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2009-03-29 12:05+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
La sélection de la troisième édition du Prix Biblioblog vient d'être annoncée :
Comme les années précédentes, nous avons essayé de mettre en valeur des romans qui n'ont pas été très médiatisés.
2009-03-26 08:31+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse
Opéra Comique — 2009-03-25
Anders J. Dahlin, Zoroastre
Evgueniy Alexiev, Abramane
Sine Bundgaard, Amélite
Anna Maria Panzarella, Érinice
Lars Arvidson, Zopire, La Vengeance
Jakob Högström, Narbanor
Gérard Théruel, Oromasès, Une voix souterraine
Ditte Andersen, Céphie
Christophe Rousset, direction musicale
Pierre Audi, mise en scène
Amir Hosseinpour, chorégraphie
Patrick Kinmonth, décors, costumes
Peter Van Praet, lumières
Bo Wannefors, chef des chœurs
Chœur et danseurs du Drottningholms Slottsteater
Les Talens Lyriques
Zoroastre (seconde version), Rameau
Je suis allé hier soir pour la première fois à l'Opéra Comique. Le
théâtre est de dimension relativement modeste par rapport à pas mal
d'autres salles parisiennes. Les toilettes sont appelées lavabos
et
sont mixtes, ce qui ne laisse d'étonner (depuis l'École normale, je n'ai
pas souvenir d'avoir vu d'autre lieu où ce soit le cas) ; robinets
malpratiques (oui, je sais, ce mot n'existe pas, mais depuis que j'ai vu
le Figaro qualifier les personnalités issues de l'Outremer
d'ultramarines
, je ne crains plus rien ; dit-on que les Américains
sont ultra-atlantiques
? je dois confondre avec
ultra-atlantistes
).
Je m'installe à ma place. Troisième et dernier rang de trois quarts du deuxième balcon. Malgré les têtes des deux rangs précédents, l'ensemble de la scène est dans mon champ de vision. Je n'ai qu'une vue partielle sur Les Talens lyriques et il me faut me lever pour apercevoir le chef Christophe Rousset qui va diriger Zoroastre (seconde version) de Jean-Philippe Rameau.
L'opéra compte quatre personnages principaux : Zoroastre (ténor), Amélite (soprano) qui s'aiment, mais qui sont menacés par l'alliance des deux amoureux déçus Abramane (baryton) et Érinice (soprano). Les deux camps font usage de la magie et de pouvoirs divins pour contrer les attaques de l'autre. Happy ending. La divinité invoquée par Zoroastre anéantit ses adversaires aux pratiques sacrificielles.
On apprend dans le programme (élégamment mis en page, avec seulement
trois pages de pub'), on apprend que Zarathushtra
ne doit pas être
traduit en étoile d'or
(comme le fait penser Zoroastre
, qui
est une francisation du nom grec), mais en celui qui a de vieux
chameaux
.
Les chanteurs, nonobstant l'origine scandinave de la plupart, donnent l'impression d'avoir parlé français toute leur vie tant la diction est correcte et le texte ainsi rendu intelligible, les sur-titres sont presqu'inutiles. Comme toujours avec Rameau, la musique est très belle et on a plaisir à écouter l'orchestre.
J'ai beaucoup apprécié la mise en scène de Pierre Audi, à laquelle la chorégraphie des parties dansées concourt harmonieusement. On l'apprécie d'autant plus que le décor est très dépouillé, à tel point que dans le dernier acte, le théâtre est nu, on se serait cru dans un film de Lars von Trier.
Ayant commencé à 20h et entrecoupée de deux entr'actes, la représentation de cet opéra en cinq actes se termine à 23h30 ; avec le RER A et la correspondance triviale à Châtelet pour le RER B, je suis chez moi à peine une heure plus tard.
Une diffusion en direct est prévue sur Radio classique le 27 mars.
2009-03-24 00:27+0100 (Orsay) — Culture — Danse — Danses indiennes — Théâtre — Cinéma — Culture indienne
On n'imagine pas toujours les pépites que l'on peut découvrir parfois en cliquant sur le bouton Play dans Dailymotion.
Docteure, chevalière des arts et des lettres, danseuse de kuchipudi et de bharata-natyam, bouleversante Draupadi dans The Mahabharata de Peter Brook (version longue !), directrice de la Darpana Academy of Performing Arts qui créa Phèdre de Racine en hindi, combattante de la cause des femmes indiennes, opposante au controversé chief ministrer du Gujarat Narendra Modi, divorcée, athée, visiblement passionnée par tout ce qu'elle entreprend, Mallika Sarabhai est impossible à résumer.
