Weblog de Joël Riou

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Shahid Parvez au Théâtre de la Ville

2011-11-26 22:28+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Culture indienne

Théâtre de la Ville — Place du Châtelet — 2011-11-26

Shahid Parvez, sitar

Anuradha Pal, tabla

Jhinnan Frank, tampura

Raga Kirwani

Ce n'est que la deuxième fois que j'assiste à un concert centré autour du sitar. L'autre fois, c'était en septembre 2008 pour Ravi & Anoushka Shankar. Je ne me souviens plus de ce concert dans le détail, mais il m'a semblé que le concert de ce soir avait une structure qui se rapprochait davantage de ce qui se fait habituellement lors des concerts de musique du Nord de l'Inde.

Après avoir accordé son instrument (et le tanpura) de façon assez systématique (on dirait un accordeur de clavecin), le sitariste Shahid Parvez commence son récital avec un Alap/Jor dans le Raga Kirwani. Cette partie du concert est lamentablement gâchée par les énormissimes larsens qui sortent périodiquement des enceintes. Est-ce que l'instrument était trop près du micro ? Est-ce que le larsen venait d'un phénomène de résonance qui ne se déclenchait que lors du jeu d'une note particulière ? Toujours est-il qu'il m'est impossible de complètement apprécier une performance, si belle soit-elle, si je sais qu'à n'importe quel moment un bruit affreux peut m'agresser les oreilles. Heureusement, le problème se posera moins dans la suite du concert.

Pour la première fois dans un concert de musique instrumentale, j'ai été frappé par les similitudes formelles qui unissent les différentes musiques du Nord de l'Inde. Bien sûr, cela commence par un Alap au fil duquel les différentes notes de la gamme viennent s'insérer successivement. Le musicien joue sur deux notes, puis trois, etc. Il utilise parfois une technique que j'avais déjà vue à l'œuvre sur un sarod. Une fois actionnée, la corde a semble-t-il la faculté de vibrer très longtemps. Ainsi, avant l'évanouissement complet du son (vers lequel le musicien tend parfois), il aura utilisé un peu de vibrato ou de glissando. Ceci me rappelle certains phrasés et jeux sur la hauteur des notes qui sont utilisés dans le dhrupad.

La tabliste Anuradha Pal accompagne le sitariste pour les trois compositions prévues. Dans la première, je suis saisi par la façon qu'a le musicien de se lancer dans des improvisations, avant de finir systématiquement ses phrases musicales sur la même mélodie de six notes. Quand on a bien assimilé la mélodie et qu'on a compris le système, on n'a qu'une envie : réentendre cette mélodie. Les improvisations soutiennent cette attente, font montrer une tension qui s'apaise quand les notes du motif mélodique viennent conclure la phrase. Rétrospectivement, je sais que j'ai entendu ce type de procédés dans des concerts de musique khyal (Gaayatri Kaundinya !) et sans doute aussi dans le dhrupad, mais peut-être pas de façon aussi systématique. La deuxième composition me fascine par son rythme qui me donnait l'impression de n'avoir pas un nombre entier de temps (1+1+½+1=3½ ? peut-être faut-il chasser les dénominateurs et considérer qu'il y en avait sept ?). La troisième composition a été absolument sublime, la plus planante du concert. L'accompagnement rythmique n'est venu qu'après quelques minutes et il fut très doux. Comme dans la première composition, le musicien utilise un très beau motif mélodique (de onze ou douze notes) pour conclure ses phrases musicales. (Une quatrième composition a été jouée en bis.)

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Arnaud Didierjean au Centre Mandapa

2011-11-26 12:00+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Culture indienne — Dhrupad

Centre Mandapa — 2011-11-25

Arnaud Didierjean, chant dhrupad

Raga Malkauns

Ce soir, c'était mon quatrième concert de dhrupad après ceux des Gundecha, de Wasifuddin Dagar et de Sayeeduddin Dagar.

La salle du Centre Mandapa n'est pas très remplie. Il y avait une petite vingtaine de spectateurs. Une bonne surprise est que le concert n'est pas sonorisé. Le chanteur Arnaud Didierjean n'est accompagné que de son tanpura (je persiste à en faire un nom masculin puisque c'est le genre de ce mot en hindi). Il explique que le raga Malkauns comporte cinq notes Sa-Ni-Dha-Ga-Ma (drôle d'ordre) et si j'ai bien compris qu'il est permis de faire varier légèrement la hauteur de la note autour de Ni et de Ga.

J'ai eu une petite frayeur pendant la première minute du concert quand le chanteur a utilisé un peu toutes les notes. Ce n'était qu'une petite prière à Ganesh, et il a ensuite commencé son Alap, qui a duré un peu moins d'une heure (très approximativement). Les phrasés sont relativement variés. Les techniques vocales aussi. Celles-ci peuvent se mélanger dans une même phrase musicale. Le chanteur peut prononcer une voyelle, puis nasaliser avec la bouche fermée, puis revenir à la voyelle, et enfin la faire s'évanouir tout doucement, ce qui s'apprécie d'autant plus du fait de l'absence de sonorisation de la voix et du silence presque complet des spectateurs. Par moments, la voix se fait un peu plus forte. J'ai cependant préféré les moments plus doux, comme lors de la fin très apaisée de cet Alap.

Le chanteur a ensuite répondu à quelques questions des spectateurs. Manifestement, beaucoup d'adeptes du yoga et de la quête de spiritualité... (Cela a failli dégénérer à propos de cette religion qui engendre le système de castes. Je ne sais pas ce qui se serait passé s'il avait été précisé que des interprètes et non des moindres de cette musique sont musulmans, comme les Dagar, dont le chanteur de ce soir a d'ailleurs reçu indirectement des enseignements.)

J'ai quand même réussi l'air de rien à poser la question qui fâche sur l'absence de percussions : comme il venait de Lyon, il était compliqué pour le chanteur de travailler avec un percussionniste à Paris... Si l'Alap était très bien, ne pas entendre la composition et l'improvisation sur le rythme prescrit, c'est quand même un peu comme aller à un enterrement en Bretagne et s'en aller avant le goûter de crêpes qui suit.

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Jephtha à Pleyel

2011-11-26 11:49+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2011-11-24

Kurt Streit, Jephtha

Kristina Hammarström, Storgè

Katherine Watson, Iphis

David DQ Lee, Hamor

Neal Davies, Zebul

Rachel Redmond, L'Ange

Les Arts Florissants

William Christie, direction

Jephtha, Händel.

Après Armide et The Fairy Queen, c'était jeudi soir la troisième fois que j'entendais Les Arts Florissants dirigés par William Christie.

Il est étonnant qu'on puisse faire une œuvre aussi longue sur une histoire aussi simple. Jephtha s'en va guerroyer. S'il revient vainqueur du combat, il promet de sacrifier à Dieu la première créature qu'il verra. Ce sera sa fille Iphis. Celle-ci accepterait le sacrifice de sa vie. Finalement, un ange annonce la solution : Iphis devra seulement sacrifier son amour pour Hamor et se consacrer à Dieu. Le Happy ending n'est pas dans la version biblique de l'histoire.

