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2009-04-30 03:00+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Comique — 2009-04-29
Jean-Sébastien Bou, Henri de Valois, roi de Pologne
Magali Léger, Minka
Franck Leguérinel, Le duc de Fritelli
Sophie Marin-Degor, Alexina, duchesse de Fritelli
Gordon Gietz, Le comte de Nangis
Nabil Suliman, Laski, grand palatin
Didier Roussel, Basile, aubergiste / Liancourt
Brian Bruce, Elbeuf
Paolo Stupenengo, Maugiron
Jean-François Gay, Le comte de Caylus
Grégoire Guérin, Le marquis de Villequier
Jacques Gomez, Un soldat
Olivier Sferlazza, Bruno Andrieux, Jean-Benoît Terral, Comédiens
William Lacey, direction musicale
Laurent Pelly, mise en scène et costumes
Agathe Mélinand, dramaturgie et remise en forme du livret
Bernard Legoux, décors
Joël Adam, lumières
Lionel Hoche, collaborateur aux mouvements
Alan Woodbridge, chef de chœur
Chœurs de l'Opéra de Lyon
Orchestre de Paris
Le Roi malgré lui, Emmanuel Chabrier
Ah, si cela pouvait toujours être ainsi. Le Roi malgré lui est un très beau spectacle d'opéra, qui passe ces jours-ci à l'Opéra Comique. Merci à Kozlika de m'avoir suggéré d'y aller.
Il s'agit d'un opéra d'Emmanuel Chabrier sur un livret d'Émile de Najac
et de Paul Burani, inspiré de la pièce de théâtre du même nom d'Ancelot. Le
programme du spectacle indique que cette pièce était de
Marguerite-Louise-Virginie Ancelot, alors que sur le microfilm
d'une édition à la BnF, le nom de l'auteur indiqué est M.
Ancelot
et conformément catalogué au nom de
Jacques-Arsène-François-Polycarpe Ancelot, son mari. C'est curieux.
Afin de me préparer à cette représentation, lors de précédentes visites
à la BnF, j'avais lu le livret de cet opéra puis le texte de la pièce. Je
ne comprends pas pourquoi ce livet est critiqué (jusque dans le programme).
L'opéra est très quiproqué. Voici deux passages que j'avais trouvé très
drôles ; le deuxième a été remis en forme
par Agathe Mélinand pour
cette production :
Nangis
Nangis ! Mais c'est...
Henri, s'avançant et l'interrompant
La ruse est subtile
De passer pour moi !
Mais ruse inutile,
C'est moi, Nangis ! C'est vous, le roi !⁂
Minka
Tout à l'heure, ici même, madame la duchesse de Fritelli croyait que le roi était mort.
Nangis
Que dis-tu là ! Grand Dieu... qu'est-il arrivé. (Haut.) Courons Minka. Il me faut la preuve que c'est là une erreur...
Minka
Mais la preuve, monseigneur, je l'ai, puisque vous êtes vivant !
Petit résumé : Henri de Valois a été choisi par les Polonais pour devenir leur roi. Il y va à reculons. Un complot est ourdi par le grand palatin Laski pour le chasser et mettre je ne sais plus quel archiduc sur le trône. Sa nièce Alexina fut l'amante du roi incognito à Venise et il l'abandonna. Elle veut se venger de lui, bien qu'elle l'aime encore. Elle embrigade son mari dans le complot, c'est Fritelli, le grand chambellan d'Henri. Nangis, l'ami le plus fidèle d'Henri, s'est épris de Minka, l'esclave de Laski, qui vient au séjour du roi pour dénoncer le complot. C'est Henri, qui doit rester incognito jusqu'au sacre, qui la reçoit. L'idée d'un complot contre lui lui plaît, il décide de rejoindre les conjurés en se faisant passer pour Nangis, qu'il emprisonne. Nangis, le vrai, s'évadera et les conjurés réunis chez Laski se retrouveront avec deux personnes prétendant être Nangis. Les rôles sont inversés. Nangis prend son nouveau rôle de roi très au sérieux. Les conjurés ont peur des représailles d'un Henri qui reviendrait en Pologne avec une armée, ils préfèrent le tuer. Henri promet de se tuer lui-même. Nangis s'échappe encore une fois grâce à Minka qui le prend pour le roi. Le lendemain, Henri croit qu'il peut s'en aller avec le carosse qui avait été réservé par les conjurés. La réservation a été annulée quand il fut décidé de tuer Henri. Alexina, dont l'amour pour Henri, a repris le dessus, a fait en sorte que l'archiduc reparte en lui annonçant que le complot avait été mis au jour. Rien ne s'oppose plus à ce que Henri soit couronné, mais on le croit mort assassiné par Nangis (enfin Henri). Alexina essaie de fuir avec son cher assassin, mais tout est découvert. Vive le roi de Pologne ! Minka et Nangis sont mariés. Henri invite Fritelli, et donc son épouse, à le rejoindre à la cour.
