Cinéma

Planning d'août 2013

2013-08-07 13:02+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Cinéma — Planning

Après Budapest en juin, Montpellier, Salzburg et Munich en juillet, je vais me diriger en août vers Édimbourg pour assister à un nouveau festival de musique.

La raison première de ce séjour réside dans les deux concerts donnés par le Chamber Orchestra of Europe (COE) qui sera dirigé par Yannick Nézet-Séguin :

  • 16 août 2013 (20h) (Usher Hall) : Les Métamorphoses de Strauss intelligemment associées à la Troisième symphonie de Beethoven. Si l'interprétation des Métamorphoses par le COE dirigées par Semyon Bychkov ne m'avait qu'à moitié convaincu, je ne doute pas qu'avec Yannick Nézet-Séguin, ce sera mieux (il a déjà réussi l'exploit de me faire aimer le mauvais Schu-). Concernant l'Héroïque, je ne l'ai pas entendue par le COE/Haitink (cf. le billet hilarant de Klari), mais je l'ai entendue récemment par l'Orchestre national de France dirigé par Haitink. (Si Yannick Nézet-Séguin dirige un jour l'ONF dans cette œuvre, je ne manquerai évidemment pas d'y aller car je pourrai alors réaliser la somme amalgamée de COE/Nézet-Séguin et ONF/Haitink le long de ONF/Nézet-Séguin pour obtenir COE/Haitink et compléter le diagramme ?) Entre les Métamorphoses et l'Héroïque s'insère dans le programme la véritable raison de ma venue à Edinburgh : la Symphonie concertante de Haydn pour violon, violoncelle, hautbois et basson. Je n'ai jamais entendu le COE dans Haydn, mais je crois que c'est une combinaison orchestre/compositeur/chef qui peut faire monter le frissonomètre très haut, et ce d'autant plus que les quatre solistes sont issus de l'orchestre : comme un concert à Dijon en mars m'en avait donné l'envie, je pourrai entendre la violoniste Lorenza Borrani en soliste !
  • 18 août 2013 (19h30) (Usher Hall) : Avant d'interpréter la Septième Symphonie de Beethoven, le COE interprètera deux œuvres concertantes : Romain Guyot (clarinette) et Matthew Wilkie (basson) joueront le Duet-Concertino de Strauss, puis Lorenza Borrani (violon) et Pascal Siefert (alto) la Symphonie concertante de Mozart.

J'avais déjà acheté ces deux places quand je me suis rendu compte que le Festival d'Edinburgh était en quelque sorte pluridisciplinaire : arts visuels, théâtre, danse, musique, opéra. Après avoir longtemps tergiversé, j'ai choisi d'intercaler entre les deux concerts du COE un marathon de danse (contemporaine) proposé par le Scottish Ballet :

  • 17 août 2013 (12h) (Festival Theatre) : Triple bill intitulée Contemporary Classics avec le duo 14'20" de Jirí Kylián (un extrait de 27'52"), Shift de Christopher Bruce et The Fugue de Twyla Tharp.
  • 17 août 2013 (14h30) (Festival Theatre) : Projection de deux films sur la danse moderne : La Table verte de Kurt Jooss et un portrait de Mary Wigman.
  • 17 août 2013 (16h) (Festival Theatre) : Une discussion à propos de la Triple bill ci-dessus.
  • 17 août 2013 (17h) (Festival Theatre) : Des duos extraits de Chéri et Five Rückert Songs de Peter Darrell, Jealousy de James Cousins et Trace de Helen Pickett.
  • 17 août 2013 (20h) (Festival Theatre) : Pierrot lunaire de Glen Tetley.
  • 17 août 2013 (21h45) (Festival Theatre) : Le Scottish Dance Theatre, spécialisé en dance contemporaine, interprétera SisGo de Fleur Darkin.

(Il est à noter qu'une proportion significative des ballets programmés ont été chorégraphiés par des femmes, ce qui change de Paris...)

  • 18 août 2013 (12h45) (Grand Gallery, National Museum of Scotland) : Puisqu'il convient de faire un peu de tourisme à Édimbourg, mais que l'entrée du Château est hors de prix (£16, seriously?), je vais sans doute me rabattre sur le Musée national d'Écosse. Non seulement, l'entrée y est gratuite, mais je pourrai y entendre un charmant trio d'instruments à vents, Arunda Trio (qui peut aussi venir jouer de la musique à votre mariage).
  • 19 août 2013 (11h) (Queen's Hall) : J'espère que l'obscurité sera faite dans la salle pour ce récital de Lieder de Dorothea Röschmann parce que le mélange de bleu et de rouge constituant la décoration du Queen's Hall me paraît d'assez mauvais goût, comme j'ai eu le malheur de le constater en faisant la visite virtuelle (qui me permet d'espérer que ma place derrière un pilier ne devrait pas trop gêner ma vue).

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Planning d'octobre 2012

2012-10-01 22:42+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Cinéma — Culture indienne — Planning

À la demande de Carnets sur sol, je sacrifie au rituel du planning de spectacles, comme chez Bladsurb et Klari.

