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2012-11-29 01:28+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Planning
Mon programme de spectacles pour décembre est presque raisonnable, en comparaison de celui de novembre :
Akram Khan : plus de places. Maintenant que je ne le suis plus, en me trouvant par hasard sur le bon site de réservation au bon moment, j'ai curieusement réussi à acheter une place. J'espère qu'il y aura un peu de (bon) kathak à l'intérieur de ce solo intitulé Desh...
2012-11-26 21:54+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne
Pour rattraper mon retard, je m'essaie ici au genre de la microniquette de spectacles (mais il y en a onze d'un coup, comme pour le Bartók-Maraton à venir).
Opéra Garnier — 2012-11-01
Ars Nova Ensemble Instrumental
Chœur Accentus
Ballet de l'Opéra
Laurence Equilbey, direction musicale
Morton Feldman, musique (Extraits des premier, troisième, quatrième et cinquième mouvements de Rothko Chapel)
Anton Bruckner, musique (Kyrie et Agnus Dei de la Messe nº2 en mi mineur, version de 1882)
György Ligeti, musique (Continuum pour clavecin solo, 1970)
Marie-Agnès Gillot, chorégraphie
Olivier Mosset, décors
Walter Van Beirendonck, costumes
Madjid Hakimi, lumières
Laurence Equilbel, dramaturgie musicale
Florence Clerc, assistante de la chorégraphe
Laëtitia Pujol
Alice Renavand
Vincent Chaillet
Sous apparence
Philippe Nahon, Jérôme Polack, direction musicale
John Cage, musique origine (etcetera)
Merce Cunningham, chorégraphie
Décors et d'après les maquettes originales de Jasper Johns
Lumières réalisées par Davison Scandrett
Robert Swinston, Jennifer Goggans, répétitions
Stéphanie Romberg, Florian Magnenet
Fabien Révillion
Un jour ou deux
À part les lumières, l'engagement des danseurs et les superbes solos d'alto, tout est raté dans le ballet de Marie-Agnès Gillot. Le ballet de Cunningham, en revanche, contient quelques moments de grâce, notamment quand certains mouvements dansés entrent en conjonction avec les tapotis des musiciens : ç'eut été encore mieux s'il avait été possible de voir Stéphanie Romberg et Hervé Moreau le même soir...
Salle Pleyel — 2012-11-08
Philippe Aïche, violon solo
Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction
Le Tombeau de Couperin, version pour orchestre (Ravel)
Andreas Haefliger, piano
Concerto pour piano en ut mineur, nº24, KV 491 (Mozart)
La Vie antérieure, pour piano et orchestre, Karol Beffa (création)
Le Sacre du Printemps, Stravinski
Magnifique interprétation du Tombeau de Couperin (superbes instruments à vent !). Le concerto de Mozart agréable sans plus. Très belle création de Karol Beffa à la très belle fin apaisée un chouilla étirée (gâchée par le bis monstrueux du pianiste). J'aurais aimé que les tempi du Sacre du printemps fussent parfois un peu plus rapides, mais c'était amusant à regarder depuis le premier rang de l'arrière-scène à côté des Wagner-Tuben... Et puis, il y avait Giorgio Mandolesi au basson...
Salle Cortot — 2012-11-10
Marina Chamot-Leguay, flûte
Livia Stanese, violoncelle
Romain Descharmes, piano
Sarah Jouffroy, mezzo
Une flûte invisible pour flûte, mezzo et piano (Saint-Saëns)
Sonate pour flûte et piano (Poulenc)
Chansons madécasses pour flûte, mezzo, violoncelle et piano (Ravel)
Sonate pour violoncelle et piano (Poulenc)
Sonates pour violoncelle, flûte et piano, op. 86 (Nikolaï Kapustin)
Cette flûtiste est sensationnelle !
Chez Malavika — 2012-11-10
Malavika Klein
Abhinaya
Je ne révèlerai pas ici l'âge de la danseuse, qui devant un petit comité a dansé deux pièces d'un bharatanatyam des plus traditionnels avant d'en présenter sa propre conception, pour ainsi dire sans musique, dans des scènes de la mythologie indienne. Tout le monde a été surpris par l'évocation de l'humiliation de la démone Śūrpaṇakhā par Rāma et Lakṣmaṇa.