C'est peut-être un peu compliqué, mais tellement drôle et vaudevillier. Le livret est bien supérieur au texte de la pièce de théâtre, dont la fin en queue de poisson était bâclée. Dans l'opéra, la fin s'étend sur un troisième acte supplémentaire. Quelques éléments ont de plus été ajoutés dans l'intrigue de façon à créer des situations bien plus amusantes. Ainsi, dans la pièce, Alexina était une orpheline, dont le tuteur, noble, avait été proscrit par les Médicis. Elle n'avait jamais été en amour avec Henri ; au contraire, le combat entre sa haine et son amour fait d'Alexina un beau personnage d'opéra. Le chambellan de Henri était français, aucunement lié à Alexina. En faire un personnage italien ajoute encore une dose de comique, d'autant plus qu'il doit gérer des intérêts contradictoires : le complot, la liaison entre Alexina et Henri, les Français, les Polonais.
Ma place au troisième balcon, très légèrement de côté, me permettait de voir toute la scène. Les sièges sont serrés et inconfortables. Le seul problème était que je ne voyais pas les surtitres, mais comme je connaissais déjà bien le livret, je n'ai pas eu de souci pour suivre. Je ne l'avais pas remarqué la dernière fois, mais en dehors du premier balcon, les couloirs sont recouverts de motifs en forme de croix gammées (qui sont inversées à l'orchestre). La construction date d'une autre époque... À l'entr'acte, on croise pas mal de gens ornés de décorations civiles, y compris un ancien ministre de l'économie. Pour voir davantage de ministres, il faut aller au rang 15...
La mise en scène de Laurent Pelly est en accord avec la légèreté de cet
opéra. C'est très dynamique, à des années lumières d'un Deflo. Plein de
très bonnes idées. Un peu de mise en abyme. Des costumes de Polonais
emmitouflés comme des ours. Des chariots tractés qui évoquent les gondoles
de Venise. Des éléments de décors qui apparaissent subitement lors de
quelque évocation de lieu ou d'un besoin scénique : tiens, il faut que
Minka entre en trombe, faisons apparaître une grande porte. Quelques
plaisanteries, des mousquetaires évoqués, une pancarte Amour
qui
passe pendant un air où Minka chante C'est l'amour qui passe
, etc.
Pendant ces presque trois heures de spectacle, on ne s'ennuie pas !
Hormis Sophie Marin-Degor que j'avais un tout petit peu entendue, mais à peine entr'aperçue dans Le Martyre de Saint Sébastien, je voyais pour la première fois la plupart des chanteurs, plutôt jeunes, dynamiques et enthousiasmants : Jean-Sébastien Bou (Henri), Magali Léger (Minka), Franck Leguérinel (Fritelli), Sophie Marin-Degor (Alexina), Gordon Gietz (Nangis), Nabi Suliman (Laski). Je ne connaissais que l'air de Minka Il est un vieux chant de Bohème, je l'ai aimé, comme tous les airs de Minka. Le duo Minka-Alexina du troisième acte, chacune s'inquiétant pour son bien-aimé, est celui que j'ai préféré. J'ai apprécié le chœur de l'Opéra de Lyon, qui a eu plusieurs belles occasions de se mettre en valeur. Je connais très mal la musique de Chabrier. Elle s'écoute très bien. C'est souvent un peu dégoulinant et parfois à la limite de la fanfare (sans oublier le triangle hystérique), mais cela ne gâche rien.
2009-04-28 00:40+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Théâtre des Champs-Élysées — 2009-04-27
Anna Caterina Antonacci, soprano
Pier et Jules Fack, les enfants
François-Xavier Roth, direction musicale
Juliette Deschamps, mise en scène
Nelson Wilmotte, décors
Macha Makeïeff, costumes
Andrea Santini, maquillage, coiffure
Joël Hourbeigt, lumières
Orchestre Les Siècles
Altre Stelle
Je vis mon premier opéra, Agrippina de Händel, en 2003, dans une très belle mise en scène de David McVicar. Agrippina était chantée par Anna Caterina Antonacci. Depuis, j'évite de manquer les occasions de la voir à Paris. Les programmes annuels du Théâtre des Champs-Élysées ayant un index par interprète, j'y trouvai sans peine le spectacle Altre Stelle où Anna Caterina Antonacci interprète cinq rôles de femmes en colère, trompées ou anéanties. Il ne s'agit pas d'un récital, puisque, mis en scène par Juliette Deschamps, la chanteuse et deux enfants portent des costumes de Macha Makeïeff et évoluent dans un sombre décor de Nelson Wilmotte.
Le théâtre avait convié des spectateurs à venir écouter une présentation de ce spectacle samedi dernier, à la Comédie des Champs-Élysées. La moyenne d'âge des présents était plus élevée que la moyenne habituelle de la salle, ce qui est difficile, vu la réputation du lieu en la matière ; j'ai longtemps craint d'être le plus jeune présent. Ce fut l'occasion de mettre une tête sur le directeur Dominique Meyer (qui s'en ira bientôt diriger l'Opéra de Vienne), sur Juliette Deschamps et surtout de voir de près Anna Caterina Antonacci en costume de ville s'exprimant dans un charmant français avec un petit accent italien qui disparaît quand elle chante.
Pendant l'ouverture (Méhul), deux enfants viennent écrire à la craie
Altre Stelle
et Autres étoiles
, en majuscules accentuées, sur
les murs asymétriques du décor (des deux côtés ! merci ! il est rare que
les metteurs en scène pensent aux spectateurs placés de côté et non
ubiquistes ; pour ma part, j'étais au premier balcon, assez près du
centre), puis, une femme, présomptivement leur mère, ouvre un livre pour
leur raconter une histoire. C'est le début de la mort d'Ophélie (Berlioz).
