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2011-12-25 22:22+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Lectures — Culture indienne
L'année dernière, après en avoir vu 107 au cours de l'année, je m'étais dit qu'il ne serait pas raisonnable d'augmenter encore la dose de spectacles et qu'il faudrait bien faire des choix. C'est bien entendu le contraire qui s'est produit : j'ai vu davantage de spectacles cette année. J'ai passé plus d'une soirée sur trois à assister à un spectacle, mais moins d'une sur deux...
L'opéra reste un des piliers de ces spectacles. J'ai assisté à 42
représentations d'opéra (j'inclus dans ce total les opéras en version de
concert) correspondant à environ 30 opéras, parmi lesquels se sont trouvés
22 opéras que je n'avais encore jamais vus. Parmi ceux-là, deux créations :
The Second Woman (Frédéric Verrières) et Akhmatova (Bruno Mantovani). Si le sujet du
deuxième m'a intéressé davantage, le plaisir procuré par le premier a été
supérieur. Cette année, j'ai diversifié quelque peu les lieux pour assister
à des opéras. J'ai ainsi vu une de bonnes productions d'Orphée et Eurydice à la MC93 Bobigny et de Carmen à Nancy. Plus près de l'Opéra, j'ai fait
deux belles découvertes
à l'Athénée ‒ Louis Jouvet : Didon & Énée (Purcell) et The
Turn of Screw (Britten). Ce lieu m'a également offert une des plus
détestables soirées d'opéra de ma vie : L'Egisto
(Marazzoli/Mazzochi). La musique était loin d'être inintéressante, mais le
théâtre était sclérosé (je sais gré à Peter Brook d'avoir introduit cette
notion il y a plus de quarante ans dans L'espace
vide). Du théâtre sclérosé, il y en a également eu une certaine
dose à l'Opéra de Paris : Francesca Da Rimini,
Salomé, Faust, La
Cenerentola. À l'inverse, il y eut en ces lieux une production
tout-à-fait honorable de La Clémence de Titus et
d'excellentes productions de Lulu, de Tannhäuser et de Kátia
Kabanová. Au TCE, j'ai eu l'occasion de voir quelques opéras en
version de concert. Il y eut ainsi un Ariodante
avec une formidable Joyce DiDonato, un Pelléas et
Mélisande avec un superbe Laurent Naouri et un lamentable Fidelio.
Parmi mes bonnes résolutions de l'année dernière, il y avait celle de mieux comprendre la musique de Wagner pour ne pas passer à côté des Siegfried et Götterdämmerung que j'avais prévu de voir à l'Opéra Bastille. Au début du mois de janvier, j'acquis ainsi une édition de 1903 du Voyage artistique à Bayreuth d'Albert Lavignac. Après quelques semaines d'efforts, je réussis à me mettre en tête la plupart des leitmotivs de la Tétralogie, devenant par la-même ringopathe. Mon expérience de spectateur en a été complètement transformée et le plaisir renouvelé avec Parsifal au TCE, le programme Wagner de l'Orchestre Colonne, Tannhäuser à Bastille, le Ring Saga à la Cité de la musique (et la Citéscopie parallèle) et dernièrement avec Le Ring sans paroles, suite symphonique jouée par le Philharmonique de Radio France. J'ai comme l'impression que je n'en ai pas fini avec Wagner...
Par rapport aux années précédentes, j'ai augmenté sensiblement la proportion de concerts Pleyel dans mes choix. Je vois donc un peu plus de concerts symphoniques que précédemment. Un des plus fabuleux concerts auxquels j'aie assisté cette année a été le programme Rameau orchestral du Concert des Nations dirigé par Jordi Savall. Pour ce qui est du baroque, j'ai également passé de très bons moments à écouter Damien Guillon et Pierre Hantaï. J'ai par contre dû remettre en cause mes standards de qualité en réécoutant La Passion selon Saint Jean dirigée par Ton Koopman. En revanche, avec Haydn, aucun problème avec Le Concert Spirituel pour Die Schöpfung, L'Orchestre de Paris et le Quatuor Thymos à l'Athénée. Ce dernier concert était un programme de musique de chambre. Les autres concerts de musique de chambre auxquels j'aie assisté m'ont procuré un certain plaisir, comme celui de Lisa Batiashvili, François Leleux, Sebastian Klinger, Guy Ben-Ziony, Milana Chernyavska au TCE ou encore celui du Quatuor Pražák et de quelques autres dans un programme Hindemith/Schönberg.
Parmi les concerts symphoniques, je garde un souvenir émerveillé de trois concerts LSO/Gergiev : Le chant de la nuit (Mahler) et Symphonies nº6 et 10 (Chostakovitch). Le concert de l'Orchestre de Paris du 14 octobre à Pleyel m'a procuré des émotions très contrastées puisque j'ai pu d'une part entendre pour la première fois le concerto pour violon de Tchaikovski interprété par Leonidas Kavakos et d'autre part tenter de réprimer des gloussements à l'écoute de la symphonie de Hans Rott. Un autre grand moment pour moi a été la première écoute de La symphonie fantastique. Pour le reste, j'ai eu le plaisir de réentendre du Roussel dans Bacchus et Ariane dirigé par Yutaka Sado. La présence d'œuvres contemporaines aux programmes des concerts Colonne m'a donné l'occasion d'adhérer complètement à une œuvre contemporaine dès la première écoute : Melancolia (Kremski). Un phénomène semblable s'est produit avec La nuit transfigurée de Schönberg lors du concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Pierre Boulez.
Pour ce qui est du ballet, je me suis pour ainsi dire limité à la programmation de l'Opéra de Paris. Je retiens la belle création de La Source, la reprise d'Onéguine, de Roméo et Juliette et la Coppélia de Lacotte dansée par les élèves de l'école de danse (tellement plus intéressante que celle dansée par le ballet de l'Opéra). Bien sûr, il reste quelque chose du passage du Bolchoï : Flammes de Paris, Don Quichotte. Enfin, c'est devenu une évidence, mais la grande révélation de la saison, pour moi, c'est Myriam Ould-Braham, formidable Juliette, Naïla et Olga.
Il me reste maintenant à évoquer ce qui n'appartient pas aux formes
classiques européennes
. Pour moi, cela se réduit essentiellement à
l'Inde. Toutefois, de la nuit soufie, c'est bien le chant
du marocain Marouane Hajji que je retiendrai. Maintenant, venons-en à
l'Inde... Depuis le récital de Srithika Kasturi Rangam à
Chennai en 2010, j'ai développé un certain goût pour le
bharatanatyam. J'ai profité de mon séjour dans le Sud de l'Inde
cet été pour voir quelques récitals (à Mumbai, Bangalore et Chennai). Au cours de
l'année, j'en aurai vu une douzaine. Comme il n'y en a plus aux Abbesses,
je me suis déplacé au Musée Guimet pour voir Urmila
Sathyanarayanan et Priyadarshini Govind, deux
récitals relativement décevants (pour des raisons différentes). Comme ce
n'était pas suffisant, je suis également allé au Centre Mandapa ; mes plus grandes
satisfactions sont venues des récitals qui s'y sont déroulés. Parmi les
danseuses vues cette année, je retiendrai deux noms : Lavanya
Ananth, Mallika Thalak. Elles correspondent toutes
les deux à l'idéal que je me fais de ce style de danse.
Je n'ai longtemps entendu la musique carnatique que comme une musique d'accompagnement pour des récitals de bharatanatyam. Lors de mon séjour à Chennai en août, je suis allé plusieurs soirs de suite assister à des concerts de chant carnatique. Le plus remarquable a été celui de Sri Mohan Santhanam au Vani Mahal. À force d'écouter ce type de musique, j'ai commencé à comprendre la forme générale que prenaient les improvisations et compositions. J'espère que le plaisir d'écoute n'en sera que meilleur quand je réentendrai Aruna Sairam au Théâtre de la Ville en avril 2012.
