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2013-04-08 23:38+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Culture indienne
J'ai déjà eu l'occasion de revenir sur les concerts des Solistes des Berliner Philharmoniker. Les fabuleux concerts de l'Orchestre de Paris avec Leonidas Kavakos (concerto de Sibelius) feront l'objet d'un prochain billet. En attendant, voici le vite dit d'avril, récapitulant mes impressions sur les autres spectacles vus au cours du mois :
Théâtre des Champs-Élysées — 2013-04-04
Luc Héry, violon solo
Orchestre national de France
David Afkham, direction
Atmosphères, György Ligeti
Till Fellner, piano
Concerto pour piano nº3 et ut mineur op 37 (Beethoven)
Roméo et Juliette, extraits (Prokofiev)
Mes dernières expériences de spectateur avec l'Orchestre National de France dataient d'il y a deux ans et étaient très contrastées. Ce concert m'a réconcilié avec cet orchestre et permis d'entendre Maria Chorokoliyska, la merveilleuse contrebassiste solo de l'orchestre dont l'engagement est impressionnant. Elle me consolerait presque de la retraite prise par Bernard Cazauran de l'Orchestre de Paris. Si j'ai pu la voir, c'est en raison des bruyants scolaires qui m'ont gâché l'audition de Atmosphères de Ligeti : entre deux œuvres, le temps que le piano soit installé, je me suis replacé du côté opposé ce qui me permit de voir les contrebasses, et de ne pas en détourner mon regard, mon cou douloureux étant immobilisé par un torticolis...
Je me suis amusé de ce que le troisième concerto pour piano de Beeethoven commence par les trois mêmes notes que le thème de l'Offrande musicale (do-mi♭-sol). L'orchestre était tellement agréable à écouter que j'ai été surpris par l'entrée du piano... Les extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev furent irrésistible ! Le chef David Afkham s'est même offert la fantaisie de se recoiffer pendant La Mort de Tybalt.
Le concert était précédée d'une Appoggiature
animée par Clément
Lebrun et agrémentée d'extraits musicaux joués par les musiciens de
l'orchestre. Il est suffisamment rare que l'on parle de musique (et pas
uniquement des musiciens) pendant les exposés musicologiques précédant
certains concerts pour que ce soit signalé.
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Amphithéâtre de la Cité de la musique — 2013-04-06
Blandine Rannou, clavecin
Variations Goldberg, BWV 988, Johann Sebastian Bach.
J'ai été très déçu par ce concert. L'Aria des Variations
Goldberg m'a paru tellement interminable que je me demandais si
l'interprète cherchait à battre un record de lenteur. L'interprétation de
Blandine Rannou a en effet duré un peu moins d'une heure quarante (à
comparer aux 1h18 de Pierre Hantaï, 1h24 d'Evgeni Koroliov et aux 37
minutes de Glenn Gould en 1959). D'une part, la lenteur n'aide pas à
maintenir l'attention des spectateurs (j'ai faibli autour de la vingtième
des trente variations) ; d'autre part, plus on joue lentement plus les
couacs se font entendre distinctement. Il y en a eu un certain nombre... Le
plus frappant est intervenu au début de la 14e variation : après
une ou deux mesures, l'interprète est tout simplement revenue au début. Si
j'ai pris assez peu de plaisir pendant ce concert, j'ai toutefois trouvé
que la 23e variation avait été jouée de façon vraiment
remarquable. Étrangement, un spectateur a lancé un Bravo
à la fin de
la 25e ; pensait-il que le concert était terminé ? À partir de
ce moment-là, des spectateurs inquiets de la durée imprévue du concert ont
commencé à s'enfuir un peu bruyamment pour rejoindre l'autre salle de la
Cité de la musique où le concert suivant du Marathon Bach allait
commencer...
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Centre Mandapa — 2013-04-11
Aurélie Oudiette, danse kathak
Pandit Jaikishan Maharaj, Isabelle Anna, chorégraphies
J'ai décidé au dernier moment d'aller voir ce récital d'Aurélie Oudiette
et je ne l'ai pas regretté ! Depuis un récital d'Isabelle
Anna et Anuj Mishra, j'espérais voir un récital de kathak résolument
tourné vers la narration, une composante de la danse privilégiée par les
interprètes féminines. Cet espoir a été exaucé. La première pièce
Vandaran Shantha Vishnu représentait Vishnu et Lakshmi et
comportait certainement le plus beau visuel du récital avec la
représentation de Vishnu couché sur le serpent Shesha, l'accent était
particulièrement mis sur l'épithète Padmanabha
indiquant que de son
nombril émerge un lotus (sur lequel se tient Brahma). Les mouvements
ondulatoires des mains qui semblent assez utilisés dans la danse pure en
kathak trouvent ici une merveilleuse expression quand il s'agit d'évoquer
le cordon ombilical ou la tige de ce lotus. Cette pièce comme la plupart
des autres était enchaînée à des passages de danse pure sur une musique
rythmique (parfois solfiée) sur des cycles variés (Tîntal, Japtal,
Chautal). La pièce suivante a évoqué Krishna (tenant le mont Govardhana à
la force d'un seul doigt ou portant le disque). Un changement de costume
est intervenu avant la deuxième partie du récital d'inspiration moghole,
plus tournée vers la séduction que les thèmes sacrés. Une pièce mettra
ainsi en scène une courtisane, une autre évoquera les amours de Krishna et
Radha et enfin une troisième évoquera une femme espiègle et séductrice qui
insupporte son mari en faisant tinter ses bracelets. Le récital s'est
terminé avec une pièce de danse pure dans laquelle Isabelle Anna prononçait
les syllabes rythmiques sur lesquelles les mouvements de la danseuse
s'appuyaient. Le cycle rythmique était Chautal (12 temps). Si les temps forts
étaient au début marqués de façon très nette, avec une virtuosité d'autant
plus grande que l'on s'approchait de la fin des cycles rythmiques, les
développements successifs ont mis en lumière des variations très complexes
et nettement moins évidentes à suivre !