La femme s'éloigne, change de costume, elle reparaît en Phèdre (Rameau),
puis en Armide (de Gluck, à ne pas confondre avec celle de Lully, bien que ces deux opéras soient sur le même livret).
En mesure de tuer Renaud, Enfin il est en ma puissance, elle cède
du fait de son amour naissant pour lui. Plus tard, une lettre lui apprendra
sa trahison... Quand le barbare était en ma puissance. Les ombres
projetées du fait des lumières de Joël Hourbeigt illustrent bien le fait
qu'Armide est une sorcière.
Nous aurons ensuite le droit d'entendre deux sortes de tempêtes
musicales, alors que sur la scène sévit une tempête de neige. Médée
(Cherubini) va s'en prendre à ses enfants. Au sujet des tempêtes, je suis
étonné de n'avoir pas reconnu l'air des Furies d'Orphée et
Eurydice (Gluck) ; il faudra que je regarde si cet air ne serait pas
spécifique à une des versions de cette œuvre.
Abandonnée par le fils de Vénus, c'est au tour de Didon des Troyens (Berlioz) de s'illustrer par sa superbe mort. Antonacci ayant une inclination particulière pour Berlioz, il n'est pas étonnant que ces airs soient mes préférés de ce spectacle. (Que je regrette qu'en 2003/2004, je n'allasse pas encore régulièrement voir des opéras, j'eusse pu l'entendre dans le rôle de Cassandre ; ah, il semble que cela soit sorti en DVD...). C'est tellement bien que lorsque les lumières réalisent un fondu au noir, le public se met à applaudir. Ce n'est pas tout à fait terminé. Hors scène, la chanteuse referme la boucle avec la deuxième partie de la mort d'Ophélie.
De l'orchestre Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth, j'ai trouvé que les instruments à vent avaient un son quelque peu bizarre. Malgré ce bémol, apparemment subjectif, puisqu'une dame italienne qui m'expliquera dans le métro n'avoir pas compris le concept du spectacle me fera au contraire l'éloge de l'orchestre, ce fut un très beau spectacle, qui repasse jeudi prochain, et sera diffusé sur France Musique le jeudi 21 mai à 20h.
2009-04-25 00:49+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Bastille — 2009-04-24
Ramon Vargas, Riccardo
Ludovic Tézier, Renato
Angela Brown, Amelia
Elena Manistina, Ulrica
Anna Christy, Oscar
Etienne Dupuis, Silvano
Mischa Schelomianski, Sam
Scott Wilde, Tom
Giudice, Giudice
Nicolas Marie, Servo d'Amelia
Renato Palumbo, direction musicale
Gilbert Deflo, mise en scène
William Orlandi, décors, costumes
Joël Hourbeigt, lumières
Micha van Hoecke, chorégraphie
Alessandro Di Stefano, chef des chœurs
Orchestre et Chœurs de l'Opéra national de Paris
Un bal masqué, Guiseppe Verdi
Je reviens de l'Opéra Bastille où j'ai vu une représentation d'Un bal masqué de Verdi. Première déception en entrant : Deborah Voigt est remplacée par Angela Brown dans le rôle d'Amelia. Je n'avais vu aucune de ces deux sopranos américaines auparavant et n'avais pas d'autre inclination que celle, a priori, liée à la plus grande notoriété de Deborah Voigt. Comme j'avais prévu de voir l'une dans un mois et l'autre ce soir, ce remplacement fait échouer mes plans. Une surprise agréable, néanmoins : en Renato, la brochure de l'Opéra de Paris avait annoncé Frank Ferrari, mais c'est Ludovic Tézier qui est venu.
Lors de mon opéra précédent, j'avais été un peu déçu du grossissement de mes jumelles (3×), ce qui n'est pas terrible quand on est au deuxième balcon. Je rachetai donc une autre paire, d'une vingtaine d'euros, de masse semblable et surtout ayant un grossissement triple. Elle se tient un peu mieux en mains, ce qui est heureux parce qu'avec ce grossissement, il ne vaut mieux pas trop bouger. J'avais hâte de l'essayer.
Ma place était à la galerie nº3, premier rang, place une. Cette galerie, ainsi que la symétrique, doit être le meilleur endroit pour se faire une vue d'ensemble du théâtre. Acoustiquement, c'est aussi un endroit privilégié pour entendre les toussotements, d'où qu'ils viennent. Les barreaux du rebord gênent cependant la vue sur une bonne partie de la scène. On peut soit regarder à travers la quadrillage (en profitant de sa vision stéréoscopique pour voir à travers les barreaux), soit se mettre une cale dans le dos pour s'installer sur l'avant du siège et regarder par dessus la rambarde. Globalement, je trouve que c'est plutôt une bonne place.
Ayant eu le temps de lire le synopsis en quatrième vitesse, j'ai pu délaisser les surtitres et profiter de ce que mes jumelles me permettaient de voir les chanteurs en beaucoup plus gros qu'avec les précédentes ! Ramon Vargas occupait presqu'entièrement l'angle de vue. Leur utilisation depuis les places que j'occupe habituellement et sensiblement plus éloignées devrait s'avérer très confortable.
