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2011-12-25 22:22+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Lectures — Culture indienne
L'année dernière, après en avoir vu 107 au cours de l'année, je m'étais dit qu'il ne serait pas raisonnable d'augmenter encore la dose de spectacles et qu'il faudrait bien faire des choix. C'est bien entendu le contraire qui s'est produit : j'ai vu davantage de spectacles cette année. J'ai passé plus d'une soirée sur trois à assister à un spectacle, mais moins d'une sur deux...
L'opéra reste un des piliers de ces spectacles. J'ai assisté à 42
représentations d'opéra (j'inclus dans ce total les opéras en version de
concert) correspondant à environ 30 opéras, parmi lesquels se sont trouvés
22 opéras que je n'avais encore jamais vus. Parmi ceux-là, deux créations :
The Second Woman (Frédéric Verrières) et Akhmatova (Bruno Mantovani). Si le sujet du
deuxième m'a intéressé davantage, le plaisir procuré par le premier a été
supérieur. Cette année, j'ai diversifié quelque peu les lieux pour assister
à des opéras. J'ai ainsi vu une de bonnes productions d'Orphée et Eurydice à la MC93 Bobigny et de Carmen à Nancy. Plus près de l'Opéra, j'ai fait
deux belles découvertes
à l'Athénée ‒ Louis Jouvet : Didon & Énée (Purcell) et The
Turn of Screw (Britten). Ce lieu m'a également offert une des plus
détestables soirées d'opéra de ma vie : L'Egisto
(Marazzoli/Mazzochi). La musique était loin d'être inintéressante, mais le
théâtre était sclérosé (je sais gré à Peter Brook d'avoir introduit cette
notion il y a plus de quarante ans dans L'espace
vide). Du théâtre sclérosé, il y en a également eu une certaine
dose à l'Opéra de Paris : Francesca Da Rimini,
Salomé, Faust, La
Cenerentola. À l'inverse, il y eut en ces lieux une production
tout-à-fait honorable de La Clémence de Titus et
d'excellentes productions de Lulu, de Tannhäuser et de Kátia
Kabanová. Au TCE, j'ai eu l'occasion de voir quelques opéras en
version de concert. Il y eut ainsi un Ariodante
avec une formidable Joyce DiDonato, un Pelléas et
Mélisande avec un superbe Laurent Naouri et un lamentable Fidelio.
Parmi mes bonnes résolutions de l'année dernière, il y avait celle de mieux comprendre la musique de Wagner pour ne pas passer à côté des Siegfried et Götterdämmerung que j'avais prévu de voir à l'Opéra Bastille. Au début du mois de janvier, j'acquis ainsi une édition de 1903 du Voyage artistique à Bayreuth d'Albert Lavignac. Après quelques semaines d'efforts, je réussis à me mettre en tête la plupart des leitmotivs de la Tétralogie, devenant par la-même ringopathe. Mon expérience de spectateur en a été complètement transformée et le plaisir renouvelé avec Parsifal au TCE, le programme Wagner de l'Orchestre Colonne, Tannhäuser à Bastille, le Ring Saga à la Cité de la musique (et la Citéscopie parallèle) et dernièrement avec Le Ring sans paroles, suite symphonique jouée par le Philharmonique de Radio France. J'ai comme l'impression que je n'en ai pas fini avec Wagner...
Par rapport aux années précédentes, j'ai augmenté sensiblement la proportion de concerts Pleyel dans mes choix. Je vois donc un peu plus de concerts symphoniques que précédemment. Un des plus fabuleux concerts auxquels j'aie assisté cette année a été le programme Rameau orchestral du Concert des Nations dirigé par Jordi Savall. Pour ce qui est du baroque, j'ai également passé de très bons moments à écouter Damien Guillon et Pierre Hantaï. J'ai par contre dû remettre en cause mes standards de qualité en réécoutant La Passion selon Saint Jean dirigée par Ton Koopman. En revanche, avec Haydn, aucun problème avec Le Concert Spirituel pour Die Schöpfung, L'Orchestre de Paris et le Quatuor Thymos à l'Athénée. Ce dernier concert était un programme de musique de chambre. Les autres concerts de musique de chambre auxquels j'aie assisté m'ont procuré un certain plaisir, comme celui de Lisa Batiashvili, François Leleux, Sebastian Klinger, Guy Ben-Ziony, Milana Chernyavska au TCE ou encore celui du Quatuor Pražák et de quelques autres dans un programme Hindemith/Schönberg.
Parmi les concerts symphoniques, je garde un souvenir émerveillé de trois concerts LSO/Gergiev : Le chant de la nuit (Mahler) et Symphonies nº6 et 10 (Chostakovitch). Le concert de l'Orchestre de Paris du 14 octobre à Pleyel m'a procuré des émotions très contrastées puisque j'ai pu d'une part entendre pour la première fois le concerto pour violon de Tchaikovski interprété par Leonidas Kavakos et d'autre part tenter de réprimer des gloussements à l'écoute de la symphonie de Hans Rott. Un autre grand moment pour moi a été la première écoute de La symphonie fantastique. Pour le reste, j'ai eu le plaisir de réentendre du Roussel dans Bacchus et Ariane dirigé par Yutaka Sado. La présence d'œuvres contemporaines aux programmes des concerts Colonne m'a donné l'occasion d'adhérer complètement à une œuvre contemporaine dès la première écoute : Melancolia (Kremski). Un phénomène semblable s'est produit avec La nuit transfigurée de Schönberg lors du concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Pierre Boulez.
