docteur que j'avais à Grigny avait pris le temps de se renseigner sur le site de l'OMS ou sur un autre pour examiner dans le détail les maladies dont il est conseillé aux voyageurs de se prémunir. Finalement, j'avais ainsi été vacciné contre la fièvre typhoïde et l'hépatite A, et avais pris un traitement contre le paludisme.
Aujourd'hui, la consultation a duré un peu plus d'une heure, mais son aspect médical ne s'est étendu que sur 2 ou 3 minutes. J'avais apporté le vaccin contre la fièvre typhoïde (à refaire tous les trois ans tant que l'on voyage dans des zones à risque). Pendant l'injection, le médecin (par ailleurs ostéo/homéopathe, une mission de reconnaissance en déchiffrage des plaques professionnelles s'imposera pour mes choix ultérieurs de praticiens...) a commencé à m'interroger sur mon métier. Il est tout à fait normal qu'un médecin discute tranquillement avec ses patients de leur vie. Qu'il transforme ensuite la consultation en une discussion aux forts relents d'obscurantisme pseudo-scientifique, c'en est une autre.
Le médecin voulait donc savoir ce qu'étaient les mathématiques. Après
plusieurs manifestations
d'insistance, fort embarassé, j'ai consenti à admettre que
je faisais de la géométrie algébrique
, espérant que cela permettrait
d'abréger la conversation sur ce thème. Après quelques digressions sur son
métier consistant en l'étude des corps et de leurs mouvements dans l'espace
et le temps, mon interlocuteur m'a demandé si je savais ce qu'était un nœud
borroméen. À ce moment-là, je savais que le point de non-retour était
franchi et qu'il fallait que je souffrisse cela encore un petit moment. Je
répondis bien sûr par l'affirmative et après une remarque incomprise au
sujet de la symétrie de rotation d'ordre 3, le
médecin a joint le geste à la parole et après avoir cité Lacan,
en a dessiné un sur un bout de
papier, affublant chacun des cercles d'un terme parmi réel
,
imaginaire
et symbolique
. Alors, pour moi, les mathématiques
relevaient-elles du réel, du symbolique ou de l'imaginaire ? Ne voulant pas
paraître trop malséant, je me suis amusé à suggérer que d'autres auraient
peut-être écrit moi
, surmoi
et ça
à la place.
S'ensuivit un soliloque peu conforme à mes souvenirs en théorie
freudienne... Le ça
s'est transformé en sous-moi
, victime du
poids conjugué du moi
et du surmoi
. Sur le bureau, une poupée
russe est venue au secours du brillant orateur. Dans le ventre de sa
mère (il déboîte la grande poupée pour faire apparaître la petite),
l'enfant ne reçoit de l'extérieur que la traduction chimique de l'imaginaire de
sa mère, il le confond avec le réel et il ne le sait pas. [...] Vous autres
mathématiciens, vous ne vous prendriez pas un petit peu pour Dieu...
.
Retour à l'étude du corps et des mouvements. Vous
voyez l'alimentation, la Pomme, qui rentre dans le corps... L'arbre de la
connaissance, Le Péché originel™... (suivent quelques phrases
dont je me laisse prendre à observer qu'elles ne sont pas très
catholiques). Je suis aussi ostéopathe, vous savez. (bruit sourd
d'un gros livre atterrissant devant moi). Je suis sûr que dans ce
livre, ils citent des articles de mathématiques.
Au bout d'un moment, il a quand même fini par revenir sur Terre et m'a
cordialement demandé de lui dicter l'ordonnance : Malarone, connaît-pas,
comment ça s'écrit ? vous en voulez combien ?
.