Amphithéâtre de la Cité de la musique — 2012-11-11
Lous Landes Consort
Hugo Reyne, flûte à bec
Sébastien Marq, flûte à bec
Marc Minkowski, basson
Pierre Hantaï, clavecin, orgue
Introduzzione à tre en do majeur, TWV 42 (Telemann)
Sonate en trio VI en ré mineur (Giuseppe Sammartini)
Suite pour deux flûtes à bec (Jacques Hotteterre)
Suite en do majeur, extrait des Pièces en trio (1692), Marin Marais
Sonate en trio V en fa majeur (Giuseppe Sammartini)
Prélude pour clavecin en fa majeur, BWV 880, Johann Sebastian Bach
Sonate pour deux flûtes et basse continue en do majeur, BWV 1039, Johann Sebastian Bach
Les tringles des sistres tintaient de Carmen (Bizet)
Une configuration rare : un clavecin, un basson et deux flûtes. Des musiciens qui prennent un certain soin au moment de s'installer de façon à ce que chacun puisse se voir et se synchroniser sur la respiration de l'autre. Quelques aimables plaisanteries de Marc Minkowski. Un inattendu bis extrait de Carmen.
Théâtre du Châtelet — 2012-11-11
Chris Behmke, Tony
Elena Sancho Pereg, Maria
Yanira Marin, Anita
Andy Jones, Riff
Pepe Muñoz, Bernardo
Jerome Robbins, idée originale
Arthur Laurents, livret
Stephen Sondheim, paroles
Joey McKneely, mise en scène et chorégraphie
Donald Chan, supervision musicale et direction
Paul Gallis, décors
Renate Schmitzer, costumes
Peter Halbsgut, lumières
Rick Clarke, réalisation sonore
Hannelore Uhrmacher, maquillages
West Side Story, Bernstein.
Si West Side Story est le chef-d'œuvre des comédies musicales, je crois que ce genre n'est pas fait pour moi. L'interprétation de la musique m'a beaucoup moins convaincu que lors de mes autres auditions au concert des Danses symphoniques extraites de cette œuvre. Le livret est beaucoup plus intelligent que ce que j'imaginais a priori. Les danseurs ne manquent pas d'énergie...
Mairie du vingtième arrondissement — 2012-11-17
Élèves de Jyotika Rao, bharatanatyam
Lors du salon du livre de l'Inde organisée par l'association Les Comptoirs de l'Inde à la mairie du XXe (la maire et même l'ambassadeur de l'Inde étaient présents à l'inauguration), j'ai assisté à plusieurs spectacles et écouté un entretien de Jean-Claude Carrière, toujours aussi intarrissable à propos de l'Inde (et de Buñuel).
Le spectacle qui m'a le plus étonné par sa qualité mettait en scène des élèves de Jyotika, qui donne des cours de bharatanatyam aux Comptoirs de l'Inde. Malgré la brièveté de la présentation (plusieurs pièces chorégraphiques faisant en tout une demi-heure), j'ai eu l'occasion d'être sidéré par la qualité d'une des chorégraphies et de son interprétation. Je savais que ce mouvement était possible, pour l'avoir déjà vu sur Youtube, mais je ne l'avais vu en vrai : pendant que ses bras et ses jambes évoquaient le Seigneur de la danse Shiva-Nataraja, la danseuse a monté et rabaissé son talon avec une certaine vigueur pour figurer, me semble-t-il, que Shiva-Nataraja était en train d'écraser le démon de l'ignorance (si vous ne visualisez pas la scène, allez voir cette image). À d'autres moments, je ne voyais plus une danseuse, mais tout simplement Shiva dans sa très virile danse cosmique.
