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2011-10-27 01:13+0200 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2011-10-26
The Cleveland Orchestra
Franz Welser-Möst, direction
Symphonie nº3 Écossaise
(Mendelssohn)
Doctor Atomic Symphony (John Adams)
Boléro (Ravel)
Arioso du Concerto en ré majeur Bâle pour orchestre à cordes, Stravinski
Au menu de la première partie de ce concert du Cleveland Orchestra, la
symphonie écossaise
de Mendelssohn. D'après mes archives, je l'ai
écoutée (au disque uniquement) une fois il y a sept ans et une fois il y a
trois ans. Autant dire que c'était comme si je l'entendais pour la première
fois. Pendant le premier mouvement, le chef Franz Welser-Möst a des gestes
crispés, presque mécaniques. J'ai l'impression de voir un dictateur ou un
général commander à des armées (composées chacune d'un nombre impair de
recrues). Une fois lancées les armées jouent ensemble. Le chef les regarde
faire en battant moins nettement la mesure, puis il reprend en main tout le
monde. Le chef contrôle ses troupes comme des corps constitués, mais
parfois, d'un geste courbe de la main gauche, il joue avec comme si
c'étaient des ondes ou des bulles de savon dont il ferait varier les
volumes en soufflant dedans ou en aspirant. Les indications des entrées aux
timbales et aux cuivres sont très précises. À partir du deuxième mouvement,
à part une ou deux rechutes, la direction se fera beaucoup apaisée. Bref,
visuellement, voir ce chef (depuis l'arrière-scène bien sûr) est un
spectacle en soi, quoique légèrement anxiogène.
Pour ce qui est de la musique, les deux premiers mouvements et le début du troisième furent pour moi un plaisir rare (qui a pensé tout bas que j'ai connu d'aussi bonnes voire de meilleurs sensations pas plus tard qu'hier dans le Hindemith ?). Les pizz. à la toute fin du deuxième mouvement étaient mignons comme tout. J'ai également apprécié la façon qu'a eu le chef d'entamer chaque mouvement aussitôt le mouvement précédent terminé, sans laisser le temps aux spectateurs de penser à se racler la gorge (voir chez Klari pour quelques horror-stories liées à des incivilités de spectateurs).
L'œuvre pour laquelle j'avais sélectionné ce concert intervient après l'entr'acte : Doctor Atomic Symphony de John Adams. C'est tiré de l'opéra Doctor Atomic. Heureusement, c'est moins long : je me suis ennuyé à mourir en visionnant en DVD cet opéra (2h40 !). L'ennui ne venait pas tant de la musique que de la manière dont le texte, soit trivial soit quasi-hermétique, est mis en musique (avec l'exception notable du personnage de Kitty Oppenheimer). Certes, on comprend parfaitement les paroles, mais c'est trop parlé pour que je l'apprécie comme du chant. J'ai également peu goûté la façon de traiter le sujet (peut-être intéressant) en faisant reposer une bonne partie de l'action sur la question de la météo dans les heures qui précédèrent le premier essai nucléaire.
J'avais cependant quelqu'espoir que réduite à l'état de symphonie de 24 minutes, cette œuvre pourrait être suffisamment aimable. Cela n'a pas été le cas. Je n'ai entendu des choses pour me plaire que dans les dernières minutes, quand est utilisée la musique du chant d'Oppenheimer Batter my heart, three-person'd God (vers de John Donne) à la fin du premier acte : une partie très spectaculaire des violons alterne avec le chant d'Oppenheimer qui est confié à la trompette. À part ça, rien à signaler.
Enfin, une autre raison indépendante d'assister à ce concert était le Boléro de Ravel programmé en fin de programme. C'est la première fois que je l'entendais en concert. J'ai été tout étonné quand cela s'est terminé. Quoi ? Déjà fini ‽
Une valse inconnue de moi à été jouée en bis. Petit couac à la fin du concert, le chef ayant été trop gourmand en saluts : il faut savoir plier bagage au bon moment, sinon, on se retrouve à revenir sur scène piteusement alors que la moitié du parterre est déjà debout... et ce alors même que les applaudissements ont été plutôt chaleureux.
À voir : Jacques Villeret dans Le Batteur du Boléro, court-métrage de Patrice Leconte (avec le directeur musical de l'Orchestre Colonne et une charmante timbalière en guest-stars).
2011-10-26 01:02+0200 (Orsay) — Culture — Musique
Amphithéâtre de la Cité de la musique — 2011-10-25
Quatuor Pražák
Pavel Hůla, violon, direction
Alda Caeillo, sprechgesang
Vlastimil Holek, violon
Josef Klusoň, alto
Michal Kaňka, violoncelle
Václav Kunt, flûte, piccolo
Milan Polak, clarinette, clarinette basse
Jaromir Klepáč, piano
Quatuor op. 16, Hindemith
Pierrot lunaire, op. 21, Schönberg
Je ne m'étais jamais aventuré au fond de la boutique de disques et de livres de la Cité de la musique. Virage à gauche au fond, descente des marches, traversée le hall, entrée dans l'amphithéâte, par en haut !
Je m'installe à une place excentrée du premier rang. Si de Pavel Hůla, premier violon du quatuor Pražák, je ne vois pratiquement que le bras droit, pour ce qui est de l'altiste Josef Klusoň, il est comme en face de moi, et je le vois jeter quelques coups d'œil à ses partenaires. Entre le dos du premier violon et l'instrument du second (Vlastimil Holek), je vois assez bien le violoncelliste Michal Kaňka, qui pour ses cordes à vide, laisse s'échapper sa main libre qui vient presque toucher son menton, façon Penseur de Rodin.
La première œuvre de ce programme est bien sûr un quatuor à cordes : l'opus 16 de Hindemith. J'ai vraiment adoré ce quatuor dont l'atmosphère générale m'a semblé industriello-urbaine, certains passages pouvant évoquer le bruit mécanique de machines. À un moment, le deuxième violon produisait des sons qui bizarrement semblaient assez proches de ceux d'une flûte. J'étais surtout très bien placé pour voir l'altiste interpréter ses parties, fort jolies (Hindemith était aussi altiste, et c'est lui-même qui a créé ce quatuor à cordes...). Quel plaisir d'écouter une telle œuvre avec de tels interprètes dans les sièges si douillets de l'amphithéâtre !
Après l'entr'acte sont entrés un pianiste, un flûtiste (traversière et
piccolo), un clarinettiste (jonglant aussi entre deux instruments). Pour
les violon et alto, on jongle entre le deuxième violon et l'altiste du
quatuor, ce qui produit un manège amusant (l'altiste par ailleurs tourneur
de pages du pianiste s'asseyant à la place du violoniste qui devient
tourneur de pages et réciproquement). Le premier violon dirige l'ensemble
qui comprend aussi bien sûr une sprech-chanteuse, Alda Caeillo.
C'est qu'on joue Pierrot lunaire de Schönberg. C'est uniquement
par curiosité pour cette œuvre que j'avais choisi ce concert. Je
m'attendais à quelque chose d'assez inécoutable, mais je me suis surpris à
trouver l'ensemble très agréable. Du côté de la voix, cela ne ressemble à
rien de ce que je connaissais. C'est parlé-chanté
. Des phrases se
terminent par des vocalises. Dans d'autres, l'interprète va jusqu'à crier.
C'est presque toujours exacerbé d'une façon ou d'une autre. La façon d'Alda
Caeillo d'interpréter le texte me semblait cohérent avec les côtés quelque
peu glauques et macabres du texte. Bref, ce fut un très beau concert !
Ailleurs : Bladsurb.