2008-06-23 10:20+0200 (Orsay) — Culture — Culture indienne — Voyage en Inde V — Photographies
Hier, j'ai acheté un petit cahier à spirales pour prendre diverses notes lors de mon prochain voyage en Inde. Pour favoriser mes chances de monter facilement dans le bon bus ou le bon train sans trop avoir à faire de signes de mains et de hochements de tête, j'y note dans les alphabets locaux la liste des villes que j'envisage de visiter :
Kolkata কলকাতা ― Shantiniketan শান্তিনিকেতন ― Bishnupur বিষ্ণুপুর ― Puri ପୁରି ― Konark କୋଣାର୍କ ― Bhubaneshwar ଭୁବନେଶ୍ବର ― Vijayawada విజయవాడ ― Amaravati అమరావతి ― Hyderabad హైదరాబాదు ― Warangal వరంగల్ ― Hampi ಹಂಪೆ ― Aihole ಐಹೊಳೆ ― Pattadakal ಪಟ್ಟದಕಲ್ ― Badami ಬದಾಮಿ ― Bijapur ವಿಜಾಪುರ ― Jalgaon जळगाव ― Mumbai मुंबई 1.
En dehors de l'alphabet latin, cinq alphabets indiens sont représentés. Du début à la fin, on voit successivement les alphabets bengali, oriya, télougou, kannada et devanagari. Tous ces alphabets sont bâtis sur le même principe. Des consonnes, des voyelles, écrites de gauche à droite ; quand une voyelle suit une consonne, elle décore la consonne précédente (on parle de matra). Pour les détails, il faut faire avec les particularités de chaque alphabet...
Le seul alphabet que j'aie à peu près correctement assimilé est l'alphabet devanagari. Par rapport aux autres alphabets, finalement, la seule difficulté réside dans le système complexe de formation des ligatures : quand deux consonnes (ou plus) se suivent sans voyelle intercalaire (même un a tellement bref qu'il ne se prononce pas), les glyphes se collent, s'empilent ou se mélangent. Dans le cas le plus simple, la moitié droite, barre verticale comprise, de la première consonne est mangée par la deuxième. La difficulté réside dans les ligatures plus complexes, où on ne parvient plus à distinguer les glyphes initiaux. Cette difficulté n'apparaît pas dans le nom des villes de Mumbai et Jalgaon ci-dessus. Il semblerait que ce ne soit d'ailleurs le cas d'aucune des villes hindiphones que j'aie visitée jusqu'à maintenant. (Je vous jure que ce n'est pas sur ce critère que je les ai choisies.) Sur l'entrée du Shri Bhagavadgita Mandir, on peut déjà voir une petite palette des différents types de ligatures :
Le premier mot
श्री (shri) est une haute
formule de respect obtenue en combinant les consonnes
श (sh) et र
(r), le tout suivi d'un i
. Le mot suivant Bhagavadgita
s'écrit généralement en deux mots (au moins en français), c'est le titre
d'un ouvrage religieux hindou (auquel ce temple est dédié), constitué d'un
dialogue entre Krishna et Arjuna, situé
juste avant le début de la guerre, à l'intérieur du sixième livre du
Mahabharata.
Bhagavad
se terminant par un d
et Gita
commençant
par un g
, on peut voir un magnifique
empilement des deux consonnes, qui risque
de perdre de sa superbe après affichage sur votre écran sous forme de
texte : द्ग
. Le dernier mot est un mot que
l'on voit très souvent écrit, puisqu'il veut dire temple
: मन्दिर
(une
écriture plus moderne utilisant un signe de nasalisation plutôt qu'un
n
est मंदिर
). Dans ce
dernier cas, la barre verticale du n
est effacée pour laisser la
place au d
: c'est le cas le plus facile à déchiffrer.
Parmi les quatre autres alphabets représentés, l'alphabet bengali est
celui qui s'approche le plus de l'alphabet devanagari. Par exemple,
la lettre ল
est quasi-identique à la lettre homologue ल
de l'alphabet devanagari. Une particularité : en
devanagari, la plupart des matras s'écrivent à droite, en haut ou en bas
des consonnes sauf celui du i
qui s'écrit à gauche, en bengali,
il y a un peu de ça, mais les matras associés à e
et ai
s'écrivent à gauche, tandis que ceux correspondant à o
et au
ont un morceau à gauche et un autre à droite, phénomène que j'avais déjà
observé pour le tamoul (essentiellement pour les mêmes voyelles).
