« Arnaud Didierjean au Centre Mandapa | LSO/Gergiev/Grimaud/Mutter à Pleyel »
2011-11-26 22:28+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Culture indienne
Théâtre de la Ville — Place du Châtelet — 2011-11-26
Shahid Parvez, sitar
Anuradha Pal, tabla
Jhinnan Frank, tampura
Raga Kirwani
Ce n'est que la deuxième fois que j'assiste à un concert centré autour du sitar. L'autre fois, c'était en septembre 2008 pour Ravi & Anoushka Shankar. Je ne me souviens plus de ce concert dans le détail, mais il m'a semblé que le concert de ce soir avait une structure qui se rapprochait davantage de ce qui se fait habituellement lors des concerts de musique du Nord de l'Inde.
Après avoir accordé son instrument (et le tanpura) de façon assez systématique (on dirait un accordeur de clavecin), le sitariste Shahid Parvez commence son récital avec un Alap/Jor dans le Raga Kirwani. Cette partie du concert est lamentablement gâchée par les énormissimes larsens qui sortent périodiquement des enceintes. Est-ce que l'instrument était trop près du micro ? Est-ce que le larsen venait d'un phénomène de résonance qui ne se déclenchait que lors du jeu d'une note particulière ? Toujours est-il qu'il m'est impossible de complètement apprécier une performance, si belle soit-elle, si je sais qu'à n'importe quel moment un bruit affreux peut m'agresser les oreilles. Heureusement, le problème se posera moins dans la suite du concert.
Pour la première fois dans un concert de musique instrumentale, j'ai été frappé par les similitudes formelles qui unissent les différentes musiques du Nord de l'Inde. Bien sûr, cela commence par un Alap au fil duquel les différentes notes de la gamme viennent s'insérer successivement. Le musicien joue sur deux notes, puis trois, etc. Il utilise parfois une technique que j'avais déjà vue à l'œuvre sur un sarod. Une fois actionnée, la corde a semble-t-il la faculté de vibrer très longtemps. Ainsi, avant l'évanouissement complet du son (vers lequel le musicien tend parfois), il aura utilisé un peu de vibrato ou de glissando. Ceci me rappelle certains phrasés et jeux sur la hauteur des notes qui sont utilisés dans le dhrupad.
La tabliste Anuradha Pal accompagne le sitariste pour les trois
compositions prévues. Dans la première, je suis saisi par la façon qu'a le
musicien de se lancer dans des improvisations, avant de finir
systématiquement ses phrases musicales sur la même mélodie de six notes.
Quand on a bien assimilé la mélodie et qu'on a compris le système, on n'a
qu'une envie : réentendre cette mélodie. Les improvisations soutiennent
cette attente, font montrer une tension qui s'apaise quand les notes du
motif mélodique viennent conclure la phrase. Rétrospectivement, je sais que
j'ai entendu ce type de procédés dans des concerts de musique khyal (Gaayatri Kaundinya !) et sans doute aussi dans le dhrupad,
mais peut-être pas de façon aussi systématique. La deuxième composition me
fascine par son rythme qui me donnait l'impression de n'avoir pas un nombre
entier de temps (1+1+½+1=3½ ? peut-être faut-il chasser les dénominateurs
et considérer qu'il y en avait sept ?). La troisième composition a été
absolument sublime, la plus planante
du concert. L'accompagnement
rythmique n'est venu qu'après quelques minutes et il fut très doux. Comme
dans la première composition, le musicien utilise un très beau motif
mélodique (de onze ou douze notes) pour conclure ses phrases musicales.
(Une quatrième composition a été jouée en bis.)
Moi qui connait très peu la musique indienne, malgré un intérêt récent pour la musique "du monde", je vous remercie pour cet article. La description du concert, m'a donné vraiment envie de découvrir le sitar. Savez vous sil y aura d'autre date de cet ensemble sur Paris ? Merci. Florence
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