Quelques vidéos :
2009-03-23 19:51+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Quand je lis ça, je me dis qu'il sera difficile de résister à l'envie de prendre un abonnement pantagruélique à l'Opéra de Paris l'an prochain...
2009-03-22 01:44+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
La Géode, en direct du Met — 2009-03-21
Natalie Dessay, Amina
Juan Diego Flórez, Elvino
Michele Pertusi, Il conte Rodolfo
Jennifer Black, Lisa
Jane Bunnell, Teresa
Bernard Fitch, Un notaro
Jeremy Galyon, Alessio
Chœur, ballet et orchestre du Metropolitan Opera
Evelino Pidò, direction musicale
Mary Zimmermann, mise en scène
La Sonnambula, Bellini
J'étais en fin d'après-midi à la Géode pour assister en direct (ou plutôt en léger différé) du Metropolitan Opera (New-York) à une représentation de l'opéra La Sonnambula de Bellini.
Si c'était à refaire, je choisirais peut-être un cinéma ayant un écran plat, plutôt qu'un écran sphérique. La liste des cinémas français participant à ces retransmissions en direct est trouvable sur le site de CielÉcran ; le prochain opéra ainsi diffusé sera La Cenerentola de Rossini, le 9 mai ; la programmation de l'année prochaine contient quelques opéras qui promettent (Les Contes d'Offmann (sic) avec Villazón, Netrebko notamment, Hamlet avec Natalie Dessay, Simon Keenlyside).
20€, c'est bien plus cher qu'une place de cinéma. Pour ce prix-là, on peut aussi aller à l'opéra de Paris, mais il faut s'être levé tôt, pas pour aller travailler, mais pour aller faire la queue. Bref, a priori, c'est peut-être un tantinet cher.
La mise en scène de Mary Zimmermann est une mise en abyme. Le décor est celui d'une salle de répétition où on prépare une représentation de La Sonnambula. Natalie Dessay (Amina) descend les marches pour entrer sur le parquet dans un costume de star et se fait habiller. Après que la scène des fiançailles avec Juan Diego Flórez (Elvino) a été répétée, les chanteurs se mettent à l'écart du reste de la troupe et un duo d'amour lie les deux chanteurs, qui ne sont plus les Amina et Elvino de l'opéra mis en abyme. Le principe de cette mise en scène marche très bien pendant l'essentiel du premier acte. Cela se gâte à la fin de cet acte et pendant le deuxième, puisqu'on ne peut plus alors dire qu'il y ait deux histoires imbriquées l'une dans l'autre, mais seulement l'opéra de Bellini, joué dans des costumes et un décor new-yorkais plutôt que tyroliens.
La manière de filmer privilégie les gros plans sur les chanteurs, de préférence en contre-plongée depuis une caméra mouvante. Jamais sur une scène d'opéra, on ne verra les chanteurs en si grand. Même depuis les tous premiers rangs, ce n'est pas si impressionnant. Un gros couac dans la réalisation quand la caméra s'attarde interminablement sur la mère d'Amina (Jane Bunnell) alors qu'il faudrait nous montrer Lisa (la très dynamique Jennifer Black), qui ne sourit plus après que sa duplicité a été mise au jour.
Si on aime écouter de belles voix, cet opéra est un pur plaisir. Celle qui a le plus d'occasions de se mettre en valeur est celle du personnage d'Elvino, élégamment interprété par Juan Diego Flórez, qui livre prouesses sur prouesses vocales. Il occupe le devant de la scène pendant la quasi-totalité de l'opéra. De très beaux duos avec Natalie Dessay. Cependant, il faudra attendre les tout derniers numéros de l'opéra pour entendre son talent s'exprimer pleinement.
Elvino voudrait qu'on lui prouve qu'Amina ne l'a pas trompé avec le Comte Rodolfo. Amina entre sur scène. Somnambule, elle est inconsciente de la présence des autres. Elle chante son amour pour Elvino. Pendant le superbe air Ah ! no credea mirarti, une bande de parquet s'est avancée au-dessus de la fosse avec Natalie Dessay dessus ; comme cet air est plus émouvant sur scène qu'au disque ! Quand elle se réveille, Elvino, qui s'était détourné d'elle, se présente à elle en se déclarant son époux. Le chœur a revêtu des costumes tyroliens. Le ballet de l'opéra réalise des mouvements de danse de circonstance. On habille rapidement Amina et Elvino conformément au nouveau dressing code ; Amina peut se réjouir et faire partager sa joie avec l'air Ah ! non giunge uman pensiero.