En Inde, les formes les plus raffinées de musique viennent du Nord, il faut bien l'admettre. Au cours de l'année 2011, j'eus l'occasion d'entendre du khyal lors d'un triple-concert au cours duquel s'étaient particulièrement distingués Ustad Ulhas Kashalkar et Pandit Ajoy Chakrabarty. Quelques mois plus tard, j'ai également pu réentendre la fille de ce dernier, Kaushiki Chakrabarty. La grande découverte de l'année, je la dois à Klari grâce à qui j'ai pu découvrir le chant dhrupad avec deux représentants de la dynastie Dagar : Wasifuddin Dagar et Sayeeduddin Dagar. (J'avais déjà entendu les Gundecha en 2008, mais j'en garde un amer souvenir.) Récemment, le concert du sitariste Shahid Parvez au Théâtre de la Ville m'a permis d'entrevoir de façon moins superficielle que je ne le faisais jusque là certaines similitudes formelles entre ces musiques (instrumentales ou vocales). J'espère bien passer suffisamment de temps à Kolkata l'été prochain pour assister à plusieurs concerts !
Bon, maintenant, je peux l'avouer à ceux qui ont lu jusqu'au bout : j'ai assisté à cent soixante-trois spectacles en 2011. L'année prochaine, il faudra donc véritablement songer à faire des choix (réduire un peu l'abonnement Pleyel, continuer à quasi-boycotter le TCE, se limiter à deux représentations d'un même ballet, se limiter à une seule représentation d'un opéra ?).
PS: Pour ce qui est des lectures, le bilan est sur le Biblioblog.
2011-12-24 12:11+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Cinéma
Salle Pleyel — 2011-12-23
Timothy Brock, direction musicale
Orchestre national d'Île de France
Ciné-concert City Lights
Jusqu'à présent, je n'avais pas eu de chance avec l'Orchestre national d'Île de France. Les deux fois que je les avais entendus à Pleyel, c'était lors de concerts d'après-midi lors de dimanches où en raison d'un état de fatigue avancé, j'aurais mieux fait de rester chez moi faire une bonne sieste. J'avais ainsi lamentablement somnolé pendant leur pléthorique Carmina Burana à 150 choristes. Dans les intervalles de lucidité, j'observais néanmoins l'engagement des musiciens et la belle homogénéité des cordes avant de rentrer prendre un sommeil réparateur.
Hier après-midi, un écran avait été installé pour deux séances de ciné-concert City Lights (Les Lumières de la ville) de Chaplin, qui non content d'être un brillant cinéaste et comédien était un estimable compositeur. Sa musique a été restaurée et orchestrée par Timothy Brock qui dirige ce concert. Elle est tournée autour de trois ou quatre motifs qui reviennent régulièrement au cours du film et comporte aussi des passages plus illustratifs de l'ambiance particulière à chaque scène.
Je pensais passer un bon moment, mais pas à ce point-là. Ce n'est pas la première fois que je vois un film muet en entier sur un grand écran, mais lors de cette séance, le plaisir à été total. Le film est excellent. On y rit et on y pleure. On y voit des formes d'humour disparues : du comique de répétition, des situations où on laisse clairement entendre au spectateur qu'il va se passer un gag bien précis, mais au moment où celui-ci croit que cela va arriver, on le fait mariner quelques secondes. Un des plus mémorables moments est la fameuse scène du combat de boxe. On a beau l'avoir déjà vue, cela marche à chaque fois.
L'expérience du visionnage de ce film est rehaussée par la présence de l'orchestre (et peut-être réciproquement suggèrera Klari après la séance). La musique, si elle paraît déjà belle et intéressant sur de vieux enregistrements, paraît ici sublime et extrêmement précise. On entend le moindre détail comme si c'était du Wagner joué d'une façon autant analytique qu'enthousiaste. Cette musique, jouée aussi superbement, semble une très bonne initiation à la musique orchestrale pour les nombreux enfants présents lors de cette séance. Certains, comme mon voisin, étaient un peu dissipés, mais on leur pardonne volontiers.
L'orchestre est malheureusement menacé par une réduction récente de ses subventions. Il est encore temps de signer la pétition.
2011-12-24 00:01+0100 (Orsay) — Thé
Aujourd'hui, je me suis ravitaillé en thé. Je venais il y a quelques jours de terminer absolument tous les thés en vrac que j'avais. À vrai dire, pas tout-à-fait. Quand je racontais à la vendeuse de la Maison des Trois Thés qu'il ne me restait plus de Pu Er, à part un dernier petit gramme de Carré de Pu Er nº2c de 1979 (que j'avais commencé il y a environ cinq ans), l'homme de la maison au rôle indéterminé (relations extérieures ?) me disait en plaisantant que je devrais le conserver... Vu l'intérêt pour les Pu Er anciens, la pénurie s'annonce et il faudra paraît-il s'habituer aux Pu Er jeunes... Je ne suis de toute façon pas expert en Pu Er. Après avoir succombé pour des thés qui sont maintenant de vieux compagnons (Anxi Tié Guan Yin, Tai Ping Hou Kui, Dong Ding Wulong) et avant de me laisser tenter par un thé vert qui m'a un peu fait grimacer quand j'en ai vu le prix (Anji Bai Cha), quand je m'enquérais auprès de la vendeuse de thés Pu Er, elle sortit une sorte de boîte à chaussures. Je me dis alors que ce serait juste pour le plaisir des yeux (et un peu du nez) tant l'emballage inhabituel rendait le contenu a priori inaccessible :
L'homme mentionné plus haut me montrera ensuite quelques photographies de thés conditionnés par kilos dans des contenants manifestement conçus avant tout pour rendre le transport pratique. Aux enchères, ce type de pièces se vendrait apparemment pour plusieurs dizaines de miliers d'euros.
Le contenu de cette boîte-ci est beaucoup plus abordable :
Après avoir déplié délicatement l'emballage vert et jaune, on découvre une brique de thé Kang Zhuan (1992) d'environ 500 grammes :
Manifestement, c'est un thé tibétain :
J'ignore par quel circuit commercial précis il s'est retrouvé jusque chez moi. (Même en ayant le Standard Unicode sous les yeux, je n'arrive pas à transcrire les inscriptions en tibétain. Si quelqu'un sait faire ?)
Il faut bien la commencer par un bout, cette brique. Le carré de Pu Er de 1979 sus-mentionné, il était très compressé et au début, il fallait donc presque l'attaquer au marteau pour qu'il devienne possible d'en tirer quelques grammes. Cette brique est moins ancienne et les bords au moins se dépiautent très bien. Je vous épargne la vue de la brique mutilée. Dans la petite théière, les feuilles sèches ressemblent à ceci :
Les revoici après le rinçage :
Je n'ai pas photographié la théière pendant la première infusion, puisque je ne l'ai fait durer qu'une dizaine de secondes. Voici la théière un train de se vider dans le pot appelé Cha Hai :
L'infusion a une belle couleur orangée :
(La tasse allongée de droite ne sert qu'à sentir le thé.) J'aurais sans doute pu me permettre d'utiliser davantage de thé (le problème est le Pu Er, c'est que si on en met trop, cela devient imbuvable, donc il vaut mieux se tromper en n'en mettant pas assez). Même en rallongeant la durée des infusions successives, la couleur va tendre vers un jaune légèrement foncé (comme chacun sait, le jaune est la couleur de l'infusion de la plupart des thés verts). Le principal, c'est que le goût et le parfum soient plus que plaisants... J'augmenterai la dose la prochaine fois et ce sera parfait.
