2007-02-20 19:52+0200 (Grigny) — Voyage en Inde III — Photographies
2007-02-20 19:05+0100 (Grigny) — Voyage en Inde III — Photographies
Hier soir, une voiture de l'institut m'attendait pour me conduire à l'aéroport international de Mumbai. Cette traversée de Mumbai du Sud au Nord est vraiment impressionnante. Depuis Marine Drive, la vue sur les lumières des bâtiments situés au bord de la baie était très belle, alors que le chauffeur faisait monter le bolide à la vitesse vertigineuse d'un kilomètre à la minute, voire plus. Ce n'était qu'un début. De Marine Drive à l'aéroport, la ville semble ne jamais s'arrêter. Sur le bord de la route, des immeubles récents, d'immenses panneaux publicitaires, et des mendiants.
À l'aéroport, on ne m'a pas embêté sur le poids de mes bagages. À l'aller, mes deux sacs faisaient plus de vingt kilogrammes : j'avais dû en prendre un en bagage à main. La faute à la trop grande quantité de livres que j'avais prévu de lire sur place. Trois livres et demi lus en deux mois, c'est beaucoup moins que la quinzaine que j'avais emmenée. À ce propos, dans les libraires indiennes ou auprès des vendeurs de livres étalant leur marchandise en pleine rue, on peut faire des découvertes surprenantes. Il y a quelques jours, je voyais ainsi un livre de Simone de Beauvoir en français, esseulé au milieu d'une foule de livres en anglais. Plus surprenante est la facilité avec laquelle on peut trouver des ouvrages bannis en France comme Mein Kampf ; je ne sais pas vraiment s'il y a une conclusion à en tirer. Toujours à l'aéroport, en changeant mes roupies en euros, j'ai eu l'impression de ne pas me faire arnaquer ni de perdre mon temps en formalités : l'été dernier à Chennai, j'avais dû remplir et signer un nombre invraisemblable de papiers pour me faire remettre environ quarante euros.
Je suis donc arrivé ce matin à Charles De Gaulle, après avoir à peu près convenablement dormi dans l'avion. Je viens de finir de transférer les photographies que j'ai prises sur place. Elles sont classées par lieu (Varanasi, Allahabad et Mumbai) et par jour. Il y a plusieurs séries qui sont moins ratées qu'autres :
La prochaine entrée de ce blog devraient contenir une petite sélection de photographies.
2007-02-19 19:44+0530 (मुंबई) — Voyage en Inde III
Aujourd'hui, c'est le dernier jour de mon séjour en Inde. Hier, je n'ai
pas fait grand chose, à part aller manger dans un restaurant d'Inde du
Nord. J'ai pris un plat de pois chiches dans une sauce très épicée (Channa
Masala). C'est la seule fois au cours de ce séjour que le côté piquant des
plats m'a (un tout petit peu) fait souffrir. Je l'avais bien cherché,
j'avais spécialement choisi ce plat pour cette raison, en fait. Habitué à
voir des plats censément spicy
s'avérer pas si relevés que
cela, j'ai été un peu surpris par la première bouchée. Le lassi que j'avais
commandé est venu à mon secours. Simplement, j'avais avalé un énorme
bout de piment vert qui était noyé dans la sauce. En mettant de côté les
plus gros morceaux de piment, je n'ai finalement pas eu de problème à
finir, ce qui semble avoir pas mal surpris le serveur.
Nonobstant cet épisode, je voudrais vraiment battre en brèche l'idée reçue selon laquelle la nourriture que l'on trouve en Inde serait tellement relevée qu'elle en deviendrait immangeable pour nous autres occidentaux. Dans les hôtels à prix moyens (pour un ressortissant d'un pays privilégié s'entend) ayant un restaurant, les restaurateurs savent bien que le palais des touristes peut être assez sensible, et ils mettent en évidence dans leur carte le fait que certains plats sont plus relevés que d'autres. Même dans la restauration plus populaire, ce qui va rendre un plat très relevé, c'est souvent la sauce qui est servie avec, et pour peu que l'on fasse attention aux piments verts, cela se passe bien. Bref, pour se retrouver avec un plat immangeable, à moins de d'avoir un très mauvais karma, je trouve qu'il faut vraiment le faire exprès.
⁂
J'ai déjà dû en parler, mais il est intéressant de noter que les indiens structurent les puissances de dix autrement qu'en comptant les milliers, les millions, les milliards ; ils ont hazaar (103), lakh (105), crore (107). En français, on regroupe les chiffres trois par trois. En Inde, on fait différemment : on regroupe les trois derniers chiffres et ensuite, cela se fait par deux. Un lakh s'écrit 1,00,000, tandis que 1 crore s'écrit 1,00,00,000.
J'en parle parce que je téléchargeais à l'instant un fichier PDF de
quelques dizaines de mégaoctets et fut surpris de voir la sortie suivante de
wget
:
100%[====================================>] 4,41,48,520 32.26K/s ETA 00:00
L'explication vient du fait que sous Unix, il existe un mécanisme
d'internationalisation des logiciels (les locales) et qu'à
l'institut, elles sont configurées de sorte que
LC_NUMERIC="en_IN"
, ce qui implique que les chiffres
s'écrivent à l'indienne.
2007-02-18 12:43+0530 (मुंबई) — Voyage en Inde III
Avant-hier était un jour férié, l'après-midi je suis allé faire un tour
du côté de Juhu, au Nord de Mumbai. Pour cela, j'ai pris un train de
banlieue à Church Gate. J'en avais déjà pris sur des distances plus
courtes. Contrairement aux trains normaux
, ils s'arrêtent seulement
quelques secondes dans chaque station et le départ est beaucoup brutal : au
bout de quelques secondes, il devient dangereux de monter dans le train en
marche (les statistiques d'accidents mortels sont assez affolantes...).
Les noms des stations sont affichées en anglais et en hindi, mais suivant comment la station est fichue, parfois, on ne voit rien. J'ai loupé la station Santa Cruz et ai dû reprendre un train dans l'autre sens pour finalement montrer dans un bus pour Juhu. Il y a là une très longue plage, très fréquentée ce jour-là. Je m'y suis balladé en direction du Nord, pour visiter une nouvelle fois le temple Hare Krishna. Il y avait beaucoup de monde pour faire le tour du temple, le long des murs arborant des représentations de quelques épisodes mythologiques (Ganesh écrivant le Mahabharata sous la dictée de Vyasa, Vishnou couché créant Brahma assis sur une fleur de lotus, Rama combattant Ravana...) et passer devant les idoles richement décorées de Krishna, Rama, Laksmana, Sita et du fondateur de la secte ISKCON...
En rentrant, le train était bondé, mais c'était encore supportable, rien à voir avec le dernier métro à Tokyo. J'ai dîné dans un restaurant près de Church Gate. C'était hors de prix, mais vraiment excellent : des koftas baignant dans une sauce très relevée aux petits pois, accompagnés de parathas.
⁂
Hier après-midi, je suis allé au cinéma. C'était सलाम-ए-इश्क,
en hindi donc, sans sous-titres, mais il était assez facile de suivre
l'intrigue ou plutôt les intrigues puisqu'il y avait cinq ou six histoires
très largement indépendantes (et qui à l'exception d'une histoire purement
clownesque se retrouvaient lâchement réunies à la fin). Techniquement,
c'était très beau, le montage très dynamique avec les différentes histoires
mises en parallèle (un peu à la 24, sans le
tic-tac de l'horloge), mais les scènes de danse étaient un peu trop
grotesques (les danseuses figurantes
étaient loin d'être toutes dans
le rythme), et puis il y avait Salman Khan,
monsieur muscle, chemise ouverte, en bonne caricature d'acteur de
Bollywood. Un détail amusant : à un moment, deux des personnages se
retrouvent dans un café à Paris. C'est l'impression que l'on veut nous
donner vu que tous est écrit en français, mais il y a au moins deux
incohérences : premièrement, ils parlent pendant au moins cinq minutes dans
ce bar sans boire quoi que ce soit ni que le serveur viennent prendre leur
commande (et puis, il n'y avait pas de fumée). Deuxièmement, sur la rue en
arrière-plan, bien qu'il fasse nuit, on constate que les voitures roulent
du mauvais côté (avec au passage des incohérences de continuité d'un plan à
l'autre : des véhicules semblent se perdrent dans le vide intersidéral
quand la caméra passe d'un personnage à l'autre).
2007-02-16 12:45+0530 (मुंबई) — Voyage en Inde III
Le week-end dernier, j'ai visité le Mahalaksmi Temple, au Nord de la
Malabar Hill. Il y avait en fait trois idôles, que je n'aurais pas su
reconnaître si le nom des divinités n'avaient pas été écrit au-dessu (en lettres
devanagari) : Mahakali, Mahalaksmi et Mahasarasvati. Les lassis
vendus dans les boutiques le long de la rue qui y mène étaient excellents.
Quelques centaines de mètres en retrait sur la même rue, il y avait un
autre petit temple : je me souviens juste qu'il y avait Tulsi Das
dans le nom et que parmi les divinités représentées, on trouvait notamment
Rama, Laksmana, Sita. Un peu plus à l'Est partait une digue menant à un
monument musulman. Beaucoup de mendiants mutilés au bord de ce chemin.
⁂
Dimanche, je suis allé visiter l'île Elephanta. Un peu plus d'une heure de traversée en bateau pour la rejoindre, environ deux heures de visite et une heure pour revenir. Sur le bateau, la plupart des visiteurs étaient indiens mais il y avait aussi un petit groupe de quinquagénaires bretons dont certains visitaient l'Inde pour la cinquième fois.
L'arrivée sur l'île est assez spéciale. Sur le ponton, un petit
train attend les flemmards. Ensuite, un long escalier de pierre (avec des
marchands de souvenirs de chaque côté) où des chaises à porteurs sont
disponibles pour les encore-plus-flemmards. Arrivé sur le site même, des
grottes sculptées (les anglophones disent caves
)
représentant des divinités hindous (principalement Shiva). Je suis plutôt
déçu. En dehors de la grotte principale, les grottes secondaires sont
tellement endommagées qu'il n'y a grand chose à observer. Et même dans la
grotte principale, la plupart des sculptures sont en mauvais état : par
exemple, le Shiva Nataraja (le dieu de la danse) n'a plus de
jambes.
Si c'est vraiment intéressant de voir des sculptures en leur lieu d'origine à Elephanta (il serait difficile de les déplacer...), le site de Mahabalipuram que j'ai visité l'été dernier, le seul que je puisse comparer à celui-ci, m'a semblé beaucoup plus riche et nettement mieux conservé.
L'après-midi, j'ai visité le musée ex-Prince of Wales. Le bâtiment abritant ces œuvres est en lui-même très beau. Les collections sont très variées : sculptures hindoues et bouddhiques de diverses origines, miniatures, une galerie de peintures européennes appartenant à la famille Tata, des vases asiatiques, des armes, des pièces de monnaie, quelques petits bronzes (avec des explications sur les techniques utilisées), etc.