Il me semblait que l'on découvrait à la fin de l'opéra que Rodolfo était le père d'Amina, ce qui expliquait qu'elle fût attirée vers lui pendant sa crise de somnambulisme. Pour essayer de trouver une explication, je suis allé lire le texte du ballet-pantomime de Scribe et Aumer intitulé La Somnambule ou l'arrivée d'un nouveau seigneur sur Gallica. Rien. Rodolfo (Saint-Rambet) est trop jeune pour avoir eu une fille en âge de se marier. J'avais probablement lu cette explication dans le texte d'introduction à l'opéra dans le coffret de CD de l'enregistrement que j'en possède.
2009-03-19 18:08+0100 (Orsay) — Culture — Culture indienne
Épisodes précédents : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
Au cours des trois dernières soirées, j'ai visionné la version longue du
film (au format 4:3) de Peter Brook, adapté de la triple pièce écrite par
Jean-Claude Carrière, elle-même adaptée du Mahabharata, qui selon
la dédicace que m'a écrite l'auteur, se dit
.le plus grand poème du
monde
À voir...
Mon avis sur la version de trois heures n'a pas été évolué trois ans après le premier visionnage. Je faisais prémonitoirement une recommandation inconditionnelle de la version longue. Le moins que je puisse en dire est que je n'ai pas été déçu. Mes avides attentes ont été réalisées et bien davantage.
Le double DVD (~20€) contient en fait trois films, chacun d'environ deux heures. Les trois films portent des titres identiques à ceux des trois pièces constituant la version théâtrale : La partie de dés, L'exil dans la forêt, La guerre. Le découpage n'est toutefois pas exactement le même puisque la Bhagavad-Gita intervient à la fin du deuxième film et non au début du troisième. Les DVD sont en anglais uniquement, avec des sous-titres anglophones pour malentendants.
Cette version contient de nombreux épisodes qui avaient été coupés pour la version de trois heures. D'autres qui avaient été raccourcis sont plus développés. Vu l'enthousiasme que m'inspire la version longue, je me demande vraiment pourquoi il fut décidé de faire une version courte, tant cette dernière me semble difficile à apprécier par ceux qui ne connaissent pas déjà le poème. Ceci dit, un film de six heures, c'est plus difficile à sortir en salles.
Parmi tous les personnages qui pouvaient paraître mineurs dans la version courte, celui qui retrouve de façon la plus éclatante la place qu'il mérite est celui de Draupadi, l'épouse commune des cinq Pandava, interprétée par Mallika Sarabhai, l'unique interprète d'un rôle principal à être de nationalité indienne dans ce film aux comédiens aux origines les plus diverses. Le climax est atteint à la fin du premier film, dans la scène où Draupadi, perdue aux dés par Yudhishthira, est traînée de force dans la salle du jeu de dés. (Si vous voyez pas de quoi je parle, je rappelle que j'ai écrit un résumé de l'épopée pour le Biblioblog.) Le seul grief que je pourrais faire à propos de la première partie est qu'elle ne montre pas le svayamvar de Draupadi et en particulier l'humiliation qu'elle inflige à Karna quand elle affirme qu'elle n'épousera pas le fils d'un cocher. Cela dit, comme Karna vient déjà d'être humilié pour la même raison lors d'un tournoi où il voulait défier Arjuna, cela aurait peut-être fait doublon ; et puis, cela aurait éventé la surprise qui attend le spectateur dans la scène qui suit...
Le deuxième film me paraît le moins réussi des trois. Il raconte l'exil
dans la forêt après la partie de dés, la révolte de Draupadi, la naissance
du fils rakshasa de Bhima (qui intervient à un autre moment dans le poème,
mais qui s'insère très bien ici), la quête que mène Arjuna pour obtenir des
armes divines, celle de Karna auprès de Parashurama (Rama à la hache), la
rencontre mortelle avec Dharma, l'année passée incognito à la cour du roi
Virata et enfin, les préparatifs de la guerre. La Bhagavad-Gita apparaît
curieusement à la fin de ce deuxième film. Pour certains de ces épisodes,
les passages correspondants de la pièce de théâtre étaient plus développés.