Au fond du récipient dans lequel la théière avait été vidée, des résidus se déposent. Il y en a toujours quelques uns qui plongent au fond de la tasse, mais le phénomène est beaucoup plus visible après deux ou trois petites tasses, lorsque l'on vide pour une dernière fois le récipient :
Il y en a un peu de toutes les tailles. Cela se décante très vite, mais il faut quand même faire un peu attention et regarder ce qu'on fait pour ne pas s'étouffer avec. Pas très glamour tout ça. Le pire, c'est qu'il semblerait que les thés en sachets industriels ne soient faits que de ces résidus ou poussières de thé.
Parlons maintenant du prix : 49€ les 500 grammes. Cela peut sembler astronomique, mais c'est très peu. Je suis à peu près certain que dans cinq ans, cette brique de thé ne sera pas finie. En utilisant 3 grammes environ à chaque fois, je peux m'en faire 166 fois. Ces 3 grammes permettent de faire de nombreuses infusions, disons dix, donc environ 10×15cl qui font une litre et demi. En faisant la multiplication qui convient, on obtient que ces 500 grammes permettront de consommer environ 250 litres de thé (je plagie ici un calcul similaire fait il y a quelques années sur le défunt blog La Galette de Thé).
Une autre façon de présenter les choses, c'est qu'à chaque fois que je me préparerai de ce thé, ce sera comme s'il m'en coûtait 30 centimes d'euro. Dans certains distributeurs automatiques, pour un prix entre 40 centimes et un euro environ, vous aurez un misérable gobelet d'une mixture infâme. Si vous voulez faire un litre et demi de thé comme ci-dessus avec des thés en sachets, je pense qu'il vous faudra au minimum trois sachets ; le sachet de thé ordinaire valant environ 10 centimes (si j'en crois les prix d'enseignes en ligne), on retombe sur les 30 centimes de la séance de Gong Fu Cha (c'est comme ça que ça s'appelle...). Bref, pour pas plus cher, au lieu de résidus, on peut avoir de vraies feuilles de thé.
2011-12-22 23:57+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Basilique Sainte-Clotilde — 2011-12-22
Manna Ito, soprano
Anne-Marie Hellot, alto
Christophe Poncet, ténor
Mark Pancek, baryton
Ensemble baroque
Chœur de Radio France
Matthias Brauer, direction
Oratorio de Noël (cantates 1, 2, 3), BWV 248, Johann Sebastian Bach.
Parmi les œuvres qui m'ont fait apprécier la musique classique, l'Oratorio de Noël de Bach tient une place particulière. Je l'ai entendu huit fois en concert (et presque neuf si on compte un concert de cantates profanes dans lesquelles Bach avait puisé pour constituer son Oratorio). Tous les ans entre 2002 et 2009 (avec une exception en 2008 parce que ce n'était pas programmé), j'allais presque rituellement au Théâtre des Champs-Élysées en décembre, alors que les décorations de Noël scintillaient sur l'avenue Montaigne, afin d'écouter cette œuvre (jamais dans son intégralité puisque le plus souvent, des six cantates qui composent l'oratorio, seules quatre étaient jouées ; je n'ai ainsi jamais entendue la cinquième en concert).
J'avais été assez déçu par la dernière écoute (en
2009), avec la soprano Natalie Dessay et Spinosi à la direction. C'était
cependant sublimissime en comparaison de ce que j'ai entendu ce soir en la
Basilique Sainte-Clotilde. Je dis bien ce que j'ai entendu
, cela n'a
peut-être pas un grand rapport avec ce que les tout premiers rangs
entendaient et ce qu'entendront les auditeurs de France Musique le 10
janvier à 14h. Bien qu'arrivé une vingtaine de minutes avant le début, je
n'ai pu m'installer qu'au fond. Tant qu'à faire, je me suis mis au tout
dernier rang, derrière un enfant qui devait avoir une visibilité de 0% (ce
que même l'Opéra de Paris ne facture pas 12€ !). On avait curieusement
retourné les chaises de façon à ce que la scène et les spectateurs soient
dans la nef. Étant au dernier rang, j'étais au milieu de la croisée du
transept. Au lieu de voir l'autel en arrière-plan, le public voyait donc
l'orgue de l'église (qui n'était bien entendu pas utilisé). C'est
probablement ce qui a fait fuir le Dieu des Chrétiens, s'il existe.
Depuis mon dernier rang, je voyais vaguement le chœur quand il était debout et, à condition de me tenir bien droit, les têtes du chef et des solistes. De là, les conditions acoustiques étaient déplorables. Le genre d'expérience, si c'était la seule, à dégoûter de la musique. C'est simple, dans la bouillie sonore qui me parvenait, seul un groupe d'instrument pouvait ressortir. S'il y avait des cuivres, comme c'était le cas dans le chœur introductif Jauchzet, frohlocket, vu qu'il est impossible de jouer juste avec ces instruments baroques, c'était absolument atroce. Dans de nombreux autres passages, les détails qui font le joyeux raffinement de cette musique étaient noyés, par exemple parce qu'un hautbois ne se faisait pas entendre à côté des cordes. Des chanteurs solistes, quand leur voix me parvenait, je n'entendais que des phrasés d'enterrement (pas aidés par les tempi plutôt lents). Les seuls moments au cours desquels j'aie pris quelque plaisir étaient les chorals, mais de l'accompagnement musical, je n'entendais alors que l'orgue et le violoncelle, tant pis, il fallait bien faire avec, enfin plutôt sans. Le seul numéro musical qui m'ait semblé convaincant a été le chœur Herrscher des Himmels qui est joué au début et à la fin de la troisième cantate. Il a été joué en bis (en fait, plus précisément en ter). M'étant alors rapproché de la sortie, j'ai pu profiter davantage de cette prestation renouvelée. Ce qui a été enregistré par Radio France est sans doute écoutable, mais à entendre depuis les derniers rangs, c'était désespérant.
2011-12-22 02:45+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2011-12-21
Bertrand Chamayou, piano
Philippe Aïche, violon solo
Orchestre de Paris
Pierre Boulez, direction
La Nuit transfigurée, op 4, version pour orchestre à cordes de 1943 (Schönberg)
Concerto pour piano nº2 (Bartók)
Concerto pour orchestre (Bartók)
C'était ce soir la deuxième fois que je voyais Pierre Boulez diriger un orchestre. Comme la fois précédente, je suis à l'arrière-scène. Une différence est que cette fois-ci les œuvres jouées ne sont pas de Boulez mais de Schönberg et de Bartók.
Le concert commence en effet par La Nuit transfigurée de
Schönberg, pour cordes. Au fait que l'on entende souvent très distinctement
les altos, aux échanges entre le violon solo et l'altiste solo, on sent
parfois que c'est une réorchestration d'un œuvre de musique de chambre (un
sextuor). Lors d'un test à l'aveugle, je n'aurais certainement pas deviné
que cette œuvre était de Schönberg. Je l'avais écoutée d'une oreille
distraite quelques heures avant le concert : cela m'avait semblé assez
classique
(en blindtest, j'aurais quand même probablement
trouvé le siècle, par chance, vu que le sextuor date de 1899). Cela a donc
été très inattendu, mais j'ai passé un merveilleux moment à écouter cette
œuvre dans les circonstances du concert. D'après Olivier qui était au parterre,
cela se voyait sur mon visage...
Si j'avais déjà vu Boulez, je ne l'avais pas vu diriger une œuvre
classique
. L'étendue de sa gestuelle paraît minimale. Les mains
s'aventurent rarement à plus de 10-15 centimètres de leur position de
repos. (Dans le DVD making-of du Ring de Bayreuth (1976-1980)
qu'il a dirigé, on le voit pendant quelques instants diriger lors de
répétitions : les mouvements y sont d'une tout autre amplitude.). On voit
bien qu'il compte des mesures qui ont le bon nombre de temps, mais comme
l'expliquera Zvezdo (qui était
aussi à l'arrière-scène), c'est qu'il dirige très-très en avance. Cela me
donnera pour ainsi dire l'impression qu'il pourrait presque diriger pour
lui-même, sans musiciens autour. Une forme d'ascèse...
