Voyage en Inde XI

La carte de mes voyages sur Google Maps/Earth

2012-08-27 18:43+0200 (Orsay) — Voyage en Inde XI — Photographies

Je viens de rajouter quelques points à la carte Google Maps de mes voyages en Inde :


Agrandir le plan

En cliquant sur une ville, on peut accéder aux différentes séries de photographies que j'y ai faites. Ceux qui préfèrent Google Earth peuvent charger ce fichier KML.

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Photographies

2012-08-25 11:41+0200 (Orsay) — Voyage en Inde XI — Photographies

Je viens de finir de trier les photographies de mon voyage. J'ai fait beaucoup (trop) de photographies. J'ai utilisé principalement mon réflex, mais occasionnellement aussi mon téléphone portable (notamment à Mandu, quand la pluie empêchait d'utiliser le réflex). L'objectif de base 18-55 de mon appareil étant tombé en panne, j'ai acheté un autre objectif pas cher avant de partir. C'est un zoom 18-200, qui me permet donc de faire un certain nombre de photographies que je ne pouvais pas faire avant, comme les deux suivantes :

Photo 0743

Photo 1551

Cependant, les détails de certaines photographies manquent souvent un peu de netteté (il faudra que j'essaie d'autres réglages) et j'ai trop souvent tendance à tenir mon appareil de travers... Toutes les photographies (non retouchées) sont accessible depuis cette page. Elles sont triées par date et par lieu et il y a une sélection de photographies ainsi qu'une sélection plus restreinte (une info-bulle indiquant au moins le lieu doit apparaître quand le pointeur de la souris passe sur une de ces photographies). J'ai également rangé certaines photographies en rubriques, comme les portraits, papillons, écureuils, etc.

Globalement, je suis un peu plus content du résultat que l'année dernière. Voici par exemple deux photographies prises lors de l'aarti à Ram Ghat à Ujjain :

Photo 0821

Photo 0832

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Le dernier jour à Mumbai

2012-08-24 10:32+0200 (Orsay) — Voyage en Inde XI

Mardi matin, j'avais mis mon réveil à 4h15 pour me rendre à l'aéroport de Mumbai, non pas pour prendre mon vol pour Paris via Delhi, mais pour voir si Air India pouvait me trouver une solution de rechange, mon vol Delhi-Paris ayant été annulé suite à la grève des pilotes d'Air India (qui s'est pourtant terminée il y a plus d'un mois). Je me suis d'ailleurs trompé d'aéroport... Peu importe, j'étais à l'aéroport international ce qui m'aurait permis de monter dans un avion Mumbai-Londres si j'étais arrivé dix minutes plus tôt, me dit le guichetier d'Air India, qui du coup me réserva une place sur les vols du lendemain.

Pour limiter mes dépenses, je demande à un taxi de me déposer à la gare de trains de banlieue Andheri où j'arrive à monter dans un train avec ma valise (pas évident, vu que 6h30 est une heure de grande affluence). Heureusement, le train n'est pas omnibus. Les arrêts dans les différentes stations sont plus longs qu'avec les omnibus (je me demande si la durée des arrêts est inversement proportionnelle au nombre moyen de stations entre les différentes arrêts ?). Je retourne à mon hôtel où je récupère ma chambre pour un jour supplémentaire.

Si j'ai commencé ma journée par quelque pingrerie, mon niveau de dépenses au cours de la journée sera un des plus élevés de tous mes voyages en Inde. Jusque là, mes dépenses moyennes s'élevaient à environ 1250 roupies par jour, cette moyenne incluant le coût des chambres d'hôtel (575 roupies en moyenne). Toutes dépenses comprises, ce mardi, je dépenserai environ 5000 roupies, soit quatre fois plus que j'ai dépensé en moyenne par jour depuis le début de mon voyage. J'ai pourtant été très raisonnable pour le petit-déjeuner : 28 roupies pour un Appam accompagné de lait de coco dans un restaurant servant entre autres des spécialités du Kerala. De même pour le déjeuner, je me contenterai d'un Puri Bhaji (pains frits servis avec des pommes de terre) accompagné d'un lassi et d'un halwa, le tout pour une centaine de roupies. Pour le dîner, j'ai pris un petit sandwich et un café au lait au Café Coffee Day situé près du Regal Cinema, ce qui n'était pas très ruineux non plus. J'ai renoncé à dépenser 125 roupies pour aller voir la pièce de théâtre Karna: The generous warrior (en hindi) au Prithvi theatre à Juhu puisque le site Internet Book my Show refusait ma carte VISA et que le théâtre ne répondait pas au téléphone.

Ce qui m'a perdu, c'est le shopping. La veille, en revenant de Walkeshwar, j'étais passé en bus dans la Kalbadevi Road où se trouvent de nombreuses enseignes vendant des vêtements pour homme : Kurtas, Punjabis, Sherwanis. J'avais eu la flemme de descendre du bus. Étant forcé de rester un jour de plus à Mumbai, je n'avais plus vraiment le choix : il fallait y retourner...

Je ne m'en serai presque pas rendu compte si je n'avais aperçu quelques drapeaux d'un parti de droite et vu les voitures-relais de quelques chaînes d'information équippées de paraboles stationnées près de la gare VT (où j'ai bu un fort bon lassi servi dans un berlingot), mais la circulation dans Mumbai était perturbée par une manifestation politique liée à la suite d'événements ayant marqué l'Inde ces dernières semaines conduisant à l'exode de dizaines de milliers d'Indiens des états du Nord-Est vers leur région d'origine en raison d'un mouvement de panique lié à des rumeurs de violences ethniques propagées par SMS et les réseaux sociaux.

Histoire de ne pas toujours prendre le même chemin, je fais un petit détour pour rentrer à mon hôtel. Je passe ainsi devant le magasin Rhythm House où j'achète quelques CD et DVD pour 1700 roupies. Le rayon de musique hindustanie est rangé, fait en soi inhabituel, et ce par ordre alphabétique du prénom de l'interprète. J'essaie de me souvenir des prénoms des membres de la famille Dagar, et puis je regarde du côté d'Uday. Je choisis les ragas Yaman, et Jog sur la suggestion d'un des vendeurs qui essaie aussi de me faire acheter des disques des Gundecha Brothers. Le rayon de musique classique occidentale ne contient pas que des viennoiseries André-Rieuesque et des récitals pour glottophiles ! J'achète une Lulu avec Christine Schäfer et une Sixième ainsi qu'une Huitième de Beethoven par le Chamber Orchestra of Europe dirigé par Harnoncourt. Je commets là mon unique achat par carte bancaire de tout le voyage.

Le lendemain, je demande cette fois au taxi de me déposer à l'aéroport domestique. J'ai à peine le temps d'apercevoir un éminent mathématicien que celui-ci, vaillant septuagénaire, a déjà disparu avant que je puisse tenter de lui faire un petit coucou. Ne sachant pas très bien quels repas seront servis dans les avions, je grignote par ci par là en dépensant presque toutes mes dernières roupies. À Delhi, je suis sans voix quand je constate qu'on a mis du lait dans le thé au jasmin que j'ai commandé dans un boutique servant des nouilles... Comme cela m'est arrivé un certain nombre de fois, le système d'exploitation commandant l'écran situé devant mon siège plante et devient progressivement presque totalement inutilisable. La prise USB étant la dernière chose à fonctionner encore, je peux écouter de la musique sans que la batterie de mon téléphone se décharge. Je suis finalement arrivé à Orsay jeudi soir.

Séries de photographies : 2012-08-21, Mumbai, 2012-08-22, Delhi.

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Kadri Gopalnath au Shanmukhananda Sabha

2012-08-21 19:10+0530 (मुम्बई) — Culture — Musique — Culture indienne — Voyage en Inde XI

Shanmukhananda Chandrasekarendra Saraswathi Auditorium, Mumbai — 2012-08-18

Padma Shri Dr. Kadri Gopalnath, saxophone

Kumari A. Kanyakumari, violon

B. Harikumar, mridangam

Rajendra Nakod, tabla

B. Rajashek, morsing

Mon train Jalgaon-Mumbai ayant eu du retard, je me suis dépêché d'aller à VT pour monter dans un train en direction de King's Circle, la station à côté de laquelle se trouve la salle de spectacle Shanmukhananda Sabha. Cette salle de 500 places est apparemment dédiée à la musique carnatique. Étonnamment, elle sera pleine pendant le concert. Aux poudres de tikkas décorant les fronts des spectateurs et aux fleurs accrochées aux cheveux des dames, il est aisé de comprendre que la plupart des rasikas venus à ce concert sont originaires du Sud de l'Inde, comme mon voisin Anantharaman, retraité de l'industrie pétrolière offshore dont la famile tamoule était installée au Kerala avant de venir à Bombay il y a soixante ans.

Quand le rideau s'ouvre, un interminable hymne dans le style carnatique se fait entendre. Comme cela sera annoncé ensuite, cet hymne a été écrit tout spécialement pour les soixante ans de la salle de spectacle et est diffusé au début de chaque concert au cours de cette année de jubilé.

Le saxophoniste Kadri Gopalnath est suffisamment renommé pour avoir reçu le titre de Padma Shri. Il est accompagné par la violoniste Kumari A. Kanyakumari qui détiendrait un record du monde : elle a joué du violon continûment pendant 29 heures !

Pendant ce concert de trois heures sans entr'acte, Kadri Gopalnath a joué une douzaine de morceaux de musique, huit étant très brefs (moins de cinq minutes) et quatre étant plus développés : Raga Alapana, Pallavi. La première partie (homologue de l'Alap) est très courte, pas plus de cinq minutes. Un thème accompagné par les percussions est joué ensuite et sert de base à l'improvisation et revient régulièrement sous sa forme originale.

Le flux musical sortant du saxophone est assez planant. Le rôle principal de la violoniste est comme dans la musique vocale de reproduire la mélodie et le phrasé du soliste. Le son de l'instrument dont on n'aura entendu pratiquement que le registre grave me paraît très étrange, rêche, comme une flûte enrouée. Le timbre est curieusement proche de celui du saxophone. Parfois, sans regarder les musiciens, j'aurais du mal à savoir qui joue quoi.

Les musiciens ont une manière de clapper le tal qui est différente de ce que j'ai vu voir précédemment. Plutôt que de simples frappes de la main sur le genou, ils utilisent de façon plus complexe leur main et leurs doigts. Le joueur de morsing dont le son de l'instrument est couvert par les autres me paraît immédiatement sympathique par sa façon de clapper nonchalamment le tala de la main droite. Il clappe d'ailleurs parfois la blanche ou la blanche pointée plutôt que la noire, comme dans ce curieux tala à 24 temps (une répétition huit de Clap-Clap-Rien- où les Clap-Clap successifs sont accentués différemment).

Le raga le plus développé, le dernier, a duré 1h10. Dans son solo, la violoniste fait pour la première fois entendre quelques aigus. Le très beau thème joué par le saxophoniste revient très régulièrement au cours du développement. Comme dans la plupart des concerts de musique carnatique auxquels j'ai assisté, tous les musiciens se voient donner la possibilité de jouer un solo dans le dernier raga et plusieurs combinaisons de jeux de questions et réponses entre les musiciens peuvent être envisagées. Il y aura ainsi un jeu de questions et réponses entre le saxophoniste et la violoniste. L'un joue sur les huit premiers temps d'Adi Tala et l'autre lui répond dans la deuxième moitié du cycle. Progressivement, ils se répondent en jouant chacun pendant un nombre de temps de plus en plus réduit. On passe ainsi de 8+8 à 4+4, 2+2 et 1+1. À la fin, on passait de l'un à l'autre tellement vite qu'ils ne jouaient plus qu'une seule note, peut-être seulement sur la moitié d'un temps ?

Après les solos de mridangam et de tabla est intervenu le solo de morsing, la guimbarde du Sud de l'Inde. Cela n'a duré que cinq minutes mais cela a été un moment pour moi tout à fait inouï ! On pouvait enfin entendre l'instrument qui ne pouvait jusque là être distingué qu'en se focalisant sur lui. Le début du solo était bon, mais dans la suite le musicien a fait exploser les limites de l'instrument. C'était incroyable, le public et les autres musiciens étaient extrêmement enthousiastes. Beaucoup s'exclamaient en disant Shabash !.

Les mridangam, tabla et morsing seront ensuite réunis pour un trio rythmique. Dans ce jeu de questions et réponses à trois, chacun jouait pendant quatre temps, puis deux puis un seul.

Après les quatre ragas développés, le saxophoniste et les autres musiciens ont joué des compositions plus courtes. J'en ai même reconnu une, Brahmam Okate. Cela ne se compare pas trop défavorablement à une interprétation vocale.

Si je n'ai pas été autant satisfait que par les concerts de musique carnatique vocale, je suis plutôt content d'avoir assisté à ce concert.

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Mumbai

2012-08-21 11:00+0530 (मुम्बई) — Culture — Cinéma — Culture indienne — Voyage en Inde XI

J'ai pris mon train pour Mumbai à Jalgaon samedi matin. En arrivant dans le hall, je vois Abhijit et Swati. Après qu'ils ont acheté un ticket, j'attends avec eux que le train de Swati pour Khandwa arrive : elle va rendre visite à sa mère. Je dois insister aurpès d'Abhijit pour qu'il ne se sente pas obligé d'attendre que mon train arrive (il s'agit du Mahanagari Express que j'ai déjà pris plusieurs fois et aujourd'hui encore il est en retard, de seulement une heure et demie). En effet, le sens de l'hospitalité des Indiens n'est pas une légende. Par exempe, à chaque fois que j'ai eu quelque activité commune avec des Indiens, ils ne m'ont jamais laissé payer ma part...

Depuis le train, je vois de nombreux bœufs qui portent les traces de la fête qui leur a été consacrée la veille. Ce jour-là, on ne les fait pas travailler, on change leur attelage, on les décore, on renverse des couleurs sur leur corps, etc. Deux bouviers parcouraient la rue où habitent Shrikant et Shubhada et passaient de maison en maison. Shrikant et Shubhada leur ont versé de l'eau sur les sabots, mis du tikka sur le front, donné des restes de repas à manger et des graines que le bouvier a mis dans un sac.

À Manmad, une famille s'est installée près de moi. Les enfants et les dames dans mon compartiment de Sleeper Class et les hommes un peu plus loin. J'ai rarement vu un tel sagouinnage. Des chips et autres aliments étaient renversés partout. On donnait à manger ou à sucer aux enfants des choses qui étaient tombées par terre, comme cette tétine à peine essuyée. Seule la plus jeune des trois femmes ne chique pas le bétel. En face de moi, une des femmes crachait régulièrement un jus rouge par la fenêtre. Évidemment, cela dégoulinait un peu sur les barreaux. Pesant un bon quintal, elle utilisait un pan de son sari comme mangeoire. Par ailleurs, cela braillait pas mal. Pour avoir un peu la paix, je suis monté sur la couchette du haut.

L'arrivée à Mumbai permet de constater encore une fois l'étendue et la progression de la ville vers le Nord. Partout, on construit de nouveaux grands immeubles. La voie longe aussi des slums. Ces habitations n'ont manifestement rien de temporaire puisque des toits de tôle dépassent de nombreuses paraboles.

Je suis arrivé vers 16h à la gare Victoria Terminus (CST). Moins de deux heures plus tard, j'étais dans une salle de spectacle pour assister à un concert de musique carnatique. Il m'a donc fallu me dépêcher : trouver un horaire des trains de banlieue, ce qui m'a demandé de passer par plusieurs guichets et vendeurs de livres, passer rapidement à mon hôtel situé entre Churchgate et VT, comprendre comment fonctionnaient les trains locaux partant de VT (je n'avais jusque là pris que ceux partant de Churchgate). Les Indiens sont censés être bons en informatique, mais un général l'affichage dans les gares est fait en dépit du bon sens. Un écran affiche la liste des prochains trains, mais sans les numéros de voie et à 17h23, le train de 17h22 disparaît de l'écran même si le train a plusieurs minutes de retard... Il semblerait que les trains de la ligne qui m'intéressait (Harbour line) n'utilisent que les voies 1 et 2. Évidemment, ce n'est indiqué nulle part.