2007-02-06 18:41+0530 (मुंबई) — Voyage en Inde III
Je suis arrivé à Mumbai il y a une semaine. Mardi dernier étant un jour férié, je ne pouvais pas prendre possession de mon bureau ; je n'ai donc eu aucun scrupule à profiter de cette journée pour visiter un peu Mumbai. Je me suis rendu au terminus VT du système de bus mis en place par le TIFR (bizarremment, le sigle de l'institut est écrit en lettres latines à l'arrière du bus tandis qu'à l'avant, il y a la même chose, mais en transcription devanagari).
Ensuite, j'ai marché vers le Nord puis l'Ouest, passant dans des rues
étroites et encombrées. J'ai visité un temple jaïn et vu quelques mosquées.
J'ai mangé dans un restaurant où les N serveurs passaient toutes les dix
secondes pour me demander si je voulais un peu plus de légumes, de riz, de
pains, etc. Cependant, une fois que je fus arrivé aux pots dessert
de ce thali, on ne m'a curieusement pas proposé de rab de halwa ou de gulab
jamun, dommage. Je suis entré dans le marché aux tissus Mangaldas ; comme
souvent, en prêt-à-porter, il n'y en a que pour les dames. Un peu plus
loin, après avoir croisé un défilé de sympathisants du parti du Congrès (on
est en période d'élection), j'ai trouvé une boutique où m'acheter un
pantalon à un tarif raisonnable.
Je me suis dirigé vers l'Ouest jusqu'à rejoindre Marine Drive, la grande route qui longe la baie. Un peu plus au Nord, la Chowpatty Beach. Ayant pour but de visiter le temple Babulnath, je prends un chemin qui monte vers la Malabar Hill. Je n'y trouve pas mon temple mais un parc pour enfants d'où je peux avoir une très belle vue sur Mumbai. Je suis redescendu et ai finalement trouvé l'entrée du temple Babulnath. Après avoir suivi le long chemin entouré de petites habitations et monté un escalier, j'ai pu visiter le temple.
Après ma visite, j'ai marché un tout petit peu jusqu'à voir des dames ayant entre leurs mains une assiette de kulfi. Je ne pouvais évidemment pas résister et ai goûté moi aussi au kulfi à la mangue. J'apprendrai plus tard que c'est la meilleure adresse de kulfi à Mumbai.
Pour rentrer, j'ai pris Marine Drive dans l'autre sens et ai vu des équipes de cricket jouer sur plusieurs terrains. Je passe non loin d'un crématorium réservé aux parsis, adeptes de Zoroastre.
⁂
Samedi après-midi, malgré un petit rhume, je suis parti à pieds de l'institut pour flâner dans les quartiers avoisinant l'ex-musée Prince de Galles. J'ai ainsi pu voir la Gateway of India, construite en 1914 en l'honneur de George V qui était venu se faire sacrer Empereur des Indes.
Les glaces vendues sur place ne sont pas à la hauteur de celles mentionnées plus haut : on dirait des kulfis que j'aurais ratés. Dans ce quartier de Kala Ghoda, un festival culturel d'une dizaine de jours vient de commencer. Je vois notamment un chanteur tibétain interpréter une chanson. Je rejoins ensuite les bâtiments de l'université, assez impressionnants par leur taille. En bas de l'un deux, on peut lire le préambule de la Constitution de 1949 de la République socialiste (sic) de l'Inde (les quatre valeurs données comme objectifs étant Justice, Liberté, Égalité, Fraternité). Je visite enfin la cathédrale Saint-Thomas, qui est toute blanche.
Ayant finalement trouvé un restaurant, je commande des idlis et un paper
masala dosa. Le serveur essaie de me faire changer d'avis parce que leurs
paper dosas sont très grands. Je persiste. Il avait peut-être raison parce
que ce paper masala dosa étant vraiment énorme (un bon mètre de diamètre)
et pas particulièrement fin (contrairement à ce que le nom paper
laisse à penser). Je n'ai pas réussi à en venir complètement à bout. Sur
une table voisine, une famille indienne a réussi cet exploit, mais ils s'y
sont mis à trois...
Après être sorti du restaurant, je m'aperçois que mon petit rhume s'est transformé en méchant rhume 1 : je peux à peine émettre des sons pour indiquer ma destination à un chauffeur de taxi. Le premier renonce à comprendre ce que j'essaie de lui dire. Le deuxième me propose un tarif pour touriste naïf (cent roupies), je refuse. Le troisième, il devait changer une roue dont le pneu était crevé. Le quatrième arrive à me comprendre et met en marche le compteur (ce qui garantit un prix honnête, si c'est la bonne grille de prix qui est appliquée). Après qu'il a entrepris un demi-tour audacieux sur une route très fréquentée pour éviter les embouteillages, j'arrive à destination.
[1] On dirait que depuis ce matin, je vais mieux.
2007-02-01 12:18+0530 (मुंबई) — Voyage en Inde III
Dimanche dernier, je pars vers 13h de l'institut après avoir copieusement mangé à la cantine. Le chauffeur conduit assez vite, mais c'était assez inutile en raison des embouteillages. Après quelque détour, nous arrivons à la gare d'Allahabad vers 14h où j'ai pu attendre tranquillement mon train dont le départ est prévu pour 15h10.
Comme à mon habitude dans les gares indiennes, je m'asseois sur ma valise et attend que cela se passe. Je regarde le panneau d'affichage : mon train est annoncé pour 18h10. Mon voisin, qui est de Kolkata, est venu passer une journée à Allahabad pour le Kumbh Mela. Son train est aussi retardé. Il prétend qu'il y a trois ans, le président François Mitterrand est venuau Bengale occidental pour remettre la Légion d'Honneur à Satyajit Ray ; je lui explique que c'est impossible, qu'il doit se tromper de date... De nombreux hommes religieux se sont installés dans le hall de la gare et sur les plates-formes pour attendre leur train.
Un peu avant l'heure affichée pour l'arrivée de mon train, je me dirige vers les plates-formes, en l'occurence la nº7. Comme la dernière fois que j'avais pris un train à Allahabad, je me suis fait avoir : il y a deux groupes de voies distantes de plusieurs centaines de mètres. Depuis le hall, en passant par l'extérieur, j'aurais atteint très rapidement cette plates-forme, mais j'avais déjà parcouru un dédale de couloirs surélevés quand je m'en suis rendu compte.
J'attends tranquillement, assis non loin d'un groupe de saddhus. Pendant une ou deux bonnes heures, il ne se passe rien. Aucune nouvelle de mon train. Finalement, on annonce un train sur la voie nº7, mais c'en est un autre... Une heure plus tard, on annonce l'arrivée du Mahanagari Express sur la voie nº8, juste à côté. C'est la cohue pour descendre/monter du train. J'attends que la voie soit libre pour m'installer. De toute façon, l'arrêt en gare d'Allahabad va s'éterniser. Le train part vers 21h20.
Très rapidement, nous prenons quatre heures de retard supplémentaires, délai qui se maintiendra assez régulièrement jusqu'à l'arrivée à Mumbai. Je finis mon dîner, constitué de diverses aliments achetés dans une gargote près de l'institut avant mon départ : samosas, triangles de pain frits, jalebis, etc.
Je suis en Sleeper Class. Pour six places, nous sommes neuf : il y a une famille avec trois jeunes enfants, un homme lisant un roman policier hindi et un jeune homme allant tous deux à Bangalore, et un autre. Tout le monde a un ticket, mais certains sont censément en Waiting-List et sont montés dans le train nonobstrant la non-obtention d'une place réservée. Finalement, Navdip, le jeune homme, consent à dormir par terre, les enfants se serrent et tout le monde peut dormir pendant la nuit. Pooja et Arti, les deux très jeunes filles se chamaillent beaucoup avec leur jeune frère. La plus sage des deux, Pooja, qui a commencé à apprendre à lire, déchiffre l'anglais et le hindi : pour le hindi, elle va presque aussi vite que moi, c'est-à-dire lentement, mais peine sur les ligatures ; la différence, c'est que contrairement à moi, elle doit comprendre ce qu'elle lit.
Aux arrêts dans les stations importantes, je note les horaires de passage pour comparer avec l'horaire annoncé afin de me faire une idée sur l'heure à laquelle j'arriverai à Mumbai. Cette information se révèle utile à d'autres passagers qui se rendent compte qu'ils vont manquer une correspondance à Itarsi pour Bangalore et donc rester plus longtemps dans le train pour en attraper un autre ailleurs (après avoir longuement examiné Trains at a glance qui contient tous les horaires).
Très souvent, nous sommes sollicités pour du thé, des fruits, etc. Pour
mon repas de midi, j'opte pour le thali proposé par la compagnie de chemins
de fer. Quand on me remet le plateau métallique, on me dit
Garam-garam !
. J'aurais plutôt envie de dire Thanda-thanda !
puisque ce n'était pas très chaud. Néanmoins, c'était plutôt bon. Le repas
du soir s'avèrera moins bon (un byriani de légumes servi dans des
barquettes métalliques jetables).
Avant de descendre à Thane, le père de famille me dit quelque chose en
hindi, je ne comprends que dekhna
. Bref, il semble me dire
de garder un œil sur mes affaires pour qu'on ne me les vole pas.
Lundi soir, vers minuit et demie, j'arrive enfin au terminus Chhatrapati Shivaji (on me dira ensuite que tout le monde l'appelle simplement VT pour Victoria Terminus qui est son ancien nom...). Compte tenu de ces dix heures de retard, heureusement que j'étais convenu avec la personne qui m'a invité au Tata Institute de prendre un taxi plutôt que l'on envoie une voiture me chercher...
⁂
Je rétablis la modération a priori des commentaires : il y a beaucoup de spam, et je n'ai pas le temps de mettre en place un filtre bayesien dans l'immédiat.
2007-01-31 13:48+0530 (मुंबई) — Voyage en Inde III
Samedi dernier, Shrirang m'a proposé de m'emmener visiter quelques endroits de la ville. Nous devions prendre le bus de 8:25, mais les horaires ayant changé, il était déjà parti quand j'eus rejoint l'arrêt. Nous avons donc pris le rickshaw de l'institut pour parcourir la route de trois kilomètres passant à travers un village afin de rejoindre la grand'route. De là, nous avons pris un gros rickshaw collectivisé : c'est moins cher puisqu'il y avait une bonne dizaines de personnes allant dans la même direction.