  • 5 octobre 2012 (Centre Mandapa) : Le Centre Mandapa qui vient d'améliorer son site Internet programme le premier récital parisien de Meenal Deshpande (chant khyal).
  • 6 et 7 octobre 2012 (Pleyel) : Le London Symphony Orchestra dirigé par Gergiev commence en même temps sa saison à Pleyel et son cycle de concerts Brahms/Szymanowski. Le samedi, on aura le concerto nº1 pour violon de Szymanowski par Janine Jansen et les symphonies nº1 des deux compositeurs et le dimanche les symphonies nº2 des deux-mêmes.
  • 11 octobre 2012 (Pleyel) : L'Orchestre de Paris joue la Symphonie nº4 “Italienne” de Mendelssohn et Le Château de Barbe-Bleue de Bartók. (Cf. la vidéo de présentation avec Matthias Goerne.)
  • 12 octobre 2012 (Opéra Garnier) : Je vais voir The Rake's progress, un opéra de Stravinski. C'est tout ce que je sais et veux savoir avant d'y aller.
  • 18 octobre 2012 (Pleyel) : Paavo Järvi dirige l'Orchestre de Paris dans une symphonie de Haydn, c'est une bonne raison d'aller voir ce concert. Ayant déjà apprécié cet interprète en mai, une autre est la présence de Menahem Pressler pour le concerto pour piano nº27 de Mozart.
  • 19 octobre 2012 (Musée Guimet) : J'irai voir pour la première fois un récital de danse odissi, un style originaire de l'Odisha (un état anciennement appellé Orissa ; ils sont pénibles à toujours vouloir changer de noms...). L'interprète en sera Arushi Mudgal, dont j'ai déjà vu le père Madhup chanter en 2008. (À l'occasion de ces fouilles dans mes archives, il semblerait que j'aie vu Arushi danser lors de ce concert, mais je n'en ai aucun souvenir...).
  • 20 et 21 octobre 2012 (Pleyel) : Les solistes du Berliner Philharmonier nous ont concocté deux programmes de musique de chambre de Brahms (eh oui, le même auquel on co-consacre un cycle de concerts pour orchestre).
  • 22 octobre 2012 (TCE) : Je me suis mini-abonné à l'Orchestre de Chambre dont j'ai apprécié le concert de rentrée. J'irai cette fois-ci écouter le Miserere de E.T.A. Hoffmann dont j'ignorais qu'il était aussi compositeur. Au programme, il y aura aussi le Requiem de Mozart.
  • 23 octobre 2012 (Cité de la musique) : J'irai à ce concert pour entendre le fort bel ensemble de musiciens que sont Les Dissonances jouer notamment L'Offrande musicale de Bach.
  • 24 octobre 2012 (Musée Guimet) : Projection du film Dhrupad de Mani Kaul, avec des sous-titres. On y verra et entendra notamment Ustad Zia Fariduddin, le guru de la guru de ma prof (que les plus voyageurs pourront aller écouter à Utrecht en février 2013).

Pour prendre un peu d'avance sur le mois de novembre, je revends un billet pour un concert auquel je ne pourrai pas aller : le Chamber Orchestra of Europe dirigé par Yannick Nézet-Séguin avec Renaud Capuçon en soliste le 3 novembre à la Cité de la Musique. Au tarif plein, le billet serait à 41€, je l'ai eu à 28.70€ en abonnement et je le revends à 20€.

PS: Hugo vient aussi de publier son planning !

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Mumbai

2012-08-21 11:00+0530 (मुम्बई) — Culture — Cinéma — Culture indienne — Voyage en Inde XI

J'ai pris mon train pour Mumbai à Jalgaon samedi matin. En arrivant dans le hall, je vois Abhijit et Swati. Après qu'ils ont acheté un ticket, j'attends avec eux que le train de Swati pour Khandwa arrive : elle va rendre visite à sa mère. Je dois insister aurpès d'Abhijit pour qu'il ne se sente pas obligé d'attendre que mon train arrive (il s'agit du Mahanagari Express que j'ai déjà pris plusieurs fois et aujourd'hui encore il est en retard, de seulement une heure et demie). En effet, le sens de l'hospitalité des Indiens n'est pas une légende. Par exempe, à chaque fois que j'ai eu quelque activité commune avec des Indiens, ils ne m'ont jamais laissé payer ma part...

Depuis le train, je vois de nombreux bœufs qui portent les traces de la fête qui leur a été consacrée la veille. Ce jour-là, on ne les fait pas travailler, on change leur attelage, on les décore, on renverse des couleurs sur leur corps, etc. Deux bouviers parcouraient la rue où habitent Shrikant et Shubhada et passaient de maison en maison. Shrikant et Shubhada leur ont versé de l'eau sur les sabots, mis du tikka sur le front, donné des restes de repas à manger et des graines que le bouvier a mis dans un sac.

À Manmad, une famille s'est installée près de moi. Les enfants et les dames dans mon compartiment de Sleeper Class et les hommes un peu plus loin. J'ai rarement vu un tel sagouinnage. Des chips et autres aliments étaient renversés partout. On donnait à manger ou à sucer aux enfants des choses qui étaient tombées par terre, comme cette tétine à peine essuyée. Seule la plus jeune des trois femmes ne chique pas le bétel. En face de moi, une des femmes crachait régulièrement un jus rouge par la fenêtre. Évidemment, cela dégoulinait un peu sur les barreaux. Pesant un bon quintal, elle utilisait un pan de son sari comme mangeoire. Par ailleurs, cela braillait pas mal. Pour avoir un peu la paix, je suis monté sur la couchette du haut.

L'arrivée à Mumbai permet de constater encore une fois l'étendue et la progression de la ville vers le Nord. Partout, on construit de nouveaux grands immeubles. La voie longe aussi des slums. Ces habitations n'ont manifestement rien de temporaire puisque des toits de tôle dépassent de nombreuses paraboles.

Je suis arrivé vers 16h à la gare Victoria Terminus (CST). Moins de deux heures plus tard, j'étais dans une salle de spectacle pour assister à un concert de musique carnatique. Il m'a donc fallu me dépêcher : trouver un horaire des trains de banlieue, ce qui m'a demandé de passer par plusieurs guichets et vendeurs de livres, passer rapidement à mon hôtel situé entre Churchgate et VT, comprendre comment fonctionnaient les trains locaux partant de VT (je n'avais jusque là pris que ceux partant de Churchgate). Les Indiens sont censés être bons en informatique, mais un général l'affichage dans les gares est fait en dépit du bon sens. Un écran affiche la liste des prochains trains, mais sans les numéros de voie et à 17h23, le train de 17h22 disparaît de l'écran même si le train a plusieurs minutes de retard... Il semblerait que les trains de la ligne qui m'intéressait (Harbour line) n'utilisent que les voies 1 et 2. Évidemment, ce n'est indiqué nulle part.

