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2011-04-23 01:53+0200 (Orsay) — Culture — Musique
Théâtre des Champs-Élysées — 2011-04-22
Marlis Petersen, soprano
Maarten Engeltjes, contre-ténor
Tilman Lichdi, ténor
Klaus Mertens, basse
The Amsterdam Baroque Orchestra and Choir
Ton Koopman, direction
La Passion selon Saint Jean, BWV 245, Johann Sebastian Bach.
Je crois que dans mon expérience de dilettante un cycle s'est terminé ce soir. Il y a exactement huit ans (selon le calendrier liturgique), donc le Vendredi Saint de l'an 2003, j'allais écouter au TCE la Passion selon Saint Jean par The Amsterdam Baroque Orchestra and Choir dirigés par Ton Koopman. C'était un des tous premiers concerts de musique classique auquels j'assistais. La deuxième fois au TCE après un Oratorio de Noël le 7 décembre 2002 dont je garde encore un fort bon souvenir.
Ce soir, rebelote, et même plus que ça, puisque c'était la huitième fois que j'assistais à une Passion selon Saint Jean :
Inutile de dire que maintenant, j'ai un peu l'impression de connaître cette œuvre par cœur. C'est un peu le problème, parce que du coup, je n'ai presque plus aucune surprise. Je sais exactement à quel moment m'avancer sur mon siège de balcon pour voir les vigoureux coups d'archets des violoncelles et de la contrebasse évoquant la terre qui tremble au moment de la mort de Jésus.
Si depuis huit ans, j'ai appris à apprécier d'autres œuvres que les
Passions de Bach, et surtout d'autres styles, c'est une musique
que j'apprécie toujours autant, mais comment se fait-il que je sois à ce
point blasé pour que, contrairement au reste du public, très nombreux (et
par ailleurs respectueux des silences, en particulier celui demandé par le
chef à la fin), j'aie été déçu par une prestation qui était au minimum
bien
?
L'orchestre était dans une formation assez réduite : un peu plus de vingt musiciens. Une violoniste et une altiste pouvaient se transformer un violistes lors de deux mouvements de la deuxième partie (le temps que les violes soient accordées, on aurait eu le temps de caser un entr'acte !). Deux orgues sont disposées sur scène, un dans un coin, un autre devant le chef, qui en joue pendant les récitatifs.
La version jouée ce soir est tout à fait standard. Contrairement à la façon qui se répand de réduire au maximum le nombre de chanteurs (huit l'année dernière à Pleyel), ici, en plus des quatre solistes principaux, on entend un chœur d'environ vingt chanteurs (parmi lesquels était cachée une amie d'un collègue mathématicien et violoncelliste, que j'avais d'ailleurs eu plusieurs fois l'occasion d'entendre chanter de la musique ancienne à l'ENS il y a quelques années).
Si j'ai été déçu par cette soirée, c'est d'abord du fait de l'évangéliste Tilman Lichdi que j'avais auparavant apprécié lors d'un Oratorio de Noël pourtant décevant. Est-ce en raison d'une tournée pour jouer cette Passion à tous les coins de l'Europe autour de cette fatidique date ? (C'est une hypothèse : je n'ai pas trouvé un agenda de l'orchestre à jour.) Toujours est-il que cet évangéliste m'a semblé comme fatigué. On sent qu'il a envie de bien faire, certains passages de ses airs sont même très intéressants, mais j'ai trouvé que son interprétation de ce rôle était désincarnée (tout l'inverse de Markus Brutscher l'an dernier à Pleyel). Mais pour qu'une Saint Jean fonctionne, il faut un excellent évangéliste !
Le résultat est que cette interprétation de la Passion me paraît extrêmement austère, dépouillée. Autant j'apprécie la façon dont Ton Koopman fait parfois varier le tempo, autant je suis étonné que bien souvent il ne joue pas sur la dynamique. De nombreux passages qui normalement sont spectaculaires paraissent fades. La façon dont le chœur dit Wohin ?... nach Golgatha m'avait complètement saisi il y a huit ans (oui, je m'en souviens encore). Ce soir, c'était plus égal. Du côté de l'orchestre, vers la fin de l'air d'alto Es ist vollbracht (et non pas Er (sic) ist vollbracht comme il est écrit par deux fois dans le programme du TCE), le frissonomètre reste en berne alors que tout devrait exploser sur Der Held aus Juda siegt mit Macht / Und schließt den Kampf. La soprano Marlis Petersen n'a pas trouvé grâce à mes yeux (pourtant, sa robe rouge a été la seule entorse à l'atmosphère austère de la soirée) : s'il ne me déplairait pas de l'entendre à l'opéra, elle paraît moins à l'aise dans ce répertoire. La basse Klaus Mertens, que j'apprécie beaucoup normalement, n'a pas paru dans une forme éblouissante non plus dans son Betrachte, meine Seel et son Eilt, ihr angefochten Seelen, mais son Mein teurer Heiland, laß dich fragen m'a presque consolé.
Cela me rend triste de relever autant de points négatifs... Du côté des choses positives, j'ai vraiment apprécié le chœur, notamment dans les chorals, ou dans le chœur final Ruht wohl....
Mais c'est normal ! tu as entendu beaucoup d'autres oeuvres depuis et ton oreille a gardé le meilleur !
Cette passion était fade et plate. Seulement sauvée par le choeur.
Je partage entièrement votre avis.
Je n'ai pas entendu cette passion (hélas ou tant mieux, selon les avis), mais en ce qui concerne T Lichdi, je pense effectivement qu'il faut incriminer la fatigue.
Ce superbe ténor a une voix très fragile. Or, si j'ai bien compris, Koopman et Cie ont enchaîné 13 concerte en un peu plus de deux semaines, un par jour lors des 8 derniers jours. De quoi en achever plus d'un...
Choukard : J'ai fait cette hypothèse d'une tournée qui est aussi confirmée par Resmusica <URL: http://www.resmusica.com/article_9314_musique_d_ensemble_amsterdam_baroque_orchestra_&_choir_paris_cloture_d_une_tournee.html >
. Le rôle de l'évangéliste est manifestement celui qui demande le plus d'endurance ! Treize concerts en quatorze jours, il y a comme un petit problème managérial...
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