2011-10-23 02:16+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2011-10-22
Koen Kessels, direction musicale
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Ballet de l'Opéra
Léo Delibes, Ludwig Minkus, musique
Version réalisée par Marc-Olivier Dupin
Livret d'après Charles Nuitter et Arthur Saint-Léon
Jean-Guillaume Bart, chorégraphie
Éric Ruf, décors
Christian Lacroix, costumes
Dominique Bruguière, lumières
Clément Hervieu-Léger, Jean-Guillaume Bart, dramaturgie
Florence Clerc, assistante du chorégraphe
Anne Salmon, répétitrice
Dominique Schmitt, assistante décors
François Thouret, assistant lumière
Ludmila Pagliero, Naïla, esprit de la Source
Karl Paquette, Djémil, chasseur
Isabelle Ciaravola, Nouredda, promise au Khan
Vincent Chaillet, Mozdock, frère de Nouredda
Mathias Heymann, Zaël, elfe de Naïla
Nolwenn Daniel, Dadjé, favorite du Khan
Christophe Duquenne, Le Khan
La Source (création)
Ce soir, j'ai assisté pour la première fois à la création d'un ballet classique à l'Opéra. L'événement était attendu des balletomanes. Il s'agit d'une re-création du ballet La Source d'après le livret original de Charles Nuitter et Arthur Saint-Léon et sur une musique de Léo Delibes et, hélas, Ludwig Minkus.
J'en sors très enthousiaste, avec l'impression d'avoir vu le Ballet de
l'Opéra à son meilleur. Le premier acte se place auprès de la source. Elle
n'est qu'indirectement représentée sur scène par la végétation dont elle
favorise le développement. Dans la description du décor d'origine par
Nuitter (citée dans le programme du spectacle, p. 46), on lit : Au fond,
des flancs d'un rocher, s'échappe un filet argentin d'une source ; autour
de la source, des plantes verdoyantes fleurissent ; des lianes grimpantes
s'enroulent aux branches des arbres, d'où elles laissent retomber des
grappes de fleurs
. Ce sont manifestement ces lianes grimpantes qui ont
inspiré le décorateur Éric Ruf. Ces lianes sont des cordages qui rappellent
ceux qui apparaissent sur le rideau en trompe-l'œil de l'Opéra. Auprès de
la source évoluent des nymphes et des elfes. Leurs costumes sont très
brillants ! Parmi ces elfes, Zaël (Mathias Heymann) bouge et saute comme un
marsupilami.
Le chasseur Djémil (Karl Paquette) arrive, puis une caravane de Caucasiens s'arrête. Mozdock (Vincent Chaillet) conduit sa sœur Nouredda (Isabelle Ciaravola) qui est promise au Khan. Elle demande qu'on lui apporte une fleur apparemment inaccessible. Les hommes de Mozdock essayent de grimper, mais n'y arrivent pas. Djémil se propose de l'aller chercher et y parvient. C'est pour ainsi dire par magie que Karl Paquette s'est hissé le long de cette corde (effet spécial très réussi). Dans les épopées indiennes, réussir une telle épreuve aurait immédiatement valu à Djémil d'obtenir la main de Nouredda (ainsi Rama obtint-il Sita et Arjuna Draupadi). Au lieu de cela, après avoir retiré le voile de Nouredda, il a été violenté par Mozdock et ses hommes. C'est alors qu'apparaît la fée de la source, Naïla (Ludmila Pagliero). Elle lui dit que la fleur est un talisman. Son pouvoir lui permettra de se venger de son affront et d'obtenir le cœur de Nouredda. En vérité, elle est amoureuse de Djémil, et ne fait cela que pour lui plaire.
Au deuxième acte, le décor utilise encore des cordes verticales, qui
représentent comme des barreaux de prison enfermant les femmes du Khan
(Christophe Duquenne) dans le zenana. L'atmosphère quasi-carcérale
est amplifiée par les lumières venant du fond de la scène, ce qui donne de
longues ombres en éventail des barreaux traversant toute la profondeur de
la scène. La favorite du Khan, Dadjé (Nolwenn Daniel) ne sait pas encore
qu'elle va perdre son statut en raison de l'arrivée de Nouredda. Quand
celle-ci arrive dans son palanquin, elle met en effet le Khan en émoi.
Pour elle, les femmes du harem dansent le pas des voiles
. C'est le
passage du ballet qui est le plus indianisant, limite bollywoodien (et non
hollywoodien comme il est écrit dans le programme p. 77 !). Ensuite,
arrivent Zaël, quelques autres elfes et Djémil habillés en troubadours. En
fait, ce sont plutôt des magiciens. Ils font paraître des fleurs de la même
espèce que celle que l'on a vu au premier acte. Nouredda reconnaît aussi
ces fleurs, et puis Naïla apparaît. Le Khan est immédiatement séduit, et il
décide de renvoyer Nouredda chez elle. S'ensuit quelque énervement de la
part de Mozdock. Finalement, la caravane repart d'où elle est venue.
Dans le dernier tableau, la scène est vide. Il ne reste pour ainsi dire plus que Djémil, Nouredda et Naïla. Nouredda est inanimée. Au cours du Pas du talisman, Naïla va se sacrifier par amour pour Djémil : elle va transférer son âme vers le corps de Nouredda, qui pourra ainsi continuer à vivre et aimer Djémil. Ainsi meurt Naïla.
J'avais lu le livret d'origine à la BnF il y a quelques mois. Il y a une semaine, lors d'une rencontre au Studio Bastille, le dramaturge Clément Hervieu-Léger avait résumé pour les personnes présentes le synopsis du ballet (de façon plus détaillée que ci-dessus). La différence principale par rapport au livret d'origine était la suppression du personnage de la bohémienne. Elle apparaissait au premier acte, rejoignait la suite de Nouredda et au début de ce qui était alors le troisième acte, elle aidait Nouredda à se venger contre Djémil par la faute de qui le Khan s'intéressait à Naïla et donc se désintéressait d'elle. La bohémienne était en effet capable de jeter des sorts. Ceci donnait a priori une complexité psychologique plus grande au personnage de Nouredda.
J'avais ainsi plusieurs sujets de questionnement avant la création :
Concernant le corps de ballet féminin, le pas des voiles dans le deuxième acte était un moment que j'attendais et je n'ai pas été déçu. À vrai dire, et c'est une agréable surprise, la séquence où le corps de ballet a été le mieux mis en valeur a été à la fin du premier acte : une vingtaine de nymphes saluant quelque lumière (est-ce une évocation du tropisme des plantes envers le Soleil ?) ou prenant diverses configurations géométriques (dans la rencontre mentionnée plus haut, le chorégraphe Jean-Guillaume Bart avait cité Émeraudes de Balanchine parmi ses influences...). Les femmes faisant partie de la caravanes auront aussi quelques danses dans des styles caucasiens à propos duquel le chorégraphe s'est documenté.
Le pas du talisman a beaucoup manqué d'émotions. La Source faisait parfois plus penser à une poupée désarticulée (cf. Coppélia). Plutôt que d'être ému, le public a ri quand elle est entrée par ascenseur à travers une petite ouverture ronde (c'est peut-être le mécanisme employé dans Giselle qui a été réutilisé à l'envers). Cela a été une certaine déception pour moi. J'espère que je l'apprécierai mieux lorsque je le reverrai, dansé par Ludmila Pagliero comme ce soir ou par d'autres interprètes. Pourtant, le pas de deux qui avait précédé avec Djémil m'avait plutôt plu ; la musique utilisait d'ailleurs la musique de l'Entr'acte situé entre les deuxième et troisième actes de Lakmé. Les autres ajouts musicaux sont venus d'œuvres peu connues de Delibes, ce qui permet d'éviter de surcharger une scène dansée par la situation de l'opéra dont les lyricomanes peuvent se souvenir. C'était assez dévastateur par les contresens que cela engendrait dans la Coppélia de Patrice Bart. Ici, l'ajout de cet extrait de Lakmé passe beaucoup mieux. (Plus généralement, dans la musique de ce ballet, j'ai très nettement préféré les parties dues à Delibes à celles dues à Minkus. Ce n'est pas vraiment un test en aveugle puisqu'il est assez facile de deviner qui a écrit quoi !)