Globalement, je trouve l'écriture bengali assez harmonieuse.
Plus bas, le nom des villes de Puri, Konark et Bhubaneshwar est écrit dans l'alphabet de la langue officielle de l'état d'Orissa : un assemblage extravagant de ronds qui veuille dire quelque chose.
Un peu plus bas, il n'y a pas un, mais deux alphabets. Il n'est pas
évident de les distinguer au premier coup d'œil ! Lors de mon séjour au Sud de
l'Inde, l'écriture d'écriture kannada m'avait
semblé assez hermétique. Combien
peuvent paraître curieuses les décorations en forme de luge que l'on peut
voir de Hampi à Bijapur ? Entre Vijayawada et Warangal, on retrouve un peu
la même chose : c'est du télougou, langue de l'Andhra Pradesh. Je crois que
j'ai essentiellement compris le principe. En télougou, par défaut, la plupart
des consonnes sont surmontées d'une sorte de Swoosh. Si la consonne est
suivie d'une voyelle, le Swoosh se transforme en une ou plusieurs luges,
boucles, etc, harmonieusement raccrochées à la consonne. J'aime bien la
façon dont ti
s'écrit : తి
. En
kannada, il n'est pas question de Swoosh, mais de luge placée par défaut en
haut de la consonne comme dans ರ
(ra), et remplacée
par quelque autre chose tout en courbes si une voyelle est ajoutée. (Cette
manière de décrire les choses traduit un a priori de ma part, à
savoir que cette interprétation est une conséquence de la manière dont ces
alphabets ont été intégrés au Standard
Unicode, à savoir de façon à ce que les homologies entre les alphabets
soient bien préservées (par exemple, pour transcrire un mot d'un alphabet
indien à un autre,
il suffit souvent de préserver les 7 bits de poids faible dans le
numéro du caractère, tout en changeant le préfixe). Dans l'alphabet
devanagari, la voyelle a
brève n'apparaît pas explicitement quand
elle suit une consonne. Il n'y a aucun caractère dans le Standard Unicode
pour ce matra invisible. Il y a gros à parier que, en vérité, la luge
(resp. le Swoosh) ne fait pas vraiment partie des consonnes, mais qu'il a
été décidé, plutôt que de créer un matra a bref qui ferait paraître ces
signes, eh bien, de préserver la compatibilité logique avec l'alphabet
devanagari, ainsi, selon Unicode, sauf mention du contraire, tout se passe
en télougou et en kannada comme si chaque consonne était suivie d'un a
bref. Hum, je crois que j'ai compris pourquoi l'alphabet kannada m'avait
semblé hermétique...).
[1] Il est très probable que la plupart de ces alphabets s'affichent très mal sur votre écran, s'ils s'affichent... J'ai essayé de ne pas faire d'erreur de recopie. Il n'est pas toujours évident de trouver sur le Web les noms de ville dans ces alphabets locaux, et si on les trouve, il n'est pas clair que ce qu'on voit soit une écriture correcte, les différents logiciels n'affichant pas tous la même suite de caractères de la même manière. Dans les cas douteux, j'ai essayé de trouver des images (titres de journaux par exemple) représentant ces noms. La version de Firefox que j'utilise s'appuie sur GTK+ et plus particulièrement sur Pango pour afficher du texte dans de nombreuses langues : le support des langues indiennes m'y semble excellent.
⁂
Samedi dernier, avant d'entreprendre la dernière étape de ma lecture du deuxième livre du Rāmcaritmānas de Tulsī-Dās, traduit en français par Charlotte Vaudeville, j'ai lu une étonnante pièce de théâtre de Rabindranath Tagore. Malheureusement, il semble que cette pièce ne soit plus disponible en français ; cette œuvre avait été traduite de l'anglais par André Gide, et paraît-il lue à la radio la veille de la prise de Paris par la Wehrmacht. Le titre anglais de la charmante traduction de Krishna Dutta et Andrew Robinson est The Post Office. La traduction de Gide s'appelait Amal et la lettre du roi. C'est très court. Un jeune garçon, Amal, est malade et doit rester chez lui parce que le médecin lui interdit de sortir de peur que son état s'aggrave. Via sa fenêtre, il découvre l'extérieur. Il s'émerveille de toutes les opportunités qui existent dehors. Quand il aperçoit le nouveau bureau de Poste, il se met à espérer que le raja lui enverra une lettre... Bref, cela va peut-être me donner une plus grande motivation pour aller à Shantiniketan.
