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2008-01-25 13:47+0100 (Paris)
Un fléau sévit dans les lieux de vente de disques. Les vendeurs l'ignorent peut-être, mais à cause d'une de leurs négligences, leur chiffre d'affaires souffre. Combien de fois suis-je entré dans un magasin de disques, voulant acquérir un disque de musique classique, me suis-je senti attiré par un rayon sur la foi du nom du compositeur, puis le regard avivé par le nom d'une œuvre qui ne figure pas à ma collection ou qui y figure et me plaise tant que je me laisserais volontiers tenter par une nouvelle interprétation d'icelle, et le boîtier retourné, vis-je la liste précise des solistes, la date d'enregistrement, etc, voilée par une l'étiquette indiquant le prix, comme si le prix avait plus d'importance que le contenu.
Ce problème se pose surtout pour la musique classique. Le nouvel album de [insérer ici le nom d'un chanteur à la mode], il est facilement identifiable à sa pochette, on ne risque pas de tomber sur moult interprétations différentes par des artistes divers.
Si la quatrième de couverture
des boîtiers et coffrets de musique
classique fourmille souvent d'informations, c'est bien pour que les
mélomales et ceux qui aspirent à le devenir puissent se faire une idée sur
l'objet culturel qu'ils vont ou non acheter, et souvent elle seule peut les
renseigner sur les œuvres qui y figurent (par exemple pour les
disques-récitals de grandes voix, des volumes de cantates de Bach, etc.).
Qu'une étiquette de prix s'incruste au milieu de ces informations
précieuses, c'est le tiroir-caisse qui souffre. En faisant glisser le
cellophane ou en décollant légèrement un bout d'étiquette, on peut parfois
transformer un Jun
en June Anderson
, un J
en Jean
de Brunhoff
, ou Sonnerie de Saint-G... du Mont...
em Sonnerie
de Saint-Geneviève du Mont de Paris
. C'est comme si on devait acheter
des yaourts aux fruits en étant obligé d'ingliger des contorsions aux pots
pour savoir si le F
caché par le prix est l'initiale de
Fraises
ou de Framboises
; absurde !
Bref, disquaires des rayons de musique classique, avant de collez des étiquettes de prix sur une série, repérez l'endroit le plus propice et collez-y méthodiquement l'étiquette. En l'abscence d'endroit parfait, collez l'étiquette sur la photographie de couverture (en essayant toutefois de ne point dérober de notre vue les visages des solistes).
2008-01-13 15:58+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Lectures
Gaveau — 2008-01-11
Cornelia Samuelis, Soprano
Carlos Mena, Alto
Markus Schäfer, Ténor
Thomas Bauer, Basse
Orchestre Baroque de Séville
Chœur Arsys Bourgogne
Pierre Cao, direction
Le Messie, HWV 56, Händel.
Avant-Hier avant l'aube, queue à Bastille après une trop courte nuit pour acheter ma place pour une représentation de Luisa Miller en compagnie de quelques prosélytes lyriques et en bénéficiant des fruits secs de Madame Abricot. À midi, un bon biryani pour me remettre d'aplomb pour travailler en bibliothèque. Le soir, je me rends à la salle Gaveau pour un concert. Je croyais que celui commençait à 19h30. Arrivé à 19h, le hall était ouvert, mais personne en vue, ce qui était bizarre. Je vois alors passer quelques petits groupes : des chanteurs solistes que je reconnais, un chef d'orchestre (qui dirige aussi le chœur) sortent du bâtiment, j'entends parler espagnol, français, allemand. Étrange pour une formation qui est censée être sur scène dans moins d'une demi-heure.
Je vérifie mon billet : le spectacle ne commence qu'à 20h30. Je me replonge dans Les Hauts de Hurle-Vent pour quelques dizaines de minutes et m'installe à ma place dès que les organisateurs des concerts Philippe Maillard et le contrôle se sont mis en place. Un jeune homme accorde le clavecin avec application. C'est ensuite au tour des deux violoncelles et de la contrebasse de faire de même. La salle se remplit. Quand c'est l'heure, l'orchestre baroque de Séville puis le chœur Arsys Bourgogne prennent place. Le chef Pierre Cao, sobrement habillé de noir prend place devant son pupitre et commence à diriger Le Messie de Händel.
C'était hier la quatrième fois que j'assistais à une représentation de cette œuvre, et c'est celle qui m'a le plus enthousiasmé. Les conditions d'écoute étaient particulièrement bonnes pour moi. Vers le centre du deuxième rang, j'étais suffisamment loin pour n'avoir pas besoin de parapluie pendant les airs de solistes, mais suffisamment près pour pouvoir presque entendre individuellement chaque instrument (l'effectif de l'orchestre étant plutôt modéré), chaque voix de l'ensemble, et pénétrer les moindres mouvements respiratoires du premier violon.
Je ne suis en général pas un grand admirateur des voix d'altos masculines, à part peut-être celle de Philippe Jaroussky. Je préfère largement les voix féminines pour les cantates de Bach. Pour les oratorios anglais, je ne sais pas pourquoi, mais cela me choque moins. Hier, l'alto était Carlos Mena. Quand il se positionnait à la gauche du chef pour ses airs, j'avais une vue contre-plongeante de cet homme situé juste en face de moi. J'ai beaucoup apprécié sa voix claire (bien que je n'eusse pas réécouté Le Messie depuis près d'un an, le texte anglais m'était parfaitement intelligible quand il chantait). La basse Thomas Bauer, que j'ai souvent eu l'occasion d'entendre dans des cantates de Bach était dans un très bon jour. Je découvrais la soprano Cornelia Samuelis, dont l'air I know that my Redeemer liveth au début de la troisième partie était merveilleux ; je n'avais jamais vu un visage se rosir autant par l'afflux de sang déclenché par le chant. J'ai un peu moins aimé le ténor Markus Schäfer. Concernant le chœur Arsys Bourgogne, parmi lequel je reconnaît quelques visages d'une fois sur l'autre, ce n'est pas demain que je cesserai de l'apprécier.
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