Si le rôle de Naïla ne m'a pas complètement comblé, une très bonne surprise est venue de celui de Nouredda. Il fut fabuleusement interprété par Isabelle Ciaravola, aussi bien lors de son solo dans le tableau du Khan que dans son pas de deux avec Karl Paquette dans le dernier tableau. L'interprétation a commencé par une attitude de discrète réserve dans le premier acte, celle d'une jeune femme que l'on conduit à un futur mari inconnu. Le personnage a ensuite été beaucoup plus développé que je ne l'attendais. Sur la base de la représentation de ce soir, j'ai un peu envie de dire que c'est elle, le premier rôle ! De son côté, Karl Paquette a semblé être un très bon partenaire aussi bien pour l'une et que pour l'autre des deux héroïnes.
D'autres satisfactions sont venues des autres danseurs, comme Vincent Chaillet (Mozdock), très convaincant dans le premier acte (danses caucasiennes).
Les costumes de Christian Lacroix sont superbes. Le palanquin décapotable de Nouredda est très joli aussi. Le décor déplaira sans doute à ceux qui ne jurent que par le style tradi. J'ai eu quelques doutes au début, mais j'ai fini par l'apprécier, ce décor, tout comme les lumières, aussi austères qu'elles puissent paraître. Parmi les petits défauts ou choses qui m'ont échappées, je n'ai pas très bien compris comment Nouredda se retrouvait inanimée au début du dernier tableau. Aussi, il y avait peut-être un certain manque de lisibilité dans la promesse faite par Naïla à la fin du premier acte d'aider Djémil à gagner l'amour de Nouredda, et sur le rôle du talisman. Cela dit, le chorégraphe avait prévenu qu'il y aurait peu de pantomime...
Après les déceptions que furent pour moi L'Anatomie de la sensation et Psyché, La Source me semble une grande réussite. Dix-huit représentations sont prévues jusqu'au 12 novembre...
Ailleurs : Blog à petits pas, Musica Sola.
2011-10-22 01:58+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Athénée Théâtre Louis-Jouvet — 2011-10-21
Murial Ferraro, Egisto
Charlotte Plasse, Alvida, Virtu
Anouschka Lara, Eurilla, Volutta
Dagmar Saskova, Moschino, Une Nymphe
Blandine Folio Peres, Rosilda, Silvia, Ozio
Christine Tocci, Lucinda, Une Nymphe
Lucile Richardot, Dorillo, Une Nymphe
Matthieu Chapuis, Zanni
David Witczak, Coviello
Marc Valéro, Narnese, Un berger
Jan Jeroen Bredewold, Silvano
Jérôme Correas, direction musicale
Jean-Denis Monory, mise en scène
Lorenzo Charoy, collaboration artistique
Françoise Denieau, chorégraphie
Gilles Poirier, assistant chorégraphie
Adeline Caron, scénographie et décors
Olivier Oudiou, lumières
Chantal Rousseau, costumes
Mathilde Benmoussa, maquillages et coiffures
Julies Coffinières, masques
Corinne Paccioni, assistante mise en scène
Les Paladins
L'Egisto, Marco Marazzoli et Virgilio Mazzocchi
Bilan très mitigé pour cet Egisto de Marco Marazzoli et Virgilio Mazzocchi présenté à l'Athénée environ trois siècles et demi après sa création à Rome. En 1646, ce fut paraît-il le premier opéra joué en entier au Royaume de France. La partition n'a été retrouvée que très récemment par Barbara Nestola.
La musique a commencé par me plaire. Du côté de la voix, il y a très peu
de numéros qui pourraient s'appeler airs
. Ainsi, on ne trouve pour
ainsi dire pas de répétitions de paroles (tant mieux !). La frontière est
ténue entre la façon de chanter comme dans les airs
, celle propre
aux récitatifs et les passages un peu plus parlés. Bref, en gros, entre les
intermèdès musicaux, c'est un long récitatif chanté qui, sans trop dévier,
se déplace parfois, brièvement, vers une sorte d'air ou vers une sorte de
dialogue.
Musicalement, donc, cela me plaisait franchement jusqu'à l'arrivée des
personnages bouffons, au service du noble désargenté Egisto (qui n'a rien à
voir avec l'Égisthe de
la mythologie Grecque). Le livret est certes comique, mais tout semble
terriblement surjoué. Cela donne un mélange entre Funès, Mr. Bean et
Danyboon. Cette façon de jouer la comédie m'a semblé très déplaisante, tout
particulièrement après l'entr'acte avec l'intermède de la Foire de
Farfa
précédant le troisième acte.
Le décor est pour ainsi dire le même que celui de La Flûte enchantée de Peter Brook, les tiges de bambou verticales étant remplacées par de hautes planches. Le problème, c'est que là où Brook les organisait pour suggérer quelque chose, ici, en dehors de la scène où elles représentent vraisemblablement une forêt, elles ne signifient en général rien.
Il faut ajouter à cela des costumes très très tradi', une mise en scène qui souligne le moindre micro-détail du livret touffu, auquel on a visiblement ajouté quelques gags. Les orchestres baroques passent en général beaucoup de temps à se réaccorder. C'est un fait. Ce soir, l'ensemble s'est accordé encore plus souvent que d'ordinaire, puisque l'action principale faisait partie d'une représentation à l'intérieur de la représentation, introduite par le prologue pendant lequel la Vertu choisit le rôle de la veuve Alvida, qui finira par épouser Egisto, lequel retrouvera sa fortune et la sœur Lucinda dont il avait été séparé. Forcément, au début de cette représentation dans la représentation, l'orchestre se réaccorde...
Pour moi, après un bon début, cette représentation a viré au cauchemar. Quel contraste avec le bonheur qu'avait été The Turn of Screw en ce même lieu la semaine dernière.
2011-10-20 01:59+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Bastille — 2011-10-19
Roberto Alagna, Faust
Paul Gay, Méphistophélès
Inva Mula, Marguerite
Tassis Christoyannis, Valentin
Angélique Noldus, Siebel
Marie-Ange Todorovitch, Dame Marthe
Alexandre Duhamel, Wagner
Rémy Corrazza, Faust II
Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris
Alain Altinoglu, direction musicale
Jean-Louis Martinoty, mise en scène
Johan Engels, décors
Yan Tax, costumes
Fabrice Kebbour, lumières
Patrick Marie Aubert, chef du chœur
Faust, Gounod
Au moins, je n'y aurai pas perdu trop d'argent : 15€ pour une place de
deuxième rang de galerie nº5. Je vois les deux tiers de l'orchestre et
presque toute la scène (à condition de me lever de temps en temps). Tout le
monde l'a déjà dit, la mise en scène, les décors et les costumes sont
abominables (je me contenterai de dire que l'entrée en scène du jeune Faust
m'a fait penser à une scène du Rocky Horror Picture Show). L'œuvre
en elle-même présente peu d'intérêt, au-delà du divertissement musical et
des tubes
qu'elle contient. Cela fait bizarre de se sentir comme
étranger à ce monument national qu'est le grand opéra français, alors que
le public manifeste un enthousiasme particulier à l'issue de cette deux
mille six cent soixantième représentation de Faust à l'Opéra de
Paris.
L'histoire n'est sans me rappeler celle de Yayati qui est racontée dans le Mahābhārata : pour continuer à jouir de ses plaisirs, Yayati demande à un de ses fils de lui prêter sa jeunesse.