2008-06-18 22:00+0200 (Orsay)
Depuis quelques semaines, je ne savais plus pour quelle version de
Firefox opter. J'utilisais la
version 2, packagée par la distribution Linux que j'ai installée (Debian). Le hic, c'est qu'elle souffrait
d'un bug
d'affichage insupportable dès que le texte contenait par exemple
une ligature ffi
comme dans
affichage
(le problème ne se posant
qu'avec certaines fontes, comme DejaVu) :
Il y a environ deux mois, j'ai compilé une version beta de Firefox 3 et
constaté que ce bug avait disparu. Je ne me suis pas réjoui trop vite
puisqu'avec cette nouvelle version, j'ai malheureusement observé d'autres
problèmes, dont je ne saurais dire s'ils résultent de bugs dans Firefox,
dans les pilotes graphiques ou dans ma carte graphique. Le résultat est
qu'avec le pilote radeonhd
, les images redimensionnées
paraissaient mal ou bien ne paraissaient pas du tout. Au lieu de voir par
exemple ceci :
Je voyais cela :
Bref, je devais choisir de sacrifier les ligatures ou les images. Je décidai alors d'attendre que Firefox 3 sorte pour aviser.
⁂
Hier, après avoir compilé Firefox 3 pour l'architecture
amd64
de mon ordinateur 1,
je n'ai pas vu d'évolution dans les
symptomes. La seule solution que j'aie trouvé a été de désactiver
l'accélération de la carte graphique. Après recherche des bons réglages
avec mplayer
et vlc
, il semble que cela me
permette quand même de regarder des DVD. Le jour où j'aurai besoin de Google Earth, je redémarrerai le serveur graphique ou en
lancerait un deuxième...
[1] Je trouve dommage que la page de
téléchargement de Firefox ne semble même pas envisager que l'on puisse
utiliser cette architecture. Autre regret, sur le site de téléchargement,
on tombe facilement sur un
paragraphe vantant les mérites des logiciels Open
Source
, comme j'avais besoin de compiler le logiciel, j'avais besoin du
source ; ce dernier n'a pas paru à mes yeux malgré un parcours assez
invraisemblablement long dans ce site tentaculaire. J'ai dû demander
quelque chose comme download firefox source
à Google pour
le trouver, il est invraisemblable que cela fût nécessaire. Je suppose que
l'idée que l'utilisateur λ ne télécharge pas par erreur le source
plutôt que la version précompilée pour son système.
2008-06-16 12:45+0200 (Orsay)
Hier, gare du Nord, on annonce un train sur deux sur la ligne B du RER pour aujourd'hui, où une grève est prévue. (Dés)information reprise sur des sites d'information ce matin. Naïvement, j'espérais encore pouvoir assister au nouveau spectacle de danse Bamboo Blues de Pina Bausch, ce soir au Théâtre du Châtelet.
Mais, en passant sous la station Orsay-Ville ce matin, j'ai vu que les entrées étaient fermées. Bref, trafic nul. Je veux bien admettre qu'il soit rigoureusement exact qu'un train sur deux circule sur la ligne B du RER, mais si cette proportion est obtenue en combinant des branches dont certaines fonctionneraient à peu près normalement et d'autres à trafic nul, cette manière de présenter les chiffres me paraît assez malhonnête.
Si quelqu'un ayant un moyen de locomotion lui permettant de venir récupérer une place à Orsay, qu'il me contacte, je lui donnerai volontiers ma place gratuitement.
2008-06-15 00:08+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
Je mets à jour très régulièrement mon booklog. Cette page contient la liste des livres qui s'entassent chez moi ou que j'ai lus depuis que j'ai ouvert ce weblog. Au bout de trois ans, la liste se fait un peu longue et il devient difficile de s'y retrouver.