Les chanteurs des rôles principaux sont très bons. Ramon Vargas en Riccardo, Angela Brown en Amelia et surtout Ludovic Tézier en Renato, le meilleur ami du gouverneur Riccardo, qui se joint aux conjurés pour l'assassiner quand il découvre son idylle avec Amelia, qui est son épouse. Un beau tableau met en scène séparément Amelia, Riccardo (et un marin) auprès de la sorcière Ulrica (Elena Manistina) qui leur révèle à chacun leur futur. Dans le rôle travesti d'Oscar, le page de Riccardo, Anna Christy, que j'avais déjà eu l'occasion d'entendre dans le rôle de Cunegonde dans Candide, pétille.
Suite à des problèmes avec la censure, le livret situe l'action aux États-Unis d'Amérique, auxquels font penser certains décors et costumes. Très bien. Le problème est que la mise en scène est de Gilbert Deflo. Ce n'est cependant pas aussi pire que dans Luisa Miller. En dehors du tableau avec la sorcière et du dernier, les chanteurs sont trop souvent droits, immobiles face à la salle. Je ne sais pas ce qui a pris à une partie du public d'applaudir au dernier tableau quand le rideau s'est ouvert sur la scène du bal masqué. Il y avait là une belle mise en place et une gracieuse chorégraphie qui commençait, mais de là à applaudir alors que l'orchestre joue, cela devient vraiment n'importe quoi ; ce n'est pas comme si le public avait été préparé à une extase collective par une préalable succession de tableaux superbement mis en scène.
2009-04-24 01:23+0200 (Orsay) — Culture — Musique
Église Saint-Roch — 2009-04-23
Gerlinde Sämann, soprano
Petra Noskaiová, alto
Christoph Genz, ténor
Jan Van der Crabben, basse
La Petite Bande
Sigiswald Kuijken, direction, violon et viola da spalla
Cantate Halt im Gedächtnis Jesum Christ, BWV 67 ;
Cantate Ich bin ein guter Hirt, BWV 85 ;
Cantate Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen, BWV 12 ;
Encore un concert à Saint-Roch, cette fois-ci pour écouter des cantates
de Pâques par la Petite Bande. Le programme étant plutôt court, afin
que nous en eussions pour notre argent, le chef Sigiswald Kuijken fit un
discours plutôt long pour introduire les trois cantates au programme,
toutes très belles, en expliquant le contexte liturgique, et déplorer que
cette connaissance se perde en mentionnant un sondage montrant que les
jeunes Allemands ignorent si Noël célèbre la naissance ou la mort du
Christ. Il fit également la digression maintenant habituelle sur le violoncello
da spalla, ou le petit gros-violon
, dont de nombreuses
documents attesteraient que c'était l'instrument qui était utilisé du temps
de Bach et remplacé quelques décennies plus tard par le violoncelle, placé
entre les jambes. Il
expliqua aussi que l'effectif vocal serait réduit à quatre solistes,
conformément à l'usage (ou aux contraintes) de Bach à l'époque.
Il ne mentionna pas les difficultés financières que pourrait rencontrer l'ensemble dans les prochains mois (ceci n'est pas un appel à signer la pétition sus-liée).
Si je vins à ce concert, c'était avant tout parce que la cantate BWV 12 Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen que j'aime beaucoup était au programme. Parce que c'était La Petite Bande, et parce que cela me permet de compléter ma collection de cantates et autres œuvres vocales de Bach entendues en concert, voir chez Bladsurb :
11 12(x2) 22 23 26 36 38 46 55(x2) 56 67 68 82 85 98 101 102 106 127 135 140(x2) 146 159 180 196 199(x2) 207 214 215 225 226 227 228 229 230 232(x4) 235 243(x2) 244(x4) 245(x6) 248(x6) [la cantate 248-5 a réussi à passer entre les gouttes] 249.
Cela fait quarante-deux œuvres.
Le chef avait promis que les deux premières cantates jouées seraient très belles. Elles le furent effectivement. Il s'agissait de Halt im Gedächtnis Jesum Christ (BWV 67) dont j'appréciai particulièrement l'air de basse avec chœur Friede sei mit euch et de Ich bin ein guter Hirt (BWV 85) dont j'aimai notamment le choral Der Herr ist mein getreuer Hirt. Il est inhabituel que dans une cantate, le mouvement que j'apprécie le plus soit un choral ; c'était un choral pour alto (Petra Noskaiová) avec un superbe duo de hautbois (Patrick Beaugiraud et Vinciane Baudhuin). Dans la cantate Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen, tous les mouvements me parurent beaux...
2009-04-23 14:59+0200 (Orsay) — Culture — Lectures
Il y a deux jours, l'UNESCO a annoncé le lancement de la Bibliothèque numérique mondiale.
L'interface est multilingue et ce n'est pas une plaisanterie : les méta-données des documents existent en sept langues. Ceci peut cependant provoquer quelques surprises au moment de l'ouverture des documents.
Je vois néanmoins deux gros défauts. Si on trouve quelques documents
assez exceptionnels, comme une
partition autographe d'un air de Carmen, le nombre de
documents disponibles (1170) est ridicule pour un projet ayant un titre
aussi pompeux, d'autant plus qu'une proportion non négligeable de ces
documents est faite de cartes (par exemple, les huit documents liés au
Pakistan sont des cartes). Je ne vois pas franchement comment ce site
pourrait réduire
la fracture numérique
.