Le lendemain après-midi, je vais voir Ek Tha Tiger au cinéma Regal. Le public se lève quand retentit l'hymne national indien. Entre deux bandes-annonces passe une diapositive publicitaire pour un programme de musique classique occidentale au NCPA. Le film est meilleur que je ne l'aurais imaginé. Salman Khan joue le rôle d'un agent secret indien ayant Tiger pour nom de code. C'est un mélange de James Bond et de MacGyver. Il tombe amoureux d'une agent pakistanaise. L'apparition de Katrina Kaif (Zoya) se fait sur une sorte de remake de la marche des aspirateurs (Mats Ek). Après quelques acrobaties en Irak, l'action se passe à Dublin. Dans son temps libre, Zoya fait de la danse. Lors d'une répétition pour les lumières dans un théâtre, les personnages de Zoya et Tiger sont censés danser une valse de Strauss. On les voit adopter la position standard du haut du corps pour cette danse et puis plus rien, ils ne font même pas semblant de prétendre danser la valse. Dans la deuxième partie du film, la même musique retentira et de même ils ne prétendront même pas essayer de danser. (Cela dit, dans le même ordre d'idées, quand inversement Shahrukh Khan joue du violon dans Mohabbatein, il est ridicule...)

Je passe la soirée chez mon amie Supriya, son mari Amit et leur fille Mugdha que je n'avais vue qu'à la maternité à Pune et qui a maintenant un an.

Mardi, j'ai pris un repas au Golden Star Thali. Pour 340 roupies (TTC), ce qui est plutôt cher pour un repas, on peut avoir un thali absolument exceptionnel. Je pense que c'est le meilleur parmi tous ceux que j'ai mangé au cours de mes voyages. Parmi les nombreux plats faisant partie du thali (beignets, lentilles, riz, pulao, jalebis et autres gâteaux, etc), il y en avait un de particulièrement sensationnel, sucré et piquant. Le restaurant se trouve tout près de la station Charni Road (Est). De là, je suis allé au New Kulfi Centre (je n'envisage pas un séjour à Mumbai sans une petite visite à cet établissement).

J'ai ensuite pris un bus depuis Chowpatty Beach jusqu'à Walkeshwar, qui se trouve non loin d'une des extrémités de la baie. J'apprécie cet endroit que j'ai déjà visité plusieurs fois. Les habitations simples et les petits temples contrastent avec la modernité environnante. Au centre de ce quartier se trouve un lac artificiel entouré de ghats, le Lac des cygnes. On y voit en effet de nombreux cygnes de différentes couleurs. Plusieurs cérémonies religieuses se déroulaient au bord du lac quand je suis arrivé. En repartant, je prends un lassi dans un boutique que j'avais déjà fréquentée auparavant. Sur le panneau en marathi affichant les prix des différents produits frais vendus, le prix du lassi est curieusement écrit, le chiffre des dizaines utilisant les chiffres devanagaris et celui des unités ceux de l'alphabet latin.

J'ai pris un bus qui m'a fait traverser une bonne partie de la ville. Le nom des destinations n'est écrit qu'en marathi à l'avant des bus. En outre, les lieux ne sont pas forcément identifiables. À l'aller, pour aller à Walkeshwar, j'avais pris un bus pour Kamala Nehru Park. Pour descendre à Colaba, le terminus était Electric House. Dans certains arrêts de bus (pas tous...), les arrêts principaux des bus sont indiqués sur un panneau écrit uniquement en marathi. Bref, prendre un bus à Mumbai n'a rien d'évident, et encore je passe sous silence les difficultés pour monter ou descendre du bus et pour se faire comprendre de la personne qui vend les billets à bord du bus...

Séries de photographies : 2012-08-18, Mumbai, 2012-08-19, Mumbai, 2012-08-20, Mumbai.

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Jalgaon, Aurangabad, Daulatabad

2012-08-19 12:31+0530 (मुम्बई) — Voyage en Inde XI

Je suis arrivé jeudi matin à Jalgaon pour passer trois jours avec la famille Deshpande (que j'avais rencontrée en 2007 et que j'avais revue en 2008). Depuis, Anagha s'est mariée et habite maintenant à Pune, Rohit est parti il y a une semaine pour travailler à Vadodara (Gujarat) et Aniket travaille depuis un mois à Aurangabad. Il est arrivé quelques heures avant moi dans la nouvelle maison de ses parents.

Shubadha a encore préparé des plats absolument délicieux, tel ce kheer à manger avec des puris. Le premier jour, qui était un jour férié (anniversaire de l'Indépendance), quelques amis de la famille ou cousins sont venus voir la famille et discuter avec moi, comme Shashank et son père Ramesh. Le neveu de Shrikant, Abhijit et son épouse Swati ont également passé la journée avec nous et ils sont venus en moto avec Aniket et moi quand nous sommes allés au Ahimsa Tirtha, un lieu promouvant le principe de l'Ahimsa (non-violence, envers les animaux notamment) en étant une étable géante. J'y étais déjà allé avec Aniket. Cette fois-ci, il y a davantage de visiteurs et le lieu est plus animé. Nous donnons un peu d'herbe aux vaches. Dans un temple dédié à Govinda (Krishna bouvier), quelques vaches entourent la divinité, un des meilleurs spécimens de chaque race est ainsi mis en valeur. Deux représentations de tirthankars jaïns sont également visibles vers l'entrée du site.

Le lendemain, je me réveille à 4h45 pour attendre la voiture qui est censée passer à 5h30 pour nous conduire, Shrikant, Shubhada, Aniket, le jeune Tejas (prononcer Tédjious, un cousin) et moi à Aurangabad. La voiture aura une heure et demie de retard au démarrage... Alors que j'attends dans le hall de l'hôtel Plaza (très recommandable et peu cher), je vois les touristes (tous étrangers) quitter leur chambre au compte-goutte pour rejoindre la gare voisine ou l'arrêt de bus. L'hôtelier est extrêmement sympathique, il m'a même offert un thé pendant que je lisais le journal. Il est presque trop prévenant...

Après un arrêt pour prendre un petit déjeuner, nous arrivons à Aurangabad. Le pilote est très prudent. Aucun dépassement de fou n'a été à signaler. La route était également peu encombrée. Le saint Sai Baba de Shirdi semble extrêmement populaire. Beaucoup de petits restaurants au bord de la route ont un nom inspiré par lui, comme Hotel Baba, Sai Hotel, Hotel Sai Baba, etc. Un jeu de mots s'est glissé dans le nom Hotel Sai Dhaba, Dhaba étant un mot pour désigner ces petits restaurants.

Le chauffeur vient pour la première fois à Aurangabad, il faut donc en permanence lui indiquer le chemin. Le premier endroit que nous visitons à Aurangabad est le Ramakrishna Ashram. La famille Deshpande vénère Ramakrishna, son disciple Swami Vivekandanda et Sri Sarada Devi et sont actifs dans l'organisation de cette secte (le terme ne doit pas être pris ici dans son sens péjoratif). Un temple est en construction. La maquette ressemble au temple de Ramakrishna situé à Belur Math (Kolkata) qui est le centre de l'organisation. Tous les membres de la famille se mettent à plat sur le sol devant les quatre Swamijis habillés couleur safran que nous voyons (notre chauffeur, fils de fermier, fait aussi de même ; il partagera d'ailleurs tous nos repas et snacks, ce qui m'a agréablement surpris). Je me contente de joindre les mains en disant Namaskar. Le moine en chef de cette branche de la mission Ramakrishna distribue des petits gâteaux aux personnes qui viennent le voir (ils étaient fichtrement bons, d'ailleurs). Outre ses connaissances dans le Vedanta, il connaît bien la région d'Aurangabad et nous fait des suggestions touristiques.

Après avoir déjeuné dans un bon restaurant, nous allons récupérer des affaires chez la sœur d'Abhijit où Aniket séjourne depuis un mois. Nous allons les déposer dans la nouvelle chambre qu'Aniket va occuper, un très modeste 10 m² avec salle de bain commune dans un quartier résidentiel aux rues très étroites et pas tout à fait adaptées à la circulation routière.

Nous allons ensuite visiter le Fort de Daulatabad qui est situé à moins de 15 kilomètres d'Aurangabad. La visite n'est pas extraordinairement intéressante... On grimpe la colline, on fait le tour du bâtiment situé non loin du sommet et on redescend en faisant un détour par le Bharat Mata Temple, un temple dédié à la Mère Inde curieusement inséré dans cette architecture indo-musulmane. Une des curiosités de la visite est le passage obscur qui donne accès à la citadelle. La première partie peut être contournée par un escalier, la deuxième non.

Nous revenons à l'ashram de la mission Ramakrishna où nous assistons à l'aarti. Nous sommes un trentaine de personnes dans ce temple provisoire tapissé de rouge. L'officiant est vêtu de blanc et présente la flamme devant les photographies de Ramakrishna, Vivekananda et Sarada Devi. Pendant ce temps, un chanteur s'accompagnant à l'harmonium chante des prières reprises par une partie de l'assemblée. Le début utilisait un registre très grave. Progressivement, des notes plus aiguës se sont fait entendre. Un swamiji s'est ensuite installé sur une chaise en face de l'assemblée et a prononcé un long, très long, discours en marathi. Pendant plus d'une heure, aucun mot anglais ne s'est immiscé dans sa langue. Je n'ai donc strictement rien compris si ce n'est qu'il était question d'un Swami Advaitananada Maharaj à propos duquel Shrikant m'a expliqué le lendemain que c'était un des disciples directs de Ramakrishna qui était devenu moine à un âge avancé après la mort de sa femme.

Nous sommes rentrés après un peu plus de trois heures de route vers une heure du matin après avoir pris une collation chez la sœur d'Abhijit où Aniket restera ce soir dormir avant d'emménager le lendemain dans sa nouvelle chambre. Mon cher hôtelier était un peu inquiet...

Le lendemain, nous étions tous très fatigués et nous avons annulé l'excursion envisagée (500 kilomètres en voiture en deux jours, cela aurait été un peu beaucoup...). Je passe donc l'après-midi avec Shrikant et Shubadha (fantabuleux repas, sieste, visite du président de l'association Ramakrishna locale dont Shrikant est secrétaire-trésorier, séries télévisées marathi...).

Séries de photographies : 2012-08-15, Bhopal, 2012-08-15, Jalgaon, 2012-08-16, Daulatabad.

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Bhimbetka, Sanchi, Islamnagar

2012-08-14 17:06+0530 (भोपाल) — Voyage en Inde XI

Ces trois derniers jours, j'ai fait trois petites excursions dans les environs de Bhopal. Dimanche, je suis parti en direction de Bhimbetka, assez tardivement parce que lors de mes premiers jours à Bhopal, j'étais plus ou moins sur le fuseau horaire de Londres. Le bus faisant en outre quelques arrêts prolongés (on a mis trois quarts d'heure à sortir de Bhopal), je ne suis arrivé à l'embranchement de Bhimbetka que vers 15h30 et il a encore fallu marcher 3 ou 4 kilomètres sur une petite colline avant d'arriver au site proprement dit. La quinzaine d'abris rocheux est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Ils arborent des peintures préhistoriques blanches, rouges et ocres représentant des animaux et des scènes de chasse. Il faut parfois vraiment chercher avant de trouver les peintures qui ne se révèlent parfois que sur l'écran de l'appareil photo.

Lundi, je suis allé à Sanchi, un des sites bouddhiques les plus importants de l'Inde, initialement construit par Ashoka (troisième siècle avant l'ère commune). Le site a fait l'objet d'ajouts successifs et d'après les photographies anciennes présentées dans le musée, la restoration des stupas qui a été faite s'apparente largement à une reconstruction.

Le monument le plus important le grand stupa (nº1). On y accède par quatre portes richement sculptées sur lesquelles on peut reconnaître des symboles utilisés par l'Union Indienne (quatre lions, la roue du dharma).

Après cette visite, je me rends compte que j'ai à peu près fait le tour de l'ensemble des sites culturels classés au patrimoine mondial de l'Unesco et situés en Inde.

Enfin, mardi, j'ai pris un tempo pour aller à Islamnagar, une enceinte fortifiée envahie par la végétation et la boue dans laquelle on peut voir deux palais du XVIIIe siècle : Rani Mahal et Chaman Mahal. Toutes les portes ou presque sont fermées. Le palais le plus intéressant est le Chaman Mahal. Il comporte un petit hammam et il donne sur un beau jardin dans lequel j'ai passé un peu de temps à faire des photographies de papillons.

Séries de photographies : 2012-08-12, Bhimbetka, 2012-08-13, Sanchi, 2012-08-13, Bhopal, 2012-08-14, Islamnagar.

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Pandit Ajay Pohankar au Bharat Bhavan

2012-08-13 19:37+0530 (भोपाल) — Culture — Musique — Culture indienne — Voyage en Inde XI

Bharat Bhavan, Bhopal — 2012-08-11

Pandit Ajay Pohankar, chant

Raga Behag

La salle de spectacle de Bharat Bhavan était presque vide quand je suis entré. Je me suis ainsi assis sur un coussin au centre du premier rang. La salle va se remplir progressivement jusqu'à être tout-à-fait pleine (environ 200 spectateurs). La moyenne d'âge est étonnamment basse : beaucoup ont moins de trente ans.

Le raga principal du concert sera Behag. Il va durer environ 45 minutes. L'Alap ne durera pas plus de 10 minutes. La partie principale du raga sera la demi-heure qui va suivre : des improvisations accompagnées par le percussionniste (tablas) et par les autres musiciens (un harmonium, deux tampuras). Le chanteur qui s'accompagne avec une sorte de harpe parle beaucoup (en hindi). Il explique différentes techniques. Il fait ainsi du Sargam bien hâché khyalisant ou au contraire très lié (dans la tradition de Bénarès si j'ai bien suivi ce qu'il a dit). À la fin de certains cycles rythmiques (Chautal ?), il fait signe au percussionniste en marquant l'accent avec un air très satisfait. Il conclut ce raga par une composition de cinq minutes de son guruji.

Il chante ensuite un thumri (?) à quatorze (?) temps en l'honneur de Ganesh (?) pendant un quart d'heure, puis enchaîne avec un Bhajan dédié à Krishna : Govind jay jay Gopal jay jay. Le public se met à battre des mains et à chanter le refrain. Le chanteur a même fait venir sur scène quelques femmes du public pour l'accompagner.

Après ce moment fort du concert, Ajay Pohankar chante la musique d'un film avec Salman Khan, si j'ai bien compris ce qu'il a expliqué à propos de l'apparente contradiction entre la tradition incarnée par son père et la modernité apportée par son fils. C'était bollywoodisant, mais pas trop.

Pour conclure ce concert d'une heure et demie, il a joué un morceau d'un CD récent thumri funk, un peu new age, d'après ses propes dires.

Globalement, ce concert était un agréable moment à passer, mais pas terriblement exaltant...

Série de photographies : 2012-08-11, Bhopal.

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Bhopal

2012-08-13 19:36+0530 (भोपाल) — Voyage en Inde XI

Samedi après-midi, je suis allé visiter quelques sites islamiques de Bhopal. Je me suis arrêté dans un cimetière de Hamidia Road. Quelques belles tombes cotoyent d'autres laissées à l'abandon. Une tombe placée dans un mausolée est recouverte de déjections d'oiseaux.