Cité de la musique — 2012-11-20
Ensemble Intercontemporain
Susanna Mälkki, direction musicale
Ionisation (Varèse)
Speicher III-IV-V (Enno Poppe)
Poème électronique pour bande magnétique (Varèse)
drawing tunes and fuguing photos, Benedict Mason (création)
#9 pour ensemble (Mauro Lanza)
Basses du Chœur de Radio France
Denis Comtet, chef de chœur
Ecuatorial pour chœur d'hommes et ensemble (Varèse)
Varèse ne ressemble à aucun autre compositeur ! J'ai aussi adoré les œuvres récentes ou tout-à-fait nouvelles de Benedict Mason et Mauro Lanza, mais j'ai été moins convaincu par celles d'Enno Poppe.
Gaveau — 2012-11-21
Antoine Tamestit, alto
Suite nº1 en sol majeur, BWV 1007
Hora Lunga (Ligeti)
Suite nº3 en ut majeur, BWV 1009
Élégie (Stravinski)
Suite nº5 en ut mineur, BWV 1011
Rapide et sauvage. La beauté du son est sans importance de la Sonate pour violon seul op. 25 nº1 (Hindemith)
Grâce à Klari, j'ai assisté à un récital d'un altiste jouant sur un des douze altos fabriqués par Stradivarius. Le point culminant du concert à été pour moi l'interprétation de la troisième suite pour un instrument qui à l'époque de Bach n'était sans doute pas le violoncelle actuel (en 2006, j'ai eu l'occasion de voir Sigiswald Kuijken jouer les trois premières suites au violoncella da spalla). Pourquoi pas à l'alto, si les spectateurs en sortent tout retournés ?
Salle Cortot — 2012-11-24
Sylvie Dusseau, violon
Serge Soufflard, alto
Benoît Grenet, violoncelle
Variations Goldberg, BWV 988, arrangement de Dmitry Sitkovetsky
Malgré toute la sympathie et l'admiration que chacun de ces musiciens, individuellement, m'inspire, je pense que ce concert était raté. Quelques beaux moments, mais peut-être n'aurais-je pas dû écouter préalablement l'enregistrement des Variations Goldberg par le claveciniste Pierre Hantaï ni subséquemment le transcendant Aria (sur Youtube) dans la même transcription que celle qui a été interprétée dans ce concert ?
Salle Pleyel — 2012-11-25
Academy of St Martin in the Fields
Coriolan, ouverture en ut mineur op. 62, Beethoven
Murray Perahia, piano, direction
Concerto pour piano nº3 et ut mineur op 37 (Beethoven)
Symphonie nº103 en mi bémol majeur Roulement de timbales
(Haydn)
Quel orchestre !!! J'aime ces ensembles formés de musiciens qui manifestement s'écoutent les uns les autres, comme Les Dissonances ou le Chamber Orchestra of Europe. Pendant les premières secondes de l'ouverture Coriolan, jouée sans chef, j'ai eu un choc semblable à l'audition de l'ouverture Egmont par le COE ! Superbe concerto nº3 de Beethoven avec le pianiste Murray Perahia dont j'apprécie dans le troisième mouvement les sauts de kangourous sur le clavier (©Saint-Saëns) et la façon dont l'orchestre les imite. Le meilleur moment était peut-être le deuxième mouvement, intensément lent, qui permet d'entendre des vents assez orgiaques (aah, ce basson !!).
La symphonie de Haydn commençait dans le style de Beethoven, mais assez
vite, le doute n'était plus possible, c'était bien du Haydn
:-)
2012-11-25 12:19+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne
Auditorium du Musée Guimet — 2012-11-23
Lavanya Ananth, bharatanatyam
Murali Parthasarathy, chant
M. S. Sukhi, mridangam
Kalaiarasan Ramanathan, violon
Parthasarathy Kalyamurthy, nattuvangam
Nrithya Samarchitha
Mon premier grand choc lié à la danse indienne remonte à il y a deux ans et demi : je voyais à Chennai un récital de Srithika Kasturi Rangam dans lequel la pièce principale était avant tout narrative. Le bharatanatyam pouvait raconter une histoire que je pouvais comprendre. Les mouvements et expressions n'étaient pas seulement des mouvements gracieux ou rythmiques dont le sens resterait caché. Au contraire, je pouvais véritablement ressentir ce que la danseuse exprimait. Bref, c'est au cours de ce récital que je dois pouvoir prétendre être devenu un rasika. Si les pièces que je considère comme étant véritablement narratives sont assez rares, j'ai appris entretemps à me satisfaire de pièces qui soient au moins évocatrices : dédiées à une divinité, elles en illustrent certains aspects en mettant éventuellement en scène une jeune femme amoureuse de cette divinité.