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Salle Pleyel — 2013-04-13
Quatuor Hagen
Lukas Hagen, Rainer Schmidt, violons
Veronika Hagen, alto
Clemens Hagen, violoncelle
Quatuor à cordes nº15 (Beethoven)
Quatuor à cordes nº8 “Razumovski” (Beethoven)
Salle Pleyel — 2013-04-14
Quatuor Hagen
Lukas Hagen, Rainer Schmidt, violons
Veronika Hagen, alto
Clemens Hagen, violoncelle
Quatuor à cordes nº11 “Quartetto serioso” (Beethoven)
Quatuor à cordes nº10 “Les Harpes” (Beethoven)
Quatuor à cordes nº6 (Beethoven)
Salle Pleyel — 2013-04-14
Quatuor Hagen
Lukas Hagen, Rainer Schmidt, violons
Veronika Hagen, alto
Clemens Hagen, violoncelle
Quatuor à cordes nº9 “Razumovski” (Beethoven)
Quatuor à cordes nº13 (Beethoven)
Grande Fugue, op. 133 (Beethoven)
J'ai assisté à ces trois premiers concerts de l'intégrale Beethoven par le quatuor Hagen. J'en ressors émerveillé par la variété de la production du compositeur en la matière. Le quatuor Hagen m'a tout particulèrement ému pendant les mouvements lents, comme la première moitié Adagio du quatrième mouvement du Quatuor nº6 ou le Molto Adagio du Quatuor nº8 “Razumovski”. Lors du premier concert, j'ai été bluffé par l'unité du quatuor que je n'ai plus vraiment regardé, mais seulement écouté comme s'il s'agissait d'un unique instrument.
Une partie public s'est montré particulèrement grossière lors du concert du samedi soir. Les tousseurs sont une plaie. On peut presque s'estimer heureux quand les toux se concentrent entre les mouvements ; c'est un moindre mal. Cependant, il est inacceptable qu'à la fin d'un mouvement lent les hordes de toux se déclenchent sur le silence de fin alors que les archets des musiciens sont encore en contact avec les cordes... Le concert du dimanche matin s'est passé dans de bonnes conditions, mais la première moitié de celui de l'après-midi m'a été rendue insupportable par les ronflements du spectateur situé derrière moi, et ce pendant toute la durée du quatuor nº9 “Razumovski”. Replacé à l'arrière-scène pour le quatuor nº13, j'ai pour la première fois entendu le bruit de fond de la salle Pleyel. C'est un bruit irrégulier assez déplaisant (ventilation, canalisations, appareils électronico-mécaniques ?). D'après mes expérimentations plus récentes en Salle Pleyel, cela ne s'entend que depuis l'arrière-scène pendant les passages les plus doux.
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Opéra Garnier — 2013-04-14
Jochen Schmeckenbecher, Peter
Irmgard Vilsmaier, Gertrud
Daniela Sindram, Hänsel
Anne-Catherine Gillet, Gretel
Anja Silja, Die Knusperhexe
Elodie Hache, Sandmännchen
Olga Seliverstova, Taumännchen
Claus Peter Flor, direction musicale
Mariame Clément, mise en scène
Julia Hansen, décors et costumes
Philippe Berthomé, éclairages
Mathieu Guilhaumon, chorégraphie
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine, Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris
Hänsel und Gretel, Humperdinck
La musique de Humperdinck sauve cette soirée. Le compositeur a manifestement bien écouté Wagner dont quelques effets orchestraux sont réutilisés dans Hänsel et Gretel. Parfois, j'ai presque eu l'impression d'entendre des citations de Wagner. Le problème de cette production est que les conceptrices du spectacle n'ont pas tenu du compte du fait que l'Opéra Garnier était un théâtre à l'italienne. N'ayant vu que les deux-tiers de gauche de la scène, il m'a néanmoins semblé que la mise en scène de Mariame Clément fait des aventures des deux enfants un rêve dans lequel leur mère (ou belle-mère ?) apparaît en sorcière. Pourquoi pas, mais visuellement sans être affreux, tout est assez laid et la réalisation n'est pas très convaincante. Les chanteurs, comédiens et figurants (doublant ou triplant les personnages) sont comme enfermés dans les compartiments du décor à deux étages. La seule scène que j'ai trouvée assez bien faite a été celle où Hänsel et Gretel commencent à manger la maison en pain d'épices de la sorcière, mais j'ai ressenti comme un décalage entre l'intellectualisation de l'histoire sous forme de rêve et le style un peu naïf de certains décors ou costumes. Bref, tout cela n'est pas très enthousiasmant...
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Salle Pleyel — 2013-04-16
Orchestre Colonne
Laurent Petitgirard, direction
Traverses (Prodromidès)
Viktoria Kogan, direction
Variations sur un thème de Paganini (Rachmaninov)
Symphonie nº5 (Tchaikovski)
Encore un magnifique concert de l'Orchestre Colonne. L'œuvre contemporaine, choisie avec goût comme toujours avec cet orchestre, était de Prodrominès. Elle alterne passages de tension et passages de relâchement. J'apprécie ensuite l'étendue du talent de la pianiste Viktoria Kogan dans les Variations sur un thème de Paganini de Rachmaninov. Après l'entr'acte, l'orchestre s'est déchaîné dans la Cinquième symphonie de Tchaikovski dont j'ai particulièrement apprécié les trois derniers mouvements. Pendant tout le concert, un musicien de l'orchestre m'a sidéré : un grand bravo au clarinettiste !
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Opéra Garnier — 2013-04-17
Élèves de l'école de danse de l'Opéra
Orchestre des Lauréats du Conservatoire
Marius Stieghorst, direction musicale
Jean-Philippe Rameau, musique (extrait des Indes Galantes, 1735)
Béatrice Massin, Nicolas Paul, chorégraphie
Olivier Bériot, costumes
Madjid Hakimi, lumières
Valentin Chou
D'ores et déjà
Charles Gounod, musique (extrait de l'acte V de Faust, 1859)
Claude Bessy, chorégraphie d'après Léo Staats
Madjid Hakimi, lumières
Roxane Stojanov, Hélène
Nine Seropian, Cléopâtre
Awa Joannais, Phrynée
Camille Bon, Aspasie
Clara Spitz, Laïs
La Nuit de Walpurgis
Maurice Pacher, musique
Jacques Garnier, chorégraphie (1979) réglée par Wilfried Romoli
Christian Pacher, accordéon diatonique
Gérard Baraton, accordéon chromatique
Marin Delavaud, Julien Guillemard, Pablo Legasa
Aunis
Gioacchino Rossini, musique (Sonate nº1 en sol majeur, extraits des Sonates nº3 en do majeur, nº4 en si bémol majeur, nº5 en mi bémol majeur pour cordes, 1804)
Jean-Guillaume Bart, chorégraphie (2000)
Philippe Binot, costumes
François-Éric Valentin, lumières
Péchés de jeunesse
Plutôt que des ballets narratifs comme Coppélia ou Piège de
lumière présentés ces dernières années par les élèves de l'école
de danse dans des programmes comportant aussi des pièces moins classiques
ou néo-classiques, on n'aura vu dans ce programme que des pièces de
danse pure
, certes fort bien exécutées, mais qui me laissent
globalement assez indifférent. D'ores et déjà est une pièce pour
garçons : comme exercice d'appropriation du langage de la danse baroque
pour les élèves, elle est intéressante, mais en tant que ballet présenté
dans un spectacle, elle manque singulièrement de consistance... Les filles
s'illustrent par le placement et quelques variations dans La Nuit de
Walpurgis. Seul Aunis me convainc par l'engagement des trois
danseurs et des deux accordéonistes dans cette pièce très vive. Malgré tout
le bien que je pense de Jean-Guillaume Bart en tant que chorégraphe pour la
La Source, je n'ai pas été excessivement
enthousiasmé par les balanchiniens Péchés de jeunesse. On y voit
des couples de danseurs, qui s'illustrent dans des pas de deux comportant
des portés, mais il ne suffit pas qu'un homme et une femme se rencontrent
pour qu'un ballet raconte une histoire...