Nous avons visité la maison des Nehru, Anand Bhavan, puis leur maison précédente, maintenant appelée Svaraj Bhavan. La maison Anand Bhavan est vraiment très belle et relativement moderne. On peut y voir les diverses chambres (dont celle qui était réservée à Gandhi), la salle à manger, l'endroit où Indira Gandhi s'est mariée : il y avait une photographie sur laquelle on pouvait voir les choses qui avaient changé entretemps. Dans une pièce était exposée quelques objets personnels, et quelques lettres. On pouvait ainsi distinguer l'écriture hésitante de la jeune Indira en devanagari, et même une carte postale écrite en français !
L'ancienne maison, Svaraj Bhavan, était plus ancienne. Il y avait beaucoup de photographies, parmi lesquelles une photographie de la première voiture ayant circulé à Allahabad (on ne peut pas la manquer puisqu'elle est visible dans au moins trois pièces différentes).
Nous avons ensuite mangé dans un restaurant d'Inde du Sud : excellents dosas. Puis, nous avons pris un vélo-rickshaw pour rejoindre les terrains du Mela. J'ai visité Hanuman Mandir (celui qui se trouve près du fort). La foule était impressionnante. Cela poussait de tous côtés. Quand on arrive dans le temple, on descend un escalier qui donne sur une petite salle renfermant l'idôle du singe Hanuman en position couchée. Il y a un miniscule couloir de chaque côté de l'idôle. Cela dit, je ne peux pas dire grand chose sur cette idôle, vu qu'elle était complètement recouverte d'offrandes : guirlandes de fleurs, laddous, etc. Je ne pourrais même pas dire de quelle couleur elle est censée être. À la sortie, il y avait d'autres idôles plus visibles, d'Hanuman, de Rama, Sita, Laksmana, etc.
Ensuite, nous sommes allés à pieds à Sangam, où beaucoup d'hindous se baignaient au confluent de la Ganga et de la Yamuna. Son matériel étant beaucoup plus performant que le mien, Shrirang pouvait s'adonner à son passe-temps favori : prendre des photographies.
Nous sommes rentrés à l'institut à pieds. Je pouvais alors commencer à préparer mes bagages pour mon voyage en train vers Mumbai.
2007-01-26 15:34+0530 (इलाहाबाद) — Voyage en Inde III
Aujourd'hui, c'est le Republic Day, l'un des deux jours fériés les plus importants avec le jour de l'indépendance (15 août). À cette occasion, il y a eu une cérémonie. Depuis une semaine, je voyais de mon bureau diverses personnes embellir le lieu où elle allait avoir lieu.
Ce matin, le drapeau indien a donc été hissé en présence des membres de l'institut et de leur famille. Le personnel de sécurité en grand uniforme était aussi là. Quelques femmes et les enfants se sont installés à côté du drapeau pour interpréter l'hymne indien : Jana Gana Mana. C'était assez émouvant. Le directeur a prononcé un discours en hindi (en glissant quelques mots d'anglais de temps en temps de sorte que je suivais à peu près ce qu'il disait). Ensuite, les enfants sont venus chercher leur récompense pour leur victoire ou leur participation à la compétition sportive qui s'est déroulée il y a quelques jours.
Un peu plus tard, il y a eu un match de cricket en seize overs. Quand on regarde à la télévision, on ne se rend pas vraiment compte de la distance entre les deux guichets, vu la vitesse fulgurante à laquelle les joueurs professionnels lancent les balles. Il y a eu quelques coups spectaculaires : des sixes, des guichets détruits, des interceptions de balles en plein vol éliminant le batsman et des interceptions ratées...
2007-01-24 22:42+0530 (इलाहाबाद) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa — Voyage en Inde III
Voici la plus longue entrée de ce blog (vingt-deux pages sur mon brouillon). Il s'agit du sixième épisode de mon résumé du Rāmayāṇa d'après la traduction que j'en ai lue. Il y aura prochainement™ le septième et dernier épisode. Cependant, on peut considérer que l'histoire est essentiellement finie après ce sixième chant. Tout en racontant ce qui se passe après, le septième chant apportera surtout des précisions sur ce qui s'est passé avant l'intrigue principale. Le résumé existe aussi en PDF.
⁂
Rāma remercie Hanumān pour le récit de son exploit mais il est triste parce qu'il ignore comment traverser l'océan pour ramener Sītā. Sugrīva le réconforte. Avant le départ de l'armée des singes, Hanumān décrit l'inaccessible Laṅkā. Rāma monte sur le dos de Hanumān et Lakṣmaṇa sur celui d'Aṅgada.
Pendant ce temps, à Laṅkā, Rāvaṇa demande l'avis de ses conseillers sur ce qu'il doit faire. Tous souhaitent la guerre, sauf son frère Vibhīṣaṇa qui lui suggère de rendre Sītā à Rāma. Rāvaṇa demande à son général en chef Prahasta de préparer la défense de la ville et prononce un discours guerrier. Bien qu'en désaccord avec son frère, le puissant Kumbhakarṇa accepte de combattre. Mahāpārśva pense que Rāvaṇa pourrait violer Sītā, mais cela ferait éclater sa tête à cause d'une malédiction de Brahmā. Après avoir répété son conseil, Vibhīṣana fait la leçon au fougueux Indrajit. Ayant été banni par Rāvaṇa, Vibhīṣana rejoint Rāma avec quatre autres rākṣasa. Il lui décrit la puissance de Rāvaṇa. Rāma promet de le faire roi de Laṅkā après leur victoire. Un négociateur-espion vient trouver Sugrīva pour lui conseiller de retourner à Kiṣkindhā. Les singes veulent le tuer mais Rāma les en empêche puisqu'il est venu comme messager.
Suivant le conseil de Vibhīṣaṇa, Rāma rend hommage à l'Océan, Sāgara. Mais l'Océan ne se montre pas. En colère, Rāma menace de l'assécher et prend une forme terrible pour lancer des flèches. Tandis que Rāma s'apprête à lancer un trait dédié à Brahmā et que le monde se met à trembler, l'Océan apparaît et accepte que Rāma le traverse. Le singe Nala, fils de Viśvakarman fait construire un pont jusqu'à Laṅkā, mais c'est par les airs, montés sur Hanumān et Aṅgada, que Rāma et Lakṣmaṇa traversent l'océan. Rāma libère un espion, celui-ci vient trouver Rāvaṇa pour lui décrire la puissance de Rāma et de son armée de singes. Il lui conseille de rendre Sītā, ce que Rāvaṇa refuse. Il envoie de nouveaux espions qui prennent l'apparence de singes pour s'infiltrer dans leur armée, mais Vibhīṣana les démasque aussitôt. Rāma leur demande de bien inspecter son armée et de dire à Rāvaṇa qu'il l'attaquera le lendemain. Ces espions décrivent à Rāvaṇa les principaux chefs simiens et lui conseillent de rendre Sītā. Rāvaṇa les chasse et envoie encore d'autres espions.
Utilisant la magie, Rāvaṇa fait croire à Sītā que Rāma est mort en lui faisant voir sa tête et son arc. Désespérée, elle préfère mourir que céder. Sītā se lie d'amitié avec la rākṣasī Saramā, épouse de Vibhīṣana qui la réconforte et épie Rāvaṇa. Le sage Mālyavān met en garde Rāvaṇa : il est invulnérable pour les dieux, démons et autres créatures célestes, mais c'est une armée d'hommes, de singes et d'ours qu'il doit combattre. Ayant remarqué de nombreux signes funestes, il lui conseille de rendre Sītā. Rāvaṇa est inflexible, la guerre est inévitable.
Les armées se préparent. Rāma ordonne aux singes de ne pas prendre forme humaine pendant le combat, ce qui les distinguera de Rāma, Lakṣmaṇa, Vibhīṣana et des quatre autres rākṣasa qui l'accompagnent. Ils grimpent au sommet du mont Susela d'où ils peuvent admirer Laṅkā. Ils y passent la nuit.
Le lendemain, à la vue de Rāvaṇa, Sugrīva s'en va le défier au combat. Rāma lui reproche de ne pas l'avoir consulté avant. Sûr de lui, Rāma envoie Aṅgada porter à Rāvaṇa un message lui annonçant sa mort prochaine. Pendant ce temps, l'armée des singes commence le siège de Laṅkā. Des combats terribles s'engagent entre les rākṣasa munis de nombreuses armes et les singes simplement armés de leurs griffes et de leurs crocs, réduits à lancer des troncs d'arbre et des pierres. Malgré la pluie de traits qui s'abat sur lui, Rāma vainc de nombreux ennemis de ses flèches tranchantes.
Dominé par Aṅgada, Indrajit utilise la magie pour se rendre invisible et en profite pour s'attaquer à Rāma et à Lakṣmaṇa. Transpercés de flèches en forme de serpents venimeux, les deux frères sont très affaiblis. Les singes sont affligés ; Vibhīṣaṇa demande à Sugrīva de reprendre confiance, tandis qu'Indrajit retourne à Laṅkā en annonçant la mort des deux héros.
Rāvaṇa fait monter Sītā sur le char Puṣpaka avec des rākṣasī qui lui font voir le champ de bataille depuis les airs. Ayant vu Rāma et Lakṣmaṇa en si piteux état, elle sombre dans le désespoir, mais la rākṣasī Trijaṭa la rassure.
Voyant son frère mal en point, Rāma envisage de se laisser mourir car il ne peut souffrir de devoir faire de la peine à Sumitrā en lui annonçant la mort de son fils. Cette situation attriste Vibhīṣaṇa, mais Sugrīva lui annonce une issue favorable. Le roi des oiseaux, Garuḍa, intervient de façon spectaculaire. Les serpents qui immobilisaient les deux frères sont mis en fuite ; de son toucher, Garuḍa guérit Rāma et Lakṣmaṇa. Rāma interroge Garuḍa sur les raisons de son amitié ; la monture de Viṣṇu lui demande de ne pas chercher à en savoir plus avant d'avoir vaincu Rāvaṇa.
Les singes sont rengaillardis par la guérison de Rāma. Leurs manifestations de joie sont entendues par Rāvaṇa qui réagit en envoyant combattre son oncle Dhūmrākṣa. Une grande bataille s'engage entre singes et rākṣasa. Hanumān fracasse le crâne de Dhūmrākṣa avec une crête montagneuse. Vajraduṃṣṭra est dépêché par Rāvaṇa ; après un combat difficile, Aṅgada lui coupe la tête en deux. Akampana prend la suite. Des signes funestes se manifestent ; une tempête de sable empêche les combattants de distinguer amis et ennemis ; la terre est recouverte de sang. Akampana parvient à briser de ses flèches le roc que lui lance Hanumān ; cependant, un arbre lancé en pleine tête par ce dernier lui est fatal.
Prahasta, le chef d'état-major de Rāvaṇa organise son armée et sort de Laṅkā sur son char malgré les mauvais présages. Le combat est terrible : la terre est une rivière de sang. En lui lançant un rocher sur le crâne, Nīla vainc Prahasta, faisant fuir les autres rākṣasa.