Le lendemain après-midi, je vais voir Ek Tha Tiger au cinéma Regal. Le public se lève quand retentit l'hymne national indien. Entre deux bandes-annonces passe une diapositive publicitaire pour un programme de musique classique occidentale au NCPA. Le film est meilleur que je ne l'aurais imaginé. Salman Khan joue le rôle d'un agent secret indien ayant Tiger pour nom de code. C'est un mélange de James Bond et de MacGyver. Il tombe amoureux d'une agent pakistanaise. L'apparition de Katrina Kaif (Zoya) se fait sur une sorte de remake de la marche des aspirateurs (Mats Ek). Après quelques acrobaties en Irak, l'action se passe à Dublin. Dans son temps libre, Zoya fait de la danse. Lors d'une répétition pour les lumières dans un théâtre, les personnages de Zoya et Tiger sont censés danser une valse de Strauss. On les voit adopter la position standard du haut du corps pour cette danse et puis plus rien, ils ne font même pas semblant de prétendre danser la valse. Dans la deuxième partie du film, la même musique retentira et de même ils ne prétendront même pas essayer de danser. (Cela dit, dans le même ordre d'idées, quand inversement Shahrukh Khan joue du violon dans Mohabbatein, il est ridicule...)

Je passe la soirée chez mon amie Supriya, son mari Amit et leur fille Mugdha que je n'avais vue qu'à la maternité à Pune et qui a maintenant un an.

Mardi, j'ai pris un repas au Golden Star Thali. Pour 340 roupies (TTC), ce qui est plutôt cher pour un repas, on peut avoir un thali absolument exceptionnel. Je pense que c'est le meilleur parmi tous ceux que j'ai mangé au cours de mes voyages. Parmi les nombreux plats faisant partie du thali (beignets, lentilles, riz, pulao, jalebis et autres gâteaux, etc), il y en avait un de particulièrement sensationnel, sucré et piquant. Le restaurant se trouve tout près de la station Charni Road (Est). De là, je suis allé au New Kulfi Centre (je n'envisage pas un séjour à Mumbai sans une petite visite à cet établissement).

J'ai ensuite pris un bus depuis Chowpatty Beach jusqu'à Walkeshwar, qui se trouve non loin d'une des extrémités de la baie. J'apprécie cet endroit que j'ai déjà visité plusieurs fois. Les habitations simples et les petits temples contrastent avec la modernité environnante. Au centre de ce quartier se trouve un lac artificiel entouré de ghats, le Lac des cygnes. On y voit en effet de nombreux cygnes de différentes couleurs. Plusieurs cérémonies religieuses se déroulaient au bord du lac quand je suis arrivé. En repartant, je prends un lassi dans un boutique que j'avais déjà fréquentée auparavant. Sur le panneau en marathi affichant les prix des différents produits frais vendus, le prix du lassi est curieusement écrit, le chiffre des dizaines utilisant les chiffres devanagaris et celui des unités ceux de l'alphabet latin.

J'ai pris un bus qui m'a fait traverser une bonne partie de la ville. Le nom des destinations n'est écrit qu'en marathi à l'avant des bus. En outre, les lieux ne sont pas forcément identifiables. À l'aller, pour aller à Walkeshwar, j'avais pris un bus pour Kamala Nehru Park. Pour descendre à Colaba, le terminus était Electric House. Dans certains arrêts de bus (pas tous...), les arrêts principaux des bus sont indiqués sur un panneau écrit uniquement en marathi. Bref, prendre un bus à Mumbai n'a rien d'évident, et encore je passe sous silence les difficultés pour monter ou descendre du bus et pour se faire comprendre de la personne qui vend les billets à bord du bus...

Séries de photographies : 2012-08-18, Mumbai, 2012-08-19, Mumbai, 2012-08-20, Mumbai.

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Ciné-concert Les Lumières de la ville

2011-12-24 12:11+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Cinéma

Salle Pleyel — 2011-12-23

Timothy Brock, direction musicale

Orchestre national d'Île de France

Ciné-concert City Lights

Jusqu'à présent, je n'avais pas eu de chance avec l'Orchestre national d'Île de France. Les deux fois que je les avais entendus à Pleyel, c'était lors de concerts d'après-midi lors de dimanches où en raison d'un état de fatigue avancé, j'aurais mieux fait de rester chez moi faire une bonne sieste. J'avais ainsi lamentablement somnolé pendant leur pléthorique Carmina Burana à 150 choristes. Dans les intervalles de lucidité, j'observais néanmoins l'engagement des musiciens et la belle homogénéité des cordes avant de rentrer prendre un sommeil réparateur.

Hier après-midi, un écran avait été installé pour deux séances de ciné-concert City Lights (Les Lumières de la ville) de Chaplin, qui non content d'être un brillant cinéaste et comédien était un estimable compositeur. Sa musique a été restaurée et orchestrée par Timothy Brock qui dirige ce concert. Elle est tournée autour de trois ou quatre motifs qui reviennent régulièrement au cours du film et comporte aussi des passages plus illustratifs de l'ambiance particulière à chaque scène.

Je pensais passer un bon moment, mais pas à ce point-là. Ce n'est pas la première fois que je vois un film muet en entier sur un grand écran, mais lors de cette séance, le plaisir à été total. Le film est excellent. On y rit et on y pleure. On y voit des formes d'humour disparues : du comique de répétition, des situations où on laisse clairement entendre au spectateur qu'il va se passer un gag bien précis, mais au moment où celui-ci croit que cela va arriver, on le fait mariner quelques secondes. Un des plus mémorables moments est la fameuse scène du combat de boxe. On a beau l'avoir déjà vue, cela marche à chaque fois.