Après une petite marche, je peux visiter la Waqf Darul Uloom Tajul Masjid qui est une vaste mosquée à deux grands minarets et trois dômes blancs. J'ai parcouru ensuite un quartier musulman dont le dédale de ruelles animées renferme de nombreuses mosquées et boutiques. Beaucoup de femmes sont voilées et parmi elles un certain nombre portent le niqab.

De là, je me suis fait déposer au State Museum en rickshaw. L'architecture du bâtiment est intordable. On y voit des sculptures hindoues, jaïnes et bouddhiques, quelques miniatures, des pièces, des armes, des défenses d'éléphant, des bronzes jaïns, les empreintes de pieds de Nehru, des tissus, des instruments de musique, un paravent, etc.

Je me dirige à pieds vers Bharat Bhavan, un centre culturel situé à proximité du Upper Lake, le plus grand lac de Bhopal. J'apprends qu'un programme de musique est prévu une heure plus tard. Je patiente au café avant de découvrir en entrant dans la salle qu'il s'agira d'un concert de musique hindoustanie par Pandit Ajay Pohankar.

Après le concert, je décide de rentrer à mon hôtel à pieds. Pour traverser un grand quartier dans la direction Nord-Est, j'applique la stratégie Une rue vers l'Est, une rue vers le Nord. Quand je pense être arrivé non loin de mon but, satisfait d'avoir réussi à éviter la boue, je fais l'erreur de demander mon chemin. Alors qu'en continuant tout droit je serais sans doute aussi arrivé à destination, on m'a indiqué un chemin qui s'avère on ne peut plus boueux...

Série de photographies : 2012-08-11, Bhopal.

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Indore

2012-08-10 19:50+0530 (भोपाल) — Voyage en Inde XI

La ville d'Indore ne présente guère d'intérêt si ce n'est d'être située entre Ujjain, Mandu et Bhopal. Les rues des quartiers misérables sont envahies par la boue tout comme certains grands axes. Même les grandes rues se croisant à angles droits autour de M. G. Road sont désagréables pour les piétons puisqu'il n'y a pas de trottoirs. Les feux ne sont presque jamais au rouge pour les véhicules, ce qui complique encore la traversée des carrefours.

Quelques grands complexes commerciaux (Malls) ont ouvert. Alors que je suis en train de boire un café au lait, un étudiant en informatique vient me demander la permission de discuter avec moi pendant une demi-heure. Ayant du temps à tuer avant d'aller dîner, j'accepte. Il me parle d'abord de Computer Literacy. Au début, cela donne l'impression qu'il a un exposé à faire et qu'il a envie de le répéter et puis je comprends vite qu'il essaie de me faire adhérer à un site pyramidal : on paie pour entrer mais on récupère une commission à chaque nouvelle inscription que l'on suscite. Il me montre fièrement le chèque de 2700 roupies qu'il a obtenu ainsi...

Je vais dîner à l'hôtel Apna Avenue où j'avais séjourné il a sept ans. Précédemment, au cours de ce voyage, j'ai eu l'occasion de manger quelques plats très piquants, notamment à Ujjain. Je m'attendais à ce que le Veg. Hyderabadi Biryani que j'ai commandé le soit encore plus, mais je l'ai trouvé insipide. Il y a sept ans, j'avais trouvé ce plat immangeable : cela avait d'ailleurs été l'unique fois où je n'avais pas pu prendre plus que quelques bouchées d'un plat en raison de son caractère piquant.

Jeudi, je me contente de visiter le palais de Lal Bagh qui s'appelle maintenant Nehru Centre. Il s'agit du palais où vécut jusques assez récemment la famille Holkar. En dehors d'une salle à manger de style indien, toutes les salles sont décorées dans un style européen et même plus spécifiquement français. Les sculptures et les peintures représentent la mythologie gréco-romaine. C'est magnifique, mais le ticket d'entrée de 250 roupies est un peu cher pour un bâtiment dont on fait le tour en un quart d'heure.

Non loin de là, j'ai vu un panneau rouge indiquant en hindi la direction du Mâ Vaishno Devi Mandir. Quelques bifurcations et autant de panneaux fléchés plus loin, une sorte de parc d'attractions se présente à mes yeux, mais il s'agit d'un temple reconstituant la grotte d'un temple plus authentique situé dans l'état de Jammu & Kashmir. Bizarremment, il faut enlever sa ceinture. À un moment, il faut presque ramper pour avancer. Je ne sais plus qui m'avait dit que pour faire fortune en Inde, il suffisait de construire un temple... À quelques dizaines de mètres de là se trouve un temple sikh. N'ayant rien pour me couvrir la tête, je n'y entrerai malheureusement pas.

J'ai dîné dans le restaurant d'un grand hôtel (Shrimaya). La nourriture était très bonne, mais il m'a été impossible d'obtenir un thé comme je l'aurais voulu, à savoir que l'on me serve séparément l'eau chaude et le sachet de thé... Le thé arrive toujours beaucoup trop infusé. Pourtant j'avais bien insisté quand j'avais dit que ce n'était pas un Pot Tea que je voulais...

Je viens d'arriver à Bhopal. Avant de s'arrêter à la gare, le train traverse un vaste slum situé tout près de l'ancienne usine d'Union Carbide...

Séries de photographies : 2012-08-08, Indore, 2012-08-09, Indore, 2012-08-10, Bhopal.

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Mandu, sous la pluie

2012-08-09 14:08+0530 (इन्दौर) — Voyage en Inde XI

Dimanche après-midi, je me suis baladé dans le dédale des rues d'Ujjain. J'en suis sorti tout près du Gopal Mandir, ce qui m'a permis de boire encore un excellent lassi non loin de là.

Le lendemain matin, je suis monté dans un bus à destination d'Indore. Les bus ne manquent pas, mais il faut en trouver un qui ne soit pas déjà plein, ou plus précisément qui ait encore des places assises, parce que le bus ne démarre pas avant qu'il ne reste plus de places debout. Ma véritable destination est Mandu, donc après 1h30 de route à vive allure (des pointes à 65 km/h environ), je me dirige vers une autre gare routière d'Indore où je prends un bus pour Dhar. Entre Indore et Dhar se trouve Pithampur : de tous côtés se dressent des usines.

Après un dernier changement à Dhar, j'arrive enfin à Mandu après environ six heures de route. Mandu est un endroit absolument superbe, autant par ses vestiges architecturaux que par son cadre naturel : un vaste plateau entouré de verdure.

Peu d'hôtels sont disponibles à Mandu. Aucun n'est bon marché. Le minable Hotel Maharaja est à éviter absolument. C'est le moins cher : 700 roupies, ce qui est très excessif pour une chambre dans laquelle on n'a même pas fait semblant de faire le ménage, où l'on est pas sûr d'avoir de l'eau et encore moins d'électicité (les coupures sont fréquentes dans le village). Je suis resté 5 minutes avant de m'en aller après avoir obtenu le remboursement de ce que j'avais avancé.

Les deux hôtels du département du tourisme de l'état du Madhya Pradesh sont chers (tout comme celui que j'ai vu à Ujjain). Dans celui situé au Nord (Malwa Retreat), les prix commencent à 1290 roupies. Celui du Sud (Malwa Resort) est encore plus cher. Dans le village, près du temple jaïn, un hôtel présentant bien applique vraisemblablement des tarifs similaires.

La meilleure option doit être celle que j'ai choisie : l'hôtel Rupmati, situé tout près de la porte Nord de Mandu. Les prix commencent autour de 1000 roupies. Pour 1200 roupies, j'ai pu aoir un des plus belles chambres parmi toutes celles que j'ai eues au cours de mes voyages en Inde. Une porte donne sur une terrasse d'où on a une très belle vue sur la vallée.

Les monuments les plus spectaculaires de Mandu datent du XVe ou du XVIe siècle. Le plus remarquable me semble être le tombeau de Hoshang Shah, fini en 1440. Fait de marbre blanc, c'est manifestement un précurseur du Taj Mahal, construit deux siècles plus tard. Dans beaucoup de monuments, quelques traces de pigments bleus subsistent. Quelques peintures se laissent encore deviner. Les motifs utilisés (floraux) sont assez simples. De ce point de vue, on est loin de la richesse des motifs et arabesques incrustées dans le marbre à Agra et à Delhi. Très peu de calligraphies sont visibles. Il m'empêche que l'ensemble de tous ces monuments (mausolées, palais, caravansérails, etc) est exceptionnel. Cela vaut au moins autant le déplacement que Golconde (près de Hyderabad) ou Bijapur.

Les souverains de Mandu venus d'Afghanistan aimaient manifestement les bains. De nombreux bassins subtilement conçus ornent plusieurs monuments. Dans l'enclave royale, on peut même admirer un hammam contenant trois petites pièces surmontées de coupoles percées d'ouvertures tout comme aux bains Király ou Rudas à Budapest !

Les divers monuments sont dispersés dans Mandu et au voisinage, sur la route de Dhar. L'accès à trois groupes de monuments est payant (100 roupies pour chacun), ce qui permet de les visiter sur plusieurs jours.

Le jour de mon arrivée, en fin d'après-midi, j'ai visité le groupe de trois monuments du village (la Jami Masjid, la madrasa Ashrafi Mahal et le tombeau de Hoshang Shah) et me suis dirigé à pieds vers le palais de Nilakantha qui est accessible après une assez longue marche (les touristes indiens y allaient en moto ou en voiture : aucun rickshaw ne circule dans Mandu !). Je suis rentré à la tombée de la nuit.

Le lendemain matin, il pleut très fort. Voyant que cela n'allait pas s'arrêter, je décide au bout d'un moment d'aller explorer les monuments dispersés dans Mandu en terminant par le palais de Rupmati, tout au Sud, me gardant les monuments de l'enclave royale pour un moment où il ne pleuvra plus. La pluie ne discontinuera pas. (À Bhopal, on aura enregistré 15 centimètres de précipitations en 24 heures !). De temps en temps, une bourrasque de vent menace de faire s'envoler mon parapluie, qui s'est retourné un nombre incalculable de fois.

Les dômes des monuments se perdent dans le brouillard. Si j'ai vu certains d'entre eux, ce n'est que grâce aux panneaux indiquant le chemin (et un certain nombre d'entre eux ne sont écrits qu'en hindi...). Mis à part les villageois et les enfants venus s'y abriter ou y jouer, je suis l'unique visiteur des monuments dispersés dans Mandu. Cela dit, je me serai volontiers passé de la compagnie des trop nombreux chiens qui traînent un peu partout et qui sont plus agressifs que les chiens des villes.

Les groupes de touristes indiens (qui ne m'inspirent pas tous la plus haute sympathie) ne deviennent visibles que lors de ma visite des palais de Baz Bahadur et de Rupmati. Ce dernier ne m'est visible que pendant quelques instants au gré des caprices du vent. Lorsque je passe sous ses voûtes, la lumière est comme irréelle du fait de l'humidité ambiante. Un vent très fort souffle entre les deux kiosques situés au dernier étage du palais à tel point que le k-way d'un des touristes indiens s'est envolé !

Quand je redescends de ce palais, la pluie se met subitement à se faire extrêmement violente. Ne me voyant pas endurer cela pendant les deux heures que prendrait un retour à pieds, je demande la permission de m'incruster dans le car loué par un groupe d'Indiennes. Après dix courtes minutes pendant lesquelles le car n'aura cessé d'éclabousser les deux côtés de la route, j'arriverai à la Jami Masjid. Très curieusement, la pluie se sera arrêtée et je pourrai aller visiter l'enclave royale et rentrer à mon hôtel pour dîner juste avant la tombée de la nuit. Ces circonstances auront fait que je n'aurai pas eu à prolonger mon séjour à Mandu !

Le lendemain matin, avant de partir en bus, je suis allé voir les portes d'accès successives à Mandu, jusque vers l'Alamgir Darwaza. Au loin, quelques mausolées dispersés s'insèrent dans le vert paysage. La curieuse inclinaison des sièges dans les deux bus que je vais prendre pour rejoindre Indore rendent ce voyage assez fatigant. La route empruntée entre Dhar et Indore est différente de celle de l'aller. On n'a pas cessé de jongler entre des routes à moitié finies et des déviations, alors que les précipitations des jours précédents font que j'ai vu des vendeurs de pan en bottes les pieds dans l'eau. Dans le bus, j'entends une sonnerie, c'est le thème de la Truite de Schubert !

Séries de photographies : 2012-08-06, Mandu, 2012-08-07, Mandu, 2012-08-08, Mandu.

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Ujjain

2012-08-05 17:37+0530 (उज्जैन) — Voyage en Inde XI

Je suis arrivé à Ujjain d'assez mauvaise humeur, ayant peu dormi dans le train de Jhansi. Un certain nombre de choses m'ont agacé dans cette ville d'Ujjain qui était déjà mentionnée dans la littérature indienne ancienne.

La rue passant devant la gare est poussiéreuse

Il ne fait pas bon marcher dans cette rue tant on se prend de la poussière et des gaz d'échappement en permanence. Cela dit, c'est moins affreux que dans la rue principale de Jhansi d'où je viens.

Cette rue est semble-t-il en cours d'élargissement. Du côté Nord de la route, c'est en effet comme si tous les bâtiments avaient été rabotés au bulldozer pour faire de la place.

Mon premier repas s'est réduit à un lassi et à de l'eau

J'avais commandé quelque chose et 35 minutes plus tard, rien n'était arrivé. Quand d'autres ont été servis en moins de deux minutes, j'ai fait un petit scandale et je suis parti.

La ville ignore l'usage du papier-toilette

Pas la peine d'en demander, les habitants ne comprennent pas la question. Penser à dévaliser les restaurants chics : en cas de pénurie, les serviettes en papier pourraient faire l'affaire.

Le pire de la (dés)organisation à l'indienne règne au temple Mahakaleshwar

Ce temple abrite un des douze jyotirlingams dans une salle souterraine. Ces lingams sont censés s'être formés naturellement.

Le site est contrôlé par la police. À l'entrée principale, un gradé engueule tout le monde. Les barrières sont ouvertes et fermées dans un manège incompréhensible. J'essaie de trouver un autre passage du côté Nord, mais je n'arrive qu'à me défaire de mes chaussures. Je comprends enfin que les rares personnes qui entrent on un ticket. Je vais au guichet. On me dit d'attendre One O'clock (sic), ce qui ne veut rien dire. J'essaie de demander en hindi à quelle heure ça ouvrira, on me répond que le temple est en train d'être nettoyé et que je dois attendre qu'il soit trois heures. Tout est faux parce que moins de cinq minutes plus tard, il distribue des billets en rouspétant parce que les gens n'ont pas la monnaie. Il ne faut pas s'en étonner vu que le prix est de 151 roupies. Muni du précieux sésame dont j'ignore le privilège qu'il confère au juste (Vishesh Darshan Bhent est-il écrit en hindi) puisqu'il me semblera découvrir par la suite une autre entrée (gratuite ?) du côté Sud, je n'ai pas pu rentrer immédiatement puisqu'il m'a encore fallu déposer mon sac dans un casier. À chacune de ces démarches, j'ai dû passer par un dédale de barrières...

À part ça, le temple n'a rien d'exceptionnel. Les fidèles sont maintenus à plus d'une dizaine de mètres du fameux lingam. Certains obtiennent de pouvoir s'asseoir quelques instants à environ cinq mètres de la pièce abritant le lingam posé sur un yoni richement décoré. J'ignore combient de roupies ils ont dû payer pour cela. Des téléviseurs disposés un peu partout diffusent l'image du lingam.

L'enceinte du temple renferme un très grand nombre de sanctuaire secondaires, au point qu'il est difficile de trouver la sortie.

