« Dakshina Chitra | Une drôle de cérémonie »
2009-02-09 11:54+0530 (சென்னை) — Culture — Culture indienne — Voyage en Inde VI
Samedi, j'ai pris le train local de 6h59 (annoncé à 7h59 du fait d'un bug). À Parry's corner, je ne comprends rien au défilé des bus. Je choisis donc de prendre un rickshaw pour rejoindre l'immense gare routière Mofussil. Je fais le tour des six plates-formes et regarde visiblement mal le nom des destinations, puisque je me rends finalement compte du fait que les bus pour Tirupati partent de la première plate-forme qui s'était présentée à mes yeux. Chaque plate-forme comporte une trentaine d'emplacements. Je prends le premier bus pour Tirupati et il se trouve qu'il est très confortable. Départ à 8h30, arrivée un peu après midi.
J'éprouve quelques difficultés à trouver mon hôtel, mais le concours d'un rickshaw et de la population locale me permet de m'y rendre. J'avale un thali en vitesse pour essayer de ne pas arriver trop tard à Tirumala, où se trouve un temple dédié à Venkateshwar, une des formes de Vishnu, je n'ai pas davantage de détails à ce sujet. La route est sinueuse. Au pied de la colline, on passe à côté d'une sculpture géante de l'aigle Garuda, la monture de Vishnu. Comme on ne croise personne sur la route, et heureusement vu la vitesse folle du bus dans les virages, je suppose que la descente ne se fait par la même route que la montée.
En haut, les panneaux indicateurs sont assez mal fichus. Quand je vois qu'en aucun cas, des appareils-photo ne doivent entrer dans le temple, je demande au bureau des renseignements où se trouve la consigne. On m'aiguille vers le Pilgrim amenities complex, où on m'engueule parce que je ne suis pas dans la bonne file ; de toute façon, cela ne correspond pas à ce que je cherche.
J'arrive au Vaikuntam Q Complex, trouve enfin où déposer mes chaussures et mon appareil-photo. Un bureau des renseignements me dit d'entrer par une petite porte gardée et d'aller dans la salle 17 pour obtenir un cellar darshan pour cent roupies, censément pour accélérer mon passage dans la queue (un autre garde m'avait préalablement indiqué un autre bureau inadapté). Dans tous les cas, ce n'est pas très au point puisqu'en arrivant au bureau 17, on ne fait que me donner un formulaire qui me permet d'aller payer à l'extérieur...
En tout, il s'est ainsi écoulé un peu plus d'une heure entre mon arrivée
à Tirumala et le moment où je vais m'insérer dans la queue. Au passage,
j'ai dû signer un papier selon lequel je vénérais Venkateshwar. Le
formulaire demandait de préciser sa religion. J'aurais bien mis
meta-agnostic
ou pastafarian
, mais je n'ai rien mis,
l'absence de mention engendrant déjà suffisamment d'étonnement.
À 16h, je suis dans la queue pour de bon. L'intérêt du cellar
darshan par rapport au special darshan (cinquante roupies)
semble minime (on peut aussi emprunter la file gratuite, mais il doit
falloir faire preuve d'encore davantage de patience). La queue avance très
lentemps, par à-coups. C'est interminable. De temps en temps, quelqu'un
crie Govinda
et de nombreux pélerins, dont une bonne proportion ont
le crane rasé, reprennent le nom du bouvier Krishna en chœur.
On avance, on tourne, on se pousse, on monte un escalier, on descend. Au bout d'une heure et demie, on longe le mur d'enceinte du temple, on passe à côté de deux éléphants. Plus haut, on peut apercevoir des niches enfermant des représentations d'avatars de Vishnu, comme Narasimha, Vamana, Rama Jamadagnya, Rama, Krishna. Plus bas, un grand Vishnu ferait face au sage Bhrigu.
