« Joyce DiDonato au TCE | Gérard Larcher et le débat parlementaire »
2010-09-25 04:33+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2010-09-24
Yannis Pouspourikas, direction musicale
Orchestre Colonne
Hector Berlioz, musique (Marche, extrait de l'opéra Les Troyens)
Les étoiles, les premiers danseurs, le corps du ballet et les élèves de l'école de danse
Défilé du ballet
Roland Petit, chorégraphie (1974)
César Franck, musique (Psyché)
Camille Saint-Saëns, musique (Symphonie nº3 avec orgue)
Luisa Spinatelli, costumes
Jean-Michel Désiré, lumières
Benjamin Pech
Eleonora Abbagnato
Proust ou les intermittences du
cœur, extrait du tableau VII La regarder dormir
ou la réalité
ennemie
Jacques Prévert, argument
Joseph Kosma, musique originale
Roland Petit, chorégraphie (1945)
Pablo Picasso, rideau de scène
Brassaï, décors
Mayo, costumes
Jean-Michel Désiré, lumières
Jan Broeckx, assistant du chorégraphe
Isabelle Ciaravola, La plus belle fille du monde
Nicolas Le Riche, Le jeune homme
Michaël Denard, Le destin
Hugo Vigliotti, Le bossu
Charlotte Ranson, La fleuriste
Juliette Hilaire, Jenniger Visocchi, Les filles
Pierre Rétif, Le lanceur de tracts
Sophie Mayoux, Neven Ritmanic, Clémence Gross, Ulysse Zangs, Les enfants qui s'aiment
Daniel Stokes, Cyril Chokroun, Alexandre Gasse, Erwan Le Roux, Les garçons
Pascal Aubin, Le chanteur
Anthony Millet, L'accordéoniste
Le Rendez-vous
Jean Anouilh, Georges Neveux, argument
Henri Dutilleux, musique originale
Roland Petit, chorégraphie (1953)
Carzou, décors et costumes
Jean-Michel Désiré, lumières
Jean-Philippe Halnaut, assistant du chorégraphe
Émilie Cozette, La jeune fille
Stéphane Bullion, Le loup
Amandine Albisson, La Bohémienne
Christophe Duquenne, La jeune homme
Alexis Renaud, Le montreur de bêtes
Marie-Isabelle Peracchi, La mère
Le Loup
Jean Cocteau, argument
Johann Sebastien Bach, musique (Passacaille en do mineur, BWV 582, orchestrée par Alexandre Goedicke)
Roland Petit, chorégraphie (1946)
Georges Wakhevitch, décors
Costumes d'après Karinska
Jean-Michel Désiré, lumières
Jan Broeckx, assistant du chorégraphe
Jérémie Bélingard
Alice Renavand
Le Jeune Homme et la Mort
Cela n'a presque l'air de rien quand on en voit des photographies. Par curiosité, j'avais quand même envie de voir le défilé du ballet de l'Opéra. Deux possibilités (en fait trois, en comptant la répétition générale). Payer très cher et mettre un smoking en allant au Gala AROP de mercredi. Ou bien attendre la deuxième représentation, dont les places sont à des prix quelque peu majorés mais pas trop par rapport aux autres représentations du spectacle Roland Petit qui ne seront pas précédées du défilé.
Bref, j'avais tenté ma chance au guichet fin août et avais obtenu un
strapontin à l'amphithéâtre. Sachant que le défilé utiliserait toute la
profondeur de la scène, il vallait mieux être de face. Je m'inquiétais de
ce que mon billet comportât la mention Visibilité réduite
, mais il
s'est avéré qu'en me penchant un tout petit peu, j'avais une vue dégagée
sur toute la scène, et même plus de place pour les jambes qu'aux chaises
voisines...
Sur papier glacé, disais-je donc, ce n'est pas particulièrement impressionnant. Pourtant, à vivre, la simplicité géométrique, la musique de la marche des Troyens (Berlioz), les tenues blanches des danseurs qui passent en rangs ou seuls, des plus jeunes élèves de l'école de danse au danseur étoile Nicolas Le Riche, les applaudissements nourris pour tous (mais certains plus que d'autres), quinze minutes durant, c'est un spectacle absolument irrésistible. Je ne m'attendais pas à une telle intensité. (Derrière moi, il y avait une spectatrice qui m'a dit qu'elle ne venait que pour le défilé. Elle est partie juste après !)
Au programme de la série de spectacles Roland Petit se
trouvaient trois ballets de ce chorégraphe. Après le défilé, en bonus, nous
avons eu un extrait de Proust ou les intermittences du cœur, plus
précisément le tableau que j'avais qualifié de superbement
esthétique
, à savoir celui intitulé La regarder dormir
, et
qui était dansé ce soir par Benjamin Pech (Proust jeune) et Eleonora
Abbagnato (Albertine), une première danseuse que je voyais pour la première
fois.
