« Arrivée à Kolkata | Manoj et Manisha Murali Nair à Rabindra Sadan »
2010-08-04 12:57+0530 (কলকাতা) — Culture — Musique — Culture indienne — Voyage en Inde IX
Weavers Studio Centre for the Arts, Kolkata — 2010-08-03
Gaayatri Kaundinya, chant et tampura
Moinak Das, harmonium
Goutam Chakraborty, tabla
Ram, tampura
Raga Maru Bihag
Hier soir, je suis allé assister à un concert de musique classique de l'Inde du Nord. Cela se passait dans une galerie d'art à Ballygunge, au Sud de Kolkata.
J'ai bien cru ne jamais réussir à m'y rendre. Je pensais d'abord qu'il
serait facile de localiser l'adresse 94, Ballygunge
en rejoignant
cette rue à pieds depuis une station de métro, puis marcher dans le sens
des numéros croissants. En fait, dans ce quartier, la numérotation, c'est
véritablement n'importe quoi. À un peu moins d'une heure du début du
concert, j'ai demandé à un auto-rickshaw de m'y conduire. Ni lui ni les
gens du quartier n'avaient l'air de savoir par où aller. On n'a pas arrêté
de tourner en rond le long d'une marche aléatoire. À sa méconnaissance des
lieux s'ajoute l'incompétence du conducteur de rickshaw. Alors que je lui
demandais de faire demi-tour après avoir repéré des numéros approchants, il
a continué beaucoup plus que de raison et après avoir réussi à tourner, il
est reparti à toute allure dans des directions aléatoires, ce qui nous a
fait perdre encore une bonne dizaine de minutes. Maintenant, je comprends
pourquoi Ballygunge est seulement représentée comme une tâche de couleur
sur une des cartes de la ville en ma possession.
Je ne suis arrivé sur les lieux que cinq minutes avant le début du
concert. La petite salle, presque pleine, accueille une petite trentaine de
spectateurs. La chanteuse, Gaayatri Kaundinya, a seulement 19 ans et déjà
une petite marque de sindoor dans la raie des cheveux. On annonce qu'elle
apprend le chant depuis presque quinze ans. Son gourou (maintenant décédé)
est un certain Baba
. Elle est accompagnée par un harmonium (Moinak
Das) et un tabla (Goutam Chakraborty). La chanteuse et son jeune frère Ram
jouent du tampura.
Le Raga de ce soir est Maru Bihag. Son interprétation durera environ une heure et quart et sera comme le veut la tradition divisée en trois parties. Dans la première, la chanteuse et le joueur d'harmonium installent progressivement le raga. Dans la deuxième, le rythme des percussions commence à battre régulièrement. Quelques phrases musicales s'installent. La chanteuse, d'une voix claire, émet des notes dont elle fait varier très légèrement la hauteur. C'est parfaitement contrôlé, puisqu'après plusieurs passages, le motif s'est installé dans les esprits. Enfin, vient la troisième partie et ses rythmes changeants. On assiste alors à un déluge de techniques d'improvisation constituant des variations de ce qui avait été esquissé avant. Dans une de ces formes d'improvisations, les syllabes prononcées par la chanteuse sont les noms des notes (dans la gamme indienne) qu'elle chante.
Je ne connais pas grand'chose à cette musique, mais j'ai eu l'impression que c'était réussi. En tout cas, j'ai apprécié ce raga. Il y avait une complicité et un plaisir de jouer ensemble évident avec le joueur d'harmonium. Le percussionniste était apparemment un peu plus en mode automatique. Sa façon d'interpeler la chanteuse avec ses changements de rythmes était souvent un peu brutale et dans les morceaux qui ont suivi, elle a dû lui souffler le nom du motif rythmique de base pour qu'il puisse commencer à jouer.
Après la composition principale, trois morceaux plus courts ont conclu
le récital. Le premier était basé sur une chanson du célèbre musicien Miyan
Tansen, apparemment appelée Bhaje Damaru
. Après l'entrée de chacun
des quatre vers (qui, si j'ai bien identifié le point commun entre les mots
que j'y ai compris constitueraient une invocation de Shiva), on entend la
chanteuse improviser de toutes les façons possibles sur cette base :
modification du rythme, répétition de mots, remplacements de syllabes par
les noms des notes, etc.
Pour finir, deux chansons qui tendent vers le style des bhajans écris par son guru.
Pour rentrer, je me suis rapproché de l'axe Nord-Sud du métro et pensant à tort que j'arriverais trop tard, je suis monté dans un bus (identifié parce que c'était le premier dont la liste des arrêts défilait à l'avant en anglais et non en bengali). Il a été facile de monter ; descendre fut plus difficile. Les chauffeurs de bus de Kolkata et leurs chefs sont apparemment de vrais fous-furieux. Ceux de Mumbai qui ont la réputation d'être assez rudes paraissent presque raisonnables en comparaison.
Quand je suis rentré un peu avant 22h, presque tout est fermé ; je ne trouve pour dîner qu'un restaurant thai (allergiques au piment s'abstenir) où entre le serveur et moi, aucun n'arrive à entendre ce que dit l'autre.
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