Ce n'est pas l'œuvre de Händel qui souffre le plus de ce défaut de fabrication, mais il m'est tout de même assez pénible d'entendre des voyelles prononcées très longuement au milieu d'une phrase avec une hauteur de note qui ne cesse d'osciller. Si les ohohohoho, les ahahahahahah et les ihihihihihi passent encore, les èhèhèhèhèhèh me semblent terriblement disgraciiieux (s'il y avait des moutons dans cette histoire, je comprendrais, mais non, ce n'est pas ça).

Pour un orchestre baroque, l'effectif est plutôt fourni (plus de quarante musiciens). Le chœur l'est également (un peu moins de trente chanteurs). Dans l'orchestre, les vents sont moins sollicités que les cordes. En dehors de leurs quelques passages solistes, ils sont comme couverts par le reste de l'orchestre. J'ai particulièrement aimé la basse continue de Béatrice Martin (orgue et clavecin).

Le chœur m'a énormément plu. Comme les chanteurs solistes, ils chantent de mémoire, sans partition. Entre apprendre par cœur la musique et avoir mal aux bras et aux épaules après trois heures de concert, il est permis de faire un choix !

Les chanteurs m'ont tous plu. Je dois à l'un d'entre eux d'apprendre que rites profane, c'est aussi de l'anglais. le rôle d'Hamor était chanté par un contre-ténor. En règle générale, notamment chez Bach, je préfère entendre des voix de femmes dans cette tessiture (alto). Dans les oratorios de Händel, cela ne me gêne pas du tout. De toute façon, à l'aveugle, je ne pense pas que j'aurais deviné que la voix de David DQ Lee était celle d'un homme. Je réécouterais très volontiers ce chanteur ! Kurt Streit (Jephtha) m'avait plu dans Lulu récemment. Cela a encore été le cas lors de cette représentation, notamment lors du solennel moment où il prononce son vœu. L'interprète qui m'a le plus enthousiasmé a été Katherine Watson (Iphis), dont le personnage est celui qui évolue le plus au cours de l'oratorio (amoureuse de Hamor, jeune femme prête à sacrifier sa vie, puis son amour) et qui devient extrêmement important dans la deuxième moitié du concert (je ne suis pas sûr d'avoir bien compris où se situait précisément la limite entre le deuxième et le troisième acte, l'entr'acte étant intervenu au cours de l'acte du milieu). La soliste issue du chœur Rachel Redmond a été formidable également dans le rôle de l'Ange.

N'ayant pas besoin de porter une partition, les mouvements des chanteurs offraient davantage de possibilités que d'ordinaire pour la représentation d'un oratorio. Leurs déplacements sur la scène, leurs entrées, leurs sorties, leurs regards n'étaient pas loin de constituer une honnête mise en espace.

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Batiashvili/Leleux/Klinger/Ben-Ziony/Chernyavska au TCE

2011-11-26 11:30+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Théâtre des Champs-Élysées — 2011-11-23

Lisa Batiashvili, violon

François Leleux, hautbois

Sebastian Klinger, violoncelle

Guy Ben-Ziony, alto

Milana Chernyavska, piano

Quatuor pour hautbois, violon, alto et violoncelle en fa majeur, KV 370 (Mozart)

Sonate pour violon et piano nº1 en fa mineur op.80 (Prokofiev)

Phantasy Quartet pour hautbois et cordes op. 2 (Britten)

Sonate pour violon et piano nº42 en la majeur, KV 526 (Mozart)

Adagio de la Sérénade Gran Partita, KV 361 (Mozart)

Quel beau concert que celui donné au TCE ce mercredi ! Quatre œuvres au programme. Les premières œuvres jouées au début du concert et après l'entr'acte mettent en scène quatre instruments : un violon, un alto, un violoncelle, un hautbois. Le premier quatuor est de Mozart. L'œuvre met nettement plus en valeur le hautbois que les cordes. Cela tombe bien, puisque je bénéficie d'un placement au deuxième rang du parterre avec une indécemment bonne vue sur François Leleux. Quel beau son ! En plus de jouer divinement bien, le hautboïste semble prendre un certain plaisir à écouter ses partenaires.

Après l'entr'acte, l'œuvre jouée par ce même quatuor sera le Phantasy Quartet de Britten. Ce quatuor met également en valeur le hautbois et les autres instruments. Le plaisir d'écoute est d'autant plus grand pour moi ! C'est en effet une chose que François Leleux puisse se mettre davantage en valeur que la première fois que je l'avais entendu, cela en eût été une autre qu'il n'y en eût que pour lui et heureusement, ce ne fut pas le cas ce soir puisque les cinq artistes auront eu tous l'occasion de montrer leur talent.

Avant l'entr'acte et après cette œuvre de Britten furent jouées deux sonates pour violon et piano. La première était de Prokofiev et la deuxième de Mozart. La dernière fois que j'ai écouté une œuvre de musique de chambre de Prokofiev en concert, c'était en 2003 dans un concert amateur, mais j'en garde encore un excellent souvenir. Le moins que l'on puisse dire est que cette œuvre de Prokofiev n'est pas très joyeuse (d'après Wikipedia, deux mouvements de cette œuvre furent joués lors des funérailles du compositeur, qui mourut le même jour que Staline). Le piano qui paraît assez secondaire au début de l'œuvre devient de plus en plus important au fur et à mesure que l'on avance. Le troisième mouvement Andante m'a paru particulièrement beau.

Lisa Batiashvili et Milana Chernyavska reviendront dans la deuxième partie du concert pour la sonate pour violon et piano nº42 de Mozart. Les rôles des deux musiciennes auront pour mes oreilles une importance égale. Cette sonate est beaucoup plus joyeuse que celle de Prokofiev ! Les œuvres de Mozart programmées ce soir me réconcilient quelque peu avec ce compositeur, dont certains tics orchestraux m'énervent (à la différence de Haydn, dont j'aime tout...). Bref, il faudrait que j'écoute plus souvent de la musique de chambre de Mozart...

Les cinq musiciens ont joué en bis une très belle adaptation de l'Adagio de la Sérénade Gran Partita que François Leleux a dédié à Francis Chapochnik, luthier des z'hautboïstes récemment décédé.

Grands mercis à Klari et Laurent grâce à qui j'ai pu assister à ce fabuleux concert.

Ce concert est disponible à la réécoute sur le site de France Musique.

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Musique russe pour le Colonne à Pleyel

2011-11-22 22:45+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2011-11-19

Orchestre Colonne

Pavel Kogan, direction

Chœur de l'orchestre Colonne

Francis Bardot, chef de chœur

De Profundis, un poème pour chœurs (Monseigneur Archevêque Hilarion Alfeyev)

Xavier Phillips, violoncelle

Variations Rococo pour violoncelle et orchestre (Tchaikovski)

Tableaux d'une exposition (Moussorgsky, orchestration Ravel)

Habituellement, quand je vais voir un concert Colonne à Pleyel, c'est le directeur musical de l'orchestre (Laurent Petitgirard) qui officie. Samedi soir, il fut bien présent, mais seulement dans le public puisque c'est le chef Pavel Kogan qui avait été invité à diriger un programme constitué de musique russe.

Le programme s'ouvre sur De Profundis, un poème pour chœurs de Monseigneur Archevêque Hilarion Alfeyev, théologien orthodoxe mais aussi compositeur (il aurait été bien d'indiquer dans le programme l'année de création). J'ai eu un peu peur de m'ennuyer à l'écoute du premier mouvement orchestral dans lequel un motif descendant joué sur un rythme assez lent passe dans tout l'orchestre. C'est très agréable à l'oreille, mais un tout petit peu répétitif. L'œuvre me plaît davantage à partir du moment où le chœur entre en jeu, et à la fin, je suis assez enthousiasmé par ce que je viens d'entendre.