L'autre défaut majeur réside dans l'interface de lecture, qui laisse à désirer. Si certains documents sont téléchargeables en PDF, un certain nombre d'entre eux ne peuvent qu'être visionnés dans l'interface du site et celle-ci n'a manifestement pas été envisagée dans l'optique de permettre à l'utilisateur de lire des livres : par exemple, le réglage du grossissement doit être refait après chaque tournage de page.
Parmi les curiosités trouvées, une carte de l'Inde à l'ère du Mahabharata où les noms sont écrits dans l'alphabet devanagari.
Un peu plus tard, je feuillette La Constitution de l'Inde et
m'aperçois avec surprise qu'elle commence par We, the people
of India, having solemnly resolved to constitute India into a sovereign
democratic republic...
alors, que ma mémoire non-défaillante (photo à l'appui)
me rappelle que cette république est aussi socialist
et
secular
. Surprise. J'ignorai ce fait, mais ces deux
adjectifs ont été ajouté en 1976 lors du quarante-deuxième
amendement. Aujourd'hui, l'adjectif socialiste
est assez
anachronique.
2009-04-14 02:41+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Bastille — 2009-04-13
Dimitris Tiliakos, Macbeth
Ferruccio Furlanetto, Banco
Violeta Urmana, Lady Macbeth
Letitia Singleton, Dama di Lady Macbeth
Stefano Secco, Macduff
Alfredo Nigro, Malcolm
Yuri Kissin, Medico / Domestico
Jian-Hong Zhao, Un sicario
Soliste de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, Apparizione I
Denis Aubry, Apparizione II
Vania Boneva, Apparizione III
Jean-Christophe Bouvet, Duncan
Teodor Currentzis, direction musicale
Dmitri Tcherniakov, mise en scène, décors, costumes
Gleb Filshtinsky, lumières
Elena Zaytseva, co-costumière
Leonid Zalessky / Ninja Films, Réalisation de la vidéo
Alessandro Di Stefano, chef des chœurs
Orchestre et Chœurs de l'Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris
Macbeth, Guiseppe Verdi
Je reviens d'une représentation de Macbeth à Bastille. Des cinq opéras de Verdi dont j'ai assisté à une représentation, c'est celui que j'ai le moins apprécié. Dans les extraits de lettres du compositeur que contient le programme, on le trouve presque plus préoccupé par la tragédie que par la musique.
Depuis l'avant-dernier rang du deuxième balcon, je n'entends guère Dimitris Tiliakos (Macbeth). J'apprécie davantage Violeta Urmana (Lady Macbeth). Hormis les sorcières sur lesquelles je reviens plus bas, les autres personnages sont secondaires. Par exemple, Stefano Secco (Macduff) ne chantera malheureusement qu'un seul air.
Deux décors sont utilisés. Le premier occupe tout l'espace scénique disponible, contient un réverbère et est entouré d'une douzaine de maisonnettes qui ne diffèrent que par la disposition des fenêtres. C'est dans cet espace que Macbeth et Banco entendent les oracles qui les concernent et qui conduiront Macbeth à commettre plusieurs assassinats pour obtenir la couronne d'Écosse et tenter de s'y maintenir. Dans cette production, le rôle des trois sorcières est chanté par le chœur. En voyant cette première scène, je me suis demandé comment le décorateur aurait envisagé le lieu plus intime de la résidence de Macbeth : je n'imaginais pas la planification de l'assassinat de Duncan dans un aussi grand espace. La transition avec le deuxième décor se fait à la manière d'Hitchcock, revue par Google Earth. Un petit mouvement de souris, on se déplace, on zomme sur la maison de Macbeth, on en fait le tour et on s'approche enfin de la fenêtre du salon. Quand la lumière est faite, le salon occupe la moitié de la largeur de la scène. On espionne chez Macbeth par la fenêtre. On ne surprend pas des amants, mais Lady Macbeth qui commence à avoir des pensées criminelles. D'après le livret, Lady Macbeth lit au début de cette scène la lettre de son mari ; ici, je ne sais pas exactement qui la lit, mais c'était parfaitement inaudible.
Ces interventions de personnages ou d'instruments depuis les coulisses se sont répétées jusqu'à la fin. J'ai trouvé cela dommage, cela donne un peu l'impression qu'on ne savait pas où les mettre, et que par défaut, on les a laissés en coulisses ; si ce procédé n'était pas toujours injustifié, j'ai trouvé qu'il était un peu trop utilisé. L'idée de passer de trois sorcières à un chœur plus volumineux est intéressante, mais ces séquences où tout l'espace de la scène était occupée m'ont déstabilisé : quand un personnage non anonyme intervient, la mise en scène devrait nous le faire ressortir de la masse d'une manière ou d'une autre ; ici, à plusieurs reprises, je ne savais pas trop où regarder pour le voir.
Cela dit, globablement, j'ai plutôt apprécié cette mise en scène et ces décors. Parmi les choses qui m'ont plu : la scène mimée où l'on voit le roi Duncan (peut-être un peu trop méprisant pour ses hôtes), la chanson à boire où Lady Macbeth réalise des tours de magie tandis que Macbeth voit des apparitions. Il y a aussi une surprise que je ne dévoilerai pas ici.