Ceci étant, un petit mouvement d'un ou deux centimètres vers le haut de la main droite ou un mouvement rond vers l'avant de la gauche peut déclencher un ardent crescendo. En tout cas, dans ce Scönberg, cela a formidablement bien fonctionné.
La direction de l'orchestre se fait également à retardement lors des saluts à la fin de cette œuvre (et à la fin du concert). Alors que Boulez revient saluer, il fait signe aux musiciens de se lever, mais ceux-ci restent cloués à leurs sièges, lui laissant le privilège de recevoir les applaudissements. Ce n'est qu'après l'aller-retour en coulisses qui suit que l'orchestre se lève pour prendre sa part des suffrages.
Entre ensuite Bertrand Chamayou, un piano et des instruments autres que des cordes pour le concerto pour piano nº2 de Bartók. Le premier mouvement n'utilise pas les cordes frottées, uniquement le piano (très percussif) et les vents, les cuivres et les percussions. Depuis ma place d'arrière-scène, c'est tout simplement incompréhensible. J'apprécierai bien davantage les mouvements qui suivront, et tout particulièrement le deuxième (aux atmosphères multiples). De la timbalière, je ne vois que le visage concentré-impassible alors que pendant le même temps, ses mains s'activent en mouvements d'une étonnante précision, la synchro avec le pianiste semblant parfaite. Étant du côté des numéros impairs, je ne vois également que le visage du pianiste. La virtuosité de l'œuvre (apparemment surtout pendant le premier mouvement) est telle que pour une fois, le difficulté se lit sur le visage du pianiste qui n'en est rendu que plus humain. Les moments de silence des cordes feront que pour cette demi-heure de musique, certains pupitres de cordes auront à peine six pages à jouer. Cela m'a ainsi beaucoup amusé de voir les altos et violoncelles passer à la page 2 après environ un quart d'heure !
Après l'entr'acte, l'orchestre revient pour le concerto pour orchestre
de Bartók. Je ne pense pas avoir entendu de concerto pour orchestre
en dehors du baroque (en particulier Bach et ses concertos
Brandebourgeois). Les différents groupes d'instruments auront donc ainsi
chacun leurs passages solistes (les bassons ! le tuba !). Je ne sais plus
si c'est dans le quatrième ou le cinquième mouvement, mais il y a eu un
joli passage qui ressemblait plus ou moins à une fugue (à beaucoup de voix,
entre les vents et les cordes...). Dans le Finale, les mouvements
du chef se font plus vifs, plus amples. Cela fait terminer cette deuxième
partie de concert sur une bonne impression, le début m'ayant paru
un peu lent et froid.
Si cela avait été mon dernier concert de l'année, ç'aurait été une belle fin, mais il m'en reste encore...
Ce concert était filmé pour ArteLiveWeb. Quand on est deux mètres derrière un caméraman, on entend le bruit des instructions qu'il reçoit dans son casque... Le matériel en soi ne fait pas de bruit, mais à déplacer des caméras sur roulettes, on prend des risques. Dans un concert de rock, personne ne s'en rendrait compte, mais ce soir, pendant des pp, on a entendu des bruits de chocs des roulettes contre le bois de la scène en gradins. C'est d'autant plus dommage que le public a été particulièrement sage et concentré (au moins pendant la première partie du concert : pas de tousseurs et les retardataires ne sont entrés qu'après la fin de la première œuvre).
2011-12-21 00:51+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Bastille — 2011-12-20
Sergueï Prokofiev, musique
Rudolf Noureev, adaptation, chorégraphie et mise en scène
Petrika Ionesco, décors
Hanae Mori, costumes
Guido Levi, lumières
Laëtitia Pujol, Cendrillon
Florian Magnenet, L'acteur-vedette
Nolwenn Daniel, Alice Renavand, Les sœurs
Simon Valastro, La marâtre
Alessio Carbone, Le producteur
Mallory Gaudion, Le professeur de danse
Pierre Rétif, Le père
Mattia Sanguineti, Sébastien Surel, Des violonistes
Mélanie Hurel, Printemps
Marie-Solène Boulet, Été
Charlotte Ranson, Automne
Ludmila Pagliero, Hiver
Ballet de l'Opéra
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Fayçal Karoui, direction musicale
Cendrillon, ballet en trois actes d'après le conte de Charles Perrault
J'ai vu ce soir le ballet Cendrillon de Noureev pour la
deuxième fois. J'avais aussi assisté à la représentation du 27 novembre
avec Agnès Letestu et Stéphane Bullion dans les deux rôles principaux. Ce
soir, c'était Laëtitia Pujol qui interprétait le rôle de Cendrillon. Cela
commence comme on l'imagine, Cendrillon passant son temps soit près de la
cheminée soit un peu partout à nettoyer tandis que ses deux chipies de
sœurs de disputent. La partie magique est assurée par le producteur
(Alessio Carbone) qui débarque à la maison après un accident dans un engin
non identifié. C'est que Cendrillon aime le cinéma : quand elle en a le
temps, elle regarde des affiches de films ou fait un numéro de claquettes
dans le style de Charlie Chaplin. Un casting va avoir lieu, le producteur y
emmène Cendrillon. Dans les studios de cinéma, on commence par monter un
défilé de mode
au cours duquel les quatre saisons défilent. Ensuite,
les douze heures viennent avertir Cendrillon de l'échéance. Plus tard, on
passera d'un plateau de cinéma à un autre où se tournent trois films :
Trivial Pursuit, Burlesque Parade, King Kong -
Remake. Les deux sœurs de Cendrillon et la marâtre (Simon Valastro)
viennent tenter leur chance. Comme dans le premier tableau où un professeur
de danse venait tenter de leur apprendre à danse, ce même professeur leur
montre des pas et elles se plantent lamentablement. C'est qu'elles ont
l'intention de jouer avec l'acteur-vedette (Florian Magnenet). Celui-ci en
a rapidement marre de ces mauvaises partenaires. C'est alors que Cendrillon
fait une entrée de star, sous les flashs des photographes. Cendrillon est
émerveillée par tout ce qui l'entoure. L'acteur-vedette, évidemment, est
séduit. Cendrillon doit s'en aller avant que sonne minuit. Elle laisse
tomber une chaussure afin que l'acteur-vedette puisse la reconnaître. Tous
s'en vont finir la soirée dans un lieu de pertition, chacun selon ses goûts
et l'acteur-vedette fait la tournée des bars (au galop) pour essayer de
retrouver Cendrillon. La sœur verte (Alice Renavand) s'est échouée dans une
tavergne espagnole. L'acteur s'intéresse a elle mais il l'envoie valser
quand il constate que son pied ne rentre pas dans la chaussure. La scène se
reproduit dans une atmosphère chinoise avec l'autre sœur (Nolwenn Daniel).
Au petit matin, toute la famille (père alcoolique compris) se trouve à la
maison tandis que Cendrillon nettoie le sol. Certains ont l'air de
reconnaître en elle la fille qui la veille a réduit à néant leurs
possibilités de carrière dans le cinéma. Les deux sœurs se remettent à jouer
avec une quadruple testicule rouge. L'acteur-vedette vient armé d'une
chaussure et finalement, c'est Cendrillon qu'il reconnaît quand elle lui
montre l'autre chaussure. Cendrillon ne pense plus alors vraiment au
cinéma, mais seulement à l'acteur-vedette. Quand le producteur veut lui
faire signer un contrat, elle hésite mais finit par accepter. Le premier
tournage du couple d'acteurs peut commencer...