J'ai moins aimé l'œuvre suivante : Variations Rococo de Tchaikovski que j'ai presque pris comme une joyeuse plaisanterie destinée au pur divertissement. Cependant, cela permet d'entendre le violoncelliste Xavier Phillips faire preuve de sa virtuosité dans les variations successives, ce qu'il fera encore davantage dans le long bis improbable qu'il jouera ensuite et dans lequel il utilisera des techniques très diverses (notamment des glissandis un peu fous).

Après l'entr'acte vient l'œuvre qui est sans doute la plus attendue du programme : Tableaux d'une exposition de Moussorgsky dans l'orchestration de Ravel. Dès le début, il paraît évident que le chef a eu envie de jouer l'œuvre sur un tempo rapide. Pendant les f, le moins que l'on puisse dire est que les musiciens ne font pas semblant de jouer ! Très belle fin de La Grande Porte de Kiev avec l'apparition des cloches, la montée de la tension et le crescendo qui vient ensuite...

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Laxmi Myriam Quinio au Centre Mandapa

2011-11-18 01:31+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne

Centre Mandapa — 2011-11-17

Laxmi Myriam Quinio, bharatanatyam

Pushpanjali (chorégraphie de Smt. P. Subrahmanyam)

Jatiswaram (chorégraphie de Smt. P. Subrahmanyam)

Jagado Dharana

Shabdam (chorégraphie de V. S. Muttuswamy Pillaï)

Yaro Iver Yaro

Sri Devi Kirthana (chorégraphie de V. S. Muttuswamy Pillaï)

Bho Shambho (chorégraphie de Smt. P. Subrahmanyam)

Thillana Sindhubhairavi (chorégraphie de Dominique Delorme)

Krishna Damodara

Il ne faut pas faire la fine bouche. S'il ne m'a pas autant transporté que celui de Mallika Thalak il y a quelques jours, le récital de bharatanatyam de Laxmi Myriam Quinio m'a semblé assez remarquable.

La jeune danseuse commence son récital par deux pièces très vives : Pushpanjali et Jatiswaram. Elles sont presque trop éblouissantes par la vitesse d'exécution de ce qui dans le Jatiswaram est de la danse pure.

La pièce Jagado Dharana raconte quelques jeux entre Krishna et sa mère adoptive Yashoda. Plus loin, il y aura une pièce mettant en scène la rencontre entre Rama et Sita. Ces deux chorégraphies me décoivent légèrement par la façon un peu superficielle d'aborder ces deux thèmes. La similitude entre les deux conclusions (Yashoda voyant la forme universelle de Krishna, Rama reconnaissant en Sita la déesse Sri-Lakshmi) rend peut-être une des deux pièces redondante dans un même récital. Si l'interprète a été fort heureusement toujours du bon côté, elle n'était pas à mon goût assez loin de la frontière qui distingue une danseuse qui joue un rôle et un personnage incarné par une danseuse. Avant que les chorégraphies ne fassent de la danseuse un personnage, j'aurais aimé voir comme un masque de neutralité qui pourrait ensuite prendre vie subitement.

Entre ces deux pièces narratives étaient intercalée une pièce dans laquelle une jeune femme se languit de Muruga. Cette pièce m'a semblé la plus convaincante lors de ce début de récital. On verra ainsi Kama, le dieu Amour, lui décocher quelques flèches. L'amour pour le dieu lui sera tellement insupportable que le chant du rossignol lui sera pénible et que le lait de vache la fera vomir. Il se trouve que dans le Manuel traditionnel du Bharata-Nâtyam, Le Danseur Cosmographe de Katia Légeret, je lisais récemment qu'à tel mudra était associé de multiples sens, parmi lesquels vomir. Je n'imaginais pas que je le verrais sitôt utilisé en ce sens ! (Avant chacune des pièces narratives, la danseuse montrait quelques mouvements en les expliquant de sa douce voix.)

Les deux pièces suivantes évoquent successivement la dévotion pour la déesse-mère et pour Shiva. Dans la première, on verra l'évocation de différentes formes de la déesse : Parvati, Lakshmi, Saraswati (joueuse de vînâ), Kali (qui tire la langue), etc.

La pièce concernant Shiva m'a enthousiasmé au plus haut point. C'est aussi celle dont la musique me semblait la plus intéressante. Le texte était le typique Bho Shambhu/Shiva Shambhu Svayambhu, mis en musique d'une façon différente de ce que je connaissais déjà. Parmi les images frappantes, celle de Shiva en yogi, et surtout celle représentant Shiva-Nataraja. La façon qu'a eu la danseuse de prendre cette dernière pose est tout à fait unique. La jambe gauche est tendue vers l'avant et opère lentement une rotation vers la droite tandis que les mains prennent les poses habituelles. L'amplitude, la vélocité et la fluidité de certains mouvements de pieds et de jambes trahissent la formation multiple de la danseuse, en particulier dans la technique classique (européenne). Certains passages étaient ainsi très impressionnants.

Après un charmant Thillana qui ne se réduisait pas à de la danse pure (puisque l'on pouvait reconnaître quelques dieux vers la fin), la danseuse a interprété une pièce supplémentaire dont le texte chanté commençait par Krishna Damodara. Cette pièce m'a plu peut-être encore davantage que le Bho Shambhu. On y voyait plusieurs aspects de Krishna. L'enfant volait du beurre et se faisait réprimander. Plus grand, il jouait de la flûte et dansait avec les gopis. La danse avec les gopis était absolument extraordinaire. Par la vitesse d'exécution et une combinaison inédite de mouvements simultanés de toutes les parties du corps, on aurait presque dit que la danseuse se démultipliait comme la tradition explique que Krishna donne l'impression à chacune des nombreuses gopis qu'il ne danse qu'avec elle seule. Il sera également fait référence à Vishnu couché sur le serpent Shesha, et si ce n'est pas la première fois qu'en évoquant cette image je vois une danseuse montrer Lakshmi en train de lui masser les pieds, ce soir ce fut fait de la plus belle des manières.

Plutôt que les multiples pièces de longueur intermédiaire vues dans ce récital intitulé Sringaram (qui a quand même duré presque deux heures !), j'aurais peut-être préféré voir une pièce plus développée (Varnam). Cela dit, je reste très satisfait de ce spectacle.

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L'Ensemble orchestral de Paris au TCE : Benjamin/Mozart

2011-11-17 02:33+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Théâtre des Champs-Élysées — 2011-11-16

Ensemble Orchestral de Paris

Douglas Boyd, direction

Lisa Larsson, soprano

A Mind of Winter pour soprano et orchestre, George Benjamin

Stephen Kovacevich, piano

Concerto pour piano nº18 Paradis, KV 456 (Mozart)

Ariane Jacob, piano

Air de concert Ch'io mi scordi di te ?, KV 505 (Mozart)

Symphonie nº31 Paris, KV 297 (Mozart)

Il y a six mois environ, j'étais allé écouter l'Ensemble orchestral de Paris pour Le songe d'une nuit d'été. J'avais assez moyennement aimé, entre autres parce que le chef m'énervait. Suite à des échanges de mails avec la com' de l'orchestre, on m'avait proposé des invitations.