Il me fallut attendre plus d'une année pour éprouver des sentiments aussi élevés à l'égard d'une danseuse, cette fois-ci sur le sol français, au Centre Mandapa. Il s'agissait de Lavanya Ananth. Suivront Mallika Thalak, Nancy Boissel. Pour ce qui est du Musée Guimet, mes goûts n'avaient pas été satisfaits par les premiers récitals que j'y avais vus, mais l'année dernière, j'y ai été ébloui par Meenakshi Srinivasan.
Quand j'ai vu que Lavanya Ananth était programmée au Musée Guimet, je n'ai pas hésité une seule seconde, j'ai réservé une place pour chacune des deux dates. Arrivé vendredi et samedi soir avec une certaine avance, j'ai pu m'installer tranquillement au premier rang de l'auditorium. Les quatre musiciens se sont installés, tous vêtus d'une tenue typique du Sud de l'Inde : un dhoti blanc. Ils ont joué une petite introduction musicale avant que la danseuse entre en scène. Le son de tampura est semble-t-il émis par une tablette tactile actionnée par le chanteur, qui joue à un jeu de questions et réponses avec le violoniste.
La première pièce du récital, intitulée Netanjali (?), commence par de la danse pure qui fait immédiatement ressentir l'extrême musicalité de la danseuse ! Contrairement à l'usage, cette première pièce n'est apparemment pas une offrande de fleurs, mais les mouvements des mains évoquent toutefois assez souvent les fleurs de lotus. À cette danse essentiellement rythmique s'enchaîne une évocation de Shiva comme la danseuse l'avait préalablement annoncé au micro, dans un français gracieusement raffiné. La pièce semble mettre en scène une dévote de Shiva dont quelques particularités sont soulignées dans la chorégraphie. On peut reconnaître son bras gauche en forme de trompe d'éléphant associé au geste protecteur de la main droite. On voit aussi son chignon tressé, le feu que peut déclencher son troisième œil, les cendres que l'on se met sur le front. Quelques mouvements en rythme d'un des pieds me font penser que Shiva est en train de piétiner le démon de l'ignorance.
Entre les pièces s'insèrent des solos du violoniste, parfois accompagné du percussionniste. Kalaiarasan Ramanathan est sans doute aucun le meilleur violoniste de musique carnatique que j'aie vu ! C'est en tout cas le premier que je voie faire des doubles-cordes ! Que ce soit dans ses solos ou dans le reste du programme, ce musicien m'a beaucoup impressionné.
