Voyage en Inde V

Conseils pour voyager économe

2008-09-03 23:07+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V

Entre mon premier voyage en Inde et le cinquième que je viens de terminer, ma manière de voyager a évolué. Mon budget s'en est aussi trouvé très significativement allégé.

J'ai dépensé 800€ en billets d'avion : un aller-retour Paris-Mumbai et un vol intérieur Mumbai-Kolkata. J'ai acheté un visa de tourisme de cinq ans : 172€. Un visa ordinaire de six mois revient maintenant à 62€, mais comme il est plus que probable que je retourne encore au moins deux fois en Inde d'ici avril 2013, l'investissement devrait s'avérer intéressant (quoiqu'il faille que je prenne quelques mesures supplémentaires de protection de mon passeport vis-à-vis des intempéries afin qu'il tienne jusqu'à cette échéance).

Les dépenses ci-dessus sont difficilement compressibles. La plupart des d'autres dépenses sont soumises à un plus libre choix. Pour mes déplacements sur place, je privilégie le train par rapport aux bus. Ma manière d'organiser mes parcours en Inde fait que je n'ai guère de très longues étapes à réaliser, du type Delhi-Chennai : dans ces cas-là, l'avion serait à envisager. Plusieurs classes sont disponibles dans les trains. Le prix d'une place dans un wagon climatisé est environ le triple de celui dans un wagon ordinaire. Le bénéfice d'être dans un environnement climatisé est à mon avis largement compensé d'autres aspects que je considère comme négatifs. Bref, je voyage plutôt en Sleeper class. Pour ce voyage, j'ai réservé neuf billets de train (dont deux en wagon climatisé) pour la bagatelle de 41€, ce qui m'a permis de parcourir une distance totale d'environ 4000 kilomètres. À titre de comparaison, je signale que les deux tickets de RER Orsay-Charles de Gaulle m'ont coûté 22.80€.

Une nuit d'hôtel m'a coûté en moyenne 5.10€, la moins chère m'ayant coûté 2.30€ et la plus chère 9.20€, c'est-à-dire entre 150 et 600 roupies. Dans mon expérience, on peut trouver des hôtels tout à fait convenables dans cette gamme de prix. Lors de mon premier voyage, je payais environ le triple de cela, souvent en allant dans des hôtels un peu plus grands, plus occidentalisés. Une chambre dans un hôtel en apparence plus seyant n'est souvent pas terriblement meilleure qu'une chambre dans un hôtel plus ordinaire. Une chambre ne donnant sur rien n'est pas un mauvais choix si on a envie de bien dormir : une chambre avec une fenêtre donnant sur la rue offre la certitude d'être ennuyé par des bruits de klaxons et une probabilité plus importante d'être réveillé dès six heures du matin par les rayons de l'astre du jour. Une autre tendance que j'ai observée est que plus l'hôtel paraît organisé, cloisonné en services, plus les demandes les plus simples souffrent de ne pouvoir être exaucées. Dans un mini-hôtel n'offrant qu'une poignée de chambres, on dispose d'un unique interlocuteur. Dans un gros machin, on ne peut pas simplement descendre à la réception pour discuter avec les personnes de l'hôtel qui manient le mieux l'anglais, il faut téléphoner au room-service qui va nous dire dans un anglais approximatif que la personne qui s'occupe de ceci ou cela n'est pas disponible. Ainsi, en temps ordinaire, si j'ai besoin de faire une lessive, je confie mon linge et on me le ramène nettoyé et repassé le lendemain ou le soir-même. Dans mon hôtel à Warangal, il fallait absolument confier son linge le matin entre 7h et 8h au dhobi ; impossible de faire comprendre l'intérêt que je pouvais trouver à dormir dans cette tranche horaire et confier mon linge plutôt la veille au soir à quiconque le remettrait au dhobi le moment venu. Bien sûr, à 7h, on m'a dit que ce n'était pas possible, qu'il fallait attendre. Deux ou trois coups de fils plus tard, une personne est venue. Non seulement j'ai dû me lever tôt, mais en plus, j'ai attendu une heure avant qu'on vienne prendre mon linge. Cette personne (qui n'était pas le dhobi, mais un intermédiaire, ce qui rend plus absurde encore le refus que j'avais essuyé la veille) a d'ailleurs essayé de me truander sur le nombre de vêtements que je confiais, ce qui était idiot puisque l'on ne paye qu'à la livraison.

Mes autres dépenses sur place se sont élevées à 6.60€ par jour. La plupart des restaurants que j'ai fréquentés me coûtaient moins de 2€. Je n'ai pas mangé de viande, mais n'ai pas été végétarien au sens où la plupart des indiens l'entendent puisque j'ai consommé occasionnellement des œufs et des crevettes. J'ai essayé de manger assez léger. Trois menus-types : thali, idli/masala-dosa, plat en sauce quelconque accompagné de chapatis ou de riz. Le thali (aussi appelé meals) est ce qu'il y a de plus recommandable puisque c'est très varié et peu onéreux, mais ce n'est souvent disponible que le midi. J'apprécie beaucoup les spécialités du Sud comme le masala dosa, que l'on peut consommer à toute heure. Les plats en sauce sont plus typiques du Nord. Je commande très souvent un rafraîchisant lassi. Au sujet de l'eau, la plupart des restaurants servent gratuitement de l'eau purifiée parfaitement propre à la consommation. Comme en France, il faut parfois insister un peu pour avoir de cet eau plutôt que de l'eau en bouteille.

Pour en dire un peu plus au sujet de l'eau, plusieurs sources sont disponibles :

  • l'eau en bouteille ;
  • l'eau purifiée distribuée dans les restaurants et hôtels ;
  • l'eau purifiée disponible dans de nombreux lieux publics ;
  • l'eau du robinet dans laquelle on a mis une pastille purifiante.

L'eau en bouteille est sûre, mais elle coûte environ 12 roupies le litre et engendre une pollution au plastique. L'eau purifiée par les restaurants et hôtels est à mon avis sérieuse et gratuite. J'ai plus de doûtes sur celle disponible dans certains lieux publics comme les gares. Une option qui peut plaire aux plus écologistes d'entre nous consiste à utiliser des pastilles servant à purifier l'eau, puisque ce procédé permet de réutiliser les bouteilles en plastique. Ayant acheté des pastilles lors de mon premier voyage, je pratique occasionnellement cette activité artisanale de purification. Si on a soif au milieu de la nuit ou en se réveillant pour prendre son cachet de Malarone, on n'a pas forcément envie de sortir acheter une bouteille d'eau au coin de la rue (au passage, la Malarone est un médicament très cher, le choix de l'utiliser augmente sensiblement le coût du voyage ; dans tous les cas, demander conseil à son médecin avant de partir, au moins un ou deux mois à l'avance pour le cas où des vaccinations seraient jugées opportunes). La première tentative d'utilisation de ces pastilles lors de ce voyage-ci m'a un peu refroidi. C'était à Kolkata. Je disposais de deux bouteilles de la même marque : une vide et une autre toute fraîche. Prévoyant des besoins en eaux pour l'après-midi, j'ai rempli la vide avec de l'eau du robinet et ai fait agir le comprimé. Un peu plus tard, les deux bouteilles se sont trouvées côte à côte. L'une était parfaitement transparente, l'autre était jaunâtre, m'ôtant toute envie de la goûter. Bref, pour éviter de se voir couper l'appétit, mieux vaut regarder avant si l'eau semble au moins passablement claire avant d'utiliser ce procédé. Au niveau du coût, une boîte de cinquante pastille permettant en principe d'assainir cinquante litres d'eau s'achète en France grosso modo au même prix que cinquante bouteilles d'eau en Inde.

À peu de choses près, les autres dépenses, finalement minimes, concernent le tourisme proprement dit. Là où avant, faute de disposer de cartes suffisamment précises et d'une boussole (je ne suis pas encore passé au GPS), j'eusse utilisé moult rickshaws pour rallier tel lieu depuis mon hôtel, sans savoir comment négocier le prix de la course, faute d'avoir la moindre idée de la distance à parcourir, j'utilise maintenant les cartes de mes guides Lonely Planet, en général très largement suffisantes, et explore les villes à pieds. (Tout cela est également possible avec les cartes du Guide du Routard, mais le nombre de villes couvertes est bien moindre.) Hormis l'assurance de ne pas se faire flouer et l'économie ainsi engendrée, la marche à pieds engendre un certain exercice physique, qui répété dans de nombreuses villes, n'est pas sans provoquer quelque baisse de la masse du marcheur. Je trouve aussi que l'on fait nettement mieux connaissance avec la ville, ses habitants et d'éventuels lieux insolites en procédant ainsi. Quand les distances sont trop grandes, utiliser les transports en commun est très intéressant, quoique la compréhension de leur mode de fonctionnement demande de la patience. Pour le moment, je n'ai jamais vraiment essayé de comprendre comment fonctionnait les bus circulant à l'intérieur des grandes villes. L'homologue des métros/RER à Mumbai et Kolkata s'avèrent très pratiques et très économiques par rapport aux taxis. Dans les coins perdus, utiliser un moyen de transport collectif (minibus, rickshaw collectif, etc.) permet de diviser au moins par dix le coût par rapport à un taxi/rickshaw individuel. Cependant, le temps de parcours peut s'en trouver rallongé.

Une fois arrivé près d'un site touristique payant, il faut s'acquitter d'un droit d'entrée, souvent dix ou vingt fois plus élevé pour les touristes étrangers que pour les Indiens. Je trouve dommage que cette politique tarifaire soit appliquée : elle produit une des rares situations dans lesquelles les touristes étrangers ne puissent se soustraire à leur joyeuse condition de vaches à lait. C'est ainsi, mais vu les merveilles que ne laisse de faire admirer l'Inde, il serait à mon avis malvenu d'être pingre au point de snober ces sites. La plupart des sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco font payer 250 roupies : si on en visite une dizaine, cela reviendra au total à moins de quarante euros. Vu le prix investi dans le billet d'avion, je trouve grotesque de se priver. Cette fois-ci, ma seule déception en ce qui concerne les sites payants a été le Charminar : ce qui est proposé à la viste pour 100 roupies est minime. Toutefois, il est intéressant de savoir que dans bon nombre de sites occupant de grandes surfaces (souvent non-contiguës), seule une petite partie est soumise à un ticket d'entrée. Par exemple, on peut visiter toutes les grottes d'Ellora excepté le temple Kailash gratuitement. À Hampi, seul le temple Vittala et deux ou trois autres bâtiments situés plus au Sud sont payants (via un ticket d'entrée commun), l'accès aux autres parties du site étant libre (en particulier au merveilleux temple Ramachandra). Malgré ces concessions à la gratuité, je trouve étonnant de se priver de visiter le temple Vittala, comme j'ai vu une Française le faire, pour une sordide question de budget.

Au voisinage des sites touristiques et à l'intérieur, de nombreux guides et pseudo-guides guettent l'arrivée de touristes étrangers. Je fais très rarement appel à leurs services. Si on n'en a pas l'envie, il n'est pas toujours évident de se soustraire à leurs propositions insistantes, mais il faut tenir bon.

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Photographies

2008-09-02 14:06+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V — Photographies

Le transfert des photographies autres que les cinquante déjà publiées précédemment est terminé et le classement par jour et par lieu aussi. L'ensemble de ces 1276 photographies est ici.

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Sélection de photographies

2008-08-31 20:54+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V — Photographies

Je suis rentré aujourd'hui. Pas grand chose à signaler sur ces derniers jours à Mumbai, si ce n'est que j'ai finalement réussi à trouver un petit restaurant que l'on m'avait conseillé (tellement difficile à trouver pour moi que j'avais échoué en février 2007 et en août 2007) et que, initié par un collègue indien, j'ai goûté au pan : une feuille de bétel enroulée autour d'une multitude d'ingrédients. À l'aéroport international de Mumbai, les chiffres peuvent se perdre dans la traduction des annonces sonores : la porte d'embarquement de mon vol est la numéro 8 dans l'annonce en hindi et la numéro 10 dans la version anglaise subséquente. Finalement, c'était bien la porte 8.

Comme mes possibilités d'upload sont assez limitées, je présente pour le moment une petite sélection des photographies que j'ai faites, l'intégralité devant paraître ici-même demain ou après-demain.

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Jalgaon

2008-08-28 18:54+0530 (मुंबई) — Voyage en Inde V

Je suis arrivé à Jalgaon avant-hier après avoir pris un train de nuit à Warangal. J'ai déposé mes affaires à l'hôtel où j'étais déjà allé et ai téléphoné à Aniket. En dehors d'une visite à un refuge pour vaches malades et un musée faisant de la propagande végétarienne très agressive, j'ai passé l'essentiel de ces deux journées dans sa maison, où habitent ses parents Shrikant et Shubhada, son frère Rohit et sa sœur Anagha. Dire que j'ai été bien nourri est un euphémisme. Le premier déjeuner était fait de riz et de pain à broyer avant de le mélanger avec une sauce. Le soir, Aniket et moi avons mangé chez son oncle maternel, qui est avocat, son épouse étant enseignante : Pav Bhaji et laddus. Hier midi, des papads de diverses sortes, un peu de riz, des pommes de terre, mais surtout des chapattis sucrés. Ce sucré-salé était étonnant. Hier soir, nous avons mangé tous ensemble, à même le sol, un plat léger : un mélange de riz et de dal, avec un curry blanc. Il faut une bonne sieste pour digérer le repas de midi. Au petit-déjeuner, des petits bhajis. J'étais sur le point d'aller me laver les mains après avoir fini mon assiette qu'on m'a dit d'attendre un peu la deuxième poêlée.

Des élections sont en cours à Jalgaon. Les candidats rivalisaient en braillements, en prospectus qu'ils distribuaient de porte à porte, tentant même d'essuyer la poussière des pieds du chef de famille. Hier, c'était aussi le jour où les jeunes candidats à des postes de policiers devaient se présenter au concours de l'école de police : une gigantesque queue de plusieurs centaines de mètres se tenait à l'entrée.

À la maison, Shrikant se fait l'interprête pour le reste de la famille. Rohit, Anagha et Aniket essaient parfois de poser directement des questions. Des voisins viennent prendre un thé. On discute de sujets divers, sauf de politique. Un des sujets principaux est la religion. Quand un voisin a posé la question en marathi, j'ai cru comprendre que tous supposaient implicitement que j'étais chrétien. Dans ces cas-là, je m'efforce de rectifier ce fait, ce qui n'est pas toujours évident, tant il paraît saugrenu à nombre d'Indiens que l'on puisse être incroyant. Après avoir esquivé quelques questions, on me demande si je crois davantage en forces de Dieu ou en celles de la Nature. Pour éviter d'avoir à choisir, j'ai eu recours à une philosophie européenne qui identifie les deux...