Dans les trois films, le narrateur Vyasa intervient souvent pour raconter
quelques épisodes, parfois les personnages s'en chargent eux-mêmes, en
parlant d'eux-mêmes à la troisième personne (cela paraît curieux, mais
c'est une bonne manière d'adapter la confusion qui règne tout au long du
poème sur le statut du narrateur). Vyasa, disais-je, intervient souvent.
Pendant leur exil, il suggère aux Pandava de rencontrer des sages. Cet
aspect de leur exil fait tout l'intérêt du troisième livre du Mahabharata ;
j'ai trouvé dommage qu'on ne nous les montre pas en train d'écouter une
légende racontée par un de ces sages. Ce qui m'a davantage troublé est
l'épisode évoquant l'année passée à la cour du roi Virata. L'art est
difficile... La façon dont la première scène de cet épisode est filmée et
mise en scène est pourtant remarquable. Je n'ai pas visiblement pas
ressenti de la même manière que les scénaristes l'ambiance qui régnait au
palais. J'imaginais les cinq Pandava et Draupadi vivant séparément, chacun
étant très isolé. Ici, on a l'impression, sinon qu'ils restent en contact,
au moins qu'ils sont heureux. Je n'ai pas très bien compris pourquoi les
jumeaux ont d'autres métiers que dans le poème, cela dit, comme ces
personnages sont très mineurs, il n'y a pas de mal à les modifier un peu et
le choix du métier de chacun n'est trop discordant par rapport à la
fonction
qui est la leur. La façon de montrer Arjuna ayant perdu sa
vilité manque de subtilité.
Le troisième film raconte la guerre, sans prendre autant de raccourcis que le faisait la version courte. Une bonne partie des épisodes principaux de la guerre sont traités. On retrouve ainsi le personnage d'Amba dont l'amour destructeur pour Bhishma entrevu dans le premier film réapparaît alors qu'elle s'est réincarnée en Shikhandin, un homme, pour le tuer. On y voit aussi la mort d'Abhimanyu, fils d'Arjuna, pris au piège dans le disque constitué par l'armée de Drona. La mort de ce dernier est aussi très détaillée, à une curiosité près : à ce moment de la guerre, Drona est censé être un guerrier très menaçant, capable de tuer des millions d'ennemis, mais on le découvre dans son camp, très sage, occupé à aiguiser une arme. La scène la plus dévastatrice du poème, l'holocauste du camp des Pandava, n'est évoquée qu'oralement, par Ashvatthaman, le responsable de ce massacre, qui vient en rendre compte à Duryodhana qui s'en réjouit avant d'expirer. Après la guerre, on suit les personnages jusqu'à leur montée au ciel.
Je ne saurais expliquer pourquoi, mais j'ai l'impression que Krishna paraît plus sombre que dans la version courte. Bien que la plupart de ses apparitions à l'écran soient illustrées par le son d'une flûte (que la tradition ultérieure au poème associe au jeune Krishna enchanteur), pendant la guerre, on le voit constamment suggérer des entorses aux règles : il envoie le fils de Bhima au casse-pipe et se réjouit de sa mort, il demande à Bhima de frapper Duryodhana à la cuisse, etc.
Les dialogues et monologues du film sont, comme ceux de la pièce,
irréprochables. On n'y trouvera jamais quelque bavardage inutile. Toutes
les phrases ont un sens, conforme à l'idée qu'il convient de se faire des
personnages. Le respect de la tradition littéraire indienne est évident.
Cela s'applique même aux scènes qui n'existent pas dans l'épopée, puisqu'on
se laisse volontiers tromper
. Un exemple frappant, illustrant le
caractère universel de la divinité de Krishna, est celui où Ganesha enlève
son masque à tête d'éléphant : qui donc se cachait derrière cette apparence
illusoire ? Krishna, bien sûr !
Contrairement à la version courte, je pense que ces trois films sont accessibles à ceux qui ne connaissant pas déjà le poème. Les critiques que je me hasarde à faire sont noyées dans l'océan de leurs qualités. Je pense que voir la pièce devait être encore plus intéressant que voir le film, mais vingt ans après, il est bien trop tard...