Pour y voir plus clair, je viens de faire en sorte qu'un classement par auteur soit généré automatiquement. Pour la plupart de ces auteurs, je n'ai lu qu'un seul de leurs livres. Les auteurs les plus représentés dans la liste sont Vikram Seth et Anita Desai. Ils apparaissent chacun huit fois. Cependant, la liste contient beaucoup d'acquisitions récentes... Je n'ai pour le moment lu que quatre livres de Vikram Seth et trois d'Anita Desai. Depuis 2005, l'auteur dont j'aie lu le plus grand nombre de livres est Jean-Claude Carrière. Cependant, les six livres que j'ai lu de cet auteur ne représentent que 857 pages : il n'est pas étonnant que je les ai presque tous lus d'une seul traite... En temps de lecture, les deux premiers quasi-ex-aequo sont manifestement Vikram Seth et Vālmīki.
2008-06-10 23:44+0200 (Orsay)
Dans son dernier roman The Inheritance of Loss (Man Booker Prize 2006), Kiran Desai évoquait les tensions politiques ayant tourmenté la région de Darjeeling pendant les années 1980. On dirait que ça recommence.
2008-06-09 22:12+0200 (Orsay) — Culture — Théâtre
Odéon — Théâtre de l'Europe — 2008-06-05/2008-06-06
Anne Benoit, Le coryphée des Euménides, La nourrice
Nazim Boudjenah, Oreste, Calchas
Bénédicte Cerutti, Le coryphée des Choéphores
Céline Chéenne, Électre, Iphigénie
Michel Fau, Égisthe, La pythie
Philippe Girard, Agamemnon, Apollon
Frédéric Giroutru, Athéna, Pylade
Miloud Khetib, Le coryphée d'Agamemnon
Olivier Py, Le veilleur
Alexandra Scicluna, Cassandre, Une Érinye
Bruno Sermonne, Un héraut
Nada Strancar, Clytemnestre
Mary Saint-Palais, soprano
Sandrine Sutter, mezzo-soprano
Christophe Le Hazif, ténor
Damien Bigourdan, baryton
Quatuor Léonis
Olivier Py, mise en scène, lumière
Pierre-André Weitz, décor, costumes, maquillages
L'Orestie : Agamemnon, Les choéphores, Les Euménides, Eschyle, texte français d'Olivier Py
La semaine dernière, je suis allé pour la première fois à l'Odéon — Théâtre de l'Europe. Je vais d'habitude au théâtre pour assister à des concerts ou à des spectacles de danse. Cette fois-ci, c'est bien pour voir du théâtre, et non pas une seule pièce, mais trois, que je m'y suis rendu deux soirs de suite, après que j'ai récupéré une place qu'Akynou ne pouvait pas utiliser. Merci à elle.
Le premier soir, j'ai donc vu Agamemnon, et le lendemain Les Choéphores et Les Euménides, ces trois pièces constituant L'Orestie, la trilogie d'Eschyle. À quelques éléments près, le décor était essentiellement le même pour les trois pièces : une impressionnante structure sur trois étages, le troisième (métallique) étant principalement utilisé par les musiciens du quatuor Léonis. En effet, il y avait de la musique : le chœur intervenait régulièrement et chantait son texte... en grec (avec surtitres). Au deuxième étage, une pièce rectangulaire mobile principalement utilisée pour les assassinats. L'essentiel de l'action se passait au premier plan, où diverses configurations de marches et de plates-formes ont été utilisées.
Les comédiens m'ont plutôt fait bonne impression. Les mots qui sortaient de leur bouche étaient exprimés distinctement. Dans l'ensemble, le texte était lui aussi assez compréhensible. Par moment, il m'a paru difficile à comprendre en direct, mais le sens global était assez clair. Le texte a manifestement été modernisé (sans excès) par le metteur en scène Olivier Py.