Assister au concert de ce soir me permettait d'entendre à nouveau la soprano Lisa Larsson que j'avais entendue il y a quelques années dans la Messe en si mineur (deux fois) et L'Oratorio de Noël de Bach. Elle a chanté A Mind of Winter, une œuvre d'il y a trente ans de George Benjamin. Le texte parle d'un bonhomme de neige. Comme Deborah Nemtanu, premier violon, l'a expliqué dans L'entrée en musique une heure avant le début du concert, quand elle a ouvert la partition pour décider des coups d'archets (en commençant par la fin des phrases musicales, expliquait-elle), elle a remarqué que le compositeur avait détaillé ses instructions aux interprètes. Celles-ci visent à produire des effets faisant penser au froid qu'évoque le texte.

Alors que la chanteuse est prête et que le chef va commencer à diriger, il doit renoncer à cause d'une arrivée groupée de spectateurs retardataires. N'ayant pas d'yeux dans le dos, il demande aux musiciens de lui faire signe quand il pourra commencer. On nous avait annoncé un début avec des accords parfaits. Oui, mais en poussant l'archet sur toute sa longueur. Impossible donc de confondre avec de la musique ancienne, c'est bien du XXe siècle. L'œuvre n'est pas désagréable du tout à écouter si l'on excepte les conséquences sur les bronches de certains spectateurs du froid de l'atmosphère musicale et de l'atmosphère tout court. C'est sympathique pour un début de concert, mais pas inoubliable non plus.

Entre ensuite le pianiste Stephen Kovacevich pour le concerto pour piano nº18 de Mozart. Je ne suis pas fan de cette interprétation assez austère. Je me sens également frustré parce que pour une fois que j'entends un piano dont le couvercle oriente le son dans ma direction plutôt qu'à l'opposé (cf. arrière-scène de Pleyel...), j'ai l'impression que dès que l'orchestre intervient, il couvre le pianiste. Je me suis un peu réconcilié avec cette musique dans le troisième mouvement.

Le contraste a été saisissant entre la première et la deuxième partie du concert. La soprano Lisa Larsson est revenue vêtue d'une autre robe qu'en première partie pour interpréter un air de concert du même Mozart. Elle a manqué chuter de l'estrade en prenant place. L'air Ch'io mi scordi di te ? comporte une importante partie de piano. Elle est interprétée par Ariane Jacob. C'est le même piano que dans la première partie, mais il ne sonne pas de la même façon ! Même si le couvercle est presque complètement rabattu, le son paraît moins étouffé. La chanteuse, la pianiste, l'orchestre, tous semblent revivifiés après la froideur de la première partie.

Tout le monde est donc bien échauffé pour la symphonie nº31 de Mozart. L'œuvre m'a beaucoup plu. Certaines nuances et équilibres trouvés par le chef Douglas Boyd m'ont enthousiasmé. Une chose m'a étonné en revanche : on ne m'avait pas dit que cette œuvre était un concerto pour violon. Je pensais déjà beaucoup de bien de Deborah Nemtanu, violon solo supersoliste. Elle irradie tout le monde par sa présence, son attention aux autres et l'attention que les autres lui portent (certains musiciens des autres pupitres se calent en la prenant comme repère visuel). Rien dans la partition ne semble distinguer une partie séparée pour le premier violon. Pourtant, visuellement, c'était comme si elle jouait un concerto et que les autres violons I se contentaient de faire des Ploum-ploum. À y regarder de plus près, quand ils n'avaient pas de parties séparées, tous avaient cependant l'air de jouer les mêmes notes, mais il y avait comme une dissonance visuelle, tant les mouvements de Deborah Nemtanu étaient plus amples que ceux de ses collègues. Bref, avec ce phénomène dans mon champ de vision, je n'ai pas vu grand'chose de ce qui se passait dans l'orchestre, si ce n'est qu'un des violoncellistes a dû arracher un certain nombre de crins à son archet à la fin du premier mouvement.

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Mallika Thalak au Centre Mandapa

2011-11-13 21:21+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne

Centre Mandapa — 2011-11-13

Mallika Thalak, bharatanatyam

Kalikautam (chorégraphie de M. K. Saroja)

Alarippu (chorégraphie de V. S. M. Selvam)

Ardhanarishwara (transmis par Rama Vaidyanathan)

Ashtapadi (transmis par Rama Vaidyanathan)

Tillana (chorégraphie de V. S. M. Selvam)

Comme hier, je suis allé au Centre Mandapa pour assister à un récital de bharatanatyam. Le public a été moins nombreux et c'est bien dommage.

J'avais déjà eu l'occasion de voir danser Mallika Thalak dans le spectacle Gangâ. J'avais noté qu'elle faisait aussi du bharatanatyam (et qu'elle avait un port de tête exquisement gracieux), mais ce n'est qu'hier que j'ai fait le rapprochement avec le nom de la danseuse programmée ce soir.

Je resors complètement émerveillé par sa danse. Ma théorie depuis un moment est que chaque danseuse a son style propre. Celui de Mallika Thalak me semble caractérisé par une incroyable beauté dans le geste et l'expression. J'étais déjà transporté avant même qu'elle effectue le moindre pas dans la première pièce en hommage à Kali qui a débuté par des mouvements de la moitié haute du corps. Elle a ensuite développé ce Kalikautam (orthographe incertaine) en évoquant principalement les aspects féroces de la déesse Kali.

La deuxième pièce, Alarippu, était exécutée sur une musique purement rythmique. La danseuse ne cherche pas à faire une démonstration de vitesse. Cela reste résolument fluide et extrêmement beau.

La pièce principale est Ardhanarishwara. Elle évoque cette forme androgyne mi-Shiva mi-Parvati. La danseuse alterne ainsi entre le côté droit (Shiva à l'œil foudroyant) et le côté gauche (la gracieuse Parvati). Sans jamais devenir mécanique ou perdre sa beauté, la danse s'est également faite virtuose dans certains passages rythmiques au très vif tempo.

La pièce suivante Ashtapadi a été assez développée. Elle racontait les jeux amoureux de Radha et de Krishna. Celui-ci, charmant Radha et les autres bouvières par la flûte n'hésitait pas à éclabousser celle qu'on avait précédemment vu se parer et se maquiller.

Le récital s'est conclu sur un charmant Tillana, ni trop long ni trop court, ni trop lent ni trop rapide...

La présentation des différentes pièces était faite par le père de la danseuse malabare. C'était un vrai plaisir de l'écouter raconter les pièces et la philosophie sous-jacente à sa manière, tout en s'amusant de ne pas être l'impresario de la danseuse, mais seulement son père.

La danseuse et son père ont rendu un hommage particulier aux chorégraphes de ces pièces et encore davantage aux personnes qui les lui ont transmises. Si cela tend à se perdre de nos jours, la transmission orale se fait traditionnellement de guru à disciple...

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Sabine Pandaredattil et al. au Centre Mandapa

2011-11-12 23:29+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne

Centre Mandapa — 2011-11-12

Sabine Pandaredattil et al., bharatanatyam

En Inde, j'ai eu l'occasion de remarquer que le public n'avait pas forcément le même respect pour l'art et la façon de l'exprimer que, disons, des wagnériens. Les nuisances viennent par exemple des téléphones portables : les gens décrochent et répondent comme si de rien n'était.

