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2010-05-08 02:46+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Bastille — 2010-05-07
Laura Aikin, Olympia
Inva Mula, Antonia
Béatrice Uria-Monzon, Giulietta
Ekaterina Gubanova, La Muse/Nicklausse
Giuseppe Filianoti, Hoffmann
Cornelia Oncioiu, Une Voix
Rodolphe Briand, Spalanzani
Jason Bridges, Nathanaël
Alain Vernhes, Luther, Crespel
Léonard Pezzino, Andres, Cochenille, Frantz, Pitichinacio
Franck Ferrari, Lindorf, Coppélius, Dr Miracle, Dapertutto
Vladimir Kapshuk, Hermann
Yuri Kissin, Schlemil
Jesus Lopez-Cobos, direction musicale
Robert Carsen, mise en scène
Michael Levine, décors et costumes
Jean Kalman, lumières
Philippe Giraudeau, mouvements chorégraphiques
Patrick Marie Aubert, chef de chœur
Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris
Les Contes d'Hoffmann, Offenbach
Je n'avais encore jamais vu la production du dernier opéra d'Offenbach qui repasse ce mois-ci à l'Opéra Bastille. La mise en scène de Robert Carsen des Contes d'Hoffmann est absolument superbe. C'est assurément un des tout meilleurs spectacles d'opéra que j'aie vu.
L'opéra se passe pendant une représentation de Don Giovanni dans laquelle chante Stella, la femme dont est éprise Hoffmann. Ainsi, tout naturellement, les décors font de l'opéra dans l'opéra. Durant le prologue, on voit ainsi le décor de l'opéra de Mozart faire un travelling latéral. Quand il en sort, on voit les coulisses, ainsi que Hoffmann et ses amis en train de bien boire. Alors qu'il leur raconte l'histoire de Kleinzach à la cour d'Eisenach, son esprit se fixe sur trois femmes qu'il a aimées : Olympia, Antonia, Giulietta. Chacune est évoquée pendant un acte. Pour nous accompagner ainsi qu'Hoffmann dans ce retour en arrière, la Muse d'Hoffmann a pris l'apparence de Nicklausse, un ami d'Hoffmann.
Dans l'acte d'Olympia, le monde de l'opéra sera présent via des musiciens et un chef côté cour tandis que les invités de Spalanzani dansent dans de riches costumes. Hoffmann tombe amoureux de l'automate Olympia, une authentique poupée.
Dans celui d'Antonia, les personnages évoluent dans un décor de fosse d'orchestre et de scène d'opéra. La défunte mère d'Antonia était cantatrice : sa voix se fera entendre depuis cette scène alors qu'elle porte une robe à crinoline. Comme elle, Antonia mourra d'avoir trop chanté.
Enfin, dans celui de la vénale Giulietta, nous voyons la scène par l'arrière, avec des rangées de fauteuils dans le fond. Ces rangées peuvent osciller latéralement de façon à faire penser aux gondoles de Venise. À un moment, les chanteurs chantent pour nous, puis ils se tournent pour saluer les faux spectateurs. Les fauteuils étant de couleur rouge, on se croirait presque à un concert Salle Pleyel.
L'épilogue referme l'opéra conformément aux commencements. Ainsi, Hoffmann reprend où il en était de l'histoire de Kleinzach, la Muse remet ses habits antiquisants (et sa lyre). Elle s'en va avec Hoffmann sur la scène nue.
Tout ceci est servi avec d'excellents chanteurs. J'ai tout particulièrement apprécié Giuseppe Filianoti (Hoffmann), Ekaterina Gubanova (La Muse/Nicklausse), Laura Aikin (Olympia), Inva Mula (Antonia) et Franck Ferrari (Lindorf, Coppélius, Dr Miracle, Dapertutto).
L'opéra fantastique
ayant été créé après la mort du compositeur,
de nombreux remaniements ayant été faits en préparation de la création et
l'orchestration ayant dû être terminée par Ernest Guiraud, les commentaires
que j'avais déjà lus sur cet opéra ainsi que ceux du programme donnent
l'impression que l'ensemble est un sacré plat de spaghettis qui doit être
recomposé pour chaque production de cet opéra, au fil des différentes
traditions d'interprétations et de découvertes nouvelles de documents de
l'époque. Parmi les différentes curiosités, on peut noter qu'il existe des
versions avec passages parlés alors que dans d'autres (comme dans cette
production), ceux-ci sont transformés en récitatifs. Par ailleurs, la
longueur de l'acte d'Antonia est très variable : lors de la création, il
avait carrément été supprimé. Il souffre de la comparaison avec les actes
d'Olympia et d'Antonia ; musicalement, on a néanmoins la Barcarolle et
l'air de Dapertutto Scintille diamant (dont j'avais entendu parler
comme n'étant pas authentique
, mais que j'ai découvert avec surprise
au cours de la représentation). De même, je ne connaissais pas le sextuor
qui commence par Hélas ! mon cœur s'égare encore (tiens, en fait
peut-être que si, mais avec d'autres paroles...).
Parmi mes morceaux préférés dans cet opéra, il y a l'air de Nicklausse Vois sous l'archer frémissant. Si j'ai aimé le chant d'Ekaterina Gubanova, j'ai été très surpris, voire traumatisé, par les choix de direction du chef d'orchestre (Jesus Lopez-Cobos) : les violons se retrouvaient parfois escamotés par le volume sonore d'autres instruments.
Une nouvelle fois, le public scolaire s'est montré pénible. Une bonne
proportion des derniers rangs étaient occupés par des élèves. Sur ma
droite, il a fallu une petite remarque chuchotée bien sentie pour que je
n'entende plus le commentaire en direct de l'opéra. Par-devant moi, un
écran de téléphone portable est allumé : une fille y joue à un
casse-briques. Au moins, elle le fait silencieusement... Dans les
catégories d'âge plus évoluées, derrière moi, à propos de Nicklausse,
j'entends notamment On dirait que c'est une femme, non ?
. À ma
gauche, un couple devise sans trop faire de bruit, mais quand la demoiselle
a besoin d'un mouchoir, j'ai droit à l'attrapage de sac à main, l'ouverture
de fermeture éclair, le fouillage de sac... la fermeture éclair qui se
clôt, etc. Au secours !
Qu' avez donc pensé de Béatrice Uria Monzon qui semble disparaître sous votre plume ?
D'une part, Giuletta ne fait t'elle pas partie de l'histoire ?
D'autre part, dans le septuor, alors qu' elle domine l'orchestre et les choeurs, ne trouvez vous pas la projection de sa voix remarquable ?
Eh bien, s'il faut le dire franchement, j'ai été tellement déçu par l'interprétation de la Barcarolle, les deux chanteuses, dont Béatrice Uria-Monzon, étant inaudibles depuis ma place située à l'avant-dernier rang du deuxième balcon, que quoi qu'il advînt ensuite, je n'ai pas pu l'apprécier autant que vous, apparemment.
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