J'ai apprécié les moments purements orchestraux (assez variés). Du côté de la distribution, l'ensemble est très bon. Je l'avais déjà entr'entendu dans d'autres rôles, mais ce soir, Paul Gay (Méphistophélès) a été pour moi une très belle découverte. Il passe même à l'applaudimètre devant Roberto Alagna (Faust). Superbes Angélique Noldus (Siebel) et Tassis Christoyannis (Valentin). D'Inva Mula (Marguerite), la chouchou du directeur de l'Opéra Nicolas Joel, j'avais préféré les prestations dans les rôles d'Antonia ou de Mimi.
2011-10-15 02:22+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Athénée Théâtre Louis-Jouvet — 2011-10-14
David Curry, Le narrateur et Peter Quint
Chantal Santon Jeffery, La gouvernante
Rachel Calloway, Mrs Grose, l'intendante
Liisa Viinanen, Miss Jessel, l'ancienne gouvernante
Matthieu Haering, Miles, le garçon
Agathe Becquart, Flora, la jeune fille
Jean-Luc Tingaud, direction musicale
Olivier Bénézech, mise en scène
Alain Lagarde, scénographie
Xavier Lauwers, lumières
Frédéric Olivier, costumes
Élisabeth Delesalle, maquillages
Sébastien Fèvre, assistant mise en scène
Élisabeth Brusselle, chef de chant
Orchestre-Atelier Ostinato
The Turn of Screw, Britten
Ce fut pour moi une fascinante soirée d'opéra au Théâtre de l'Athénée Louis-Jouvet avec Le Tour d'écrou de Britten. Quelques minutes avant le début de la représentation, un rideau de scène a été baissé puis immédiatement remonté, sans raison, laissant à penser que le Théâtre était hanté...
Après un prologue, de nombreuses scènes se suivent, espacées par des interludes orchestraux. La musique est jouée par l'Orchestre-Atelier Ostinato (que j'avais déjà entendu dans Orphée et Eurydice). L'effectif des musiciens est réduit (13, m'a-t-il semblé), mais l'orchestration est aux petits oignons. Certaines combinaisons d'instruments sont étonnantes ! (Ah, ces voix accompagnées par les timbales !)
Tout concourt à créer une atmosphère mystérieusement oppressante autour du huis-clos de la situation représentée dans cet opéra. Une jeune femme est embauchée comme gouvernante auprès de deux enfants (un garçon et une fille) sur qui ne veille alors que Mrs Grose, l'intendante. Avant, il y avait Mr Quint (responsable du domaine) et Miss Jessel (l'ancienne gouvernante), mais ils sont morts. La nouvelle gouvernante est laissée à elle-même, elle doit gérer la situation quoiqu'il arrive, l'oncle qui l'a embauchée ne voulant en aucun cas être dérangé. Très vite, elle remarque des présences qui troublent aussi les enfants. Ce sont les fantômes de Mr Quint et Miss Jessel. Avant de mourir, leur conduite avait été loin d'être exemplaire...
Les voix ne sont pas du tout sollicitées de la même manière que dans les autres opéras que je connais. Les paroles chantées comportent beaucoup de récits. Parfois, ils s'adressent à un autre personnage. Parfois, ils commentent la situation, s'adressent au personnage lui-même ou informent le spectateur. Les personnages des enfants sont interprétés par de jeunes chanteurs du Chœur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal. Ils ont tous les deux été formidables. Leurs voix forment un charmant mini-chœur au début, comme quand ils récitent leur leçon de latin. Plus loin, les rôles se différenciant, les deux voix prendront chacune son autonomie. Dans le rôle du garçon, j'ai particulièrement aimé la façon de faire s'évanouir le son de certaines syllabes finales en decrescendo. La voix de Rachel Calloway (Mrs Grose) convient parfaitement au rôle. J'ai aussi aimé celles des fantômes, et tout particulièrement celle de David Curry (Quint) dont les vocalises et appels au petit Miles hanteront le théâtre. Le rôle apparemment le plus exigeant est celui de la gouvernante, et Chantal Santon Jeffery m'y a fait une forte impression.
La mise en scène et la scénographie sont relativement simples. On entre et on sort. On fait descendre les lits des enfants depuis les cintres avant que leurs occupants s'y installent. On utilise l'imperméable de la gouvernante et une poupée pour construire une scène au bord de quelque lac. Le décor reste sombre. À cette sobriété s'ajoute un remarquable travail de direction d'acteurs et des lumières bien pensées et réalisées. L'émotion ne vient pas vraiment de prouesses vocales, plutôt des situations et des contrastes qui se créent entre les unes et les autres.
Je n'aurai malheureusement pas beaucoup d'occasions de retourner dans ce théâtre au cours de l'année. D'ailleurs, pour une raison d'agenda, je revends 15€ une place payée 18.40€ (23€ moins 20% de réduction abonné) pour L'histoire du soldat de Stravinski le samedi 16 juin 2012 à 20h. Le billet est au balcon, deuxième rang de face, en bout de rang, ce qui permet de ne pas trop être à l'étroit tout en ayant une bonne vue sur la scène ; la fosse d'orchestre n'est que partiellement visible.
Ailleurs : Zvezdo.
2011-10-14 11:34+0200 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2011-10-13
Leonidas Kavakos, violon
Roland Daugareil, violon solo
Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction
Symphonie nº11 (Eduard Tubin)
Concerto pour violon en ré majeur, op. 35 (Tchaikovski)
Sarabande, Bach
Symphonie en mi majeur (Hans Rott)
Du mouvement de la symphonie nº11 de Tubin, il ne me reste pas grand'chose. Ensuite, j'ai eu l'impression de (re)découvrir un nouvel instrument, le violon, dans le concerto de Tchaikovski interprété par Leonidas Kavakos. Je ne l'ai pourtant vu pratiquement que de dos puisque j'étais à l'arrière-scène, mais pendant les moments où son instrument restait silencieux, il se retournait vers l'orchestre et donc vers moi. Mêmes les notes suraiguës paraissent belles jouées par ce violoniste qui a également offert un magnifique bis (Bach ?). Une petite frayeur quand à la fin de sa première intervention dans le concerto le violoniste a fait un petit geste brusque vers l'arrière. Un déséquilibre plus grand eût pu être fatal à son Stradivarius. J'ai aimé la façon dont le musicien a joué sans la main gauche pour une petite corde à vide dans le concerto.
Après l'entr'acte, la symphonie en mi majeur de Hans Rott a été pour moi comme une franche rigolade. Cela dit, les premières minutes m'ont paru très belles, l'orchestration faisant souvent penser à Wagner (beaucoup de cuivres, trémolos des cordes, etc.). Et puis, j'ai compris pourquoi cette symphonie est... incroyable. C'est en fait un pot-pourri de diverses ambiances sans lien apparent, dans le genre du premier mouvement de la Cantate des paysans Mer hahn en neue Oberkeet de Bach, BWV 212, mais sans la même ironie. Le compositeur a aussi tendance à étirer le matériau musical. Je ressens ceci notamment pendant la fin très apaisée du deuxième mouvement. Il s'en fallut de peu que je ne gloussasse au début des mouvements suivants. Au troisième, on trouve des danses à trois temps. Au quatrième, ce seront des notes très espacées jouées sauf erreur par la clarinette. Les trilles des flûtes un peu plus loin seront le pompon qui me fera définitivement perdre tout sérieux. Prise isolément, chaque ambiance orchestrale était très belle, mais le passage du coq à l'âne m'empêche de l'apprécier comme une œuvre intéressante et originale (puisqu'elle précède dans le temps le travail de Mahler). Je savais l'œuvre longue (une heure), pourtant je n'ai pas trouvé d'excessives longueurs dans les trois premiers mouvements. Elles sont arrivées dans le quatrième mouvement qui est un long développement qui est le morceau de musique le plus atteint du syndrome de l'hydravion que j'aie eu l'occasion d'entendre. Pendant environ une demi-heure, on cherche à faire amerrir l'hydravion. Les tentatives sont multiples. Le temps mauvais engendre de nombreuses tergiversations. Finalement, après tous les efforts demandés à l'orchestre, une accalmie et un petit arc-en-ciel permet à l'engin de grimper au Walhalla et à la symphonie de s'achever tout comme se termine Das Rheingold (en particulier, même genre de motif des timbales). Quelle énergie tout cela a dû demander aux musiciens pour la mise en place. Indiscutablement, ça valait le déplacement !