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Salle Pleyel — 2013-04-18
Académie du Chœur de l'Orchestre de Paris
Lionel Sow, direction
Margot Modier, piano
Pauline Amar, Charlotte Bozzi, Sterenn Gourlaouen, Lauriane Launay, Anne-Sophie Petit, Juliette Rennuit, Marion Trigo, Louise Vanderlynden, sopranos
Lola Dauthieux, Julie Nemer, Sarah-Léna Winterberg, altos
Maxence Douez, ténor
Timothée Sonnier, basse
Spanisches Liederspiel, op. 74, nº1, nº3, nº8(Schumann)
Drei sweistimmige Lieder, op. 43 (Schumann)
Zwölf Gedichte aus “Liebesfrühling” (Rückert) (Schumann)
Lieder-Album für die Jugend, op. 79, nº9, nº15, nº18, nº20, nº24 (Schumann)
Drei Lieder, op. 114, nº2 (Schumann)
Sommerruh, WoO7 (Schumann)
Mädchenlieder, op. 103 (Schumann)
Drei Gedichte nach Emanuel Geibel, op. 29, nº1, nº2 (Schumann)
En prélude au concert de l'Orchestre de Paris avait lieu le premier concert de l'Académie du Chœur de l'Orchestre de Paris dirigé par Lionel Sow. Bien que le programme fût 100% Schumann, une publicité plus importante n'aurait pas été superflue puisqu'à peine une cinquantaine de spectateurs ont assisté à ce beau concert de 12 chanteuses et 2 chanteurs.
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Salle Pleyel — 2013-04-18
Philippe Aïche, violon solo
Orchestre de Paris
Alondra de la Parra, direction
Capriccio espagnol, suite pour orchestre, op. 34 (Rimski-Korsakov)
Nikolaï Lugansky, piano
Concerto pour piano nº2 en fa mineur, op. 21 (Chopin)
Le Tricorne, suites orchestrales nº1 et nº2 (Manuel de Falla)
Danzón nº2 (Arturo Márquez)
Quelle idée saugrenue d'insérer un concerto de Chopin dans un tel programme ! Si j'ai aimé le deuxième mouvement du concerto, par le jeu varié de Lugansky et le doux accompagnement de l'orchestre, l'intérêt principal du concert venait des œuvres hispanisantes ou mexicaines. L'orchestre est dirigé par la jeune chef Alondra de la Parra. S'il n'y a rien de remarquable à ce que sa main droite batte régulièrement la mesure, il est plus singulier pour un chef que l'ensemble de son être paraisse à ce point animé par la musique que ses manifestations extérieures ne semblent qu'un prolongement d'une animation plus intérieure. La chef danse sur son estrade ! Si elle faisait du bharatanatyam, je dirais qu'elle est aussi douée en danse pure qu'en abhinaya, l'art de l'expression (dans lequel excelle aussi le chef Andris Nelsons). Quel regard ! Dans la deuxième partie du programme, l'orchestre se déchaîne, d'abord dans Le Tricorne, et surtout dans l'irrésistible Danzón nº2 d'Arturo Márquez.
Ailleurs : Paris — Broadway, Andante con anima, Palpatine.
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Opéra Bastille — 2013-04-19
Gustav Mahler, musique
John Neumeier, chorégraphie, décor et lumières (1975)
Kevin Haigen, Victor Hughes, assistants du chorégraphe
Madjid Hakimi, réalisation lumières
Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris
Simon Hewett, direction musicale
Aline Martin, mezzo soprano
Alessandro Di Stefano, chef de chœur
Maîtrise des Hauts-de-Seine, Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris
Mathieu Ganio, Laëtitia Pujol
Vincent Chaillet, Alessio Carbone, Cyril Mitilian, Fabien Révillion, Florian Magnenet, Vincent Cordier
Charline Giezendanner, Muriel Zusperreguy, Eve Grinsztajn, Laura Hecquet, Nolwenn Daniel
Troisième Symphonie de Gustav Mahler
Il a fallu attendre le dernier tableau Ce que me conte l'amour pour j'apprécie véritablement ce spectacle grâce au superbe pas de deux entre Mathieu Ganio et Laëtitia Pujol. Alors que j'étais installé au fond du deuxième balcon, j'ai vu vers 19h29 un groupe de scolaires entrer. La très intelligente régie de l'Opéra a bien sûr coupé les lumières pour les empêcher de trouver leur place. Cela a complètement pourri les premières minutes du premier mouvement de la Troisième symphonie de Mahler, lequel a des proportions inquiétantes. Je n'ai pas accroché à cette musique. Je suis en effet écartelé entre diverses sensations contradictoires et simultanées : une oreille me signale une danse joyeuse, une autre des gloussements des instruments à vents, tandis qu'une marche militaire tente d'entraîner le corps entier dans une agitation martiale. Je n'avais pas vu l'entrée au répertoire de ce ballet de Neumeier en 2009, mais si je n'ai pas été émerveillé par ce ballet, j'ai trouvé que l'œuvre était bien montée, avec des danseurs qui semblent totalement investi dans leurs rôles abstraits. Parmi eux, Charline Giezendanner m'a paru particulièrement convaincante.
On dit parfois que le silence à la fin de Mozart est aussi de Mozart. Ce soir, le silence à la fin de Mahler n'était pas de Mahler. Même l'accord final ne lui appartenait plus. Je ne comprends pas qu'une proportion aussi importante du public soit aussi peu respectueuse de la musique pour applaudir un rideau en train de descendre...
