« L'Anatomie de la sensation à Bastille | Otello à Bastille (mise en scène comprise) »
2011-07-04 00:22+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Culture indienne
Maison de l'Inde, Cité universitaire — 2011-07-03
Ustad H. Sayeeduddin Dagar, chant dhrupad
Pandit Mohan Shyam Sharma, pakhawaj
Raga Marwa
Raga Lalitha-Gauri
Raga Abhogi
Raga Gumkali
Raga Malkauns
C'est un drôle de concert que celui qui a eu lieu en fin d'après-midi à la Maison de l'Inde et dont j'avais connu l'existence grâce à Klari. Il s'agissait d'un concert de Ustad H. Sayeeduddin Dagar, oncle de Ustad F. Wasifuddin Dagar que j'avais entendu il y a un mois (mais dont j'ai manqué le concert du 21 juin du fait de la grève dans les transports).
Cela a commencé en effet très bizarremment. Alors qu'on s'attendait à un
Alap, le maître (72 ans) a commencé par un śloka dédié à
Ganesh. Il avait dit avant dans un anglais difficilement intelligible qu'il
commençait tous ses récitals ainsi. Il a ensuite repris un programme plus
traditionnel par un raga d'après-midi (Marwa). Le problème, c'est
que le son de sa voix ne portait pas jusqu'au jusqu'au quatrième rang de ce
concert assez confidentiel (une trentaine de spectateurs). Le son des trois
tanpuras était trop amplifié par rapport à la voix du chanteur. Il était
vraiment impossible d'entendre ce que faisait le chanteur. Pendant plus
d'une dizaine de minutes, il y avait vraiment de quoi se dire Au
secours ! Qu'est-ce que je fais ici ?!
.
J'ai été soulagé quand le réglage du son a été corrigé. Il a été
possible de comprendre un peu mieux ce que faisait le chanteur. Cela m'a
paru moins limpide que lors du concert de Wasifuddin Dagar, mais malgré la
voix un peu fatiguée et une gorge parfois capricieuse, le chanteur a fait
un beau développement. Il a parfois fait signe à un de ses étudiants de
chanter un peu. Ce premier raga a duré environ quarante minutes. Il a été
suivi du double raga Lalitha-Gauri, que contrairement au premier,
il a été possible d'apprécier du début à la fin, pendant vingt-cinq
minutes. Pendant cette partie, on a parfois vu le chanteur plaisanter sur
son grand âge, dont résulterait quelques insuffisances, ou, lors d'une
démonstration d'une technique vocale particulière, prononcer un aphorisme
comme The pitch can go against the water.
. On l'a parfois vu en
quelque sorte s'amuser de devoir passer son tour en ratant le train du
rythme imposé par le brillantissime percussionniste (Pandit Mohan Shyam
Sharma, qui accompagnait aussi Wasifuddin Dagar).
Après une pause, la concert a repris. Il a expliqué qu'il était en conflit avec le percussionniste parce que pour jouer certain raga du soir, il lui faudrait davantage d'obscurité (actionner les stores n'y a rien fait, à 20h, c'était comme en plein jour). Le Raga Abhogi qui a été joué sur un rythme très lisible à 5+4+5=14 temps a été absolument sublime. Je n'ai pas vu le temps passer pendant ce développement. En jetant un coup d'œil à l'horloge, j'ai été stupéfié en découvrant qu'il avait duré 40 minutes.
Le rythme à sept temps du Raga suivant, Gumkali, a été plus
difficile à saisir... C'est le seul morceau du concert dont j'aie compris
quelques mots du śloka : Bhaje Damaru
. Il devait donc
probablement s'agir d'un vers dédié à Shiva (comme j'en avais entendu lors
du récital de Gaayatri Kaundinya à Kolkata). Un quart
d'heure plus tard, le public en redemandant, le chanteur a interprété le
Raga Malkauns.
Sans atteindre les sommets du concert de Wasifuddin Dagar et malgré un début raté, cela restera sans doute un fort bon souvenir. Arriver à chanter pendant environ trois heures sans faire naître l'ennui, c'est déjà en soi très remarquable !
Tiens, c'est rigolo, ma prof a organisé un stage d'initiation de dhrupad le week-end dernier, on a taquiné Gunkali, nous aussi.
Bref.
Elle nous a fait timidement improviser sur l'alap ainsi que sur la composition, pfiou, c'était sportif !
Si on ne retombait jamais sur le même raga, ce ne serait pas drôle.
La composition, je suppose que cela demande quelques notions sur la prononciation du sanskrit ?
Oh, il semblerait que ce ne soit même pas du sanskrit. Ma prof pensait que nous chantions en pushpuri (?) bodhjpuri (?). Une des participantes au dernier stage nous a affirmé avec assurance qu'il s'agissait du braj (bhraj ?), une langue encore parlée dans qq coins du Rajasthan.
Tu sais comment c'est avec tout ce qui est indien, ça peut être soit l'un, soit l'autre, soit les deux, soit ni l'un ni l'autre, j'ai renoncé à comprendre.
Je crois qu'on apprend (un peu) à prononcer en apprenant à chanter - notre prof requiert une certaine souplesse de la mâchoire, ainsi qu'un positionnement de la langue relâché, détendu, qui facilite l'émission de sons un peu indianisants. Après, tu sais, hein, on débute...petit à petits, les oiseaux feront leur nid, etc, etc..
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