2011-10-10 01:17+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Cité de la musique — 2011-10-07 — 2011-10-09
Ivan Ludlow, Wotan, Wanderer
Fabrice Dalis, Loge, Mime
Nora Petročenko, Fricka, Helmwige
Donatienne Michel-Dansac, Freia, Gutrune
Alexander Knop, Donner, Gunther
Lionel Peintre, Alberich
Johannes Schmidt, Fafner, Hagen
Martin Blasius, Fasolt, Hunding
Mélody Louledjian, Woglinde, Gerhilde, Waldvogel
Jihye Son, Wellgunde, Sieglinde
Louise Callinan, Flosshilde, Erda, Waltraute
Marc Haffner, Siegmund
Cécile De Boever, Brünnhilde
Jeff Martin, Siegfried
Peter Rundel, direction musicale
Antoine Gindt, mise en scène
Remix Ensemble Casa da Música
Élodie Brémaud, collaboration à la mise en scène
Janick Moisan, assistanat à la mise en scène
Aleksi Barrière, Laurent Prost, dramaturgie, traduction, surtitres
Élise Capdenat, assistée de Piia de Compiègne, scénographie
Daniel Levy, lumière
Tomek Jarolim, création numérique
Fanny Brouste, assistée de Peggy Sturm, costumes
Véronique Nguyen, assistée d'Alexandre Bacquet, maquillage et coiffure
Martin Gautron, accessoires
Léo Warynski, conseiller musical et assistant du directeur musical
Fabrice Goubin, copie, corrections et adaptation
Nicolas Chesneau, Christophe Manien, Nicolas Fehrenbach, pianistes répétiteurs
Ring Saga : Das Rheingold, Die Walküre, Siegfried, Götterdämmerung, Wagner (version de Jonathan Dove et Graham Vick, 1990)
Outre les conférences de la Citéscopie “La Tétralogie de Wagner”, j'ai assisté entre vendredi et dimanche à une représentation des quatre opéras dans une version contractée et réduite pour 19 musiciens et 14 chanteurs. J'en sors globalement content, peut-être parce que contrairement à d'autres, je n'avais pas formé de trop hautes espérances. Peut-être aussi parce que j'ai préféré voir les verres à moitié pleins qu'à moitié vides. N'allant voir des opéras que depuis environ huit ans, il faut dire aussi que ce n'est que mon deuxième Ring après celui de l'Opéra Bastille de 2010 et de 2011, très décevant du point de vue scénique (mais fort appréciable musicalement parlant).
La mise en scène n'est pas désagréable à regarder. Les chanteurs jouent raisonnablement bien la comédie. Il n'y a ni trop de chahut ni trop de sur-place. Un placement au septième rang (donc au dernier rang du parterre de la Salle des Concerts dans cette configuration) me permet d'apprécier le jeu et l'expression faciale des uns et des autres, un plaisir qui me demande d'ordinaire de sortir mes jumelles. La scénographie est basée sur l'utilisation d'un plan légèrement incliné percé d'une ouverture transversale (au centre de la scène). Pour passer de gauche à droite et réciproquement, les chanteurs doivent enjamber le fossé. J'espère qu'aucun accident ne sera à déplorer lors les prochaines représentations. Les costumes et accessoires renvoient volontiers aux bandes dessinées de superhéros (notamment pour le costume des Géants). Dans l'ensemble, c'est assez lisible. Cependant, je ne comprends pas pourquoi on a inutilement rendu obscures certaines scènes. Ainsi, plusieurs combats de Siegfried se font à mains nues plutôt qu'avec l'épée. Dans la scène de l'enlèvement dans Le Crépuscule des dieux, Brünnhilde et Siegfried sont assis l'un et l'autre sur des sortes de sièges de bar placés de part et d'autre de l'espace scénique. Dans la scène finale, si on utilise de façon très jolie visuellement un grand drap animé de mouvements pour représenter les flots du Rhin est très esthétique (procédé similaire pour la représentation du géant Fafner dans Siegfried), la tentative ratée de s'emparer de l'anneau par Hagen et sa noyade dans le Rhin sont tout-à-fait illisibles. L'ambiance de chaque scène est rehaussée par l'utilisation d'un grand écran en fond de scène. Pendant l'essentiel du Ring Saga, cela m'a semblé complètement inutile. Cela ne trouve véritablement son utilité que lors de la Marche funèbre en l'honneur de Siegfried pendant laquelle des images tirées de tout ce qui précède sont passées en flashback.
Du côté de l'orchestre (qui d'après plusieurs comptages de spectateurs indépendants, moi y compris, comptait 19 musiciens et non 18 comme on le lit çà et là), il y a de quoi être charmé par les cuivres et les vents. La réduction qui tient la route du côté des cuivres (3 cors au lieu de 8 dans le prélude de l'Or du Rhin) passe moins bien chez les violons (1+1=2 au lieu de 16+16=32). Après avoir passé les trois premiers opéras en ne voyant que la tête du chef, j'ai pu voir l'orchestre lors de la dernière journée, ce qui m'a permis d'avoir un peu plus de bienveillance pour ces musiciens transformés en solistes dont chaque microcouac s'entend. Si la texture orchestrale n'est pas nouvelle dans les passages utilisant surtout les cuivres, les vents et les instruments à cordes les plus graves (violoncelles, contrebasse), il n'en va donc pas de même avec les autres (violons, alto). Le son des cordes devient plus rèche. Cependant, pour certains passages, les sonorités m'ont semblées tout-à-fait plaisantes. Ainsi furent les frémissements des cordes autour de l'apparition de l'Oiseau dans Siegfried. Dans le Salut au monde, cela aurait aussi été le cas si la harpe n'avait émis dans l'ensemble des représentations et cette séquence en particulier des sons particulièrement disgracieux. Je ne sais pas si c'est un problème de sonorisation de la harpe, mais j'avais l'impression que la harpiste devait en permanence forcer pour faire entendre son instrument, dont le son manquait donc beaucoup de délicatesse.
Il faut bien aussi parler des coupes. Si on est reconnaissant aux concepteurs de permettre au public de voir l'ensemble du Ring sur un week-end et qu'il n'est pas déraisonnable de passer sous silence certaines scènes (comme celle des Nornes dans le Prologue du Crépuscule des dieux qui raconte une histoire en dehors du temps principal de l'action, même si on ne peut pas forcément ne retenir d'une épopée que son action principale), certaines coupes engendrent des frustrations. Une d'entre elles est la coupe de certains passages dans la scène lors de laquelle Siegfried reforge Notung. Ainsi disparut le sympathique motif de la Fonte de l'acier qui procède du contraste entre les notes détachées de la deuxième mesure et les notes liées ensuite, comme soudées :
Ceci est bien sûr très anecdotique. Beaucoup moins le sont les coupes intervenues dans le Crépuscule des Dieux. Le plus frustant est la coupe de tout le très beau passage où avant d'être transpercé la lance de Hagen, Siegfried raconte sa vie et ses exploits à ceux qui sont encore ses compagnons de chasse. Ceci permet normalement de réentendre de nombreux motifs et d'apprécier de délicieux moments comme lorsque Siegfried reprend les phrases musicales de l'oiseau... Il ne reste plus que l'évocation de Brünnhilde (rappel du Salut au monde).