Pour ce qui est du ballet, je me suis pour ainsi dire limité à la programmation de l'Opéra de Paris. Je retiens la belle création de La Source, la reprise d'Onéguine, de Roméo et Juliette et la Coppélia de Lacotte dansée par les élèves de l'école de danse (tellement plus intéressante que celle dansée par le ballet de l'Opéra). Bien sûr, il reste quelque chose du passage du Bolchoï : Flammes de Paris, Don Quichotte. Enfin, c'est devenu une évidence, mais la grande révélation de la saison, pour moi, c'est Myriam Ould-Braham, formidable Juliette, Naïla et Olga.
Il me reste maintenant à évoquer ce qui n'appartient pas aux formes
classiques européennes
. Pour moi, cela se réduit essentiellement à
l'Inde. Toutefois, de la nuit soufie, c'est bien le chant
du marocain Marouane Hajji que je retiendrai. Maintenant, venons-en à
l'Inde... Depuis le récital de Srithika Kasturi Rangam à
Chennai en 2010, j'ai développé un certain goût pour le
bharatanatyam. J'ai profité de mon séjour dans le Sud de l'Inde
cet été pour voir quelques récitals (à Mumbai, Bangalore et Chennai). Au cours de
l'année, j'en aurai vu une douzaine. Comme il n'y en a plus aux Abbesses,
je me suis déplacé au Musée Guimet pour voir Urmila
Sathyanarayanan et Priyadarshini Govind, deux
récitals relativement décevants (pour des raisons différentes). Comme ce
n'était pas suffisant, je suis également allé au Centre Mandapa ; mes plus grandes
satisfactions sont venues des récitals qui s'y sont déroulés. Parmi les
danseuses vues cette année, je retiendrai deux noms : Lavanya
Ananth, Mallika Thalak. Elles correspondent toutes
les deux à l'idéal que je me fais de ce style de danse.
Je n'ai longtemps entendu la musique carnatique que comme une musique d'accompagnement pour des récitals de bharatanatyam. Lors de mon séjour à Chennai en août, je suis allé plusieurs soirs de suite assister à des concerts de chant carnatique. Le plus remarquable a été celui de Sri Mohan Santhanam au Vani Mahal. À force d'écouter ce type de musique, j'ai commencé à comprendre la forme générale que prenaient les improvisations et compositions. J'espère que le plaisir d'écoute n'en sera que meilleur quand je réentendrai Aruna Sairam au Théâtre de la Ville en avril 2012.
En Inde, les formes les plus raffinées de musique viennent du Nord, il faut bien l'admettre. Au cours de l'année 2011, j'eus l'occasion d'entendre du khyal lors d'un triple-concert au cours duquel s'étaient particulièrement distingués Ustad Ulhas Kashalkar et Pandit Ajoy Chakrabarty. Quelques mois plus tard, j'ai également pu réentendre la fille de ce dernier, Kaushiki Chakrabarty. La grande découverte de l'année, je la dois à Klari grâce à qui j'ai pu découvrir le chant dhrupad avec deux représentants de la dynastie Dagar : Wasifuddin Dagar et Sayeeduddin Dagar. (J'avais déjà entendu les Gundecha en 2008, mais j'en garde un amer souvenir.) Récemment, le concert du sitariste Shahid Parvez au Théâtre de la Ville m'a permis d'entrevoir de façon moins superficielle que je ne le faisais jusque là certaines similitudes formelles entre ces musiques (instrumentales ou vocales). J'espère bien passer suffisamment de temps à Kolkata l'été prochain pour assister à plusieurs concerts !
Bon, maintenant, je peux l'avouer à ceux qui ont lu jusqu'au bout : j'ai assisté à cent soixante-trois spectacles en 2011. L'année prochaine, il faudra donc véritablement songer à faire des choix (réduire un peu l'abonnement Pleyel, continuer à quasi-boycotter le TCE, se limiter à deux représentations d'un même ballet, se limiter à une seule représentation d'un opéra ?).
PS: Pour ce qui est des lectures, le bilan est sur le Biblioblog.
BRAVO.... BRAVO.....ET ENCORE BRAVO !!!! je n'ai pas le courage d'en faire autant mais je suis admirative de ton travail !
Wahou, en effet. Une sortie un soir sur deux, c'est... de la culturomanie olympique.
Merci du clin d'oeil, je suis très touchée d'être celle à qui tu dois ta "grande découverte de l'année". Bigre !
Du côté de la culture indienne, c'était vraiment la découverte de l'année !
Pour la culturo-manie, je vais devoir tenir le rythme jusqu'aux JO... Après on verra pour la détente post-olympique (feuilleter le moment venu la brochure Pleyel 2012/2013 avec stupeur et tremblements).
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