« Programmes Szymanovski/Brahms pour le LSO/Gergiev à Pleyel | Arushi Mudgal au Musée Guimet »
2012-10-14 11:20+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Salle Pleyel — 2012-10-11
Philippe Aïche, violon solo
Orchestre de Paris
Christoph von Dohnányi, direction
Symphonie nº4 Italienne
(Mendelssohn)
Matthias Goerne, baryton
Elena Zhidkova, mezzo-soprano
András Bálint, récitant
A kékszakállú herceg vára (Bartók)
J'entendais pour la première fois cette symphonie nº4 de Mendelssohn. Dès les premières secondes, il paraît très naturel que celle-ci soit appelée Italienne. J'ai en effet souvent comme l'impression d'être en train d'écouter un opéra italien sans paroles. Le plaisir est pour moi d'autant plus grand qu'au milieu du premier mouvement, il me semble entendre comme une fugue. Dans le suivant, les notes détachées des violoncelles contribuent à me faire m'imaginer dans le deuxième acte de La Flûte enchantée quand deux hommes en armure soumettent Tamino et Pamina aux épreuves du feu et de l'eau (Der, welcher wandert diese Straße voll Beschwerden). Dans le dernier mouvement, les deux musiciens que je voyais le mieux, les altistes David Gaillard et Nicolas Carles, avaient l'air heureux de jouer à fond, tout comme Bernard Cazauran, le contrebassiste dont j'apercevais parfois la tête. Pour la plupart des camarades vus à l'entr'acte, ce n'était pas l'Italienne du siècle ; pour ma part, j'assume parfaitement avoir aimé cette première partie du concert, tout comme j'avais aimé ma première Écossaise avec le Cleveland Orchestra, pourtant bien moins belle que celle du même Orchestre de Paris dirigé alors par Juraj Valčuha que j'entendis quelques mois plus tard.
C'est évidemment plus pour la deuxième partie du concert que la première que je m'étais déplacé. L'émerveillement de Klari à propos d'Elena Zhidkova dans Alexandre Nevski m'avait convaincu d'acheter exceptionnellement une place de première catégorie pour ce concert. Au centre du troisième rang du parterre, je voyais on ne peut mieux les deux solistes de l'opéra en un acte de Bartók A kékszakállú herceg vára (Le Château de Barbe-Bleue). Et puis, d'une telle place, on peut même entendre parfois Matthias Goerne couvrir l'orchestre ! J'en avais déjà fait l'expérience, à la faveur d'un replacement sauvage, lors d'un concert de Lieder orchestrés.
Si mes toutes premières expériences avec Bartók furent assez déplaisantes, depuis le concert de mars dernier du Budapest Festival Orchestra, je vais de merveilles en merveilles : chansons paysannes hongroises pour orchestre, le concerto pour piano nº2, la musique pour cordes, percussion et célesta, Le Prince de bois, le concerto pour orchestre, le quatuor à cordes nº4 et plus récemment le concerto pour violon nº1.
L'opéra de Bartók ne fait pas exception. C'est un délice ! Après une introduction du récitant (András Bálint), Judit (Elena Zhidkova) entre au Château de Kékszakállú (Barbe-Bleue), son époux interprété par Matthias Goerne. Elle se plaint de l'obscurité qui règne au château et en y voyant sept portes fermées, elle demande à Barbe-Bleue de les ouvrir. La lumière pourra peut-être entrer par ces portes ? Quand elle les ouvre, le premier regard que porte Judith sur ce qui lui était caché est souvent très positif. Et puis, elle se rend compte que tout est souillé par le sang, qu'il s'agisse de la chambre de torture, de la salle d'arme, du trésor, du jardin ou du royaume. La musique incarne magnifiquement les sentiments de Judit dans cette métamorphose des images qui s'offrent ainsi à son regard. Par exemple, quel émerveillement ce fut pour mes oreilles d'entendre la montagne d'or ! (Plus émouvant encore que le dévoilement de l'or dans Das Rheingold de Wagner.) Et puis, des dissonances se font entendre, évidemment anxiogènes pour le personnage de Judit, mais tout autant délectables pour l'auditeur ! J'ai beaucoup aimé aussi l'évocation du lac de larmes à l'ouverture de la sixième porte par un glissando de harpes qui est répété au cours de la scène.
Je n'ai pas été déçu par Elena Zhidkova ! Bien qu'il s'agissait d'une
version de concert, son visage n'a cessé d'exprimer les sentiments de son
personnage. Que d'émotions suscitées par sa voix quand elle demande à
Barbe-Bleue d'ouvrir les portes en levant son poing ! N'étant pas
magyarophone, j'ai trouvé plutôt gracieuse son intonation qui me faisait
penser au russe et j'ai même réussi à comprendre un mot dans son hongrois :
Köszönöm !
. Cela me donnerait presque envie d'aller l'écouter dans
le rôle de Vénus à Düsseldorf.
En comparaison, le personnage résigné interprété par Matthias Goerne
paraissait forcément plus bourru. Pourtant, il aura un peu tout essayé pour
dissuader Judit d'ouvrir les sept portes. À sa belle voix est souvent
associé un superbe cor anglais.
Pendant le concert, il m'était difficile de détacher mon regard des chanteurs. La direction du chef allemand d'origine hongroise Christoph von Dohnányi restera un mystère complet pour moi, puisque mon placement ne me donnait à voir que son dos, mais quelques signes indiquaient que le courant devait bien passer avec les musiciens, comme les sourires que lui rendait le premier violon Philippe Aïche après ses solos. J'étais également très bien placé pour voir le premier rang des violoncellistes. Ceux qui travaillent aux Invalides pourront prochainement écouter celui d'entre eux qui, totalement investi dans l'interprétation d'une très longue note, essayait de fermer les yeux tout en les maintenant ouverts afin de regarder le chef.
Ailleurs : Zvezdo, Palpatine, Grignotages, Bruno Serrou, Bladsurb.
Il n'y a pas de replacement sauvage : il n'y a que des déplacements mérités !
Pour l'Italienne, je pense effectivement que tu as aimé la composition de Mendelssohn (c'est normal, Mendelssohn c'est le bien), mais que tu pourras trouver d'autres interprétations futures bien meilleures.
C'est bizarre, la brochure de la saison musicale du musée de l'armée indique un autre concert à cette date du 23 novembre... En l'occurence le Quatuor Arcossima qui devrait jouer du Beethoven et du Mozart. Impossible de vérifier sur leur site, ils ne semblent pas en avoir, tous les résultats google se rapportent à ce concert en particulier.
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