Avant cette scène, la rencontre entre Siegfried et les Filles du Rhin avait aussi été considérablement réduite (ce qui n'est pas forcément un mal). Juste après, on entend la Marche funèbre qui, sacrilège, est raccourcie. Heureusement, les cinq dernières minutes de l'ouvrage n'ont pas subi pareil triturage.
Si la mise en scène, l'orchestre et les coupes m'ont causé quelques contrariétés, je suis globalement plutôt content d'avoir assisté à ces représentations. En effet, une grande satisfaction est venue des chanteurs. Comme on peut le voir ci-dessus dans la distribution, certains chanteurs ont assurés deux voire trois rôles différents dans un ou plusieurs des opéras de ce Ring Saga.
Il est intéressant de voir comment une impression sur un chanteur peut évoluer d'un jour sur l'autre. Ainsi, pendant Das Rheingold, entre les deux géants Fasolt et Fafner interprétés respectivement par Martin Blasius et Johannes Schmidt, j'avais une nette préférence pour le premier. Quand il jouèrent séparément les rôles de Hunding, Fafner ou Hagen, je les ai trouvé tous les deux également convaincants. Dans l'ensemble de la distribution, mon coup de cœur va à Ivan Ludlow (Wotan) dont les récits étaient passionnants. La Fricka de Nora Petročenko était merveilleuse aussi, tout comme la Sieglinde de Jihye Son. Sans Cécile De Boever qui a été une formidable Brünnhilde tout du long des trois journées, la représentation du Crépuscule des Dieux eut perdu beaucoup de son intérêt. Dans une des scènes de Die Walküre, elle chantait comme si elle pleurait en même temps. L'effet était saisissant.
Certains chanteurs ont eu souvent du mal à passer l'orchestre. Le problème s'est surtout posé dans les scènes tirées des premier et troisième actes de Siegfried, et marginalement avec certains interprètes dans Götterdämmerung. Ceci a fait que l'opéra qui m'a semblé le mieux réussi et m'a procuré le plus d'émotions a été Die Walküre.
Les représentations de Strasbourg d'il y a une semaine ont été filmées. Elles peuvent être visionnées sur ArteLiveWeb.
Ailleurs : Musica Sola, Paris-Broadway, Palpatine, Bladsurb, Klariscope.
2011-10-10 01:07+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Après Tannhäuser jeudi, j'ai enchaîné de vendredi soir à dimanche soir les quatre opéras de la tétralogie du Ring (cf. entrée suivante). Les matinées de samedi et dimanche étaient par ailleurs occupées par des conférences musicologiques dans le cadre de la Citéscopie proposée en marge de ces concerts à la Cité de la Musique.
Les conférences étaient pour la plupart intéressantes. En voici un très succint résumé. Hélène Cao a discuté samedi des sources littéraires pour le Ring (principalement, l'Edda et les Nibelungen). On a ainsi entendu par exemple un enregistrement vocal avec une musique reconstruite de quelques strophes de l'Edda racontant la rencontre entre Sigurðr et Brynhildr dont le texte ressemblait très fortement à celui du Salut au Monde lors de la rencontre entre Siegfried et Brünnhilde dans Siegfried. Le dimanche, elle a parlé sur le thème Les sons et les sens du Ring. Il fut question bien sûr des motifs. Il aurait sans doute été préférable que cette conférence eût lieu samedi matin de façon à ce que ceci puisse servir de préparation à l'écoute des trois journées du Ring (à défaut du prologue). Il n'était pas question de faire un inventaire exhaustif des motifs, seulement d'expliquer certains mécanismes : motifs construits à partir de celui du Rhin, exemples de transformations de motifs, différents aspects harmoniques, mélodiques, rythmiques. Vu que j'avais déjà fait le travail de mémorisation des motifs, c'est surtout sur l'aspect harmonique des choses que cette conférence a commencé à m'ouvrir un peu les yeux .
Dimanche matin avait lieu une conférence de Philippe Godefroid Mettre
en scène le Ring aujourd'hui ?
. Si l'antisémitisme est une propriété
avérée de Wagner, je ne pense pas qu'il était nécessaire d'y consacrer plus
de la moitié de la durée de la conférence, qui s'est terminée par la
projection de plusieurs films issus de différents productions pour une même
scène de Siegfried : celle où le héros joue du marteau pour forger
l'épée Notung. Cela n'a guère permis que de visualiser différentes
conceptions esthétiques pour le décor et les costumes, puisque dans à peu
près tous les cas, Siegfried interprétait le Chant des soufflets
tout en tapant en rythme avec le marteau, Mime étant en train de préparer
une tambouille empoisonnée dans son coin. Forcément, si la partition
contraint ainsi les mouvements de Siegfried, le metteur en scène ne peut
pas faire grand'chose d'original, le seul cas intéressant montré étant
celui de Chéreau (Bayreuth 1976) où le marteau est hors-scène et le métal
passé dans une machine.
L'autre conférence du samedi, d'Emmanuel Reibel, était centrée sur la
dramaturgie. Elle était en trois parties : Traces du Märchenoper
et du Romantische Oper, le modèle du grand opéra français, et
approfondissement et parachèvement d'une dramaturgie narrative. Pour le
premier, de l'exemple de la Flûte enchantée, on peut remarquer une
similitude entre les Trois dames et les trois Filles du Rhin. Pour le côté
féérique, on remarque dans Siegfried la présence de l'Oiseau
(Waldvogel). La différence, c'est que chez Wagner, ces éléments ne sont pas
décoratifs, mais font avancer l'histoire. Du grand opéra français, Wagner a
gardé l'organisation en tableaux plutôt qu'en numéros musicaux (airs, duos,
etc). Il a aussi gardé les scènes où c'est la parole qui fait l'action
(paroles performatives) comme dans les serments. Dans la troisième partie,
il a expliqué que le livret wagnérien contenait beaucoup de récits (un
personnage raconte ce qu'il a fait). Entendre Die Walküre peu
après cette conférence était particulièrement saisissant puisque dans le
premier acte, Siegmund, Hunding et Sieglinde raconteront chacun leur
histoire. C'est aussi le procédé épique de la narration à l'intérieur de la
narration d'une histoire. L'orchestre joue un rôle de contrepoint
sémantique du texte
(l'orchestre peut ainsi faire allusion à un
personnage qui n'est pas sur scène). La conclusion était une triple
quasi-disparition, des chœurs (remplacés par l'orchestre), des ensembles
vocaux et du final d'acte (gratuitement spectaculaire : l'effet sans
cause
).
Dimanche en début d'après-midi avait lieu une table-ronde présentée par Timothée Picard à propos de l'ouvrage dont il a dirigé l'édition : Dictionnaire encyclopédique Wagner (Actes Sud/Cité de la musique). Il est intervenu avec deux de ses auteurs : Hélène Cao et Jean-François Candoni. Cela donnait bien sûr très envie, m'enfin, c'est quand même 79€ le pavé de 2469 pages.
2011-10-07 01:44+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Opéra Bastille — 2011-10-06
Christof Fischesser, Hermann
Christopher Ventris, Tannhäuser
Stéphane Degout, Wolfram von Eschenbach
Stanislas de Barbeyrac, Walther von der Vogelweide
Tomasz Konieczny, Biterolf
Eric Huchet, Heinrich der Schreiber
Wojtek Smilek, Reinmar von Zweter
Nina Stemme, Elisabeth
Sophie Koch, Venus
Sophie Claisse, Anne-Sophie Ducret, Virginia Levia, Xenia D'Ambrosio, Vier Edelknaben
Alix Le Saux/Laure Muller, Ein junger Hirt
Sir Mark Elder, direction musicale
Robert Carsen, mise en scène
Paul Steinberg, décors
Constance Hoffman, costumes
Robert Carsen, Peter Van Praet, lumières
Philippe Giraudeau, chorégraphie
Patrick Marie Aubert, chef du chœur
Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine, Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris
Tannhäuser, Wagner
Ce soir avait lieu la première de Tannhäuser à l'Opéra Bastille. L'opéra est très-accessible. Il est très facile de s'y retrouver dans les motifs (peu nombreux) et dont le sens est évident (pas comme dans le Ring...).