Rāvaṇa décide de s'engager lui-même dans le combat. Étincelant dans ses attributs royaux, il fait forte impression sur Rāma. Mis en colère par l'enlèvement de Sītā, il est néanmoins certain de vaincre le roi des rākṣasa. Rāvaṇa affronte les singes Sugrīva, Hanumān et Nīla, puis Lakṣmaṇa qui le défie de son arc. Rāvaṇa blesse grièvement le frère de Rāma avec une lance que Brahmā lui avait donnée, mais Lakṣmaṇa, se souvenant qu'il est une portion de Viṣṇu, a suffisamment de force pour survire. Hanumān intervient pour soustraire Lakṣmaṇa du champ de bataille et faire monter Rāma sur son dos pour l'aider à combattre Rāvaṇa, tel Viṣṇu montant sur Garuḍa. De ses flèches semblables à la foudre, il vainc Rāvaṇa, mais il le laisse fuir vers Laṅkā.
Rāvaṇa demande alors qu'on réveille Kumbhakarṇa. Ce frère très puissant a été contraint à un long sommeil par une ruse de Brahmā. Pour le réveiller, on hurle, on le tape avec des arbres, on frappe des éléphants pour qu'ils piétinent le géant. À son réveil, il déclare avoir faim. Après qu'il a été rassasié de sangliers, Rāvaṇa lui explique la délicate situation et lui demande son aide. Kumbhakarṇa lui reproche de gouverner en négligeant le dharma, l'artha et le kāma (devoir, intérêt, plaisir), mais consent à lutter contre Rāma.
Faisant trembler les montagnes, Kumbhakarṇa effraie les singes. Il en massacre et en dévore un grand nombre, puis combat les chefs des singes, Lakṣmaṇa et enfin Rāma qui l'achève en lui tranchant successivement les mains, les pieds et la tête de ses traits d'or dédiés à Indra. Des fils de Rāvaṇa s'ajoutent ensuite à la liste des guerriers rākṣasa tués au combat.
Devant cette débâcle, Rāvaṇa adopte une tactique défensive, mais son fils Indrajit, le vainqueur d'Indra, prétend pouvoir continuer à narguer les dieux en tuant Rāma et Lakṣmaṇa. Avant d'engager bataille, Indrajit offre un sacrifice au Feu qui lui procure des présages de victoire. Ni les singes ni Rāma et Lakṣmaṇa ne peuvent résister à cette puissance armée de rākṣasa, conduite par Indrajit, fort de ses traits dédiés à Brahmā.
Ayant vu tomber les deux héros, les chefs des singes sont démotivés. Vibhīṣaṇa explique que, par respect pour Brahmā, Rāma et Lakṣmaṇa ont laissé ce trait les atteindre. L'ours Jāmbavān pense que tant que vivra Hanumān, la victoire reste possible. Il lui demande de se rendre dans l'Himavān, à la montagne aux herbes, et d'en ramener quatre plantes médicinales qui pourront guérir Rāma et Lakṣmaṇa. Les montagnes tremblent lorsque Hanumān prend son élan pour accomplir sa mission. Parvenu au mont Kailāsa, il n'arrive pas à reconnaître les plantes et reproche au mont son manque de compassion. Hanumān décroche la montagne et la ramène auprès des deux frères. Non seulement les deux frères sont guéris grâce au parfum des plantes médicinales, mais les singes blessés ou morts reprennent vie. Hanumān rapporte le sommet montagneux sur l'Himavān et revient aussitôt.
Sûr de la victoire, Sugrīva ordonne aux singes d'incendier Laṅkā. Des centaines de milliers d'habitants meurent. Les combats entre rākṣasa et singes reprennent. Les valeureux fils de Kumbhakarṇa sont tués : Kumbha par Sugrīva et Nikumbha par Hanumān.
Rāvaṇa envoie Makarākṣa sur le champ de bataille. Rāma lui rappelle qu'il a vaincu dans la forêt Daṇḍaka quatorze mille rākṣasa parmi lesquels figurait son père Khara. Le duel est si acharné que des créatures célestes viennent assister au spectacle : Rāma tue le rôdeur de nuit d'un trait dédie au Feu.
Rāvaṇa envoie son fils Indrajit au combat. Comment celui qui a vaincu Indra ne pourrait-il pas tuer Rāma et Lakṣmaṇa ? Après avoir célébré un nouveau sacrifice dédié à Agni, il utilise la magie pour se rendre invisible des deux frères. Lakṣmaṇa menace d'utiliser l'arme de Brahmā pour exterminer tous les rākṣasa mais Rāma l'en dissuade : tous les rākṣasa ne sont pas aussi mauvais qu'Indrajit. Ce dernier réapparaît devant Hanumān sur son char en compagnie de Sītā, uniquement vêtue d'un linge sale. Il la tue. Après avoir combattu contre l'armée d'Indrajit, Hanumān estime qu'il doit avertir Rāma et Sugrīva du crime d'Indrajit.
À la nouvelle de la mort de Sītā, Rāma s'effondre. Désabusé, Lakṣmaṇa ne croit plus au dharma : s'il existait, Rāma ne subirait de tels tourments. Vibhīṣaṇa intervient : la mort de Sītā n'était qu'une illusion mise en scène par Indrajit. Il lui révèle aussi qu'Indrajit va célébrer un sacrifice au sanctuaire de la Nikumbhilā. Si le sacrifice est mené jusqu'à son terme, Indrajit sera invincible ; s'il est interrompu, Indrajit sera vulnérable.
Lakṣmaṇa, Vibhīṣaṇa et l'armée des singes viennent interrompre le sacrifice d'Indrajit. Harrangués par Vibhīṣaṇa, les singes luttent contre les rākṣasa et un formidable duel s'engage entre Lakṣmaṇa et Indrajit. Les créatures célestes viennent assister au déluge de flèches dédiées à divers dieux puissants annulant leurs effets. Finalement, la tête d'Indrajit est tranchée par une flèche que Lakṣmaṇa a dédiée à Indra et au dharma de Rāma. Cependant, Lakṣmaṇa est blessé ; le singe Suṣena le guérit avec le parfum d'une plante médicinale.
Rāvaṇa est attristé par la mort de son fils. Il se met en colère et se précipite au bois d'aśoka pour tuer Sītā. Perdue, elle maudit la bossue Mantharā. Mais le ministre Supārśva détourne Rāvaṇa de cet acte peu compatible avec ce qu'il a appris du Veda.
Avant de combattre Rāma lui-même, Rāvaṇa demande à son armée de massacrer les singes. Ces derniers prennent refuge en Rāma qui anéantit les rākṣasa. En se déplaçant très vite, Rāma leur donne l'illusion d'être partout à la fois et, croyant l'atteindre, ils s'entretuent. Les dieux louent Rāma pour ses exploits.
Ayant perdu un mari ou un fils, les rākṣasī tombent dans le chagrin, maudissant Śūrpaṇakhā pour avoir tenté de séduire Rāma et Rāvaṇa pour avoir conduit sa race à sa perte. Monté sur un char éblouissant, Rāvaṇa se lance dans la bataille avec trois grand guerriers rākṣasa : Mahodara, Mahāpārśva et Virūpākṣa. Rāvaṇa répand la mort dans l'armée de singes, mais Sugrīva tue Virūpākṣa et Mahodara, et Aṅgada tue Mahāpārśva.
Furieux, Rāvaṇa s'attaque à Rāma. Obscurcissant le ciel de leurs flèches, les deux combattants se transpercent l'un l'autre et utilisent des flèches incantées. Lakṣmaṇa intervient : il brise l'étendard du roi des rākṣasa, tue son cocher et détruit son arc. Vibhīṣaṇa tue les chevaux de Rāvaṇa, mais est frapé par une lance façonnée par Maya. Lakṣmaṇa se porte à son secours mais Rāvaṇa le frappe lui aussi avec cette lance.
Rāma demande aux singes de veiller sur son frère alors qu'il envisage le duel final avec Rāvaṇa. Cependant, à la pensée de la mort prochaine de Lakṣmaṇa, Rāma tombe dans le désespoir. Le singe Suṣena le rassure : il envoie Hanumān chercher des plantes médicinales sur le mont Mahodaya. Encore une fois, Hanumān rapporte le sommet montagneux. Après avoir broyé les plantes, Suṣena les administre à Lakṣmaṇa par le nez. Aussitôt rétabli, il reproche à Rāma de s'être attristé sur son sort : il doit tuer Rāvaṇa.
Pour que le duel soit disputé de façon équitable, Indra décide d'envoyer son cocher Mātali aider Rāma. Monté sur le char d'Indra, Rāma détruit les flèches en forme de serpent de Rāvaṇa en utilisant un trait dédié à Garuḍa. Les démons assistent au duel en soutenant Rāvaṇa tandis que les dieux veulent voir triompher Rāma. Rāvaṇa utilise une pique pure comme le diamant. Les flèches de Rāma ne peuvent rien contre cette arme redoutable ; il parvient enfin à la détruire en utilisant une arme d'Indra apportée par Mātali.
Les deux combattants continuent à se tirer des flèches. Prenant l'avantage, Rāma reproche à Rāvaṇa d'avoir enlevé Sītā et lui annonce sa mort prochaine. De sa propre initiative, le cocher de Rāvaṇa éloigne le char du champ de bataille, ce qui rend Rāvaṇa furieux contre lui. Pendant que Rāvaṇa s'explique avec son cocher, Agastya vient enseigner à Rāma l'Ādityahṛdaya, un hymne védique au Soleil. En le récitant, Rāma s'assure la victoire.
Alors que les présages sont funestes pour Rāvaṇa et heureux pour Rāma, leur duel terrible reprend sous les regards des singes et des rākṣasa qui restent immobiles. Contrairement à Rāvaṇa, Rāma parvient à détruire l'étendard de son adversaire. Ce duel en char est acharné. Les flèches lancées par les deux combattants forment un deuxième ciel ; la terre se met à trembler ; les créatures célestes sont angoissées.
Avec une flèche en forme de serpent, Rāma tranche une des dix têtes de Rāvaṇa, puis une autre... Mais à chaque fois, la tête tranchée réapparaît aussitôt. Le combat se poursuit pendant sept jours et sept nuits sans qu'aucun des combattant ne prennent l'avantage de façon décisive. Mātali suggère alors à Rāma d'utiliser l'arme sacrée de Brahmā contre Rāvaṇa. Tel Vṛtra frappé par Indra, Rāvaṇa est tué par Rāma. Les singes exultent de joie et des musiciens célestes chantent les louanges de Rāma.
Vibhīṣaṇa prononce un éloge funèbre. Mandodarī se lamente devant la dépouille de son époux, elle pense que c'est Viṣṇu en personne qui a vaincu Rāvaṇa. Sous la pression de Rāma, Vibhīṣaṇa fait célébrer les rites funéraires. Rāma fait sacrer ce vertueux Vibhīṣaṇa roi de Laṅkā.
