« Damien Guillon aux Billettes | Solistes du Berliner Philharmoniker et Yuja Wang à Pleyel »
2011-03-20 01:07+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2011-03-19
Léo Delibes, musique
Patrice Bart, chorégraphie et mise en scène
Ezio Toffolutti, décors et costumes
Yves Bernard, lumières
Claude de Vulpian, assistante du chorégraphe
Nolwenn Daniel, Swanilda
Karl Paquette, Frantz
Stéphane Phavorin, Coppélius
Aurélien Houette, Spalanzani
Ballet de l'Opéra
Orchestre Colonne
Koen Kessels, direction musicale
Coppélia, ballet en deux actes d'après Arthur Saint-Léon
Ce ballet Coppélia de Patrice Bart ne m'a guère intéressé. Il s'agit d'un remake d'un ballet du même nom d'Arthur Saint-Léon. C'est vaguement inspiré d'Hoffmann, la même source qui inspira l'acte d'Olympia dans Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach. Il ne reste en vérité plus grand'chose du conte d'origine. Le jeune homme (Frantz) est tout simplement un amoureux de Swanilda et celle-ci est bien de chair. Certes, il a un peu regardé l'image d'une jeune fille dans le livre de Coppélius, mais cela ne justifie qu'une petite chamaillerie d'amoureux. Celui en lequel la confusion s'installe, l'opium aidant, est Coppélius, qui aimerait faire revivre la jeune fille de son livre (curieusement, Coppélius est habillé en beau jeune homme, ce qui a de quoi induire une confusion entre les rôles de Coppélius et de Spalanzani, que je n'ai pu élucider qu'au fait que je pouvais reconnaître Stéphane Phavorin). Coppélius arrive à attirer Swanilda jusques à chez lui où règnent les automates. En enfilant le costume de la reine du blé, elle est comme désaisie de sa propre personnalité. Heureusement, elle s'en rend compte et parvient à se défaire de cette influence.
Le premier acte m'a paru assez inintéressant. La danse manque
d'émotions. On a essentiellement le droit à un numéro pittoresque,
Mazurka et czardas, et une querelle entre Swanilda et Frantz qui
voudrait lui offrir sa collection de papillons. Pourtant, la musique de
Delibes s'avère plus intéressante que la musique moyenne des ballets,
d'autant plus qu'à la musique du ballet d'origine ont été ajoutées d'autres
compositions de Delibes, et tout particulièrement des numéros de son opéra
Lakmé. Peut-être est-ce parce que je connais très bien cet opéra ?
toujours est-il que les moments les plus marquants musicalement dans ce
ballet m'ont semblé être ceux tirés de cet opéra. (Cela dit, l'à-propos de
l'utilisation des morceaux autres que ceux qui étaient déjà prévus pour des
épisodes dansés dans l'opéra peut paraître douteux. Pour moi, certains
thèmes de cette musique sont lourdement chargés émotionnellement par les
paroles de l'opéra : à un moment, il me semblait pouvoir entendre Il
faut qu'il meure ! Vengeance ! Vengeance !
se superposer à la musique
alors que sur scène, entre Swanilda et Frantz, tout allait pour le mieux et
il n'était pas question de suicide par ingestion de datura !) On notera
cependant que pour les autres numéros, les pas de danse et la musique
s'accordent extrêmement bien et non sans humour.