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Salle Pleyel — 2013-04-24
Académie de l'Orchestre de Paris
Ambroisine Bré, mezzo-soprano
Chloé Dufossez, flûte
Olivier Marger ou Aurélien Pascal, violoncelle
Mayoko Surayya Salloum, piano
Trois chansons madécasses pour flûte, mezzo, violoncelle et piano (Ravel)
Khoa-Nam Nguyen, Lev Bogino, violons
Issey Nadaud, alto
Rémi Carlon, violoncelle
Quatuor à cordes en la mineur, 1889 (Sibelius)
Salle Pleyel — 2013-04-25
Académie de l'Orchestre de Paris
Quatuor Tosca
Constance Ronzatti, Marc Desjardins, violons
Marine Gandon, alto
Armance Quéro, violoncelle
Quatuor à cordes en la mineur, op. 51 nº2 (Brahms)
Avant d'assister aux deux représentations du programme Ravel/Sibelius/Brahms de l'Orchestre de Paris, je suis allé aux deux courts concerts donnés en prélude mercredi et jeudi. J'ai été très convaincu de l'interprétation des chansons madécasses de Ravel dont le texte, à défaut d'être complètement intelligible, l'était davantage que lorsque j'avais entendu pour la première fois cette œuvre il y a quelques mois. Le violoncelliste m'a beaucoup plu, mais son nom me restera inconnu, puisque comme la semaine précédente, il y a des coquilles dans la fiche de distribution. Les jeunes musiciens interprétant le quatuor de Sibelius étaient convaincants, mais dans l'ensemble j'avais l'impression d'entendre trop le premier violon et le violoncelle au détriment du second violon et de l'alto qui avaient un très beau son. Le quatuor Tosca (qui n'était exceptionnellement féminin qu'aux trois quarts) est plus avancé et m'a fait passer un très bon moment, en particulier dans les premier et quatrième mouvements du quatuor à cordes op. 51 nº2 de Brahms.
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Théâtre des Champs-Élysées — 2013-04-26
Orchestre de chambre de Paris
Ivor Bolton, direction
Divertissement en fa majeur nº10 (Mozart)
Gidon Kremer, violon
Polonaise pour violon et orchestre en si bémol majeur (Schubert)
Konzertstück pour violon et orchestre en ré majeur (Schubert)
Maria Fedotova, flûte
Impromptu pour flûte, violon et orchestre à cordes (Sofia Gubaidulina/Schubert)
Andante et Rondo pour flûte et orchestre en ut majeur (Mozart)
Symphonie nº104 en ré majeur (Haydn)
Ce concert aurait été épouvantablement ennuyeux s'il n'y avait eu avant l'entr'acte l'adaptation pour flûte, violon et orchestre à cordes par la compositrice Sofia Gubaidulina de l'Impromptu en la bémol mineur op. 90 nº4 de Schubert et en fin de programme la symphonie nº104 de Haydn. J'ai beaucoup aimé la flûtiste Maria Fedotova qui passait parfois à la flûte alto dans l'œuvre de Gubaidulina/Schubert. La transcription de la première phrase pour la flûte plutôt que tout autre instrument me rappelait de façon amusante la Badinerie de Bach. Dans la symphonie nº104 de Haydn, j'ai aimé retrouver certains détails auxquels j'avais déjà goûté, mais d'autres ont été un peu noyés dans le volume orchestral. L'orchestre jusque là apathique jouait vraiment. J'eusse aimé qu'ils jouassent comme ça pendant tout le concert et de façon plus engagée encore dans cette symphonie, puisque cette nouvelle audition ne m'a pas procuré un plaisir plus grand qu'avec l'Orchestre des Concerts Gais. Cela faisait quatre ans que je n'avais pas vu le chef Ivor Bolton. Je vais sans doute attendre encore quelques années avant de retenter l'expérience...
2013-04-28 21:36+0200 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2013-04-20
Solistes des Berliner Philharmoniker
Olaf Maninger, violoncelle
Sunwook Kim, piano
Sonate pour violoncelle et piano nº1 en mi bémol, op. 38 (Brahms)
Guy Braunstein, violon
Amihai Grosz, alto
Zvi Plesser, violoncelle
Sunwook Kim, piano
Quatuor pour piano et cordes nº3 en ut mineur, op. 60 (Brahms)
Guy Braunstein, violon
Christoph Streuli, violon
Amihai Grosz, alto
Zvi Plesser, violoncelle
Wenzel Fuchs, clarinette
Quintette pour clarinette et cordes en si mineur, op. 115 (Brahms)
Salle Pleyel — 2013-04-21
Solistes des Berliner Philharmoniker
Wenzel Fuchs, clarinette
Zvi Plesser, violoncelle
Alexei Volodin, piano
Trio pour clarinette, violoncelle et piano en la mineur, op. 114 (Brahms)
Guy Braunstein, violon
Alexei Volodin, piano
Sonate pour violon et piano nº2 en la majeur, op. 100 (Brahms)
Guy Braunstein, violon
Amihai Grosz, alto
Olaf Maninger, violoncelle
Alexei Volodin, piano
Quatuor pour piano et cordes nº2 en la majeur, op. 26 (Brahms)
Ces deux concerts faisant partie de l'intégrale berlinoise de la musique de chambre de Brahms étaient les derniers bénéficiant de la participation du violoniste Guy Braunstein (cf. mes billets sur les épisodes #1 & #2 et #3 & #4).
Dans ces deux concerts, je retiens deux moments forts. Le premier a été l'interprétation du quintette pour clarinette et cordes à la fin du premier concert. Cette interprétation m'a semblé avoir plus de relief que celle entendue il y a quelques semaines à la Cité de la musique. Cette fois-ci, j'ai été passionné parce que j'entendais depuis le tout début (et la première intervention du clarinettiste Wenzel Fuchs...) jusqu'à la fin. J'ai particulièrement apprécié la façon qu'ont eu les musiciens très engagés d'accentuer un passage du quatrième mouvement Con moto en assumant complètement ses airs de musique populaire, et donc en frappant assez franchement leurs pieds contre le sol.
L'autre grand moment a été pour moi l'interprétation du quatuor avec piano nº2 joué à la fin du deuxième concert du week-end. Pour écouter cette œuvre, j'avais fui l'arrière-scène et la proximité d'une chaussure féminine qui se frottait trop souvent au plancher pour rejoindre le tout premier rang à peu près au niveau de l'ourlet du pantalon du violoniste. L'audition de cette œuvre me procura un immense plaisir ! Le deuxième mouvement Poco adagio fut pour moi et mes glandes lacrymales d'une beauté insoutenable. Dans le quatrième, j'ai aimé le duo amoureux auquel se livraient le violoniste Guy Braunstein et l'altiste Amihai Grosz qui se faisaient face, un duo arbitré par le regard bienveillant du violoncelliste Olaf Maninger qui était au centre, entre eux et l'excellent pianiste Alexei Volodin.
Ailleurs : Paris — Broadway.