Shrikant est également passionné par la Ramayana. Il apprécie que, contrairement à Krishna qui nous montre comment nous comporter au Kaliyuga, Rama a toujours une conduite irréprochable. Je fais observer que la façon dont il répudie Sita (une deuxième fois) après que la rumeur publique se fut emparée de la question n'est pas une attitude irréprochable de la part d'un mari. Il me répond que c'était la bonne conduite à adopter pour un roi.

Nous écoutons des musiques très différentes. Des musiques de films bollywoodiens. Des ghazals. Shrikant va même jusqu'à chanter quelques couplets en marathi. Quand il oublie le texte, Shubhada ajoute sa voix à la sienne.

Nous parlons de ma visite à Belur Math, le lieu où se trouve la mission Ramakrishna. La famille appartient à ce courant de pensée religieuse. Bien que considérant le fondateur comme un dieu, ils adhèrent sincèrement à l'idée que les dévôts de toutes les religions croient finalement en la même chose et que dans leurs séances de prière auprès du petit autel familial, ils ne récitent pas que des textes hindous mais aussi des textes islamiques ou chrétiens. Shrikant insiste pour dire que ce mouvement de pensée n'est pas prosélyte, ne dit pas aux autres Notre religion est la vraie religion..

Côté tourisme, ce voyage est pour ainsi dire fini. J'ai pris ce matin le Mahanagari Express pour venir à Mumbai où une chambre m'attendait au Tata Institute. Le train n'a eu qu'une heure de retard. Cependant, pendant de longues heures aujourd'hui et ces derniers jours, l'électricité a été coupée à Jalgaon, y compris à la gare. Par conséquent, les annonces sonores étaient très intermittentes. La seule annonce pertinente pour moi est intervenue quand j'ai vu arriver mon train. Heureusement que j'avais demandé au guichet des renseignements le numéro de la voie où était attendu le train (sachant qu'il y avait un piège parce que les trains faisant le circuit du Mahanagari Express sont censés se croiser au voisinage de Jalgaon : il ne fallait pas que je me retrouve dans le train de Varanasi).

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Charminar, Warangal

2008-08-25 17:55+0530 (వరంగల్) — Voyage en Inde V

Lors de ma dernière journée à Hyderabad, je suis allé au Sud, dans la vieille ville. On franchit la rivière Musi. Quelques beaux bâtiments, comme celui de la haute cour, se trouvent à proximité du chemin. Le site caractéristique de Hyderabad est le Charminar, qui, comme son nom l'indique, comporte quatre minarets. Il se trouve un beau milieu d'un carrefour. Le prix d'entrée pour les étrangers est exorbitant pour ce qui est proposé. Il est simplement permis de monter au premier étage. De là, on peut voir les routes situées à l'entour, ainsi que l'impressionnante mosquée toute proche. Depuis les récents événements terroristes ayant frappé Hyderabad, des mesures de sécurité ont été prises. Comme souvent avec la sécurité, cela n'apporte pas grand chose mais ennuie tout le monde. Il était ainsi interdit de s'approcher de la mosquée avec un sac. Bien sûr, aucune consigne n'était prévue. La veille, dans un petit parc peu intéressant, on m'a demandé de mettre en route mon appareil-photo pour s'assurer que ce n'était pas une bombe. La police serait-elle à ce point naïve qu'elle prétende prévenir la commission d'attentats ? Si des personnes mal intentionnées veulent faire exploser des bombes, il est évident qu'elles peuvent y arriver, mesures de sécurité ou pas. Certains terroristes ont ainsi tourné en ridicule la police du Gujarat il y a quelques semaines : à la suite d'une série d'attentats et la mise en place de mesures de sécurité, les terroristes ont transmis à la police l'emplacement de plusieurs nouvelles bombes qu'ils n'avaient pas l'intention de faire exploser : elles visaient à démontrer que la police ne contrôlait pas la situation.

J'ai ensuite visité le vaste musée Salar Jung. Un nombre impressionnant de galeries. On y trouve même une sculpture représentant Louis XIV. Le ventilateur de ma chambre d'hôtel étant un peu défaillant, je suis allé me rafraîchir en allant de nouveau au cinéma, voir un autre film bollywoodien : बचना ऐ हसीनो. Le premier épisode de la première moitié était un plagiat de Dilwale Dulhanya Le Jayenge. La référence était tellement peu subtile que la musique de ce film était aussi reprise.

Ma grande déception à Hyderabad est de n'y avoir pas mangé de biryani. On dit souvent que c'est la ville du biryani. Les restaurants situés dans le quartier d'Abids où j'étais n'en proposaient pas, y compris le plus onéreux d'entre eux. Au musée Salar Jung, je me suis laissé à la facilité en suivant un panneau indiquant un restaurant situé dans son enceinte, lequel arborait l'expression Veg. biryani. Quand j'ai demandé à ce qu'on m'en serve au comptoir, on m'a dit que seuls des pulavs étaient préparés. Je n'étais pas très motivé pour errer dans la vieille ville à la recherche d'un restaurant servant des biryanis, j'ai donc mangé un pulav.

Hier matin, j'ai pris un train Hyderabad-Warangal. Trois heures de trajet en 3AC, la classe des riches. J'aurais préféré obtenir un ticket en Sleeper class, mais il n'y en avait plus de disponible quand je regardai sur Internet il y a quelques jours, et en 3AC, j'ai eu la dernière place vendue en ligne. Avec un prix trois fois moindre, on voyage en bien plus sympathique compagnie en Sleeper class.

Le principal site touristique de Warangal est son fort. La première dizaine de conducteurs de rickshaw à qui j'ai parlé ne comprenaient pas le simple mot Fort. L'agent de sécurité de mon hôtel a bien voulu négocier pour moi. Vu la longueur des échanges, ils devaient avoir beaucoup à se dire. Toutefois, il a commencé par dire Fort. C'est la première fois que je suis tenu en échec sur un mot aussi simple. Une bonne partie des fortifications subsistent. Au centre, les vestiges d'un très grand temple de Shiva sont visibles. Malheureusement, la plupart de l'édifice s'est écroulé. On voit encore cependant quatre grandes portes aux coins cardinaux et quelques belles sculptures, notamment sur des piliers. À l'époque, cela devait être impressionnant.

J'ai marché un peu en direction des remparts. Il m'a semblé reconnaître Vishnu sur Garuda dans une des sculptures du site. À l'autre bout, un petit parc enfermant un lac et une colline depuis laquelle on dispose d'une vue d'ensemble sur le fort. Je fais alors la connaisance de Père Philip, prêtre catholique en tenue de ville qui fait faire un peu de tourisme aux jeunes enseignantes (hindoues) de l'école qu'il dirige. Originaire du Kerala, il me raconte son pélerinage à Lourdes. Il me propose de venir avec eux pour visiter un autre temple. En sortant du parc, je découvre une grosse voiture. Nous serons motorisés. Nous visitons le temple aux mille piliers, situés à une dizaine de kilomètres de là. La plupart des piliers n'en sont pas vraiment, mais sont sculptés dans la partie externe du temple. C'est beaucoup moins spectaculaire que le temple aux mille piliers que renferment le temple de Madurai. Une grande sculpture de Nandi, comme dans tout tempe de Shiva, protège le sanctuaire. Nous passons ensuite près de la résidence de l'évêque. Nous entrons dans l'église où se déroule la messe du soir. L'église est pleine. Très gentiment, il me ramène près de la gare où se trouve mon hôtel.

Aujourd'hui. Rien : j'ai préparé le texte de l'exposé que je ferai dans quelques jours au TIFR.

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Hyderabad

2008-08-22 20:17+0530 (హైదరాబాదు) — Voyage en Inde V

Le trajet en train de nuit Bijapur-Hyderabad a été interminable. Deux arrêts prévus d'une heure et demie et un autre arrêt inattendu d'une heure. Une cinquantaine de villes desservies. L'hôtel où je suis est calme et de très bonne qualité, tout en étant bon marché.

L'après-midi, je suis allé au Fort de Golconde, en rickshaw puisqu'il se trouve à plus de dix kilomètres du centre. La visite du fort n'est pas terriblement passionnante. On dispose toutefois d'une très belle vue depuis le sommet. Certains y viennent fêter un anniversaire. D'autres y tournent des films.

Deux kilomètres plus loin, on peut visiter les tombeaux des rois Qutb Shahi. L'entrée est d'un prix très raisonnable : 10 roupies auxquelles s'ajoutent 20 roupies pour l'appareil photo. À l'approche d'un des premiers mausolés, quelqu'un essaie de s'imposer comme mon guide, procédé classique. Je n'ai pas l'intention d'accepter cela et le fais savoir. Évidemment, de l'autre côté, le texte est différent : Do you like Hyderabad?, répété trois fois. J'esquive la question parce qu'après avoir un peu marché dans des rues infernales et subi un itinéaire invraisemblable pour arriver là, mon opinion est alors plutôt défavorable. Je dis simplement que je viens d'arriver et que je n'ai donc pas d'opinion éclairée. Le quidam se présente comme un professeur d'histoire qui travaillerait ici. Balivernes ! quoique l'on puisse sans doute considérer cela comme rigoureusement exact au sens où il gagnerait quelque salaire de touristes pour de petites promanades accompagnées de commentaires historiques. Il me propose une transaction de 70 roupies pour visiter l'ensemble du parc, ce qui serait raisonnable si j'avais envie d'utiliser ses services. Comme je ne suis toujours pas intéressé, on tente d'user d'arguments déloyaux selon lesquels je n'aurais soi-disant pas la permission de visiter l'ensemble du site. Et le ticket d'entrée, il sert à quoi ? Le triste sire se montrant insistant, je lui fais observer que les petits groupes de gens autour de nous ne semblent pas avoir besoin d'autorisation spéciale. Il sort un argument grotesque : But, they are Indians!. Je lui réponds que je n'ai rien entendu d'aussi ridicule depuis un bon moment et commence ma visite, seul.

Des dizaines de mausolées dotés de majestueux dômes sont éparpillés dans ce parc. Celui de Mohammed Quli est particulièrement imposant. L'escalier permettant de monter à l'étage est malheureusement obstrué.

Le soir, je mange, plutôt mal, dans un restaurant situé au dernier étage d'un immeuble. La vue n'était pas désagréable.

Ce matin, je décide d'aller voir un temple hindou plutôt que des monuments islamiques puisque nous sommes vendredi et qu'ils risquent donc d'être fermés. Je passe devant le superbe bâtiment tout en voûtes et en dômes de l'assemblée législative de l'Andhra Pradesh. Après avoir éprouvé quelque peine à trouver la ruelle qui monte au sommet de la colline Kalabhad, je visite le temple construit à l'initiative de la famille Birla. Je n'avais jusqu'alors qu'aperçu le temple en marbre blanc d'en bas, d'où l'on peut aussi voir un curieux hôtel en forme de château. Mon avis serait sans doute différent si ce temple était fait d'un autre matériau, mais il me semble avoir visité là un des temples hindous parmi les plus beaux que j'aie vus. En retrait de la partie principale, un lieu est consacré à Sai Baba. Un citation de Swami Vivekananda est écrite sur le mur. On trouve même une référence au Guru Nanak, fondateur du sikhisme. Tout est écrit en hindi et en télougou. Lorsque l'on se dirige vers le temple principal, on peut admirer une des représentations classiques du Mahabharata : Krishna enseignant la Gita à Arjuna. Sur les murs bordant deux escaliers latéraux, de nombreuses scènes du Ramayana sont illustrées : Sita voyant l'antilope magique, son enlèvement par Ravana, Hanuman volant au-dessus de l'océan, rencontrant une démone au passage, Rama tuant le singe Valin lors de son duel avec Sugriva, Hanuman rapportant une montagne plutôt que les fleurs médicinales qui s'y trouvent (représentation la plus commune de Hanuman), la construction du pont vers Lanka, Sita subissant l'épreuve du feu, etc. Au sommet se trouve le temple proprement dit. Les murs extérieurs arborent des sculptures dont la plupart illustrent des avatars de Vishnu. J'en ai reconnu neuf. Le fondateur du jaïnisme, Mahavir, est lui aussi représenté, de même que Bouddha, hardiment intégré à l'hindouisme comme neuvième avatar de Vishnu. Ceci sort de l'ordinaire, de même que la référence au sikhisme plus haut : le temple est ouvert à tous les dévôts, peut-on lire à l'entrée.

À l'intérieur du temple, on passe d'abord par une antichambre. Sur la gauche, Brahma sortant du nombril de Vishnu. Sur les murs de la salle d'où l'on peut voir la divinité Venkateshwar, une des formes de Vishnu, divers dieux sont présents : Brahma, Sarasvati, Lakshmi, etc.

Je n'avais jusqu'alors jamais vu cette mention dans un temple, mais il est indiqué ici que la cérémonie de Prathishta s'est tenu le 13 février 1976. Depuis ce jour, la sculpture située dans le sanctuaire n'est plus une vague sculpture anthromorphe, mais la divinité Venkateshwar.

Depuis le sommet de la colline, on a vue sur le lac Hussain Sagar et la grande statue de Bouddha qui s'y trouve. Je m'en suis rapproché depuis le bord par la suite. Je ne la trouve ni belle ni spectaculaire. Pour la comparer avec ce qui lui est comparable, la statue de Shiva à Vadodara est beaucoup plus impressionnante. Peut-être est-ce la faute du lac, qui serait trop grand ?

L'après-midi, je suis allé voir le gros film du moment : Singh is Kinng.

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Bijapur

2008-08-20 13:25+0530 (ವಿಜಾಪುರ) — Voyage en Inde V

Hier, j'ai visité le Golgumbaz, un mausolée doté d'un immense dôme. Compte tenu des zones interdites d'accès tout autour, à moins de disposer d'un grand angle, il n'est pas évident de trouver de point d'où le photographier en entier. On entre dans une grande salle carrée renfermant des pierres tombales. On peut monter à la base du dôme en empruntant un raide escalier en colimaçon dans un des quatre minarets à sept étages. Un couloir fait le tour du dôme, côté intérieur : c'est la salle des murmures. Le coup d'œil vers la grande salle située en dessous est renversant, d'autant plus que le parapet n'est pas très haut. L'écho est saisissant : si on claque des mains, le bruit se répète de nombreuses fois. Pour une raison obscure, un agent de sécurité fait vibrer son sifflet à intervalles réguliers.

J'ai ensuite visité la Jama Masjid et un certain nombres de bâtiments en ruine, près de la citadelle ou à proximité de celle-ci. L'accès à certains édifices est interdit aux femmes.

Aujourd'hui, j'ai visité le Bara Kaman, un mausolée en ruines (dont subsistent de nombreuses arches), une tour de guet, vu le canon Malik-e-Maidan et d'autres mausolées situés plus au Sud. Dans l'un d'entres eux, le plafond bas de la chambre funéraire est recouvert de petits miroirs et d'inscriptions utilisant alphabet arabe.

