Weblog de Joël Riou

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Janaki Rangarajan au Musée Guimet

2013-09-22 16:51+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne

Auditorium du Musée Guimet — 2013-09-21

Janaki Rangarajan, bharatanatyam, chorégraphies

Smt. Nandini Sharma Narayanan, chant

Vedakrishnaram, mridangam

Prasanna Kumar, nattuvangam

Kandadevi Vijay Raghavan, violon

Samviksana — une exploration

Alarippu

Shivoham

Varnam

Kuruyadunandana

Tillana

Samedi, pendant que les balletomanes parisiens assistaient à la première de la reprise de La Dame aux camélias à l'Opéra de Paris, j'allais à l'auditorium du Musée Guimet pour la deuxième représentation du récital de bharatanatyam de Janaki Rangarajan, intitulé Samviksana — une exploration. En visionnant des extraits du DVD Rasaanubhavan, je me disais que si elle dansait comme sur la vidéo, elle entrerait certainement dans le club très fermé de mes danseuses de bharatanatyam préférées. Cela n'a pas loupé, bien qu'elle ait dansé des pièces toutes différentes.

Le récital a commencé par un Alarippu, une pièce de danse pure dans laquelle les mouvements de la danseuse se sont faits progressivement de plus en plus rapides, suivie de Shivoham, une chorégraphie accompagnant un texte philosophique non-dualiste d'Adi Shankara ; si le sens du texte ne m'est pas complètement étranger, son expression chorégraphique m'a quelque peu échappé.

Je n'ai en revanche pas eu de problème pour comprendre le sens du Varnam, la pièce principale du récital. La musique est de Ponnayya Pillai (XIXe siècle) et la chorégraphie est de la danseuse. Comme beaucoup de Varnam, celui-ci représente une héroïne (nayika) qui se languit d'une divinité, en l'occurrence Shiva, sous le nom de Brihadesvara, lequel réside dans le grand temple de Tanjore :

Photo 145
Grand temple de Thanjavur

Le Varnam est divisé en plusieurs séquences. Au début de chacune d'entre elles, la danseuse règle son tempo avec des frappes de pieds et des mouvements d'yeux. Ceci est la préparation pour un jati, une suite de pas de danse pure accompagnée ici soit par des onomatopées rythmiques soit par des swaras, c'est-à-dire des notes dont le nom (Sa, Re, Ga, Ma, Pa, Dha, Ni) est prononcé par la chanteuse. J'apprécie tout particulièrement la transition intervenant à la fin des jatis où le rythme s'efface en faveur de la mélodie. En Inde, le public applaudit souvent les jatis, ce qui gâche le plaisir musical que devrait me procurer cette transition. Quand la mélodie du violon et du chant reprend le dessus, on passe de la danse pure à la danse narrative, la composante de la danse que je préfère (qu'il s'agisse de danses indiennes ou non...).

Les parties narratives étaient de deux sortes. Les plus nombreuses évoquaient les sentiments de la nayika. Tantôt dévôte, elle éxecute des rituels shivaïtes (magnifiquement accompagnés par le son du violon), tantôt amoureuse, elle supplie Shiva de la rejoindre. L'amour est évoqué par l'éclosion de lotus, le butinement des abeilles, et semble-t-il l'évocation de couples d'oiseaux. Les qualités d'expression de la danseuse sont un véritable délice (et ce d'autant plus que j'avais pu prendre place au premier rang). Totalement submergée par ses sentiments, ardente, elle souffre de l'absence de Shiva. Sa nourriture perd tout son goût et lui paraît insupportable. Plus tard, on la voit se faire belle puis être exaucée. Dans les dernières scènes, à nouveau seule, sa tristesse relative sera associée à l'expression d'un certain contentement.