Il est plus rare que ces nuisances viennent de l'entourage-même de la danseuse comme ce fut malheureusement le cas ce soir. Tout d'abord, la première rangée de places était couverte de feuilles où était écrit réservé. Ces places resteront vacantes, le clan s'étant installé au deuxième rang (plus confortable).

Le plus gênant, ce furent les photographies avec flash prises tout au long du spectacle. Comment peut-on mépriser à ce point la personne en charge des lumières et les spectateurs en flashant à tout va, y compris quand la scène est dans la pénombre ? Il faut ajouter à cela les clic-clics hystériques des appareils-photos et la projection de lumière test que ces appareils doivent lancer avant la prise en vue pour se régler.

Il faut aussi tenir compte de la concurrence de la danse réalisée entre le premier rang et la scène par une jeune fille tout aussi inconsciente que ses parents de la gêne que cela pouvait occasionner pour les spectateurs, sans parler des danseurs.

C'est qu'il y avait plusieurs danseurs et c'est là un autre problème avec ce spectacle. En Inde, j'ai appris à me méfier des spectacles annoncés comme Bharatanatyam par les disciples de Guru Smt. X. Je n'ai rien contre le principe des démonstrations d'une école de danse, j'ai apprécié celles que j'ai vues à l'Opéra de Paris pour ce qu'elles étaient. Je n'aurais rien contre le principe pour ce spectacle de danse bharatanatyam, si cela avait été clairement annoncé.

Je m'attendais à voir un récital de Sabine Pandaredattil (installée en France depuis une vingtaine d'années) et je n'ai vu qu'une succession de pièces courtes (avec deux mini-Varnam) dansées par la guru et ses élèves, et ce dans différentes configurations. Les élèves étaient au nombre de quatre : un jeune homme et trois jeunes filles.

Le jeune homme était tout-à-fait convaincant (notamment en Shiva). C'est la première fois que je vois sur une scène un danseur de bharatanatyam de ce niveau (les autres que j'ai vus étaient beaucoup plus jeunes). Ses frappes de pieds contre le sol étaient un instrument à part entière. Ses passages rythmiques furent ainsi particulièrement spectaculaires, les effets étant en outre amplifiés par sa grande taille. Par ailleurs, ses mouvements de mains et d'yeux m'ont bien plu aussi.

Une des trois jeunes femmes sortait assez nettement du groupe. Outre ses mouvements fluides et en rythme, sa maîtrise de son expression faciale faisait toute la différence. Elle s'est distinguée dans un duo avec une autre élève qui évoquait l'enfance de Krishna, avec bien sûr l'épisode du pot de beurre. Je ne regardais plus qu'elle. Elle ne doit plus être très loin du niveau qui lui permettrait de se produire en solo... J'ignore son nom tant les annonces faites au micro et dans un français trébuchant étaient incompréhensibles.

J'ai accueilli ces prestations d'élèves avec une certaine bienveillance. Pour le reste, j'ai eu de quoi être déçu par la performance de Sabine Pandaredattil elle-même. Dans ses solos et autres pièces avec ses élèves, je n'ai vu que de la danse pure : une succession de pas qui ne racontaient pas d'histoire ni n'exprimaient d'émotion que je puisse déchiffrer. Il n'y avait pratiquement que des passages purement rythmiques. Entre ceux-ci, certaines séquences de pas étaient curieusement répétées plusieurs fois. Au bout de la troisième reprise, j'avais vraiment bien compris que la Ganga descendait du chignon tressé de Shiva ou encore que du nombril de Vishnu-Padmanabha émergeait un lotus ! Merci, mais une seule fois, cela m'aurait bien suffi ! Je ne fais pas le détail des pièces successives (qui évoquèrent principalement Shiva, mais aussi Subhramaniam, Ganesha et Vishnu). J'ai été également déçu par son Tillana qui était exécuté sur un rythme étonnamment lent pour une pièce de ce type, en général bien plus vive.

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Orchestre de Paris à Pleyel : La symphonie fantastique

2011-11-11 21:33+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2011-11-09

Dang Thai Son, piano

Philippe Aïche, violon solo

Orchestre de Paris

Paavo Järvi, direction

Les Offrandes oubliées, méditation symphonique (Olivier Messiaen)

Concerto pour piano en la mineur, op. 54 (Schumann)

Symphonie fantastique, épisode de la vie d'un artiste (Berlioz)

Mazurka en la mineur, op. 17 (Chopin)

Salle Pleyel — 2011-11-10

Akiko Suwanai, violon

Roland Daugareil, violon solo

Orchestre de Paris

Paavo Järvi, direction

Der Freischütz, ouverture (Weber)

Concerto pour violon nº2 en mi mineur, op. 64 (Mendelssohn)

Symphonie fantastique, épisode de la vie d'un artiste (Berlioz)

Je n'avais jamais entendu la Symphonie fantastique de Berlioz en concert. Comme les premières parties des deux concerts de l'Orchestre de Paris dont elle était le plat de résistance étaient complètement différentes, j'avais décidé de l'aller écouter deux fois.

Le programme du mercredi commence par Les Offrandes oubliées de Messiaen. Bien que les différentes parties soient enchaînées, la division est très apparente. La première partie La Croix ne sonne pas tellement comme du Messiaen ; cela semble assez classique. Dans la deuxième Le Péché, les forces du mal se font entendre de façon violente. Dans la troisième, intitulée L'eucharistie, bien qu'il ne soit plus fait appel qu'aux cordes, je retrouve une atmosphère envoûtante et éthérée très messiaenique qui me rappelle le Jardin du sommeil d'amour de la Turangalîla-Symphonie.

Je ne me serai pas déplacé pour le seul concerto pour piano en la mineur de Schumann. Ç'eût été dommage, car cette œuvre m'a semblé absolument adorable. Le deuxième mouvement, tout particulièrement. Le chef Paavo Järvi exprimait à l'égard de l'orchestre une joyeuse bienveillance. Le contrebassiste Bernard Cazauran semblait de très bonne humeur, je veux dire encore plus que d'habitude. Mon placement à l'arrière-scène n'était pas le plus favorable pour entendre le pianiste Dang Thai Son, mais il m'a permis de bien voir ses mains. J'ai aimé son bis, une Mazurka de Chopin.

Le lendemain, l'ouverture du Freischütz de Weber fait une très bonne entrée en matière. L'interprétation m'a bien plu. Je ne l'avais jamais remarqué jusqu'à ce soir, mais cela m'a bien fait bugger de me rendre compte d'une similitude entre deux mesures de cette ouverture et le ti-tou-tou:-ti-tou-tou:-ti-tou-tou: initial de la quarantième symphonie de Mozart (même rythme, même intervalle : un demi-ton entre le ti et le tou).

Le concerto programmé est le concerto pour violon nº2 de Mendelssohn, interprété par Akiko Suwanai. Le Stradivarius dont elle joue a été l'objet d'un incident de concert. Au cours du premier mouvement, une corde a lâché. Fort heureusement, elle a eu la présence d'esprit d'échanger immédiatement son instrument avec le premier violon. Roland Daugareil, véritable héros du jour, a manipulé pendant quelques minutes l'instrument pour remettre la corde (ou une autre ?). Il a joué pendant quelques instants sur ce Stradivarius ! ce qui lui a permis de vérifier que tout allait bien et puis un nouvel échange a eu lieu à un moment propice avant la fin du premier mouvement. Il faudrait demander aux auditeurs de Radio Classique qui écoutaient ce concert en direct s'ils ont remarqué quelque chose... Je ne pourrais absolument rien dire sur la prestation de l'orchestre pendant ce concerto tant mon regard ne pouvait se détourner de la violoniste, dont le public a réussi à obtenir deux très beaux bis.