Ujjain et ses sables mouvants

La rivière qui passe à Ujjain est la Shipra. J'ignore la prononciation exacte puisque j'en ai vu deux orthographes en hindi qui se transcriraient respectivement en Kshiprâ ou en Shiprâ. J'ignore s'il y a des canaux de régulation comme il y a en semble-t-il à Haridwar. Toujours est-il que le niveau du cours d'eau est dangereusement élevé. Les abords de certains ghats sont couverts de boue, ce qui oblige à faire certains détours.

Samedi, en voulant visiter le temple Chintaman Ganesh situé sur l'autre rive de la Shipra, je me suis apparemment trompé de chemin : j'ai traversé la rivière par un pont qui ne devait pas être le bon. Que je voie ou non le temple, je me suis fixé comme objectif d'accéder au moins au charmant petit pont que je pouvais voir depuis le grand.

J'ai donc tourné à la première bifurcation. La route n'est qu'un petit chemin de terre dans lequel on devine la trace du passage de quelques véhicules. La route finissant par s'éloigner franchement de mon pont, je rebrousse chemin et tente une approche par un chemin situé non loin d'empilements de briques sur lesquels travaillent quelques ouvriers. Au début le chemin paraît praticable et le petit pont se rapproche. Pourtant, bientôt, mes chaussures vont commencer à s'enfoncer un peu plus dans la terre boueuse à chaque pas. J'ai été un peu trop téméraire puisqu'un peu plus loin, mes chaussures ont été pour ainsi dire englouties par la boue. Je n'ai pas trouvé d'autre possibilité que de continuer pieds nus, en tentant une autre voie d'accès.

Je me suis lavé les pieds dans un petit étang et ai trouvé un hameau où j'ai demandé mon chemin. En passant derrière une maison et en longeant une parcelle cultivée, je n'étais plus qu'à une centaine de mètres du pont. Des bergers m'ont indiqué un passage qui m'a paru un peu trop acrobatique. J'ai retroussé mon pantalon jusqu'aux genoux et ai fait les quelques pas nécessaires dans la boue, me rapprochant ainsi résolument de mon cher petit pont que j'ai pu franchir tranquillement après m'être à nouveau lavé les pieds...

La pointe mal enfoncée sur le siège du cybercafé qui me bousille un pantalon

Malgré tous ces points négatifs, j'ai plutôt apprécié ces quelques jours passés à Ujjain. Après mes aventures boueuses, j'ai demandé à un rickshaw de me conduire à une Chappal ki dukan, c'est-à-dire à un magasin de chaussures (ou de sandales, plus précisément). Il m'a déposé non loin du temple Shri Dwarkadhish Gopal Mandir dont le portique d'entrée est très beau. L'extérieur du temple n'est pas très remarquable à mon goût. Les portes en argent du sanctuaire auraient eu une histoire mouvementée : après avoir été volées, elles seraient finalement arrivées là grâce à la famille Scindia de Gwalior.

Dans une des rues animées non loin de ce temple, j'ai pu boire un lassi absolument sensationnel. J'en ai pris deux, du coup. Ils n'atteignent pas l'élégante simplicité de ceux que j'ai pu trouver à Haridwar, mais la qualité de la préparation est exceptionnelle ! La cuiller est obligatoire pour finir son verre tant le breuvage est visqueux !

À l'approche de Ram Ghat, on peut voir de nombreux temples de styles divers. Un d'entre eux dédié à Krishna comporte un gopuram dravidien. En soirée, les lumières du temple Harsiddhi étaient toutes allumées !

Avant cela, j'avais assisté à l'aarti à Ram Ghat. Avant la cérémonie, quelques personnes ont célébré une prière spéciale effectuée par un des quatre brâhmanes. Après des préparatifs, parmi lesquels le nettoyage des abords du ghat à grandes eaux, on a sonné les cloches longuement et les brâhmanes et quelques autres personnes ont exécuté une sorte de chorégraphie devant la rivière avec un ustensile renfermant une flamme. C'est moins impressionnant qu'à Varanasi ou à Haridwar, mais malgré le faible nombre de personnes présentes, il y avait une certaine ambiance.

J'apprécie le calme de cette ville qui ne grouille pas de monde. L'atmosphère est sans doute toute différente lors du Kumbh Mela.

Parmi les curiosités observées, une Tour Eiffel d'une douzaine de mètres de haut se trouve dans un petit parc. Au bord de la Shipra, on trouve aussi un petit observatoire, avec le même genre d'instruments qu'au Jantar Mantar de Delhi.

Un site à visiter absolument est le palais des eaux (Kaliadeh Palace) situé au Nord de la ville. Je m'y suis rendu en rickshaw prépayé depuis la gare. Je n'ai jamais vu un guichettier d'aussi bonne humeur ! Le palais décrépit renferme un temple de Surya. Devant, on peut parcourir un grand ensemble de bassins où l'on peut se baigner ; c'était trop tentant pour que je m'en prive. Les allées partiellement immergées sont très glissantes. Certains y vont tout habillés. D'autres sont plus prévoyant, et des femmes ont même prévu des saris de rechange.

De là, je me suis rendu à pieds au temple Mangalnath situé quelques kilomètres plus au Sud. Avant la bifurcation, j'ai visité un fort beau temple jaïn rose renfermant des sculptures de tirthankars superbement décorées. Je n'ai pas remarqué immédiatement que j'entrais dans un temple jaïn puisque l'adresse indiquée sur une maison non loin de là étant en gros À côté du temple de Hanuman, lequel était un minuscule temple situé de l'autre côté de la route.

Le temple Mangalnath n'est pas extraordinairement intéressant, mais au moins, je n'ai eu aucun mal à y trouver un rickshaw pour rentrer.

Séries de photographies : 2012-08-03, Ujjain, 2012-08-04, Ujjain, 2012-08-05, Ujjain.

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Orccha et Jhansi

2012-08-03 17:58+0530 (उज्जैन) — Voyage en Inde XI

Je suis arrivé à Jhansi mardi soir. J'ai pris le train à la gare de Khajuraho, située à une dizaine de kilomètres au Sud du village. En effet, il est dorénavant possible de se rendre confortablement à Khajuraho en train, ce qui n'était pas possible il y a sept ans.

J'ai passé la journée suivant à Orccha. Pour y aller et en revenir, j'ai utilisé les tempos, c'est-à-dire les rickshaws collectifs. Ceci rend modique le prix de la course de 18 kilomètres. Cependant, il ne faut pas être trop pressé ni craindre d'être un peu serré. Dans le rickshaw du retour, il y avait ainsi 19 êtres humains, ce qui est proche de mon record.

Le village d'Orccha est tout-à-fait charmant. D'un côté, on trouve le temple de Ram Raja et l'impressionnant temple de Chaturbhja. De l'autre, un ensemble de bâtiments des XVIe et XVIIIe siècles dans lesquels se distinguent le Raja Mahal et surtout le Jahangir Mahal et ses huit grands dômes organisés autour d'une cour carrée. La pigmentation bleue subsiste en certains endroits de ces édifices quelque peu ravagés par le temps. Si l'architecture générale est islamique, la décoration est un curieux mélange islamo-hindou. Il peut ainsi très bien se trouver deux salles voisines, l'une sobrement ornée de motifs géométriques ou floraux, l'autre contenant des peintures murales représentation les avatars de Vishnu ou des scènes de la vie courante.

Il faut recourir au bakchich pour se faire ouvrir ces salles renfermant des peintures murales tout comme pour pouvoir monter sur le toit du temple Chaturbhuja où quelques vautours rodaient et où un cadavre de singe semi-décomposé était laissé à l'abandon.

Hier, j'ai visité le fort de Jhansi. Il vaut incontestablement le détour. Ses murailles sont bien préservées, mais à l'intérieur, il n'y a pas grand'chose à voir.

J'ai quitté mon hôtel à 23h20, l'heure limite pour ne pas avoir à payer une nuit de plus et me suis dirigé à pieds vers la gare toute proche où j'ai attendu mon train pour Ujjain, lequel avait un peu plus d'une demi-heure de retard. C'est donc passablement fatigué que je suis monté dans le train vers 3h et malgré la classe 2AC, je n'ai pas extraordinairement bien dormi.

Séries de photographies : 2012-08-01, Orccha, 2012-08-02, Jhansi, 2012-08-03, Jhansi.

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Khajuraho

2012-07-31 13:48+0530 (खजुराहो) — Voyage en Inde XI

Comme il y a sept ans, il est frappant de voir à quel point une importante partie du village de Khajuraho dépend complètement des touristes venus de l'étranger. Les sollicitations sont plus nombreuses que nulle part ailleurs en Inde. Certains enfants d'à peine cinq ans croisés au bord de la route semblent avoir déjà trois mots d'anglais à leur vocabulaire : Hello! Schoolpen? Money?.

Dimanche, j'ai commencé ma visite par les lieux que je n'avais pas vus la dernière fois. Je me suis donc dirigé vers l'Est pour voir le temple de Brahma (en réalité de Shiva, mais ainsi appelé parce que s'y trouve un lingam à quatre têtes ; cela dit, on y voit aussi un Vishnu porté par Garuda), puis les plus imposants temples de Vaman (le Nain, cinquième avatar de Vishnu) et Javari. De premières sculptures érotiques se présentent à mes yeux. Dans le temple de Vaman, je vois aussi quelques représentations vishnuïstes comme celles de Varaha, l'avatar du Sanglier. Ce qui me frappe surtout, et que je retrouverai sur bien d'autres temples de Khajuraho, ce sont les nombreuses représentations de créatures hybrides d'hommes à tête de buffle ; je n'avais jamais remarqué cela ailleurs.

Je me dirige ensuite vers l'enceinte jaïne, ce pour quoi je dois demander plusieurs fois mon chemin. Le premier temple jaïn que je visite est dédié à Shantinath. Il comporte des parties anciennes, mais l'ensemble de la structure est récente. Dans la minuscule salle du sanctuaire, quelques hommes récitent des mantras habillés d'un tissu couleur safran. Quelques femmes sont assises aussi. Je décide de m'asseoir. On me donne une poignée de riz contenant quelques clous de girofle dont je ne saurai que faire. L'idée est apparemment d'en déposer périodiquement quelques grains dans des plateaux, lesquels ne sont pas à portée de mes mains. Je fais signe à un des hommes de me tendre un des livres de prière (en hindi et en sanskrit). Ils en sont déjà à la page 40. Je resterai jusqu'au bout, soit cinquante pages plus loin. Il s'agit de prières en l'honneur de Shantinath. De temps en temps, des chants en hindi se font entendre. Cependant, l'essentiel du texte alterne une strophe de quatre vers dont les deux derniers constituent une sorte de refrain et un vers sanskrit commençant invariablement par Om et se terminant par Swaha. Ce dernier mot est dit par tout le monde tandis que le vers avait été prononcé à une vitesse folle par un des hommes les plus entraînés, sans doute.

Après cela, je visite les autres temples jaïns voisins parmi lesquels se distinguent les temples de Parshvanath et d'Adinath. Ils présentent quelques similitudes avec les temples hindous de Khajuraho.

Je me suis ensuite dirigé vers le Sud pour voir les temples hindous de Duladeo et Chaturbhuja, ainsi que les ruines du temple Bijamandala.

Après avoir vu le temple Ghantai dont il ne reste que les colonnes, je me suis arrêté prendre un thé à une intersection. Je ne crois pas avoir eu précédemment une aussi longue conversation en hindi qu'avec la dame qui s'occupait de cette petite boutique. Elle était tellement sympathique que j'ai accepté, ce que je ne fais jamais d'habitude, de jouer à l'agent de change en lui donnant le prix en roupies des 3€ laissés là par quelqu'autre voyageur.

Lundi, j'ai visité les temples principaux de Khajuraho, ceux du groupe Ouest, les seuls dont l'accès soit payant. Ces temples datent d'environ mille ans et constituent un des plus beaux ensembles de temples hindous de l'Inde du Nord. Le seul ensemble que je puisse lui comparer est celui de Vishnupur. Les temples de Khajuraho sont cependant beaucoup plus grands et leurs sculptures sont mieux préservées. Ceci étant, leur architecture n'a pas le caractère unique de ceux de Vishnupur.

Les plus impressionnants des temples sont ceux de Lakshmana, Kandariya-Mahadev, Devi Jagadamba et Vishvanath. Entre deux sculptures érotiques (ou franchement pornographiques), on peut voir des Ganesh dansants, des représentations des avatars du Sanglier (Varaha) et de l'homme-lion (Narasimh), d'hommes à tête de buffle, etc.

Je suis ensuite allé visiter le temple Matangeshwara qui est le seul de ces temples qui soit encore en activité. Il est situé en dehors de l'enceinte des temples précédentes. Il s'agit d'un temple de Shiva. L'espace intérieur est entièrement occupé par un gigantesque lingam de plus de deux mètres de haut fermement inséré dans un non moins grand yoni sur lequel on peut même marcher après avoir monté quelques marches. À l'extérieur du temple, quelques femmes décorent une sculpture de Ganesh.

En prenant un chemin situé au Sud du bassin Shiv Sagar situé à proximité du temple Matangeshwara, je suis allé voir les ruines de deux temples : Chausath Yogini et Lalguan Mahadev. Pour accéder à ce dernier, j'ai dû traverser quelques champs et franchis des clôtures barbelées.

Séries de photographies : 2012-07-29, Khajuraho, 2012-07-30, Khajuraho.

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Derniers jours à Parasnath

2012-07-29 20:35+0530 (खजुराहो) — Culture — Musique — Danse — Culture indienne — Voyage en Inde XI

Le lendemain du Bandhana, je me repose et je me contente d'aller dans un des rares petits restaurants du village et de visiter les deux musées jaïns. Dans chacun des deux musées (je soupçonne qu'ils appartiennent aux différentes grandes sectes du jaïnisme : Digambar et Shvetambar), on peut voir des dizaines de scènes de la mythologie jaïne sous la forme de sculptures colorées. Dans le premier, le plus charmant, le plus décrépit et le plus petit, tout est écrit en hindi et il est possible de visiter trois temples (Chandraprabhu, Parasnath et Mahavir) en prenant un autre escalier. Dans l'autre, plus moderne, le texte explicatif est aussi en anglais. On y voit aussi des photographies du temple de Ranakpur (Rajasthan).

Dans la soirée, je vais visiter ou revisiter quelques temples de Madhuban. Certains sont accessibles depuis la route principale, mais d'autres sont à l'intérieur de l'enceinte de certains dharmshalas. On y entre en général comme dans un moulin... Il faut explorer les moindres recoins des dharmshalas pour trouver tous les temples comme pour ceux du Shri Digambar Jain Terah Panthi Pahali Kothi Madhuban. Au fond de celui-ci se trouve le plus beau temple que j'aie vu à Madhuban et qu'Abhishek m'avait fait visiter en premier. Jeudi, je me suis contenté du premier temple visible dans lequel une nonne toute de blanc vêtue bénissait qui s'approchait d'elle avec son balais en plumes de paon.

Un peu plus haut sur la route, le Shri Digambar Jain Madhyalok Shodh Sansthan renferme un monumental Parshvanath noir et une grandiose représentation des mondes du jaïnisme, le tout étant entouré de grosses colonnes blanches.

Encore plus haut, je visite le Bhagvan Rishibadeva Mandir dans lequel Parshvanath est représenté debout et où l'on voit aussi un grand Bahubali de marbre blanc entouré de niches, une pour chaque tirthankar.