L'expérience du visionnage de ce film est rehaussée par la présence de l'orchestre (et peut-être réciproquement suggèrera Klari après la séance). La musique, si elle paraît déjà belle et intéressant sur de vieux enregistrements, paraît ici sublime et extrêmement précise. On entend le moindre détail comme si c'était du Wagner joué d'une façon autant analytique qu'enthousiaste. Cette musique, jouée aussi superbement, semble une très bonne initiation à la musique orchestrale pour les nombreux enfants présents lors de cette séance. Certains, comme mon voisin, étaient un peu dissipés, mais on leur pardonne volontiers.

L'orchestre est malheureusement menacé par une réduction récente de ses subventions. Il est encore temps de signer la pétition.

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Arrivée à Lucknow

2010-08-15 17:16+0530 (लखनऊ) — Culture — Cinéma — Voyage en Inde IX

Hier, j'ai essayé de me reposer. Je suis donc allé au cinéma voir le dernier film produit par Aamir Khan : Peepli [live] (Curieusement, le nom hindi est différent sur les affiches et sur le visa de la censure, d'une part Pīpalī, d'autre part Piplī). Je n'ai pas tout compris à l'histoire : il y avait pas mal de dialogues... Un résumé m'a un peu mieux fait comprendre le contexte. Deux frères paysans reviennent de la ville où leur banque leur a refusé une rallonge. Ils se retrouvent sans terre. Comme une décision politique octroie une certaine somme d'argent aux familles de paysans suicidés, ils décident que l'un d'entre eux se suicidera pour faire survivre la famille. Une journaliste d'une chaîne nationale vient au village de Peepli avec une petite équipe, puis cela devient le délire : des hordes de caméras de télévision et de politiciens débarquent. On voudrait montrer le suicide en direct à la télévision...

Cela semble bien vu. La scénariste et réalisatrice est une ancienne journaliste de la chaîne NDTV (celle qui sort à peu près tous les scoops politico-financiers). Ce n'est pas un film de Bollywood traditionnel. Il n'y a pas de stars, pas de chansons. Beaucoup de passages que l'on peut considérer comme acidement drôles (le public riaient plutôt grassement, j'ai trouvé l'atmosphère assez particulière). En tout cas, côté repos, c'était raté, puisque la climatisation du cinéma était défaillante. 2h30 dans un sauna, pas terrible pour se remettre d'aplomb.

J'ai pris hier soir un train à la gare de Gaya pour rejoindre Lucknow. Je voyageais en classe 3AC. Le wagon (récent, daté de janvier 2010) était un peu différent de d'habitude, puisqu'il y avait des rideaux, un peu comme en 2AC. J'ai raisonnablement bien dormi.

J'avais réservé la veille par téléphone au Ramkrishna Hotel, Ashok Marg. Croyant bien faire, le rickshaw-wallah m'a déposé à la Ramkrishna Guest House, Park Road. J'ai détecté le gag, ce qui m'a permis de rejoindre ce qui devait être la bonne adresse. Là, il y avait un Ramkrishna Hotel et un New Ramkrishna Hotel. Au final, tous les trois ont nié avoir reçu mon coup de téléphone. Y aurait-il un New New Ramkrishna Hotel ? Du coup, c'était un peu la panique. En tout, j'ai eu cinq hôtels complets et un hors de prix. Finalement, j'ai trouvé un autre hôtel à peu près convenable à côté de la gare. J'eusse préféré être dans un quartier plus centré.

Ceci étant dit, je ne sais pas si l'atmosphère de ce jour anniversaire de l'indépendance de l'Inde est particulière, en tout cas, la ville de Lucknow me fait une très bonne impression. Les rues sont larges, la circulation très tranquille : la traversée d'une avenue n'induit aucun stress. Des bus assez modernes circulent. Les arrêts de bus sont ombrageux. Bref, ce n'est pas si mal que ça d'être logé à quelques kilomètres du centre.

Après avoir mangé un biryani plutôt bon mais pas exceptionnel (pour moi, la référence mondiale reste ceux du restaurant Ellora, rue Descartes) et un kulfi faluda, je suis allé visiter deux sites situés au Nord de la ville. J'ai commencé par le Shah Najaf Imambara, un fort beau mausolée d'abord construit en l'honneur de Hazrat Ali, gendre de Mahomet, puis qui reçut les restes de Ghaziuddin Haider, roi d'Awadh, en 1827. Une enceinte carrée comportant des couloirs et des portes renferme un dôme. L'intérieur est superbe. Des peintures vertes décorent l'intérieur du dôme. Au centre, une sorte de petite maison représente la tombe du roi. Deux autres tombes sont situés de part et d'autre. Tout autour, des lustres colorés. Au fond, d'autres petites maisons dont j'ignore la signification. Un silence quasi-absolu règne.

Un tout petit peu plus à l'Est se trouvent les jardins botaniques, dont l'accès est apparemment défendu. Encore plus loin, le Sikandra Bagh dont il faut bien observer les contours avant de découvrir par où entrer. L'accueil y est très froid. Quand je partais, on me regardais vraiment de travers. Le jardin est en fait une grande pelouse bordée par quelques fleurs. Au coin, une belle porte. On devine aussi une mosquée, mais je n'ai pas eu l'impression qu'on pouvait y accéder. Dans une sorte de remise, des vestiges d'un monument qui devait commémorer ceux morts depuis l'indépendace des Britanniques (pas sûr du texte exact qui n'était pas très lisible).