2013-04-07 16:32+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne
Centre d'animation de la Place des Fêtes — 2013-04-05
Surya & Vanishree, bharatanatyam
Kalaimmamani MK Saroja, chorégraphies
Muthuswamy Pillai, chorégraphie de Jatiswaram Mallika
Sangeeta Isvaran, chorégraphie de Bho Shambho
Vidya, adaptation des chorégraphies pour duo
Geneviève Motard, lecture des textes
Subramanyam Kautwam
Mathura Mathura
Jatiswaram Mallika
Netrandi Neretille
Bho Shambho
Yen Palli Kondir
Tillana Mohana
N'étant pas disponible pour la deuxième représentation de ce programme prévue au Centre Mandapa le 20 avril, j'ai fait la connaissance des escalators géants de la Place des Fêtes pour voir ce duo de bharatanatyam au Centre d'animation voisin. La présentation de ce spectacle est très soignée. Chaque pièce est introduite par une lecture convaincante des textes poétiques qui seront illustrés sur scène. Le nom des chorégraphe est aussi donné. Toutes ces informations sont d'ailleurs dans la feuille distribuée à l'entrée. Sur le papier, le programme était vraiment très alléchant. Je m'attendais à être bouleversé, mais je n'ai trouvé ce spectacle que bon. En effet, comme pour le spectacle de Priya Venkataraman vu il y a quelques jours, les deux danseuses Surya et Vanishree ne dansent ensemble pour ainsi dire que dans les pièces de danse pure ; le duo introductif Subramanyam Kautwam était le seul duo comportant une part narrative. Les chorégraphies prévues pour une danseuse soliste ont été adaptées pour un duo par Vidya. Ce travail d'adaptation est néanmoins assez intéressant. Le plus souvent, les deux danseuses exécutent les mêmes mouvements, mais le duo explore diverses combinaisons de symétries. Parfois, elles sont côte à côte et exécutent exactement les mêmes mouvements, parfois c'est comme s'il y avait un miroir au milieu de la scène. D'autres fois, l'une est de face tandis que l'autre est de dos. Les symétries sont parfois pensées dans le temps plutôt que dans l'espace, une danseuse exécutant les mêmes mouvements que l'autre avec un retard volontaire, comme en écho. Ces pièces de danse pure sont rafraîchissantes et les mouvements des bras et des mains, très affutés, sont parfaitement synchronisés avec la musique.
Je n'ai pas été totalement convaincu par les pièces ayant une composante narrative. Les chorégraphies font davantage allusion à des épithètes caractérisant les divinités qu'elles ne racontent une histoire ayant une certaine unité. Les strophes choisies évoquent en un nombre réduit de mots de nombreux faits associés à une divinité. D'une part certains vers sont répétées ce qui induit des répétitions (avec des variations) dans la chorégraphie, et d'autre part il est difficile à la danseuse de représenter tout ce que dit le texte de façon convaincante. J'ai eu le sentiment que beaucoup d'éléments narratifs étaient présents de façon trop furtive dans les chorégraphies. Alors que je connais très bien les histoires qui étaient racontées, bien souvent je n'étais pas tout à fait sûr de savoir où on en était... Ces difficultés, qui viennent à mon avis davantage des chorégraphies que des interprètes, se posaient moins dans les pièces dansées par Vanishree que dans celles dansées par Surya (Netrandi Neretille mettant en scène les amours de Murugan et Yen Palli Kondir évoquant Vishnu par l'image du dieu couché sur le serpent Ananta et par les exploits de son avatar Rama). Dans Mathura Mathura dansé par Vanishree, j'ai aimé l'apparition de l'archer Kama, le dieu de l'amour qui était nommé Madana dans le texte chanté. J'ai été tout étonné de reconnaître les gestes de mains qui signifient que les yeux de Krishna sont la soleil et la lune. Parmi les originalités de la chorégraphie ou de son interprétation, j'ai apprécié que la danseuse approfondisse la pose traditionnelle représentant Krishna comme flûtiste. Je crois en effet que c'est la première fois que je vois une danseuse agiter délicatement ses doigts pour mieux signifier que Krishna joue d'une flûte.
La pièce la plus convaincante du récital était à mon avis Bho Shambho, dansée par Vanishree. Je suis toujours ravi d'entendre cette musique en hommage à Shiva dans un récital de bharatanatyam. Je pense avoir déjà vu des chorégraphies et interprétations illustrant de façon plus frappante l'aspect viril de cette divinité. Toutefois, je me suis délecté des passages évoquant son tambour Damaru, son œil foudroyant, la descente de la déesse fluviale Ganga, etc. La fin de la pièce dans laquelle la danseuse tourne rapidement sur elle-même en récapitulant les divers aspects de Shiva était très impressionnante.
2013-04-04 00:07+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Culture indienne — Planning
Voici mon programme de spectacles pour le mois d'avril :
2013-04-01 16:06+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse
Au cours du mois de mars j'ai déjà eu l'occasion de développer mes impressions sur le concert de Romain Guyot et du Chamber Orchestra of Europe, sur leur Don Giovanni et sur le programme de bharatanatyam de Priya Venkataraman. Pour les autres spectacles vus au cours du mois, voici le vite dit de mars :
Opéra Garnier — 2013-03-06
Hommage à Rudolf Noureev
Orchestre Colonne
Fayçal Karoui, direction musicale
Polonaise, extraite de l'acte I du Lac des cygnes (Tchaikovsky)
Ballet de l'Opéra
Les Élèves de l'École de Danse
Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique
Rudolf Noureev, chorégraphie (1985)
Nicholas Georgiadis, costumes
Myriam Ould-Braham, Christophe Duquenne
Casse-Noisette (La marche des enfatns, extrait de l'acte I, deuxième tableau, Pas de deux extrait de l'acte I, cinquième tableau)
Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique
Rudolf Noureev, chorégraphie (1989) d'après Marius Petipa
Franca Squarciapino, costumes
Aurélie Dupont, Audric Bezard, Vincent Chaillet, Stéphane Phavorin, Yann Saïz
La Belle au Bois dormant (Adage à la Rose, Pas de cinq extrait de l'acte I)
Sergueï Prokofiev, musique
Rudolf Noureev, adaptation et chorégraphie (1986) d'après Marius Petipa
Hanae Mori, costumes
Marie-Agnès Gillot, Florian Magnenet
Cendrillon (Pas de deux extrait de l'acte II)
Ludwig Minkus, musique
John Lanchberry, arrangements
Rudolf Noureev, chorégraphie (1981)
Elena Rivkina, costumes
Ève Grinsztajn, Vincent Chaillet (Fandango)
Ludmila Pagliero, Karl Paquette (Pas de deux)
Don Quichotte
Alexandre Glazounov, musique
Rudolf Noureev, chorégraphie (1983) d'après Marius Petipa
Nicholas Georgiadis, costume
Isabelle Ciaravola
Raymonda (Variation de Raymonda extrait de l'acte III)
Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique
Rudolf Noureev, chorégraphie (1984) d'après Marius Petipa et Lev Ivanov
Franca Squarciapino, costumes
Émilie Cozette, Hervé Moreau (Adage du pas de deux extrait de l'acte II)
Dorothée Gilbert, Mathieu Ganio, Benjamin Pech (Pas de trois)
Le Lac des Cygnes
Sergueï Prokofiev, musique
Rudolf Noureev, chorégraphie (1984)
Ezio Frigerio, Mauro Pagano, costumes
Laëtitia Pujol, Nicolas Le Riche
Roméo et Juliette (Pas de deux extrait de l'acte I)
Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique
Rudolf Noureev, chorégraphie (1979)
Nicholas Georgiadis, costume
Mathias Heymann
Manfred (Variation du Poète extrait du quatrième tableau)
Ludwig Minkus, musique
John Lanchberry, arrangements
Rudolf Noureev, chorégraphie (1992) d'après Marius Petipa
Franca Squarciapino, costumes
Agnès Letestu, Stéphane Bullion
La Bayadère (Les Ombres, extraits de l'acte III)
Il m'est difficile de commenter ce spectacle de danse puisque mon placement ne me permettait de voir qu'une petite moitié de la scène. Ce que j'ai vu m'a peu enthousiasmé. Je crois que j'aime trop la danse narrative pour être intéressé par ces extraits sortis de tout contexte dramatique. Avant l'entr'acte, je ne suis guère intéressé que par les extraits de Don Quichotte, qui à défaut d'émouvoir émerveillent par la vivacité des danseurs, notamment Ève Grinsztajn, et Ludmila Pagliero. Après l'entr'acte, il faudra que Nicolas Le Riche (Roméo) et Laëtitia Pujol (Juliette) entrent en scène pour que je me passionne pour ce qui se passait sur scène. Une ovation méritée pour eux, tout comme pour Mathias Heymann que le public était heureux de revoir, enfin ! La présence de l'acte des Ombres de La Bayadère au programme m'avait fait adopter une tenue toute indienne pour cette soirée de gala. Vu de biais, la descente des trente-deux ballerines perd quelque peu de ses vertus géométriques, mais ce fut un passage émouvant tout comme le pas de deux entre Agnès Letestu et Stéphane Bullion.
Dans l'Orchestre Colonne, j'ai particulièrement aimé les interventions conjointes des harpes et des flûtes. J'ai aussi entendu un superbe solo de violoncelle. L'interprète n'étant pas dans mon chant de vision, je me suis mis sur la pointe des pieds pour l'apercevoir, et bien sûr il s'agissait de la violoncelliste que j'avais tant appréciée lors d'un précédent concert Colonne.
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Salle Pleyel — 2013-03-15
London Symphony Orchestra
Frank Strobel, direction
Jurassic Park (Thème) (John Williams)
Les Dents de la mer (Suite) : Thème du requin, En mer et Fugue de la cage du requin (John Williams)
La Liste de Schindler : Nº2 Ville juive, Nº1 Thème (John Williams)
Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (Suite) : Extraits nº1, 3, 4 (John Williams)
Les Aventuriers de l'arche perdue : La Marche des aventuriers (John Williams)
Hook : Vol vers le Pays imaginaire (John Williams)
La Guerre des mondes : La Fuite de la ville, Épilogue (John Williams)
Rencontres du troisième type (Extraits) (John Williams)
L'Empire du soleil : La nouvelle vie de Jim (John Williams)
Le Terminal : L'Histoire de Viktor Navorski (John Williams)
E. T. : Aventures sur terre (John Williams)
Munich (John Williams)
1941 (John Williams)
Star Wars Theme (John Williams)
Les musiques de films de John Williams de la première partie de ce concert du London Symphony Orchestra m'étaient familières, et m'ont procuré le sentiment de retomber en enfance. Le Thème du requin des Dents de la mer était particulièrement impressionnant, et la fugue particulièrement délectable, tout comme, plus loin les apparitions d'abord fugitives puis indiscutablement spectaculaires du thème d'Indiana Jones. Avec la deuxième partie, je découvre des titres de films de Spielberg que je ne connaissais pas. Si tous les extraits vidéo montrés pendant le concert ne m'incitent pas à visionner ces films (surtout 1941, joué en bis), les musiques m'ont toutes beaucoup plu. Je n'osais trop y croire puisque le thème du concert était Williams/Spielberg et non Williams/Lucas, mais en troisième bis, l'orchestre a joué la musique de Star Wars pour le plus grand plaisir de tous les auditeurs !
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Opéra Comique — 2013-03-17
Pascal Rophé, direction musicale
Ludovic Lagarde, mise en scène
Antoine Vasseur, décors
Fanny Brouste, costumes
Sébastien Michaud, lumières
Lidwine Prolonge, vidéo
Élodie Dauguet, assistante décors
Julian Janeczko, assistant vidéo
Christophe Manien, assistant chef d'orchestre
Anna Caterina Antonacci, Contessa Susanna, Elle
Vittorio Prato, Conte Gil
Bruno Danjoux, Sante
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Il Segreto di Susanna, Ermanno Wolf-Ferrari
La Voix humaine, Francis Poulenc
À l'écoute de l'ouverture du Secret de Susanne, je me suis
dit : Non, ce n'est pas possible, Minkus a écrit un opéra. Au
secours !
. Par la suite, la façon de mettre le texte en musique me fait
davantage penser à Puccini. À défaut d'être bouleversante, la musique me
semble luxueusement bien jouée par l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg
dont j'ai tout particulièrement apprécié les instruments à vents.
L'histoire de cet opéra est inintéressante au possible. Un opéra de
boulevard... Le secret de Susanne est qu'elle fume, son mari s'imagine
qu'elle le trompe avec un homme, car seul un homme pourrait fumer,
pense-t-il. Toutefois, autant le texte que la mise en scène laissent une
part de doute sur le rôle du valet, ne partage-t-il avec Susanna que son
addiction pour le tabac ? Le rôle du mari est très bien chanté par le
baryton Vittorio Prato.
Anna Caterina Antonacci est l'artiste lyrique que j'ai vue le plus souvent en concert. Quatorze fois ! La première fois était il y a presque dix ans dans Agrippina de Händel au Théâtre des Champs-Élysées. Ces dernières années, mes expériences d'auditeurs la concernant ont été contrastées (pour le meilleur et pour le pire). Mes dernières impressions sur Les Troyens était mitigées. Dans la salle à taille plus humaine de l'Opéra Comique, j'ai l'impression de la retrouver en pleine possession de ses moyens ! Quand la chanteuse bascule en français pour La Voix humaine de Poulenc après l'entr'acte, elle achève de me convaincre. Jamais je ne l'ai entendue chanter un texte français de façon aussi intelligible. Il n'était plus nécessaire de lire surtitres pour se laisser émouvoir par l'évolution du drame jusqu'à sa conclusion avec la terminaison de la conversation téléphonique de l'héroïne.