La cohue se fait plus sauvage quand on s'approche du temple. On se fait poser sur le front une marque rouge verticale, mais personne ne semble avoir le matériel pour la compléter avec les marques blanches latérales afin d'obtenir le dessin caractéristique de Vishnu. Une odeur de ghî se fait sentir.
Quand on entre enfin dans l'enceinte du temple, tout a la couleur et l'éclat de l'or. C'est assez impressionnant. Après quelque supplémentaire déambulation, on approche enfin de Venkateshwar. On arrive par le côté et soudain on l'aperçoit au fond du sanctuaire. Cela ne dure que quelques secondes, le temps de faire une dizaine de pas vers lui, avant de continuer par le côté. Je l'ai peut-être regardé de travers, puisqu'une femme m'a attrapé par le bras pour me faire rebrousser chemin, de façon à ce que je le voie mieux, sans doute.
Un peu plus loin, la distribution d'eau parfumée et la puja sont réalisees à toute allure. Nous somme maintenant un peu plus libres de nos mouvements, je peux regarder la suite des scènes mythiques représentées en blanc autour du sanctuaire. Certaines sont très contradictoires avec les légendes que je connaissais.
Les mouvements ne sont pas si libres que ça puisque je ne vois pas comment sortir sans faire d'abord la queue pour le prasad : de la nourriture gratuite pour les pélerins. Quelques bouchées de riz chaud et gras. Il est presqu'aussi difficile de sortir du temple que d'y entrer. Cela pousse de tous les côtés. On s'écarte aussi pour laisser passer des pélerins infirmes que d'autres portent.
Bref, la visite de ce temple m'a pris environ deux heures et demie, passées essentiellement à attendre. La première heure d'attente est assez glauque, dans des couloirs carcéraux, mais dès que l'on approche du temple, le sommet doré du sanctuaire apparaît et quand plus tard les dorures intérieures étincellent, la dévotion est à son comble. La seule visite un peu comparable que j'ai faite en Inde est celle du Hanuman Mandir à Allahabad pendant l'Ardh Kumbh Mela, mais à Tirumala, tout est mille fois plus grand et riche. À la tombée de la nuit, on peut voir de l'extérieur la foule qui continue à faire la queue.
J'ai ensuite essayé de trouver la petite boutique de Gita Press. Il m'a fallu demander
plusieurs fois mon chemin pour la trouver. Quand j'ai vu le panneau TTD
Mini-shopping complex
, j'ai su que je n'en étais plus très loin. Avec
la multitude de petites boutiques, j'ai demandé mon chemin une dernière
fois et là, je n'ai plus eu qu'à lever les yeux vers le premier étage pour
voir paraître Gita Press
. Je m'y suis précipité, ai salué les deux
hommes présents : un vieux sage silencieux, avec les marques sectaires
vishnouistes et un autre, qui fait le travail. Sur deux ou trois mètres
carrés, des centaines de livres en anglais et dans de nombreuses langues
indiennes sont empilées. Par chance, les quatre volumes que je voulais et
dont j'avais noté les références étaient dispionibles : le
Ramcaritmanas de Tulsidas en version bilingue hindi-anglais, le
Bhagavata-Mahapurana (sanskrit-anglais) en deux volumes et une histoire de
Mira Bai. Tous les livres sauf le dernier sont en grand format et en dur.
L'ensemble m'a coûté la bagatelle de 385 roupies. En France, le chiffre
serait du même ordre, mais en euros, vu que la traduction d'Eugène Burnouf
du Bhagavata-Purana est vendue au prix extravagant de 340€ : c'est vraiment
trop cher et cette œuvre est trop longue pour que je puisse envisager de la
lire à la BnF (le premier volume était téléchargeable sur Google Books il y
a quelques semaines, mais il semble que ce n'est plus le cas).
Quand le bus du retour est parti, il faisait déjà nuit noire. malgré la Lune quasi-pleine (on annonce une éclipse de Lune pour ce soir). Depuis le bus, les lumières de la ville de Tirupati n'étaient pas désagréables à regarder.
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