Les quelques scènes qui n'étaient pas centrées sur les sentiments de l'héroïne évoquaient des exploits de Shiva. Le plus impressionnant racontait une légende associant le sage Markandeya, le dieu de la mort Yama et Shiva. La littérature sanskrite évoque Yama comme étant armé d'un lacet dont il se sert pour retirer la vie. La danseuse a ainsi représenté Yama arrivant par la droite de la scène, elle a mis en valeur son terrifiant lacet qu'il a lancé vers le côté opposé, où le jeune Markandeya a été représenté en train de se débattre avec le lacet fermement enroulé autour du cou. Shiva est alors intervenu pour le sauver en récompense de sa dévotion. (Il faut remercier la voix-off Isabelle Anna d'avoir dit quelques mots à ce propos dans sa présentation du Varnam : ce qui m'a semblé limpide m'aurait sans doute paru incompréhensible sans cette explication préalable.) Dans une autre scène, il m'a semblé (mais je peux me tromper) que la danseuse évoquait le rôle de Shiva dans le mythe du barratage de la mer de lait qui lui vaut le nom de Nilakantha (celui qui a la gorge bleue) : quand il avale le poison qui allait détruive l'univers, celui-ci s'arrête au niveau du cou et lui laisse une marque bleue. D'autres attributs de Shiva ont aussi été représentés, comme la peau de tigre ou le troisième œil pouvant réduire ses ennemis en cendres.

Je n'ai pas compté le nombre de passages narratifs dans ce Varnam très élaboré : il y en a eu tellement ! Bien que centré sur la situation classique de la nayika se languissant d'une divinité, la palette de couleurs émotionnelle (rasas) utilisée dans ce Varnam est très riche ! Les jatis ont également été très nombreux. Ces passages rythmiques ont été très variés et exécutés avec une grande musicalité. Leur virtuosité, réelle, n'était pas écrasante puisque chacun de ces jatis était plutôt bref. L'ensemble m'a paru très harmonieux, entre la vivacité des mouvements des bras et des frappes de pieds (particulièrement appuyées dans les postures plus masculines) et l'insertion tout en fluidité de poses très courbes. Rarement un Varnam ne m'aura autant émerveillé et ému...

La pièce suivante Kuruyadunandana est narrative. Le texte est tiré du dernier chant du Gîta-Govinda de Jayadeva évoquant les amours Radha et Krishna. Pendant presque toute la durée de la pièce, Radha est assise ou allongée de façon lascive sur la scène. Le travail de la danseuse dans l'expression, jusque dans les moindres détails, est superbe, comme lorsqu'un sourcil de Krishna est animé d'un mouvement quand il aide Radha à se maquiller, à tresser ses cheveux ou à les arranger en chignon.

Le récital se termine avec un Tillana qui m'a semblé assez original. D'une part, les syllabes utilisées par la chanteuse sont les noms des notes de la gamme indienne, ce qui est inhabituel dans ce type de pièces, et d'autre part, la gestuelle de la danseuse et ses mouvements dans l'espèce scénique me semblent aussi sortir de l'ordinaire. La pièce se conclut sur un mantra suivi de la syllabe Om.

L'accueil du public ayant été très chaleureux, la danseuse a prononcé quelques mots, exprimant à quel point elle aimait Paris et son public. La prochaine fois, elle essaierait de le dire en français, même si elle ne se sent pas assez intelligente pour cela (elle est pourtant docteure en génétique moléculaire). Enfin, elle a dansé une pièce supplémentaire de danse pure accompagnée des onomatopées rythmiques du nattuvanar.

Ailleurs : Danzine.