La pièce principale du récital est un Varnam. Je ne saurais dire si c'était le même que lorsque j'avais vu Lavanya Ananth au Centre Mandapa. En tout cas, le thème est le même. L'héroïne se livre à sa confidente. Elle demande que cette amie aille dire à Shiva-Nataraja de la rejoindre. Ce n'est pas une pièce que je qualifierais de narrative (après un deuxième visionnage, ayant perçu davantage d'éléments narratifs, je suis un peu moins de cet avis). L'accent n'est pas particulièrement mis sur les sentiments de l'héroïne (Bhakti-sringara, l'amour dévotionnel). J'ai en effet compris la scène la plus intense de ce Varnam comme une réminiscence de la légende entourant les amours de Shiva et Parvati (aussi appelée Durga ou Shakti). On voit ainsi la déesse dans une posture ascétique destinée à lui procurer un époux, ce qui sera rendu possible par l'action conjointe du Printemps et du dieu de l'Amour. Le printemps est évoqué par les amours des animaux et le butinage de fleurs par des abeilles (à moins qu'il ne s'agisse de papillons) ; ceci me rappelle un passage du récital de danse odissi d'Arushi Mudgal. J'ai également été sidéré par l'évocation d'un étang de lotus qui éclosent sous l'effet de la lumière (de la Lune ? ou du Soleil ?) et qui se dirigent vers l'astre par tropisme. L'autre point culminal émotionnel de cette pièce et de ce récital réside dans l'apparition du dieu de l'amour, l'archer qui décoche ses flèches dans toutes les directions, installant le sentiment amoureux dans le cœur de diverses créatures (la musique, en particulier l'accompagnement rythmique du mridangam atteint aussi des sommets à ce moment-là ; la composition est due à ce percussionniste, qui a composé plusieurs des autres musiques du programme). Plus loin, il me semble reconnaître la déesse fluviale Ganga descendant sur les cheveux de Shiva, une impression confirmée par le texte chanté qui mentionne cette descente de Ganga. Que j'aime cette évocation joyeuse de Shiva ! La pìece se termine magnifiquement sur une apparition de Shiva dans sa forme Nataraja battant le rythme cosmique. (Le samedi, je n'ai pas retrouvé cette fin, peut-être que je confonds avec une des autres pièces au programme.)
La danseuse devant changer de costume, l'intermède musical suivant est prolongé. Il ne permet pas vraiment de se remettre de ses émotions puisque c'est encore ce cher violoniste qui officie... (Le samedi, le violoniste et le percussionniste se sont livrés à un fort délectable jeu de questions et réponses sur un rythme à quatre temps.)
La pièce suivante Devarnama est espiègle. Elle évoque les
amours de Krishna avec les bergères (le texte en kannada est dû à Purandara Dasa). Il
aime le beurre, et aussi la bergère qui le baratte, puisque, nous dit et
nous montre la danseuse, il veut la toucher en des endroits... très
déplacés !
. Il en enlace une autre au bord de la rivière, etc. Ce
Krishna est-il un enfant, un jeune homme ou bien le dieu Vishnu ?
Dans la pièce suivante Javali, il est encore question de l'amour pour Vishnu, cette fois-ci sous le nom de Venkateshwara, la forme qui réside sur la colline voisine de Tirupati. Le texte télougou commençant par Shikavane Ivanu est de Padma Subhramaniam Iyer. Le chanteur, excellent, se met me semble-t-il particulièrement en valeur avec ce chant. Il m'inspire une très grande sympathie : toujours souriant, il semble aussi fasciné que moi par la danseuse. Dans cette pièce, une jeune femme a été séduite par un jeune homme. Elle se dispute avec ses amies à ce propos. Elle cèderait volontiers à ses charmes. En effet, peut-être s'agit-il de Venkateshwara ? Le dieu de l'Amour (ici appelé Manmadha) ayant décoché ses flèches, son cœur bat très fort, insupportablement fort. Elle est brûlante. Devant ses amies, elle feint, mais au moment de sortir de scène, elle fait discrètement signe au jeune homme de la rejoindre...
La pièce suivante évoque Surya, le dieu du Soleil. Je pense que ce n'est
que la deuxième fois que je vois ce dieu évoqué dans la danse
bharatanatyam. La première fois, c'était par Urmila
Sathyanarayanan au Musée Guimet il y a un an et demi. Le Raga, tout
comme le Tala, est Malika
, bref une guirlande de ragas (modes) et
de talas (rythmes). Les différentes périodes la journée sont associées au
trois dieux de la trinité hindoue, Brahma pour le matin, Vishnu pour la
journée et Shiva pour le soir. Parmi les images que je retiens, celle du
char céleste de Surya tiré par sept chevaux blancs et surtout la superbe
scène finale dans laquelle la nuit couvre Shiva ascète. Il convient de
souligner la qualité de l'attention du public de vendredi qui s'est gardé
d'applaudir à des endroits inappropriés. Il aurait ainsi été tentant
d'applaudir juste avant cette courte scène finale, mais on pouvait
comprendre que la pièce n'était pas finie puisque Shiva n'avait pas encore
fait son apparition pour donner tout son sens à cette journée de Surya...