N'étant pas familier avec le théâtre, je n'ai pas vraiment d'avis sur la mise en scène. Dans l'ensemble, je suis satisfait du spectacle auquel j'ai assisté. Quelques curiosités. Parfois, des filets d'eau tombaient du ciel. La musique se faisait stridente, la lumière oppressante via l'utilisation de stroboscopes. Les entrailles que manipulaient le devin Calchas n'étaient pas très appétissantes. Agamemnon est entré en voiture par une entrée située à l'arrière du théâtre ; depuis l'orchestre, on pouvait apercevoir la circulation sur la rue de Vaugirard. Oreste était littéralement aspergé d'un liquide rougeâtre paraissant s'écouler d'un porc accroché à un filin lors de la purification d'Oreste dirigée par Apollon. Des personnages, notamment Cassandre et Oreste, ont paru nus ; je n'ai pas vraiment saisi l'intérêt.
Bien que ce ne soit pas la pièce d'entre les trois où il se passe le plus de choses, la pièce qui m'a le plus impressionné est la troisième, Les Euménides. Au début de la pièce, les Érinyes menacent de tuer Oreste parce qu'il a tué sa mère Clytemnestre. Oreste se fait purifier par Apollon (voir ci-dessus), mais cela ne suffit pas. Il se réfugie à Athènes. La déesse Pallas Athéna va trancher. Elle donnera la parole aussi bien à l'accusation (coryphée des Érinyes) qu'à la défense (Apollon). Athéna dirige le procès splendidement depuis un amphithéâtre installé au deuxième étage du décor. Les Athéniens vont voter. Comme il y a égalité, c'est Athéna elle-même qui décide du sort d'Oreste. Son crime est pardonné parce que, n'étant pas née d'une matrice car issue de Zeus, elle peut excuser celui qui a tué sa mère. Pour apaiser les Érinyes, elle leur donne un rôle bienveillant, qu'elles acceptent.
Dans les Choéphores, le comédien interprétant Athéna avait le rôle insignifiant de Pylade. Dans cette troisième pièce, il pouvait exercer tout son talent. Son discours aux Athéniens était particulièrement impressionnant. Si j'ai aimé Les Euménides plus que les autres pièces, c'est surtout grâce à lui, grâce au décor qui se prêtait très bien aux situations, qu'il y avait moins de longueurs, et peut-être aussi parce que la parole n'était guère donnée aux mortels.
⁂
En sortant du théâtre, j'ai marché le long des grilles du Jardin du Luxembourg où sont exposées de très belles photographies pour une exposition intitulée 30 ans d'émotions, les photos du Figaro Magazine. Un coup d'œil sur la gauche : le Panthéon resplendit dans la nuit. Nostalgie. RER.
2008-06-06 01:23+0200 (Orsay) — Culture — Opéra
Opéra Bastille — 2008-06-02
Giovanni Battista Parodi, Capellio
Anna Netrebko, Giulietta
Joyce DiDonato, Romeo
Matthew Polenzani, Tebaldo
Mikhail Petrenko, Lorenzo
Evelino Pidò, direction musicale
Robert Carsen, mise en scène
Michael Levine, décors et costumes
Davy Cunningham, lumières
Alessandro Di Stefano, chef des chœurs
Alessandro Galoppini, assistant à la direction musicale
Bernard Chabin, maître d'armes
Orchestre et chœurs de l'Opéra National de Paris
I Capuleti e i Montecchi, Vincenzo Bellini
À Vérone, deux groupes s'affrontent : les Guelfes et les Ghibellines. On s'y retrouve mieux si on oublie ces noms et qu'on les appelle respectivement Capulet et Montaigu. Un émissaire des Montaigu vient offrir la paix à Capellio en l'échange du mariage de Giulietta et Roméo. Bien entendu, les Capulet refusent ; Giulietta a déjà été promise à Tebaldo, qui a juré de venger la mort du frère de Giulietta que Roméo a tué au combat. En vérité, cet émissaire n'est autre que Roméo. Il rencontre Giulietta en cachette. Les noces de Tebaldo et de Giulietta, que Capellio a précipitées, sont interrompues par une attaque surprise des Montaigu. La bataille entre les deux clans va pouvoir éclater au moment de l'entr'acte.