J'ai trouvé à monter dans un bus pour rentrer, de la façon la plus naturelle du monde : en m'asseyant à un arrêt et en attendant qu'un bus veuille bien s'arrêter. Je ne voyais d'abord que le nom du terminus, alternativement en anglais et en hindi. Cela ne me disait rien bien sûr, puis via Charbagh a défilé sur le côté du bus, ce qui m'a fait me précipiter pour monter dedans. Le simple fait qu'il fût possible que j'y montasse prouve que le style de conduite des chauffeurs de bus de Lucknow est très cool...

Un important point de repère dans la ville est le Vidhan Bhavan, qui contient en son centre un fort beau dôme visible de loin (il est décoré aujourd'hui aux couleurs du drapeau indien). Il s'agirait du bâtiment de l'assemblée législative de l'Uttar Pradesh. (Un peu partout, on voit des grands panneaux avec la photographies de Sushri Mayawati, Chief Minister de cet état. Je n'ai pour le moment vu ni les nombreuses statues représentant des éléphants ou elle-même qu'elle a fait construire.)

En passant par la gare (très belle de l'extérieur) pour voir où je devrai prendre mon prochain train (on mettrait un temps fou à faire le tour des différentes gares voisines avec des bagages sur le dos, je préfère prendre les devants), alors que je me pèse (j'ai mis beaucoup de temps à comprendre comme la machine fonctionnait) :

Your weight: 82.5 Kg

Your personality: You are shy, patient, sensitive and tender.

Un policier m'aborde et me demande si je suis indien. Je lui dis non, du coup, je dois écrire mon nom et mon numéro de passeport dans son carnet et il commence à me demander ce que je fais là. J'essaie de m'en débarasser rapidement. En fait, ce n'était pas nécessaire, vu que je suis reparti avec une carte touristique gratuite de Lucknow...

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My Name is Khan

2010-02-19 11:16+0530 (मुंबई) — Culture — Musique — Cinéma — Culture indienne — Voyage en Inde VIII

Avant-hier, je suis allé voir le dernier film de Karan Johar, माय नेम इज़ ख़ान. Ayant acheté ma place une petite heure avant le début de la séance, sans problème particulier (la sortie du film la semaine dernière avait été agitée à cause du Shiv Sena), je me promène au voisinage du cinéma Regal. L'hôtel de luxe Taj Mahal porte encore les traces de l'attaque du 26/11, mais les travaux de réparation sont en cours, et on lit dans la presse qu'il sera rénové à l'identique. Cet hôtel, ainsi que la rue voisine où se trouve le Leopold Cafe est situé à environ deux kilomètres du TIFR où je suis pour deux semaines. Ce quartier est typiquement celui où les jeunes chercheurs ou visiteurs sortiraient le soir pour aller au restaurant. D'ailleurs, certains y étaient ce soir-là et ont entendu les détonations.

Le film de Karan Johar, avec Shah Rukh Khan et Kajol, raconte l'histoire de Rizvan Khan, un indien musulman autiste qui vient habiter aux États-Unis d'Amérique rejoindre son frère et sa belle-sœur. Il épouse Mandira, une coiffeuse, mère célibataire, hindoue. Son fils Samir s'appelle maintenant Samir Khan (ne pas prononcer K, mais R épiglottique). Après les attentats du 9/11, les musulmans sont victimes de diverses vexations, le salon de coiffure de Mandira s'écroule financièrement et cela va jusqu'à une volée de coups d'un groupe de jeunes qui cause la mort de Samir. Dévastée par la mort de son fils qu'elle attribue au nom que son fils a pris, Mandira rompt avec Rizvan qui veut rencontrer le président des États-Unis d'Amérique pour lui dire My Name is Khan and I am not a terrorist. Il est arrêté lors d'une cérémonie quelconque vers 2008 parce que sa phrase a été mal comprise et on en aura entendu que terrorist. Il est torturé, mais des jeunes journalistes ont saisi un enregistrement du moment où il prononce cette phrase, et cela lui permet de recouvrer la liberté. Son cas est beaucoup traité à la télévision et on aperçoit le dos d'un sénateur noir qui s'y intéresse...

Le film est plutôt réussi et sort des thèmes habituels de Bollywood tant sur le fond que sur la forme (pas de scènes dansées par exemple), mais on retrouvera certains thèmes, comme celui du mariage, forcément problématique, ici parce que Mandira est hindoue et Rizvan musulman, ce que n'accepte pas son frère et qui est résolue dans une scène émouvante comme le cinéma indien en produit quand la belle-sœur de Rizvan vient apporter sa bénédiction aux mariés. Néanmoins, l'exagération et l'accumulation d'éléments parasites compliquent un peu inutilement l'histoire de façon à faire de Rizvan Khan un homme invraisemblablement exceptionnel et héroïque. D'une part, il souffre d'une forme particulière d'autisme, ce qui engendre des situations comiques vu les mimiques de Shah Rukh Khan et permet l'expression de ses talents de réparateurs de toutes choses qu'il a développés depuis son enfance. Plutôt sceptique au début du film sur cet aspect, après avoir vu l'ensemble de film, je trouve que c'était une bonne idée. D'autre part, on le voit sauver invraisemblablement un village de Géorgie où il s'était fait des amis. Ces passages-là sont un peu ridicules. Cela devient carrément too much quand un extrémiste musulman vient s'en prendre à lui.

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Sita sings the blues

2009-10-22 22:00+0200 (Orsay) — Culture — Cinéma — Culture indienne

J'avais entendu parler du film Sita sings the blues de Nina Paley après qu'il reçut un cristal du long métrage au festival du film d'animation d'Annecy. Je me réjouissais par avance de la probable sortie de ce dessin animé autour du Rāmāyaṇa.

