« Myriam Ould-Braham en Juliette | Le Bolchoï enflamme Paris »
2011-05-05 01:19+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
MC93 Bobigny — 2011-05-04
Alisa Kolosova, Orphée
Ilona Krzywicka, Eurydice
Olivia Doray, Amour
Geoffroy Jourdain, direction musicale
Dominique Pitoiset, Stephen Taylor, mise en scène
Dominique Pitoiset, scénographie
Axel Aust, costumes
Christophe Pitoiset, lumières
Cécile Kretschmar, création des maquillages
Franck Guillemain, réalisation et montage vidéo
Orchestre-Atelier Ostinato
Le Jeune Chœur de Paris
Orphée et Eurydice, Gluck (version Berlioz)
Je me suis rendu pour la première fois à la MC93 Bobigny pour assister à la deuxième production scénique de la saison pour l'Atelier lyrique de l'Opéra de Paris après Street Scene. La MC93 est accessible en métro, il n'y a qu'à marcher cinq minutes (fléchage indiscutablement spectaculaire) pour accéder à cette salle située boulevard Lénine. On y trouve une restauration à bas coût, une librairie et en entrant dans la salle de spectacle (environ 600 places), on est saisi par son côté monumental : des gradins à la pente prononcée, un décor brut et noir d'où débordent des tuyaux. La fosse d'orchestre est très profonde. C'est une gorge dont l'accès est protégé par une sorte de parapet dont la partie supérieure n'est qu'un épais câble métallique torsadé. La beauté de la salle n'est pas en mesure d'interférer avec la beauté de ce qui se passera sur scène !
La version de l'Orphée et Eurydice de Gluck jouée ce soir est celle adaptée par Berlioz, en français. L'absence de surtitrage se fait malheureusement sentir, que ce soit pour les trois chanteurs solistes ou pour le chœur. Cependant, chacun aura l'occasion de chanter des passages (notamment ceux qui se rapprochent du récitatif) dans lesquels le texte, quelque peu suranné, se fait entendre. Ayant déjà vu une version allemande, j'aimerais bien un jour voir une production scénique de la version d'origine en italien...
La mise en scène de Dominique Pitoiset et Stephen Taylor m'a paru assez intelligente. Le décor, unique, présente l'intérieur très-moderne d'un appartement. Des fauteuils, des armoires, des tiroirs, un réfrigérateur, un coin bar avec évier (fonctionnel !). La profession d'Orphée est signalée par la présence d'un pupitre et d'une harpe. Dans la première scène, les membres du chœur (habillés en noir et portant chacun une rose rouge) viennent présenter leurs condoléances à Orphée dont l'épouse est morte. Une rotation du décor permet ensuite de montrer son autre face : la salle de bain et la chambre à coucher. On comprend qu'Eurydice s'est suicidée. Des constatations légales sont en train de se faire.
Amour (jeune femme dynamique en perruque blonde, mais personnage plus sombre que dans d'autres versions) vient apporter quelque réconfort à Orphée. La solution pour lui semble être de partir dans un enfer artificiel (mélange alcool-drogues aidant). Le reste de l'histoire est connu...
Contrairement à certaines versions de l'opéra de Gluck, cette version-ci, je l'ai découvert au cours de la représentation, mais vu le parti pris de mise en scène, comment eût-il pu en aller autrement ? cette version-ci, disais-je, se finit très mal. Si j'ai bien compté, Eurydice sera morte trois fois et Orphée réussit à se suicider.
Au-delà du décor et des idées, le travail de mise en scène proprement dit est remarquable : le placement, les mouvements et l'attitude des membres du chœur sont saisissants (le genre de choses que je n'ai pas souvent le loisir de mesurer en vision directe, ce que j'ai pu apprécier ici depuis mon placement au quatrième rang !). Cela vaut aussi pour les trois solistes, mais vu son importance, c'est le plus frappant pour le rôle d'Orphée.
Du côté de la musique, cette version Berlioz semble contenir quelque fantaisie quasi-rossinienne, et en même temps tellement française, à la fin du premier acte. Passage a capella, vocalises redoutables pour Alisa Kolosova qui s'en sort plus que bien. (Après vérification, il s'agit de l'air Amour, viens rendre à mon âme.)
Malgré le petit bémol concernant le texte pas toujours intelligible, je suis plus que très agréablement surpris par la qualité de ce spectacle ! Et malgré un commencement à 20h30 (légèrement retardé), j'ai été tout étonné d'être rentré à Orsay dès 23h30.
Ah, le livret français! parlant de l'amour:
Sa chaîne agréable
Est préférable
A la liberté :)
Mieux vaut parfois une diction un peu voilée
et quel dommage que la version parisienne avec ténor soit si peu donnée!
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