Enfin, je me dirige vers un ensemble de temples (Jamavasharan Mandir). J'y entends de curieux rythmes joués sur une batterie électronique. On dirait du rap... Il ne s'agit que d'un échauffement pour les trois percussionnistes. Une grandiose représentation de quelque monde jaïn se trouve dans une grande salle dans l'axe du temple. Je m'asseois du côté des hommes. Bientôt, nous serons environ 150. Un chanteur s'installe dans l'axe du temple. Parfois, il chante en duo avec un homme jouant du synthé. Il s'agit de bhajans. Le rythme à 4 temps est accentué par l'assemblée qui frappe dans ses mains. Vers la fin de chaque morceau, le tempo s'accélère frénétiquement, ce qui exige un certain effort physique de la part des percussionnistes. Un des derniers morceaux sera essentiellement rythmique. Quelques femmes (et un homme) se lèvent et exécutent une danse désarticulée soulignant le rythme. Une des femmes tient dans ses mains des bouts de bois qu'elle frappe régulièrement. Les fidèles viennent déposer 10 ou 20 roupies dans une urne, mais avant cela ils se faufilent entre les danseuses pour agiter les billets au-dessus de la tête de chacune dans un mouvement circulaire. Après avoir vu cela, je pense que rien ne pourra jamais plus m'étonner en Inde...

Je ne comprends pas tout ce qui se dit ensuite, mais il semble qu'il y a une mise aux enchères pour le rôle principal dans la cérémonie qui va avoir lieu ensuite. Les membres du groupe ayant fait la plus importante enchère revêtent une sorte de couronne et se placent au premier rang pour la présentation du feu (aarti). On fait tourner un plateau contenant une lampe devant les divinités. Les plateaux passent de mains en mains, y compris les miennes.

La cérémonie se termine quand on ient présenter de mène le feu à Padmavati Rani, qui se tient dans un sanctuaire secondaire.

La nuit qui suit est un véritable cauchemar : les moustiques étaient complètement absents la nuit précédente, cette fois-ci, ils m'ont empêché de dormir jusqu'au lever du soleil.

Je continue à me reposer et ne fais que quelques visites de temples (comme celui du Bhomiya Bhavan avec ses 108 Parshvanath) avant de partir pour un voyage de vingt-cinq heures pour Khajuraho.

Vendredi vers 19h, je commence à chercher un taxi ou un rickshaw collectif pour me rendre à la gare de Parasnath. Le deal, dans ce que je comprenais, c'était soit que je paye 250 roupies pour être seul passager soit que je paye 50 roupies à condition que l'on soit plusieurs. J'ai décidé du montant que je lui donnerais quand il a commencé à essayer d'attirer d'autres passagers... Le rickshaw-wallah était assez furieux à l'arrivée que je ne veuille pas payer 250 roupies. Je lui ai donné 100 roupies et il a commencé à me harceler jusque dans la gare...

Je n'étais pas parti trop tard pour n'avoir pas trop de problèmes à trouver un moyen de rejoindre la gare. D'autres ont manifestement fait comme moi. J'ai donc attendu un peu plus de trois heures à la gare de Parasnath. Elle est relativement moderne. Je veux dire par là qu'en arrivant à la gare, j'ai su immédiatement sur quel quai m'installer pour attendre et il y avait même des repères pour indiquer où seraient positionnés les différents wagons. (Sachant qu'en théorie, le train n'était censé s'arrêter qu'une minute, c'était utile... La théorie a heureusement un peu changé et c'est en fait un arrêt de cinq minutes qui a été programmé.)

J'ai très bien dormi dans le train (en 2AC) qui étant parti à l'heure a très rapidement pris plus de trois heures de retard. Le train a franchi la Yamuna juste avant l'arrivée à la gare d'Allahabad (la confluence avec la Ganga n'était pas nettement visible depuis le pont). Le train a ensuite rebroussé chemin pour poursuivre sa route. Je suis descendu à Mahoba. J'ai quelque peu paniqué en découvrant que d'après le Lonely Planet, la durée du trajet en bus pour Khajuraho serait de 4h alors que je l'avais estimée à un peu plus de deux heures (d'après le kilométrage). J'étais plus proche de la vérité, mais le bus a mis une bonne heure à se remplir...

On sent bien que l'on s'enfonce dans la campagne puisqu'à l'approche d'un village, j'ai vu ce que je ne voyais d'habitude que tôt le matin lors de trajets en train : des hommes alignés le long de la voie pour déféquer. Ici, il s'agissait d'enfants qui faisaient de même au bord de la route. Je suis finalement arrivé vers 20h à Khajuraho. J'ai rejoint à pieds l'hôtel où j'avais déjà séjourné il y a sept ans...

Séries de photographies : 2012-07-26, Parasnath, 2012-07-27, Parasnath.

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Vingt-sept kilomètres à pieds (nus)

2012-07-29 19:14+0530 (खजुराहो) — Voyage en Inde XI

À 23h, nous réglons le réveil pour 2h30. Je ne dormirai pas du tout pendant ces courtes heures puisque mon corps est en permanence chatouillé par des moustiques minuscules (plus petits que des fourmis). Leur contact ne fait pas mal et ne laisse pas de traces, mais la sensation n'est pas très agréable.

À 3h, nous partons pour le Bandhana : la visite de la trentaine des Tonks situés sur la colline de 1350 mètres d'altitude. L'ascension fait 9 kilomètres, le parcours entre les différents Tonks fait 9 kilomètres aussi, tout comme le retour. Au total, j'aurai donc fait 27 kilomètres à pieds. Je n'étais pas sûr de ce détail avant de venir, mais il convient de faire cela pieds nus. Certains le font en portant une sorte de chaussette de protection. Abhishek a essayé de me dissuader de le faire pieds nus comme lui, mais j'ai insisté pour le faire à la dure. (Certains se font même porter par 2 ou 4 porteurs, ce qui ne manque pas de créer de petits embouteillages...)

Il convient d'avoir une lampe pour les premiers kilomètres d'ascension. Le rythme d'Abhishek est assez rapide, mais j'essaie de le suivre. Quand il commence à faire jour et que j'éprouve quelques signes de fatigue, il me montre souvent notre destination finale, à savoir le temple de Parasnath, le tout dernier (et le plus haut) Tonk à visiter. En fait, on ne voit pas plus de 50 mètres devant soi du fait de la brume...

Au bout d'un moment, nous voyons le premier Tonk (je crois que cela devait être juste après la visite à un temple). Ces Tonks sont pour la plupart de toutes petites niches abritant les empreintes de pieds des tirthankars (dont 20 ont obtenus la libération (moksha) à Shikharji, ce qui justifie la sainteté de la colline pour les jaïns). Quand la foule n'est pas trop bouillonnante et quand mes jambes ne souffrent pas trop, je m'approche de ces empreintes de pieds et y dispose un peu du riz dont Abhishek m'a pourvu. De son côté, il récite quelques mantras, fait plusieurs fois le tour du Tonk et se prosterne devant, peu important que les vêtements blancs et neufs qu'il a passé pour ce Bandhana en soient souillés.

Beaucoup de grains de riz déposés en offrandes sont éparpillés sur le sol. Ils ont la facheuse tendance à se coller à mes pieds, ce qui me fait souffrir encore davantage.

Une des raisons pour partir aussi tôt était de ne pas avoir à faire la queue pour accéder au minuscule Tonk de Chandraprabhu et y voir les empreintes de ses pieds (Darshan). En fait, bien que nous soyons partis à 3h, nous aurons à patienter pendant plus de deux heures. De temps en temps, nous voyons un moine digambar (tout nu, donc) dépasser tout le monde, ce qui crée à chaque fois une certaine effervescence. Le chemin étant étroit, il faut se mettre en file indienne pour laisser de la place à ceux qui reviennent du temple. En général, cela se passe bien, mais j'ai toutefois été le témoin de quelques échauffourrées peu compatibles avec la doctrine de l'ahimsa que le jaïnisme pousse plus loin que les autres religions indiennes.

La visite des Tonks se poursuit, avec ses ascensions, ses plats, ses descentes. À un moment, Abhishek me dit qu'il n'en reste plus que quatre ; cela devait être peu après la visite à un fort beau temple. Je commence à compter... Arrivé au sommet d'une éminence, je regarde partout autour de moi et ne voit rien qui soit situé plus haut. Je crois que cela devait être pour le Tonk de Mahavir. Je savais bien que le parcours n'était pas terminé et qu'il restait encore le temple de Parasnath qui devait alors être perdu dans la brûme (le temps a plutôt été clément : cela a été frais tout du long, avec un peu de pluie ; en plein soleil, je me serais brûlé les pieds sur les marches cimentées...). Il a encore fallu redescendre, puis remonter et visiter le temple de Parasnath, en deux fois, puisqu'il est sur deux étages, chacun renfermant des empreintes de pieds.

Après cela, Abhishek a bu sa première goutte d'eau de la journée (alors que j'en étais déjà plusieurs litres...). La redescente de 9 kilomètres est interminable. En ce jour particulier, les organisations jaïnes offrent toutefois à ceux qui viennent de faire le Bandhana de léau, des gâteaux (Halwa), etc. Nous nous sommes ainsi restaurés en deux endroits pendant cette descente. À la fin, c'était carrément de l'eau minérale qui était servie !

Mes pieds comment à me faire souffrir le martyre. La moindre aspérité du sol me fait mal. Avant de rentrer au dharmshala, complètement épuisé, j'accompagne Abhishek dans sa visite des temples de Madhuban où il remercie les dieux que cela se soit bien passé (on a marché pendant plus de douze heures : départ à 3h, retour à 15h30).

Quelques heures plus tard, il s'en va à la gare avec son beau-frère et les amis de celui-ci. Après cette journée épuisante, je dormirai plus de 14h sous un ventilateur fonctionnant par intermittences. Au moins, mon sommeil n'aura été aucunement dérangé par les moustiques !

Série de photographies : 2012-07-25, Parasnath.

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Arrivée à Parasnath

2012-07-29 18:26+0530 (खजुराहो) — Voyage en Inde XI

J'appréhendais ma visite à Parasnath, le plus grand lieu de pélerinage de la religion jaïne. Ce site se trouve au point culminant de l'état du Jharkhand voisin du Bihar dont il s'est détaché il y a quelques années suite aux revendications des populations adivasi d'avoir leur propre état. Avant de venir, je n'avais aucune idée de l'endroit où je logerais et cela me stressait un peu.

Je pense pouvoir dire que j'ai eu une chance incroyable... Arrivé à la gare de Parasnath, j'ai marché dans la rue principale d'Isri Bazar à la recherche de la station de bus. Arrivé à un embranchement, on m'a conseillé de rebrousser chemin et de trouver le temple jaïn d'où partent les taxis collectifs pour Madhuban, le village qui se trouve au pied des collines de Parasnath ou Shikharji, je ne sais pas très bien comment nommer les différents lieux. La voiture passe sans encombre la vingtaine de kilomètres de route dont les abords forestiers seraient infestés de Naxalites (mouvement terroriste qui ne vise en principe que les représentants de l'autorité indienne). En me voyant, le pilote avait demandé 200 roupies. Quand je compris qu'il s'agissait d'un taxi collectif, je négociai de ne payer que 100 roupies, ce qui était déjà le double du prix normal. C'est là qu'intervint Abhishek qui insista pour que je ne paye que 50 roupies. Sa gentillesse va jusqu'à m'aider à trouver un hôtel. Comme tout était plein (il n'y a pas beaucoup d'hôtels), il m'a fait venir jusqu'à la chambre qu'il va occuper avec son beau-frère venu de Delhi avec deux amis, Abhishek étant pour sa part venu de Kolkata par le même train que moi. Il s'agit d'une chambre de trois, mais les trois du groupe de Delhi ayant prévu de commencer leur parcours (Bandhana) à 22h30, il nous suffira d'attendre cette heure-là pour pouvoir dormir. Ils négocient même auprès de la direction pour que je puisse rester deux jours de plus dans ce dharmshala appelé Kacchi Bhavan qui était complet parce que le hasard avait fait que je vins la veille du 25 juillet qui est l'anniversaire de la mort du tirthankar Parasnath (aussi appelé Parshvanath). À part peut-être le jour de Holi, il n'y pas d'autre moment dans l'année où la foule se masse à Parasnath.

En attendant que la chambre se libère, nous allons visiter quelques temples, un moment que je ne suis pas près d'oublier ! tant ces temples bruissaient de ferveur religieuse tandis qu'Abhishek versait lui-même sur mes pieds de l'eau pour que je me nettoie les pieds avant que nous entrions dans un des magnifiques temples de Madhuban. L'intérieur de ces temples est d'une beauté invraisemblable. On y voit de monumentaux arrangements liés à une cosmogonie qui m'est inconnue. La foule se presse aussi devant certaines statues de tirthankars pour leur présenter le feu (aarti) et réciter des mantras. Ayant ouvert un des bréviaires mis à disposition à la page concernant le tirthankar qui était devant nous, Abhishek m'a traduit ces paroles écrites en hindi.

Chandrarani, une des amies d'Abhishek étant professeure de français à Kolkata, j'ai même pu parler un peu français au téléphone !

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Chandannagar

2012-07-23 17:40+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde XI

Hier, j'ai passé toute la journée à Chandernagor où Arijit (cf. ici et ) habite désormais dans une maison de location en attendant d'emménager dans une toute nouvelle et belle maison dans quelques jours. J'ai indécemment bien mangé dans cette famille... Entre deux petites courses liées à la finition de la maison (robinets, boîte aux lettres), nous avons visité le centre culturel indo-français où un jeune homme apprenant le français aura pu pratiquer un peu cette langue avec moi... Nous nous sommes également arrêtés devant un bâtiment qui doit dater de l'époque coloniale et qui abrite maintenant une librairie.

À la gare de Howrah, il règne une désorganisation invraisemblable entre la gare routière et la gare des trains de banlieue. De très longues barrières peuvent obliger à faire d'invraisemblables détours pour rejoindre son train depuis son bus et réciproquement. Je n'ai d'ailleurs toujours pas compris d'où partent les bus qui traversent le pont de Howrah. Une difficulté avec les bus de Kolkata est que les directions sont écrites en bengali et en anglais, mais que les inscriptions en anglais sont du côté droit du bus, c'est-à-dire du côté que l'on ne voit pas quand on attend le bus...

Je passe une partie de la soirée à regarder des niaiseries à la télévision. Je vois quelques extraits du film Mortal Kombat: Annihilation. Je n'ai jamais rien vu d'aussi ridicule... Je découvre aussi qu'une chaîne d'humour diffuse des épisodes de la série vintage Allô Allô (cette série anglaise qui se passait dans un café français pendant la deuxième guerre mondiale).

Sur une chaîne islamique, je vois des hommes en train de faire leur prière tandis que l'on entend un chant (assez beau il faut bien le reconnaître) sur des vers du Coran qui dans les sous-titres sont curieusement traduits en français !

Je suis passé une dernière fois au magasin de disques Music World à Park Street. J'ai trouvé quelques CD de dhrupad que je n'avais pas vu la première fois. Je suis aussi monté au café de l'Oxford Bookstore. Il propose un nombre invraisemblable de variétés de thés différentes (par exemple, il y avait le choix entre 3 wulongs : pas évident de deviner la différence entre le Formosa Oolong et le Taiwanese Oolong...).

Séries de photographies : 2012-07-22, Chandernagor, 2012-07-23, Kolkata.

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Une journée à Vishnupur

2012-07-21 16:11+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde XI

J'étais déjà allé à Vishnupur il y a quatre ans (cf. mes photographies d'alors). J'avais envie de revoir cet ensemble exceptionnel de temples situés dans un village qui peut être transcrit en Vishnupur ou Bishnupur. J'avais initialement prévu d'y aller mercredi dernier, mais j'avais changé mes billets de train après avoir vu l'annonce du concert de Pandit Uday Bhawalkar.