Depuis, je n'y avais plus pensé. Le film est sorti en salles le 12 août. Je n'étais pas au courant, et de toute façon en voyage. Heureusement, tout à l'heure, j'ai lu Sita sings the Blues programmé au Moma, gratuit sur Internet, une entrée de blog évoquant ce film, son auteure, ses difficultés avec les législations concernant le droit d'auteur. La conclusion est que ce film est sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike License. Il est librement téléchargeable sur Internet et des sous-titres sont disponibles.

Le film, qui est essentiellement l'œuvre d'une seule personne, mélange plusieurs styles de dessin. Certaines scènes sont ainsi représentées dans le style des miniatures indiennes. Les nombreuses scènes musicales, où Sita chante des chansons d'Annette Hanshaw, ont leur style propre. Souvent, de curieux narrateurs reprennent la parole. En général, ils ne se souviennent plus très bien des légendes qu'ils racontent, émettent des conjectures, blasphèment (si l'animation me plaît moins dans ces passages, je les ai trouvés très drôles). Des passages autobiographiques dessinés tout différemment font écho à l'épopée. En effet, cet aspect-là de l'épopée n'est sans doute pas le plus connu (il apparaît dans le touffu septième livre, mon résumé s'est arrêté au sixième), mais il convient de savoir qu'après avoir vaincu Rāvaṇa, Rāma abandonne sa fidèle épouse Sītā pour que son peuple ne se moque plus d'un roi qui eût gardé auprès de lui une femme qui a été emprisonnée par un roi ennemi...

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Mallika Sarabhai

2009-03-24 00:27+0100 (Orsay) — Culture — Danse — Danses indiennes — Théâtre — Cinéma — Culture indienne

On n'imagine pas toujours les pépites que l'on peut découvrir parfois en cliquant sur le bouton Play dans Dailymotion.

Docteure, chevalière des arts et des lettres, danseuse de kuchipudi et de bharata-natyam, bouleversante Draupadi dans The Mahabharata de Peter Brook (version longue !), directrice de la Darpana Academy of Performing Arts qui créa Phèdre de Racine en hindi, combattante de la cause des femmes indiennes, opposante au controversé chief ministrer du Gujarat Narendra Modi, divorcée, athée, visiblement passionnée par tout ce qu'elle entreprend, Mallika Sarabhai est impossible à résumer.

Quelques vidéos :

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Le Mahâbhârata

2009-01-10 11:43+0100 (Orsay) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne

Si vous avez vingt bonnes minutes devant vous pour le lire, j'ai écrit pour le Biblioblog un résumé du Mahâbhârata avec quelques commentaires et une petite bibliographie commentée des versions que j'ai lues, en attendant ma critique du Palais des illusions de Chitra Banerjee Divakaruni qui apparaîtra au même endroit cet après-midi.

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The Mahabharata, de Peter Brook

2008-12-31 15:44+0100 (Orsay) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne

Hier, j'ai revu The Mahabharata de Peter Brook (version courte de trois heures). Je pensais faire un billet pour préciser mon point de vue, ayant eu l'occasion de me replonger dans l'épopée récemment, mais il s'avère que je n'ai rien à modifier à ce que j'avais déjà écrit il y a plus de deux ans.

Très bientôt, une critique de The Palace of Illusions de Chitra Banerjee Divakaruni (acheté à Kolkata) qui a été traduit en français plus rapidement que je ne l'imaginais : Le Palais des illusions (Picquier). Comme ce roman est une adaptation du Mahābhārata, raconté du point de vue de Draupadī, j'ai aussi préparé un petit résumé de l'épopée...

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Padmâvatî au Châtelet

2008-03-15 16:49+0100 (Orsay) — Culture — Opéra — Cinéma — Culture indienne

Théâtre du Châtelet — 2008-03-14

Sylvie Brunet, Padmâvatî

Finnur Bjarnason, Ratan-Sen

Alain Fondary, Alaouddin

Yann Beuron, Le Brâhmane

Blandine Folio Peres, Nakamti

François Piolino, Badal

Lauvent Alvaro, Gora

Alain Gabriel, Le Veilleur

Jean-Vincent Blot, Un Prêtre

Orchestre Philharmonique de Radio France

Chœur du Châtelet

Sanjay Leela Bhansali, mise en scène

Omung Kumar Bhandula, scénographie

Tanushree Shankar, chorégraphie

Rajesh Pratap Singh, costumes

Somak Mukherjee, lumières

Lawrence Foster, direction

Stephen Betteridge, chef de chœur

Padmâvatî, opéra-ballet d'Albert Roussel

Hier soir, j'étais à la première de l'opéra-ballet Padmâvatî au théâtre du Châtelet. Je n'avais jamais été autant ému par un opéra. Le thème de cet opéra-ballet est inspiré de l'histoire d'une rani rajpoute de Chittor (Rajasthan) qui s'est sacrifiée avec de nombreuses autres femmes de la citadelle avant qu'un sultan ne prenne possession du palais après avoir vaincu l'armée conduite par le raja. Dans l'adaptation de cette histoire par Louis Laloy, Padmâvatî tue son mari Ratan-Sen qui veut céder à la demande du sultan mogol (sic) Alaouddin de lui donner la belle Padmâvatî en échange de la paix.

Je n'ai pas de goût marqué pour la musique vingtième siècle de Roussel. Pourtant, cette musique symphonique a la faculté de déclencher des impressions et des émotions fortes. En dehors de la musique et du chant (chœur du Châtelet et orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Lawrence Foster), l'essentiel de la production a été confié à des indiens. La mise en scène de Sanjay Leela Bhansali (qui a notamment réalisé le film Devdas) et les décors semblent avoir pleinement utilisé les possibilités techniques du théâtre : Ganesh surgissant du ciel, décors escamotés par en haut au milieu d'un acte, rideau venant cacher l'arrière-scène pour mettre en valeur la scène tendue entre Ratan-Sen et Padmâvatî au deuxième acte.