2009-03-15 19:10+0100 (Orsay) — Culture — Théâtre
Théâtre de la Ville — Place du Châtelet — 2009-03-15
Sylvie Testud, Caroline
Thomas Durand, Casimir
Hugues Quester, Schurzinger
Alain Libolt, Rauch
Charles-Roger Bour, Speer
Gerald Maillet, Franz le Merkl
Sarah Karbasnikoff, Erna
Olivier Le Borgne, Oscar, Juanita, un automate
Walter N'Guyen, Walter, un automate
Cyril Anrep, un soldat, le directeur des phénomènes, le Médecin
Laurent Charpentier, le Bonimenteur, Lorenz
Muriel Ines Amat, Maria
Ana das Chagas, Ella, une siamoise
Gaëlle Guillou, Emma, une siamoise
Céline Carrère, Eva
Sandra Faure, Ida, la Femme du cinéma
Pascal Vuillemot, Rudolph, le Monsieur du cinéma, l'Homme Bouledogue
Stéphane Krähenbühl, un soldat, un infirmier
Constance Luzzati, une jeune fille, la Pianiste
Emmanuel Demarcy-Mota, mise en scène
Yves Collet, scénographe et lumières
Jefferson Lembeye, compositions et environnement sonore
Corinne Baudelot, costumes
Catherine Nicolas, maquillages
Clémentine Aguettant, accessoires
Maryse Martines, travail vocal
Mathieu Mullot, images vidéo
Casimir et Caroline, Ödön von Horváth, traduction de François Regnault
Je reviens du Théâtre de la Ville où avait aujourd'hui lieu une représentation de Casimir et Caroline de Ödön von Horváth, mis en scène par le nouveau directeur du théâtre, Emmanuel Demarcy-Mota, avec de très bons comédiens, parmi lesquels Sylvie Testud et Thomas Durand qui occupent les deux premiers rôles mentionnés dans le titre de la pièce.
La pièce se passe pendant la crise des années 1930, en pleine Fête de la
Bière. Une bande de jeunes
regarde un Zeppelin chargé de riches dans
le ciel. On danse, on joue au toboggan, on boit de la bière, on regarde des
objets de foire, on chante, plutôt bien d'ailleurs (notamment la
Barcarolle des Contes d'Hoffmann, dans un mélange
d'allemand et de français). Le vieux tailleur désabusé Eugène Schurzinger
(Hugues Quester) apparaît comme un oiseau de mauvais augure, déclarant que
dans un homme, les femmes ne voient qu'une bonne ou une mauvaise situation.
Casimir et Caroline forment un couple, qui se délite alors que Casimir perd
son emploi de chauffeur. Schurzinger offrirait bien une glace à Caroline,
mais elle veut faire un tour de montagnes russes. Ces dernières sont
figurées par la projections d'une vidéo en noir et blanc, alors que Caroline
est en haut du décor métallique, mi-échafaudage, mi-grillage.
En dehors de la bande de jeunes et de Schurzinger, deux hommes d'un plus haut niveau social courtisent Caroline, qui, libérée de Casimir, se laisse tenter. De son côté, Casimir doit choisir entre la faim et les larcins, personnifiés par Franz le Merkl. Entre ces deux hommes, Erna, remarquablement bien interprétée par Sarah Barbasnikoff, hésite.
J'ai apprécié ce spectacle qui mêle différents genres. Le travail de
mise en scène paraît impressionnant. On trouve presque en permanence plus
d'une dizaine de comédiens sur scène, participant aux festivités, déplaçant
les éléments de décor, projetant un film, dansant ou goûtant une glace,
tandis que le texte passe de la bouche d'un personnage à un autre, sans
temps mort. Ce curieux désordre est ainsi décrit dans le programme :
Comme des atomes identiques agités de mouvements browniens forment des
combinaisons moléculaires différenciées, ainsi se compose un Monde dont le
sens universel échappe, même si localement, les choses s'expliquent un tant
soit peu. Est-ce au spectateur de faire lui-même son montage ? Peut-être,
mais un mystère demeurera au fond des êtres.
2009-03-15 00:49+0100 (Orsay) — Culture — Musique
En janvier, je m'étais retrouvé transitoirement dans la situation où j'avais déjà écouté au moins une fois tous les disques de ma collection. J'envisageais alors quelques achats, qu'il n'y avait pas lieu de précipiter puisque j'allais partir pour un mois en Inde.
Après réception de mes dernières commandes (notamment une semi-intégrale Haydn), je m'aperçois que mes fichiers musicaux (issus de ma collection de CD et de quelques autres enregistrements, pour la plupart issus de DVD d'opéras) viennent de franchir la barre des mille heures.
Bref, j'ai maintenant environ cent cinquante heures de musique nouvelle en réserve.