On fait rapidement le tour de la ville à pieds. Les seuls monuments vallant le détour à Bijapur sont le Golgumbaz et le mausolée d'Ibrahim Rouza.

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Grottes de Badami, arrivée à Bijapur

2008-08-18 16:34+0530 (ವಿಜಾಪುರ) — Voyage en Inde V

Hier matin, je suis allé visiter les quatre grottes de Badami, situées au Sud du bassin Agastyatirtha. Les trois premières sont hindoues, la dernière est jaïne. La plus remarquable me semble être la troisième, dédiée à Vishnu. On y voit notamment des représentations de Narasimha et de Varaha, de Vishnu sur le serpent Shesha. Au plafond, diverses divinités sur leur monture, comme Brahma sur son cygne, à la verticale d'un motif de lotus au sol.

Je suis ensuite allé au musée, situé au Nord du bassin, en prenant le chemin canonique à travers la vieille ville. On peut y admirer des sculptures parmi lesquelles une étonnante divinité associée à la fertilité et un superbe Shiva détruisant Tripura.

J'ai ensuite emprunté le sentier rocailleux en direction du Mahakuta. Une mystérieuse inscription (bouddhique ?) Kappe Arabhatan se trouve sur la gauche. Je me retrouve au milieu d'un groupe de jeunes gens allant au même endroit. À un moment donné, il faut bifurquer de façon non intuitive vers un sentier sablonneux. Des jeunes femmes empilent rituellement de petites pierres. À l'approche du Mahakuta, je n'ai guère l'impression de me diriger vers un temple lié au sage Agastya : le bruit fait plutôt penser à une piscine animée.

L'enceinte du temple renferme de nombreux sanctuaires shivaïtes. L'atmosphère est très enfumée dans le sanctuaire principal. Non loin de là se trouve un petit bassin où s'ébattent joyeusement hommes et femmes de tous les âges. Çà et là, on fait sécher des vêtements, les saris étant étendus au sol.

Je déguste debout un bon plat de riz écrasé : Pohe. Pour rentrer à Badami, il n'y a que des rickshaws collectifs. On me demande d'abord 150 roupies, puis sau rupe (100 roupies). Évidemment, je refuse et le chauffeur me demande mon prix : 10 roupies. Ce doit être la première fois que j'arrive à diviser par quinze un prix aussi cordialement. S'il s'agit d'un rickshaw collectif, rien ne le distingue d'un rickshaw ordinaire. On ne démarre que lorsque c'est plein. J'imaginais qu'il n'y avait de la place que pour huit adultes. Nous serons finalement une bonne vingtaine de passagers parmi lesquels figurent certes de nombreux jeunes enfants. Je suis à l'avant, à gauche du pilote, deux hommes se trouvant à sa droite. Vu le chargement, on ne va pas très vite, autour de diz kilomètres à l'heure, et dans les montées, moins vite qu'un buffle. Je baisse la tête à l'approche des ralentisseurs pour éviter de me cogner la tête.

Je suis parmi ce matin de Badami pour Bijapur. Mon hôtelier m'a suggéré de me rendre d'abord à Bagalkot d'où je pourrais trouver facilement des bus pour Bijapur. Je suis monté dans une camionnette, pas trop surchargée. Mon sac de voyage était sur le toit, sans aucune attache. Comme dans la plupart des transports collectifs, en plus du chauffeur, une autre personne se charge du payement et d'autres bricoles. En face de moi, une femme se plaignait du courant d'air qui arrivait par la fenêtre. Dans cette camionnette, pas de vitres : un morceau de plastique transparent amovible en fait office. Le jeune homme, qui était debout à l'arrière de la camionnette, s'accroche au toit avec les mains, et l'air de rien, vient sur le côté, pose le pied sur le marche-pied et met en place l'ersatz de fenêtre, la camionnette étant alors à pleine vitesse. À Bagalkot, je trouve aussitôt un bus pour Bijapur. La traversée de la trivière Krishna est assez impressionnante. En cette saison, elle inonde largement des zones ordinairement à sec. De nombreux arbres et poteaux électriques dépassent des flots. La route est plutôt belle. Au bord de la route, on voit de plus en plus d'indications utilisant l'alphabet devanagari. L'orthographe kannada de Bijapur oscille entre deux formes : la longueur du u est alternativement soit brève soit longue. C'est loin d'être la première fois que je remarque de telles variations dans l'orthographe du nom d'une ville. Il est quand même invraisemblable que cela n'ait pas été uniformisé une fois pour toutes, d'autant plus que les noms de villes en -pur sont assez courants..

Le centre de Bijapur semble appartenir à la catégorie des centres-villes infernaux. De surcroît, l'hébergement et la restauration y sont sommaires. J'ai commencé par visiter le mausolée d'Ibrahim Rouza. S'il n'avait été rendu inégalement grisâtre par le temps, ce serait un magnifique monument. À l'Est, le mausolée proprement dit, renfermant six tombes et doté de grans minarets ; à l'Ouest, une mosquée d'une taille comparable. Une jeunne fille qui veut que je la prenne en photographie me parle en hindi. Un peu plus à l'Ouest, d'autres mausolées sont visibles. Une mosquée moderne bleu pastel s'insère dans ce cadre.

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Badami, Aihole, Pattadakal

2008-08-16 17:56+0530 (ಬದಾಮಿ) — Voyage en Inde V

Hier matin, après avoir déboursé une somme inhabituellement faible pour rejoindre Hospet depuis Hampi (où les statuettes se vendent dix fois le prix normal), j'ai pris un bus en direction de Gadag, où j'ai pris un autre bus pour Badami. Ce que je ne savais pas en arrivant à Gadag, c'est que les bus pour Badami ne partaient pas de la nouvelle station de bus, mais de l'ancienne. J'ai fait ce trajet dans le centre animé de Gadag en tonga. C'était le jour de l'indépendance, de grands rassemblements étaient visibles, les couleurs de l'Inde flottaient partout. Le plus insolite était de voir des écolières porter un jupe verte, une chemise blanchâtre et des nœuds safrans dans les cheveux. En arrivant au Old Bus Stand, j'ai immédiatement entendu un héraut annoncer Bagalkot. J'ai donc trouvé rapidement mon bus, puisque Badami se trouve sur la route de Bagalkot.

Après ces quelques heures de bus, je me suis installé dans mon hôtel, où j'ai bénéficié d'une réduction. Des idlis et un dosa dans le petit restaurant d'en face, et je suis parti visiter les temples et fortifications anciennes du côté Nord. Ces vestiges de couleur jaunâtre sont visibles depuis la route : c'est assez spectaculaire. Je suis allé au sommet de cette colline et ai également visité quelques temples et une grotte situés non loin du réservoir Agastyatirtha. Je suis ensuite allé me perdre dans les ruelles de la vieille ville. Partout, des enfants me demandaient mon nom, mon pays, demandaient à être pris en photos. Beaucoup aussi n'avaient qu'un seul mot à la bouche : schoolpen.

Je n'ai trouvé qu'un seul cybercafé en ville. Hier, les incantations aléatoires au Dieu Windows n'ont rien donné, mais ce soir, j'ai fini par avoir une connexion. Au bout d'une bonne demi-heure d'essais infructueux, je suis parti manger dans restaurant dépendant de l'hôtel le plus chic, situé en dehors de la ville. Le service était minable, la nourriture tout juste passable. Vraiment pas terrible.

Aujourd'hui, je suis allé au Bus Stand pour prendre un bus pour Aihole. La route est dans un sale état et le vieux rafiot branlant qui fait office de véhicule n'inspire pas vraiment confiance. De nombreux temples millénaires se trouvent dans l'enceinte principale (payante) et tout autour du village. Le plus remarquable est le temple de Durga. En faisant le tour du village et en grimpant au sommet de la colline voisine, j'ai vu de nombreux groupes de temples : Jyorthirlinga, Mallikarjuna, Tryambakeshwara, Charanthi Matha, Eniyara Gudi, Ambigera Gudi.

J'ai demandé quand passerait le prochain bus, on m'a dit qu'il fallait attendre quatre heures ! En cherchant un peu mieux, j'aurais probablement trouvé le moyen de prendre un minibus, mais j'ai décidé de rejoindre Pattadakal à pieds. Sur le chemin, j'ai visité un autre groupe de temples : Galaganatha. Au bout de quelques kilomètres, je suis passé près d'un hameau. Je m'y suis arrêté, trouvant une dhaba providentielle pour prendre une boisson censément fraîche, mais plutôt tiède. Un attroupement s'est fait autour de moi. On me posait les questions habituelles, parmi lesquelles la question du taux de change entre l'Inde et la France.

Après que j'eusse fait une petite dizaine de kilomètres au Soleil, Brahmesh, un automobiliste voyageant avec son épouse et sa fille, a dû me prendre en pitié et m'a demandé de monter. Il travaille dans les chemins de fers. Il déplore le côté arriéré des infrastructures de cette partie du Karnataka. J'arrive à Pattadakal plus tôt que je ne l'avais imaginé.

Je m'acquitte d'un lourd droit d'entrée pour ce groupe de temples inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. De nombreux temples des septième et huitième siècles. La plupart de ces temples Kadasiddeshwara, Galaganath, Jambulinga, Sangameshwara, Virupaksha, Mallikarjuna, Kashi Vishveshwara et Paranatha sont dédié à Shiva. Cependant, comme à Aihole et à Badami, de nombreux temples de Shiva étaient des temples d'autres divinités comme Surya ou Vishnu et ont été reconvertis en des temples de Shiva. On voit ainsi de nombreux buffles Nandi dirigés vers le sanctuaire des temples qui renferme un lingam. Le temple le plus remarquable est le temple Virupaksha. Ses piliers intérieurs sont ornés d'illustrations du Mahabharata et du Ramayana. J'ai ainsi reconnu Bhishma allongé sur le lit de flèches fabriqué par Arjuna, impression confirmée par les dires d'un guide à un groupe de touristes indiens dans une langue non idenfiée. Un imposant Nandi protège sa divinité tutélaire de ce temple qui a l'apparence de l'activité.

Pour rentrer, je n'ai pas trouvé de bus officiel. Cependant, j'ai pu trouver une place à bord d'un minibus. On y est un peu plus serré que dans un bus ordinaire, mais cela va plus vite et on a moins le tournis.

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Vingt kilomètres à pieds

2008-08-14 15:23+0530 (ಹಂಪೆ) — Voyage en Inde V

Hier matin, je suis parti en direction du temple Vittala et ai poursuivi ma route au delà, vers l'Est. Je voulais visiter les temples situés de l'autre côté de la Tungabhadra. Pour rejoindre l'autre rive, il faut prendre un bateau : il y a bien un pont, mais à moins de battre le record du monde de saut en longueur pour franchir son segment manquant, il n'y a pas d'alternative. Le niveau de la rivière est monté de plusieurs mètres, le courant semble puissant. Peut-être est-ce la raison qui empêche les bateliers de travailler. Certains restraurants construits comme des ghats au bord de l'eau sont également fermés ou rendus inaccessibles à sec.

Bref, j'ai dû renoncer à visiter le temple de Hanuman. Je suis donc allé en direction du Sud. Au flanc de la colline Malyavanta se trouve un fort joli temple Raghunatha, dédié à Rama. Avant d'entrer dans l'enceinte, j'ai entendu des chants. Une récitation du Ramcaritmanas, une version hindie du Ramayana, était en cours. Je me suis installé sur les tapis, on m'a offert le prasad : quelques gouttes de beurre clarifié parfumé et des petits bonbons. J'ai mis sur mes genoux un des exemplaires fournis du poème, en alphabet devanagari et ai essayé de suivre, ce qui n'était pas facile, surtout que mon voisin, contrairement à ce que j'imaginais au début, lisait le Lankakanda alors que l'on en n'était que vers la cent cinquantième strophe du Balakanda, comme je m'en suis rapidement rendu compte en me rapprochant des chanteurs et des instrumentistes. Je suis resté là une bonne heure, ce qui m'a permis de me reposer un peu après cette matinée fatigante. J'aurais bien fait un petit don, mais la coupelle prévue à cet effet avait été retirée... J'ai poursuivi ma marche vers le Sud, où j'ai visité un temple jaïn et ce qui est probablement la porte de Bhima : les indications et le fléchage étant loin d'être parfaits, il n'est pas évident d'en avoir la certitude. On pouvait cependant voir une sculpture qui pourrait figurer Bhima, un des Pandavas, puisqu'il portait une massue.

Encore plus au Sud, j'ai mangé dans le restaurant du Karnataka STDC. Je me suis dirigé vers le musée archéologique. Quelques sculptures shivaïtes et vishnuïstes et des maquettes de l'ensemble du site de Hampi. Un peu plus loin se dresse le gigantesque temple Pattabhirama : ses sculptures ne sont pas vraiment à la hauteur.

J'ai pris une route vers le Nord-Ouest pour rejoindre la cité royale. J'y ai visité les bains de la Reine, observé depuis une plate-forme ancienne les vestiges de la cité. Sur le chemin du retour, je suis de nouveau allé admirer le temple Ramachandra. J'ai retrouvé la route prise la veille et ai exploré des recoins que j'avais laissé à plus tard. J'ai pu voir un groupe de deux édifices. Sur la droite, un énorme Lingayoni baignant dans l'eau et sur la gauche, une grandiose sculpture de Narasimha, l'homme-lion, quatrième avatar de Vishnu.

Je me suis régalé au restaurant pour reprendre des forces après cette longue journée.

Ce matin, j'ai visité la partie du site la plus proche de mon hôtel : j'avais décidé de repousser cette visite pour prévoir une journée que je saurais moins fatigante.

J'ai commencé par le temple de Krishna, dont le gopuram principal présente de beaux restes de sculptures : sur beaucoup d'autres temples, on ne voit plus que la structures sur laquelle reposaient les sculptures de divinités ; pour ce temple, la structure est endommagée, mais la partie inférieure recèle encore de belles sculptures, peut-être de scènes de batailles. À l'entrée, il me semble reconnaître des frises illustrant plusieurs avatars de Vishnu. De nombreuses représentations de Garuda, la monture de Vishnu, sont aussi visibles. Je me dirige ensuite vers le sommet de la colline Hemakuta. Une sculpture très bien conservée de Ganesh est visible. De nombreux petits temples recouvrent les abords du sommet.