L'opéra présente l'histoire de Heinrich Tannhäuser qui passe le premier acte auprès de Vénus dans le Venusberg. Cela fait de lui un très mauvais chrétien et il a l'audace de défendre sa vision sensuelle de l'amour au deuxième acte au cours d'un concours dont le lot au vainqueur est Elisabeth. Avant lui, Wolfram en aura défendu une plus chaste image. Tannhäuser est puni. Qu'il fasse le pélerinage à Rome afin d'obtenir l'absolution. Au troisième acte, Elisabeth se languit de lui et, ne voyant pas Tannhäuser rentrer avec les autres pélerins, elle entreprend son dernier voyage. Tannhäuser arrive finalement, mais sans avoir obtenu l'absolution. Il cherche à retrouver Vénus qui vient le tenter à nouveau, mais à la mention du nom d'Elisabeth, il recueille en mourant les mérites du sacrifice d'Elisabeth.
La mise en scène de Robert Carsen est superbe. Au lieu de représenter des chanteurs, elle fait de Tannhäuser, de Wolfram et des autres des peintres. Dans le premier acte, il peint avidement un modèle ayant la tenue traditionnellement attribuée à Vénus. (Il est accompagné dans ses mouvements par un ballet de danseurs sur la musique de la Bacchanale du Venusberg, la version de l'opéra jouée étant celle de Paris, 1861, mais en allemand !) Le deuxième acte se passe dans un musée. Le concours est un vernissage dans lequel on acclame le talent de Wolfram et on dénonce le style de Tannhäuser. Il a pu paraître surprenant que les lumières de la salle ne fussent pas éteintes lors du début de cet acte. Peut-être l'intention du metteur en scène est-elle de donner au public l'opportunité de se mieux mirer comme dans un miroir tant l'aspect mondain costumes, légions d'honneur, petits-fours qui transpirait sur scène peut parfois ressembler au public de l'Opéra (surtout un soir de première). Le refus de la peinture de Tannhäuser trouvera un écho en les ridicules huées qui accompagnèrent les saluts du metteur en scène. Vers la fin de la représentation, je me disais que l'on avait réussi à nous immerger dans l'univers de la peinture sons nous montrer le moindre tableau...
Cette transposition se fait au prix d'une parfois peu honnête traduction
du livret apparaissant en surtitrage, les références au chant étant
remplacées par un mot plus général : Art
.
Du point de vue musical, cela m'a semblé superbe. Le chœur de l'Opéra
était dans un grand jour. C'est qu'il y a plus de chœurs dans cet opéra que
dans tous les autres opéras de Wagner entendus par moi réunis. Les
chanteurs des quatre rôles principaux m'ont tous fait au minimum une très
bonne impression. Ayant eu un petit coup de barre pendant le premier acte,
j'ai été dans l'incapacité de complètement apprécier Sophie Koch (Venus).
Nina Stemme (Elisabeth) faisait ses débuts à l'Opéra. Elle a reçu un
accueil très chaleureux du public. Christopher Ventris a été vaillant du
début à la fin dans le rôle de Tannhäuser. La plus grande satisfaction est
venue pour moi de Stéphane Degout que j'ai trouvé phénoménal dans le rôle
de Wolfram, autant dans son chant du concours
que dans la
Romance de l'Étoile après l'adieu à Elisabeth.
C'était la première étape d'un marathon wagnérien qui va se poursuivre ce week-end avec un Mini-Ring à la Cité de la musique.
2011-10-05 23:59+0200 (Orsay) — Culture — Musique
Amphithéâtre de l'Opéra Bastille — 2011-10-05
Juliane Banse, soprano
Martin Helmchen, piano
Lieder sur des poèmes d'Eduard Mörike : Begegnung, Nimmersatte Liebe, Lied vom Winde, Nixe Binsefuss, Im Frühling, Er ist's (Hugo Wolf)
Lied sur un poème de Johann Mayrhofer : Geheimnis (Schubert)
Lieder des poèmes de Johann Wolfgang von Goethe : An Mignon, Mignons Gesang “Kennst du das Land”, Mignon I-II-III “Heiß mich nich reden”, “So laßt mich scheinen”, “Nur wer die Sehnsucht kennt” (Schubert)
Lieder des poèmes de Johann Gabriel Seidl (Sehnsucht), Karl Gottlieb Lappe (Der Einsame), Goethe (Der König in Thule, Auf dem See), Johann Gabriel Seidl (Bei dir allein), Schubert
Lieder des poèmes de Johann Wolfgang von Goethe : Heiß mich nich reden, Nur wer die Sehnsucht kennt, So laßt mich scheinen, Kennst du das Land (Hugo Wolf)
Der Schäfer (Hugo Wolf)
Der Musensohn (Schubert)
C'était ce soir une des premières soirées Convergences
à
l'amphithéâtre Bastille, en tout cas la première de la saison pour moi.
Cette programmation est l'œuvre du directeur de la dramaturgie, Christophe
Ghristi, qui donne de sa personne en annonçant avant le concert qu'il est
interdit de prendre des photographies et en donnant en fin de concert le
bouquet de fleurs à la chanteuse Juliane Banse (et rien du tout au pianiste
Martin Helmchen).
Contrairement aux années précédentes, ces concerts à l'amphithéâtre ne sont pas particulièrement conçus pour faire écho aux spectacles programmés dans les deux grandes salles de la maison. La programmation est plutôt alléchante. Je pense que j'essaierai d'y retourner au moins pour le récital de Sophie Karthäuser, la reconstitution du premier tableau de l'acte III des Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Wagner) telle qu'il fut représenté à l'Opéra Garnier en 1897 (donc en français) et aussi pour deux opéras inachevés de Debussy d'après Poe. (Pas suffisant pour considérer cette série de plus de dix concerts en mode glouton, Pass Convergences, pour 80€ je prends tout.)
J'ai rarement eu l'occasion d'entendre des Lieder dans une salle de spectacle de taille modérée comme l'est l'amphithéâtre. Les conditions d'écoute eussent été idéales si, l'été finissant pour de bon, les tousseurs parmi lesquels figuraient quelques spécimens de compétition n'avaient produit de trop nombreux bruits parasites et même complètement pourri un des Lieder, pourtant sublime, Im Frühling dans le premier cycle.
Il est difficile de rendre compte des impressions qui se forment au cours d'une telle soirée puisque plus d'une vingtaine de Lieder se succéderont, et pour la plupart, je les entendais pour la première fois, sans en être toujours tout-à-fait sûr, puisque chez Schubert au moins j'avais parfois le sentiment d'entendre quelque chose de connu, si ce n'est quelque mélodie, comme dans Geheimnis, au moins la façon du compositeur.
Ce qui m'a frappé immédiatement lors de ce concert, c'est la grande qualité de l'accompagnateur de Juliane Banse : Martin Helmchen. Les premiers Lieder de Hugo Wolf lui donnent l'occasion de créer des atmosphères musicales toutes différentes (comme dans Im Frühling et Er ist's qui évoquent tous les deux le printemps, mais de bien différentes manières). Cela doit être la première fois aussi que je vois un pianiste utiliser d'autres pédales que celle de droite.
Parmi mes moments préférés du concert, l'interprétation du Chant de
Mignon Kennst du das Land? dont chaque strophe se finit par un
très appuyé Dahin! Dahin
suivi d'un effervescent refrain (Möcht
ich mit dit, o mein Geliebter, ziehn
au premier passage ; il est altéré
dans les strophes suivantes). J'ai tout particulièrement aimé aussi Der
Einsame (Schubert), autour pour le chant que pour la partie de
piano.