2009-03-14 21:44+0100 (Orsay) — Culture — Culture indienne — Mathématiques — Photographies
J'ai eu connaissance il y a quelques jours d'une démonstration assez impressionnante de l'équipe de recherche LEAR, dépendant de l'INRIA Rhônes-Alpes et du laboratoire Jean Kuntzmann (Grenoble). L'application de démonstration, Bigimpaz, est utilisable depuis un navigateur Web. En entrée, on choisit une photographie. L'application affiche en sortie les photographies similaires prises dans une base de dix millions de photographies. Cela fonctionne très bien avec certains monuments célèbres : si on choisit une photographie de la Tour Eiffel, du Sacré-Cœur ou du Taj Mahal, on voit paraître de nombreuses autres photographies de ces monuments, eventuellement sous des angles et avec des luminosités différentes.
Tout irait bien si je n'avais pas tenté de regarder ce que renvoyait l'application pour la photographie suivante, prise le 21 août 2007 :
Il s'agit d'une photographie de la sculpture géante de Shiva qui se trouve à Baroda (Gujarat). Le problème, c'est que l'application de démonstration sus-mentionnée fait apparaître une photographie d'une statue en tous points semblable à la première :
(Adresse originale de l'image : http://bigimbaz.inrialpes.fr/data/megabaz/1024x768/579/85df1decdf2bba114bde80d6d2e99.jpg
.
Je ne connais pas le détenteur des droits sur cette photographie. Il est
donc évident que je l'utilise ici sans son accord. Il va de soi que s'il
demandait à ce que je l'enlève, je le ferais ; mais j'espère qu'il
consentirait à répondre à la question qui suit.)
Où se trouve cette statue ?
D'après les données EXIF, la photographie aurait été prise en mars 2007, quelques mois avant que je ne prenne la mienne. Il est donc très peu vraisemblable que les deux photographies soient celles d'un unique exemplaire, qui aurait été déplacé d'un endroit à un autre, en l'occurrence à Baroda. Bref, tel les Statues de la Liberté dont de nombreux exemplaires existent (le concept est même breveté), Shiva portant le trident ne serait pas unique. Je suis preneur de toute aide pour éclaicir ce mystère.
PS (15 février) : Grâce au mail et au commentaire de PB, je connais maintenant la réponse. La statue se trouve à Grand Bassin, à l'île Maurice. Elle aurait été inaugurée assez récemment, en 2007.
2009-03-14 20:31+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Je suis allé aujourd'hui au salon du livre 2009. Le site Internet du
Salon est complètement buggé. Je suppose que c'est fait exprès, pour forcer
les gens à acheter un hebdomadaire partenaire pour pouvoir consulter dans
des conditions acceptables la liste des dédicaces. Il serait pourtant
tellement facile de mettre en ligne cette liste dans un fichier PDF, voire
dans un fichier texte. La boutique ne marche pas mieux puisqu'après que
j'eus commandé une entrée plein tarif, le billet que j'imprimai
comportait la mention Auteur en dédicace
. Je me suis donc fait jeter
à l'entrée grand public
. Mon code-barre ne passait pas non plus du
côté de l'entrée des auteurs, mais sans discuter, on m'a émis un badge
Joeol (sic) Riou, auteur en dédicace
et donné un
hideux cahier rose.
Année après année, la visite au Salon se révèle de plus en plus éprouvante, physiquement. Je ne pourrais pas faire ça plusieurs jours de suite. Les allées sont toujours trop étroites, surtout quand les Bernard Werber, les Amélie Nothomb, les Olivier Adam font des dédicaces. L'année dernière, c'était Daniela Lumbroso...
Sans avoir pris rendez-vous avec elles, j'étais sûr de tomber sur Laurence et Douja du Biblioblog au stand Actes Sud à 14h quand Lyonel Trouillot devait venir dédicacer ses livres. Il était en retard, personne n'avait l'air de savoir où il pouvait se trouver. Après avoir reçu une promesse de nous faire appeler au téléphone quand il arriverait, nous nous sommes retrouvés du côté des éditions de l'atelier in-8 où j'avais déjà pris deux courts textes. À 15h30, je reviens avec Douja du côté d'Actes Sud pour une autre dédicace, trop pleine de monde, à laquelle nous renonçons donc. Mais, qui apercevons-nous ? Lyonel Trouillot, qui s'en va, mais qui promet de revenir dans dix minutes. Pendant ce temps, l'équipe des rédacteurs du Biblioblog se reconstitue. Nous sommes quatre, puisque nous ont rejoints Laurence, Yohan et sa moitié. Quand Lyonel Trouillot arrive, il trouve un coin de table pour nous dédicacer des livres et une discussion enrichissante peut commencer.