Je suis parti de mon hôtel vendredi vers 4h30 et ai décidé d'aller à la gare de Howrah à pieds, ce qui m'a donné l'occasion de franchir le pont de Howrah à pieds. Passer au même endroit à diverses heures de la journée et de la nuit permet de mieux comprendre le fonctionnement de cette ville, qui si elle n'est pas fondamentalement différente des autres grandes villes indiennes, présente la particularité de ne rien dissimuler aux regards. À cette heure-ci, en m'approchant de Strand Road, tout le monde dort. Je ne vois qu'un petit stand de thé où je viens chercher quelques forces pour affronter une journée que j'imaginais pas aussi épuisante.

Je monte dans mon train pour Vishnupur, dans la confortable classe CC (AC Chair Car). Le train arrive à Vishnupur vers 10h. Je photographie le plan du village qui se trouve à la gare, et je suis imité en cela par un autre touriste occidental à qui j'indique le lieu où il convient d'acheter son billet pour tous les temples. Je m'y rends en cycle-rickshaw et après avoir visité le temple Rasmancha (d'un style tout à fait unique en Inde), je commence mon exploration du village à pieds.

J'avais été surpris par une pluie violente lors de ma première visite aux temples situés au Sud-Est du village. J'ai donc commencé par ceux-là. Ils sont relativement endommagés par les pluies qui se sont abattues sur la région depuis des siècles. Je reconnais toutefois un peu plus de scène mythologiques que la fois précédente. Au cours de la journée, je verrai ainsi le singe Hanuman défiant Ravana qui le reçoit : pour être situé plus haut que le roi de Lanka, le singe s'asseoit sur sa queue enroulée et prodigieusement longue. Je verrai aussi beaucoup de Vishnu couchés et croirai distinguer un Bhishma allongé sur un lit de flèches. Après les temples du Sud, j'irai du côté Nord après avoir fait un pause dans un restaurant servant des thalis (pas le même que la dernière fois malheureuement). Cela m'a aussi permis d'attendre au sec alors qu'il s'était mis à pleuvoir. Je suis un peu frustré de n'avoir pas découvert de nouveaux temples anciens que je n'aurais pas déjà vu. Ayant décidé de me dispenser d'utiliser un cycle-rickshaw pour faire mon circuit, j'ai essayé de les trouver moi-même, ce qui est impossible dans ce dédale de rues. J'ai donc bénéficié des indications des villageois pour trouver le temple Madan Mohan (un des plus beaux et des mieux conservés de l'ensemble).

Faute de voir de nouveaux temples anciens, j'aurai au moins vu un certain nombre de temples récents, pas forcément dédiés à Vishnu puisque certains l'étaient à Shiva ou Kali. Entre certaines petites maisons traditionnelles (huttes) et l'architecture des temples, il y a comme une certaine similitude. Je finirai mon exploration avec la visite des temples situés non loin du plus remarquable d'entre eux, Jor Bangla, merveilleusement bien conservé. Qu'il le soit tient peut-être au fait qu'il n'y a pas de marches permettant de monter sur la plate-forme sur laquelle le temple est batti. J'ai en effet remarqué que sur les autres, les sculptures avaient tendance à être d'autant plus abîmées qu'elles étaient à hauteur d'homme. Si personne ne passe, il n'est pas étonnant que cela s'use moins...

Lors de la visite de ces temples, il est intéressant de faire le tour de la structure plusieurs fois en regardant à des hauteurs différentes. On y voit des scènes de chasses, des scènes mythologiques. Une caractéristique commune à presque tous les temples est de représenter de nombreux musiciens autour de l'entrée du sanctuaire.

C'est avec regret que je me rends à la gare vers 17h pour prendre mon train de retour (la prochaine fois, je resterai plus longtemps...). Contrairement à mon trajet aller, je suis cette fois-ci en classe 2S (Second Sitting). Le train ne s'arrêtant en gare que pendant une minute à peine, monter dans le train est quelque peu stressant. Il faut d'abord repérer son wagon alors que le train arrive et se dépêcher de grimper tout en laissant le temps à quelques personnes de descendre. Alors que c'est un wagon pour voyageurs avec réservation, celui-ci est envahi de voyageurs n'en ayant pas. Il me faut jouer un peu des coudes pour rejoindre ma place qui est occupée par des fraudeurs qu'il faut engueuler avec une conviction certaine pour qu'ils acceptent de me laisser m'asseoir. Plus loin, un autre voyageur devra parlementer un bon quart d'heure avant qu'on lui fasse une micro-place assise sur le banc.

Je ne bouge pas de mon coin pendant plus de quatre heures. La claustration dissuade la conception du moindre besoin naturel. J'arrive néanmoins à boire une petite tasse de thé vendue par ma fenêtre à la gare de Kharagpur. Entre les deux bans prévus pour 6, nous sommes 14, en comptant l'astucieux homme qui s'est allongé sur l'étagère à bagages située en hauteur. Je ne compte pas les innombrables personnes devant voyager debout. Dans le groupe de voyageurs qui sont autour de moi, il y a un certain roulement entre les places assises et les places debout... Vers la fin du voyage, je suis coincé, obligé de répondre à leur interrogatoire standard : which country? etc. Un d'entre eux, Joydeb (?) essaie de me parler anglais, mais il est juste incompréhensible. Ils s'étonnent que je ne parle pas anglais, ce à quoi je leur répond (en hindi) que c'est leur anglais que je ne comprend pas, nuance... Du coup, un des jeunes hommes commence à m'interroger en hindi en traduisant les questions formulées en bengali par ses amis... À la fin, je n'ai pas d'autre choix que de donner un cours de prononciation de l'anglais à Joydeb qui lit une page du journal très lentement en faisant plein de fautes.

Je rentre à pieds à l'hôtel depuis la gare de Howrah.

Étant épuisé par la marche de la veille, je me repose en ce samedi qui voit la ville de Kolkata bloquée par l'afflux d'admirateurs de Mamata Banerjee. Certains d'entrent eux arrivaient en train la veille et commençaient déjà à défiler dans les rues en brandissant le drapeau du parti de la Chief Minister du Bengale occidental (maintenant appelé officiellemnet Paschimbanga). Je me suis même retrouvé involontairement à la rête d'une de ces marches, mais j'avançais heureusement plus vite qu'eux !

Ce samedi, les rues sont envahies de gens allant à son meeting politique ou en revenant. Certains se massent devant les écrans des vendeurs de téléviseurs (pour l'image) tandis qu'ils écoutent le son des haut-parleurs disposés un peu partout. Étant en train de manger un plat (chinois faute de mieux), je la vois apparaître sur la télévision du restaurant. Son comportement ne laisse pas de doute, elle est la Reine du Bengale. La façon dont elle fait preuve d'autorité avec ses sous-fifres, alors qu'elle est constamment filmée, est absolument stupéfiante. Pas vraiment le même style que Sonia Gandhi...

Séries de photographies : 2012-07-20, Kolkata, 2012-07-20, Vishnupur, 2012-07-21, Kolkata.

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Une journée pluvieuse

2012-07-21 15:11+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde XI

Jeudi, j'ai erré un certain temps dans les quartiers situés autour de B.B.D. Bagh, en particulier au Nord de celui-ci. J'ai vu quelques églises, une synagogue, un temple jaïn (dans lequel on ne m'a pas permis d'entrer).

En début d'après-midi, je suis allé au cimetière de Park Street. J'y étais déjà alé en 2008 et en 2010. Il venait de se mettre à pleuvoir assez violemment quand je suis arrivé. C'est la première grosse pluie depuis mon arrivée à Kolkata. Dans le journal, on pouvait lire que la mousson était particulière cette année : il pleut un peu presque tous les jours, mais au total il a moins plu que les années précédentes. Du fait de ces précipitations, les allées du cimetière sont particulièrement glissantes et les gardiens m'ordonnent presque de prendre les chemins de terre sinuant entre les tombes moussues. Si je repasse bien sûr devant quelques unes de mes tombes préférées comme celle de Rose Aylmer (sur laquelle les vers de Landor sont de moins en moins lisibles...), je découvre quelques recoins que je n'avais pas encore explorés, comme la tombe du major-général Charles Hindoo Stuart qui est décorée dans un style indianisant..

Pour rentrer, comme le cimetière est assez éloigné de la station Park Street, je décide de prendre un auto-rickshaw qui après avoir pris un nombre invraisemblable de petites rues finira par me déposer non loin de Chandni Chowk. Il s'agissait d'un rickshaw collectif. Je n'aurai ainsi eu à payer que 10 roupies. Cela doit d'ailleurs être la première fois que je paye un rickshaw en pièces de 1 et 2 roupies. Il semblerait que depuis l'instauration d'un nouveau caractère pour la roupie (comme £, $ ou €), on ait imprimé de nouveaux billets et fondu de nouvelles pièces. Il devient très difficile de s'y retrouver entre les modèles différents de pièces de 1 et 2 roupies. On ne peut en aucun cas se fier au diamètre de la pièce...

Série de photographies : 2012-07-19, Kolkata.

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Sanchita Chowdhury et Pandit Uday Bhawalkar à la ITC Sangeet Research Academy

2012-07-19 18:24+0530 (কলকাতা) — Culture — Musique — Culture indienne — Dhrupad — Voyage en Inde XI

Ce mercredi était une date que j'avais notée soigneusement dans mon agenda avant de partir en Inde. J'avais bien fait puisque les concerts de la ITC Sangeet Research Academy n'étaient pas annoncés dans le journal. J'avais repéré les lieux la veille, ce qui me donna l'occasion de signer le registre d'entrée de l'académie pour pouvoir demander à l'accueil dans quelles conditions avaient lieu les concerts que je ne voulais manquer sous aucun prétexte : pas la peine de réserver à l'avance, c'est gratuit.

Dans la journée, je me suis contenté de marcher autour de M. G. Road (oups, je commence à prendre cette mauvaise habitude indienne de réduire le nom des rues à leurs initiales, ici celles de Mahatma Gandhi). J'observe encore une fois la spécialisation de certains quartiers tout entiers dans un type de commerces ou de travaux. Un de ceux-là est dédié au recyclage des boîtes métalliques destinées à contenir de l'huile de moutarde. Dans College Street, près de l'université, il n'y a que des librairies et des bouquinistes à perte de vue. Je déjeune à l'Indian Coffee House. L'escalier qui y mène est franchement miteux, mais la grande salle du premier étage est plus accueillante. Malgré l'interdiction, les jeunes gens y fûment. Les étudiants qui partagent ma table ont l'air de parler de littérature. Manifestement, c'est aussi un lieu de rendez-vous pour jeunes amoureux.

ITC Sangeet Research Academy, Kolkata — 2012-07-18

Sanchita Chowdhury, chant dhrupad

Apurbalal Manna, pakhawaj

Raga Yaman (Tivra tal)

Raga Behag (Dhamar)

Raga Shankara (Sultal)

Je suis le premier à m'asseoir sur la moquette de la salle de spectacle de l'ITC Sangeet Research Academy qui se remplira complètement dans les minutes précédant le début de premier concert, les hommes et les femmes étant séparées par l'allée centrale. Je suis donc au premier rang pour écouter la chanteuse de dhrupad Sanchita Chowdhury qui a commencé à étudier avec son père Pandit Amar Nath Dey et qui poursuit son travail avec Ustad Fariduddin Dagar. Le moins que l'on puisse dire est que le public est connaisseur. Quelques éminents membres de l'académie s'installent en effet entre le public et l'estrade. Je crois reconnaître Arshad Ali Khan et bien sûr Uday Bhawalkar.

La chanteuse a réglé sa shrutibox Radel sur le la (grave) et est accompagnée par deux tampuras d'hommes et un tampura de femme (plus petit) actionnés par un jeune homme et deux jeunes femmes. Le raga principal est Yaman. La chanteuse doit malheureusement s'interrompre assez fréquemment pour tousser. J'apprécie tout particulièrement son Alap. J'aurai un peu plus de mal à rentrer dans la composition dédiée à Shiva (Mahadev) du fait de ma difficulté à sentir le tala à 7 temps.

Je perçois un peu mieux les temps forts de la composition suivante sur le Raga Behag dont je n'ai compris qu'un seul mot : Jamuna. Le premier et le sixième temps de ce tala Dhamar sont particulièrement accentués par la chanteuse et le percussionniste (qui insiste pour ne pas être appelé Pandit). Curieusement, je n'éprouve pas la même sensation lors du onzième temps.

Le concert se terminera avec une bonne demi-heure de retard avec une composition sur un rythme rapide à cinq temps (Sultal), le thème étant Ganapati. Il m'est difficile de revenir plus en détail sur ce concert qui m'a beaucoup plu puisque comme me le dira mon voisin qui assiste à ces concerts du mercredi depuis les années 1980, en chantant Behag après Yaman, puis Shankara après Behag, la chanteuse chasse les impressions suscitées par le raga précédent, d'autant plus qu'après un court entr'acte, un autre chanteur va monter sur scène...

ITC Sangeet Research Academy, Kolkata — 2012-07-18

Pandit Uday Bhawalkar, chant dhrupad

Apurbalal Manna, pakhawaj

Raga Bageshri (Chautal)

Alors qu'il y a au plus trois personnes dans la salle comble qui n'entendent peut-être pas le bengali ou le hindi, le directeur de l'académie Ravi Mathur fait un petit discours pour présenter deux étrangers qui mènent des recherches à l'académie : l'uruguyao-chilien Victor et l'américaine Amy qui prépare un rapport sur l'enseignement de maître à disciple (Guru-shishya) qui est pratiqué à l'académie. Il annonce aussi que Pandit Uday Bhawalkar sera dorénavant un des gurus enseignants à l'académie (10 jours par mois). Les tampuras de ses disciples (une jeune femme et un jeune homme aveugle) étant accordés, Pandit Uday Bhawalkar prononce un bref discours dans un hindi suffisamment simple pour que j'aie l'impression de comprendre. Il est très heureux d'enseigner à l'académie et de donner ce concert dans lequel il va interpréter le Raga Bageshri.

Que dire à propos de ce concert !? C'ést évidemment pour moi un des tout meilleurs concerts de l'année (voire davantage). Il m'a autant ému que les deux fantabullissimes concerts vécus depuis janvier (Janáček par Grimal et al., la Pastorale de Beethoven par le COE). C'est aussi comme lire Pagli, le chef d'œuvre d'Ananda Devi.

Je ne suis aucunement malheureux que ce concert se soit réduit à un seul Raga (25 minutes d'Alap, une partie rythmique de 35 minutes et une composition faisant un peu moins d'un quart d'heure).

Dans son Alap, Uday Bhawalkar navigue entre les notes du raga Bageshri (dont je n'ai pas deviné les altérations). Les phrases sont incroyablement longues. Dans une même phrase, il peut inclure de longues notes tenues, des glissandis très étendus dans le temps et qui font imperceptiblement passer d'une note à une note voisine. À cela peuvent s'ajouter des allers-retours entre deux notes, une plongée dans le grave et bien d'autres figures, toutes accompagnées par une fascinante gestuelle des deux mains (cf. cette vidéo dans laquelle il chante le Raga Gunkali). La continuité de l'ensemble est impressionnante. Des syllabes différentes peuvent comme se fondre l'une dans l'autre dans un même élan.

La plus longue des trois grandes parties du Raga est celle dans laquelle le chanteur fait entrer une pulsation rythmique dans son chant (et dans son genou gauche).

Je ne suis pas mécontent de savoir clapper Chautal pour mieux apprécier la composition Hare Raghubir qui conclut magnifiquement ce concert ! Elle est manifestement dédiée à Rama, le héros du Rāmāyaṇa puisqu'outre le nom Raghubir, j'ai distinctement entendu les noms de lieux Ayodhya et Lanka ainsi que les noms de personnages Sita, Shatrughna et Vibhishana. Ayant une tendresse toute particulièrement pour Rāmāyaṇa j'ai naturellement adoré cette composition notamment pour la reprise des mots Hare Raghubir au début de certains cycles rythmiques venant parachever l'improvision ayant précédé avec une très longue syllabe Ha. Si le cycle à 12 temps était fixe, le tempo utilisé était très variable d'un cycle à l'autre : je n'avais jamais remarqué cela auparavant ! Je me demande comment le chanteur et le percussionniste font pour se coordonner ou s'il y a là une sorte de jeu de questions et réponses ou de défi lancé par le percussionniste au chanteur ?