Au deuxième acte, Lorenzo, le médecin et confident de Giulietta lui propose de feindre la mort en buvant un philtre. Elle finit par accepter. On l'enterre tandis que Tebaldo et Roméo se battent. Lorenzo ayant été découvert, Roméo n'a pas été averti du subterfuge. Quand il voit le corps sans vie de Giulietta, de désespoir, il avale un poison. Après que Giulietta s'est réveillée et a compris ce qui s'était passé, elle se donne elle aussi la mort.
⁂
J'ai assisté à une représentation de cet opéra de Bellini lundi dernier à l'Opéra Bastille. Avant que le spectacle commence, on pouvait voir des sabres plantés dans l'avant-scène. Je demandai alors à ma voisine si elle pensait qu'on allait avoir des scènes d'escrime. Si j'avais regardé de plus près la distribution, j'eusse vu qu'elle comprenait la mention d'un maître d'armes... Je n'ai pas été déçu.
Le décor manquait singulièrement de fantaisie : il était essentiellement formé de grands murs quadrillés en rouge. Un passage secret pour faire rentrer Roméo dans la chambre de Giulietta (avec un joli effet d'ombres chinoises portées sur le mur du milieu). Des costumes assez austères : le chœur des Capulet en rouge, Roméo en vert et noir sauf quand il est déguisé en Capulet, Giulietta en blanc, les Montaigu en bleu. J'ai trouvé la scène de l'église particulièrement réussie. Les rouges et les bleus ont commencé à se battre tout d'abord au ralenti avec leurs armes alors que les murs centraux tournaient avec le décor autour d'un axe, et puis le combat s'est fait de plus en plus spectaculaire.
Quelques détails m'ont fait tiquer dans cette mise en scène de Robert
Carsen. Après qu'elle s'est écroulée et que tout le monde l'imagine déjà
morte (certes pour de faux) depuis quelques secondes, pourquoi diable
Lorenzo remet-il sur pieds Giulietta pour finalement la laisser retomber et
mourir
à nouveau ? Pourquoi les missels ont-ils disparu à la fin des
combats ? Pourquoi donc faire se relever quelques secondes avant le tomber
du rideau les combattants que l'on imagine morts depuis le début de
l'acte ? Au sujet des lumières, pourquoi les avoir autant réduites lors du
deuxième acte ? Quand on va à l'Opéra ou au Théâtre, c'est pour voir des
artistes en pleine lumière, non ? Par moments, depuis le premier balcon,
même avec les jumelles, on n'y voyait goutte.
Dans cet opéra, l'action est très resserrée. Dans le programme, on peut lire un commentaire de Berlioz qui, après avoir vu cet opéra, se plaignit notamment de n'y avoir pas vu de nombreuses scènes de la pièce de Shakespeare. Trois moments forts : les airs de Giulietta lors de l'entrevue avec Roméo, ses airs avec Lorenzo et son père au début du deuxième acte, la scène finale. Bref, le rôle principal est celui de Giulietta, qui été interprétée lundi soir par Anna Netrebko qui fait ses débuts à l'Opéra de Paris avec cette production (enceinte de cinq mois, elle est remplacée pour quelques dates par Patricia Ciofi). Je n'ai pas été ému aux larmes par le grand air de Giulietta du premier acte. La version enregistrée par Natalie Dessay de cet air est nettement plus émouvante, mais je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai détesté la prestation d'Anna Netrebko.
Par la beauté et le nombre des airs, Giulietta est suivie de peu par le rôle de Roméo, qui a été écrit pour mezzo-soprano. Ce rôle a aussi été adapté pour ténor, comme sur l'enregistrement techniquement nul que j'ai (enregistré le 7 octobre 1967 à la Scala). Pour notre plus grand plaisir, ce rôle a été confié à Joyce DiDonato dont j'ai autant apprécié le chant que le jeu.
Pour d'autres critiques, voir chez Kozlika.
