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2005-12-28 18:00+0100 (Brest) — Jeux
Je ne serai pas là cette semaine, je dois assister à un séminaire de recherche clinique sur les mutations et les remplacements synaptiques chez les intellectuels.
Pour la première fois au monde, nous allons pouvoir examiner en temps réel les modifications neurobiologiques induites dans l'hémisphère gauche chez un philosophe par l'écoute d'un album de Lorie.
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Mise à jour ― Je viens tout juste de rentrer de cette semaine. Comme vous pouviez vous en douter si vous connaissez ma formation humaniste, je ne participais pas à cette recherche clinique en tant que neurobiologiste, mais en tant que cobaye.
J'ai passé la première matinée en compagnie d'autres philosophes dans la salle de conférence où les grandes lignes du protocole expérimental nous ont été expliquées.
Dans l'après-midi, je me suis donc laissé faire très docilement par les assistants. Après m'être installé dans un fauteil très confortable, ceux-ci m'ont fixé des électrodes sur la tête. Sur leurs écrans, rendez-vous compte, ils pouvaient suivre l'activité de mon cerveau. On m'a ensuite posé un casque sur les oreilles. Pour étalonner le matériel et vérifier que tout fonctionnait bien, on m'a d'abord fait écouter un long discours de notre ancien Premier ministre.
Soudain, on me dit que l'expérience proprement dite allait commencer ; mais à ma grande stupeur, je n'entendis rien pendant un peu moins de cinq minutes.
On me retira alors les écouteurs et les électrodes, et on m'invita à venir le lendemain à la conférence qui présenterait les résultats de ces expériences.
L'heure venue, je me suis assis au premier rang de la salle où allait se tenir l'exposé du directeur de ces recherches. Les mines de certains des autres cobayes trahissaient une certaine euphorie, d'autres semblaient défaites.
Je ne peux pas me permettre de révéler ici tous les détails des résultats obtenus par cette équipe, ceux-ci étant encore sous le joug de la confidentialité. Néanmoins, concernant la méthode, on nous a expliqué que les expérimentations avaient été faites en double aveugle. Je n'ai pas tout compris à ces paroles savantes, mais il m'a semblé comprendre que certains cobayes ont entendu Noir c'est noir chanté par Johnny Hallyday, d'autres La positive attitude de Lorie, et d'autres encore une œuvre contemporaine de John Cage qui devait s'appeler four minutes, thirty-three seconds.
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Ceci est ma participation au jeu du sablier nº4 de Kozlika.
2005-12-23 18:32+0100 (Brest)
Cela se fait en plusieurs étapes :
Je viens en effet de recevoir le mail suivant :
From: "Amazon.fr"
A votre attention de la part d'Amazon.fr
Nous vous écrivons afin de vous informer du statut de votre commande passée sur notre site.
Suite à des difficultés d'approvisionnement, nous vous informons que les articles listés ci-après ne pourront pas vous être livrés avant le 25 Décembre 2005.
- Pinjar. Le squelette
- Histoire de l'Inde
Nous comprenons parfaitement votre réaction et vous prions de bien vouloir nous excuser pour le désagrément que ce retard a pu provoquer.
Aussi, en compensation, nous avons decidé de vous offrir un chèque-cadeau de 5 €. Nous comprenons que vous devez être très impatient de recevoir vos articles, et que ce bon de réduction ne remplacera pas le retard d'expédition de votre commande de Noël. Toutefois nous espérons que vous l'accepterez ainsi que nos sincères excuses.
[...]
Ils sont bien gentils, mais cette commande n'avait rien à voir avec Noël ; j'avais déjà reçu un mail identique l'année dernière. J'avais d'ailleurs oublié de dépenser ces 5 €.
L'ironie de l'histoire est qu'il n'est pas permis d'utiliser ce chèque-cadeau pour acheter d'autres livres (puisque la loi Lang fixe dans une certaine mesure le prix des livres).
2005-12-17 03:44+0100 (Grigny)
Ces derniers mois, difficile de passer à côté du phénomène 数独, il se manifeste jusqu'au quotidien de référence. Il s'agit d'un jeu « mathématique » consistant à compléter une grille 9×9 avec des chiffres compris entre 1 et 9 de sorte que chacun de ces chiffres apparaisse exactement une fois sur chaque colonne, sur chaque ligne et sur chacun des neuf carrés 3×3 qui forment une supdivision de la grille. Pour plus de détails sur ce jeu, voir la page Wikipédia.
En théorie, la résolution d'une grille n'est pas un problème
difficile : un ordinateur obtient la solution en une fraction de seconde.
Pour m'en assurer, je viens de passer quelques dizaines de minutes pour
écrire un solveur, un résolveur, un solutionneur
(choisissez le néologisme le plus à votre goût) en C (pour Unix,
peut-être pour autre chose).
Code source : sudoku-0.0.tar.gz
.
Il n'y a aucun début de commencement d'optimisation dans ce petit
programme...