J'ai les chevilles quelque peu engourdies après avoir été assis au même endroit pendant plus de trois heures. Il commence à être tard pour dîner, certains restaurants étant déjà fermés. Je quitte Tollygunge pour Park Street où je continue mon exploration des restaurants bon marché. On ne mange pas mieux dans un restaurant à 500 roupies que dans un restaurant à 100 roupies, à mon avis. Un de ces restaurants sert de savoureux plats simples, j'ai déjà testé le Chana Masala et le Dal Makhani).

Le métro fermant autour de 22h, je marche pour la première fois depuis le début de ce voyage entre Park Street et Chandni Chowk, passant ainsi devant la mosquée Tipu Sultan.

Série de photographies : 2012-07-18, Kolkata.

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Une cérémonie à Belur Math

2012-07-17 18:25+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde XI

Ce mardi, contrairement à dimanche, j'ai réussi à arriver à l'heure à Belur Math. J'ai commencé par marcher jusqu'à l'embarcadère, pas encore ouvert. En chemin, alors qu'il n'était pas encore 8h, dans tous les stands de nourriture, je vois que l'on s'affaire à couper des oignons, éplucher des légumes, découper du panir, malaxer la pate à chapattis, etc. Des seaux entiers de légumes prêts à être cuisinés se dressent un peu partout. Ce spectacle s'étendant sur plusieurs centaines de mètres est particulièrement impressionnant.

En baragouinant hindi, j'arrive à me faire comprendre. Les nombres bengalis ont l'air d'être assez semblables à ceux du hindi. J'ai entendu des gens dire Bis (20), Chalis (40). J'ai réussi à obtenir 2 jalebis en demandant Do Jalebiyan. La prononciation de certaines voyelles et consonnes est toutefois assez différente. Ainsi, après avoir pris un bus pour Howrah où je suis monté dans un train pour Belur, je me suis assis et ai assisté à divers numéros de marchants ambulants. En bas de l'échelle sociale, ceux qui vendent du thé/café et ceux qui n'ont qu'un seul type de marchandises à vendre, tel le jeune homme qui avait des Capsule pens, c'est-à-dire des feutres qui tiennent dans une capsule de 3 centimètres de long et qui peuvent s'allonger quand on les tourne convenablement. En haut de l'échelle, cet homme au pantalon impeccablement repassé vendant toutes sortes d'objets. Il commence par faire la démonstration d'une luxueuse lampe torche à 110 roupies Ek shau dosh (qui se dirait plutôt Ek sau das en hindi). Des ballons gonflables. Des tournevis 2-en-1, etc. S'adressant à un auditoire de trente personnes environ, il a quand même réussi à faire 6 ou 7 affaires. Quel drôle de pays où en prenant le train, on peut se dire Et si j'achetais un tournevis ? !

L'atmosphère bruyante de Kolkata paraît bien loin quand je m'engage sur la Dharmatala Road en direction de Belur Math. Les gens paraissent beaucoup plus détendus. Seules quelques rares motos se distinguent par leur bruit au milieu des cycle-rickshaws. Le calme n'est perturbé que lors de la traversée de la grand'route au-delà de laquelle s'étend le domaine de la mission Ramakrishna où j'arrive autour de 9h. Je m'asseois un moment dans le temple principal afin de profiter de la fraîcheur relative qui y règne. Soudain, la porte qui cachait à la vue des présents la statue blanche de Ramakrishna est ouverte. Quelques uns se mettent à plat ventre face à celui dont on est encore toutefois séparé par une vitre. Les vigiles installent de petites barrières en bois pour délimiter un petit périmètre devant la vitre du sanctuaire. Je me décide à attendre. Qui sait, la musique de bhajans retentira peut-être ici comme j'en ai fait l'expérience à Chennai ?

En fait, c'est un rituel qui est en préparation. Toutes sortes de vaisselles sont installées par les deux assistants du prêtre habillé couleur safran qui finira par venir. Celui-ci recitera quelques mantras dont quelques uns seront répétés plusieurs dizaines de fois (108 ?). Dans le même temps, il boit quelques gouttes et s'oint le visage en plusieurs points précis. Surtout, il allume un grand feu qu'il ranime plusieurs fois et dans lequel il jettera divers fruits. (À la fin, une fidèle obtiendra d'un vigile une banane à demi-consumée.) Le prêtre présente son profil droit au public, qui ne voit pas grand'chose. Je suis pourtant assez près, mais à moins d'être au tout premier rang, on ne voit que le visage du prêtre et les flammes. Comme tout se passe au niveau du sol et que tout le monde est assis, la barrière de 30 centimètres de haut délimitant l'enceinte rituelle empêche de voir les détails de ce qui se passe. Je suis heureusement assez près pour entendre le murmure du prêtre dont certains mantras seront repris par les fidèles, qui sinon ont l'obligation de maintenir le silence. Le point culminant du rituel semble atteint quand le prêtre se dresse pour verser jusqu'à la dernière goutte le ghee contenu dans un récipient qu'il tient au-dessus du feu. Une fois le rituel terminé, le prêtre s'en va tandis que les deux assistants s'occupent de la vaisselle. L'un d'eux recueille et broie les cendres, lesquelles seront appliquées sur le front des fidèles faisant la queue à l'arrière du temple, les femmes et les hommes chacun de leur côté.

Si l'on excepte les Ganga Aartis auxquelles j'ai assisté à Varanasi et à Haridwar, je crois que c'est la première fois que j'assistais à un rituel dans toute sa longueur (cela a duré plus d'une heure), depuis la préparation jusqu'au ménage final à l'issue duquel on ne pourrait soupçonner qu'il se soit passé quelque chose.

Pour rentrer, j'ai pris le bateau jusqu'à Dakshineshwar, le bus jusqu'à Dum Dum et enfin le métro ! Je dois au fait de m'être trompé de sortir à Chandni Chowk d'avoir pu acheter une Smartcard (équivalent du Navigo ou plutôt de l'Oyster Card) pour le métro de Kolkata. C'était après avoir vérifié que la Smartcard des trains locaux était incompatible. Ces cartes sont étonnamment peu disponibles. Soit on me disait que ce n'était pas disponible, soit le guichetier refilait le dossier au collègue lequel s'excusait de n'en pas avoir. Il aura fallu que je descende dans la petite station de Belur pour avoir ma carte pour les trains locaux ! Au final, j'aurai payé plus cher mes transports avec ces deux Smartcards, mais au moins, je n'aurai plus à faire la queue !

Série de photographies : 2012-07-17, Kolkata.

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Parenthèse gastronomique

2012-07-17 17:47+0530 (কলকাতা) — Voyage en Inde XI

Hier midi, je suis allé manger à Elgin Road, une grande rue commerçante. Au 32 se trouve la Vanilla Creperie à propos de laquelle j'avais lu un article dans le journal. J'y ai goûté une crêpe-fondue au trios fromages (sic). C'était étonnamment bon et sentait vraiment le fromage ! (Bon, pas du fromage qui pue, mais pas non plus du panir sans goût.) Le serveur semblait quelque peu paniqué quand je passais la commande en ne faisant aucun effort pour indianiser ma prononciation des mots français (c'est déjà assez que je le fasse pour l'anglais...).

Le soir, en sortant du concert, j'ai mangé un excellent Pao Bhaji (un curry servi avec du pain beurré) au restaurant situé au carrefour de Rabindra Sadan.

Ce midi, je me suis fait remarquer pour mon inclination immodérée pour le sambhar, la sauce qui accompagne beaucoup de plats dans la cuisine du Sud. Après avoir fini mes Vadas et le sambhar dans lequel ils baignaient, en commençant mon Rava Masala Dosa, j'ai immédiatement demandé un supplément de sambhar puisque je venais de verser intégralement mon premier pot sur mon dosa. Le serveur avec lequel je m'étais disputé il y a quatre ans sur la composition d'un plat en a apporté non pas un mais deux et a commencé à vider le premier sur mon plat qui a commencé a ressembler à une baignoire pour dosa... et quand il a débarassé ma table, il m'a laissé le pot de sambhar restant à moitié plein pour le cas où je voudrais le finir à la petite cuiller...

J'espère avoir le temps de manger des plats un peu plus typiquement bengalis d'ici la fin de mon séjour ici !

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Manoj et Manisha Murali Nair à Rabindra Sadan

2012-07-17 17:31+0530 (কলকাতা) — Culture — Musique — Culture indienne — Voyage en Inde XI

Rabindra Sadan, Kolkata — 2012-08-16

Manoj Murali Nair, chant

Manisha Murali Nair, chant

Rabindrasangeet : Premer Badel Namlo

Comme il y a deux ans, le hasard a fait que j'ai revu le duo Manoj & Manisha Murali Nair dans un programme de Rabindrasangeet, un genre à part dû à Tagore dans la musique indienne. Quand on arrive à Kolkata, il est évident qu'il y a dans cette région deux personnes importanes. Rabindranath Tagore, d'une part, et d'autre part Mamata Banerjee, la Chief Minister de l'état de Paschimbanga (ex-Bengale occidental) et ancienne ministre des chemins de fers, dont on voit la photographie sur de grandes affiches un peu partout en arrivant à Kolkata.

À propos du concert, comme la dernière fois, il a été compliqué d'obtenir un billet. Un enseignant en école d'ingénieur m'a renseigné. Le guichet était très très mal indiqué... Pour 40 roupies, j'ai eu un billet de deuxième catégorie et ai pu ainsi me placer au centre du premier rang du balcon. Au niveau des portes, on voit encore des restes d'affiches mal déchirées signalant les entrées séparées pour les hommes et les femmes pour la journée d'information pour les musulmans désirant faire le Haj. Quand j'étais passé plus tôt dans la journée dans l'idée de me renseigner sur le concert, il y avait effectivement une foule de musulmans au voisinage de Rabindra Sadan.

Le programme est intitulé Premer Badal Namlo. Je me suis un peu moins ennuyé que la dernière fois pendant ce récital de trois heures au cours duquel une trentaine de chansons sur le thème de la mousson seront interprétées. Manoj chante et joue de l'harmonium. Sa sœur chante aussi parfois. Ils sont accompagnés d'un percussionniste multi-instruments, d'un instrumentiste qui utilise un archet pour jouer d'une sorte de mini-vina presque comme s'il s'agissait d'un violoncelle, et sur le côté se tiennent un guitariste et un joueur de synthétiseur.

Malgré le talent évident de l'instrumentiste assis devant le clavier, le synthétiseur, quand il ne sert pas à combler les blancs, ne me semble que surcharger une orchestration qui est déjà assez sucrée comme ça !

La plupart des chansons me semblent basées sur des cycles rythmiques à quatre temps. Dans certaines, il y a une correspondance presque parfaite entre les phrases musicales chantées et ces mesures de quatre temps. Le plus souvent, chaque temps semble subdivisé en trois parties.

Parfois, Manoj commence sa chanson par une sorte de micro-Alap vaguement intermédiaire entre les traditions du Sud et du Nord. Les phrases en sont plutôt rapides, utilisent toutes les notes (comme dans la musique carnatique), mais les syllabes chantées pourraient faire partie d'un Alap de musique du Nord (Re-ne-ne...).

Manoj fera quelques discours entre les chansons. À l'entr'acte, il fera monter sur scène quelques personnes sur scène pour faire une jolie photo pour le lancement d'un nouveau CD, déballé d'un tortueux emballage par quelques mains innocentes. Le public tentera de suggérer des chansons à interpréter. Je ne saurais dire si les revendications ont été satisfaites...

Série de photographies : 2012-07-16, Kolkata.

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Arrivée à Kolkata

2012-07-15 19:52+0530 (Kolkata) — Voyage en Inde XI

Je suis parti vendredi soir par le vol AIr India de 22h. Je suis passé entre les gouttes, concernant la grève des pilotes de cette compagnie qui durait depuis deux mois et qui vient de se terminer quoique certains vols soient encore annulés. J'ai quitté sans regret le climat de mousson de Paris pour celui de l'Inde. Ma séance de cinéma annuelle a eu lieu dans l'avion. J'ai vu कहानी, un thriller avec Vidya Balan dans le rôle principal. Je l'avais choisi dans la liste pour cette actrice et le lieu où l'histoire se passe : Kolkata, où je vais passer une dizaine de jours. Le film est plutôt réussi. On y voit le tueur à gages le plus ridicule qui soit : un type assassinant de sang froid qui ne peut pas faire deux pas sans s'essoufler. Le film en hindi utilise une particularité de la langue bengalie pour du comique de répétition : à chaque fois que le personnage principal se présente, elle dit Vidya (le même prénom que celui de l'actrice) et tout le monde lui répond Bidya. Le b et le v se confondent en effet dans la langue bengalie... À Kolkata, sur le CD de Bahauddin Dagar que j'achèterai samedi (Raga Puriya Kalyan), on peut aussi lire Rudra bin au lieu de Rudra vin(a).

La fouille corporelle systématique à Delhi est beaucoup moins désagréable que celle exceptionnelle que j'ai subie à Paris parce que le détecteur de métaux mal réglé a sonné... Si j'ai réussi à dormir pendant une partie du vol Paris-Delhi, j'ai eu bien du mal à rester éveillé pendant ma correspondance. Il a fallu le déjeuner servi dans le Delhi-Kolkata pour me remettre d'aplomb.

Le tamponnage du visa n'a eu lieu qu'une fois arrivé à Kolkata. Comme les fois précédente, j'ai observé que mon passeport n'était pas reconnu par la machine et que l'officier de l'immigration devait saisir les informations au clavier, mais c'est le premier qui s'en plaigne. Du coup, j'ai discuté pendant bien dix minutes avec lui. Il me disait que j'avais mal manipulé mon passeport tandis que j'expliquais que c'était la faute du climat indien s'il en était ainsi, le passeport que je garde en permanence dans mon sac pendant mes voyages en Inde ayant eu à faire face à des pluies violentes, les pires étant celles de Vijayawada en 2008. Depuis, on ne voit même plus l'inscription Union européenne, République française sur la couverture... Toutefois, comme l'officier me le disait : This is not a matter. et j'ai pu fouler formellement le sol indien et prendre un taxi prépayé pour rejoindre mon hôtel.

Le chauffeur s'appelle Ismael et m'explique qu'il est très heureux depuis qu'il a acheté sa licence de taxi. Avant, il était tireur de rickshaw. Si dans toute l'Inde, on voit des auto-rickshaws (triporteurs motorisés) et des cycle-rickshaws (triporteurs propulsés par le pédalage du rickshaw-wallah), il n'y a me semble-t-il qu'à Kolkata que l'on voie encore des rickshaws tirés par des hommes à pieds.

Je retrouve mes petites habitudes à Kolkata. Comme les fois précédente, je réside à l'hôtel Broadway. Il est situé tout près de la station de métro Chandni Chowk, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités. Si les prix ont augmenté de 30% depuis la dernière fois, cela reste raisonnable pour un tel hébergement dans une grande ville qui réunisse quelques qualités appréciables :

  • le journal The Telegraph est glissé sous ma porte tôt le matin (ce qui est pratique pour organiser ma journée en fonction des annonces de concerts qui pourraient s'y trouver) ;
  • la serviette est fournie (ce n'est pas systématique partout) ;
  • il y a une douche, certes sommaire, et pas seulement une batterie de seaux ;
  • il y a une fontaine à eau filtrée fraîche, ce qui m'évite d'acheter des dizaines de bouteilles d'eau en plastique.

