Weblog de Joël Riou

« Les Enfants du paradis à Garnier | Racines carrées »

Le verlan serait-il plus vieux qu'on ne le croit ?

2008-10-25 20:00+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne

Continuant mes lectures indianisantes, je suis tombé tout à l'heure sur un étonnant passage du Shiva-purâna. Au cours de mes lectures, j'ai pu remarquer que les traducteurs du sanskrit mentionnaient assez souvent en note que le texte initial comportait moult jeux de mots intraduisibles, expliquaient que tel ou tel vers pouvait être entendu de multiples manières, que les commentateurs classiques eux-mêmes en perdaient leur sanskrit. Certains poussent même le vice jusqu'à dire que pour bien apprécier la littérature sanskrite, il faut devenir soi-même sanskritiste...

Je n'ai pas cette ambition ; je lisais donc une traduction sélective de la Vidyeshvara-samhitâ, la première samhitâ de ce Purâna majeur qu'est le Shiva-purâna. Pour ce texte, Shiva est le dieu suprême. Il réalise cinq fonctions parmi lesquelles la création (Brahmâ), la préservation (Vishnu), la destruction (Rudra) ; il est responsable aussi d'éclairer les esprits ou au contraire de les laisser dans la confusion. On trouve peu de mythes et légendes dans cette première partie. Il est surtout question de rituels : doit-on adorer le lingam ou une représentation anthropomorphe, que signifient les marques sectaires shivaïtes, que signifient les cinq syllabes du mantra (Om) Namah Shivaya, comment se vider les intestins convenablement, comment consacrer par les bonnes formules son collier de larmes de Rudra suivant le nombre de faces de chacune, etc. On y trouve cependant une légende mettant en scène Brahmâ, Vishnu et Shiva. Shiva est présent sous la forme d'une colonne doublement infinie. Brahmâ et Vishnu jurent d'en voir le bout, Vishnu par en bas et Brahmâ par en haut. Ils reviennent tous les deux sans avoir réussi. En redescendant, Brahmâ avait essayé de convaincre une fleur qui descendait avec lui de mentir et de témoigner qu'il avait réussi à voir le sommet. Shiva en est très mécontent et lui jette un sort. D'après la table des matières, la deuxième partie, la Rudra-Samhitâ, semble beaucoup plus riche en mythes.

Pour revenir au sujet de cette entrée, au vers 77 du chapitre XVIII, je lis :

Le mot Shiva désigne Celui qui a l'emprise sur tout et sur qui personne n'a d'empire, par le jeu de mots de l'inversion : Shiva est Vashî, celui qui possède le contrôle absolu, de même que le lion simha, est par le jeu de mots de l'inversion, himsa, c'est-à-dire la créature qui attaque les autres animaux et qu'aucun autre animal ne peut attaquer.

Il est bien connu que les noms des jours de la semaine sont liés aux planètes que les Romains leur associaient. Je viens de voir que ce Shiva-Purâna faisait les mêmes associations ! en associant de plus une divinité à chaque jour, du dimanche au samedi : Shiva, Mâyâ, Skanda, Vishnu, Brahmâ, Indra, Yama.

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Commentaires

1. 2008-10-30 22:03+0100 (Céleste)

Tu viens de m'offrir un moment de bonheur, merci Joël

une bouffée d'Inde...

j'ai flâné dans un temple, humé l'encens, cherché Siva


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