(Le samedi, le public était apparemment plus connaisseur puisque les
passages rythmiques (jatis) étaient salués par des
applaudissements, comme je l'ai vu faire en Inde, mais en applaudissant à
ce moment-là, ce public a un peu gâché cette fin... C'est comme applaudir
pendant les pianissimi à la toute fin de La
Walkyrie...)
Ce récital de plus de deux heures s'est conclu par un Tillana donné en bis. C'est la première fois que je vois cette danseuse dans ce type de pièce, qui termine traditionnellement les récitals de bharatanatyam. Pourtant, j'ai le sentiment d'avoir déjà entendu cette musique (le répertoire des Tillana semble assez restreint). Il s'agit principalement de danse pure, mais quelques images évoquent Krishna, mais aussi Kama.
J'espère que j'aurai encore beaucoup d'occasions de revoir cette danseuse qui n'a cessé de se métamorphoser sur scène, passant d'un personnage à un autre. Même quand elle montrait quelques mouvements pour présenter chaque pièce, son visage passait subitement d'une expression à une autre. Cela relève du prodige. Même à quelques mètres de distance, le mystère reste pour moi entier.
2012-11-17 00:33+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2012-11-16
Keren Ann, chant, guitare, orchestrations & arrangements de cordes
Nicolas Fiszman, basse
Christophe Deschamps, batterie
Philippe Almosnino, guitare
Marc Chouarain, piano, claviers, thérémime
Doriane Gable, violon
Akemi Fillon, violon
Lise Orivel, alto
Miwa Rosso, violoncelle
Cordes de l'Orchestre Lamoureux
Didier Benetti, direction musicale
Maxime Moston, arrangements de cordes
Avner Kelmer, arrangements de cordes
Thorvaldur Bjarni Thorvaldsson, arrangements de cordes
Your Tailor is a Punk, scénographe
J'assistais ce vendredi pour la troisième fois à un concert de Keren Ann. Je l'avais déjà vue à l'Olympia en 2005 et à Pleyel en 2009. En 2005, elle était accompagnée de musiciens comme dans un concert de pop-rock ; en 2009, le concert était résolument dans une configuration symphonique. Dans le concert auquel je viens d'assister, les deux types d'effectifs étaient présents simultanément sur scène, mais la vingtaine d'instruments à cordes frottées (issus de l'Orchestre Lamoureux, à l'exception des quatre solistes apparaissant dans la distribution ci-dessus) étaient manifestement la cinquième roue du carosse. Ils ont été malheureusement inutiles : on ne les a pour ainsi dire pas entendus, puisqu'ils étaient couverts par le son des autres musiciens. Visuellement, leurs parties n'avaient pas l'air très intéressantes. Des gros ploums, des gros trémolos, des gros pizz.. Cela a beau être gros, s'ils tombent en rythme en même temps que les PAF de la batterie, c'est comme s'ils n'étaient pas là... Au prix d'un énorme effort de concentration, j'ai quand même réussi à entendre les pizz. les moins discrets. Pour le reste, du fait de la sonorisation, les notes tenues par l'ensemble des musiciens semblaient être comme un gloubi-boulga étouffé qui ne pouvait lutter avec les décibels produits par la basse, le piano ou le synthé, etc. En durée cumulée, j'ai dû entendre ce que faisait l'orchestre de cordes pendant peut-être une minute tout au plus sur toute la durée du concert. Le pire, c'est que les lumières ne permettaient même pas de voir les musiciens, ce qui, s'agissant du premier violon, est vraiment dommage...
Les lumières de ce spectacle étaient complètement ratées. Elles étaient dirigées vers le public. Cela faisait mal aux yeux. C'est comme regarder une ampoule fixement, on a intérêt à détourner les yeux... Les musiciens étaient dans la pénombre. On pouvait tout juste apercevoir la chanteuse.