À quelques pas de l'hôtel, je peux manger de la cuisine du Sud de l'Inde au très bon Anand Restaurant, qui est plus ou moins ma cantine à Kolkata : un maître d'hôtel et plusieurs serveurs se souviennent de moi ! La moustache de mon serveur préféré est un peu plus grisonnante qu'il y a deux ans.

Dans le métro, j'utilise les balances. Je suis amèrement déçu, alors que la mention du poids était habituellement accompagnée d'une phrase comme Your personality: You are a blend of sharp intellect and aloofness, you are unquestionably and sincere.. Là, j'ai dû me contenter de : Your weight: (dix de moins qu'il y a un an en arrivant à Mumbai). En attendant leur métro, les indiens se mettent en face des quelques ventilos. Il fait une de ces chaleurs et des gouttes de sueur se forment sur tous les visages...

Dimanche, après une nuit de plus de 10 heures, je suis parti tôt pour rejoindre à pieds la gare de Sealdah. Je chemine dans une ville qui fonctionne étonnemment au ralenti, même pour un dimanche vers 7h-8h. Quelques hommes sont en tenue pour s'asperger d'eau, d'autres dorment encore, à même le trottoir... Par hasard, en passant une porte qui conduisait je ne sais où, je découvre l'existence d'une grande piscine à ciel ouvert. Pas un bassin à l'eau douteuse dépendant ou non d'un temple, non, une vraie piscine, avec des lignes d'eau, des plots de départ, des joueurs de water-polo, etc.

Après être passé dans un bazar improbable, j'entre dans la gare de Sealdah et passe un certain temps dans la queue avant d'obtenir un billet pour Dakshineshwar. Le hic, c'est que je n'ai pas pu acheter un horaire des trains locaux. J'aurais dû apporter un vieil horaire, ne serait-ce que pour connaître les noms des trains qui s'arrêtaient à Dakshineshwar. Au guichet d'information, une aimable dame m'a indiqué le train de 8h48, lequel n'est jamais venu. J'ai renoncé à ce train et en ai pris un autre s'arrêtant à Dum Dum qui est sur le chemin, ce que j'aurais pu faire plus agréablement en métro comme il y a quatre ans. De là, voyant les interminables files d'attente devant les guichets, j'ai décidé d'utiliser d'autres moyens de transport. Les rickshaw-wallahs demandaient Do sau (deux cents), j'ai donc commencé par marcher jusques une grande route, la Barrackpore Trunk Road, où je suis monté dans un bus. En ce dimanche, les environs du temple Dakshineshwar sont bondés. La file d'attente serpente jusque dans le petit parc voisin. Une fois le mur d'enceinte franchi, on découvre qu'en fait plusieurs queues tentaculaires mènent au sanctuaire principal. Cette vision m'est tout à fait inattendue en raison de mon expérience précédente avec ce temple. Arrivé au sanctuaire, on a quelques secondes pour apercevoir une statue noire... L'architecture du temple est très originale. Le seul point de comparaison que je connaisse est celui des temples de Vishnupur, qui sont toutefois faits d'un autre matériau.

Après avoir aperçu quelques uns des lingams placés au centre de sanctuaires secondaires tous identiques et parfaitement alignés, je prends un bateau pour rejoindre l'autre rive de la Hooghly. Je ne sais pas à quelle heure j'eusse dû quitter mon hôtel pour ne pas arriver hors délai, toujours est-il qu'à 12h15, les portes de Belur Math, le centre principal de la Mission Ramakrishna, étaient fermées. Comme elles ne rouvraient qu'à 16h, je me suis rendu en bus à la gare de Howrah. J'espérais y manger dans un petit restaurant-snacks, mais il y avait une longue file d'attente pour accéder au comptoir. Je n'ai pas non plus fait la file d'attente aux guichets pour me voir répondre qu'ils ne vendaient pas d'horaires de trains. Finalement, j'ai pris un bateau pour Fairlie Ghat. Sur la route conduisant à mon hôtel, je n'ai pas trouvé mon préparateur de lassis habituel. Je me suis donc dirigé pour la première fois au cours de ce voyage vers ma cantine, le restaurant Anand. Bizaremment, il y avait comme une file d'attente à l'entrée. Dans le doute, j'ai quand même poussé la porte et après un échange de moues entre le Cerbère et moi, celui-ci m'a dit en hindi Upar aie!, ce qui signifie Montez!. Il tient à mes maigres notions de hindi que j'aie bien mangé !

Séries de photographies : 2012-07-14, Kolkata, 2012-07-15, Kolkata.

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Acheter des billets de trains indiens

2012-04-27 14:47+0200 (Orsay) — Voyage en Inde XI

En Inde, la façon la plus économique et confortable de faire des trajets longue distance est de prendre le train. Lors de mes deux premiers voyages (en 2005 et 2006), je ne m'étais pas assez bien organisé : je savais dans quels aéroports j'arrivais et repartais, mais je n'avais qu'une vague idée des étapes intermédiaires. Comme il n'était pas très commode de réserver un billet de train dans les gares indiennes et que quelques jours avant le départ des trains ceux-ci étaient déjà complets, je m'étais retrouvé à prendre des bus longue distance : j'ai un souvenir particulièrement cauchemardesque d'un bus de nuit Jhansi-Indore et un souvenir plus amusé d'un Pondichéry-Madurai. Un récent Tiruvannamalai-Chennai m'avait épuisé.

Ainsi, depuis quelques années, pour voyager confortablement, je choisis le train, ce qui demande de s'organiser un minimum à l'avance. J'ai commencé à utiliser le site IRCTC des chemins de fer indiens en 2006 pour acheter un billet Allahabad-Mumbai (qui arrivera à destination avec une dizaine d'heures de retard). À l'époque, l'interface était spartiate. Il fallait rentrer les codes à trois lettres des gares de départ et d'arrivée, connaître les différentes classes de billets (et un certain nombre d'autres subtilités). Une fois arrivé à la caisse, on se retrouvait devant une galaxie de plates-formes de payement et il fallait avoir de la chance pour tomber sur celle qui acceptait les cartes Visa internationales (voir ce billet pour un résumé de l'épreuve initiatique). D'une année sur l'autre, la banque qui acceptait ces cartes ne les acceptait plus, une autre prenait le relais (il fallait les tester toutes jusqu'à ce que ça marche, et à chaque fois saisir à nouveau toutes les informations...). L'ergonomie du site s'améliorait sensiblement. On pouvait taper Chennai, cliquer sur Chennai - All stations dans le menu qui apparaissait pour obtenir les résultats correspondant aux différentes gares de la ville.

Le début de la fin, cela a été vers 2010. Pour les payements par carte Visa, il devenait obligatoire de passer par l'étape Verified by Visa. Cela engendrait des bugs supplémentaires, mais cela avait fonctionné. Sur place, j'avais eu des problèmes pour changer un Chandigard-Delhi : ma carte n'était plus acceptée. De retour en France, m'inquiétant en vue du voyage en 2011, j'avais fait des essais de réservation et cela ne marchait toujours pas. Un test avec le site Cleartrip avait toutefois été concluant. À l'approche de mon voyage de 2011, le site IRCTC était retombé en marche, mais des messages inquiétants apparaissait comme, de mémoire, Update your account with correct mobile number. Accounts with junk information will be deleted..

La semaine dernière, vendredi, à environ J-90 de la date du premier billet de train que je voulais réserver, je vais sur le site IRCTC. Première mauvaise nouvelle : je n'aurai pas de place dans le Rajdhani Kolkata-Parasnath (voyager en Rajdhani, c'est le grand luxe) puisque le quota de places vendues sur Internet est très faible et qu'il est désormais possible de réserver jusqu'à 120 jours à l'avance (il y a quelques années, c'était déjà passé de 60 à 90 jours). Deuxième mauvaise nouvelle, plus inquiétante : il faut absolument que je mette à jour mon compte. Pour cela, je dois rentrer un numéro de portable. Bien sûr, il n'y a pas la place pour mettre un indicatif (+33) autre que celui qui est codé en dur (+91). Si on s'avise de mettre un numéro à 10 chiffres français, le site répond qu'un numéro de portable ne commence pas par 0.

Mettre n'importe quoi qui fasse dix chiffres et ne commence pas par un zéro ne suffit pas tout à fait puisqu'on est censé recevoir par SMS un code d'activation du compte IRCTC. Bref, si on est à l'étranger, c'est mort. Seulement, une solution existe, elle est décrite ici au milieu d'autres informations utiles sur les trains indiens. Pour faire que mon compte IRCTC devienne un compte vérifié, j'ai donc mis un numéro de mobile farfelu (mais contenant un certains nombres de chiffres de mon vrai numéro) et envoyé un mail à care@irctc.co.in en expliquant brièvement ma situation : je voudrais recevoir par mail mon code d'activation. J'ai joint un scan de mon passeport pour qu'ils puissent vérifier mon identité. Dans la journée qui a suivi, j'ai reçu une réponse qui m'a permis d'avoir un compte IRCTC vérifié. On peut lire ici ou là des commentaires un peu brutaux à cet égard, mais je les trouve exagérés. Les Indiens doivent représenter l'écrasante majorité des utilisateurs du site IRCTC. Comme je crois savoir que la procédure permettant d'obtenir un téléphone portable en Inde demande de fournir des papiers d'identité, lier un compte Internet à un téléphone portable offre une garantie raisonnable d'authentification (c'est une mesure un peu pénible, mais pas non plus invraisemblable ; la raison invoquée est la lutte contre le marché noir).

Il ne faudrait pas croire qu'avoir un compte IRCTC vérifié suffise à acheter des billets de train. Ce n'était que l'étape facile... En effet, à ce stade, IRCTC n'accepte pas d'autres cartes bancaires étrangères que les American Express. Ça, c'est vraiment lamentable... Il serait intéressant de savoir quel pourcentage de la population des États-Unis, de la France et de l'Inde satisfont les conditions de revenus permettant d'avoir une telle carte bancaire...

Tout n'est pas perdu puisqu'il est possible de passer par des intermédiaires qui acceptent d'autres cartes. C'est le cas de Cleartrip. Pourquoi donc me suis-je embêté à faire valider mon compte IRCTC si in fine je vais acheter mes billets sur Cleartrip ? C'est que l'IRCTC a rendu obligatoire de lier un compte du site Cleartrip (ou d'un autre intermédiaire) à un compte IRCTC vérifié... Samedi dernier, j'ai donc lancé la procédure sur le site Cleartrip en rentrant mon login Cleartrip, mon login IRCTC, etc (ce qui ne s'est pas fait sans mal, le code Javascript de la page du formulaire s'évertuant à refuser mon code postal). Le but est d'obtenir deux codes de vérification One-time Passwords (OTP), un par mail et un autre par SMS. J'ai bien reçu de la part d'IRCTC le Email OTP, mais de même que pour la validation du compte IRCTC, il faut passer par le service clients pour obtenir le Mobile OTP. C'est là que les choses se sont gâtées.

Dimanche, le lendemain, après un accusé de réception envoyé automatiquement, je reçois un premier message :

Dear Customer,
Kindly note that we have already sent to you the mobile code on your registered email id whether you have recieved or not .

if you have recieved
then please firstly you need to activated the account with given mobile code at irctc site then you will be able to registered at other site like (makemytrip.com ,cleartrip.com)

Je venais de dire dans mon message que j'avais déjà un compte IRCTC activé et que je voulais justement m'inscrire sur un autre site. Je réponds immédiatement :

As I wrote it in my previous mail, I already activated my IRCTC account. What I would like to do next is the second step you mention: synchronise my Cleartrip and IRCTC accounts so that I can book tickets on Cleartrip. To do this, I will have to enter my Cleartrip username "xxxxxxxxxxxxxx", my IRCTC username "xxxxx" and two OTP (Email & mobile). I received by email the Email OTP, which is "xxxxxx". The last information I need is the corresponding Mobile OTP which I cannot get by mobile because I do not own an Indian mobile. Could you send this Mobile OTP to me by email?

La réponse suivante montre que j'aurais pu écrire n'importe quoi dans mon message puisqu'il n'a pas été lu :

Kindly contact the customer care department of cleartrip.com providing the exact error message encountered and at which step of user ID creation/registration you get this error message.
Please write to Cleartrip customer care at the email ID railesc@cleartrip.com.

Mon salut ne peut pas venir de Cleartrip, seulement d'IRCTC, c'est ce que je réexplique dans mon message suivant en perdant quelque peu ma patience :

May I insist? Please read carefully the following lines (then you will see that this is really to IRCTC Customer Care that I need to talk). I have an IRCTC account (which is activated) and a Cleartrip account. In order to book train tickets, IRCTC has recently made mandatory to connect accounts of third-party sites like Cleartrip to a (verified) IRCTC account. I launched the process on Cleartrip without any error. the procedure is that I should get two OTP (one by email and one by mobile) *from IRCTC* that, as the IRCTC automatic message says "are to be used on IRCTC partner website for activation.". I successfully received the Email OTP from IRCTC, see the following excerpt of this mail:
> ticketadmin@irctc.co.in wrote :
> The Email OTP is xxxxxx Mobile OTP is being sent by SMS on the mobile provided Email OTP and Mobile OTP are to be used on IRCTC partner website / Mobile Application for activation.

The only information that I need now is the "Mobile OTP". As I am a foreigner, living outside India, I only have a French mobile, so that I did not get this Mobile OTP. What I am asking (for the third time) is that you kindly send me this "Mobile OTP" by email.
The relevant details are :
* IRCTC username "xxxxx"
* Partner website : Cleartrip ; Cleartrip username "xxxxxxxxxxxxxx"
* Email OTP "xxxxxx".

Silence radio pendant plusieurs jours. Je reçois dans la nuit un message encourageant :

We would like to inform you that your below enclosed email has been forwarded to the concerned department.You will receive a reply in this regard shortly.

Et un peu plus tard, j'obtiens enfin les informations voulues :

Kindly note that your Mobile Otp is xxxxxx and email Otp is xxxxxx.

Je rentre ces informations en suivant le lien indiqué dans le mail donnant le Email OTP et je vois apparaître le message You can now start making train bookings with your Cleartrip username: xxxxxxxxxxxxxx. Cela a bien fonctionné, en dépit de quelques messages d'erreurs comme Aaargh!! Train no longer available, Sorry, but one of the Train you selected is no longer available. It's annoying, but it happens., Cleartrip's system is behaving badly, j'ai pu réserver sept billets de train pour mon prochain voyage. J'ai aussi eu un problème au moment du payement : je ne sais jamais si je dois cocher Debit Card ou Credit Card. Cela a commencé par ne pas marcher avec Credit Card. J'ai donc acheté mes deux premiers billets en cochant Debit Card, et puis plus rien. Entretemps, l'option Credit Card était tombée en marche. Non, sans ces messages d'erreurs et bugs incompréhensibles, ce ne serait plus drôle de réserver des billets de train...

Pour 3500₹ (soit à peine 50€, l'euro semble redevenu assez fort par rapport à la roupie !), je pourrai faire 2800 kilomètres de train. Quatre des septs billets m'ont coûté chacun environ 3€. Ce sont les trois trains de nuit en compartiment climatisé qui font passer ce budget train de trois fois rien à pas grand'chose !

PS: Si on n'a pas de compte IRCTC, on peut le créer en même temps que le compte Cleartrip. Seule la deuxième étape (avec les deux OTP) est vraiment importante. Si on dispose déjà d'un compte IRCTC (non vérifié), il est probablement que première étape de validation de ce compte IRCTC soit superflue. (Prévoir une semaine de marge pour l'ensemble de la manip'.)

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