Voici une petite grille :
4 | 1 | 6 | ||||||
9 | 8 | 5 | ||||||
5 | 9 | |||||||
6 | 5 | 4 | 3 | |||||
3 | 7 | |||||||
6 | 7 | 1 | ||||||
9 | 1 | 8 | 5 | 3 | ||||
3 | 2 | |||||||
8 | 6 |
Il n'y a évidemment qu'une seule solution pour cette grille, et le nombre de chiffres donnés est minimal pour cette propriété au sens où si on enlève un des chiffres indiqués, n'importe lequel, alors il y a au moins deux solutions. Il est probable que cette grille soit vraiment très difficile à compléter par un être humain...
D'un point de vue mathématique, ce « jeu » n'apparaît pas comme très passionnant (je m'en suis lassé au bout d'une poignée de grilles). Un collègue se posait il y a quelques jours des questions à propos des matrices de sudoku (que peut-on dire des valeurs propres, du rang) dans l'idée d'en faire des exercices de licence... mais je ne crois pas qu'il y ait là matière à choses intéressantes. On peut se demander quel est le « groupe de symétries » de l'ensemble des grilles de sudoku, combien y a-t-il de grilles précisément. Ces questions ont été résolues, mais semble-t-il de manière loin de l'élégance et la simplicité de certaines solutions pour le Rubik's cube...
2005-12-11 17:49+0100 (Grigny) — Culture — Expositions — Culture indienne — Mathématiques
Depuis lundi dernier, la circulation des trains sur le RER D est très perturbée ; apparemment, le mouvement social continue encore demain. Au moins, il y a le site abcdtrains pour avoir à l'avance une idée des trains que l'on peut prendre. Comme il y a souvent moins d'un train par heure, ou pas de train pendant deux ou trois heures consécutives, cela permet d'éviter des déconvenues, d'autant plus qu'il n'est pas très agréable d'attendre pendant une heure dans une gare sous une température avoisinant 0°C. Bref, je sens que demain soir, je vais devoir faire un Juvisy-Grigny à pieds...
Je suis finalement allé hier après-midi à l'exposition Indian Summer à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts (jusqu'au 31 décembre 2005). Il s'agit d'œuvres réalisées par des artistes indiens, sous différentes formes : peintures, films, sculptures... Le sens de ces œuvres contemporaines m'a parfois semblé opaque, mais cela restait tout à fait regardable.
Trois soutenances de thèse (et leurs pots consécutifs) la semaine dernière, encore trois autres la semaine prochaine. Voir pas mal de collègues finir leur thèse, cela me procure une sensation mitigée : d'une part la satisfaction de les voir réussir et d'autre part la relative déception de n'avoir pas moi-même encore tout à fait terminé. Quelques motifs de consolation : les pots de thèse richement garnis, et la présence de mon nom dans la rubrique « Remerciements » des thèses de quelques camarades.
2005-12-06 22:50+0100 (Grigny) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne
Théâtre des Champs-Élysées — 2005-12-05
Rachel Nicholls, Soprano
Annette Markert, Alto
Hans Jörg Mammel, Ténor
Dirk Snellings, Basse
Le Parlement de Musique
Maîtrise de Bretagne
Martin Gester, direction
Oratorio de Noël (cantates 1, 2, 3, 6), BWV 248, Johann Sebastian Bach.
Air de la troisième suite pour orchestre (BWV 1068).
J'assistais hier à une représentation de l'oratorio de Noël de J. S. Bach. Il s'agit probablement de l'œuvre de Bach que j'apprécie le plus, bien que je n'en possède qu'une seule version enregistrée ; c'est la quatrième fois que je l'entendais dans le cadre d'un concert (pour information, ce concert sera radiodiffusé le samedi 24 décembre 2005 à 19h30 sur France Musique). La version d'hier m'a légèrement décu : plusieurs hésitations, les solistes semblaient manquer de souffle, et leurs voix (en particulier celle de la soprano) étaient parfois complètement recouvertes par les cordes.
Cette œuvre est composée de six cantates, chacune étant censée être jouée un jour particulier entre le 25 décembre et l'Épiphanie. À chaque fois que j'ai assisté à une représentation, seules quatre cantates étaient jouées (trois fois les cantates 1, 2, 3 et 6, une fois les quatre premières). Hier, selon le choix du chef Martin Gester, la rupture entre la cantate nº3 et la cantate nº6 a été adoucie par un intermède : l'air de la troisième suite pour orchestre (BWV 1068). Le chef d'orchestre expliquait que « jouer les six cantates, ce sera un peu long », je m'en étonne un peu : on joue bien la Passion selon saint Matthieu en entier, ce qui dure parfois plus de trois heures ! hier, le concert s'est fini raisonnablement tôt, ce qui m'a d'ailleurs permis d'attraper mon RER in extremis (mais sans avoir besoin de courir, j'exècre cette tendance bien parisienne de bousculer tout le monde pour attraper un métro...), ce RER, disais-je, était le dernier, la fin de service étant à 23h au lieu de 25h02 en raison d'une grève : il y avait un train toutes les deux heures, ce qui m'a un peu gêné pour aller à Paris. En effet, j'avais travaillé chez moi le matin, je voulais arriver à Paris en fin de matinée, mais je suis arrivé trop tard à la gare, le train suivant était vers 14h ; je suis donc rentré faire des courses, préparer un curry de poulet et manger, mézalor il était trop tard pour prendre le train de 14h ; je ne suis donc arrivé au bureau que vers 17h, alors que mes collègues commençaient à partir... Tout cela pour dire que je n'ai jamais entendu la cinquième cantate en concert, ce qui m'attriste puisqu'elle contient des passages que j'apprécie tout particulièrement, comme le chœur introductif Ehre sei dir, Gott, gesungen.