D'en haut, on dispose d'une belle vue sur l'ensemble du temple Virupaksha et ses deux gopurams principaux. Je descends pour rentrer dans son enceinte. De nombreuses colonnes sculptées. En m'approchant du sanctuaire, j'entends une musique peu religieuse : une scène de danse d'un film est en cours de tournage. Je fais rapidement en douce une photographie du couple d'acteurs : je n'avais pas envie de payer 50 roupies en plus du ticket d'entrée de 2 roupies pour faire des photographies du temple. Le chorégraphe montre les mouvements aux acteurs, les mouvements sont très simples, la séquence filmée ne dure que quelques secondes. De nombreuses prises sont faites.

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Hampi

2008-08-12 20:30+0530 (ಹಂಪೆ) — Voyage en Inde V

Je n'ai pas fait grand chose à Vijayawada hier à part me balader dans le quartier commerçant dans lequel se trouve mon hôtel. Je suis allé à la gare en cycle-rickshaw. Cette gare est assez grande, et un peu plus moderne que la moyenne : des écrans plats annoncent les prochains trains. Toutefois, la voie d'où allait partir l'Amaravathi Express n'a été annoncée qu'un quart d'heure avant le départ. Pas grand chose à signaler dans ce train de nuit si ce n'est qu'un de mes compagnons de voyage semblait très polyglotte : télougou, anglais, hindi, kannada, notions de tamoul, malayalam, néerlandais.

J'ai dû insister pour que mon auto-rickshaw ne me dépose qu'au Bus Stand plutôt que de m'emmener directement à mon hôtel. J'ai fini par trouver le bus à prendre pour faire la douzaine de kilomètres qui séparent la ville de Hospet de Hampi Bazaar.

Je me suis installé dans l'hôtel où j'avais réservé une chambre et suis parti à la découverte des temples construits à l'époque de l'empire Vijayanagar. J'ai commencé par le temple Acyutaraya, puis suis monté au sommet de la colline voisine, où se trouve un petit temple. Je suis redescendu par un autre versant et ai trouvé un chemin boueux pour rejoindre la route du temple Vittala, qui doit être le seul dont l'entrée soit payante. Certains touristes renoncent à débourser les 250 roupies (4 euros) pour entrer, le même ticket permettant aussi de visiter le jour-même un autre site payant plus au Sud. Un grand chariot de pierre fait face à l'édifice principal. Sur les piliers de sa face Nord, des scènes du Ramayana sont représentées. Quelques colonnes ne sont plus très verticales, certaines parties sont rafistolées de façon peu seyante pour qu'elles ne s'écroulent pas.

L'après-midi, je suis allé visiter les groupes de temples du Sud. Un temple tellement souterrain que le sol en est inondé et s'il ne l'est pas, il glisse. Le plus beau temple que j'aie vue est le temple Ramachandra, ou Hazra Rama. Il est longuement décrit dans le livre Le Rāmāyaṇa de Vasundharā Filliozat. Deux groupes de sculptures illustent superbement cette épopée : sur la partie intérieure du mur d'enceinte et sur les faces extérieures de l'édifice. Malheureusement, certaines sculptures du mur d'enceinte ont été cachées par une construction ultérieure d'une grande pièce dans un coin de l'enceinte. On reconnaît par exemple Rama luttant contre le démon Kabandha, Sita apercevant l'antilope dorée et demandant à Rama de la lui ramener, ce en quoi elle est victime d'une ruse qui conduira à son enlèvement par Ravana, Rama délivrant Ahalya, le singe Hanuman se faisant une couche haute en rallongeant sa queue. Un temple magnifique.

Un peu plus loin, je retrouve la partie payante du site et y voit notamment le Lotus Mahal et des écuries pour éléphants ! Je reconnais aussi parmi les nombreux touristes français un autre archicube voyageant avec son amie. Nous échangeons des trucs et nous dînons dans un bon restaurant ; il semble qu'il y en ait très peu de convenables à Hampi, c'est mon seul bémol avec ma première journée ici. Certes, bien évidemment, il y a beaucoup de touristes et parmi eux beaucoup de français, je m'attendais à ce que ce soit un peu plus tranquille de ce côté-là, mais ce n'est pas très ennuyeux, tant le cadre est paisible, avec la rivière Tunghabadra qui coule au Nord du village. Cette rivière est paraît-il identifiée à la Pampa, cf. mon résumé du Ramayana. Kiṣkindhā, la ville légendaire des singes, ne seraît pas loin d'ici non plus.

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Pluie et vents violents à Vijayawada

2008-08-10 17:02+0530 (విజయవాడ) — Voyage en Inde V

J'ai pris mon train avant-hier autour de midi à Puri. À la gare, pas grand chose à manger. Le caissier du restaurant de la gare avait l'air abasourdi de me voir lui demander des idlis ou des wadas, qui étaient pourtant au menu. J'ai bien essayé d'avoir un thé, mais c'était également impossible. Dans un premier temps, j'ai dû me contenter de biscuits et plus tard, dans le train, je parviendrai à avoir des samosas.

Beaucoup d'étudiants prenaient ce train pour descendre à la première ou à la deuxième station. Je serais surpris qu'ils eussent un ticket ; je ne le leur ai pas demandé. Certains étudiaient l'informatique. Ils insistaient pour dire qu'ils apprenaient l'anglais et pas dans n'importe quelle prononciation : US pronunciation. Je les plains. Quand ils me demandent quel est mon niveau d'étude et que je leur réponds Ph.D., certains veulent vérifier et pour cela me posent des exercices de mathématiques ridicules.

Au bout de quelques heures, le train passe tout près du lac Chilika. De très beaux paysages de mousson de part et d'autre de la voie. De l'autre côté de la voie, on distingue des collines dont le sommet se perd dans la brume

Quelque temps plus tard, le nom des gare n'est plus écrit en oriya en plus du hindi et de l'anglais, mais en télougou : nous sommes en Andhra Pradesh, dans la moitié Sud de l'Inde, ce qui se remarque aussi aux guirlandes des fleurs que les femmes portent dans les cheveux. Je dors plutôt mal. Le train arrive à Vijayawada avec environ une heure de retard.

J'utilise pour la première fois au cours de ce voyage un auto-rickshaw pour rejoindre mon hôtel. J'essaie de demander à ce que le compteur soit utilisé, mais bien sûr, on me dit qu'il ne fonctionne plus. Je n'ai pas le cœur à négocier ; de toute façon, je n'ai pas la moindre idée de la distance à parcourir. L'hôtel s'avère extrêmement bon marché, trois moins cher que ce que j'ai eu à Puri, et en nettement mieux. Cependant, pour passer l'entrée principale, il faut franchir 20 centimètres d'eau : la Besant Road est inondée.

Je mange au restaurant de l'hôtel. Très peu cher, il sert de la cuisine du Sud de l'Inde. En dehors du traditionnel thali, le plat qui semble faire fureur est fait de puris, servis par deux, accompagnés d'une purée de pommes de terre, d'oignons et de piments. Conformément à sa réputation, la cuisine de l'Andhra Pradesh est un plus relevée que celle d'autres états.

Vijayawada est une grande ville, mais je n'en possède pas de carte. Comme il y a peu de sites touristiques, il n'y en a pas dans mon guide Lonely Planet. J'essaie de trouver sur Internet un plan d'ensemble de la ville pour me situer par rapport à la rivière Krishna. Malgré la pluie, je me décide à aller voir de plus près le grand barrage sur cette rivière, ainsi que le temple Kanaka Durga. À un moment, ne voyant pas d'autre issue, je me retrouve à devoir traverser une gigantesque gare routière non exempte de relief. Un peu plus loin, du fait de la pluie, la route devient presqu'impraticable aux piétons, les camions balaient cette eau sur leur passage. En retournant du côté de la gare routière, je finis par trouver un cycle-rickshaw pour me faire traverser les passages les plus délicats. Quand je rejoins la colline au flanc de laquelle se trouve le temple que je veux visiter, le vent se déchaîne, mon appareil-photo se met à voir flou, mon parapluie manque s'envoler, et pour couronner le tout, les piles de mon appareil se mettent à crier famine. D'un des temples de forme typiquement dravidienne, je ne garderai qu'un cliché flouté par des gouttes de pluie. Je marche pour trouver le chemin qui permet d'escalader la colline. L'ascension vers le temple de Kanaka Durga n'est pas très longue, mais il faut la faire pieds nus. D'en haut, on dispose d'une très belle vue sur la ville. On peut également voir une sorte de dôme doré recouvert de sculptures de Durga.

Je suis rentré à pieds, toujours sous la pluie. J'ai retrouvé le repère qui me permet de retrouver mon chemin : Karal Marx Road (sic).

Aujourd'hui, on ne ressent presque plus les effets de la pluie d'hier. Je suis allé au cinéma pour voir un film télougou : కథానాయకుదు (je ne suis pas tout à fait sûr que ce soit l'orthographe exacte, puisque le titre était écrit d'une manière fantaisiste, et que je n'ai pas beaucoup d'expérience avec l'alphabet télougou). Deux heures trente de sketches grotesques. Des chansons pas désagréables. J'ai probablement vu pire... euh, en fait, non.

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Puri

2008-08-08 08:56+0530 (ପୁରି) — Voyage en Inde V

Hier, je n'ai pas fait grand chose. Je suis de nouveau allé faire un tour du côté du Jagannath Mandir. Quand je suis revenu, le temps est devenu très orageux. Des éclairs ont illuminé le ciel et engendré du tonnerre. Je me suis réfugié dans une petite cabane située près d'un nanotemple dédié à Ganesh pour attendre que la pluie cesse.

Je suis en train de passer mes dernières heures à Puri. Il fallait quitter la chambre d'hôtel avant 8h à moins de payer pour un jour de plus. Pour trois heures et vu l'état généal de l'hôtel, ce serait un peu exagéré. Je suis donc allé dans un cyber-café pour passer un peu le temps. L'écran de l'ordinateur ne voulait pas fonctionner : il a été fait usage d'un sèche-cheveux pour le ranimer. Derrière moi, un prêtre est en train de réciter des mantras en s'occupant des petites idoles qui se trouvent dans un coin du cyber-café. Un parfum d'encens envahit la pièce. J'ai assisté à la même scène hier midi dans un restaurant.

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Jagannath Mandir, Surya Mandir

2008-08-06 16:33+0530 (ପୁରି) — Voyage en Inde V

Hier matin, j'ai pris le bus pour faire le trajet Bhubaneshwar-Puri. Cela a pris à peine plus d'une heure pour une cinquantaine de kilomètres. Je suis descendu dans un hôtel situé tout près du golfe du Bengale, non loin de la rue Chakra Tirtha qui longe le littoral.

L'après-midi, je suis parti à pieds à la recherche d'un des temples les plus sacrés de l'Inde : le Jagannath Mandir, interdit aux non-hindous. Après avoir erré dans les ruelles paisibles de la ville, j'ai espéré qu'un cycle-rickshaw croise mon chemin, ce qui fut le cas. À la sortie du Chowk, j'ai aperçu la grande tour de ce temple dédié à Jagannath, une des formes de Krishna, avatar de Vishnu. Je pensais pouvoir monter en haut d'une bibliothèque toute proche pour mieux voir l'intérieur de l'enceinte, mais les heures d'ouverture ont rétréci comme peau de chagrin : l'après-midi, elle n'était ouverte que de 17h à 18h. Pour passer le temps, j'ai donc entrepris de faire le tour de l'enceinte extérieur pour voir les trois autres portes du temple et déguster un gros gulab jamun au passage. Je ne me suis en revanche pas laissé tenter par les gros blob huileux qui constituaient des sortes de ruches.

L'entrée principale est située à l'Est. Devant l'entrée, de gigantesques roues attendent vraisemblablement la prochaine procession de Rath Yatra. Depuis la bibliothèque, la vue n'a rien extraordinaire.

Je suis ensuite allé au bord de l'eau pour tremper mes pieds dans les eaux écumeuses du golfe du Bengale.

En reprenant mon chemin, à une intersection, j'ai vu une sculpture du héros nationaliste controversé Netaji Subhash Chandra Bose en train de faire ce qui pourrait très bien être un salut nazi.

Pour mon dîner, j'ai choisi un restaurant proposant des fruits de mer. J'ai pris un très bon biryani de crevettes, accompagné de puris. En attendant que mon dîner soit préparé, j'ai dû affronter un marchand d'objets artisanaux. Les objets qu'il présentaient étaient jolis et peu chers, mais j'en avais déjà vus et achetés de plus beaux du même type à des prix similaires à Allahabad et à Mumbai à l'occasion de fêtes où des marchants d'Orissa étaient venus présenter leur artisanat. Dessins sculptés sur des tranchettes de bois solidaires représentant Radha et Krishna ou Dasavatara, les dix incarnations de Vishnu.

Aujourd'hui, je suis allé à Konark pour visiter le temple du Soleil (treizième siècle), inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Le premier édifice que l'on voit en entrant, ou plutôt ce qu'il en reste, est un lieu consacré à la danse. Le pourtour est recouvert de sculptures représentant de nombreuses positions de danse. Plus haut, de nombreux dieux protègent les points cardinaux.

La structure principale est constituée d'une salle d'offrande et du sanctuaire. Ce dernier, en forme de tour, s'est effondré. Il ne reste plus que l'autre partie, de forme pyramidale, mais dont l'intérieur a été comblé en 1903 pour prévenir de nouveaux effondrements. Comme de nombreux temples, celui-ci est conçu comme un immense char. De part et d'autre, on peut voir de nombreuses paires de roues. La partie basse est richement sculptée : scènes représentant le roi, scènes liées à la construction du temple, nombreuses scènes érotiques. Trois grandes sculptures du dieu Surya sont visibles dans la partie principale. Comme de nombreux autres éléments du temple, elles ne sont plus dans leur emplacement originel. Chacune de ces sculptures correspond à un moment de la journée, la forme du couchant est celle qui a le moins d'éclat.

Mon guide m'a raconté de nombreuses légendes au sujet du temple. On raconte ainsi que la tour du sanctuaire contenait des aimants puissants contribuant à la cohésion de l'édifice. Les navigateurs portugais fussent très ennuyés de ce que cela brouillât leurs dispositifs de navigation. Il eût suffi qu'il enlevassent les aimants du temple pour qu'icelui s'écroulât.

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Bhubaneshwar

2008-08-04 14:15+0530 (ଭୁବନେଶ୍ବର) — Voyage en Inde V

Je suis arrivé à Bhubaneshwar avant-hier vers dix heures du soir soit environ huit heures plus tard que prévu. J'ai attendu de nombreuses heures dans la gare de Kharagpur. Sur le panneau d'affichage (buggé), le nouveau train que je devais prendre, le Coromandel Express, n'arrêtait pas d'apparaître et de disparaître. Le train a été annoncé avec un léger retard sur une voie difficile à déterminer, la coïncidence entre les informations affichées et les annonces sonores n'étant pas systématique...