J'abandonne les autres pour rejoindre Plon, où Jean-Claude Carrière me dédicace la réédition de Le Mahabharata, récit théâtral chez Albin Michel. J'avais déjà lu à la BnF le texte de cette pièce de théâtre en trois parties, publiée en 1985 par le Centre international des créations théâtrales (bref, le théâtre des Bouffes du Nord dirigé Peter Brook), mais je voulais un exemplaire pour ma bibliothèque. J'ai ensuite fait le tour d'un pâté de stands pour me rendre compte que Jean Teulé était juste en face pour dédicacer Le Montespan. Il prend le temps de faire un dessin, mais c'est apparemment le même pour tout le monde. Plus tard, je verrai Raharimanana pour Madagascar, 1947. Le livre qu'il dédicace contient du texte en français et en malgache. Le club Confusion est complice de l'éditeur Vents d'ailleurs puisque le livre est vendu en deux versions. Bref, je passe quelques minutes à parcourir le livre, pour essayer de voir si les passages en malgache sont bien des traductions des textes en français (à moins que ce ne soit l'inversion, peu m'importe). J'ai déjà conclu que cela semble bien être le cas quand l'auteur vient à ma rescousse et m'explique qu'entre les deux versions du livre vendues, seules diffèrent les couvertures. J'achète son dernier roman chez Philippe Rey un peu plus loin. La dernière dédicace à laquelle je vais est encore chez Actes Sud puisqu'il s'agit de Jeanne Benameur.
Voilà la liste de mes achats :
Cela ne fait que deux livres ayant un rapport avec l'Inde. Il faut bien dire que le stand Z64 où devait prendre place un éditeur indien était tristement inoccupé, et que de chez Picquier, j'ai déjà presque tous les livres qui m'intéressent.
Nombre PAL : 117.
2009-03-11 20:59+0100 (Orsay)
Après avoir considéré la question de savoir si le MP3 rend
sourd, je lis aujourd'hui dans /.
qu'une enquête d'un professeur auprès de ses étudiants indiquerait que si
on leur fait comparer des enregistrements de différentes qualités
techniques, ils
préfèrent le son pourri des MP3 auquel ils sont habitués !
2009-03-07 01:45+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Bastille — 2009-03-06
Rolando Villazón, Werther
Ludovic Tézier, Albert
Alain Vernhes, Le Bailli
Christian Jean, Schmidt
Christian Tréguier, Johann
Susan Graham, Charlotte
Adriana Kucerova, Sophie
Vincent Delhoume, Brühlmann
Letitia Singleton, Kätchen
Kent Nagano, direction musicale
Jürgen Rose, mise en scène, décors, costumes, lumières
Michael Bauer, lumières
David Coleman, études musicales
Martina Weber, assistante à la mise en scène
Gaël Darchen, chef des chœurs
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris
Werther, Massenet
Ah, donc, vous voulez voir Villazón ?
Voilà ce que me demandait
au téléphone un employé de l'Opéra de Paris au moment de finaliser mon
abonnement. Je répondis par l'affirmative et au lieu de la raisonnable
sixième catégorie, je dus donc me résoudre à prendre une onéreuse place en
quatrième catégorie.
L'opéra de Massenet est une adaptation du roman épistolaire Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. Ce roman est dans ma bibliothèque depuis plusieurs mois, mais je n'ai pas encore pris le temps de le lire.
J'ai trouvée que la mise en scène de Jürgen Rose était très réussie. En
particulier, j'ai apprécié l'idée permettant d'évoquer avec le plus
d'acuité le tourment du héros et sa solitude. En effet, même quand il ne
prend pas part à la scène, il reste assis à sa table de travail, qui est
fixée sur un rocher situé au milieu du décor qui tourne, au sens propre,
autour de lui. J'ai un peu plus modérément aimé le fait de recouvrir le
décor de fragments de lettres, mais pourquoi pas. Quelques curiosités :
même au plus fort de ses face-à-face avec Charlotte, Werther, debout,
continue à écrire dans ses carnets ; quand Charlotte s'exclame
Werther
en se rendant compte de sa présence, elle lui tourne le
dos !