Je pense que j'ai préféré la distribution de ce soir à l'autre que j'ai vue il y a trois semaines. Laëtitia Pujol (que j'ai très peu vue danser) n'avait pas pu créer La Source en raison d'une blessure. J'ai ainsi été content de la voir. Dans son jeu ressortait bien les trois phases dans lesquelles évolue son personnage : dénuement dont elle ne s'évade que par le rêve, émerveillement quand le rêve se réalise, l'amour de l'acteur-vedette. Son partenaire était Florian Magnenet. L'acteur-vedette est un rôle de beau gosse ; il le fait très bien ! Je ne me suis pas ennuyé pendant le pas de deux final (qui m'avait semblé interminable avec Agnès Letestu et Stéphane Bullion). Dans le rôle de la marâtre, j'ai préféré Simon Valastro : Stéphane Phavorin en faisait un peu trop à mon goût dans ce rôle travesti. Dans les rôles où elles devaient souvent faire exprès de mal danser, Nolwenn Daniel et Alice Renavand ont été très très bien. Dans le rôle du producteur, Alessio Carbone m'a fait une meilleure impression que Karl Paquette. Le corps de ballet m'a semblé inégal, surtout chez les messieurs.
C'est un ballet bien sympathique, avec quelques effets à grand spectacle, comme la citrouille qui se transforme à vue en voiture ou encore King Kong qui se frappe les poings contre la poitrine et se dresse. On passe un bon moment et il y a une belle musique de Prokofiev (j'ai préféré celle de Roméo et Juliette). Ceci étant, c'est loin d'être aussi passionnant que peut l'être Onéguine qui se joue en même temps à Garnier...
Ailleurs : Danses avec la plume #1, #2, Blog à petits pas.
2011-12-15 01:57+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2011-12-11
John Cranko, chorégraphie, mise en scène (1965)
Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique
Kurt-Heinz Stolze, arrangements et orchestration
Jürgen Rose, décors et costumes
Steen Bjarke, lumières
Reid Anderson, Jane Bourne, Tamas Detrich, répétitions
James Tuggle, direction musicale
Evan McKie, Onéguine
Aurélie Dupont, Tatiana
Josua Hoffalt, Lenski
Myriam Ould-Braham, Olga
Karl Paquette, Le Prince Grémine
Ballet de l'Opéra
Orchestre Colonne
Onéguine, ballet en trois actes de John Cranko d'après Eugène Onéguine d'Alexandre Pouchkine
Le ballet Onéguine de Cranko que j'avais vu il y a deux ans et demi est un de ceux qui m'ont fait aimer le ballet classique, et incidemment Pouchkine. Le revoir m'a procuré à nouveau un très grand plaisir.
Dimanche dernier, le ballet était interprété par une distribution qui semble idéale... C'était à nouveau Aurélie Dupont qui interprétait le rôle de Tatiana. Nicolas Le Riche blessé a été remplacé par Ewan McKie (ballet de Stuttgart). Je ne saurais trop dire pourquoi cela a marché, mais il me semblait évident que ce partenariat fonctionnait comme jamais je ne l'ai vu chez aucun couple de danseurs ! Dans la scène de la lettre que Tatiana écrit à Onéguine s'insère un rêve où elle voit dans un miroir paraître Onéguine qui le traverse et danse avec elle un pas de deux. Quoique vu depuis le dernier rang de l'amphithéâtre (mal aux genoux !) et sans jumelles, ce pas de deux m'a semblé extrêmement émouvant, tout comme celui de la fin, quand quelques années plus tard, mariée au prince Grémine, Tatiana rencontre à nouveau Onéguine et le congédie. Onéguine avait autrefois tué dans un duel son ami Lenski qui était promis à Olga, la sœur de Tatiana. Ce couple formé par Myriam Ould-Braham (Olga) et Josua Hoffalt (Lenski) fonctionne également à merveille ! De son côté, Karl Paquette (Le Prince Grémine) ne démérite pas, mais quand il danse avec Aurélie Dupont (ce qui dans cette chorégraphie signifie qu'il n'arrête pas de la porter), on ne voit qu'elle tant elle est rayonnante !
Lors du premier entr'acte, Genoveva à qui je fais part de mon misérable placement me dégotte une très bonne place aux premières loges. Certes, je suis debout, mais je n'ai pas à faire de contorsions et je vois toute la scène de pas trop loin, et de face, ce qui me permet d'admirer les décors que je trouve très beaux.
Ce mercredi soir, j'y suis retourné pour voir une autre distribution, qui m'a semblé également très bonne, mais pas aussi enthousiasmante que la précédente. Je pense que c'était la première fois que je voyais Clairemarie Osta dans un grand rôle classique. Sans m'éblouir autant qu'Aurélie Dupont dans ce rôle, elle m'a fait une excellente impression. Son partenariat avec Benjamin Pech m'a bien plu aussi, mais cela m'a un peu moins touché que Dupont-McKie. Comme la fatigue physique était plus visible chez lui, Benjamin Pech a donné du personnage d'Onéguine l'image d'un homme plus fragile.
Un des autres intérêts de cette distribution était le couple Mathilde Froustey/Josua Hoffalt en Olga/Lenski. Je garde un excellent souvenir de la prestation de Mathilde Froustey dans ce rôle (avec Mathias Heymann) en 2009. J'aurais sans doute été aussi enthousiasmé ce soir si je n'avais pas vu Myriam Ould-Braham quelques jours auparavant. Son interprétation du rôle fait du personnage d'Olga une enfant insouciante et souriante. Pendant la quasi-totalité de la durée de sa présence sur scène (scène du duel exceptée), elle sourit ! Si c'est une bonne chose que l'effort physique lié à la danse ne transpire pas sur son visage, il est dommage que les émotions exprimées n'aient pas été un peu plus variées. Pour le reste, sa danse était impeccable !
Pour moi, la révélation de ce soir a été Josua Hoffalt. Si, vu de loin, il semble être évidemment un très bon danseur, quand on le voit de plus près ou quand on zoome grâce aux jumelles, il prend une tout autre dimension... J'ai beaucoup aimé son partenariat avec Mathilde Froustey : sachant être souriant, mais pas tout le temps. Son solo dans la scène qui précède le duel avec Onéguine était également très intéressant.
Enfin, pour en finir avec la distribution, Christophe Duquenne m'a semblé donner un peu plus d'existence au personnage du Prince Grémine.
Ce ballet de Cranko est une très belle chorégraphie. Les danseurs doivent très souvent porter leur partenaire. J'ai déjà dit que les décors étaient jolis. La scénographie n'est pas inintéressante non plus. Si le découpage en trois (relativement courts) actes donne lieu à deux entr'actes, le passage d'un tableau à un autre est géré sans réelle perte de continuité par l'utilisation d'un rideau transparent et d'un autre opaque entre lesquels les danseurs peuvent évoluer latéralement. L'avant-scène est également utilisée, comme au troisième acte lors d'un flashback vers la scène du duel.
Une des qualités de ce ballet est de très bien marier la danse des solistes et les ensembles. C'est particulièrement bien fait dans la scène de l'anniversaire de Tatiana au cours duquel tout le monde danse alors que tout se joue entre les personnages principaux. Certains contrastes sont saisissants entre l'ambiance générale qui est joyeuse et les tourments qui s'emparent des personnages : le rejet que Tatiana subit de la part d'Onéguine, qui commence à séduire Olga, rendant Lenski fou de jalousie...
Cela en a étonné plus d'un, mais si la musique est de Tchaikovski, elle n'est en rien celle de son opéra Eugène Onéguine. D'autres œuvres du compositeur ont été arrangées. En 2009, c'était l'Orchestre de l'Opéra de Paris que dirigeait James Tuggle. Cette fois, c'est l'Orchestre Colonne. Je trouve que cet orchestre a fait une prestation tout à fait honorable. Cependant, j'ai comme l'impression qu'il y a eu des imperfections dans le solo d'alto de la scène où Lenski est seul en scène peu avant le duel.
