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2011-11-08 01:27+0100 (Orsay) — Culture — Lectures
Auditorium du Louvre — 2011-11-07
Ananda Devi, texte et narration
Dédoublement, dialogue rêvé avec Malcolm de Chazal.
L'entrée était payante, 6€, mais cela en vallait la peine. Comme il est plus courant de les entendre dans des librairies à l'occasion d'une rencontre-dédicace, il m'avait cependant semblé assez insolite d'avoir à payer pour avoir le privilège d'entendre un écrivain. Mais s'agissant d'un des écrivains de langue française que j'admire le plus, il était hors de question de rater cette occasion.
L'écrivain en question, c'est Ananda Devi. J'avais déniché par hasard son roman Le Voile de Draupadi en faisant une recherche de livres par mots-clefs sur des personnages du Mahābhārata. C'était il y a cinq ans, et depuis j'ai lu presque tous ses livres (il y en a un peu moins d'une vingtaine). J'ai même lu sa thèse de doctorat The primordial link, Telugu ethnic identity in Mauritius. Il ne me reste que le roman Pagli et ses trois recueils de poèmes (actuellement, un d'entre eux n'est même pas communicable à la BnF parce que localisé dans un magasin en travaux...).
L'intervention d'Ananda Devi se place dans le cadre d'un cycle de conférences d'écrivains Pays réel, pays rêvé à l'Auditorium du Louvre (tous les lundi jusqu'à fin novembre), qui s'inscrit dans le programme plus large Le Louvre invite Jean-Marie G. Le Clézio.
Au début de la conférence, alors qu'apparemment tout le monde s'attendait à ce qu'elle entrât par la droite, elle a paru par la gauche et a lu un extrait de La Quarantaine de J. M. G. Le Clézio comme le feront les autres écrivains invités (Homero Aridjis, Alain Mabanckou et Dany Laferrière).
La conférence proprement dite a pu commencer. Intitulée Dédoublement, elle est la narration d'un dialogue imaginaire avec l'écrivain et peintre mauricien Malcolm de Chazal. Elle a imaginé que le 12 mars 1974, alors qu'elle était une toute jeune femme, elle se rendait à l'hôtel National à Port-Louis et entamait une discussion avec lui.
Il m'est impossible de résumer cette conférence qui était accompagnée d'une projection de peintures de Chazal, de photographies, de citations, etc. La plupart des réponses que faisaient Chazal dans le dialogue étaient tirées de ses œuvres.
J'ai trouvé cette conférence passionnante parce que d'une part elle mettait au jour la pensée de Chazal, un écrivain que je ne connaissais pas du tout et d'autre part le questionnement était éclairant sur le rapport d'Ananda Devi aux mots, à l'écriture, à Maurice (dont elle est originaire). J'ai particulièrement aimé les références implicites d'Ananda Devi à ses œuvres de jeunesse, contemporaines de sa lecture de Sens-Plastique, en particulier aux nouvelles du recueil Solstices. La dernière image projetée y faisait écho : elle montrait la tombe de Malcolm de Chazal envahie par la végétation.
Timidement, J. M. G. Le Clézio a descendu l'escalier pour s'approcher de la scène, remercier l'écrivain pour sa conférence. Ils ont ensuite eu quelques échanges autour de questions quelque peu confuses de la modératrice.
Voici une liste de liens vers mes billets sur le Biblioblog à propos de ses livres :
Juste une remarque. N'en déplaise aux "puristes", pour ne pas faire officiellement de fautes d'orthographe, il faut désormais écrite une écrivaine et une auteure.
L'orthographe « officielle », je m'en garde ; et de toute façon, l'autorité officielle, c'est l'Académie française, je ne sais pas si elle a changé de doctrine en la matière. Je ne suis pas un puriste ! En tant que lecteur, je n'ai rien contre les terminaisons en -eure pour les mots qui jusque là restaient « neutres », de même « écrivaine » me plaît bien. En règle générale, je les utilise, mais j'y fais parfois exception.