2008-06-03 22:56+0200 (Orsay)
Hier soir, ma lecture de l'édition électronique du quotidien de
référence s'est arrêtée page trois : Pupilles du Tibet en
exil. Je ne sais guère quoi penser de cet article, qui
raconte le trajet épique d'enfants du Tibet vers
Dharamsala, en Inde, où la communauté tibétaine exilée les accueille et les
instruit (pour ne pas dire endoctrine
), semble nous dire l'article,
de la plus tibétaine des manières.
Depuis la dernière nouvelle formule du Monde, les photographies en
couleur ont envahi les pages du journal. J'ai été naturellement attiré par
l'ensemble de quatre photographies qui paraît page 3 des éditions papier
et PDF uniquement. En dessous, on peut lire la légende La vie
quotidienne des écoliers envoyés par leurs parents dans ce village du nord
de l'Inde apprendre la langue, l'histoire, le bouddhisme tibétains. Sur un
mur, des images de la répression à Lhassa.
. Sur la photographie en bas
à droite, on voit effectivement des enfants posant près d'une affiche où se
trouvent des images accompagnées d'un peu de texte écrit en tibétain. À
gauche, trois jeunes enfants assoupis partagent le même lit. Au-dessus, à
droite, un homme habillé couleur safran fait face à une bonne centaine
d'enfants sages.
La photographie qui m'a interpellé est celle d'en haut à gauche. Elle
représente un enfant faisant des lignes d'écriture dans un beau cahier.
Essayant moi-même d'apprendre (tout doucement...) une
langue indienne, j'ai tenté d'examiner de plus près cette photographie.
Elle est très floue, mais les premières lignes qu'écrit l'enfant
apparaissent assez nettement (voir le détail ci-contre)
pour que j'aie la quasi-certitude qu'il a
successivement fait des lignes de
ल
,
व
,
श
,
ष
,
स
. Le problème est que
ces lettres
n'appartiennent pas à l'alphabet tibétain, mais à l'alphabet devanagari
(utilisé pour le hindi, langue officielle de l'État du Himachal
Pradesh).
Bref, à mes yeux, cette photographie contredit de façon flagrante le strict repli sur la culture tibétaine auquel seraient soumis ces enfants et dont l'article du Monde fait état. Je n'ai pas d'opinion sur la façon dont les tibétains doivent élever les enfants de leur communauté, ce reportage du Monde ne porte d'ailleurs pas de jugement, mais j'ai comme l'impression que toutes les clefs ne sont pas données au lecteur...
⁂
Par souci de conservation des données, je recopie ci-dessus le texte de ma réaction sur le site du quotidien, la limitation à 500 caractères contraignant à la concision :
Cet article et la légende des photographies qui l'accompagnent sur la page 3 du quotidien daté du 3 juin laissent entendre que ces enfants vivent dans un environnement culturel purement tibétain. Or, bien qu'elle soit floue, la photographie d'en haut à gauche laisse apparaître assez nettement que l'écolier n'est pas en train d'apprendre la langue tibétaine, mais de faire des lignes d'écriture avec des consonnes de l'alphabet devanagari (utilisé notamment pour le hindi). Erreur de légende ?
⁂
Toujours au sujet des alphabets, j'avais été surpris par un détail
culturel en lisant il y a quelques mois le roman Je n'entendrai pas le
rossignol de Khushwant Singh. Une mère d'une famille sikhe influente
est considérée comme illetrée alors qu'elle procède très régulièrement à
les lectures de passage de l'Adi Granth pour la
prière familiale. Celui qui a fait des études et sait lire l'anglais est un
lettré, alors que celui ou celle qui n'a de contact avec la culture que
via l'alphabet local (apparemment le gurmukhî) restera illettré
aux yeux de la société. (J'avais emprunté ce livre à la bibliothèque, donc
je ne peux pas vérifier, mais il me semble bien que c'était bien l'adjectif
illettré
qui était utilisé plutôt que analphabète
.)
J'espère que ce n'est pas cette notion réductrice de l'alphabétisation qui est utilisée dans les statistiques officielles...
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