Tout comme dans la production d'Orphée et Eurydice que j'avais vue à la MC93 Bobigny, le décor représente un appartement moderne dont on peut voir l'héroïne parcourir les différentes pièces puisque le décor peut tourner sur lui-même. Voilà à peu près l'unique idée que j'aie distinguée dans la mise en scène...
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Salle Pleyel — 2013-03-18
Klangforum Wien
Neue Vocalsolisten Stuttgart
Tito Ceccherini, direction
Daniele Pollini, piano
Carnaval nº10 Lascia vibrare (Salvatore Sciarrino)
Carnaval nº11 Stanze della pioggia (Salvatore Sciarrino)
Carnaval nº12 Liuto senza corde (Salvatore Sciarrino)
Maurizio Pollini, piano
Sonate pour piano nº30 en mi majeur op. 109 (Beethoven)
Sonate pour piano nº31 en la bémol majeur op. 110 (Beethoven)
Sonate pour piano nº32 en ut mineur op. 111 (Beethoven)
Ne raffolant pas des récitals pour piano, j'ai trouvé bienvenue la forme de ce concert. En première partie, un orchestre a joué trois œuvres de musique de chambre contemporaines de Salvatore Sciarrino. La première m'a beaucoup plu du fait de l'utilisation d'un chœur de quelques chanteurs solistes dont les voix se mêlent très harmonieusement. Quelle justesse ! La musique repose sur l'utilisation de glissandi par les instruments qui le permettent (les violoncelles, les trombones, les voix). Quoique le matériau musical y soit un peu trop délayé à mon goût, j'apprécie les idées développées dans le deuxième morceau, purement instrumental. Un thème très reconnaissable de quatre notes (dont les deux dernières sont liées dans un glissando) revient fréquemment au violoncelle. J'aime la direction très claire de Tito Ceccherini (dont la tête me disait quelque chose, et pour cause : il dirigeait Reigen il y a quelques semaines de cela). Toutefois, le volume sonore produit par l'effectif orchestral très réduit aurait pu trouver meilleur écrin que la volumineuse Salle Pleyel. Les petits bruits des spectateurs (sans même parler des toux) perturbent quelque peu l'audition de cette œuvre.
La deuxième partie du concert m'a donné à entendre le pianiste Maurizio Pollini dans les sonates nº30, 31 et 32 de Beethoven. Je n'avais jamais entendu de sonates de Beethoven en concert. Ce fut pour moi une expérience très réjouissante. Que j'aime la façon dont ce pianiste fait ressortir la pulsation de cette musique !
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Salle Pleyel — 2013-03-19
Orchestre Philharmonique de l'Oural
Dmitri Liss, direction
Suite pour orchestre nº3 (Tchaikovski)
Chœur Symphonique de l'Oural
Yana Ivanilova, soprano
Alexander Timchenko, ténor
Pavel Baransky, basse
Les Cloches, op. 35 (Rachmaninov)
J'avais choisi ce concert de l'Orchestre Philharmonique de l'Oural parce que La Nuit sur le mont Chauve de Moussorgsky était programmée. Le programme du concert a été chamboulé. Je découvre la Suite pour orchestre nº3 de Tchaikovski, qui à défaut de me bouleverser maintient mon intérêt du fait de sa forme très variée : une atmosphère pastorale au tout début, la mise en valeur des altos et du cor anglais, une superbe fugue et une fin hydravionesque très bien amenée (un mix entre l'Arlésienne de Bizet et la Polonaise d'Eugène Onéguine du même Tchaikovski).
Le concert n'était pas surtitré, j'ignore le sens du texte russe (traduit d'une œuvre d'Edgar Allan Poe) que le chœur et les solistes ont chanté après l'entr'acte. Cela n'a pas nui à mon plaisir d'écouter la musique des Cloches de Rachmaninov comme s'il s'agissait d'une mystérieuse féerie musicale. Cela valait le déplacement ne serait-ce que pour les interventions du cor anglais en arrière-plan dans la partie chantée par la basse.
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Salle Pleyel — 2013-03-21
Philippe Aïche, violon solo
Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction
Symphonie nº1 (Dutilleux)
Concerto pour violon nº2 (Bartók)
Gil Shaham, violon
Gavotte en rondeau de la Partita nº3 en mi majeur, BWV 1006, Bach
Symphonie nº1 en ut majeur, opus 21 (Beethoven)
Je ne m'attendais pas à ce que la Première Symphonie de Beethoven soit
le point culminant de ce concert ! Pourtant, le chef Paavo Järvi
(exceptionnellement sans partition) et l'orchestre de Paris étaient
réjouissants comme jamais. L'enthousiasme unanime de tous les musiciens ne
faisait nullement obstacle à l'appréciation des joyeux détails
d'orchestration de cette œuvre. Avant cela, le concert avait déjà fort bien
commencé avec la Première Symphonie de Dutilleux. Les partitions que
j'apercevais depuis ma place comportaient de nombreuses ratures,
corrections et annotations, comme un REGARDEZ Cymb
manuscrit écrit
en gros sur celles des percussionnistes. Dans le concerto pour violon nº2
de Bartók, dans lequel j'ai quelques difficultés à percevoir une structure,
le violoniste Gil Shaham a été très convaincant...
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Opéra Comique — 2013-03-22
Kate McGarry, Desdémone
Bunny Sigler, Othello
Jacques Bonnaffé, Iago
Uri Caine, piano
Achille Succi, clarinette
Darryl Hall, basse
Nguyên Lê, guitare
Alain Venkenhove, trompette
Nicolas Geremus, violon
Sangoma Everett, batterie
Le Syndrome d'Othello
Après avoir assisté à cette représentation du Syndrome
d'Othello, je crois pouvoir dire que le jazz n'est pas exactement fait
pour moi... Du point de vue narratif, ce spectacle inspiré par
Otello de Verdi est très décevant. Le texte chanté par Bunny
Sigler (Othello) et Kate McGarry (Desdémone) semble sans rapport évident
avec l'histoire qui ne semble qu'un prétexte. Je dis semble
parce
que le concert n'était pas surtitré. Le texte parlé ou slammé en français
par Jacques Bonnaffé (Iago), s'il était parfois assez drôle et décalé,
était trop souvent complètement incompréhensible, sa voix étant couverte
par le petit orchestre qui produisait un son du tonnerre (pourquoi donc
amplifier les musiciens ? pendant les premières minutes du spectacle j'ai
cru que mes oreilles allaient exploser !). Comme spectacle dénué de sens,
ce Syndrome d'Othello est toutefois loin d'être déplaisant, les
musiciens semblant très bons, le pianiste Uri Caine, le trompettiste Alain
Venkenhove et le guitariste Nguyên Lê étant particulièrement
impressionnants. Je n'ai pas perçu toutes les références dans la musique,
mais j'aurai au moins reconnu une référence incongrue à En passant par
la Lorraine (avec mes sabots...). Un passage particulièrement beau
utilisait une musique arabisante comportant quelques glissandi jouée par le
violoniste Nicolas Geremus. On trouve même un morceau atonal pendant la
scène du meurtre, au cours de laquelle les protagonistes ne sont pas sur
scène. En revanche, le public des premiers rangs dont je faisais partie
aura eu tout le loisir d'admirer l'interminable suicide d'Othello, pour
lequel le showman Bunny Sigler a curieusement passé un
achkan (dans les mêmes style et coloris que ce que je portais pour
le Gala Noureev...).