Mon dictionnaire Larousse (qui ne date pas de Mathusalem : c'est l'édition 2005 illustrée par Christian Lacroix...) semble recommander « écrivaine » au féminin mais reconnaît l'usage de « écrivain » tandis que pour l'autre nom, on lit « Au fém., on rencontre aussi "une auteure". ».
Quand l'orthographe évolue, en aucun cas on ne considère comme fautive une orthographe qui était considérée comme la plus standard quelques années plus tôt.
En l'absence de consensus, je signalerai simplement que sur son site Internet <URL: http://anandadevi.cinequanon.net/Ananda_Devi/Accueil.html >
, on lit « écrivain née à l'île Maurice le 23 mars 1957 », et par ailleurs, sur certaines quatrièmes de couverture, on peut lire « auteur ».
Après recherche, le mot a été odficielllement validé, mais en effet, les deux orthographes sont acceptés. Il y a tellement de gens qui s'opposent au mot "ecrivaines" qu'il en faut bien aussi pour le défendre tout aussi farouchement ;).
J'ai écrit ce commentaire car j'ai réalisé que la personne dont tu parlais était une femme uniquement au 4e paragraphe, et que ça m'a fait tilter. Quoique son nom est peut-être obligatoirement féminin, mais ne le connaissant pas, il n'était pas pour moi d'une grande aide.
A priori, son nom n'est pas obligatoirement féminin. (J'ai d'ailleurs observé une tendance étrange lors de mon dernier voyage en Inde. Dans les journaux, on trouve toutes sortes d'annonces juridiques. Certaines concernaient la rectification de prénoms. J'ai ainsi vu des hommes prénommés par exemple Arjuna avait fait changer leur prénom en Arjun, bref enlevait la voyelle finale dans la transcription en caractères latins (en hindi, le "a" bref final n'est en général pas prononcé, il n'apparaît pas explicitement dans l'écriture, mais conceptuellement il y est puisqu'il faudrait indiquer un signe supplémentaire, le virama, pour l'enlever). Était-ce pour avoir un nom qui risquerait moins de provoquer de confusion de genre dans un pays étranger ?)
Que le genre de l'écrivain ne fût pas immédiatement apparent n'était pas délibéré, mais cela m'amuse plutôt qu'autre chose, comme lorsque dans un de ses romans, sauf manque de vigilance de ma part, le genre d'un des personnages d'Ananda Devi n'est pas marqué grammaticalement avant une centaine de pages.
On est là précisément sur la ligne de fracture entre les deux courants féministes principaux : neutralité du genre ou bien différentiation. Souffrez, mademoiselle, ah zut, j'ai gaffé, je veux dire, madame, que l'on utilise parfois des mots « neutres » !
Merci Amélie pour la référence à <URL: http://grammaire.reverso.net/6_3_01_la_feminisation_des_noms_de_metiers.shtml >
. La problématique est celle d'un gouvernement cherchant des bonnes recommandations envers ses textes officiels et son administration. Le fait est qu'ils ont choisi de garder le genre « neutre » dans les titres de fonctions. La commission s'en remet à l'usage pour les noms de métiers et constate que celui-ci tend vers une féminisation des noms de métiers. Il se trouve encore quelques professions réfractaires !
Justement damoiseau ;), pour moi, il n'existe pas de genre neutre en français. Il y a le masculin et le féminin, c'est tout, contrairement à l'allemand qui a un troisième genre (et sûrement d'autres langues d'ailleurs).
La question, en fait, c'est est-ce que dans la langue, les femmes doivent se trimbaler un panneau indicateur « je suis une femme » ?
Pour moi oui, sinon on croit que c'est un homme. Et en France où les femmes sont si peu présentes ou mises en avant dans pas mal de domaines, ça me semble important.
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