Il s'en est fallu de peu que je sorte de la salle de concert quelques minutes après le début. Pendant les quatre premières chansons, le son était BEAUCOUP TROP FORT. On n'entendait que la chanteuse, la batterie, la basse, la guitare et le piano/synthé/thérémime. Même en jouant comme des brutes, les musiciens de l'orchestre Lamoureux ne pouvaient pas se faire entendre. Il faudrait enfermer l'ingénieur du son responsable de ce massacre. Cela s'est heureusement un peu calmé avec la cinquième chanson By the Cathedral, mais il y a eu des rechutes : ma voisine n'arrêtait pas de se boucher les oreilles...
Sur la petite vingtaine de chansons interprétées dans ce concert, la plupart venait des derniers albums. Je trouve dommage qu'il n'y ait eu qu'une chanson et demie en français (à peu près) : Que n'ai-je ? et Sous le sable (qui était mélangée à End of May qui utilise la même musique). Cela fait certes plaisir d'entendre My Name is Trouble ou Sugar Mama, tirés du dernier album, mais j'aurais aimé pouvoir me reposer un peu les oreilles avec quelques chansons des deux premiers albums en français, du temps où elle chuchotait dans le micro...
Globalement, ce concert est une de mes pires expériences d'auditeur et de spectateur. Quel était l'intérêt de faire jouer des violonistes, des altistes, des violoncellistes, un contrebassiste, si on n'entend pas leur partie de l'arrangement, par ailleurs sans intérêt ? Je doute que la standing ovation des spectateurs du parterre incite l'équipe responsable de ce ratage à réfléchir...
Ailleurs : Matoo.
2012-11-13 00:12+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Je n'aimais pas Schumann. En remontant dans mes archives, je vois
que j'ai entendu deux fort valeureux amateurs en jouer au piano en 2003,
peu de temps après que je commence à aller à des concerts. Puis, plus rien
jusqu'en 2010. Entretemps, j'ai lu Quatuor
de Vikram Seth. Schumann est devenu pour moi le mauvais Schu-
, comme
il est appelé dans ce roman.
Vu le nombre de concerts auxquels j'assiste, je ne pouvais pas non plus éviter complètement ce compositeur, les programmes pouvant associer une de ses œuvres à des œuvres de compositeurs qui m'intéressaient davantage. Ces concerts sont pour ainsi dire passés aux oubliettes de ma mémoire. Je n'ai pas tout détesté, quelques bons moments se sont même glissés dans mon écoute de quelques œuvres, mais même en l'absence de rejet frontal, mes sentiments ont presque toujours relevé au minimum d'une certaine indifférence. Sans m'enthousiasmer excessivement, j'avais cependant bien aimé le concerto pour piano joué par Dang Thai Son avec l'Orchestre de Paris. J'avais ensuite détesté ce concerto quand Hélène Grimaud l'avait joué avec le LSO dirigé par Gergiev.
En mars, alors que les membres de la Cihohi
Appreciation Society apprenaient que le COE feraient une intégrale
Schumann à l'automne, non sans quelque désarroi, quoi ! du
Schumann ?
, un jeune chef d'orchestre présent à quelque dîner
post-concert confia en substance que les œuvres de Schumann étaient
magnifiquement orchestrées, mais qu'elles étaient
super-dures-à-bien-jouer. Admettons, on irait écouter le
Chamber Orchestra of Europe dirigé par Yannick Nézet-Séguin et si eux
n'arrivaient pas à nous faire aimer Schumann, on ne nous y reprendrait
plus...
L'automne est arrivé, entretemps les musiciens du COE ont réussi à me faire aimer la Symphonie nº9 La Grande de Schubert. Allaient-ils relever le défi de faire de même avec Schumann ? Pour augmenter la difficulté, leur temps était limité à peu moins de deux heures, les circonstances ayant fait que je ne pouvais assister qu'à un seul des trois concerts du week-end. Pour le premier épisode de 2h de Schumann chrono, ils bénéficiaient du renfort du pianiste Nicholas Angelich (dont certains concertivores se souviennent de l'interprétation du concerto pour piano nº5 L'Empereur de Beethoven). Pour le deuxième épisode intervenant après l'entr'acte, ils ne pouvaient plus compter que sur leurs propres ressources.