Ailleurs : Danses avec la plume, Blog à petits pas, Klariscope.
2011-12-10 02:15+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2011-12-09
Hélène Collerette, violon solo
Orchestre philharmonique de Radio France
Académie philharmonique
Alan Gilbert, direction
Tasso, Lamento et Trionfo (Liszt)
Barry Douglas, piano
Totentanz (Liszt)
Suite symphonique d'après le Ring (Wagner)
Pour la première fois de la saison, je monte au deuxième balcon de la Salle Pleyel pour assister à un concert du Philharmonique de Radio France. Je pense que cela doit être la première fois que j'étais dans la partie centrale de ce balcon. L'effort de la grimpette jusqu'à ce sommet est récompensé par une très belle vue sur l'ensemble de l'orchestre et par des conditions acoustiques favorables.
La première œuvre jouée est pour moi une révélation. Dans le début de ce Tasso, Lamento et Trionfo, on entend des associations orchestrales qui font beaucoup penser à son contemporain Wagner, notamment dans la façon d'utiliser les vents (la clarinette-basse !) et les cuivres. Quelques beaux passages où une gamme descendante est jouée par les violons, les altos, les violoncelles et enfin les contrebasses. Ce n'est pas forcément très original, mais cela fait plaisir à entendre. Les moments de dialogue entre les violons I et II est très belle à regarder.
L'œuvre suivante suivante Totentanz me plaît un peu moins. On est là plutôt dans des excentricités pianistiques (un petit glissando par ci, des grosses basses par là, une utilisation du piano autant comme instrument mélodique ou harmonique qu'en tant que percussion). C'est à se demander si les pianos hongrois ne s'useraient pas plus vite que ceux installés dans le reste du monde. L'ensemble est très varié, et il y a même des moments où on a presque l'impression d'entendre du Bach contrapuntique. Si je ne suis pas autant aux anges qu'à l'écoute de la première œuvre jouée, mais c'est tout de même très beau.
La deuxième partie est fort logiquement consacrée à Wagner : une suite symphonique Le Ring sans paroles. L'effectif de l'orchestre est vertigineux : 18 violons I, 16 violons II, 14 altos, 10 violoncelles, 9 contrebasses, 6 harpes, 15 vents, 9 cors, 8 trompettes et trombones, un tuba, quatre percussionnistes. Total : 110 musiciens et un chef. Les musiciens ne sont pour autant pas trop serrés puisqu'une rallonge de scène a été installée.
L'exécution de ces extraits de la Tétralogie me procure un grand plaisir. Contrairement aux conditions d'écoute lors d'une représentation d'opéra, le spectacle réside ici uniquement dans l'orchestre. L'engagement des musiciens est manifeste. Certes, les trombones ne seront pas toujours très synchros, mais à part pour quelques occurrences du motif du Sort, les couacs de cuivres me gêneront nettement moins que lors d'autres concerts où ils étaient moins utilisés que dans Wagner.
Une petite frustration viendra pour moi de l'absence des voix. On aurait
pu imaginer, comme dans la Doctor Atomic Symphony de John Adams entendue récemment de remplacer une voix par un instrument.
Ce n'est pas le cas ici, et il me faut un peu d'imagination pour entendre
l'Adieu de Wotan dans la séquence ainsi nommée. Une autre
frustration vient du côté zapping de cette sélection. Les morceaux
sont enchaînés les uns aux autres, et on passe sans transition d'une scène
à une autre, ce qui a fait qu'à plusieurs reprises, je me suis dit : Ah
zut, cette partie-là est déjà finie, on est passé à autre chose...
.
Ainsi, par exemple, j'aurai bien aimé que l'extrait où Siegfried atteint le
rocher de Brünnhilde aille au moins jusqu'au Salut au monde. On
l'entendra cependant peu avant la Trauermarsch dans le récit de
Siegfried qui précède sa mort. À l'inverse, j'ai l'impression qu'on a un
peu trop entendu le motif qui est associé à Brünnhilde dans Le
Crépuscule des Dieux. J'ai même du mal à comprendre où ont été faites
certaines coutures.
Ceci étant dit, certains moments furent particulièrement beaux, comme celui du Voyage de Siegfried sur le Rhin et surtout le finale, un peu avant le moment où dans le texte Hagen dit Zurück vom Ring!. Autant j'avais été déçu par le côté brouillon de l'interprétation par les cordes du motif de la Rédemption par l'Amour par l'Orchestre de l'Opéra de Paris (en juin 2011), autant ici, les quelques apparitions de ce motif dans cette fin m'ont paru belles et très bien mises en valeur. (Klari me soufflait que les musiciens de ce soir n'avaient pas cinq heures de représentations dans les jambes...)
Le concert est disponible à la réécoute sur ArteLiveWeb.
(Vu du deuxième balcon, j'avais eu l'impression que le pianiste Barry
Douglas avait fait quelques glissandi de touches noires, mais la vidéo
permet d'infirmer cette observation
.)
2011-12-06 23:59+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2011-12-06
Orchestre Colonne
Laurent Petitgirard, direction
Prélude à l'après-midi d'un faune (Debussy)
Jean-Claude Pennetier, piano
Concerto pour piano (Graciane Finzi)
Nuits dans les jardins d'Espagne (Manuel de Falla)
Soirée dans Grenade (Debussy)
España, Chabrier (bissé)
Après un programme russe, c'est un programme espagnol que le Colonne a donné ce soir à Pleyel.
Cela commence curieusement par le Prélude à l'après-midi d'un faune. Cette programmation semble liée à l'arrivée d'une nouvelle flûtiste solo dans l'orchestre. Le tempo m'a paru parfois légèrement lent, mais j'ai apprécié de réentendre cette œuvre que je n'avais pas entendue en concert depuis environ deux ans.
Vient ensuite l'œuvre contemporaine du programme. Je suis d'habitude assez content des choix du Colonne en la matière. Ce soir, j'ai été moins convaincu. Cela semble très bien joué, mais cela faisait quand même beaucoup musique de fin du monde. Une bombe nucléaire vient d'exploser. Les survivants essaient de tenir et rampent sur le sol... Les cordes poussent des cris stridents... Dans les deux premiers mouvements, on oublie presque que c'est un concerto pour piano. Jean-Claude Pennetier joue des suites d'accords plus ou moins brutaux. Cela devient subitement beaucoup plus virtuose dans le troisième mouvement, qui se termine avec un très violent crescendo (pour les spectateurs d'arrière-scène en tout cas...).
Je connais très mal la musique de Falla. Après l'entr'acte étaient
jouées les Nuits dans les jardins d'Espagne. C'est assez varié et
un peu plus moderne
que ce que j'imaginais a priori,
surtout dans le début de l'œuvre. La pièce de Debussy qui a été jouée
ensuite Soirée dans Grenade est tout autant adorable, mais le
style de la pièce me surprend encore plus ; j'ignorais que Debussy avait
écrit une musique aussi ethnique
.
Enfin, pour conclure le concert, España de Chabrier, que je connaissais, mais que je n'avais jamais entendu en concert. La direction est un peu lente la première fois qu'elle a été jouée. Cela m'a permis d'entendre des détails qui sinon resteraient cachées par la vitesse et les décibels, mais, ce morceau ayant été bissé, j'ai quand même préféré la deuxième interprétation, plus vive et plus énergique qui en a été faite quelques minutes plus tard.
Sinon, à signaler : quelques drôles de lascars dans le public. Devant moi, pendant tout le concert, un spectateur n'a pas arrêté de lire un manuel de corporate responsability et de tapoter des messages sur son téléphone portable. À côté de moi, un autre feuilletait un catalogue, toussait et s'est même levé de sa place pendant l'exécution d'une œuvre pour mieux voir ce qui se passait du côté des percussions (qui sont cachées depuis certaines places de l'arrière-scène).