Arrivé sur le quai nº3, j'ai essayé de repérer quelqu'un qui parlerait bien anglais pour lui demander si c'était le bon endroit pour attendre mon train. Par le plus grand des hasards, la personne à qui j'ai adressé la parole est Harish, un ancien étudiant du Chennai Mathematical Institute, avec lequel l'École normale supérieure à un accord (dont je n'avais pas pu bénéficier à l'époque). Lui non plus n'avait pas de place réservée dans le train. Nous sommes restés un petit moment debout, puis j'ai trouvé de la place sur une couchette supérieure latérale. Au début, je devais avoir un tiers de la couchette, mais quand des bagages ont été déplacés, j'ai eu la moitié puis les trois quarts de la couchette. à un moment, nous étions quinze pour neuf places... Quand les autres ont voulu dormir, je suis descendu pour que l'éventuel détenteur de cette place s'allonge. J'ai fini le trajet debout dans l'allée. J'étais très fatigué en arrivant.

À première vue, la ville de Bhubaneshwar ne paraît pas très développée. Les pieds ont à peine quittés la route qu'ils se retrouvent dans la boue. Les cycle-rickshaws sont à proscrire aux voyageurs occidentaux de taille moyenne. En effet, dans la plupart des villes que j'ai visitées, on trouve des modèles décapotables. Ici, ce sont des sortes de cages sous-dimensionnées...

Les temples millénaires de Bhubaneshwar se trouvent au Sud de la ville. J'ai commencé à les visiter hier, du côté Est de Lewis Road. Il y avait notamment le Brahmeshwar Mandir et le Raja Rani Mandir.

J'ai également visité le musée. Il comporte de nombreuses galeries. Une belle collection de manuscripts sur feuilles de palmiers, dans divers alphabets. Parmi les nombreuses sculptures, on peut admirer un majestueux Ganesh dansant.

Aujourd'hui, je suis allé de l'autre côté de Lewis Road, et plus précisément autour du bassin nommé Bindu Sagar. Tout autour et dans les ruelles alentour, on voit de nombreux temples anciens. Je n'ai pas la moindre idée de leur nom, si ce n'est celui du plus grand d'entre eux : le Lingaraj. C'est le seul temple inaccessible aux non-hindous. Une grande tour sculptée se dresse au centre d'une immense enceinte. Tout autour, se trouvent d'autres sanctuaires mineurs. Depuis les rues situés autour du temples, on ne voit pas grand chose, si ce n'est le haut de la tour centrale. Il y a cependant la possibilité d'observer le temple depuis le toit (peu élevé) d'un hôpital, moyennant un petit bakchich. Le mien devait être un peu limité puisque je n'ai eu qu'une ou deux minutes pour le regarder.

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Société asiatiaque de Kolkata

2008-08-02 11:41+0530 (খড়্গপুর) — Voyage en Inde V — Mathématiques

Mon train de Kolkata vers Bhubaneshwar a été détourné (pas par des terroristes), je suis un peu forcé de rester ici quelques heures avant de monter dans un autre train. Joli temple de Ram à côté de la gare avec une très belle sculpture de Hanuman. À un ou deux kilomètres au Sud de la gare, j'ai réussi à trouver un cyber-café. :-).

Hier matin, je suis descendu à Rabindra Sadan pour visiter la cathédrale Saint-Paul. Je suis ensuite allé à la société asiatique où je suis resté quelques heures. À l'entrée, après que j'eus dit que je faisais de la recherche en mathématiques, on m'a suggéré de passer à la bibliothèque qui est très fournie : ce serait la première institution de ce genre en Inde. Pour y accéder, j'ai dû signer un nombre invraisemblable de registres, discuter avec un public relations qui aurait étudié les Éléments d'Euclide, et m'entretenir avec la chef de salle qui m'a expliqué le fonctionnement de la bibliothèque.

J'ai demandé un ouvrage sur les mathématiques védiques. Il s'agit des comptes-rendus d'une rencontre sur ce sujet à Jaipur en 1988. Certaines contributions m'ont paru un peu douteuses, mais d'autres semblaient plus sérieuses. L'une d'entre elles expliquait le système de numération décimale utilisé dans les temps anciens. Plutôt que d'utiliser de nouveaux signes pour les chiffres, ces mathématiciens utilisaient les consonnes du sanskrit, chaque chiffre pouvant être représenté par plusieurs consonnes. Ces mathématiques pouvaient donc être transmises par voie orale de la même manière que l'ont été les Veda et les épopées avant l'écriture des premiers manuscrits. Un exemple fameux est donné :

गोपीभाग्यं मधुव्रातशृङ्गयोदधिसन्धगः।
खलजीवितखातागलहालारसधरः॥

Dans ce śloka, la première ligne serait dédiée à Krishna tandis que la seconde le serait à Shiva. Si on décode ces 32 syllabes, on obtient :

3141592653589793
2384626433832792

Si l'on ne tient pas compte du dernier chiffre qui est faux, voilà une trentaine de décimales de π. Je n'ai pas réussi à déchiffrer avec certitude la consonne en gras sur la première ligne et sur la seconde il faudrait remplacer les deux par des pour obtenir le résultat indiqué. Il n'y a pas d'indication de date, je préfère ne pas discuter cette question. Si le vers n'est pas interpolé, qu'il donne des décimales de π ne peut pas être le fruit du hasard. Après tout, l'alphabet sanskrit comporte plus de trente-deux consonnes, si on arrive à composer un śloka en utilisant autant, on peut certainement fabriquer un codage associant un chiffre à une consonne de façon à ce qu'il se décode sur un nombre à 32 chiffres arbitraire, en particulier une approximation de π. Sauf erreur de comptage, nous n'avons ici que 17 consonnes codantes. Bref, même en piochant des vers dans le Mahabharata, il est très improbable que l'on tombe sur un tel vers si cela n'avait pas été fait exprès.

J'ai poursuivi ma visite avec le musée. La plupart des œuvres volumineuses ont été transférées à l'Indian Museum. Néanmoins, on y trouve une très belle collection de manuscrits anciens, les plus anciens étant des textes bouddhiques du septième siècle. Une traduction du Mahabharata en perse, de nombreuses versions du Ramayana, le premier dictionnaire tibétain-anglais. On peut aussi y observer un édit en brahmi de l'empereur Ashoka (250 ac) provenant de la région de Delhi.

J'ai de nouveau mangé à Park Street. J'ai choisi de prendre un buffet végétarien : c'est moins frustrant que de devoir se contenter d'un seul plat, comme c'est souvent le cas lorsque l'on commande à la carte, même dans un grand restaurant.

Je suis ensuite allé au Millenium Park, au bord de la Hooghly d'où l'on a une belle vue sur le Howrah Bridge qu'il est toutefois interdit de photographier ; comme je me suis déjà fait ennuyer pour avoir tenté de photographier un horoscope, je n'ai pas tenté ma chance.

Je suis rentré après avoir dû traverser tout doucement un bazar monstre du côté d'une grande mosquée (probablement la mosquée Nakhoda). En payant a note d'hôtel, j'ai remarqué une ligne de 99 roupies qui ne correspondait à rien de ce que j'avais consommé, puisqu'il s'agissait d'un Chicken Dopiaza. Il a vraiment fallu que j'insiste pour que l'on me rembourse cette petite somme. Je n'ai pas grand chose à faire de 99 roupies, mais je ne vais quand même pas payer pour la bombance de quelqu'un d'autre.

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Kolkata

2008-07-31 19:04+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde V

Hier, je susi allé dans le Nord de Kolkata en n'utilisant que les transports en commun et mes pieds.

J'ai pris le premier métro (7h15) jusqu'au terminus Dum Dum et ai ensuite pris un train local. S'il est facile de se faire imprimer un ticket pour la bonne destination, monter dans le bon train est assez difficile. En outre, le panneau électrique indiquant les prochains trains était buggé. Il m'a fallu acheter un horaire de trains et le feuilleter jusqu'à la page 89 pour trouver le train que je voulais : Sealdah-Dankuni. Cinq minutes avant le départ du train, je commençais à m'inquiéter de ne pas savoir où le prendre. J'ai demandé à un guichetier : il m'a indiqué un mauvais numéro de voie... J'ai finalement entendu une annonce sonore et ai courru pour attraper mon train, ce qui n'était pas été indispensable vu qu'il s'est immobilisé pendant un bon quart d'heure de façon imprévue.

Je suis descendu à la station Dakshineshwar pour visiter le temple de Kali du même nom : une très belle structure jaune et rouge au bord de la Hooghly avec douze sanctuaires dédiés à Shiva.

Ensuite, j'ai été mal inspiré. Un coup d'œil panoramique m'eût fait voir l'embarcadère qui m'eût permis de rejoindre rapidement l'autre rive du fleuve, et plus précisément Belur Math Ghat près duquel se trouve le centre religieux de la Ramakrishna Mission. Au lieu de cela, j'y suis allé à pieds, ce qui a été exténuant.

Dans ce grand centre, on trouve notamment un musée, dont les murs extérieurs retracent l'histoire de la pensée indienne. À l'intérieur, de nombreuses reliques ayant appartenu à Shri Ramakrishna, Sarada Devi et Swami Vivekananda. Le message semble être celui de l'unité des religions, mais en pratique, je vois surtout un culte des trois personnalités susnommées. Au sujet de Sarada Devi, il est même écrit qu'elle avait adoré sa propre image... Près du fleuve se dressent plusieurs temples.

Retour au temple Dakshineshwar Kali en bateau. Début d'une grosse averse. Petit stress au sujet de la voie où attendre mon train de retour. L'après-midi, je me suis reposé.

Au sujet du swastika, j'ai observé hier une occurrence de la version inversée sur l'une des deux boîtes prévues pour recueillir des dons au temple Dakshineshwar. Peut-être cela a-t-il été fait dans un souci de symétrie ? Dans un motif de volets, j'ai également observé cela à Vishnupur : un swastika sur deux était inversé. Cela dit, les battants de volets étant faits pour être ouverts ou fermés, vu de l'intérieur ou de l'extérieur, les deux motifs présentent des orientations opposées. Ce choix est peut-être dû à un souci de ne jamais se retrouver avec 100% de swastika orientés dans le sens néfaste.

Ce matin, je me suis baladé dans Park Street. Je ne sais pas ce qui se passait aujourd'hui, mais la plupart des boutiques étaient fermées. J'ai visité le cimetière de Park Street. La plupart des tombes, recouvertes de mousse, paraissent vertes. Certaines tombes, complètement délabrées, arborent des plaques du type Restored by the kind generosity of.... Les allées sont boueuses. Les tombes rivalisent de gigantisme. J'ai notamment vu celle de William Jones, fondateur de la société asiatique, celle d'Elisabeth Barwell et celle, plus émouvante, de Rose Aylmer sur laquelle sont inscrits les vers suivants de Landor :

Ah, what avails the sceptred race
Ah, what the form divine!
What every virtue, every grace!
Rose Aylmer, all were thine.

Rose Aylmer, whom these wakeful eyes
May weep, but never see,
A night of memories and of sighs
I consecrate to thee

Dans Un garçon convenable, Amit et Lata viennent visiter ce cimetière pour y voir cette tombe.

J'avais prévu d'aller un peu plus loin à pieds, mais il s'en mis à pleuvoir en cours de route. Je serais de toute façon arrivé après l'heure de fermeture du temple que je voulais visiter. Je me suis rabattu sur un bon restaurant de Park Street, puis sur une librairie...

L'après-midi, j'ai visité le Rabindra Bharati Museum : la maison de Tagore. Ensuite, j'ai réussi à trouver le chemin d'un temple jaïn. Il s'agissait en fait d'un groupe de temples. Le plus beau était tout en miroirs, au bout d'une enceinte décorée dans un style particulièrement insolite en dehors de l'Occident.

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Retour à Kolkata

2008-07-29 15:40+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde V

Je suis revenu à Kolkata pour quelques jours. Avant-hier, à Vishnupur, j'ai visité quelques temples intéressants parmi ceux que je n'avais pas déjà visités la veille : Madan Mohan et Shyam Rai. Pour cela, il a fallu qu'un rickshaw-wallah m'y conduise parce que je ne les aurais pas trouvés par moi-même. Ils font partie des plus beaux temples du site, au sens où les sculptures latérales sont les plus belles et les mieux conservées.

Je suis aussi retourné plus tard, à sec cette fois-ci, sur les lieux du groupe de six temples que j'ai déjà vu. L'objectif était de trouver un septième temple : le Kalachand. C'est le temple le plus ancien de la ville, ses façades ont été ravagées par le temps.

C'était dimanche, alors, dans les rues, la plupart des boutiques étaient fermées et on jouait ici aux échecs et là aux cartes. Pour mon repas de midi, j'avais envie de manger autre chose que le thali simple de ma lodge. Je suis entré dans un petit restaurant. Tout était écrit en bengali. À peine me fus-je assis qu'un plateau est arrivé avec du riz et diverses sauces et légumes : tout le monde reçoit le même thali. J'ai rarement aussi bien mangé pour 20 roupies.

Vishnupur est un endroit entrêmement paisible. Il paraît très peu fréquenté des touristes. Lors de ma visite des temples, j'étais à chaque fois le seul visiteur, sauf une fois où un couple d'indiens et moi sommes entrés en conjonction.

Une autre chose m'a frappé ici : la trace de poudre rouge (sindoor) que les femmes mariées mettent sur la raie de leurs cheveux est particulièrement nette : certaines semblent faire presque 10 cm de long ! J'observe la même chose à Kolkata.

Hier matin, j'ai pris un train de jour pour rentrer à Kolkata. Au cours du trajet, on passe en gare de Kharagpur, qui, d'après les inscriptions présentes, aurait les quais les plus longs du monde (plus d'un kilomètre). En classe 2S : Second sitting, on est un peu à l'étroit. J'etais à côté d'un couple bengali Arijit et Śunita et leur fille Adrija. Arijit travaille à l'assemblée législative du Bengale occidental. Il avait deviné que j'étais français au fait que le titre du livre que je lisais commençait par Le.

Il est curieux de voir comment les bengalis prononcent comme un b ce que d'autres indiens prononcent v. Par exemple, le ved(a) se prononce comme bed, ce qui m'a un peu surpris. De même, Vishnupur, la ville de Vishnu, est écrite en utilisant comme première lettre une lettre se prononçant comme un b, ce qui se retrouve dans la transcription Bishnupur. J'écris quand même Vishnupur puisque c'est une écriture que j'ai souvent vue dans la ville même.

