« Quatre-cent | Ceci n'est pas une facture »
2007-11-07 18:30+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne — Mathématiques
J'ai fini de lire l'Iliade il y a une dizaine de jours.
Certains passages sont très beaux, mais comme le sujet de l'épopée est
l'épisode de la guerre de Troie constitué par la colère d'Achille (depuis
la dispute avec Agamemnon jusqu'aux funérailles d'Hector), il est surtout
question de batailles, incluant quelques combats singuliers décrits en
détail, tandis que pour chaque héros, on donne une longue liste de ses
victimes ; ce n'est à mon goût pas follement passionnant. Cependant, les
Dieux de l'Olympe interviennent très fréquemment, soutenant les Grecs ou
les Troyens, se disputant entre eux, etc, ce qui rend l'épopée beaucoup
plus intéressante que le simple compte-rendu d'une guerre. Toutefois, je
suis toujours d'avis que le Rāmāyaṇa (et même si l'on n'en retient que le chant VI) est plus beau.
Cette épopée indienne a été écrite probablement un millénaire après
l'Iliade, et il faut bien reconnaître que les combattants
intervenant dans les épopées indiennes ont à leur disposition des armes
beaucoup plus puissantes que celles de leurs homologues grecs et troyens
(cependant, dans le Rāmāyaṇa, les singes ne sont
armés que de leurs griffes et de leurs crocs
), ce qui permet aux
auteurs indiens d'assouvir plus facilement leur fantaisie et de décrire des
combats indiscutablement spectaculaires.
En tout cas, si vous
êtes fan de mythologie grecque et ne jurez que par
l'Iliade, je vous suggère de jeter un œil à la traduction
française du Rāmāyaṇa, vous ne devriez pas être
déçu.
⁂
Samedi dernier, je suis retourné à la Bibliothèque François Mitterrand pour lire quelques textes difficilement trouvables ailleurs. Pour que je puisse entrer, ma carte à puce jaune a dû être changée en carte à puce rouge à radio-identification.
J'y ai lu le premier volume de l'adaptation théâtrale du Mahabharata par Jean-Claude Carrière, créée le 7 juillet 1985 à Avignon dans une mise en scène de Peter Brook. Ce qui était très bien rendu dans son livre Le Mahabharata me semble tout aussi bien réalisé dans cette version théâtrale. En lisant cette pièce, rien ne m'a laissé penser que je ne me retrouvais pas face aux personnages que j'avais découverts dans la version publiée par l'indianiste Madeleine Biardeau (ce qui n'a pas été le cas avec le poétique Yudhishtar & Draupadi de Pavan K. Varma). Dans l'avant-propos du premier volume, Jean-Claude Carrière explique d'ailleurs qu'elle avait encouragé son projet avec Peter Brook d'adapter au théâtre cette épopée pour la rendre accessible au spectateur occidental. Ce premier volume est découpé en cinq parties (actes ?) : Les commencements, Jeunesse, La mariage et le royaume, Le roi des rois, Le jeu de dés. J'ai hâte d'y retourner pour lire les deux autres volumes.
J'y ai également lu le début d'une traduction française d'un des chants de la version hindie du Rāmāyaṇa, l'Ayodhyākāṇḍa du Rāmcaritmānas de Tulsī-Dās, poète de la fin du seizième siècle. Ce poète a fini sa vie à Bénarès ; un temple lui y est d'ailleurs dédié (sur les murs d'icelui, le texte complet de cette épopée serait écrit dans l'alphabert devanagari). Je n'ai pas encore suffisamment avancé dans cette lecture pour pouvoir comparer ce chant avec le chant correspondant de l'épopée sanskrite.
⁂
Ce week-end, j'ai fini de lire les livres que m'avait envoyés Anjélica pour le swap thé et littérature. Voici les commentaires que je lui ai envoyée sur ces livres :
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les nouvelles de Robert Olen Butler ; j'y ai découvert le thème des vietnamiens exilés aux États-Unis d'Amérique. Je relirai volontiers des livres de cet auteur à l'avenir. J'ai un avis plus nuancé sur le livre de Wolf Serno. D'un côté, je suis un peu énervé par l'aspect tout à fait invraisemblable de ce roman d'aventures (où d'ailleurs les différents épisodes n'ont pas grand chose à voir avec la quête du héros qui est dénouée un peu trop facilement) et les connaissances anachroniques de certains personnages en sciences (qu'ils comprennent que la Terre tourne autour du Soleil, passe encore, mais qu'ils l'expliquent avec autant de clarté et de concision, alors que Galilée n'est alors qu'un jeune homme, cela me semble un peu invraisemblable). D'autre part, les personnages sont bien sympathiques, il leur arrive sans cesse des misères et on a toujours envie de savoir ce qu'il va se passer ensuite. Comme en plus le texte se lit très fluidement, quoiqu'assez épais, j'ai lu ce livre très rapidement. Malgré ses défauts, comme le promet la quatrième de converture, c'est un petit bonheur de lecture.
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La semaine prochaine, j'irai à Casablanca pour rendre visite à une collègue mathématicienne.
Salut !
Je constate que tu ramènes toujours tout au Ramayana, c'est un signe de bonne santé chez toi, ça fait plaisir à constater.
Pour l'histoire du bouquin et de l'héliocentrisme, je ne comprends pas ce qui te choque. Copernic c'est un siècle avant Galilée, et l'hypothèse était déjà émise par les Grecs avant qu'Aristote vienne foutre sa merde. Cela dit, tu pourrais donner plus de détails et donner le titre du bouquin que ça concerne ? Ca pourrait éventuellement m'intéresser...
Oui, je sais bien que Copernic est antérieur à Galilée. Ce qui me gêne surtout, c'est qu'un des personnages en parle comme des gens instruits en parleraient aujourd'hui, un peu comme si on attribuait à un contemporain de Thalès une phrase comme « D'après le théorème de Thalès, les espaces de configurations de matroïdes sont universels au sens des motifs. » (citation de Laurent Lafforgue, dans un séminaire il y a quelques années). Le livre est _Le chirurgien ambulant_ de Wolf Serno (traduit de l'allemand).
Salut Joël !
Si le Rāmāyaṇa est aussi "indiscutablement spectaculaire" que tu l'affirmes, je me demande pourquoi Hollywood n'en a pas encore fait une adaptation avec Brad Pitt dans le rôle de Krishna... Il y a un tabou là-dessus ? Bollywood a déjà fait quelque chose d'analogue ?
Sinon, mon déménagement à Paris s'est bien passé, et tu es invité quand tu le veux :-)
(Krishna est un personnage du Mahabharata, le héros du Rāmāyaṇa est Rama, l'avatar de Vishnou précédant Krishna.)
Pour la guerre de Troie, l'adaptation cinématographique avec Brad Pitt est plutôt récente. Il y a eu des séries télévisées indiennes sur le Mahabharata et le Ramayana, mais il paraît qu'elles ne sont pas terribles... J'avais vu il y a un an ou deux sur IMDb un projet de film intitulé _The Mahabharata_ avec des stars bollywoodiennes dans les rôles principaux, mais on dirait qu'il a disparu.
Il existe une version filmée de la pièce de théâtre de Jean-Claude Carrière et mise en scène par Peter Brook, mais ce n'est pas un film à grand spectacle avec moults effets spéciaux.
Je pense que je lirais ces nouvelles de Butler un de ces 4 :)
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