À la fin du premier acte, Coppélius fait une entrée sur une Coda sans les chœurs extraite de Lakmé, ce qui ranime mon intérêt pour le ballet. Au début du deuxième acte, il n'y aura presque plus de danse, mais j'avoue que j'ai pris un certain plaisir à regarder cette pantomime. Swanilda entre chez Coppélius par une porte située en hauteur et d'où descend un escalier. Elle est accompagnée de ses amies (parmi lesquelles Mathilde Froustey a le rôle le plus important, ce qui me donne pour la première fois l'occasion d'apprécier sa pantomime). On se moque des soldats-automates (de ma place excentrée, je n'en voyais qu'un), on s'amuse à regarder les trois danseuses-automates que Swanilda imite. Un petit numéro de ballet dans le ballet avec les amies de Swanilda qui exécutent un peu mécaniquement des exercices comme des danseuses devant une barre et Swanilda qui vient pointer les défauts. À la fin, on retrouve Swanilda et Frantz dans un pas de deux, à nouveau sur la musique de Lakmé (Ouverture et Entr'acte de l'acte III). Cela permet de finir le ballet sur une bonne impression.
L'orchestre Colonne m'a semblé très bien, autant que je puisse en juger par rapport aux numéros musicaux que je connaissais déjà (qui sont ceux tirés de Lakmé). Bien sûr, le tempo est parfois un peu lent, mais il ne faut pas oublier qu'il y a aussi des danseurs... Compliments particuliers à la hautboïste pour Persian !
En bref, il y a de la belle musique, mais cela manque un peu de danse.
Mes impressions sur la danse ne sont pas très précises vu que j'étais à une
troisième loge excentrée et sans jumelles... Cependant, j'ai bien aimé
Stéphane Phavorin dans le rôle de Coppélius (mais existe-t-il un seul rôle
dans lequel il ne soit pas bon ?). C'était la première fois que je voyais
Nolwenn Daniel dans un premier rôle. Je l'ai trouvée convaincante en
Swanilda. J'ai bien aimé son pas de deux avec Karl Paquette (Frantz). Je ne
connais pas grand'chose dans la technique, mais il me semble que je n'avais
jamais vu certains types de sauts qu'il a réalisés lors du premier acte
dans lesquels on a l'impression qu'il tourne à l'envers
!?
À propos des décors, si on a vu ceux de La petite danseuse de Degas, il paraît évident qu'ils sont du même décorateur !
La représentation du 30 mars à laquelle j'assisterai aussi (visibilité incertaine puisque ce sera sur une place à 8€ !) sera précédée du défilé du ballet à l'occasion des adieux de Patrice Bart.
Ailleurs : Blog à petits pas.
Joël, j'y serai aussi le 30 mars, surtout pour le défilé du corps de ballet dont je ne me lasse pas !!!
C'est vrai que ce ballet n'est pas captivant outre-mesure, mais la musique aide bien, avec les décors et les costumes... Il faut aussi une distribution qui le transcende. C'était le cas avec la distribution de la Première : Dorothée Gilbert/Mathias Heymann et José Martinez. J'ai été moins convaincue par la distribution d'hier soir, dont j'ai trouvé l'interprétation un peu monochrome (et la technique un peu juste par moments). Je ne serai pas là le 30 mars alors je lirai avec attention votre compte-rendu. Et un grand merci pour le lien!
J'ai hâte de voir Dorothée Gilbert dans ce rôle (c'est typiquement le genre de rôle dans lequel elle doit être irrésistible !).
J'ai eu le même problème avec la musique ! Mais il faut considérer que très peu de danseuses & balletomanes ne s'intéresse même de loin à la musique, et encore moins à l'opéra...
L'orchestre est un peu lourd, mais hier soir très belle prestation pour les adieux de Patrice Bart ! c'était la perfection ! Dorothée Gilbert est époustouflante !
Hier soir, j'étais en fond de loge derrière un pilier, donc l'acoustique était mauvaise pour moi, mais visuellement, j'avais une vue presque de face, et j'ai beaucoup aimé Dorothée Gilbert et José Martinez (ce n'était que la troisième fois que je le voyais...). J'ai bien aimé la façon dont le corps de ballet s'est lâché en criant pendant la danse de caractère, et aussi les variations dans la pantomime par rapport à la fois précédente (notamment cette fois-ci Mathilde Froustey qui bouquine en attendant qu'on veuille bien lui ouvrir la porte).
Et puis le défilé !
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