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Planning de septembre 2013

2013-09-12 12:15+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Culture indienne — Planning

Voici mon programme de spectacles pour ce début de saison 2013/2014 :

  • 1er septembre 2013 (Salle Pleyel) : Je pensais attendre de visiter Berlin un de ces jours pour entendre les Berliner Philharmoniker, mais une place à 10€ m'a été proposée pour ce remarquable concert Schönberg/Berg/Stravinski.
  • 12 septembre 2013 (Salle Pleyel) : Je me suis décidé à prendre une place pour ce programme de rentrée de l'Orchestre de Paris, plutôt pour Janine Jansen dans le concerto pour violon nº2 de Prokofiev que pour Carmina Burana...
  • 15 septembre 2013 (Salle des Fêtes, Mairie du 13e) : Le Ballet Classique Khmer (qui est établi en France, contrairement au Ballet Royal du Cambodge) interprétera un ballet adapté de l'épopée indienne du Rāmāyaṇa.
  • 19 septembre 2013 (Opéra Garnier) : Alceste de Gluck à Garnier.
  • 20 septembre 2013 (Cité de la musique) : Que ma joie demeure ! d'Alexandre Astier.
  • 21 septembre 2013 (Musée Guimet) : J'ai hâte d'assister à ce récital de bharatanatyam de Janaki Rangarajan, disciple de Padma Subhramanyam.
  • 24 septembre 2013 (Opéra Garnier) : La première fois que je verrai La Dame aux camélias au cours de cette série de représentations sera sans doute avec Eleonora Abbagnato dans le rôle de Marguerite et Benjamin Pech dans celui d'Armand Duval.
  • 27 septembre 2013 (Cité de la musique) : Je ne sais plus à quoi je pensais que j'ai réservé ce concert de l'Ensemble Intercontemporain, mais j'écouterai avec plaisir la Sonate pour violoncelle de Bernd Aloïs Zimmermann, un compositeur que j'ai découvert il y a quelques mois à Dijon.
  • 29 septembre 2013 (Théâtre des Champs-Élysées) : Quelques quatuors avec flûte avec des musiciens berlinois autour d'Emmanuel Pahud, ça ne se refuse pas...
  • 29 septembre 2013 : Nirmalya Dey sera de passage à Paris à la fin du mois et il devrait donner un concert de chant dhrupad (Inde). (N'hésitez-pas à me demander des infos plus précises si cela vous intéresse.)
  • 30 septembre 2013 (Opéra Bastille) : J'irai sans doute un peu plus souvent écouter des opéras à Bastille cette année que l'année dernière. Cela commencera avec L'Affaire Makropoulos de Janáček, si le RER B le veut bien.

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Sada Dosa

2013-09-03 22:04+0200 (Orsay) — Culture indienne — Cuisine

De toute la cuisine indienne, le Sambhar est l'élément que je préfère. Il s'agit de cette sauce plus ou moins visqueuse qui accompagne toutes sortes de plats dans la cuisine du Sud de l'Inde. Je raffole particulièrement du Sambhar Vada : un ou plusieurs beignets (Vada) sont servis plongés dans une très généreuse ration de Sambhar. Si j'ai encore beaucoup de progrès à faire pour obtenir un Sambhar qui rivalise avec les plus délicieux que j'aie goûtés, je commence à obtenir des résultats très satisfaisants pour ce qui est du Dosa. Dans les restaurants, cette crêpe à base de riz et de lentilles est servie seule sous le nom de Sada Dosa ou de Masala Dosa quand elle est accompagnée d'une préparation de pommes de terre.

Photo sada-dosa
Sada Dosa & Sambhar

N'ayant pu me procurer de graines de fenugrec (methi) ces dernières semaines, je n'en avais pas mis dans la pâte les fois précédentes. Cette fois-ci, j'en ai mis généreusement ; je ne sais pas si cet ajout a véritablement contribué à améliorer le résulat, en tout cas, la conséquence est qu'après une trentaine d'heures de fermentation, mon appartement était embaumé...

Il est facile de trouver à manger des Dosa à Paris, mais je n'ai pas encore trouvé de restaurant qui serve des Appam, une autre sorte de crêpe (sucrée) originaire Kerala à base de riz et de noix de coco. Je tenterais bien d'en faire en suivant les indications de cette vidéo, mais je ne suis toujours pas remis de l'instant où en regardant sa pâte fermentée une des deux cuisinières dit It looks like it's alive! (vers 3'49").

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