2011-12-04 21:33+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2011-12-04
Élisabeth Platel, introduction
Bertrand Barena, professeur
Tristan Lofficial, pianiste
Sixième division garçons
Véronique Doisneau, professeur
Yuko Tsuchiya, pianiste
Sixième division filles
Marc Du Bouaÿs, professeur
Tadeusz Gieysztor, pianiste
Cinquième division garçons
Marie-José Redont, professeur
Isabelle Van Brabant, pianiste
Cinquième division filles
Wilfried Romoli, professeur
Masako Shimura, pianiste
Quatrième division garçons
Fanny Gaïda, professeur
Richard Davis, pianiste
Quatrième division filles
Marie Blaise, professeur et accordéoniste
Sixièmes et cinquièmes divisions filles et
garçons, et stagiaires 1 an folklore
Claire Baulieu, professeur
Tristan Lofficial, pianiste
Deuxièmes divisions filles et garçons
contemporain
Yasmine Piletta, professeur
Cinquièmes divisions et stagiaires 1 an
filles et garçons mime
Jessica Choppe, professeur
Michel Myron Mytrowytch, pianiste
Quatrièmes divisions filles et garçons
danse de caractère
Scott Alan Prouty, professeur
Richard Davis, pianiste
Sixièmes et cinquièmes divisions filles et garçons
expression musicale
Démonstrations de l'École de danse de l'Opéra.
Opéra Garnier — 2011-12-04
Élisabeth Platel, introduction
Bernard Boucher, professeur
Michèle Linardi, pianiste
Troisième division garçons
Fabienne Cerutti, professeur
Claire Djourado, pianiste
Troisième division filles
Éric Camillo, professeur
Michel Myron Mytrowytch, pianiste
Deuxième division garçons
Francesca Zumbo, professeur
Ellina Akimova, pianiste
Deuxième division filles
Jacques Namont, professeur
Gaëlle Sadaune, pianiste
Première division garçons
Carole Arbo, professeur
Laurent Choukroun, pianiste
Première division filles
Roxana Barbacaru, professeur
Ellina Akimova, pianiste
Troisièmes divisions filles et garçons
danse de caractère
Wilfried Romoli, professeur
Laurent Choukroun, pianiste
Premières divisions filles et garçons
adage
Démonstrations de l'École de danse de l'Opéra.
Comme l'année dernière, j'ai passé une journée à
l'Opéra Garnier pour assister aux démonstrations de l'école de danse. Le
déroulement de la journée a été globalement assez semblable à celui de
l'année dernière (une différence notable est l'absence de neige cette
année). Je n'ai eu à changer que quelques noms d'enseignants et de
pianistes dans la distribution
ci-dessus, donc à la place d'un
compte-rendu détaillé, voici le sapin de Noël visible dans le Grand Foyer
de l'Opéra :
Sinon, en vrac, que dire :
exercicesa été singulièrement renouvelée cette année puisque chacune des danseuses a présenté une variation !
2011-12-03 01:46+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Culture indienne
Auditorium du Musée Guimet — 2011-12-02
Priyadarshini Govind, bharatanatyam
Élisabeth Petit, voix
Balakrishnan Karipatil Sankaran, nattuvangam
Preethy Maheshwar, chant
Sakthivel Murugananthan Subramaniam, mridangam
Sigamani Natarajan, violon
Murugan Krishnan, lumières
J'ai assisté ce vendredi au premier des deux récitals que Priyadarshini Govind donne au Musée Guimet. J'en sors extrêmement déçu, davantage encore que du programme donné à Mumbai en février 2010 où elle partageait l'affiche avec la sublimissime chanteuse carnatique Aruna Sairam (qui viendra au Théâtre de la Ville en avril).
Après une chanson interprétée par quatre musiciens, dont au moins trois accompagnent régulièrement la danseuse, celle-ci a dansé en quelques sorte des salutations (sans les traditionnelles offrandes de fleurs, qu'elles soient mimées ou réelles). Cette pièce est jouée sur une musique essentiellement rythmique, relativement lente.
Vient ensuite un affreux interlude du violoniste à l'issue duquel la danseuse présente quelques mouvements pouvant aider à la compréhension de la suite, les explications étant données par une voix-off. Cette pièce est censée être narrative, racontant l'histoire d'une jeune femme qui se languit de Shiva. Je n'ai pas réussi à suivre le fil narratif de cette pièce entrecoupée de longs passages rythmiques (dans lesquels la danseuse n'est justement pas tout à fait en rythme comme ce fut le cas dans le premier). Initialement, se sentant abandonnée de Shiva, la jeune femme est très triste et tourmentée par un ardent amour. Étonnamment, une coulée de larmes descend de l'œil gauche de la danseuse et se répand sur sa joue. Après, je vois bien que Shiva entre en scène, mais le détail de l'histoire m'échappe. Je ne saurais trop dire s'il faut prendre au propre ou au figuré l'image qui a été montrée d'un insecte (papillon ou abeille ?) butinant une fleur de lotus...
Les deux pièces suivantes mettent en scène des amours illicites. Je n'en ai pas la totale certitude pour la première, mais il est certain que j'ai vu la deuxième à Mumbai. Dans la première, une dévôte de Shiva est charmée par Krishna. La pièce est assez lente et est surtout faite de pantomime. La danseuse montre la jeune femme à ses rites shivaïtes (on la voit ainsi arroser de lait un lingam). J'ai du mal à comprendre comment cela a pu m'échapper, mais je n'ai pas l'impression d'avoir vu un seul instant Krishna représenté dans la chorégraphie. On ne m'aurait pas dit avant que c'en était un personnage, je n'en aurais aucune idée...
La deuxième de ces pièces met en scène une femme adultère. Son mari s'en va en voyage. Son beau-père est probablement assoupi. Elle convoque son amant. (Tiens, cette fois-ci, on ne nous a pas dit que cet amant était le dieu Venkateshwarar...)
Le programme s'achève par un numéro rythmique. Dans cette pièce, on voit la danseuse exécuter des mouvements avec un ou deux genoux au sol.
En bis, elle a dansé une dernière pièce, la seule que j'ai trouvée
intéressante. Le problème, c'est que je n'ai pas compris l'histoire... Il
était peut-être vaguement question d'une femme exprimant sa dévotion envers
quelque dieu. J'ai cru entendre Muruga
une ou deux fois dans le
texte chanté. Ce ne sont que conjectures...
Si cette danseuse ne manque pas de qualités (par exemple : elle pris à au moins deux reprises la pose Shiva-Nataraja d'une superbe manière), ce récital ne m'a guère plu. Cela a manqué d'un certain nombre d'ingrédients : de la belle danse pure, de l'expression dans le visage, de la narration... Par ailleurs, les annonces faites par la voix-off m'ont semblé trop succintes. Autant rien dire ou distribuer à l'avance un programme résumant les différentes pièces. C'est ce que j'ai trouvé le plus frustrant. D'autres danseuses, par le seul langage chorégraphique, ont déjà réussi à me faire comprendre des histoires plus complexes...
