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Marathon wagnérien : Citéscopie “La Tétralogie de Wagner” à la Cité de la Musique

2011-10-10 01:07+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Après Tannhäuser jeudi, j'ai enchaîné de vendredi soir à dimanche soir les quatre opéras de la tétralogie du Ring (cf. entrée suivante). Les matinées de samedi et dimanche étaient par ailleurs occupées par des conférences musicologiques dans le cadre de la Citéscopie proposée en marge de ces concerts à la Cité de la Musique.

Les conférences étaient pour la plupart intéressantes. En voici un très succint résumé. Hélène Cao a discuté samedi des sources littéraires pour le Ring (principalement, l'Edda et les Nibelungen). On a ainsi entendu par exemple un enregistrement vocal avec une musique reconstruite de quelques strophes de l'Edda racontant la rencontre entre Sigurðr et Brynhildr dont le texte ressemblait très fortement à celui du Salut au Monde lors de la rencontre entre Siegfried et Brünnhilde dans Siegfried. Le dimanche, elle a parlé sur le thème Les sons et les sens du Ring. Il fut question bien sûr des motifs. Il aurait sans doute été préférable que cette conférence eût lieu samedi matin de façon à ce que ceci puisse servir de préparation à l'écoute des trois journées du Ring (à défaut du prologue). Il n'était pas question de faire un inventaire exhaustif des motifs, seulement d'expliquer certains mécanismes : motifs construits à partir de celui du Rhin, exemples de transformations de motifs, différents aspects harmoniques, mélodiques, rythmiques. Vu que j'avais déjà fait le travail de mémorisation des motifs, c'est surtout sur l'aspect harmonique des choses que cette conférence a commencé à m'ouvrir un peu les yeux .

Dimanche matin avait lieu une conférence de Philippe Godefroid Mettre en scène le Ring aujourd'hui ?. Si l'antisémitisme est une propriété avérée de Wagner, je ne pense pas qu'il était nécessaire d'y consacrer plus de la moitié de la durée de la conférence, qui s'est terminée par la projection de plusieurs films issus de différents productions pour une même scène de Siegfried : celle où le héros joue du marteau pour forger l'épée Notung. Cela n'a guère permis que de visualiser différentes conceptions esthétiques pour le décor et les costumes, puisque dans à peu près tous les cas, Siegfried interprétait le Chant des soufflets tout en tapant en rythme avec le marteau, Mime étant en train de préparer une tambouille empoisonnée dans son coin. Forcément, si la partition contraint ainsi les mouvements de Siegfried, le metteur en scène ne peut pas faire grand'chose d'original, le seul cas intéressant montré étant celui de Chéreau (Bayreuth 1976) où le marteau est hors-scène et le métal passé dans une machine.

L'autre conférence du samedi, d'Emmanuel Reibel, était centrée sur la dramaturgie. Elle était en trois parties : Traces du Märchenoper et du Romantische Oper, le modèle du grand opéra français, et approfondissement et parachèvement d'une dramaturgie narrative. Pour le premier, de l'exemple de la Flûte enchantée, on peut remarquer une similitude entre les Trois dames et les trois Filles du Rhin. Pour le côté féérique, on remarque dans Siegfried la présence de l'Oiseau (Waldvogel). La différence, c'est que chez Wagner, ces éléments ne sont pas décoratifs, mais font avancer l'histoire. Du grand opéra français, Wagner a gardé l'organisation en tableaux plutôt qu'en numéros musicaux (airs, duos, etc). Il a aussi gardé les scènes où c'est la parole qui fait l'action (paroles performatives) comme dans les serments. Dans la troisième partie, il a expliqué que le livret wagnérien contenait beaucoup de récits (un personnage raconte ce qu'il a fait). Entendre Die Walküre peu après cette conférence était particulièrement saisissant puisque dans le premier acte, Siegmund, Hunding et Sieglinde raconteront chacun leur histoire. C'est aussi le procédé épique de la narration à l'intérieur de la narration d'une histoire. L'orchestre joue un rôle de contrepoint sémantique du texte (l'orchestre peut ainsi faire allusion à un personnage qui n'est pas sur scène). La conclusion était une triple quasi-disparition, des chœurs (remplacés par l'orchestre), des ensembles vocaux et du final d'acte (gratuitement spectaculaire : l'effet sans cause).

Dimanche en début d'après-midi avait lieu une table-ronde présentée par Timothée Picard à propos de l'ouvrage dont il a dirigé l'édition : Dictionnaire encyclopédique Wagner (Actes Sud/Cité de la musique). Il est intervenu avec deux de ses auteurs : Hélène Cao et Jean-François Candoni. Cela donnait bien sûr très envie, m'enfin, c'est quand même 79€ le pavé de 2469 pages.

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