Rāma demande à Hanumān puis à Vibhīṣaṇa de dire à Sītā de se préparer pour se présenter devant lui richement parée. Elle déclare d'abord vouloir voir son époux avant de s'être lavée puis, devant l'insistance de Vibhīṣaṇa, elle finit par accepter pour l'amour de Rāma. C'est dans la confusion que Sītā rejoint son époux en présence de tout le monde. Rāma déclare l'avoir enfin reconquise après avoir vaincu Rāvaṇa, mais il répudie Sītā puisqu'il ne serait pas convenable qu'il la garde après qu'elle a été prisonnière de Rāvaṇa. Pour prouver sa vertu, Sītā fait dresser un bûcher et y pénètre.
Les dieux Kubera, Yama, Indra, Varuṇa, Śiva et Brahmā viennent voir Rāma. Indigné par sa conduite à l'égard de Sītā, Brahmā lui révèle qu'il est Viṣṇu Nārāyaṇa et que Sītā est Lakṣmī. Après que Brahmā a rappelé à Rāṃa les exploits passés de Viṣṇu, le Feu sort du bûcher en tenant Sītā contre lui. Il assure à Rāma qu'elle n'a aucunement péché. Rāma explique que Sītā devait se soumettre à cette épreuve du Feu pour que la rumeur ne puisse pas se moquer de leur couple. Śiva félicite Rāma et lui demande, ainsi qu'à son frère, de rendre hommage à leur père Daśaratha qui vient d'apparaître. Heureux, il dit à Rāma qu'il doit montrer sur le trône, à Lakṣmaṇa, il promet le ciel et il souhaite de Sītā qu'elle n'en veuille pas à Rāma pour l'avoir répudiée. Indra accorde une faveur à Rāma : que les singes ayant rejoint le royaume de Yama soient ressuscités. Indra l'exauce.
Vibhīṣaṇa permet à Rāma d'utiliser le char Puṣpaka pour rentrer à Ayodhyā. Vibhīṣaṇa et les singes souhaitent l'accompagner. Tout le monde embarque à bord du char céleste. Rāma montre à Sītā la cité de Laṅkā et le pont de Nala depuis les airs. Le char survolant Kiṣkindhā, Sītā demande que Tārā et les autres épouses de singes l'accompagnent à Ayodhyā. Rāma accepte et continue la visite guidée en lui montrant le mont Ṛśyamūka, la Pampā, le Janasthāna, l'ermitage d'Agastya, etc. Rāma rend visite à l'ascète Bharadvāja qui lui explique que Bharata règne sur Ayodhyā en se soumettant à ses socques. Il lui accorde un vœu : les fruits et le miel ne manqueront pas à Ayodhyā, même hors saison.
À la demande de Rāma, Hanumān vient rencontrer Bharata. Il lui raconte les événements qui se sont produits. Śatrughna s'occupe des préparatifs pour faire un triomphe à Rāma pour son retour. Bharata honore Rāma à son arrivée et salue tous ceux qui l'accompagnent, les singes ayant pris une forme humaine. Rāma s'incline devant Kausalyā et salue Sumitrā et Kaikeyī. En ayant reçu l'autorisation de Rāma, le char Puṣpaka retourne au séjour de Kubera. Bharata rend pieusement son royaume à Rāma et ordonne qu'on le sacre. Vasiṣṭha procède à l'onction royale de Rāma avec de l'eau pure recueillie par les meilleurs des singes. Le chapelain des Ikṣvāku lui remet un diadème utilisé autrefois lors du sacre de Manu. On le pare d'un parasol blanc en présence des dieux. Des musiciens et danseuses célestes participent à la cérémonie.
Rāma récompense richement les brâhmanes et les singes. Sītā remercie Hanumān en lui remettant un précieux collier. Ses hôtes étant rentrés, Rāma fait de Bharataa son prince héritier, Lakṣmaṇa ayant refusé cet honneur. Pendant son règne long de dix mille ans, Rāma célèbre dix sacrifices de cheval qui contribuent à l'opulence et au dharma dans la cité d'Ayodhyā.
Ce poème de Vālmīki, le Rāmayāṇa, assure la prospérité à tous ceux qui l'entendent.
2007-01-23 19:59+0530 (इलाहाबाद) — Voyage en Inde III
J'ai les jambes en compote. Aujourd'hui, c'était un des jours les plus importants du Ardh Kumbh Mela : Vasant Panchami. Alors, comme d'habitude, les autorités locales interdisent aux voitures et aux bus de franchir le pont sur la Ganga. Plutôt que de remettre toujours au lendemain mes vagues projets de visiter Allahabad parce que les bus ne peuvent pas circuler, je me suis décidé à venir à pieds !
Je suis donc parti ce matin du Harish-Chandra Institute vers 9h30. Je
n'arriverai au centre-ville que vers 13h... Cela a commencé un peu comme
samedi dernier, si ce n'est qu'il y avait plus de
brouillard, et que mes points de repère en étaient tout perturbés.
Cependant, la foule était beaucoup plus
compacte. À un moment, j'ai voulu prendre un pont sur la Ganga, mais il
était fermé. Le suivant aussi. Le troisième était recouvert de voitures
constituant un long cortège, qui n'avançait pas. J'ai pu utiliser le
quatrième. Mais les policiers veillent à la circulation de la foule. Je ne
pouvais que rebrousser chemin vers le premier pont, puis tourner à gauche.
Quelques centaines de mètres plus loin, j'ai recroisé le cortège de
voitures transportant des hommes à la barbe impressionnante, alors que des
danseurs dansaient et des banderolles... Il y avait un peu de tout, même
des Hare Krishna
. Bref, il a fallu attendre un certain temps qu'il y
ait un petit trou dans le cortège et que les policiers laissent traverser
les piétons. J'ai eu le Sri Adi Shankar Viman Mandir en vue. J'étais sur la
bonne route.
Je me suis alors retrouvé à marcher sur une très longue route, tandis que l'ambiance religieuse se transformait en une ambiance de fête foraine (il y avait des attractions, comme une grande roue). Il ne vaut mieux pas être agoraphobe...
Je voulais aller en centre-ville. J'ai suivi le mouvement qui allait vers l'Ouest. Mais à une bifurcation insensible, j'ai pris un chemin qui m'a fait faire un long détour. Cela aurait pu m'être profitable s'il avait encore été temps d'aller visiter Khushru Bagh avant de manger, mais il commençait à se faire tard, alors quand le pont suspendu sur la Yamuna s'est présenté à ma vue, je me suis dit qu'il fallait retrouver le droit chemin vers les Civil Lines. Je voulais déjeuner au restaurant El Chico, mais il était fermé à cause du Mela... Je me suis rabattu sur Connoisseur. J'ai dévoré mon Dal Makhini et mon Paratha, puis ai visité une boutique présentant des produits de l'artisanat d'Uttar Pradesh. J'ai alourdi mon sac d'un Krishna joueur de flûte.
Je me suis rendu au parc Khushru Bagh (en vélo-rickshaw). C'est un peu
mal fichu : il y a un unique chemin canonique pour rejoindre les mausolées
du Prince (moghol) Khushru, de sa sœur et de sa mère, et il n'est pas
trivial à trouver. Au pire, j'aurais pu escalader le mur. Comme on peut
s'en douter, le lieu est surtout fréquenté par des musulmans. Des enfants
jouaient au badminton sur une terrasse d'un des mausolées ; c'est un peu
dangereux vu qu'il n'y avait pas de barrière. Bien que je n'aie pas eu très
confiance au début, je peux dire que les gens qui étaient là cette
après-midi étaient très sympathiques. J'ai dit mon prénom à un d'entre
eux ; ils ont dû se passer le mot puisqu'ils n'arrêtaient pas de
m'apostropher Zoël ! Zoël !
. Il doit y avoir une explication pour le
fait que beaucoup d'indiens prononcent le j
comme un z
. Le
détenteur du trousseau de clefs m'a invité à venir visiter l'intérieur des
tombeaux et à monter au sommet des mausolées. C'était assez beau, bien que
les peintures murales aient souffert du temps (quatre siècles) ;
malheureusement, l'alphabet arabe m'est complètement étranger, donc je n'ai
pas pu apprécier tous les détails. Le mausolée
de Khushru était en travaux : ils auraient peur qu'il ne s'écroule. Le
plafond d'une des salles intérieures était tapissé de chauve-souris.
Je me suis ensuite dirigé vers le temple d'Hanuman du centre-ville. Contrairement à la dernière fois, les idoles de Rama, Laksmana et Sita étaient très richement parées et recouvertes de guirlandes de fleurs. Il y avait une famille à côté de moi, et apparemment, les parents interrogaient les enfants pour voir s'ils les avaient bien reconnus ; c'était assez amusant. Au centre, il y avait la grande idole de Hanuman, et à droite, Durga. En sortant du temple, je me suis ravitaillé en barfis et en laddous. Les barfis étaient à la noix de coco, donc bof, mais la réputation des laddous de Hanuman Mandir n'est pas usurpée.
Il commençait à être temps de rentrer à pieds. Contrairement à l'aller, je pense avoir pris le chemin le plus court. Sur le côté de la route, il y avait de nombreux marchands de légumes, de coriandre, etc. Quand je me suis rapproché du terrain du Mela, la foule était encore plus dense que ce matin. Les gens me regardaient un peu bizarrement, mais en souriant. À un moment, j'ai eu peur de ne pas pouvoir avancer puisqu'un policier s'est interposé en me disant des choses incompréhensibles en hindi. Finalement, il voulait juste m'aider et me montrer un plan du secteur. J'ai pu continuer ma route tranquillement jusqu'à voir apparaître le Sri Adi Shankar Viman Mandir et le pont sur la Ganga : plus la peine de déranger un hypothétique Grand Schtroumpf. La circulation était plus fluide que ce matin (il n'y avait pas tous ces barrages pour faire passer les cortèges religieux), mais mes jambes commençaient à avoir quelque difficulté à me porter et mon épaule gauche qui soutenait mon sac s'est mise à me faire un peu mal. Je marchais le long de la Ganga, prenant un ou deux photographies du Soleil au couchant quand un indien accompagné de son jeune fils m'a abordé en me demandant si j'étais indien. On a parlé un petit peu, mais j'ai eu du mal à me faire comprendre. À raison, il voulait que je parle en anglais fondamental. Du coup, j'ai essayé d'engager la conversation en hindi... Ce n'était pas grand chose, mais toujours mieux que rien.