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Opéra Garnier — 2013-03-27
Yannis Pouspourikas, direction musicale
Orchestre Colonne
Ballet de l'Opéra
Jacques Prévert, argument
Joseph Kosma, musique originale
Roland Petit, chorégraphie (1945) réglée par Luigi Bonino
Pablo Picasso, rideau de scène
Brassaï, décors
Mayo, costumes
Jean-Michel Désiré, lumières
Jan Broeckx, assistant du chorégraphe
Amandine Albisson, La plus belle fille du monde
Alexandre Gasse, Le jeune homme
Stéphane Phavorin, Le destin
Hugo Vigliotti, Le bossu
Peggy Dursort, La fleuriste
Claire Gandolfi, Jennifer Visocchi, Les filles
Samuel Murez, Le lanceur de tracts
Sophie Mayoux, Antonio Conforti, Carola Puddu, Milo Avêque, Les enfants qui s'aiment
Florent Mélac, Alexis Saramite, Axel Alvarez, Niccolo Balossini, Les garçons
Pascal Aubin, Le chanteur
Anthony Millet, L'accordéoniste
Le Rendez-vous
Jean Anouilh, Georges Neveux, argument
Henri Dutilleux, musique originale
Roland Petit, chorégraphie (1953)
Carzou, décors et costumes
Jean-Michel Désiré, lumières
Jean-Philippe Halnaut, répétitions
Émilie Cozette, La jeune fille
Stéphane Bullion, Le loup
Sabrina Mallem, La Bohémienne
Christophe Duquenne, La jeune homme
Alexis Saramite, Le montreur de bêtes
Natacha Gilles, La mère
Le Loup
D'après la nouvelle de Prosper Mérimée
Georges Bizet, musique arrangée par G. Tommy Desserre
Roland Petit, chorégraphie (1946) réglée par Luigi BOnino
Antoni Clavé, décors et costumes
Jean-Michel Désiré, lumières
Jean-Philippe Halnaut, répétitions
Eleonora Abbagnato, Carmen
Nicolas Le Riche, Don José
Audric Bezard, Escamillo
Valentine Colasante, François Alu, Mathieu Botto, Les Chefs des brigands
Carmen
Les héros de la soirée sont l'Orchestre Colonne et Eleonora Abbagnato, merveilleuse interprète du rôle de Carmen, nommée étoile à l'issue de la représentation. Le ballet Le Rendez-vous est tellement insipide que mon attention est totalement concentrée sur la fosse d'orchestre. Au cours de la soirée, les musiciens ont paru très engagés et les solistes se sont brillamment illustrés (notamment les vents, la trompette et le superbe premier violon, Sébastien Surel, identifié par Klari). Dans Le Loup, entre deux coups d'œil vers la fosse d'orchestre, je regardais ce qui se passait sur scène (et cela piquait un peu les yeux). On passe un bon moment grâce à Sabrina Mallem (La Bohémienne) et Sébastien Bullion (Le Loup). Je sais que le pas de deux entre le Loup et la jeune fille peut être plus émouvant, je me rappelle avoir vu Laëtitia Pujol dans ce rôle... mais j'avoue avoir été presqu'ému par Émilie Cozette.
J'ai adoré le ballet Carmen que je n'avais pas encore vu. Pour ce qui est de la danse, il est très supérieur à mon goût aux deux ballets présentés avant l'entr'acte. Si Nicolas Le Riche (Don José) et Audric Bezard (Escamillo) ont été superbes dans les rôles masculins, c'est bien sûr Eleonora Abbagnato (Carmen) qui m'a fait apprécier ce ballet ! Quelle présence ! Je ne retiens pas le bruit de ses pointes frappant le sol, plutôt le râle qui se fait entendre dans ses pas de deux avec Nicolas Le Riche. Pour une argumentation plus construite, il faut lire le billet chez Impression danse. J'ai rarement été autant ému par la représentation d'un ballet à l'Opéra ! J'ai été très heureux qu'Eleonora Abbagnato soit nommée danseuse étoile à l'issue de la représentation.
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Salle Pleyel — 2013-03-30
Orchestre national d'Île de France
Ann-Estelle Médouze, violon supersoliste
Enrique Mazzola, direction
Nicolas Southon, présentation
Ouverture des Maîtres chanteurs de Nuremberg (Wagner)
Murmures de la forêt (extrait de Siegfried) (Wagner)
Nora Gubisch, mezzo-soprano
Wesendonck Lieder (Wagner)
Voyage de Siegfried sur le Rhin (extrait du Crépuscule des Dieux (Wagner)
Prélude de Tristan et Isolde (Wagner)
Ouverture de Tannhäuser (Wagner)
Ce n'est pas vraiment le meilleur Wagner que j'aie entendu, mais cela n'a pas excessivement gâché mon plaisir d'auditeur, n'ayant pas plus d'une ou deux occasions par an d'entendre ce type de programmes. L'Orchestre national d'Île de France était très beau dans les passages délicats (superbes oiseaux dans les murmures de la forêt), mais nettement moins clair dans les fortissimi, notamment vers la fin de l'ouverture de Tannhäuser qui semblait assez délicate à négocier pour les cordes. Dans cette ouverture, je retiens toutefois une belle superposition entre le chœur des pélerins par les cuivres et le Vénusberg par les cordes. (Était-il vraiment nécessaire d'inclure des mini-conférences sur Wagner pendant ce concert ? Surtout si c'était pour entendre des bêtises à propos de la création parisienne de Tannhäuser...) Je n'ai pas été très ému par Nora Gubisch dans les Wesendonck Lieder ; il est difficile de me faire oublier Nina Stemme...
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