Après l'entr'acte, aussi bien mercredi que jeudi, était programmée la Symphonie fantastique de Berlioz. Mercredi, j'étais à l'arrière-scène. Jeudi, j'ai échangé ma place d'arrière-scène avec celle de Klari au premier balcon. Je ne regrette pas du tout d'avoir écouté cette œuvre deux soirs de suite. Pour moi, cela a été une immense découverte. Chacun des mouvements est un programme a lui tout seul. Les atmosphères sont très différentes. La plus saisissante est celle du cinquième et dernier mouvement Songe d'une nuit du Sabbat. Les différents parties de l'orchestre s'y attachent à créer une atmosphère des plus macabres en produisant des sonorités étranges à leurs instruments.

Le concert du mercredi peut être revu sur Cité de la musique live. Attention, gros plans, éloignez-vous de l'écran !

Ailleurs : Palpatine, Klari, andanteconanima.

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Ananda Devi à l'Auditorium du Louvre

2011-11-08 01:27+0100 (Orsay) — Culture — Lectures

Auditorium du Louvre — 2011-11-07

Ananda Devi, texte et narration

Dédoublement, dialogue rêvé avec Malcolm de Chazal.

L'entrée était payante, 6€, mais cela en vallait la peine. Comme il est plus courant de les entendre dans des librairies à l'occasion d'une rencontre-dédicace, il m'avait cependant semblé assez insolite d'avoir à payer pour avoir le privilège d'entendre un écrivain. Mais s'agissant d'un des écrivains de langue française que j'admire le plus, il était hors de question de rater cette occasion.

L'écrivain en question, c'est Ananda Devi. J'avais déniché par hasard son roman Le Voile de Draupadi en faisant une recherche de livres par mots-clefs sur des personnages du Mahābhārata. C'était il y a cinq ans, et depuis j'ai lu presque tous ses livres (il y en a un peu moins d'une vingtaine). J'ai même lu sa thèse de doctorat The primordial link, Telugu ethnic identity in Mauritius. Il ne me reste que le roman Pagli et ses trois recueils de poèmes (actuellement, un d'entre eux n'est même pas communicable à la BnF parce que localisé dans un magasin en travaux...).

L'intervention d'Ananda Devi se place dans le cadre d'un cycle de conférences d'écrivains Pays réel, pays rêvé à l'Auditorium du Louvre (tous les lundi jusqu'à fin novembre), qui s'inscrit dans le programme plus large Le Louvre invite Jean-Marie G. Le Clézio.

Au début de la conférence, alors qu'apparemment tout le monde s'attendait à ce qu'elle entrât par la droite, elle a paru par la gauche et a lu un extrait de La Quarantaine de J. M. G. Le Clézio comme le feront les autres écrivains invités (Homero Aridjis, Alain Mabanckou et Dany Laferrière).

La conférence proprement dite a pu commencer. Intitulée Dédoublement, elle est la narration d'un dialogue imaginaire avec l'écrivain et peintre mauricien Malcolm de Chazal. Elle a imaginé que le 12 mars 1974, alors qu'elle était une toute jeune femme, elle se rendait à l'hôtel National à Port-Louis et entamait une discussion avec lui.

Il m'est impossible de résumer cette conférence qui était accompagnée d'une projection de peintures de Chazal, de photographies, de citations, etc. La plupart des réponses que faisaient Chazal dans le dialogue étaient tirées de ses œuvres.

J'ai trouvé cette conférence passionnante parce que d'une part elle mettait au jour la pensée de Chazal, un écrivain que je ne connaissais pas du tout et d'autre part le questionnement était éclairant sur le rapport d'Ananda Devi aux mots, à l'écriture, à Maurice (dont elle est originaire). J'ai particulièrement aimé les références implicites d'Ananda Devi à ses œuvres de jeunesse, contemporaines de sa lecture de Sens-Plastique, en particulier aux nouvelles du recueil Solstices. La dernière image projetée y faisait écho : elle montrait la tombe de Malcolm de Chazal envahie par la végétation.

Timidement, J. M. G. Le Clézio a descendu l'escalier pour s'approcher de la scène, remercier l'écrivain pour sa conférence. Ils ont ensuite eu quelques échanges autour de questions quelque peu confuses de la modératrice.

Voici une liste de liens vers mes billets sur le Biblioblog à propos de ses livres :

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Shakuntala au Centre Mandapa

2011-11-06 00:24+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne

Centre Mandapa — 2011-11-05

Shakuntala, bharatanatyam

Muthuswami Pillai, chorégraphie

Bhakti, la lumière du cœur, Poèmes de Rumi

C'est un récital un peu à part auquel j'ai assisté ce samedi au centre Mandapa. Il était intitulé Bhakti, la lumière du cœur, et à la danse bharatanatyam devaient être associés des poèmes de Rumi. L'idée d'associer le bharatanatyam à une autre culture fait penser au programme Bhârata/Bach dansé par Maria-Kiran il y a quelques années, mais la réalisation sera toute différente.

Le récital sera en réalité en trois parties. Après que l'on a fait brûler de l'encens et allumé la lampe, un prélude musical se fait entendre : une invocation de Shiva. La danseuse entre ensuite en scène (elle n'en sortira plus avant la fin du récital, ce qui contribuera à une atmosphère étonnante que personne n'osera troubler par des applaudissements) pour des offrandes de fleurs. J'ai le plaisir d'entendre une guimbarde dans la musique enregistrée, cela faisait longtemps... Le style de la danse comporte beaucoup de tours de la danseuse sur elle-même. Le rythme est très rapide. Cela semble une façon de concevoir le voie de la Bhakti, sous la forme d'une sorte d'adoration joyeuse de la divinité qui permettrait d'atteindre l'Unité. La danse évoque les oreilles de Ganesh et la danse de Shiva-Nataraja.

Avant de danser la pièce suivante, la danseuse dévoile un peu du dictionnaire de la danse en montrant des mouvements associés à un petit texte qui résume la pièce. Il sera question d'une dévôte de Subramaniam (aussi appelé Muruga, Skanda ou Kartikeya) qui s'adresse à lui en disant Pourquoi tardes-tu à venir me donner ta bénédiction ?. La narration et l'illustration est entrecoupée d'assez longs passages de danse pure. La chorégraphie n'est pas des plus belles que j'aies vues. Elle demande une très grande rapidité d'exécution. Cependant, les mouvements et poses prises par les mains sont réalisés avec une grande précision. Dans cette pièce comme dans la précédente, malgré la vitesse, l'ensemble reste ainsi très lisible.