⁂
Rien à voir, mais hier, un événement de la plus haute importance s'est
produit : la reprise de Kaun Banega Crorepati, la version hindi de Qui veut
gagner des millions ?. J'en parlais lors de mon premier
voyage. À l'époque, ce jeu était présenté par
Amitabh Bachchan, mais celui-ci ayant été malade de façon
prolongée, le jeu s'était arrêté. La star s'étant remise, c'est néanmoins
une autre star, Shah Rukh Khan qui
anime désormais le jeu. Il y a des petites différences de style entre les
deux : le premier s'adressait à l'ordinateur en disant Computerji !
tandis que le second dit Computer Compaq Garud !
. Par rapport à un
Jean-Pierre Foucault, cela doit être 'achement plus impressionnant pour un
indien de se retrouver à devoir répondre à des questions posées par SRK,
qui fait le clown (comme dans les films) : forcément, il demande aux
candidats quel est leur acteur préféré, si on répond George Clooney
,
il répond quelque chose comme Kaun Hai Ye George
Clooney ?
.
2007-01-20 14:29+0530 (इलाहाबाद) — Voyage en Inde III
Ce matin, je suis allé me balader dans les terrains du Kumbh Mela. L'institut se trouve sur la rive gauche de la Ganga, en aval de Sangam où se rencontrent la Yamuna et la Ganga se rejoignent. Quand on regarde vers le Nord (vers l'amont), la Ganga est sur la droite et la Yamuna sur la gauche. J'ai donc marché quelques kilomètres le long de la Ganga puis suis entré sur les terrains du Kumbh Mela où il y a tout un réseau d'allées, bordées d'entrées sur des petits secteurs où de grandes tentes sont déployées. Les policiers surveillent d'un œil qu'il ne se passe rien de grave, et font la circulation (ou plus précisément, restreignent la circulation des voitures et des personnes). En marchant alternativement vers le Nord et l'Ouest, je me suis rapproché d'un pont temporaire sur la Ganga (dont les flots ont l'air moins puissants que ceux de la Yamuna en cette saison) pour me rapprocher du Fort d'Akbar.
Au bord de ces allées, s'étalaient des draps recouverts de marchandises (poudres colorées, bracelets, bindis...), de nombreux vendeurs de flûtes trimbalaient des dizaines d'instruments d'une main tout en produisant des sons (pas très virtuoses) avec un instrument de l'autre main. Quelques éléphants et dromadaires. Un mendiant s'infligeant des mortifications (il était dans une sorte de lit de ronces). Des sadhus portant un linge safran ; certains tenaient un trident (un des attributs de Shiva). Enfin, une foule de personnes marchant dans tous les sens.
Lors de la croisière en barque d'il y a quelques jours, j'avais remarqué depuis Sangam un temple coloré en forme de tour. J'imaginais que cela devait être un des temples mentionnés dans mes guides touristiques. Pas du tout, il s'agissait du श्री आदि शंकर विमान मन्दिर. À chacun des trois étages, il y avait une enceinte renfermant une divinité particulière, les murs étant recouverts de diverses représentations en couleur (comme Rama combattant Ravana dont les dix têtes étaient représentées). Chaque enceinte était entourée d'une sorte de balcon d'où on avait une assez belle vue sur les terrains du Mela, mais qui présentait aussi l'intérêt que les murs extérieurs étaient recouverts de sculptures : Varaha, Narayana, Sarasvati, Yamuna, Rama, Balarama, etc. Le temple était de taille moyenne (une quinzaine de mètres de large), mais il y avait une foule assez importante : il y avait un peu de bousculade pour avancer ou monter aux étages supérieurs (mêmes les dames poussaient dans la mêlée...).
En sortant, j'ai eu quelque peine à retrouver mes chaussures dans la cohue. J'ai donné une roupie au jeune homme qui était à l'entrée, là où je les avais déposées. Il a fait une drôle de tête. Je ne sais pas s'il souhaitait que je lui donnasse plus, mais pour un service aussi inexistant, je répugnais à donner davantage (c'était de toute façon la dernière pièce qu'il me restait). Il y avait plusieurs curieux qui semblaient s'étonner de ce que je note le nom du temple en VO...
Bref, je m'étonne que ce temple ne soit pas mentionné dans les guides, vu qu'il est impossible de passer à côté sans le voir. Quelques dizaines de mètres plus bas, c'est presque par hasard que j'ai remarqué un temple dédié à Hanuman. Je présume qu'il devait s'agir du Hanuman Mandir. Il avait l'air tout petit ; je n'ai pas pu m'en approcher tant la foule était compacte tout autour. De toute façon, les policiers n'avaient pas non plus envie de me laisser passer...
2007-01-19 18:23+0530 (इलाहाबाद) — Voyage en Inde III
Je parlais il y a quelques jours de la cuisine dans la
Guest House de l'institut Harish-Chandra. Je parlais de plats
variés
. Évidemment, au bout de trois semaines, je trouve cela un peu
moins varié qu'au début, mais c'est quand même très bon. La plupart des
plats tournent autour des lentilles (dal), des pommes de terre et du
chou-fleur, et évidemment de riz, le tout agrémenté de chapattis, de puris
ou de parathas. Je lisais il y a quelques jours que dans certains écoles
primaires japonaises, il était envisagé d'inclure des exercices de
manipulation des baguettes dans les examens d'entrée. S'il y avait des
examens de techniques digitales appliquées à la dégustation de thalis, avec
l'entraînement intensif que j'ai pratiqué, je pense que je n'aurais pas une
trop mauvaise note... Je m'amuse beaucoup en trempant abondamment mes
chapattis dans le pot de dal. Quand il n'y a plus de dal ou de chapattis,
je me resers, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il n'y ait plus ni chapattis
ni dal, ce qui peut être assez long...
L'institut a une Tea Pantry où on peut se faire servir du thé, mais aussi des samose, des jalebis ou des gulab jamun. Comment pourrais-je survivre entre déjeuner et dîner sans ces gourmandises ?
En parlant de gourmandises, mardi dernier, avant son départ pour Pune
(prononcer Pooni
) mon amie indienne Supriya m'a invité au
restaurant. Avant cela, nous avons avons dégusté de très bons gâteaux dans
une pâtisserie dénommée très justement Paradise. Je
n'aurais jamais imaginé possible de manger de tels gâteaux en Inde !
⁂
Comme je n'ai pas beaucoup d'opportunités pour aller en ville (certains
jours, il n'y a pas de bus du fait du Kumbh Mela), je vais évoquer tout
autre chose. Sur les télévisions indiennes, en dehors du Kumbh Mela, un
sujet monopolise les ondes : Shilpa Shetty. Il s'agit
d'une actrice de Bollywood (dont je ne pense avoir vu aucun film) qui
participe actuellement au programme anglais de télé-réalité
Big Brother. Le scandale est né de ce que certains de ses
compagnons d'infortune à la peau plus claire auraient eu tendance à la
dénigrer jusqu'à de telles extrémités que certains ont considéré ces
attaques comme des insultes racistes. Je n'ai pas d'opinion sur le fond (je
ne reçois pas Channel 4, et je préfère perdre mon temps autrement), mais je
trouve pour le moins étonnant (et futile à vrai dire) que des propos de
gens pas spécialement représentatifs de la population du Royaume-Uni
provoquent un tel foin en Angleterre et en Inde. Il y a déjà un certain
malaise diplomatique : le chancelier de l'échiquier Gordon Brown, en visite
en Inde, a dû s'expliquer publiquement, de même que Tony Blair en
Angleterre. Sur les plateaux de télévisions indiens, on s'interroge : les
anglais sont-ils racistes ? les émissions de télé-réalité
sont-elles
réelles ? On fait parler des starlettes ayant participé à d'autres
émissions de ce type, la propre mère de Shilpa Shetty vient défendre sa
fille, bien élevée, qui resterait digne et conserverait toute son
indianité
dans cette épreuve, tandis que les bookmakers prédisent que Shilpa Shetty sortira vainqueure du
jeu. Sur un thème voisin, je pensais que la BBC était une maison sérieuse ;
cela semble globalement vrai, mais je constate amèrement qu'ils tendent à
aller un peu fouiner dans le caniveau (franchement, dans un flash
d'information mondiale, est-il absolument nécessaire de mentionner que
Whitney Houston doit vendre de vieilles affaires, de montrer ses friperies
et d'ironiser sur d'éventuels problèmes financiers de la star ?).
⁂
À part ça, je me suis remis à mon résumé du Ramayana ; je l'avais laissé de côté au sixième livre (le plus long...). Il y a des chances qu'il arrive un de ces jours. Hum, je crois percevoir des bâillements dans le fond ; comment ça, ça ne vous intéresse donc pas ?
2007-01-14 15:13+0530 (इलाहाबाद) — Voyage en Inde III
Hier soir, j'ai vainement essayé de faire une photographie du coucher du
soleil à Allahabad en allant à l'endroit de l'Institut appelé Kalidasa point
. Il y avait un peu trop de nuages à l'horizon.
De toute façon, mon appareil-photo n'est pas de toute première qualité, et
mes capacités techniques pour l'utiliser au mieux en améliorant les
paramètres sont inexistantes : j'aurai beaucoup de photos floues...
⁂
Ce matin, j'ai fait une petite escapade avec quatre autres étudiants/post-doc (Supriya, Shrirang, Girish et Nishita), tous les quatre originaires du Maharashtra : non seulement je n'entends guère le hindi, mais leur langue maternelle est le marathi ! Vers 5h, nous sommes descendus pour rejoindre la route qui longe la Ganga en passant à côté d'un endroit où de grandes quantités de nourriture sont données gratuitement aux pélerins (beaucoup de groupes de sadhus allaient et venaient). Nous avons marché jusqu'au premier pont temporaire sur la Ganga construit pour le Mela. Un batelier était censé nous y attendre. Il n'y était pas, nous avons donc marché un peu à l'intérieur du campement. Dans un des petits camps, il y avait des dizaines de sadhus faisant une prière avant de préparer pour leur bain dans la Ganga. Nous avons bu un thé dans un minuscule récipient de plastique (un ou deux centilitres) puis fait la route en sens inverse pour retrouver notre batelier.
Avant de nous embarquer, nous avons un petit-déjeuner : c'était des
tranches de pain coupées en triangles, trempées dans une sauce, puis
frites. Après être montés sur la barque (récemment repeinte en blanc), le
rameur a laissé s'échapper une rame. J'ai eu le réflexe de la récupérer
quand elle passait à ma portée : j'ai donc pu sentir la propreté toute
relative des eaux à cet endroit, mais au moins j'étais le plus pur
des passagers...
Bien que le soleil se fût levé, il faisait assez horriblement froid.