⁂
Cité de la musique — 2012-11-04
Yannick Nézet-Séguin, direction
Chamber Orchestra of Europe
Ouverture de Genoveva (Schumann)
Nicholas Angelich, piano
Concerto pour piano en la mineur, op. 54 (Schumann)
Träumerei, extrait des Kinderszenen (Schumann)
Symphonie nº2 (Schumann)
Alors, alors, le COE, Nicholas Angelich et Yannick Nézet-Séguin ont-ils réussi à me faire apprécier Schumann le temps d'un concert ?
Oui ! Mille fois, oui !
L'ouverture de Genoveva est une bonne mise en jambe pour la suite du concert. Le style me fait un peu penser à Weber. L'atmosphère est assez tourmentée, mélancolique comme lorsqu'un motif descendant initié par la clarinette de Romain Guyot se déploie dans le reste de l'orchestre. Et puis, le hautbois de François Leleux entame un tidadada..tidadada.. joyeux et champêtre qui apporte quelques instants de joie avant que les tourments reprennent et que l'hydravion qu'il convient de faire amerrir entame sa descente finale.
Vient ensuite le concerto pour piano. L'œuvre contient quelques passages assez intériorisés, presque douloureux, mais l'ensemble est vivifiant et parfois quasi-jubilatoire. Je ne doutais pas que j'apprécierais l'interprétation de Nicholas Angelich. Nonobstant, dans le premier mouvement, j'ai l'impression qu'il n'y a non pas un soliste, mais trois. Non pas que Romain Guyot et François Leleux volent la vedette au pianiste, mais ils jouent ensemble, tout simplement. Le deuxième mouvement est une majestueuse friandise. L'équilibre entre le pianiste et les cordes, en particulier les violoncelles, est merveilleux. Le troisième mouvement s'enchaîne au second. Le piano s'y fait plus brillant, étincelant. À un moment, on entend aussi une sorte de mini-fugue dans l'orchestre, ce qui n'est évidemment pas pour me déplaire...
En bis, le pianiste joue magnifiquement Träumerei, extrait des Kinderszenen. Très récemment, un autre pianiste gâchait ma soirée en jouant un gros truc percussif juste après un concerto qui se finissait dans l'apaisement le plus total. Ici, c'est tout le contraire : j'aime entendre ce genre de bis où la musicalité prime sur la virtuosité.
Après l'entr'acte, l'orchestre a joué la deuxième symphonie de Schumann. Certes, il y a eu quelque couac chez les cuivres au début du premier mouvement. Pour le reste, cela a été un émerveillement total. Quelle clarté dans le son ! L'acoustique de la salle des concerts de la Cité de la musique est sans doute plus favorable à cet égard que l'aimable boîte à chaussures qu'est la Salle Pleyel. Après deux premiers mouvements sautillants (filmant à 25 images par secondes les caméras ont-elles capté tous les mouvements de Yannick Nézet-Séguin ?!), dans le mouvement lent, le compositeur fait s'envoler l'auditeur dans les nuées, à moins qu'il ne s'agisse d'une plongée dans les fonds marins. Oh la la, les trilles des cordes tandis que les instruments à vents entonnent une voluptueuse mélodie (aïe aïe aïe le Leleux-alertomètre a explosé), juste avant qu'une que les cordes jouent un petit passage fugué auquel les vents vont se joindre. Dans le dernier mouvement, l'orchestre fait preuve d'une vigoureuse fougue. Parfois, les voix orchestrales situées au premier plan semblent jouer des phrases dont les notes s'enchaînent à un rythme moins vif, mais en arrière-plan, les seconds violons et les altos s'activent à une vitesse folle pour maintenir la tension avec d'ardents tidoudoutoudoudi à moins que ce ne soient des toudoudoutoudoudi ou des tatatatā.tatatatā., je n'en sais rien : ils vont tellement vite...
Bref, globalement, ce fut pour moi un Schumann assez inouï que celui que j'ai entendu lors de ce concert...
Tout comme les deux concerts précédents de cette intégrale Schumann auxquels je n'ai pas pu assister, ce concert peut être réécouté sur Cité de la musique live.
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