Si vous connaissez de bons enregistrements autres que celui orchestré par Helmuth Rilling pour l'édition Hänssler backakademie, je suis preneur de toute information.
⁂
À part ça, je viens de finir Le jeûne et le festin d'Anita Desai (traduit de l'anglais par Anne-Cécile Padoux, folio, Gallimard. Le livre commence par la confection d'un paquet contenant du thé et un châle envoyé par une famille indienne à un fils, Arun, parti faire des études à Boston. Une partie du roman se passe en Inde (à Allahabad, si je n'ai pas mésinterprété les indices) et raconte la vie de famille, du point de vue d'une plus-toute-jeune fille, Uma. Il est question de la déchéance de sa cousine Anamika, pourtant promise à un avenir brillant, de l'ascension sociale de sa sœur Aruna et de ses propres désastres en matière de mariage. L'autre partie se passe du point de vue d'Arun, ce qui permet à l'auteure de procéder à une description assez moqueuse du mode de vie de la famille américaine moyenne : société de consommation, barbecues de viande bien rouge, végétarianisme ascétique, pathologies alimentaires (boulimie).
Il s'agit d'un livre agréable à lire, le style est très fluide (je parle évidemment de la traduction, je devrais envisager de lire en langue anglaise les livres du même auteur), j'ai rarement dévoré un roman aussi vite ; peut-être pas vraiment à conseiller si on a déjà pas quelqu'intérêt pour l'Inde.
2005-12-03 02:31+0100 (Grigny)
Je ne sacrifierais pas ma peau pour défendre les gens qui estiment avoir le droit de télécharger ou de mettre en ligne des œuvres protégées. Cependant, la riposte des détenteurs de propriété intellectuelle semble procéder d'une dangereuse course à l'arme absolue.
Intermède ridicule pour tenter de vous décontracter avant d'aborder les mauvaises nouvelles : 工夫茶 interprété par Anxi Tié Guan Yin 4. Il s'agit d'un fichier au format libre Ogg Vorbis.
Le gouvernement français a décidé de faire passer en procédure d'urgence une loi interdisant au passage les logiciels permettant la diffusion d'œuvres protégées et n'incorporant pas de dispositifs DRM. Concernant ces logiciels, que l'on rende illégal de les utiliser pour échanger des œuvres protégées, c'est une chose, mais interdire ces logiciels en eux-mêmes, c'est absurde ; c'est un peu comme si on interdisait les marteaux parce qu'on peut s'en servir comme armes. Si les dispositions les plus liberticides du texte étaient adoptées, ce serait la fin des protocoles ouverts de communication sur Internet : pour lire cette page Web, votre navigateur utilise le protocole HTTP qui permet de diffuser tous types de documents : du texte, des images, des fichiers musicaux, etc. Faut-il interdire le Web parce que le Web permet en principe de diffuser œuvres protégées par le droit d'auteur (par ailleurs, même avec la meilleure bonne foi, il est pratiquement impossible de se mettre en règle pour le faire légalement, cf. La Sacem et les blogs, ou comment je suis devenu un pirate d'opérette, chez M le maudit).
Ce serait aussi la fin de toute une famille de logiciels libres puisqu'il est apparemment considéré qu'un tel logiciel ne saurait gérer convenablement les dispositifs DRM, qui reposent sur une recette (souvent simiesque) secrètement gardée par les concepteurs de ces systèmes (dits propriétaires), recette qui serait visible dans le code source de logiciels libres, à moins que ceux-ci n'utilisent un langage de programmation informatique sévèrement offusqué comme Unlambda (dont l'auteur avait d'ailleurs émis il y a quelques années l'idée selon laquelle il était possible, grâce à ce langage, d'incorporer à l'intérieur d'un logiciel dont le source serait public un petit bout de code incompréhensible et donc secret).
Bref, je trouve dangereux qu'en sacrifiant les logiciels libres, la Loi souhaite conférer à des intérêts privés la maîtrise totale sur les ordinateurs et les données qui y transitent. Verrons-nous des autodafés de disques d'artistes embrigadés aux côtés des grands méchants™ ?
En attendant, plus de détails sur le site de la FSF France, et une pétition contre le projet de loi.
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