Suivant les dates, deux versions de l'œuvre sont présentées. Dans la version pour baryton, c'est Ludovic Tézier qui joue Werther ; c'est d'ailleurs ce qui est arrivé pour la première où Rolando Villazón s'est fait remplacer. Dans la version originale pour ténor, Werther est joué par Rolando Villazón, Charlotte par Susan Graham, Sophie par Adriana Kucerova et Albert par Ludovic Tézier. J'avais déjà eu l'occasion d'entendre ce dernier dans Falstaff et dans Lucia di Lammermoor, inutile de dire qu'il est toujours aussi bon. Je n'avais jamais entendu Susan Graham ni Adriana Kucerova. Le rôle de la jeune Sophie semble fait pour Adriana Kucerova. Susan Graham est impressionnante, autant par la voix que par son jeu. Reste Rolando Villazón. Vu son remplacement lors de la première et les craintes au sujet de sa voix, il y avait de quoi avoir peur pour lui. Le premier acte ne mettant que modérément son talent en valeur, j'ai attendu le deuxième acte pour m'enthousiasmer en l'écoutant chanter l'air Un autre est son époux !. Les scènes en duo avec Susan Graham sont bouleversantes de lyrisme, avec une progression entre le deuxième acte où Charlotte ne paraît pas excessivement affligée et la déchirante mort du héros au quatrième acte, en passant par le troisième acte où elle est torturée par ses sentiments.
Renaud Machart, du Monde, n'a pas du tout aimé cette production. C'est plutôt bon signe. En revanche, Marie-Aude Roux, malheureusement trahie par le typographe, dresse un portrait sensible du ténor français et s'interroge sur sa voix menacée.
2009-03-05 22:19+0100 (Orsay) — Culture — Expositions — Culture indienne — Photographies
En cherchant des informations sur le mythe du barratage de la mer de lait, le photographie Bernard Grismayer était tombé sur mon blog. Il m'avait alors invité au vernissage de l'exposition qu'il réalise à la galerie-librairie Impressions à Paris. Lors du barratage de la mer de lait, un mythe dont la description la plus précise que j'ai lue pour le moment était dans l'édition de Mahâbhârata de Madeleine Biardeau (j'aurai probablement l'occasion d'approfondir cela un peu avec le Bhagavata-Purana), un événement mythique, disais-je donc, au cours duquel, selon des sources qui me sont inconnues, quatre gouttes de la liqueur sacrée amrita se seraient échappées sur quatre villes : Prayag (Allahabad), Ujjain, Haridwar, Nashik. Depuis très longtemps, des pélerinages très importants, appelés Kumbh Mela y ont lieu tous les ans. Tous les douze ans, chacune de ces villes célèbre un Maha Kumbh Mela. Ils rassemblent des dizaines de millions de pélerins... J'ai eu la chance de me trouver à Allahabad en janvier 2007 pendant un Aardh Kumbh Mela, qui se tient six ans avant (ou après) un Maha Kumbh Mela. Les photographies que j'y avais prises sont ici, pour les moins ratées, et là, pour les autres.
Bernard Grismayer expose les très belles photographies qu'il a réalisées dans ces quatres villes pendant le pélerinage du Kumbh Mela. La foule se masse au bord du fleuve sacré. Des hommes et des femmes se baignent dans la Ganga (ou d'une autre rivière suivant l'endroit), prient. Des sadhus les précèdent. Le front des hommes est recouvert de marques sectaires (le plus souvent vishnouistes sur les photographies, m'a-t-il semblé).
J'ai un peu regretté que les photographies ne contiennent pas de légende, fût-elle minimaliste, à savoir indiquant simplement la ville où chacune a été prise. Des quatre villes, n'ayant visité qu'Allahabad, il m'était impossible de deviner où elles avaient été prises puisque le cadrage ne me permettait pas de reconnaître le moindre lieu.
Une photographie a attiré la curiosité des personnes présentes : un portrait d'un homme au visage peint en bleu, avec un chignon tressé, le troisième œil et trois lignes horizontales sur le front, probablement un collier de rudraksha. Bref, une représentation de Shiva. Pour qu'elle fût encore plus fidèle au mythe, il eût peut-être fallu que seule la gorge fût bleue.
L'exposition se tient au 98 rue Quincampoix (côté Nord) jusqu'au 4 avril, apparemment le mercredi de 18h à 21h et le samedi de 14h à 20h.
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Entre hier et aujourd'hui, j'ai fait 3h de cours, 3h de travaux pratiques en calcul formel et 3h30 d'exposé sur la dualité en cohomologie étale ; je suis crevé.
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