Au premier acte, après une gracieuse entrée en scène du chœur par les allées de l'orchestre et un prologue, Alaouddin entre à dos d'éléphant, parlemente avec Ratan-Sen et sollicite des spectacles de plus en plus merveilleux jusqu'à demander explicitement Padmâvatî dont le nom évoque le lotus. Ceci permet de mettre en scène des danses de plus en plus gracieuses : guerriers, femmes esclaves, femmes du palais. Bien que la musique soit assez différente des musiques indiennes, Tanushree Shankar a merveilleusement bien chorégraphié ces danses.

Au début du deuxième acte, la bataille a commencé. Dans le temple de Śiva (de part et d'autre de la scène se trouvent un lingam/yoni et le buffle Nandi), les prêtres invitent Padmâvatî à se préparer à suivre son mari sur le bûcher. Muni de certains de ses attributs (trident, tambour, croissant de lune dans le chignon tressé), Śiva fait une apparition et prend la position Nataraja du seigneur de la danse. Pendant une trêve, Ratan-Sen entre dans le palais. Quand il demande à son épouse de se donner à Alaouddin pour épargner les autres femmes de son peuple, à l'évocation de leur mariage, quelques aspects du rite du mariage hindou sont mimés. Elle l'embroche avec le trident de Śiva. Les déesses Kali et Dourga surgissent. Lors de son entrée sur scène, Dourga est accompagnée d'un tigre ! À première vue, cela peut sembler inutile, mais dans cette production, les aspects indiens de l'œuvre sont respectés aussi authentiquement que possible. Les turbans des hommes du commun du premier acte sont ceux des rajasthanis, la barbe d'Alaouddin a la couleur orangée commune à celle que produit le henné sur la chevelure de nombreux hommes indiens, etc. Ici, le tigre est justifié par le fait que Dourga est traditionnellement représentée assise sur un félin (le plus souvent un tigre, parfois un lion). On voit une Kali avide de sang tirer la langue. Dans ce deuxième acte, l'évocation de Dourga et Kali (et d'autres divinités voisines et qui leur sont parfois identifiées) par les prêtres procure l'occasion de magnifiques scènes dansées. À un moment, les deux groupes de danseuses entourant Kali et Dourga se sont regroupées derrière leur divinité tutélaire, et ont positionné leurs bras de façon à suggérer les multiples paires de bras de l'iconographie hindoue (nécessaires pour représenter les nombreux attributs des divinités). Sous un meilleur angle que le mien, l'effet devait être saisissant.

Finalement, Padmâvatî rejoint son époux sur le bûcher. Quand Alaouddin victorieux force la porte du palais, il est trop tard. Depuis le devant de la scène, il se retourne et voit Padmâvatî et Ratan-Sen enlacés rejoindre leur séjour céleste. Tomber de rideau. Applaudissements enthousiastes de la salle pour l'ensemble des artistes qui viennent saluer.

PS : Une fois n'est pas coutume, Renaud Machart, du Monde, n'a pas détesté.

Pour me préparer à ce magnifique spectacle (auquel je vais essayer de retourner), j'avais écouté l'enregistrement par l'orchestre du Capitole de Toulouse (Michel Plasson) avec notamment Marilyn Horne (Padmâvatî), Nicolai Gedda (Ratan-Sen) et José Van Dam (Alaouddin). Par le même orchestre, Lakmé de Delibes avec Natalie Dessay (Lakmé), José Van Dam (Nilakantha), Gregory Kunde (Gerald) est aussi hautement recommandable. Contrairement à d'autres opéras édités par EMI classics, le livret n'était pas inclus dans le coffret. Je ne comprends pas sous quel prétexte économique fallacieux on peut se dispenser de publier un opéra avec son livret, de préférence traduit aussi dans d'autres langues (le plus souvent, les textes joints avec les disques de musique classique apparaissent en italien, allemand, français et anglais). La quatrième de couverture du coffret invite à consulter full libretto and translations at www.theoperaseries.com and www.emiclassics.com. En allant sur ces sites, je n'ai trouvé qu'un indigne fichier PDF. Tout d'abord, le livret est uniquement présenté en français, donc sans les traductions promises dans les autres principales langues européennes. Ceci ne m'émeut guère dans ce cas particulier, mais ce fichier n'est qu'un grotesque brouillon qui n'a manifestement été relu par quiconque entendrait le français ni même quiconque apte à déchiffrer l'alphabet latin. Certains mots manquent, des groupes de lettres sont absents, remplacés par d'autres à la graphie voisine. On y peut lire par exemple Elle découvrent le cadavre et en vent (sic) ecantées (sic) par les prêtres.. Manifestement, le texte est le résultat brut d'une entreprise de reconnaissance automatique de caractères (OCR) sur un scan d'un livret imprimé ; pour qu'il présente mieux vu de loin, on a cependant bien voulu rendre les didascalies en italique et le nom des personnages en gras. Le format PDF permettant d'inclure des images, il aurait été préférable d'inclure un livret correct dans un format bitmap, quitte à ce que fichier soit plus gros. Les lecteurs s'en trouveraient moins incommodés.

Lors de mon dernier séjour en Inde, je ne suis pas passé loin de Chittor. Depuis Pushkar, j'avais pris un petit bus matinal avec des écoliers allant à l'école dans la ville voisine d'Ajmer. Je voulais continuer vers la citadelle de Chittor en bus, mais j'eusse dû attendre cinq heures pour le prochain bus. N'ayant alors plus que trois jours à consacrer au Rajasthan pour ce séjour, je pris un bus en partance pour la très belle ville d'Udaipur. Ce sera pour une prochaine fois...

Albert Roussel avait visité cette citadelle lors d'un voyage en Orient quelques années avant de composer cet opéra. Le programme vendu au théâtre du Châtelet contient un extrait du journal de voyage du compositeur. Ce journal a d'ailleurs été publié dans Albert Roussel, Lettres et Écrits, Flammarion Harmoniques.