Pour rejoindre un hôtel, j'ai pris un des nombreux taxis jaunes et noirs circulant dans la ville. Le premier qui s'est présenté à mes yeux, après longue discussion pour savoir où je voulais aller précisément, et après que j'eus insisté pour connaître à l'avance le prix de la course, manifestement calculée à la tête du client, m'a proposé un prix délirant, à peu près dix fois ce à quoi je m'attendais ! Je me suis donc dirigé vers le guichet des taxis pré-payés pour obtenir un tarif plus raisonnable. Je suis descendu à Chandni Chowk et suis parti à la recherche d'un hôtel. Celui que je convoitais s'est avéré introuvable et avec un peu plus de 10 kg sur l'épaule, je n'avais pas envie de chercher trop longtemps. J'en ai repéré un qui était complet et on m'en a indiqué un autre qui n'avait plus qu'une chambre quadruple, quoiqu'à un prix encore acceptable. Bref, je me suis retrouvé dans un 60 m². J'ai déjeuné dans un bon restaurant d'Inde du Sud : idli-wada, masala dosa.

L'après-midi, j'ai marché dans les environs de la station Esplanade. Je suis passé devant la mosquée Tipu Sultan, Raj Bhavan, tourné autour du terrain de cricket et entré dans le jardin Eden, qui porte bien son nom. À l'intérieur, on peut voir une pagode birmane déplacée entre 1854 et 1856 depuis Prome.

Après être sorti de ce jardin, il s'est mis à pleuvoir, et de nombreuses averses vont suivre. Je suis passé devant la haute cour dont sortent moult hommes et femmes en costume blanc et noir, puis ai visité l'église St John.

Dans le centre, la circulation est moins infernale que je ne le pensais, même si les véhicules font peu de concessions aux piétons. Sur les trottoirs, de nombreux marchands dévoilent de nombreuses marchandises sous des baches. Quand une averse survient, tous se pressent sous elles et les plus témérairres sortent avec leur parapluie. La circulation piétone sur ces trottoirs n'est déjà pas aisée, alors, quand ces parapluies se cognent entre eux et aux baches, cela devient encore plus compliqué.

Le luxe a été de courte durée. J'avais demandé à ce qu'on me change de chambre dès qu'une chambre plus petite se libérait.

Aujourd'hui, j'ai utilisé le métro de Kolkata, qui ne compte qu'une seule ligne orientée Nord-Sud. Suite aux attentats récents de Bangalore et d'Ahmedabad, des mesures de sécurité ont été prises. À certains endroits, y compris le métro, des portiques ont été installés, mais les mesures de sécurité ne sont pas appliquées sérieusement : les portiques n'arrêtent pas de sonner, mais personne ne vient contrôler les sacs qui les font bipper. Les journaux dénoncent cette farce.

J'ai visité le Victoria Memorial, un immense édifice de marbre blanc. Il abrite un musée dédié principalement à l'histoire de la ville de Kolkata et à la libération de l'Inde du joug britannique. On voit aussi de nombreux dessins de paysages indiens divers de William et Thomas Daniell (dont j'ai déjà parlé).

En sortant du Victoria Memorial par le Sud, je suis passé sous le périphérique pour passer devant le Presidency General Hospital (renommé en SSKM Hospital). C'est là que Sir Ronald Ross a découvert le vecteur du paludisme. Je n'ai pas osé rentrer dans l'enceinte de l'hôpital pour trouver la plaque indiquant le lieu précis de la découverte.

J'ai ensuite perdu pas mal de temps à chercher un restaurant situé dans une petite ruelle. Finalement, je n'ai pas trouvé mieux qu'un restaurant chinois dont les spécialités indiennes n'étaient franchement pas terribles.

J'ai profité de ce que j'étais descendu un peu plus au Sud que je ne l'avais envisagé au départ pour me rendre au temple de Kali. Un brahmane m'en a fait faire le tour et m'a montré l'endroit où est pratiqué l'holocauste : on y sacrifie chèvres et buffles. Une visite pas vraiment intéressante. Non loin de là se trouve un mouroir de Mère Teresa.

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Vishnupur

2008-07-27 12:31+0530 (বিষ্ণুপুর) — Voyage en Inde V

Hier matin, j'ai pris un taxi pour aller à la gare de Howrah. Je suis donc passé sur le Howrah Bridge, un impressionnant pont au-dessus de la Hooghly. L'entrée de cette immense gare n'est pas très spectaculaire : on a l'impression de rentrer dans une station de métro. Mon train partait de la dix-septième plate-forme. L'affichage de la numérotation s'arrêtait à 16. Mon train étant déjà à quai, je n'ai cependant pas eu de problème à le trouver.

J'avais choisi d'utiliser la classe CC. L'inconvénient de ces wagons climatisés est que l'on est séparé de l'extérieur par des vitres, dont la propreté douteuse du côté extérieur fait que le paysage paraît flou. À côté de moi, Hinglaj, un ingénieur rajasthani me parlait des systèmes d'écritures et de l'avantage des indiens d'avoir la propriété de ne pas poser d'ambiguité de prononciation. Il m'a aussi appris que dans sa spécialité, le ciment, c'était une entreprise française, Lafarge, qui était le leader mondial.

Je me suis installé à la Vishnupur Tourist Lodge du West Bengal Tourism et y ai pris mon déjeuner. Pas beaucoup d'options. Veg. ou non-veg. Riz ou chappatis. Dans la rue, des gargotes proposent des petits gâteaux et des desserts (Gulab Jamun et Rasgulla) à des prix modiques (2 roupies).

En début d'après-midi, alors que le soleil tapait assez fort, j'ai commencé ma visite de cette ville qui est intéressante pour ses temples en terracotta du dix-septième siècle. En arrivant, je n'avais pas de carte. Dans la gare, il y avait un panneau avec une carte que j'ai photographiée, mais elle s'est avérée un peu trop floue pour être utilisable par la suite.

J'ai erré une bonne heure dans la ville en espérant voir se dresser devant moi des temples. Je n'ai rien vu de la sorte. Finalement, en prenant des ruelles au hasard. J'ai vu le Rasmancha, un édifice de forme pyramidale comprenant un réseau de piliers. En fait, eussé-je vu d'autres temples avant celui-ci, je n'aurais peut-être pas pu les visiter parce que c'est le seul endroit où sont vendus les tickets valables pour tous les temples... En fait, il apparaîtra que la plupart des temples ne sont pas surveillés et que certains guichetiers ne demandent même pas à voir les tickets, les compostent encore moins, voire roupillent.

Le Rasmancha était à quelques pas seulement de mon hôtel, mais il n'était pas entré dans mon champ de vision. Ragaillardi par cette première découverte, j'ai continué vers le Nord où des temples parmi les plus célèbres de la villes se trouveraient. J'ai d'abord aperçu une petite puis une grande porte Pathar Darwaja, puis trois temples. J'ai ainsi visité les temples Lalji, Radhashyam et Jor Bangla. Vu de l'extérieur, le temple Jor Bangla est le plus beau. Sur ses côtés, des sculptures assez bien conservées évoquent notamment des scènes de chasse. C'est dans le temple Radhashyam que j'ai reconnu le plus de scènes mythologiques. Il y avait par exemple Vishnu couché sur un serpent au-dessus de l'océan cosmique, avec Brahma assis sur un lotus planté dans le nombril de Vishnu. Beaucoup de représentations de Radha et Krishna, ce qui est logique vu que dans la partie centrale du temple, on peut voir des idoles les représentant. D'autres personnages des épopées étaient aussi représentés.

Lors de la visite de ce groupe de temples, une petite pluie avait commencé à tomber. Je me suis dirigé vers le Sud pour rentrer. Je devais être un peu trop à l'Est, je commençais à penser que j'étais perdu quand une très violente pluie s'est abattue, mais au plus fort du déluge, un charmant groupe de temples s'est présenté à mes yeux. Comme leurs structures étaient quasi-identiques, il n'était pas du tout évident de savoir combien il y en avait. Au début, je pensais qu'il y en avait 3. Finalement, j'en ai visité 6 : Nandalal, Radhagovinda, Radha Madhab et Jor Mandir (groupe de trois temples). Vu la férocité de la pluie, les alentours étaient inondés : trouver l'entrée des temples n'était pas chose aisée. Les sculptures étaient moins intéressantes et moins bien conservées que dans les autres temples.

Au cours de mes errances dans les rues, j'ai observé de nombreux signes politiques : symboles du parti communiste, du BJP et du Congrès. Sur une maison, il y avait des drapeaux du BJP et dans un coin, on voyait aussi la faucille et le marteau. Quelques temples contemporains. Un fort joli entièrement blanc dédié à Shiva. Un autre est dédié à Kali, la noire. Sur le mur intérieur, de nombreuses divinités sont représentées. Au fond du temple, la scène représentée est typique de Kali, mais c'est la première fois que je la vois. Kali est représentée en train de se trancher le cou. Décapitée, sa tête est penchée sur sa gauche. Des fils rouges représentent le sang qui jaillit de son corps. De part et d'autre, deux divinités non-identifiées reçoivent ce sang dans la bouche.

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Kolkata inondée

2008-07-25 17:05+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde V

Hier matin, avant de quitter Orsay par l'un des premiers RER, je n'avais pas beaucoup dormi bien que je me fusse décidé à essayer de dormir dès 20h. J'avais largement une heure d'avance sur les trois heures que les passagers intercontinentaux sont censés prendre pour arriver à l'aéroport. Ayant déjà voyagé plusieurs fois avec Air India, je ne comprenais pas pourquoi cette compagnie avait plutôt mauvaise réputation. Toujours est-il que l'avion était annoncé avec 2h30 de retard. Il aura finalement environ quatre heures de retard. Deux vols Air India en sens contraires sur la ligne Newark-Paris-Mumbai-Ahmedabad partaient en même temps, sans que les passagers ne soient au courant. Il y a eu plusieurs changements de portes d'embarquement, et le dernier, bien entendu, a consisté à inverser les portes attribuées à ces deux vols, comme par hasard, situées aux deux extrémités du terminal 2C. Bref, de part et d'autre, les gens étaient rassurés de voir un équipage Air India, des gens de type indien, etc, pensant attendre pour le bon vol alors que non. Les informations données par les écrans et les annonces sonores étaient bien sûr contradictoires. Bref, c'était vraiment n'importe quoi, nonobstant le retard déjà accumulé. Pour couronner le tout, on a eu le droit à un travaux pratiques de sûreté (il me semblait qu'avant, on disait plutôt sécurité). Un bagage rouge abandonné, aucune annonce sonore amplifiée, mais des videurs qui nous ont dit de dégager sans ménagements, bref de se tasser à l'autre bout du terminal (alors que nous venions de faire cette manœuvre dans l'autre sens, cf. plus haut). Pas de sommation avant le gros boum. C'est impressionnant, mais pas exactement rassurant sur les méthodes employées contre le terrorisme.

Dans l'avion, j'ai principalement essayé de dormir (il fallait tenir debout jusqu'à l'embarquement, qui a eu lieu vers 14h30). Mes deux voisines étaient deux dames gujaraties en provenance de Newark et à destination d'Ahmedabad. Elles ne parlaient ni l'anglais ni le hindi. Il leur était difficile de communiquer avec moi et les membres de l'équipage, ainsi que de remplir le formulaire d'arrivée sur le sol indien ; finalement, elles m'ont demandé de le faire.

Quand j'ai su que le vol avait du retard, j'ai commencé à stresser au sujet de ma correspondance à Mumbai pour Kolkata. J'avais réservé un vol à 7h50 à l'aéroport domestique. L'avion de Paris était censé atterrir à 23h30. J'avais donc en principe plus de 8h de marge, mais la veille de mon départ, j'ai reçu un mail m'informant que Jet Airways m'avait casé sur le vol de 6h50 plutôt que sur celui de 7h50. Une heure de moins. Quatre heures de retard. Finalement, la correspondance s'est très bien passée. Par chance, j'étais à l'avant de l'avion, je suis sorti tout de suite, ce qui fait que je n'ai pas eu à faire la queue pour le tamponnage de mon visa. Mon sac a paru rapidement sur le tapis roulant. Pas de queue non plus au bureau de change, etc. Finalement, la correspondance s'est merveilleusement bien passée, et je n'ai pas eu beaucoup de temps à attendre à Mumbai.

C'est la première fois que je voyage avec Jet Airways. Il est probable que je reitère ce choix à l'avenir. J'ai vraiment été impressionné par l'efficacité de leurs manœuvres d'embarquement. Le flux de passagers était incomparablement plus fluide que tout ce que j'ai vu jusques alors. Il n'y avait pas de goulot d'étranglement. En gros, sur 4 ou 5 portes occupant en tout quelques dizaines de mètres carrés, ils embarquaient simultanément trois ou quatre vols, et de nouveaux vols apparaissaient tous les quarts d'heure. La correspondance entre la porte d'embarquement et le vol était réalisée manuellement (sans écran informatique branché à un ordinateur shadok) via l'enfichage d'un morceau de bois correspondant à chaque vol. Dans un coin, on voyait ainsi un empilement de planches et la mise de côté de quelques unes d'entre elles qui allaient bientôt servir. Au sujet de la compagnie Jet Airways, en matière de prix, elle pratique une politique du genre celui qui arrive en premier paye moins cher. En ayant acheté mon billet en 2007, j'ai pu bénéficier d'une catégorie de prix intéressante. D'ailleurs, les sites de réservation de billets d'avion ne prennent pas tous cela en compte. Ainsi, d'un site à l'autre, pour le même vol, les prix allaient du simple au double : il ne faut donc pas s'imaginer que tous ces sites sont équivalentes. Pour ce billet, je n'étais pas passé par mon agence de voyages : ils pensaient que c'était trop tôt pour réserver des billets Mumbai-Kolkata.

Entre le minibus qui nous conduisait à l'avion et ce dernier, nous, les passagers, avons dû faire face à une pluie assez forte. D'après les prévisions météo que j'avais vues, je savais qu'il pleuvrait à Kolkata...

Dans la phase d'approche, les nuages étaient omniprésents, mais, curieusement, quand j'ai posé le pied sur le sol, il ne pleuvait pas. En revanche, le ciel était d'un blanc-gris étonnant, probablement annonciateur de pluie violente et révélateur de pollution atmosphérique. Une pluie subite s'est abattue sur la ville. Par endroits, des enfants faisaient les fous dans la piscine (peu profonde suivant les normes des piscines, mais beaucoup quand il s'agit de rues). Les grandes rues n'étaient pas épargnées. La Central Avenue (en théorie nommée Chittaranjan Avenue) était très touchée par ce phénomène. De même, Chowringhee Road (Jawaharlal Nehru Road) était coulée. La cour intérieure menant à mon hôtel était inondée de 15 centimètres, j'ai dû retrousser le pantalon pour l'atteindre. Dans Un garçon convenable, je crois me souvenir qu'un personnage, probablement Arun Mehra, se plaignait d'avoir eu à payer une fortune pour qu'un rickshaw-wallah veuille bien lui faire traverser une rue de Kolkata à sec. Ayant vu ce que pouvait devenir la route (et je suppose que ça peut être pire), ce n'était certainement pas exagéré.