Nous avons traversé le pont temporaire (constitué de sortes de gros boudins
flottants) : il faut choisir deux boudins et passer entre, en forçant un
peu si cela ne passe pas... Sur le bord de la Ganga, de très nombreux
hindous s'immergaient plusieurs fois dans l'eau. Nous nous sommes dirigés
vers Sangam, le lieu exact où les eaux de la Yamuna et de la Ganga se
mêlent (il y aurait aussi une troisième rivière mythique, la Saraswati). À
cet endroit-là, il y avait plusieurs rangées de barques alignées avec de
nombreux passagers s'apprêtant à se baigner : du côté Ganga, le très faible
courant et les quelques dizaines de centimètres de profondeur permettait de
le faire sans danger. Nous nous sommes ensuite déportés vers la Yamuna pour
voir un peu mieux le Fort d'Akbar dont les environs étaient noirs de monde.
Aujourd'hui est un des jours les plus propices pour la baignade,
plusieurs millions de baigneurs
étaient attendus.
⁂
Nous sommes rentrés à l'Institut. Les habitants de la Guest House ou des
Hostels ne peuvent pas se cuisiner eux-mêmes (self-cooking not allowed
), ce qui peut être un peu frustant,
alors nous sommes allés dans le petit appartement que l'Institut met à la
disposition de Shrirang, post-doctorant en physique. Alors que nous
écoutions la cinquième et la sixième symphonie de Beethoven, Supriya nous y
a préparé un petit plat marathi : une préparation à base de pommes de
terres et d'oignons mélangée à du riz. C'était très bon...
2007-01-05 22:54+0530 (इलाहाबाद) — Danses indiennes — Voyage en Inde III
Hier après-midi, je suis allé à Allahabad avec une étudiante en thèse et un post-doc indiens. On a mangé des gulab jamun... Puis nous sommes allés à une foire. Ce Gandhi Shilp Bazar semble être un événement régulier. Tous les mois, de nombreux marchands de différentes régions de l'Inde viennent présenter divers produits. La plupart des stands concernaient les vêtements : kurtas, taies d'oreillers, tuniques, saris... Beaucoup d'autres présentaient des objets dont certains pourraient sans problème être considérés comme des objets d'art. Par exemple, un superbe tableau de bois sculpté et peint représentant une scène du Mahabharata (Krishna conduisant le char d'Arjuna) pouvait trouver un acquéreur pour un peu moins d'un lakh. Bien d'autres belles choses se laissaient regarder.
On trouvait également de quoi manger, des spécialités du Bihar, du
Rajasthan, etc. J'ai pris un masala dosa et goûté des
momos
du Sikkim.
Au milieu de la foire se tenait une scène où des danseurs se
produisaient. Le premier bout de spectacle que j'ai vu était du Kathak (d'après ce
que ma guide m'a dit ; je n'aurais pas su faire la distinction avec le
bharata natyam). Très intéressant. Ensuite, un groupe de danseurs
a pris la place de la danseuse de kathak. Cela ressemblait à une sorte
d'art martial chorégraphié : ils avaient un long morceau de bois (du
bambou ?) et frappaient celui du voisin avec le leur en rythme. Puis, un
des danseurs affrontait
un groupe de plusieurs autres, puis
plusieurs groupes. Étonnant !
On est resté plus longtemps que prévu à la foire. On a quand même pu prendre un des bus de l'institut pour rentrer. Mais il y a eu un embouteillage assez important. Bloqués, on a envisagé de descendre du bus pour rentrer à pieds et nous avons joint le geste à la parole.
Il faut savoir que depuis le 3 janvier et jusqu'au 26 février se tient un événement périodique exceptionnel à Allahabad. Il s'agit du grand rassemblement hindou du Kumbh Mela. Il y en a un tous les douze ans à Allahabad (nom religieux hindou : Prayag). Entre deux Mela se tient un demi-mela, c'est cet Ardh Kumbh Mela qui se tient actuellement. Des millions de pélerins viennent de toute l'Inde pour se baigner rituellement à Sangam, là où les eaux de la Yamuna se mêlent à celles de la Ganga. D'immenses terrains le long de la Ganga sont consacrés à cet événement. En descendant du bus pour continuer à pieds notre route, nous avons entrepris de traverser ces terrains pour rejoindre l'institut qui se trouve de l'autre côté. Depuis ce dédale de chemins ensablés, on voyait des tentes à perte de vue éclairées par de nombreuses lumières. Dans certains secteurs, l'éclairage tape-à-l'œil et l'ambiance musicale un peu trop chargée perturbait la quiétude des lieux... Après avoir franchi plusieurs ponts temporaires sur des bras des fleuves sacrés, nous avons pu rejoindre l'institut. Un chien errant estropié a fait le chemin avec nous pendant trois ou quatre kilomètres.
2006-12-31 20:05+0530 (इलाहाबाद) — Voyage en Inde III
Cette semaine, je suis resté à l'institut, passant l'essentiel de mes journées à faire des maths, avec des pauses pour manger. La cuisine est d'ailleurs excellente. Le repas sont servis dans un thali et comportent invariablement de riz, un papad, des pains, une sorte de yaourt et puis quelques plats très variés.
Ces jours-ci, il n'y a pas beaucoup d'étudiants à l'institut puisqu'on est
entre deux semestres. Hier soir, il y avait cependant une séance du ciné-club
avec une poignée de spectateurs pour regarder Doctor Zhivago. Je n'avais jusqu'alors vu ce film qu'en VF ;
c'est donc avec surprise que j'ai entendu les nombreux mots de dialogues qui
sont en français dans la VO (il faudrait inventer une signalétique télévisuelle
homologue aux notes de bas de page En français dans le texte
dans les
ouvrages traduits en français.
⁂
Ce dimanche, je sortais donc pour la première fois de l'enceinte (très
étendue) de l'institut en utilisant le service de bus interne. Le problème,
c'est qu'il n'y a aucun plan indiquant les points d'arrêts ni de carte
suffisamment précise pour indiquer le terminus à Bank Road. Ce midi, je suis retourné au restaurant Connoisseur
qui arborant des
décorations de Noël. En y allant en vélo-rickshaw, j'ai remarqué un temple que
j'avais déjà vu. Après avoir mangé, je suis allé vérifier : il
s'avère que le temple dédié à Hanuman (mais avec aussi des idoles de Rama, Sita
et Laksmana) que j'avais visité l'année dernière n'est pas celui connu sous le
nom de Hanuman Mandir
. Ce dernier se trouve beaucoup plus près de Sangam
(le lieu où la Ganga et la Yamuna confluent). Bref, une nouvelle visite en
perspective.
Je suis ensuite allé visiter le musée d'Allahabad. Je ne sais pas ce qu'il y avait vraiment dans la première salle sur la droite puisque l'éclairage était insuffisant pour y voir quelque chose. À l'étage, il y avait une salle consacrée à l'histoire de l'indépendance de l'Inde. Les autres salles étaient très mal indiquées, mais je ne regrette pas de les avoir trouvées. Une d'entre elles présentait de très beaux dessins du XVIIIe siècle montrant notamment des rois en train de fumer mais aussi Radha et Krishna. Plus loin, des salles réservées à la préhistoire, puis d'autres mettant en valeur des statues de dieux hindous, les plus remarquables étant datées des Xe et XIe siècles. À droite du musée, on peut voir le véhicule (Ford) qui a transporté une fraction des cendres de Gandhi avant que celles-ci ne fussent jetées à Sangam (photo dans un journal de l'époque).
Ensuite, il a fallu retrouver Bank Road où se trouve une annexe de la guest-house de l'institut pour prendre un bus dans l'autre sens. Cela n'a pas été facile... Le trajet de retour a été très long à cause des embouteillages : le bus n'a pas pu bouger du tout pendant plus d'une demi-heure, avec non loin de là des policiers faisant la circulation en donnant des petits coups de bâtons sur les récalcitrants. Après, on a doublé par la gauche toute une file de camions, en roulant complètement en dehors de la route !
2006-12-27 12:24+0530 (इलाहाबाद) — Voyage en Inde III
Avant-hier, je suis parti de bonne heure de l'hôtel pour marcher dans les rues de Varanasi afin de visiter quelques sites que je n'avais pas encore vus. Vers 6h, il n'y avait presque personne et le soleil était évidemment assez bas dans le ciel. J'ai pris une des artères en direction du Sud pour rejoindre le temple dédié à Durga. Le temple et son enceinte sont rouge vif. On peut y voir quelques idoles que j'aurais bien eu du mal à reconnaître si leurs noms n'avaient pas été écrits à côté, comme celle de Sarasvati. Comme c'est souvent le cas, il y avait un grand bassin jouxtant le temple, mais ses eaux ne semblaient pas très propres.
Pas très loin de ce temple se trouve un complexe comprenant des jardins et un grand bâtiment dédié au poète hindi Tulsi Das. Sur les murs des deux étages de ce bâtiment, on pouvait lire le texte de la version du Ramayana qu'a écrite Tulsi Das au XVIe siècle. Je ne suis pas certain qu'il y ait le texte intégral, mais cela me semble plausible. Il y avait par ailleurs des dessins représentant quelques passages importants de l'épopée.
Je suis ensuite descendu vers les ghats, mais deux garçons ont essayé de me faire peur en disant qu'ils allaient appeler la police pour vérifier que mon appareil-photo ne contenait pas de choses interdites (comme des photographies de corps en train de brûler dans les burning ghats). Si je leur faisais une donation (prétendument pour les nécessiteux...), je pouvais non seulement éviter d'aller voir la police et mais aussi aller à un endroit où je serais aux premières loges pour voir les corps brûler. Quel manque d'imagination ! Je leur ai dit qu'ils perdaient leur temps, mais ils insistaient. Pas très content que je ne tombasse pas dans le panneau, ils ont même essayé de me suivre jusqu'à mon hôtel en tentant de me faire gober qu'ils m'avaient repéré et que la police débarquerait cinq minutes plus tard ! Bien entendu, c'étaient des foutaises. C'est un désagréments les plus sévères que j'ai eus jusqu'à maintenant en Inde, mais au moins, celui-ci ne m'aura coûté aucunes roupies.
⁂
J'ai pris un train pour Allahabad en Sleeper Class.
Je n'ai pas testé d'autres catégories de places dans ce type de trains,
mais d'après les photographies que j'ai vues d'autres catégories plus
chères, je n'éprouve pas le besoin de changer, puisque les places en
SL
sont tout à fait confortables, presque plus
agréables à mon goût que la deuxième classe en France : il y a beaucoup
d'espace et on est pas contraint de rester dans une position fixe.
À l'arrivée à la gare d'Allahabad, une étudiante du professeur qui m'a invité m'attendait avec une voiture avec chauffeur pour me conduire à l'institut Harish-Chandra qui se trouve loin du centre-ville dans un lieu vraiment charmant. Je me suis installé dans la guest-house et comme l'institut était fermé ce 25 décembre, j'ai attendu le lendemain matin pour prendre possession du bureau qui m'a été attribué. Il est sobrement décoré avec des photographies de Garry Kasparov, Ramanujan et un petit dessin de Radha et Krishna.