2011-12-02 01:48+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Garnier — 2011-12-01
Javier Camarena, Don Ramiro
Riccardo Novaro, Dandini
Carlos Chausson, Don Magnifico
Jeannette Fischer, Clorinda
Anna Wall, Tisbe
Karine Deshayes, Angelina
Alex Esposito, Alidoro
Jean-Pierre Ponnelle, mise en scène, décors et costumes
Grischa Asagaroff, réalisation de la mise en scène
Michael Bauer, lumières
Alessandro Di Stefano, chef de chœur
Bruno Campanella, direction musicale
Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris
La Cenerentola, Rossini
Je sors peu enthousiaste de la représentation de La Cenerentola qui vient d'avoir lieu à l'Opéra Garnier. La mise en scène est tradi-vieillote. Les décors sont semi-construits, mais il y a beaucoup de toiles peintes (qui ondulent quand un chanteur vient à les toucher). Par rapport à la fraîcheur de la production mise en scène par Irina Brook au TCE il y a quelques années (et que j'ai vue en 2010), c'est tristounet. On n'aurait pas perdu grand'chose à voir une version de concert à la place.
Le plus triste, c'est ce qui se passe dans la fosse. Avant même le début du spectacle, j'avais des craintes en découvrant le nombre réduit de premiers violons (8). L'entame du Sinfonia est très très lente et le volume sonore est très faible. Il y aura bien un petit crescendo et un léger accelerando, mais pas de risque d'hyperacusie ou d'excès de vitesse (non-sequitur : pourquoi ne pas regarder Poiret-Serrault dans le sketch Le permis de conduire un orchestre ?). J'ai des souvenirs bien plus vivifiants d'autres interprétations. La façon qu'a eu le chef Bruno Campanella de se retourner vers le public aussitôt la dernière note jouée pour ne pas laisser d'autre choix aux spectateurs que d'applaudir ce Sinfonia ne m'a pas particulièrement mis de bonne humeur.
Bien que l'effectif de l'orchestre soit réduit, le volume sonore émis par les chanteurs pendant une bonne partie du premier acte est trop faible : l'orchestre les couvre. Le tempo souvent trop lent à mon goût n'aide pas les chanteurs et on s'ennuierait presque, ce qui est tout à fait inattendu pour un opéra de Rossini...
Les chanteurs se libèrent quelque peu dans le deuxième acte. Les airs de Javier Camarena (Don Ramiro), Carlos Chausson (Don Magnifico), Riccardo Novaro (Dandini) et Alex Esposito (Alidoro) me plaisent beaucoup. Pendant l'entr'acte, je pouvais voir les musiciens autour du piccolo s'amuser de ce que la flûtiste répétât les premières notes de l'air Non più mesta. À la fin de l'opéra, son interprétation sera impeccable. La chanteuse Karine Deshayes (Angelina) l'a fort bien chanté (nettement mieux que dans la version DVD que je possède : je déteste ce que fait Cecilia Bartoli dans cet air...).
Si le deuxième acte ne m'a pas déplu, je ne pense pas que cette soirée entrera au Panthéon de mes soirées d'opéra...
2011-12-01 01:24+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2011-11-28
London Symphony Orchestra
Valery Gergiev, direction
Hélène Grimaud, piano
Concerto pour piano en la mineur, op. 54 (Schumann)
Symphonie nº10 (Chostakovitch)
Le LSO a donné deux excellents concerts lundi et mardi. Cela avait
pourtant mal commenté. Pendant le concerto pour piano de Schumann, je n'ai
pratiquement entendu que le râle de fin du monde d'un spectateur dont je
n'ai pas réussi à identifier l'origine malgré mon placement à
l'arrière-scène. Le chef Valery Gergiev a également semblé émettre des
bruits assez peu seyants pendant ce concerto. Visuellement, il semblait
assez évident qu'il laissait l'orchestre et la pianiste en pilotage
automatique (il avait aussi l'air de prendre quelque peu ses marques :
Hum, voyons, où sont mes premiers violons ? Il tourne la tête vers la
droite. Tiens, ils ne sont pas là. Il la tourne vers la
gauche. Ah, vous voilà donc, je vous cherchais partout !
). Alors
que j'étais dans de bonnes dispositions vis à vis de cette œuvre (fût-elle
de Schumann) après l'avoir entendue par Dang Thai Son et
l'Orchestre de Paris, j'ai accueilli la fin du dernier mouvement avec
un certain soulagement. Je ne sais pas de qui était le bis joué par Hélène
Grimaud, mais c'était tout ce que je n'aime pas (ou ne sais pas apprécier)
chez certains pianistes : un déluge de notes simultanées dans lesquelles je
me noie (une impression que j'ai eue aussi à certains moments pendant le
concerto). Malgré la virtuosité évidente que cela demande de la part de la
soliste, cela me laisse indifférent.
La deuxième partie du concert est d'une tout autre qualité. Pour la dixième symphonie de Chostakovitch, le chef était beaucoup plus concentré. L'œuvre contient des passages sonnant plutôt agréablement aux oreilles et soudainement une folle furie dissonante peut s'emparer de l'orchestre. J'ai eu moins l'impression d'être perdu dans ce déferlement qu'à l'écoute de la Symphonie nº8 par le Philharmonique de Radio France. Les instruments à vents sont fabuleux : hautbois, bassons, piccolo, flûtes, etc. L'engagement coordonné de tous les musiciens est impressionnant, autant pour les yeux que pour les oreilles. Les graves des contrebasses (8) et des violoncelles (10) réunis sont sidérants. On entend parfois très distinctement les altos (12) ! Sur scène, on a aussi réussi à caser 14 violons II et 16 violons I.
⁂
Salle Pleyel — 2011-11-29
London Symphony Orchestra
Valery Gergiev, direction
Le Lac enchanté (Anatole Liadov)
Anne-Sophie Mutter, violon
Concerto pour violon en ré majeur, op. 35 (Tchaikovski)
Lichtes Spiel (Wolfgang Rihm)
Symphonie nº6 (Chostakovitch)
Le concert du mardi commence par Le Lac enchanté de Liadov. L'œuvre est tout en pianissimi et recèle de très belles atmosphères musicales. Après que les cordes soient passées de la configuration 16/14/12/10/8 à 14/12/10/8/6 (j'apprécie la régularité du nombre de cordes, le nombre total étant obtenu en ajoutant quatre au nombre de contrebasses puis en multipliant par cinq), Anne-Sophie Mutter entre en scène pour interpréter le concerto pour violon de Tchaikovski. Son interprétation est moins superlative que celle de Leonidas Kavakos (avec l'Orchestre de Paris). Cela reste néanmoins superbe. J'ai toutefois eu peu de mal à me faire aux sonorités de l'instrument pendant les premières minutes du concerto. L'interprétation s'accompagne d'un son souvent rêche ; cette âpreté est curieusement contrebalancée par davantage de vibrato. Toutefois, la cadence du premier mouvement m'a énormément plu. Le fait d'être un tout petit peu moins captivé par la soliste fait que j'ai pu apprécier davantage les parties orchestrales et entendre des détails qui m'avaient échappé. J'ai tout particulièrement été étonné de retrouver une technique d'orchestration typiquement tchaikovskienne : des phrases musicales dont les notes successives (groupées par petites grappes) sont jouées par différentes parties. C'est facile à repérer sur une partition d'orchestre :
Cette mesure extraite de la scène de la lettre de Tatiana dans l'opéra Eugène Onéguine (cliquer ici pour entendre ce passage) est la première chose qui me vient à l'esprit quand je pense à Tchaikovski...
Après l'entr'acte, Lichtes Spiel de Rihm (pour violon, vents et cordes en formation 6/6/4/4/2) me plonge dans une semi-léthargie. Je sens néanmoins un petit moment de panique et un silence sans doute involontaire chez la soliste lors d'une tourne récalcitrante.
Comme la veille, la symphonie de Chostakovitch programmée (ici la sixième) a conclu le concert d'une magnifique manière. L'œuvre m'a semblé beaucoup moins dissonante que la dixième symphonie. Le premier mouvement est joué sur un tempo très lent par un orchestre maintenant une sombre tension. L'atmosphère change radicalement lors deux derniers mouvements, plus rapides. La fin a été particulièrement brillante !
Ailleurs : Paris Broadway.
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