Ayant enlevé ses grelots de chevilles et ayant passé une blanche tunique, le récital prend une toute autre direction. Il ne s'agit plus véritablement de danse bharatanatyam. La seule musique sera le silence et un doux accompagnement de flûte. La danseuse se transforme en une comédienne qui déclame des poèmes du mystique soufi Rumi tout en soulignant le sens par des mouvements des bras et des mains qui appartiennent au bharatanatyam. La plupart de ces poèmes sont structurés autour d'un mot ou d'un groupe de mots qui est repété de nombreuses fois à la fin ou au début des vers. Ainsi, dans le poème commençant par Toi qui ignores l'amour, dors !, toutes les phrases se terminent par la même injonction Dors !. Dans le suivant, ce sera Reviens à l'origine de ta propre origine !. Ensuite, alors que le poète se demande Qui est à la porte ?, il ne cesse de répéter Où m'enfuir ?. Dans l'avant-dernier, ce sera Donne quelque chose au derviche ! (qui suit notamment une autre injonction comme Délivre de son moi celui qui est attaché à lui-même). Dans le dernier, divers reproches d'une femme à son amant seront introduits par Souviens-toi.

Certains de ces poèmes posent des questions d'une façon suffisamment large pour n'être absolument pas hors-sujet dans un récital de bharatanatyam appelé Bhakti. La forme que cela a pris était à tout le moins surprenante, mais j'ai trouvé que cela avait été une très bonne manière de faire entendre ce texte tout en l'accompagnant d'une pantomime sur un fond musical dépourvu des rythmes habituels de la musique carnatique. Cela m'a davantage convaincu que ce que j'avais vu faire au Théâtre des Bouffes du Nord par Nahal Tajadod et Jean-Claude Carrière il y a deux ans. La performance physique est aussi impressionnante, parce qu'il doit être bien difficile de ne pas perdre son souffle alors qu'il faut en même temps réciter les vers et les accompagner d'autant de mouvements !

En troisième partie du récital, la danseuse a remis ses grelots pour deux pièces de bharatanatyam. Les pièces de la première partie étaient plutôt rapides. Celles-ci furent plus lentes. En particulier, l'avant-dernière pièce du récital sera comme un adage évoquant les différents aspects de la fille du roi des monts (Parvati). Je dis Parvati parce que c'est le nom qui m'est venu en premier quand avant de se remettre à danser, l'interprète a fait un résumé de la pièce accompagné de mouvements chorégraphiques. Les noms qu'elle a employés étaient plutôt Gauri, Uma, Shankari, Kaumari et Annapurna, mais cela revient au même... Elle a fait un petit clin d'œil aux connaisseurs en mentionnant que les seins de la déesse étaient en forme de Kumbha.

Le récital s'est conclu par une pièce mettant en scène les dieux assistant à la danse cosmique de Shiva. Cette pièce a commencé par un travail chorégraphique centré sur les bras et les mains, et puis les pieds se sont aussi mis en mouvement. J'ai rarement vu ce fait souligné, mais ici, pour évoquer la danse cosmique de Shiva, la danseuse a mis un accent particulier sur les battements du tambour (Damaru).

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Philharmonique de Radio France à Pleyel : Britten/Chostakovitch

2011-11-05 01:53+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2011-11-04

Christine Schäfer, soprano

Hélène Collerette, violon solo

Orchestre philharmonique de Radio France

Jukka-Pekka Saraste, direction

Les Illuminations, op. 18 pour soprano et orchestre à cordes, sur des textes d'Arthur Rimbaud, Britten

Symphonie nº8 en ut mineur op. 65 (Chostakovitch)

L'orchestre de Radio France n'a pas rempli la salle Pleyel, mais il y a une certaine progression par rapport au concert de rentrée où la deuxième balcon avait été fermé. Ce soir, j'ai seulement été encouragé à me replacer à l'orchestre, où il y avait effectivement beaucoup de places libres. Je me suis ainsi retrouvé au rang F près de l'allée. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un orchestre de face d'aussi près à Pleyel...

Le programme commence par Les Illuminations de Britten. Comme il est de Rimbaud, le texte chanté est en français. Cette langue n'est manifestement pas celle avec laquelle la chanteuse Christine Schäfer est la plus à l'aise. Musicalement, c'est une très belle découverte. L'orchestre n'est constitué que de cordes. Cela commence par une sorte de combat entre les violons I et les altos, très spectaculaire à voir d'aussi près. C'est très vif et assez illustratif du texte. La variété de sons produits par les musiciens est étonnante : à un moment, j'avais presque l'impression qu'on avait caché une trompette quelque part ! Dans le numéro Being Beauteous, la musique me rappelle le thème de Schéhérazade (Rimski-Korsakov). Le plaisir aurait été encore plus grand si l'excellente chanteuse qu'est Christine Schäfer avait mieux fait entendre le texte...

Après l'entr'acte, le plat de résistance : la huitième symphonie de Chostakovitch. Il ne faudrait pas écouter ce genre de musique trop souvent de peur de finir archi-névrosé, mais une fois de temps en temps (la dernière fois pour moi, c'était en janvier 2011), c'est un plaisir intéressant. J'ai eu peur après quelques minutes de musique d'avoir mal lu le programme tant le début de l'Adagio sonne bien. Et puis, brutalement, l'orchestre est devenu ardemment et violemment dissonnant. Il y a eu quelques accalmies, quelques quasi-interludes sortis dont ne sait où, et puis la symphonie s'est terminée après environ une heure de façon apaisée.

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Myriam Ould-Braham est Naïla

2011-11-04 00:47+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse

Opéra Garnier — 2011-11-03

Koen Kessels, direction musicale

Orchestre de l'Opéra national de Paris

Ballet de l'Opéra

Léo Delibes, Ludwig Minkus, musique

Version réalisée par Marc-Olivier Dupin

Livret d'après Charles Nuitter et Arthur Saint-Léon

Jean-Guillaume Bart, chorégraphie

Éric Ruf, décors

Christian Lacroix, costumes

Dominique Bruguière, lumières

Clément Hervieu-Léger, Jean-Guillaume Bart, dramaturgie

Florence Clerc, assistante du chorégraphe

Anne Salmon, répétitrice

Dominique Schmitt, assistante décors

François Thouret, assistant lumière

Myriam Ould-Braham, Naïla, esprit de la Source

Florian Magnenet, Djémil, chasseur

Laura Hecquet, Nouredda, promise au Khan

Aurélien Houette, Mozdock, frère de Nouredda

Alessio Carbone, Zaël, elfe de Naïla

Aurélia Bellet, Dadjé, favorite du Khan

Emmanuel Hoff, Le Khan

La Source

Après avoir vu quatre fois le superbe ballet La Source, il faut se rendre à l'évidence : Naïla, c'est Myriam Ould-Braham. Si Charline Giezendanner est loin d'avoir démérité le 1er novembre, les deux prestations que j'ai vues de Ludmila Pagliero, créatrice du rôle, furent moins convaincantes à mes yeux.

Comme dans le cas du rôle de Juliette (qu'elle n'a interprété qu'une seule fois), on n'a à aucun moment l'impression de voir une jeune femme qui danse certes fort bien. On voit en réalité un personnage, ici Naïla, qui est interprété par une danseuse. Cela fait toute la différence. Dans son rôle de fée, elle flotte sur la scène, elle touche à peine le sol. Outre la fluidité de ses mouvements, son expression rend son rôle passionnant pour le spectateur. Plus que les autres interprètes du rôle, elle donne un sens au sacrifice qui est celui de son personnage. Ainsi, dès la Valse des nymphes, quand Naïla est entourée d'une ronde de nymphes, son visage trahit le fait qu'elle sait qu'elle ne pourra que se sacrifier. Lors du pas de deux avec Djemil, ses tentatives sont désespérées, elle sait que Djemil n'aimera jamais que Nouredda. Enfin, elle se sacrifie après un émouvant pas du talisman.