Hier en fin d'après-midi, j'ai fait une petite balade autour de l'institut. On peut y voir des arbres pourvus d'une étiquette indiquant les noms des mathématiciens qui les ont plantés lors de leur passage, des paons, des woodpeckers, la Ganga, le coucher du Soleil...
⁂
Mon rythme d'écriture sur ce blog va sans doute se réduire dans les jours qui viennent. Du travail mathématique m'attend.
2006-12-24 18:13+0530 (वाराणसी) — Voyage en Inde III
Je me suis levé très tôt hier matin pour me rendre à l'aéroport Charles de Gaulle pour prendre un avion pour Delhi. On était assez en retard. Sur place, j'ai pris un taxi pour aller à mon hôtel (celui que j'avais réservé). On a mis beaucoup de temps à trouver la rue nº2 à Mahipalpur pour découvrir que l'hôtel avait désinvoltement mis ma réservation à la poubelle... On a quand même trouvé un hôtel providentiel où j'ai pu passer la fin de la nuit (je me suis couché vers 3h30 à causes de ces histoires). Un peu plus et je demandais au chauffeur de taxi de m'emmener directement à l'aéroport où je devais prendre un autre avion le lendemain matin...
Ce matin donc, je me lève assez tôt à nouveau pour me rendre à l'aéroport (cela n'a pas pris très longtemps, ce qui est cohérent avec le bruit de moteurs à réaction que j'ai entendu pendant la nuit). Contrairement à ce qui s'est passé à Paris, je n'ai pas eu de problème pour enregistrer plus de vingt kilogrammes de bagages (contrairement aux russes qui étaient devant moi). L'avion pour Bénarès avait du retard (2h30), j'ai eu du temps pour discuter avec Fazan, qui est cachemiri, vit en Australie, a rencontré une charmante hindoue d'Orissa sur Internet qu'il a vue il y a quelques jours et qu'il va présenter à ses parents (musulmans...) à Srinagar.
À l'aéroport de Bénarès, la récupération des bagages était assez impressionnante de désorganisation. J'ai pris un taxi prépayé (les tarifs ont augmenté par rapport à la dernière fois) et ai dû faire appel à des coolies pour transporter mes bagages jusqu'à l'hôtel : aujourd'hui, il y avait une fête avec des défilés de sikhs dans les rues, provoquant des embouteillages impressionnants.
En arrivant à l'hôtel, j'ai retrouvé des têtes, notamment Mamaji, que j'avais déjà vues il y a plus d'un an. Ils se souvenaient même de moi !
2006-12-18 20:29+0100 (Grigny) — Culture — Cinéma — Voyage en Inde III
Je pars dans un peu moins de cinq jours. J'ai obtenu mon visa et mes billets de train il y a quelques semaines, récupéré mes billets d'avion vendredi dernier. Ce matin, je me suis occupé de mes réservations d'hôtels pour les deux jours qui précèderont mon arrivée à l'Institut Harish-Chandra à Allahabad. Compte tenu du faible nombre d'heures que je vais passer à Delhi, j'en ai pris un proche des aéroports. Pour Varanasi, j'ai finalement opté pour un hôtel dans le quartier du Chowk plutôt que dans le Cantonment : je retournerai à l'hôtel où j'avais passé quelques jours lors de mon premier voyage.
⁂
Samedi dernier, j'ai vu un des plus mauvais films français que je connaisse : L'Intouchable de Benoît Jacquot avec Isild Le Besco. L'histoire est assez vide. Certains passages sont grotesques, comme cette scène dans l'avion où le personnage principal, Jeanne, discute avec un indien alcoolique : il doit y avoir pas loin d'une vingtaine de plans le montrant en train de prendre une gorgée dans sa petite bouteillle. Les seuls passages que j'ai trouvés remarquables et qui m'ont émus pour m'avoir rappelé des souvenirs sont ceux de l'arrivée à la gare de Varanasi et les scènes montrant les bûchers funéraires.
Je suis allé voir Casino Royale dans la foulée. J'ai trouvé qu'il souffrait très bien la comparaison avec les autres James Bond récents. Les scènes de cascade sont toujours aussi comiques, mais de façon différente : au lieu d'être vraiment trop fort, James Bond se casse la figure...
⁂
Au passage, s'il y a encore des gens intéressés par des places gratuites pour certains spectacles, qu'ils n'hésitent pas.
2006-12-08 23:46+0100 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde III
La date du départ en Inde approche et je ne sais toujours pas quels livres je vais emmener avec moi. Tout-à-l'heure, je suis passé chez les agitateurs pour me ravitailler en livres. J'avais une petite liste, mais je ne suis pas du tout reparti avec ce que j'avais prévu, notamment à la suite de cet échange :
— Bonjour, je cherche The Inheritance of Loss de Kiran Desai.
— Oui, je vais regarder. Vous pouvez répéter le nom ?
— Kiran Desai, D-E-S-A-I.
— Je vais demander à mon collègue.
Le collègue, dont j'avais remarqué quelques minutes plus tôt le côté un peu speed arrive.
— Je voudrais savoir si vous avez The Inheritance of Loss de Kiran Desai, qui a obtenu le Booker Prize cette année.
— Desai, c'est dans ce coin-là !
Il montre le rayon
littérature d'Asieque je venais d'éplucher, puis s'y précipite pour me montrer un exemplaire du dernier roman d'Anita Desai. J'en avais déjà un exemplaire entre les mains...— Voilà !
— Kiran Desai, c'est sa fille.
— Mais ce n'est pas traduit !
— Bien sûr, mais vous ne l'auriez pas dans le rayon anglophone ?
— Non, cela m'étonnerait !
Quand même, je trouve cela assez incroyable que dans une librairie généraliste d'une telle étendue, on ne puisse même pas trouver le livre ayant obtenu le plus grand prix littéraire anglais !
J'espère qu'il se trouvera une librairie anglophone à Allahabad ou à Mumbai où je pourrai trouver mon bonheur.
⁂
J'ai commencé Noces indiennes de
Sharon Maas. Le roman alterne trois histoires qui, au début,
semblent indépendantes, les chapitres étant intitulés Nat
,
Saroj
ou Savitri
du nom du personnage principal de chacune
d'entre elles. C'est un peu déroutant de changer d'époque et de lieux d'un
chapitre à l'autre, mais on s'y habitue.
Une des histoires se passe en Guyane Britannique dans les années 1950-1960. Je découvre avec stupeur le gouffre de méconnaissance que j'ai de ce pays, ancienne colonie britannique, où de nombreux Indiens ont émigré au dix-neuvième siècle.
2006-11-30 21:17+0100 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Voyage en Inde III
Le système de distribution de certains journaux gratuits m'énerve 1. Dans les premiers temps, on voyait des amoncellements de papier dans les couloirs du métro. Je suppose que la RATP a agrandi ses poubelles, que la qualité des journaux s'est améliorée ou que les gens les gardent un peu plus longtemps. Au passage, j'ose espérer que les entreprises qui distribuent ces journaux ont eu la bienveillance de proposer des arrangements à la RATP et à la Ville pour les dédommager de la gêne occasionnée par la masse de papier qu'elles engendrent. Maintenant, ce qui m'ennuie, c'est le journal gratuit du soir au parasol rouge. À certains endroits, notamment aux abords de la station de métro Bibliothèque François Mitterrand, la circulation des usages du métro n'est déjà pas très fluide en période de pointe, mais il y a maintenant des parasols rouges à l'effigie d'un journal, des piles de journaux et des gentils distributeurs qui transforment un simple déplacement en métro en véritable slalom, d'autant plus que l'hiver s'approchant, ces lieux ne sont pas très bien illuminés, c'est un miracle s'ils ne se transforment pas quotidiennement en une attraction d'auto-tamponeuses.
⁂
J'ai réussi à obtenir mon visa pour mon
prochain séjour en Inde. Je n'ai pas eu à attendre trop
longtemps à l'ambassade de l'Inde. J'ai eu un bonus d'attente
supplémentaire puisque je ne demandais pas un visa touristique : j'ai dû
attendre qu'en coulisses, on examine les lettres d'invitation
des instituts de mathématiques indiens, mon visa n'est valable que trois
mois (au lieu de six pour un visa touristique standard), mais c'est un visa
de type X
!
⁂
Pendant mon attente à l'ambassade de l'Inde, j'ai lu un court roman de George Sand, La mare au diable. C'est l'histoire sympathique du paysan Germain et de la petite Marie. Très bien écrit, peut-être un peu trop : j'aime bien lire des histoires où les personnages s'expriment avec affectation, j'y crois volontiers si ce sont des princes, des sultanes ou des bourgeois, mais j'ai du mal à souffrir les subjonctifs imparfaits et autres tournures recherchées que les personnages de George Sand émettent très fluidement.
Récemment, j'ai aussi lu un premier livre, Le tapis rouge, un recueil de nouvelles de Lavanya Sankaran (traduit de l'anglais) dont le cadre est la ville indienne de Bangalore. Certaines d'entres elles sont très belles, notamment celle qui a donné son titre au recueil.
[1] Je précise que je n'ai jamais lu un de ces journaux ; je ne me permettrais donc pas de critiquer leur contenu.
2006-11-22 21:56+0100 (Grigny) — Culture — Musique — Voyage en Inde III — Mathématiques
Il y a deux ou trois jours, j'ai fait un rêve bizarre. Je discutais avec d'autres matheux étrangers (je ne sais pas en quelle langue), et me montrant un des notres en qui je reconnus un certain H. G., un des matheux me dit que c'était le mathématicien le plus riche du monde. Je découvais ensuite que son nom de famille était Google.
Ce matin, j'ai eu la confirmation du fait que dans un mois, je vais pouvoir partir pour deux mois en Inde pour un séjour scientifique dans deux instituts de recherche. Tout se présentant excellemment bien en ce qui concerne mon accueil sur place, je suis très content.
Le seul inconvénient que je pourrais y voir, c'est qu'il y a un certain
nombre de places de spectacles (concerts/danse) pour lesquels je ne pourrai
pas utiliser les billets achetés trop longtemps à l'avance, et c'est là que
vous intervenez, puisque plutôt que de les vendre, je pense les distribuer
ici même presque gratuitement : il faudra me promette de faire un petit
compte-rendu du spectacle (sur vos blogs ou en commentaire ici). Demain,
jeudi 23 novembre vers 20h00 (heure de Paris), je mettrai
en ligne la prochaine entrée de blog qui contiendra la liste des spectacles
avec une brève description. J'appliquerai la règle du premier arrivé,
premier servi
.
Tiens, aujourd'hui, c'est la Sainte-Cécile, patronne des
musiciens
, en l'honneur de qui certains compositeurs, comme Händel, ont
écrit des odes.
Date de génération : 2023-07-27 14:18+0530 ― Mentions légales.