S'il n'y avait la chanson à boire, cet opéra serait uniformément sinistre. Le compositeur ayant décidé d'éviter tout ce qui était dramatiquement superflu, on ne trouve pas moult airs agréables à écouter. Je connaissais mal cet opéra, n'ayant qu'un enregistrement techniquement nul avec la Callas. Je ne sais donc pas à quoi doit ressembler une bonne interprétation de cette œuvre ; toujours est-il que pendant le premier acte, j'ai trouvé le son de l'orchestre assez brouillon. En revanche, le syndrome de l'hydr'avion était parfaitement maîtrisé.
2009-04-09 02:00+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Lectures — Culture indienne
Église Saint-Roch — 2009-04-08
Mikael Stenbaek, ténor (Évangéliste)
Huub Claessens, basse (Jésus)
Caroline Weynants, soprano
Clint Van Der Linde, alto
Philip Sheffield, ténor
André Morsch, baryton
Chœur de la Radio flamande
Il Fondamento
Paul Dombrecht, direction
La Passion selon Saint Jean, BWV 245, Johann Sebastian Bach.
Depuis deux jours, je n'arrive pas à faire sortir de ma tête l'air Je
veux vivre
de Roméo et Juliette (Gounod). Comme il n'y a pas
de raison que cela n'arrive qu'à moi, je vous laisse en exercice de
comparer les interprétations suivantes d'Angela Gheorghiu,
Anna Moffo,
Anne Netrebko,
Natalie Dessay,
Diana Damrau,
Barbara
Hendricks et
Lily Pons.
⁂
Rien à voir, mais chez moi, j'expérimente Firefox avec l'extension Vimperator. Ceci renforce
la cohérence entre les trois principaux logiciels que j'utilise : l'éditeur
de texte vim
, le logiciel de
courrier électronique mutt
et le navigateur Web. Et ce n'est pas tout, puisqu'au niveau du window
manager (de dinosaure, puisqu'il s'agit de fvwm
), j'ai aussi un raccourci
clavier pour faire apparaître une ligne de commande sur la dernière ligne
de l'écran.
⁂
Je suis passé à la librairie Ambikâ spécialisée sur l'Inde. J'ai réussi à n'acheter que trois livres.
⁂
J'ai passé l'après-midi à travailler à la BnF. En tant que bibliothèque mathématique destinée aux chercheurs, elle est très nettement moins intéressante que les autres bibliothèques mathématiques que j'ai fréquentées en région parisienne (IMJ, ENS, IHP, Orsay) et que les collègues étrangers nous envient, souvent.
⁂
Ce soir, j'ai assisté à ma sixième
Passion selon Saint Jean de J. S. Bach. Les chefs consécutivement
vus depuis 2003 dans la direction de cette œuvre sont Ton Koopman, Andreas
Spering, Sigiswald Kuijken, Emmanuelle
Haïm, Pierre Cao et donc Paul Dombrecht. Il me reste des souvenirs de
la plupart de ces différentes versions. Je me souviens avoir vu Sandrine
Piau et Klaus Mertens dans la première avec Ton Koopman. De la deuxième, je
me souviens d'une erreur dans le livret distribué (c'était le livret d'une
autre version de l'œuvre, le chœur introductif Herr, unser
Herrscher ayant été remplacé par le chœur qui apparaît maintenant à la
fin de la première partie de la Passion selon Saint Matthieu). La troisième
était originale en ce que le chœur y était on ne peut plus réduit (une voix
par pupitre). La quatrième était gâchée par une mise en scène
de
Robert Wilson. Dans la cinquième, Christoph Prégardien était
l'évangéliste.
Cette sixième version est assurément celle que j'ai le plus appréciée.
S'il n'y avait eu un ténor à la limite du soporifique (quel interminable
Erwäge), je serais parfaitement satisfait de ce concert. Mon
confort et mes conditions d'écoute dans l'Église Saint Roch étaient
presqu'idéales. Premier rang, un peu de côté, de la place pour les jambes.
L'estrade où les musiciens se sont installés est dans l'alignement du
transept. Pendant et après que les chanteurs ont fini de chanter, la
réverbération prolonge de son et engendre des effets saisissants, notamment
avant la partie da capo du chœur introductif où le chœur de la
radio flamande et l'orchestre Il Fondamento se sont arrêtés un
temps inhabuellement long avant de reprendre. Cela a contribué à la
solennité de la représentation, à laquelle concourait aussi le caractère
défendu des applaudissement pendant la semaine sainte et le long silence
qui suivit l'air Es ist vollbracht et les mots de l'évangéliste
Et inclinant la tête, il rendit l'âme.
.
La disposition du chœur était inhabituelle : de gauche à droite (de mon point de vue), les sopranos, les ténors, les basses, les altos (STBA), alors que la dispositions SATB est plus courante. Dans les chœurs où les différents pupitres commencent à chanter successivement, dans l'ordre basses, ténors, altos, sopranos (BTAS), comme dans le très joli Lasset uns den nicht zerteilen, sondern darum losen, wess' er sein soll, c'est un peu bizarre à suivre.