En parlant de rickshaw, on voit encore maintenant de nombreux tireurs de pousse-pousse. Utiliser un cycle-rickshaw ne m'a jamais véritablement posé de problème de conscience, étant entendu par ailleurs que c'est souvent la seule solution qui se présente. Là, je ne me vois pas demander à un pousse-pousse de m'emmener à l'autre bout de la ville : à pieds, on ne peut pas faire de roue libre, l'effort demandé est bien plus important qu'avec un vélo.

Cette après-midi, je me suis contenté de visiter l'Indian Museum : il faut que je récupère un peu avant de poursuivre mon voyage. De nombreuses sculptures bouddhiques et hindoues. Des murs recouverts de têtes d'animaux empaillées. Une momie de 4000 ans. Une grane collection de fossiles. Une statue de l'impératrice des Indes.

On dirait que l'accès à mon hôtel puisse maintenant se faire à sec.

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Départ pas imminent, mais pas loin

2008-07-22 21:13+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V

Ce blog passera bientôt à l'heure de Kolkata (UTC+0530) : après-demain matin, si j'arrive à me réveiller à temps, je prendrai un avion pour Mumbai et tôt le lendemain matin, un autre pour Kolkata.

Dernière lessive. Derniers achats. Dernière nourriture carnée avant un moment. Dernières tasses de thé chinois. Dernière écoute de quelques merveilles de la musique européenne.

J'ai imprimé mes huit billets de trains, acheté un cadenas assez gros pour pouvoir accrocher mon sac aux anneaux prévus à cet effet dans les trains.

Tout-à-l'heure, retrouvailles avec le brrrouwww brrrouwww des sonneries de téléphones indiens après avoir redécouvert comment on composait un numéro en Inde, en mettant à la suite l'indicatif du pays, celui de la ville (sans le zéro initial) et le numéro local. Cela donnait quelque chose comme 0091.33.22.... Les numéros de téléphone d'hôtels de la première édition française du guide Lonely Planet ne sont pas trop périmés : au deuxième essai, un être humain répond à l'autre bout du fil. Après un Ji? apparemment hésitant sur la langue à utiliser après que j'eus prononcé le nom de l'hôtel, j'entendis un anglais impeccable. Bref, je ne crains pas que ma réservation parte à la poubelle cela m'est déjà arrivé.

Il faut que je choisisse les quelques livres que je vais emporter avec moi. Je prendrais certainement Le Rāmāyaṇa de Vasundharā Filliozat, parce qu'il devrait m'aider à me repérer dans la visite que je compte faire du temple Ramachandra à Hampi. Ensuite, pour éviter de trop alourdir le sac, il convient d'optimiser la densité de caractères au kilogramme et éventuellement de minimiser le coefficient ferroviaire de densité romanesque. Bref, voilà une bonne occasion de lire quelque pavé délaissé. Dans cette catégorie, j'hésite entre Voyage au bout de la nuit de Céline et Le docteur Jivago de Boris Pasternak. Je prendrai aussi quelques romans plus ou moins de circonstance : Sous un ciel de marbre de John Shors, offert par Laurence, Un homme meilleur d'Anita Nair et Où irons-nous cet été ? d'Anita Desai.

Après cela, il ne me reste plus qu'à me reposer pour attendre le début de la bonne vingtaine d'heures qui devraient s'écouler entre mon départ d'Orsay et mon arrivée à Kolkata.

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Médecine, nœuds borroméens et poupées russes

2008-06-26 17:16+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V — Mathématiques

Ce matin, je suis allé chez un médecin généraliste choisi au hasard parmi ceux pratiquant dans ma commune. La prochaine fois que j'aurai besoin d'une consultation, j'irai en voir un autre...

Jamais une consultation chez un médecin ne m'aura fait perdre autant de temps (à vrai dire, sans compter le temps passé en salle d'attente, je n'avais jamais eu l'impression de perdre de temps avec un médecin). Je venais pour une nouvelle injection d'un vaccin contre la fièvre typhoïde et pour me faire prescrire un traitement préventif contre le paludisme (dont, cela dit en passant, je vais visiter la ville où son vecteur a été mis en évidence, comme me l'ont rappelé indépendamment trois romans que j'ai lus récemment, effet Zahir.).

Malgré un remplissage d'une salle d'attente laissant supposer qu'elle finirait sa journée assez tard, très efficace, le docteur que j'avais à Grigny avait pris le temps de se renseigner sur le site de l'OMS ou sur un autre pour examiner dans le détail les maladies dont il est conseillé aux voyageurs de se prémunir. Finalement, j'avais ainsi été vacciné contre la fièvre typhoïde et l'hépatite A, et avais pris un traitement contre le paludisme.

Aujourd'hui, la consultation a duré un peu plus d'une heure, mais son aspect médical ne s'est étendu que sur 2 ou 3 minutes. J'avais apporté le vaccin contre la fièvre typhoïde (à refaire tous les trois ans tant que l'on voyage dans des zones à risque). Pendant l'injection, le médecin (par ailleurs ostéo/homéopathe, une mission de reconnaissance en déchiffrage des plaques professionnelles s'imposera pour mes choix ultérieurs de praticiens...) a commencé à m'interroger sur mon métier. Il est tout à fait normal qu'un médecin discute tranquillement avec ses patients de leur vie. Qu'il transforme ensuite la consultation en une discussion aux forts relents d'obscurantisme pseudo-scientifique, c'en est une autre.

Le médecin voulait donc savoir ce qu'étaient les mathématiques. Après plusieurs manifestations d'insistance, fort embarassé, j'ai consenti à admettre que je faisais de la géométrie algébrique, espérant que cela permettrait d'abréger la conversation sur ce thème. Après quelques digressions sur son métier consistant en l'étude des corps et de leurs mouvements dans l'espace et le temps, mon interlocuteur m'a demandé si je savais ce qu'était un nœud borroméen. À ce moment-là, je savais que le point de non-retour était franchi et qu'il fallait que je souffrisse cela encore un petit moment. Je répondis bien sûr par l'affirmative et après une remarque incomprise au sujet de la symétrie de rotation d'ordre 3, le médecin a joint le geste à la parole et après avoir cité Lacan, en a dessiné un sur un bout de papier, affublant chacun des cercles d'un terme parmi réel, imaginaire et symbolique. Alors, pour moi, les mathématiques relevaient-elles du réel, du symbolique ou de l'imaginaire ? Ne voulant pas paraître trop malséant, je me suis amusé à suggérer que d'autres auraient peut-être écrit moi, surmoi et ça à la place. S'ensuivit un soliloque peu conforme à mes souvenirs en théorie freudienne... Le ça s'est transformé en sous-moi, victime du poids conjugué du moi et du surmoi. Sur le bureau, une poupée russe est venue au secours du brillant orateur. Dans le ventre de sa mère (il déboîte la grande poupée pour faire apparaître la petite), l'enfant ne reçoit de l'extérieur que la traduction chimique de l'imaginaire de sa mère, il le confond avec le réel et il ne le sait pas. [...] Vous autres mathématiciens, vous ne vous prendriez pas un petit peu pour Dieu.... Retour à l'étude du corps et des mouvements. Vous voyez l'alimentation, la Pomme, qui rentre dans le corps... L'arbre de la connaissance, Le Péché originel™... (suivent quelques phrases dont je me laisse prendre à observer qu'elles ne sont pas très catholiques). Je suis aussi ostéopathe, vous savez. (bruit sourd d'un gros livre atterrissant devant moi). Je suis sûr que dans ce livre, ils citent des articles de mathématiques.

Au bout d'un moment, il a quand même fini par revenir sur Terre et m'a cordialement demandé de lui dicter l'ordonnance : Malarone, connaît-pas, comment ça s'écrit ? vous en voulez combien ?.

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Faire joujou avec les alphabets

2008-06-23 10:20+0200 (Orsay) — Culture — Culture indienne — Voyage en Inde V — Photographies

Hier, j'ai acheté un petit cahier à spirales pour prendre diverses notes lors de mon prochain voyage en Inde. Pour favoriser mes chances de monter facilement dans le bon bus ou le bon train sans trop avoir à faire de signes de mains et de hochements de tête, j'y note dans les alphabets locaux la liste des villes que j'envisage de visiter :

Nom de villes indiennes

Kolkata কলকাতা ― Shantiniketan শান্তিনিকেতন ― Bishnupur বিষ্ণুপুর ― Puri ପୁରି ― Konark କୋଣାର୍କ ― Bhubaneshwar ଭୁବନେଶ୍ବର ― Vijayawada విజయవాడ ― Amaravati అమరావతి ― Hyderabad హైదరాబాదు ― Warangal వరంగల్ ― Hampi ಹಂಪೆ ― Aihole ಐಹೊಳೆ ― Pattadakal ಪಟ್ಟದಕಲ್ ― Badami ಬದಾಮಿ ― Bijapur ವಿಜಾಪುರ ― Jalgaon जळगाव ― Mumbai मुंबई 1.

En dehors de l'alphabet latin, cinq alphabets indiens sont représentés. Du début à la fin, on voit successivement les alphabets bengali, oriya, télougou, kannada et devanagari. Tous ces alphabets sont bâtis sur le même principe. Des consonnes, des voyelles, écrites de gauche à droite ; quand une voyelle suit une consonne, elle décore la consonne précédente (on parle de matra). Pour les détails, il faut faire avec les particularités de chaque alphabet...

Le seul alphabet que j'aie à peu près correctement assimilé est l'alphabet devanagari. Par rapport aux autres alphabets, finalement, la seule difficulté réside dans le système complexe de formation des ligatures : quand deux consonnes (ou plus) se suivent sans voyelle intercalaire (même un a tellement bref qu'il ne se prononce pas), les glyphes se collent, s'empilent ou se mélangent. Dans le cas le plus simple, la moitié droite, barre verticale comprise, de la première consonne est mangée par la deuxième. La difficulté réside dans les ligatures plus complexes, où on ne parvient plus à distinguer les glyphes initiaux. Cette difficulté n'apparaît pas dans le nom des villes de Mumbai et Jalgaon ci-dessus. Il semblerait que ce ne soit d'ailleurs le cas d'aucune des villes hindiphones que j'aie visitée jusqu'à maintenant. (Je vous jure que ce n'est pas sur ce critère que je les ai choisies.) Sur l'entrée du Shri Bhagavadgita Mandir, on peut déjà voir une petite palette des différents types de ligatures :

Shri Bhagavad Gita Mandir

Le premier mot श्री (shri) est une haute formule de respect obtenue en combinant les consonnes (sh) et (r), le tout suivi d'un i. Le mot suivant Bhagavadgita s'écrit généralement en deux mots (au moins en français), c'est le titre d'un ouvrage religieux hindou (auquel ce temple est dédié), constitué d'un dialogue entre Krishna et Arjuna, situé juste avant le début de la guerre, à l'intérieur du sixième livre du Mahabharata. Bhagavad se terminant par un d et Gita commençant par un g, on peut voir un magnifique empilement des deux consonnes, qui risque de perdre de sa superbe après affichage sur votre écran sous forme de texte : द्ग. Le dernier mot est un mot que l'on voit très souvent écrit, puisqu'il veut dire temple : मन्दिर (une écriture plus moderne utilisant un signe de nasalisation plutôt qu'un n est मंदिर). Dans ce dernier cas, la barre verticale du n est effacée pour laisser la place au d : c'est le cas le plus facile à déchiffrer.

Parmi les quatre autres alphabets représentés, l'alphabet bengali est celui qui s'approche le plus de l'alphabet devanagari. Par exemple, la lettre est quasi-identique à la lettre homologue de l'alphabet devanagari. Une particularité : en devanagari, la plupart des matras s'écrivent à droite, en haut ou en bas des consonnes sauf celui du i qui s'écrit à gauche, en bengali, il y a un peu de ça, mais les matras associés à e et ai s'écrivent à gauche, tandis que ceux correspondant à o et au ont un morceau à gauche et un autre à droite, phénomène que j'avais déjà observé pour le tamoul (essentiellement pour les mêmes voyelles). Globalement, je trouve l'écriture bengali assez harmonieuse.

Plus bas, le nom des villes de Puri, Konark et Bhubaneshwar est écrit dans l'alphabet de la langue officielle de l'état d'Orissa : un assemblage extravagant de ronds qui veuille dire quelque chose.

Un peu plus bas, il n'y a pas un, mais deux alphabets. Il n'est pas évident de les distinguer au premier coup d'œil ! Lors de mon séjour au Sud de l'Inde, l'écriture d'écriture kannada m'avait semblé assez hermétique. Combien peuvent paraître curieuses les décorations en forme de luge que l'on peut voir de Hampi à Bijapur ? Entre Vijayawada et Warangal, on retrouve un peu la même chose : c'est du télougou, langue de l'Andhra Pradesh. Je crois que j'ai essentiellement compris le principe. En télougou, par défaut, la plupart des consonnes sont surmontées d'une sorte de Swoosh. Si la consonne est suivie d'une voyelle, le Swoosh se transforme en une ou plusieurs luges, boucles, etc, harmonieusement raccrochées à la consonne. J'aime bien la façon dont ti s'écrit : తి. En kannada, il n'est pas question de Swoosh, mais de luge placée par défaut en haut de la consonne comme dans (ra), et remplacée par quelque autre chose tout en courbes si une voyelle est ajoutée. (Cette manière de décrire les choses traduit un a priori de ma part, à savoir que cette interprétation est une conséquence de la manière dont ces alphabets ont été intégrés au Standard Unicode, à savoir de façon à ce que les homologies entre les alphabets soient bien préservées (par exemple, pour transcrire un mot d'un alphabet indien à un autre, il suffit souvent de préserver les 7 bits de poids faible dans le numéro du caractère, tout en changeant le préfixe). Dans l'alphabet devanagari, la voyelle a brève n'apparaît pas explicitement quand elle suit une consonne. Il n'y a aucun caractère dans le Standard Unicode pour ce matra invisible. Il y a gros à parier que, en vérité, la luge (resp. le Swoosh) ne fait pas vraiment partie des consonnes, mais qu'il a été décidé, plutôt que de créer un matra a bref qui ferait paraître ces signes, eh bien, de préserver la compatibilité logique avec l'alphabet devanagari, ainsi, selon Unicode, sauf mention du contraire, tout se passe en télougou et en kannada comme si chaque consonne était suivie d'un a bref. Hum, je crois que j'ai compris pourquoi l'alphabet kannada m'avait semblé hermétique...).