Le programme a également permis de faire entendre les mêmes poèmes de Goethe sur Mignon mis en musique par Schubert et Wolf. Dans le cycle de Wolf, mon préféré a été Nur wer die Sehnsucht kennt. J'ai apprécié aussi Kennst du das Land? dont le refrain demande de la chanteuse d'utiliser une technique plus lyrique.
Après ce programme, la chanteuse a interprété deux très beaux bis, Der Schäfer (Wolf) et Der Musensohn (Schubert).
2011-10-02 21:56+0200 (Orsay) — Culture — Danse — Danses indiennes — Culture indienne
Centre Mandapa — 2011-10-02
Vidyà, bharatanatyam
Smt. M. K. Saroja, chorégraphies
Le Centre Mandapa a fait sa rentrée il y a quelques jours. Ce dimanche, Vidyà a proposé un récital de bharatanatyam, la danse qu'elle enseigne au centre. La première fois que j'ai vu de la danse bharatanatyam, c'était dans un spectacle qu'elle avait chorégraphié : Bhârata/Bach (interprété par Maria-Kiran).
Après une introduction purement musicale, la première pièce Sarasvati-stuti a commencé. Il s'agissait d'un hommage à la déesse de la connaissance, Sarasvati. Comme pour les autres pièces présentées, la chorégraphie est de Smt. M. K. Saroja dont Vidyà est une disciple. À part quelques éléments courants (lotus) ou faciles à reconnaître (Sarasvati jouant de la vina), je n'ai guère reconnu que le Shiva ascète à l'abondante chevelure.
Dans le Varnam, la pièce principale du récital, une jeune femme se languit de Murugan. Ce type de sujet n'est pas mon préféré. Dans le cas présent, il permet néanmoins d'apprécier le dieu Amour lançant ses flèches.
La pièce suivante est liée au mouvement de la bhakti. La chanson Pashuram dûe à Peri Alwar raconte en effet la Krishna-Lila. Cette pièce est divisée en trois parties. Dans la première, on se réjouit de la naissance de Krishna. Dans la deuxième, Yashoda, sa mère adoptive le couche dans un luxueux lit. Dans la troisième, elle défie la Lune de jouer avec son fils.
L'avant-dernière pièce du récital est un Thillana et la dernière un Mangalam qui est un hommage au guru.
La danseuse n'étant plus toute jeune, sa danse ne présente pas la même fraîcheur et la même vivacité que celle de danseuses plus jeunes, comme Lavanya Ananth que j'avais vue dans la même salle il y a quelques mois. Les passages rythmiques, quoique parfois manifestement très difficiles, n'étaient pas les plus virtuoses que j'ai vus, mais ceci était largement compensé par les aspects expressifs de la danse, notamment dans la triple-pièce autour de Krishna.
2011-10-02 02:13+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Culture indienne
Cité de la musique — 2011-10-01
Nuit soufie
Ensemble Syubbanul Akhyar (Jakarta, Java, Indonésie)
Yasin Nanang Kurnia, chant
Sakiran Fuad Hasym, hajir
Zainie Ahmad Ihfadz, dumbuk
Tohir Zulkarnain, oud
Mutaqin Engkin Zainal, flûte suling
Firmansyah Heru, hajir
Muhammad Yusup Chaerul, kamanga
Abdul Wahid Muhammad Yusuf, marawis
Chant et musique hajir marawis
Les fakirs de Gorbhanga (Bengale, Inde)
Armaan Fakir, chant, dotara et jhuri
Golam Fakir, chant et dotara
Babu Fakir, chant, harmonium et dotara
Akkas Fakir, chant et duggi
Gopen Debnath, dhol et khol
Chants de l'Homme libre — Poésie mystique et bangla qawwali
Marouane Hajji et l'Ensemble Akhawan El Fane (Fès, Maroc)
Marouane Hajji, chant
Taïeb Ouezzani Chahdi, oud
Hamza Amri Mohammed, kaamnga
Hassan El Khouni, daff
Mohammed Meknassi, nay
Younes Chraaïbi, chœur
Othmane El Ajjani, chœur
Mohammed Adli Hajii, danse
Tarik Saloui, danse
Chants de la confrérie Skallia de Fès
Ce samedi, je me suis rendu pour la première fois de la saison à la Cité
de la musique afin d'assister au concert Nuit soufie
. En réservant
ma place d'abonnement, j'ignorais à quelle heure cela se terminerait. Cela
m'avait d'ailleurs fait hésiter (je veux bien d'une nuit qui se termine
vers l'heure du premier RER, mais pas au milieu de la nuit...). Finalement,
la fin était programmée à 23h30, mais en fait le concert s'est terminé une
demi-heure plus tôt que prévu.
C'est un ensemble indonésien qui a commencé la soirée. Un chanteur est à l'avant de la scène, il est entouré par sept musiciens tous habillés couleur fuchsia. Parmi les instruments, on trouve notamment une flûte, un oud et un violon électrique. C'est résolument agréable à écouter et il y a même quelques fioritures qui dans le premier morceau joué font dangeureusement tendre le style vers celui des chansons des films de Bollywood des années 1950. Les morceaux suivants seront un peu plus sérieux. Cependant, aussi agréables fussent-ils, leur structure et le texte m'a semblé très répétitive, sans variations. Pendant une des chansons, deux jeunes gens de l'ensemble ont dansé une petite chorégraphie, pas ridicule, mais dont on pourrait difficilement dire qu'elle contribue à l'art de chercher le divin en soi...
Après cinquante petites minutes de chants d'Indonésie, la deuxième partie du programme a été assurée par un ensemble originaire du Bengale indien. J'ai plutôt aimé le premier morceau chanté par le plus âgé des musiciens qui s'accompagnait lui-même au dotara (instrument à cinq cordes, qu'il tenait d'une façon un peu étrange, l'instrument reposant sur le poignet complètement replié de la main gauche). À mon avis, le reste de la prestation a été consternant (notamment du fait d'un des chanteurs qui essayait de détourner l'attention vers sa propre personne, quitte à pourrir le chant de ses camarades). Malgré les encouragements du public en délire, cela n'a heureusement pas duré plus longtemps que l'ensemble précédent.
Après l'entr'acte, l'atmosphère a changé avec l'arrivée d'Akhawan El
Fane, un ensemble marocain de Fès. Tous habillés de blanc, ils accompagnent
le jeune chanteur Marouane Hajji. Des trois parties du concert, c'est
évidemment celle-ci qui a été de la meilleure qualité. Dans chaque morceau,
le temps s'étire et la musique a le temps de se développer, mais ce n'est
jamais répétitif et le chanteur fait des merveilles. La forme est plus
austère que celle des deux ensembles précédents (ce qui n'empêche pas
d'interpréter un chant en l'honneur du vin, typique des mystiques soufis),
mais quel plaisir ce fut pourtant à entendre ! Lorsqu'ils ont quitté la
scène, je me suis dit : Comment ! Déjà !
. (Dans l'ensemble, il y
avait un violoniste. Il utilisait son instrument d'une façon tout-à-fait
originale, ni celle de la musique classique occidentale ni celle de la
musique indienne carnatique. Il était assis, son instrument posé
verticalement sur sa cuisse gauche. Les doigts de la mains gauche étaient
positionnés sur les cordes et la main droite actionnait l'archet dans un
mouvement de va-et-vient horizontal. Pour jouer d'une corde plutôt que
d'une autre, plutôt que de changer la trajectoire de l'archet, c'est le
violon qui tournait autour de son axe vertical...)
Cette page ne contient que les entrées du mois d'octobre 2011. Les entrées les plus récentes se trouvent là. Vous pouvez aussi naviguer vers septembre 2011 ou novembre 2011.
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