« Le Ring sans paroles à Pleyel | Cendrillon à Bastille »
2011-12-15 01:57+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2011-12-11
John Cranko, chorégraphie, mise en scène (1965)
Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique
Kurt-Heinz Stolze, arrangements et orchestration
Jürgen Rose, décors et costumes
Steen Bjarke, lumières
Reid Anderson, Jane Bourne, Tamas Detrich, répétitions
James Tuggle, direction musicale
Evan McKie, Onéguine
Aurélie Dupont, Tatiana
Josua Hoffalt, Lenski
Myriam Ould-Braham, Olga
Karl Paquette, Le Prince Grémine
Ballet de l'Opéra
Orchestre Colonne
Onéguine, ballet en trois actes de John Cranko d'après Eugène Onéguine d'Alexandre Pouchkine
Le ballet Onéguine de Cranko que j'avais vu il y a deux ans et demi est un de ceux qui m'ont fait aimer le ballet classique, et incidemment Pouchkine. Le revoir m'a procuré à nouveau un très grand plaisir.
Dimanche dernier, le ballet était interprété par une distribution qui semble idéale... C'était à nouveau Aurélie Dupont qui interprétait le rôle de Tatiana. Nicolas Le Riche blessé a été remplacé par Ewan McKie (ballet de Stuttgart). Je ne saurais trop dire pourquoi cela a marché, mais il me semblait évident que ce partenariat fonctionnait comme jamais je ne l'ai vu chez aucun couple de danseurs ! Dans la scène de la lettre que Tatiana écrit à Onéguine s'insère un rêve où elle voit dans un miroir paraître Onéguine qui le traverse et danse avec elle un pas de deux. Quoique vu depuis le dernier rang de l'amphithéâtre (mal aux genoux !) et sans jumelles, ce pas de deux m'a semblé extrêmement émouvant, tout comme celui de la fin, quand quelques années plus tard, mariée au prince Grémine, Tatiana rencontre à nouveau Onéguine et le congédie. Onéguine avait autrefois tué dans un duel son ami Lenski qui était promis à Olga, la sœur de Tatiana. Ce couple formé par Myriam Ould-Braham (Olga) et Josua Hoffalt (Lenski) fonctionne également à merveille ! De son côté, Karl Paquette (Le Prince Grémine) ne démérite pas, mais quand il danse avec Aurélie Dupont (ce qui dans cette chorégraphie signifie qu'il n'arrête pas de la porter), on ne voit qu'elle tant elle est rayonnante !
Lors du premier entr'acte, Genoveva à qui je fais part de mon misérable placement me dégotte une très bonne place aux premières loges. Certes, je suis debout, mais je n'ai pas à faire de contorsions et je vois toute la scène de pas trop loin, et de face, ce qui me permet d'admirer les décors que je trouve très beaux.
Ce mercredi soir, j'y suis retourné pour voir une autre distribution, qui m'a semblé également très bonne, mais pas aussi enthousiasmante que la précédente. Je pense que c'était la première fois que je voyais Clairemarie Osta dans un grand rôle classique. Sans m'éblouir autant qu'Aurélie Dupont dans ce rôle, elle m'a fait une excellente impression. Son partenariat avec Benjamin Pech m'a bien plu aussi, mais cela m'a un peu moins touché que Dupont-McKie. Comme la fatigue physique était plus visible chez lui, Benjamin Pech a donné du personnage d'Onéguine l'image d'un homme plus fragile.
Un des autres intérêts de cette distribution était le couple Mathilde Froustey/Josua Hoffalt en Olga/Lenski. Je garde un excellent souvenir de la prestation de Mathilde Froustey dans ce rôle (avec Mathias Heymann) en 2009. J'aurais sans doute été aussi enthousiasmé ce soir si je n'avais pas vu Myriam Ould-Braham quelques jours auparavant. Son interprétation du rôle fait du personnage d'Olga une enfant insouciante et souriante. Pendant la quasi-totalité de la durée de sa présence sur scène (scène du duel exceptée), elle sourit ! Si c'est une bonne chose que l'effort physique lié à la danse ne transpire pas sur son visage, il est dommage que les émotions exprimées n'aient pas été un peu plus variées. Pour le reste, sa danse était impeccable !
Pour moi, la révélation de ce soir a été Josua Hoffalt. Si, vu de loin, il semble être évidemment un très bon danseur, quand on le voit de plus près ou quand on zoome grâce aux jumelles, il prend une tout autre dimension... J'ai beaucoup aimé son partenariat avec Mathilde Froustey : sachant être souriant, mais pas tout le temps. Son solo dans la scène qui précède le duel avec Onéguine était également très intéressant.
Enfin, pour en finir avec la distribution, Christophe Duquenne m'a semblé donner un peu plus d'existence au personnage du Prince Grémine.
Ce ballet de Cranko est une très belle chorégraphie. Les danseurs doivent très souvent porter leur partenaire. J'ai déjà dit que les décors étaient jolis. La scénographie n'est pas inintéressante non plus. Si le découpage en trois (relativement courts) actes donne lieu à deux entr'actes, le passage d'un tableau à un autre est géré sans réelle perte de continuité par l'utilisation d'un rideau transparent et d'un autre opaque entre lesquels les danseurs peuvent évoluer latéralement. L'avant-scène est également utilisée, comme au troisième acte lors d'un flashback vers la scène du duel.
Une des qualités de ce ballet est de très bien marier la danse des solistes et les ensembles. C'est particulièrement bien fait dans la scène de l'anniversaire de Tatiana au cours duquel tout le monde danse alors que tout se joue entre les personnages principaux. Certains contrastes sont saisissants entre l'ambiance générale qui est joyeuse et les tourments qui s'emparent des personnages : le rejet que Tatiana subit de la part d'Onéguine, qui commence à séduire Olga, rendant Lenski fou de jalousie...
Cela en a étonné plus d'un, mais si la musique est de Tchaikovski, elle n'est en rien celle de son opéra Eugène Onéguine. D'autres œuvres du compositeur ont été arrangées. En 2009, c'était l'Orchestre de l'Opéra de Paris que dirigeait James Tuggle. Cette fois, c'est l'Orchestre Colonne. Je trouve que cet orchestre a fait une prestation tout à fait honorable. Cependant, j'ai comme l'impression qu'il y a eu des imperfections dans le solo d'alto de la scène où Lenski est seul en scène peu avant le duel.
Ailleurs : Danses avec la plume, Blog à petits pas, Klariscope.
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