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Massacre d'un classique

2007-10-07 19:31+0200 (Orsay) — Culture — Cinéma — Culture indienne

Lors de mon dernier voyage en Inde, j'avais vu des affiches d'un film qui allait sortir trop tard pour que je le visse là-bas, et la bande annonce que j'en avais vue m'avait fait comprendre qu'il s'agissait d'un remake du classiquissime Sholay.

Ayant profité d'une escale à la Gare du Nord après une journée à l'université Paris-Nord, j'ai acheté le DVD du film Aag que j'ai finalement regardé hier soir. L'intrigue est essentiellement celle du film Sholay. Un policier passe l'essentiel de sa carrière à traquer un dangereux gangster et finit par le coincer et à le faire mettre en prison. Celui-ci s'évade et se venge en lui coupant les mains et en tuant tous les membres de sa famille sauf sa belle-fille. Le policier rumine sa vengeance. Il se retire de la police, engage deux jeunes malfaiteurs pour l'aider dans cette tâche.

Dans ce remake, tout est raté. Les mouvements de caméra donnent le tournis, les scènes de combat sont grotesques et interminables, la musique donne l'impression que l'ingénieur du son s'est amusé à appuyer sur tous les boutons pour voir ce que ç'allait donner. Beaucoup d'épisodes contribuant la qualité du film Sholay se retrouvent massacrés, par exemple :

  • Dans Sholay, les deux jeunes gangsters attaquent Gabbar Singh alors qu'une danseuse danse pour lui sur la chanson Mehbooba Mehbooba. La chanson a été conservée, mais dénaturée à tel point que c'en est inaudible ; en outre, Abhishek Bachchan y fait une apparition grotesque.
  • Dans Sholay, Basanti et Veeru (qui sont amoureux l'un de l'autre) se font enlever par Gabbar Singh et celui-ci force Basanti à danser sur du verre brisé pour qu'il ne tue pas Veeru. Dans Aag, ils ont conservé l'enlèvement, mais pas la scène émouvante qui suit...
  • Dans Sholay, un coup de théâtre se produit vers la fin. Le spectateur ne peut que se demander : Mais comment Thakur, qui n'a pas de mains, va tuer Gabbar Singh ?. Dans Aag, on voit simplement le méchant avec une sorte de gros couteau de cuisine planté dans le dos après que l'ancien policier eut demandé une chance d'en finir lui-même avec le méchant, mais il n'y a, me semble-t-il, aucun plan mettant en évidence la technique utilisée, alors que dans Sholay, la scène correspondante était indiscutablement spectaculaire.

Le score de ce film sur IMDb est inférieur à celui de Plan 9 from Outer Space de Ed Wood...

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J-5

2006-12-18 20:29+0100 (Grigny) — Culture — Cinéma — Voyage en Inde III

Je pars dans un peu moins de cinq jours. J'ai obtenu mon visa et mes billets de train il y a quelques semaines, récupéré mes billets d'avion vendredi dernier. Ce matin, je me suis occupé de mes réservations d'hôtels pour les deux jours qui précèderont mon arrivée à l'Institut Harish-Chandra à Allahabad. Compte tenu du faible nombre d'heures que je vais passer à Delhi, j'en ai pris un proche des aéroports. Pour Varanasi, j'ai finalement opté pour un hôtel dans le quartier du Chowk plutôt que dans le Cantonment : je retournerai à l'hôtel où j'avais passé quelques jours lors de mon premier voyage.

Samedi dernier, j'ai vu un des plus mauvais films français que je connaisse : L'Intouchable de Benoît Jacquot avec Isild Le Besco. L'histoire est assez vide. Certains passages sont grotesques, comme cette scène dans l'avion où le personnage principal, Jeanne, discute avec un indien alcoolique : il doit y avoir pas loin d'une vingtaine de plans le montrant en train de prendre une gorgée dans sa petite bouteillle. Les seuls passages que j'ai trouvés remarquables et qui m'ont émus pour m'avoir rappelé des souvenirs sont ceux de l'arrivée à la gare de Varanasi et les scènes montrant les bûchers funéraires.

Je suis allé voir Casino Royale dans la foulée. J'ai trouvé qu'il souffrait très bien la comparaison avec les autres James Bond récents. Les scènes de cascade sont toujours aussi comiques, mais de façon différente : au lieu d'être vraiment trop fort, James Bond se casse la figure...

Au passage, s'il y a encore des gens intéressés par des places gratuites pour certains spectacles, qu'ils n'hésitent pas.

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Rāmāyaṇa, Hanumān

2006-09-12 23:59+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne

Aujourd'hui, j'ai enfin achevé ma lecture de la traduction française de l'épopée indienne que je lisais depuis pas mal de temps, Le Rāmāyaṇa de Vālmīki. Au début, je pensais que cela me prendrait deux mois, mais finalement, il m'aura fallu cinq mois...

L'intrigue est moins complexe que celle du Mahābhārata. Par exemple, dans la guerre, du côté du dharma, il y a Rāma et son frère, des milliards de ... de milliards de singes (et d'ours) et cinq rākṣasa, tandis que dans le Mahābhārata, il y a un assemblage hétérocite de peuples. Les caractères des personnages sont moins subtils que dans le Mahābhārata. Par exemple, on ne peut pas trouver de circonstance atténuante à Rāvaṇa alors qu'on pourrait en trouver pour Duryodhana ; il n'y a pas vraiment de personnages comme Bhīṣma qui sont on ne peut plus dharmiques mais qui combattent quand même dans le camp de l'adharma, ici, le vertueux Vibhīṣaṇa rejoint Rāma ; Sītā a pour caractéristiques principales d'être belle, obéissante et fidèle envers Rāma, tandis que Draupadī avait une personnalité beaucoup plus forte. