« Ravitaillement en thé | Réorganisation musicale »
2006-01-20 22:18+0100 (Grigny)
Je ne me trouve pas très doué pour les langues étrangères. J'ai appris l'anglais à l'école, je me débrouille plutôt honorablement dans cette langue (entre le collège, le lycée et les classes préparatoires, cela fait neuf ans de cours, il serait assez risible que cela n'eût servi à rien !), si je n'ai pas de difficulté particulière pour comprendre des articles de presse en anglais, je n'ai pas encore tout à fait le niveau pour lire des œuvres littéraires. Je suis aussi censé avoir fait de l'allemand pendant un certain nombre d'années, mais mon niveau est assez risible : même pour acheter des billets de train au guichet en Allemagne, je suis limite...
J'envie ceux qui semblent avoir de grandes facilités à apprendre de nouvelles langues, ou qui ont su approfondir leur connaissance d'une langue étrangère pour la maîtriser à fond.
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J'habite à Grigny (Essonne) depuis deux ans et demi. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette ville, assez jeune, est visiblement riche d'une très grande diversité culturelle. Par conséquent, les langues parlées sont aussi très variées. Parmi ces langues, beaucoup me sont complètement étrangères dans la mesure où je ne connais même pas leur nom, bien que je puisse émettre des conjectures (et je suis trop timide pour interrompre une discussion entre gens qui me sont inconnus pour leur dire quelque chose comme « Au fait, j'aime bien les sonorités de votre langue, pourriez-vous me dire comment elle s'appelle ? »).
Ce matin, j'arrivais à la station de RER et allais m'installer sur les sièges-qui-ne-sont-pas-des-bancs pour attendre mon train. Je commençais à lire très doucement les premières lignes d'une pièce de Hugo (figurant dans un recueil de pièces comprenant Le roi s'amuse...) quand je fus tout à coup déconcentré par la conversation de mes voisins. Ils ne parlaient pas français, mais ce n'est pas cela qui m'a déconcentré, bien au contraire : il m'est quasiment impossible de lire un texte attentivement si j'entends par ailleurs des paroles qui me sont intelligibles. Des paroles dans une langue à laquelle je ne comprends goutte ne me gênent pas ; bizarrement, je n'aime pas lire en écoutant de la musique (même instrumentale), pourtant je n'ai presqu'aucune connaissance technique en matière de musique.
Revenons à mes
voisins, dans les premières secondes, je n'identifiais pas vraiment
la langue qu'ils parlaient, puis tout à coup, dans ce qui me semblait une
bouillie de phonèmes, je distinguai des नहीं
, उसके
ou encore des बहुत अच्छी
; il s'agissait bien de hindi. Rempli de la satisfaction d'avoir identifié cette langue, que je n'ai eu qu'une poignée d'occasions d'entendre en France (j'aimerais trouver le temps de l'apprendre, je n'ai jamais dépassé le stade de la dixième leçon de la méthode Assimil, ce qui permet cependant de suivre l'intrigue de certains films...), je pouvais monter dans le train qui venait d'arriver et reprendre ma lecture.
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En rentrant de mon bureau, je me posais une autre question linguistique concernant les gens qui utilisent une langue qui s'écrit dans plusieurs alphabets : appréhendent-ils la lecture de textes de manière différente suivant l'alphabet utilisé ? Je pensais notamment aux sanskritistes travaillant avec les alphabets indiens et leur transcription latine scientifique (IAST) ; au passage, j'ai lu récemment que le sanskrit s'écrivait traditionnellement dans tous les alphabets indiens et que ce n'était que depuis la colonisation anglaise que l'alphabet devanāgarī s'était généralisé pour écrire les textes sanskrits. On peut aussi penser aux gens comprenant les textes écrits en ourdou et en hindi, l'ourdou utilisant l'alphabet arabe et le hindi l'alphabet devanāgarī. De façon analogue, peut-on acquérir la faculté de comprendre un texte écrit en transcription phonétique aussi bien que s'il était écrit dans l'alphabet usuel ? Y compris en « lecture rapide » ?
Inversement, pour améliorer l'expression orale et, qui sait, faire dépérir le French accent, peut-être faudrait-il enseigner sérieusement l'alphabet phonétique aux écoliers français, et les faire travailler avec les deux alphabets dans leur apprentissage de l'anglais ?
Je me pose notamment la question pour le japonais, où on peut souvent, pour un mot donné, choisir de l'écrire avec des kanjis ou avec des kanas (voire en mélangeant les deux), et peut-être que parfois on a le choix entre plusieurs kanjis : ce sont des différences qui disparaissent à la simple transcription. Je me demande si cela donne une impression un peu différente du mot selon qu'il est écrit de telle ou telle façon (on pourrait par exemple imaginer qu'un auteur écrirait un texte en choisissant de noter systématiquement un mot commun et important avec un kanji rare et recherché).
La même chose se produit à peu près pour l'égyptien hiéroglyphique : on a souvent énormément de façons d'écrire un mot donné (selon qu'on le transcrit complètement ou qu'on omet tel ou tel phonème, qu'on utilise tel ou tel déterminatif ou aucun, etc.). Il me semble cependant comprendre que les scribes faisaient leur choix plutôt d'après l'espace dont ils disposaient et l'élégance de l'arrangement des dessins plutôt que d'après des nuances de sens sur le mot.
On pourrait faire l'expérience de développer une écriture complètement différente du français ou de l'anglais (d'ailleurs certaines existent déjà : le shavian, <URL: http://www.omniglot.com/writing/shavian.htm >
pour l'anglais, par exemple, qui est même dans Unicode, ou bien sûr l'API pour à peu près n'importe quelle langue ; mais ce serait intéressant de faire des essais avec des écritures plus ou moins idéographiques, peut-être en utilisant les blissymboles, <URL: http://www.blissymbolics.org/ >
). Et voir quel effet produit un texte écrit de cette façon.
Je pensais justement au probleme de notre mauvais accent francais il y a quelques jours. Et je pense que notre principal probleme vient du fait que les alphabets sont les meme pour les deux langues. Il y a pleins de sons que l'on sait tres bien prononcer parce qu'on a a peu pres les meme en francais et pourtant, on ne les utilise pas la ou il faut. Exemple typique "because", ou tout les "i" courts (milk, to live, grim...).
Je me demande si des gens ont deja tente d'enseigner l'anglais en utilisant un autre alphabet comme tu le suggeres.
En tout cas, la période où j'ai le plus progressé en anglais était les classes préparatoires, où une des premières choses que l'on a étudiées était l'alphabet phonétique, avec toutes les subtilités que cela faisait découvrir sur la prononciation de mots assez courants : “analyse”, “analysis”, “jeopardize”.
bonjour, je m'intéresse aussi aux langues; je suis un auto-didacte parce que je n'ai pas pu faire d'études; j'ai appris le chinois, l'arabe, le grec ancien,le tibétain, l'espagnol, le catalan, l'italien, etc... je suis un ancien prof de musique et ce sont les sonorités qui me sont agréables; depuis peu j'apprends le sankrit avec la méthode d'un prof d'aix en provence, sylvain brocquet, mais j'aimerais savoir si je peux me procurer l'assimil de balbir, et aussi l'assimil de hindi; un cd de sanskrit du manuel de brocquet par gopabandhu mishra est en cours, je crois d'enregistrement; pourriez-vous me renseigner ? merci beaucoup;
claude colon
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