[1] Il est très probable que la plupart de ces alphabets s'affichent très mal sur votre écran, s'ils s'affichent... J'ai essayé de ne pas faire d'erreur de recopie. Il n'est pas toujours évident de trouver sur le Web les noms de ville dans ces alphabets locaux, et si on les trouve, il n'est pas clair que ce qu'on voit soit une écriture correcte, les différents logiciels n'affichant pas tous la même suite de caractères de la même manière. Dans les cas douteux, j'ai essayé de trouver des images (titres de journaux par exemple) représentant ces noms. La version de Firefox que j'utilise s'appuie sur GTK+ et plus particulièrement sur Pango pour afficher du texte dans de nombreuses langues : le support des langues indiennes m'y semble excellent.

Samedi dernier, avant d'entreprendre la dernière étape de ma lecture du deuxième livre du Rāmcaritmānas de Tulsī-Dās, traduit en français par Charlotte Vaudeville, j'ai lu une étonnante pièce de théâtre de Rabindranath Tagore. Malheureusement, il semble que cette pièce ne soit plus disponible en français ; cette œuvre avait été traduite de l'anglais par André Gide, et paraît-il lue à la radio la veille de la prise de Paris par la Wehrmacht. Le titre anglais de la charmante traduction de Krishna Dutta et Andrew Robinson est The Post Office. La traduction de Gide s'appelait Amal et la lettre du roi. C'est très court. Un jeune garçon, Amal, est malade et doit rester chez lui parce que le médecin lui interdit de sortir de peur que son état s'aggrave. Via sa fenêtre, il découvre l'extérieur. Il s'émerveille de toutes les opportunités qui existent dehors. Quand il aperçoit le nouveau bureau de Poste, il se met à espérer que le raja lui enverra une lettre... Bref, cela va peut-être me donner une plus grande motivation pour aller à Shantiniketan.

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Réserver des billets de train

2008-05-11 22:32+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V

J'ai commencé à réserver des billets de train pour mon prochain voyage en Inde. En effet, sur le site IRCTC, les réservations commencent jusqu'à 90 jours à l'avance. Si au fil des ans, l'interface tend à s'améliorer, il y a encore de nombreux problèmes.

D'un site à l'autre, les informations manquent de cohérence : un train qui apparaît sur l'un n'existe pas forcément pour l'autre. Le service s'arrête entre 23h30 et 5h (heure de Kolkata). À certaines heures, le service est saturé et fonctionne très mal.

Pour réserver, on commence par indiquer les codes à trois ou quatre lettres de la station de départ et de la station d'arrivée. Alors qu'il me semble que jadis il fallait vraiment connaître ces codes : CSTM pour Mumbai (la très belle gare que tout le monde continue à appeler VT), HWH pour la gare principale de Kolkata, BZA pour Vijayawada, ça ne s'invente pas, on peut dorénavant taper le nom de la ville et choisir la station dans une liste. Ensuite, il faut sélectionner le type de billet que l'on veut. Il faut choisir entre e-ticket et i-ticket. L'une des deux possibilités correspond aux billets ordinaires (identiques à ceux imprimés dans les gares), livrés par la poste (option inenvisageable si on ne réside pas en Inde). L'autre possibilité est le billet électronique, qui peut être réservé jusques à quelques heures avant le départ. En tant que francophone naviguant dans un contexte anglophone, la mnémotechnie est impuissante à me faire retenir s'il faut prendre un [ɪ]-ticket ou un [aɪ]-ticket (voir aussi ce tableau à double entrées).

Plus loin, ce qui peut sembler encore plus hermétique si on n'a jamais pris le train en Inde, il faut choisir la classe du ticket. Non, il n'est pas possible de lister les trains et ensuite de voir les classes disponibles, ce serait trop facile. Sur les trains circulant le jour, on trouvera par exemple CC ou 2S alors que sur les trains longue distance, on verra plutôt des sigles 2A, 3A, SL, II. Pour le moment, je ne pense avoir expérimenté que CC une fois, 3A une fois et surtout SL, la Sleeper Class. Suivant où l'on se trouve (site Internet, gare, quai, guides), les noms des classes seront parfois abrégés différemment. Les codes de voitures n'ont pas une unique façon de s'abréger non plus. Cependant, en Sleeper Class, j'ai toujours vu des numéros du type S3, S4, etc.

Ensuite, si le serveur est de bonne humeur, il affichera la liste des trains possibles. L'information qu'il faudra retenir le moment venu est le numéro du train : il définit une unique classe d'isomorphisme de trains (prendre cependant garde au fait que la plupart des trains ont deux numéros Up & Down, a priori consécutifs, correspondant aux deux sens de parcours). En effet, quand j'ai pris le train en gare de Pune, j'ai eu l'impression que la quasi-totalité des trains évoqués dans les annonces sonores s'appelaient Mumbai Express...

Un nouveau type d'embûches se présente alors au voyageur. Si beaucoup de trains circulent tous les jours, d'autres ne circulent que certains jours de la semaine. Quand on n'est pas à un jour près, il peut-être utile d'avoir l'horaire de trains Trains at a glance™ (à préférer aux autres horaires, on n'est pas à 10Rps près) pour avoir la liste de tous les trains allant d'un point à un autre, afin de voir si un horaire plus arrangeant n'existerait pas pour la veille ou le lendemain. Cependant, la lecture des tables présente des difficultés théoriques. En effet, les trains longue distance n'arrivent souvent pas le jour où il sont partis : si on envisage de monter dans un train le matin après qu'il aura circulé de nombreuses heures, on le prendra au Day 2, et les indications de jour de la semaine doivent être décalées de 1 pour savoir quel jour on pourra prendre le train. Ajouter à cela le fait que les trains sont classés par grands tronçons, le circuit d'un train peut occuper plusieurs pages. Est-ce que les indications de jours de la semaine s'applique au jour de départ ou au jour d'arrivée sur la page que l'on consulte. Mystère et boule de gomme. Par ailleurs, il est un général préférable de monter dans un train vers le début de son circuit plutôt que vers la fin : sinon, on pourrait subir les retards accumulés depuis le début. Alors qu'on s'en rend compte d'un seul coup d'œil avec l'horaire de trains, il est moins évident d'obtenir la même information avec le site Internet à moins de cliquer sur le bouton Show Route pour chacun des trains, ce qui peut prendre un temps fou à cause des problèmes de connexion. Bref, je pense que je continuerai à investir dans de nouvelles éditions de Trains at a glance.

Un autre obstacle se pointe : l'expiration de la session. Une trop grande indécision, l'envie de faire quelque chose d'autre le temps que la connexion vienne à s'établir, et c'est l'échec : Your session has expired..

Une fois le train sélectionné, ce n'est pas fini. Il faut remplir un formulaire en indiquant son nom, son sexe, son âge, sa préférence en matière de positionnement (couchette du haut/milieu/bas, etc).

Le Graal est proche, mais une dernière épreuve attend le candidat : le paiement. En réalité, c'est un labyrinthe qui apparaît. Comme souvent en Inde, les questions sérieuses n'ont pas d'uniques réponses satisfaisantes (pour un autre exemple, voir le deuxième passage d'Un garçon convenable que je cite dans ma critique de ce livre). Il faut ainsi choisir entre une multitude de plates-formes de payement. Jusqu'à il y a une semaine, je cliquais sur le premier choix : la banque ICICI. Je saisissais les informations relatives à ma carte Visa et cela fonctionnait. La semaine dernière, l'aide du labyrinthe semblait dire que cela ne marchait que pour les cartes indiennes. Bizarre, je clique ensuite sur HDFC (banque dont les distributeurs automatiques ont réussi à faire quelque chose de ma carte). Hier matin, pour un deuxième billet, j'ai donc retenté HDFC, et là, bien que les informations que j'ai rentrées fussent vraisemblablement correctes, cela n'a pas marché. Curieusement, en plus des informations habituelles, il fallait rentrer le Cardholder's name, fallait-il taper JOEL RIOU, RIOU JOEL plutôt que MR JOEL RIOU comme je le fis la fois précédente avec succès, mystère et boule de gomme. Heureusement, dans ce labyrinthe, de nouvelles options semblent apparaître à chaque fois qu'une autre s'évanouit dans un pouf de logique. J'ai ainsi pu choisir avec succès Axis, qui prétend accepter toutes les cartes Visa, fussent-elles étrangères.

Pour le moment, j'ai un billet Kolkata-Bhubaneshwar et un Puri-Vijayawada. Après-demain, je m'attaque au Vijayawada-Hospet. Entre Hospet (Hampi) et les environs d'Hyderabad, j'utiliserai principalement des bus, il me restera à prendre un billet de train pour Mumbai (trajet que j'interromperai sans doute pour passer à nouveau à Jalgaon ou à Aurangabad). Je pense aussi prendre des trains pour visiter Bishnupur qui se trouve à quelques heures de Kolkata, mais apparemment, il faut attendre J-10 pour réserver ces trains de jour (IRCTC, c'est un peu comme Unix, pour savoir si on a le droit de faire quelque chose, la seule manière de procéder est d'essayer, si ça marche, c'est qu'on doit avoir des droits suffisants...).

agastya.toonywood.org, le serveur qui héberge ce blog, en est à son six-centième jour consécutif d'uptime !

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Mes voyages en Inde sur Google Maps/Earth

2008-04-27 23:59+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V — Photographies

Je viens de constituer un fichier permettant de repérer avec Google Maps les différentes villes que j'ai visitées en Inde ou que j'envisage de visiter prochainement :


Agrandir le plan

Si on sélectionne une ville, une liste de liens vers les entrées de blog la mentionnant et une photographie apparaissent.

Pour visionner cela dans Google Earth, il suffit de charger le fichier KML ci-lié.

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Voyage en Inde V

2008-04-09 21:10+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V

Depuis le retour de mon quatrième voyage en Inde, je pense au prochain. Cela se concrétise progressivement. J'ai acheté mes billets d'avion en novembre dernier. J'ai fait ma demande de visa lundi dernier. Je viens de récupérer le précieux sésame. Dans quelques semaines, je pourrai commencer à réserver mes billets de train pour quelques uns de mes déplacement en Inde, puisque mon voyage commencera vers la fin du mois de juillet. Mon vol aller (sur Air India) a Mumbai pour destination ; de là, je prendrai un autre avion pour Kolkata. J'ai prévu de passer par le Bengale occidental, l'Orissa, l'Andhra Pradesh, le Karnataka et enfin le Maharashtra avant de prendre mon vol retour. Si mon parcours inclura certainement Kolkata, Puri, Bhubaneshwar et Konarak, les trois principaux sites touristiques de l'Orissa, providentiellement très proches les uns des autres, Tirumala, Hampi et Hyderabad, il me reste encore à préciser un peu les étapes intermédiaires, les numéros des trains à prendre, etc.

La procédure de demande de visas indiens depuis la France a changé le premier février 2008. C'est maintenant une entreprise, VFS Global, qui est chargée de la collecte des demandes de visas 1, mais c'est bien sûr toujours l'ambassade de l'Inde à Paris qui les traite. Peut-être que le contraste est moins marqué lors des périodes de grande affluence, mais il est dorénavant presque devenu agréable de faire une demande de visa. Cependant, concernant le coût, il faut ajouter 12€ de frais.

Situé au 42, rue de Paradis, les locaux, plutôt vastes, offrent de nombreux sièges permettant d'attendre son tour. Ces sièges étant harmonieusement disposés, l'attente est plus confortable qu'à l'ambassade. Après avoir franchi la porte coulissante, une ou plusieurs personnes contrôlent que les demandeurs ont les pièces nécessaires, que les photos sont bien collées ; une fois que tout semble en ordre, un numéro d'attente leur est remis. S'il manque une photocopie ou que les photographies ne sont pas collées sur le formulaire, le quidam est envoyé dans un coin où il peut trouver de la colle, un photomaton et une photocopieuse. La présence de tubes de colle m'a aussitôt fait penser aux bureaux de poste indiens où, les timbres n'étant pas autocollants, il y a toujours un récipient muni d'une mouillette servant à recueillir un peu d'un fluide visqueux n'ayant guère le caractère des choses qui collent.

Je n'ai pas eu à attendre plus d'une vingtaine de minutes avant de me voir attribuer un guichet où je puisse déposer ma demande de visa. L'employée s'est excusée de ce que sa collègue de l'accueil m'eût fait faire une photocopie superflue de mon formulaire et y coller une photographie. J'ai payé par carte, ce qui n'était pas possible à l'ambassade.

Petit bémol : le site Internet n'est pas très bien fait. Il laisse entendre que pour remplir le formulaire, il faut passer par le formulaire en ligne, ce qui n'est pas vrai. Ce qui est plus pénible, c'est que ce formulaire (visant à produire un formulaire rempli téléchargeable au format PDF) est complètement buggé. Après avoir l'avoir rempli consciencieusement, j'ai cliqué sur Submit et me suis pris un message d'erreur Please enter A valid characters (sic). Ne voyant pas ce que mes caractères pouvaient bien avoir d'invalides si on excepte le tréma de mon prénom, j'ai dû fouiner dans le source JavaScript pour comprendre que la ponctuation, les virgules, chiffres, tirets et autres caractères anodins étaient interdits. Quand il est demandé de donner des details sur les précédents séjours en Inde en utilisant environ une septantaine de caractères au maximum, la contrainte ci-dessus devient vraiment pénible si on veut mentionner qu'on n'a pas uniquement bénéficié de visas touristiques dans le passé.

Malgré tout, il y a aussi du bon du côté du site Internet puisqu'il permet de suivre la progression du traitement de la demande. Dès lundi soir, j'ai pu voir que mon dossier avait été transmis à l'ambassade de l'Inde. Mardi soir, j'ai su que je pouvais passer récupérer mon passeport à partir de mercredi, un jour de mieux que le délai qui m'avait été donné.

Je dispose maintenant d'un visa de tourisme valable jusqu'au 7 avril 2013. Jusqu'à cette date, je n'ai pas besoin de demander un visa à chaque fois pourvu que je ne séjourne pas plus de 3 mois de suite en Inde. La limitation à 3 mois est assez étonnante, puisque le visa standard est valable six mois. Je n'ai pas trouvé de source officielle (si ce n'est celles émanant de l'entreprise VFS Global) au sujet cette limitation à trois mois, mais cela m'importe peu puisque cela devrait me suffire très largement. Je me suis un peu plus inquiété de la mention Registration required within 14 days of arrival in India for visas valid for more than 180 days. Après avoir épluché le site du bureau of immigration, je crois avoir compris que je n'aurai pas de formalité supplémentaire à faire, à moins que je ne veuille rester plus que 180 jours de suite en Inde (en revanche, pour un séjour de N jours avec N compris entre 90 et 180, c'est mystère et boule de gomme). En tout cas, le temps est révolu où, selon Alexandra David-Néel, chacun de nous pouvait parcourir la terre à son gré.

[1] Dans certaines situations très particulières, il faut s'adresser directement à l'ambassade.

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