Je commence à bien connaître cette œuvre. Mon allemand biblique ne s'est pas trop perdu ; je n'avais pas de mal à suivre ce qui se passait. En dehors du Erwäge, je n'ai pas du tout eu le temps de m'ennuyer ; il s'est écoulé très vite. J'ai apprécié comme je ne l'avais éprouvé avant l'air pour alto Von der Stricken de la première partie où se répondent deux hautbois, alors que, outre la voix de la soprano, Ich folge dir gleichfalls laissent apprécier le son des flûtes.
Bref, je ne regrette pas du tout de m'être abonné cette année aux Concerts parisiens ― Philippe Maillard, dont la programmation fait une grande part à la musique baroque.
2009-04-05 11:06+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Théâtre — Lectures
Dans une entrée précédente, je discutais de mes impressions au sujet d'une retransmission d'une représentation de La Sonnambula, opéra de Bellini, et d'une perplexité qui avait refait surface à propos des liens familiaux supposés ou non entre Amina et le Comte Rodolfo. Entretemps, j'ai retrouvé ce que je cherchais dans les textes d'introduction de la production dont j'ai un enregistrement (Evelino Pidò, Opéra national de Lyon, avec Natalie Dessay, 2007) : la mention du fait qu'Amina était la fille naturelle de Rodolfo se serait trouvée dans une version préliminaire du livret de l'opéra.
Après avoir lu sur Gallica le texte du
ballet de Scribe et Aumer, je suis allé hier à la BnF pour consulter
d'autres sources littéraires. Ce fut l'occasion d'utiliser pour la première
fois un lecteur de microfiches ; un livre tient sur une ou plusieurs fiches
(mesurant environ 10 × 15 cm²) que l'on projète sur un écran ; c'est assez
confortable à lire, en blanc sur fond noir. J'ai ainsi lu d'une part une
analyse
du ballet par un certain M. H. (de moindre qualité que le
texte de Scribe et Aumer qui décrivait succintement chaque scène) et
d'autre part le texte de la pièce de Scribe et Delavigne dont le ballet est
inspiré (il est à noter que la pièce contenait des passages chantés). Voici
un tableau récapitulatif des correspondances :
Titre | La Somnambule | La Somnambule ou l'Arrivée d'un nouveau seigneur | La Sonnambula |
Genre | Comédie-vaudeville | Ballet-pantomime | Opéra |
Auteurs | Eugène Scribe et Germain Delavigne | Eugène Scribe et Jean-Pierre Aumer, musique de M. Hérold | Felice Romani, musique de Vincenzo Bellini |
Création | 1819, Théâtre du Vaudeville, Paris | 1827, Opéra de Paris | 1831, Teatro Carcano, Milan |
Lieu de l'action | (Non précisé) | En Provence, dans l'île de la Camargue, auprès d'Arles | Un village suisse |
La Somnambule | Cécile | Thérèse | Amina |
Son parent | M. Dormeuil, son père | Mme Michaud, meunière, sa mère adoptive | Teresa, meunière, sa mère adoptive |
Son fiancé | Frédéric de Luzy | Edmond | Elvino |
L'étranger | Gustave de Mauleon | M. Saint-Rambert | Le comte Rodolfo |
L'aubergiste | ― (Mauleon est logé dans le pavillon de Dormeuil) | Mme Gertrude | Lisa |
(Je renonce à comprendre la logique des changements de noms d'une œuvre à l'autre, et aussi l'helvétotropisme.)
L'intrigue de l'opéra est presqu'identique à celle du ballet, mais elle diffère de façon très-significative de celle de la pièce. Dans le ballet et l'opéra, un mariage se prépare entre une jeune fille dont on découvrira qu'elle souffre de somnambulisme et un jeune homme. Le contrat de mariage est signé ; la cérémonie religieuse est prévue pour le lendemain. Un étranger arrive au village où il a l'intention de passer la nuit avant de continuer sa route. Il rejoint la chambre qu'il a louée. Il flirte avec l'aubergiste qui laisse tomber son fichu et s'enfuit quand elle entend des bruits de pas. La somnambule rejoint l'étranger qu'elle prend pour son futur mari, ce qui trouble bien sûr l'étranger. La somnambule finit par s'endormir dans sa chambre. Pendant ce temps, au village, on a découvert que l'étranger était en fait le nouveau seigneur et on vient à son réveil lui manifester un joyeux accueil digne de son rang. Le scandale éclate quand on trouve la mariée dans sa chambre. L'étranger défend sa vertu en expliquant qu'elle souffre de somnambulisme. À d'autres. Son fiancé refuse de se marier avec elle et pour se venger, décide aussitôt d'épouser l'aubergiste (qui a un faible pour lui). Alors que la cérémonie se prépare, la mère de la somnambule intervient en brandissant le fichu de l'aubergiste qu'elle avait trouvé dans la chambre de l'étranger. Nouvel émoi, vite surpassé par l'arrivée de la jeune fille en état de somnambulisme. Elle se lamente sur son sort, clame son innocence et pourtant souhaite le bonheur à son ex-futur mari. Ce dernier est ému et quand elle se réveille, il lui dit qu'elle ne rêve pas et qu'elle est bien en train de voir son époux.
Dans la pièce, le personnage de l'aubergiste n'existe pas. Mauleon est hébergé dans un pavillon par Dormeuil. Mauleon est un ancien ami de Frédéric et un ancien prétendant à la main de Cécile. Elle avait refusé sa proposition le lendemain d'un bal où il avait passé la soirée à danser avec une autre ; pourtant ces deux-là s'aimaient sincèrement. Par dépit, elle avait accepté la demande en mariage de Frédéric. Quand elle voit Mauleon débarquer le jour de son mariage (il est là par hasard), elle est troublée. Quand elle le rejoint dans le pavillon en état de somnambulisme, elle semble essayer de dialoguer avec lui et d'apaiser sa conscience à propos du malentendu qui conduisit à ce qu'elle repoussât sa proposition ; bref, elle l'aime et regrette de n'avoir alors pas accepté.
Quand Frédéric entre dans le pavillon au matin, Mauleon essaie d'éviter qu'il ne regarde de l'autre côté du paravent où Cécile s'est endormie. Quand cela se produit enfin, elle a disparu : il ne reste plus que son schall. [...] La deuxième scène de somnambulisme dévoile l'amour de Cécile pour Mauleon. Frédéric, qui a déjà vu quatre de ses projets de mariage échouer, renonce à épouser Cécile et la donne en mariage à son ami. (On peut noter que dans le ballet, une renonciation hétérologue est exprimée par Mme Gertrude qui laisse Edmond épouser Thérèse ; dans l'opéra, Lisa se fait tout simplement oublier.)
Faire de Rodolfo le père d'Amina semblait être une bonne idée, puisque, de même que la passion liant Cécile à Mauleon expliquait que ses rêves et donc son somnambulisme la fît tendre vers lui, cette filiation rendait plausible qu'elle fût attirée vers lui. Cela eût aussi été cohérent avec la nostalgie qu'exprime Rodolfo dans la première scène. Cela dit, on imagine mal comment insérer cette révélation à la fin de l'opéra sans casser l'ambiance et tomber dans le ridicule qu'évoque Beaumarchais en imaginant comment écrire un Barbier de Séville qui plût à la critique :
Ce Figaro, qui pour toute famille avait jadis connu sa mère, est fils naturel de Bartholo. Le médecin, dans sa jeunesse, eut cet enfant d'une personne en condition, que les suites de son imprudence firent passer du service au plus affreux abandon.
Mais avant de le quitter, le désolé Bartholo, Frater alors, a fait rougir sa spatule ; il en a timbré son fils à l'occiput, pour le reconnaître un jour, si jamais le sort les rassemble. [...]
À l'instant, la plus touchante reconnaissance a lieu entre le médecin, la vieille et Figaro : C'est vous ! c'est lui ! c'est toi ! c'est moi ! Quel coup de théâtre.
Dans le genre, Palpatine avait relevé le ridicule des retrouvailles entre Idomeneo et Idamante dans Idomeneo de Mozart.
2009-04-03 01:07+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne
Aujourd'hui, j'ai réussi à entrer dans une librairie sans y acheter de livres. Entre les livres de la sélection du Prix Biblioblog et deux livres injustement délaissés depuis quelques jours (Le docteur Jivago et Mythe et épopée II), j'ai de la lecture pour un petit moment, sans compter la plus que centaine d'autres livres qui traînent dans ma bibliothèque (les livres rangés à l'horizontale ayant été considérés à un moment donné par moi comme étant à lire en priorité).
Bref, quand je suis allé en fin d'après-midi à la Fnac Saint-Lazare pour écouter Jean-Claude Carrière parler de son dernier livre, Dictionnaire amoureux du Mexique, chez Plon (merci Gilda pour le tuyau), il a bien fallu que je passe par l'étage consacré aux livres.
Dans la partie Asie/Inde, un livre chez Connaissance de l'Orient, La cité d'or et autres contes est écarté parce qu'il s'agit d'un recueil de contes issus du Kathāsaritsāgara de Somadeva dont j'ai récemment acquis une traduction intégrale (Océan des rivières de contes, Pléiade).
Un autre livre a attiré mon attention : Golden Gate de Vikram Seth (Grasset & Fasquelle), traduction du roman en vers intitulé The Golden Gate de Vikram Seth, dont je possède déjà, depuis au moins un an, un exemplaire, en anglais. Le livre ayant paru en anglais en 1986, je pensais qu'il n'y avait plus aucun chance qu'il soit traduit en français. Pourtant, cela s'est réalisé, plus de vingt ans après la première parution. Cela m'était déjà arrivé avec Le Palais des illusions de Chitra Banerjee Divakaruni. Je vais donc probablement faire passer ce livre dans la liste de ceux à lire en priorité.
Avec le légendaire Vālmīki, Vikram Seth est l'auteur indien que je préfère. J'ai écrit sur le Biblioblog mes impressions de lecture sur plusieurs de ses livres : Deux vies, Le lac du Ciel, Voyage du Sin-K'iang au Tibet, Un garçon convenable, Arion and the Dolphin. J'ai découvert récemment l'existence de l'émission de radio World Book Club de la BBC. Vikram Seth a été invité dans cette émision pour discuter de son livre le plus fameux : A suitable boy. Les archives de ce World Book Club sont accessibles en ligne.
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