Malgré quatre visionnages, je n'aurai pas vu toutes les distributions possibles. Il me manque essentiellement le trio Ould-Braham/Hoffalt/Zusperreguy. Clairement, dans ce que j'ai vu, la meilleure combinaison est celle de ce soir (3 novembre). Dans le rôle de Djemil, Florian Magnenet m'a davantage plu que Karl Paquette. Si c'est un beau gosse et qu'il en joue (un peu trop diront certaines), ses sauts et réceptions sont plus propres. Il donne un peu l'impression que Djemil est un gentil idiot (qui ne comprend pas qu'en faisant tomber la fleur à la toute fin, il fait mourir Naïla), alors qu'avec Karl Paquette, on a l'impression que Djemil est un type un peu perdu qui subit les événements.

Du côté des Zael, Mathias Heymann est éblouissant. Il saute très bien, mais au deuxième acte, il sait aussi jouer d'une certaine cruauté quand il vient gâcher la fête de Nouredda et se moquer d'elle quand elle doit s'en aller. Alessio Carbone m'a également beaucoup plu dans ce rôle dont il donne une image un peu plus sympathique et plus émouvante aussi dans la scène finale où il est le seul à être témoin de la souffrance de Naïla. Allister Madin est plus proche de Heymann que de Carbone, mais il donne moins une impression de facilité.

Pour Mozdock, frère de Nouredda, entre Vincent Chaillet et Aurélien Houette, c'est Vincent Chaillet qui m'a fait la plus forte impression, en particulier dans les danses de guerriers caucasiens, très spectaculaires. Avant-hier, Aurélien Houette ne m'avait pas semblé très en forme, mais ce soir, c'était très nettement mieux. Du côté de la pantomime, Aurélien Houette fait impression : on n'a pas envie d'être à la place du personnage qu'il tabasse ! (Cela effacerait presque mon souvenir de la vision d'Aurélien Houette en Monsieur de Charlus se faisant violemment flageller dans Proust ou les intermittences du cœur.)

Je n'ai vu que deux Dadjé : Nolwenn Daniel et Aurélia Bellet. Chez Nolwenn Daniel, j'ai aimé certains gestes qui montrent la cruauté des relations de rivalité entre les femmes du harem, en particulier la façon dont elle se réjouit de la dégradation de la note de Nouredda par le Khan.

Il reste essentiellement le cas du rôle de Nouredda. Lors de la création, j'ai trouvé Isabelle Ciaravola tellement émouvante que pour moi, c'était elle le premier rôle et non Naïla. J'avais tout particulièrement aimé son premier acte et l'attitude qui la caractérisait de jeune femme terrifiée à l'idée d'aller rencontrer le Khan. L'interprétation de Laura Hecquet est toute différente. Elle paraît moins terrifiée au premier acte et adopte au deuxième acte une attitude résolument séductrice envers le Khan. Dans le pas de deux avec Djemil (Florian Magnenet), elle fait monter la tension et presque la violence de ce tumultueux face à face. Ces deux interprètes de Nouredda sont très différentes ; globalement, j'ai du mal à décider laquelle des deux je préfère.

Lors des trois premières représentations que j'ai vues, il m'a semblé que l'orchestre se bonifiait à chaque fois. Ce soir, manifestement, ce n'était pas le même sous-ensemble de l'effectif de l'orchestre qui jouait (en tout cas je suis sûr que ce n'étaient pas les mêmes que les 27 octobre et 1er novembre) et cela s'est malheureusement un peu entendu dans le deuxième acte.

Vivement la prochaine reprise de ce ballet ! (Mais n'achetez pas le futur DVD !)

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Lulu à Bastille

2011-11-03 01:22+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Bastille — 2011-11-02

Laura Aikin, Lulu

Jennifer Larmore, Gräfin Geschwitz

Andrea Hill, Eine Theatergarderobiere, Ein Gymnasiast, Ein Groom

Johannes Koegel-Dorfs, Der Midizinalrat, Der Professor, Ein Polizeikommissär

Marlin Miller, Der Maler, Der Neger

Wolfgang Schöne, Dr. Schön, Jack

Kurt Streit, Alwa

Scott Wilde, Der Tierbändiger, Der Athlet

Franz Grundheber, Schigolch

Robert Wörle, Der Prinz, Der Kammerdiener, Der Marquis

Victor von Halem, Der Theaterdirektor, Der Bankier

Julie Mathevet, Eine Fünfzehnjährige

Marie-Thérèse Keller, Ihre Mutter

Marianne Crebassa, Die Kunstgewerblerin

Damien Pass, Der Journalist

Ugo Rabec, Ein Diener

Orchestre de l'Opéra national de Paris

Michael Schønwandt, direction musicale

Willy Decker, mise en scène

Wolfgang Gussmann, décors et costumes

Hans Toelstede, lumières

Lulu, Alban Berg

J'ai assisté aux première et cinquième représentations de la reprise de Lulu de Berg qui passe ces jours-ci à Bastille. Les détails de l'histoire sont assez touffus : lors des saluts, pas moins de seize chanteurs viennent saluer et parmi eux, certains cumulent deux voire trois rôles ! Quelques chanteurs paraissent au troisième acte dans des rôles qui font écho à d'autres vus au premier acte.

La musique est nettement plus accessible que ce à quoi je m'attendais : c'est cent fois plus agréable à l'oreille que le Mantovani d'Akhmatova. Ce qui est un peu gênant avec les deux représentations que j'ai vues, c'est que l'orchestre ne joue pas très fort. Ainsi, l'attention se porte beaucoup plus facilement sur l'action et le texte, au détriment de la musique, dont, à moins de se déconcentrer volontairement de l'action, on ne profite pleinement que pendant les interludes orchestraux. J'ai tout particulièrement apprécié celui qui se trouve au centre de l'œuvre et qui a une structure palindromique avec au milieu le motif de Lulu joué au piano.

Le premier élément de décor que l'on voit est l'escabeau sur lequel se tient Lulu alors que les spectateurs s'installent à leurs places (ou comme moi, à d'autres laissées vacantes). Cet escabeau se présente à l'œil comme un V renversé, avec des barreaux pour monter, mais aussi pour descendre. Visuellement, c'est tout comme le motif ascendant puis descendant de Lulu, et c'est aussi la trajecture de l'héroïne, femme fatale et cynique, dont les amants et maris se succèdent, jusqu'à sa déchéance finale (arrestation, choléra, prostitution, assassinat).

La mise en scène est très bien faite. Elle s'inscrit dans un décor constitué d'une grande pièce entourée d'un mur arrondi où s'alignent onze portes. En arrière-plan, des marches montent en amphithéâtre. De là-haut, on peut descendre par des échelles dans la pièce centrale. On verra même un chanteur sauter ; à peine arrivé, le personnage mourra quelques secondes plus tard ! Parmi les accessoires, un portrait en pied de Lulu, en plusieurs morceaux. Un de ses maris successifs était peintre ; il s'est suicidé.

Parmi les chanteurs, c'est bien sûr Laura Aikin (Lulu) qui fait la plus forte impression. Parmi les autres personnages, les plus émouvants furent pour moi ceux de la comtesse Geschwitz (Jennifer Larmore), lesbienne amoureuse de Lulu et d'Alwa (Kurt Streit), qui tout comme son père avant lui aime Lulu.

Ailleurs : Zvezdo.

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