Le programme ordinaire
pouvait commencer. Une musique inoubliable
de Joseph Kosma (chantée par moments par Pascal Aubin, coryphée), un
argument de Prévert, un rideau de scène de Picasso : Le
Rendez-vous, avec notamment Nicolas Le Riche, Isabelle Ciaravola (La
plus belle fille du monde), Michaël Denard (Le destin), Hugo Vigliotti (Le
bossu). Comme celle des deux autres ballets qui vont suivre, l'histoire est
franchement triste. Un jeune homme se fait remettre un oracle annonçant sa
mort. Il rencontre le Destin et plaide sa cause, prétextant avoir un
rendez-vous de prévu avec la plus belle fille du monde. Le Destin lui
répond que c'est rigoureusement exact. Quand le jeune homme la rencontre,
il danse langoureusement avec elle, mais elle lui tranche la gorge.
Dans Le Loup, un jeune marié (Christophe Duquenne) s'en va avec une Bohémienne (Amandine Albisson), laissant sa jeune épouse (Émilie Cozette) avec un loup (Stéphane Bullion). En effet, avec un montreur d'animaux, les deux lui ont fait croire que son mari s'était transformé en loup par magie. La jeune femme et le loup vont s'apprivoiser l'un l'autre progressivement, au point qu'elle préférera le loup à son légitime quoiqu'inconstant époux quand le simulacre de transformation inverse sera réalisé. Il n'y aurait pas d'histoire si les villageois aimaient avoir un loup dans les parages. Armés de leurs fourches, ils le poursuivent. Bien qu'ils tentent d'éloigner la jeune femme, celle-ci s'interposera lorsque les coups fatals seront assenés. Ils mourront tous les deux. Les costumes de ce ballet sont très colorés, les décors très champêtres. A priori, on est très loin de la noirceur du Rendez-vous, mais d'un autre côté, la musique de Dutilleux est audacieuse, légèrement agressive (au point de choquer quelques oreilles dans le public).
Le dernier ballet de la soirée est Le Jeune Homme et la Mort, dansé par Jérémie Bélingard et Alice Renavand. Une jeune femme pousse un jeune homme au suicide. Elle revient sous les traits de la Mort, et ils s'en vont tous les deux sur les toits de Paris. La version orchestrale de Goedicke de la Passacaille (BWV 582) de Bach semble faite pour illustrer ce ballet... Hormis la musique, ce qui m'impressionne le plus est la fébrilité des personnages. Ce ballet est en effet d'une rare violence. Les chaises fusent. La table tombe. Pourtant, malgré cette agitation, le jeune homme arrive à se tenir en équilibre sur un pied de la table.
À la fin de la représentation, les premiers rôles des quatre ballets présentés viennent tous saluer le public. Premier frémissement quand un homme rejoint le centre de la scène. C'est le chef d'orchestre Yannis Pouspourikas (qui dirigeait l'Orchestre Colonne). Quand un deuxième frémissement se fait sentir, le doute n'est plus permis, c'est bien Roland Petit (86 ans) qui vient saluer ! Avec les danseurs, il recueille des applaudissements qui ne discontinueront pas pendant de longues minutes.
Un nouvel adepte du défilé ! C'est curieux, mais autant je trouve cette curiosité charmante et amusante, autant je ne parviens pas à en ressentir la moindre émotion. Ce doit être ma réticence à l'encontre de l'image de la ballerine, tutu-pointes-diadèmes.
Eleonora Abbagnato dans la Prisonnière (enfin, le tableau "la regarder dormir", auquel on donne parfois cet autre nom lorsqu'il est donné seul), vous êtes chanceux ! Je suis tellement contente qu'elle soit de retour. Qu'avez-vous pensé d'elle ?
C'est vrai que les personnages du dernier ballet sont bien fébriles ; j'adore la puissance qui se dégage de toute cette violence. Il faudrait très longtemps pour que je m'en lasse... Je crois cependant que je n'ai pas assez accroché aux autres pour retourner voir une autre distribution (adieu, Leriche !), à moins de recevoir rapidement le pass' jeunes.
A priori, je ne suis pas fan non plus de la ballerine en tutu. Et pourtant.
Je n'ai pas encore vraiment d'opinion sur Eleonora Abbagnato ; pour le moment, disons que j'aimerais bien la revoir.
Bonsoir,
Comment eut-on pu penser, ce soir là, que la plus ancienne Etoile nommée et qui aurait ainsi dû défiler non seulement après la représentation, mais avec les élèves, les quadrilles, les Coryphées, les Sujets dont il fut ?
Hommage à Roland Petit...
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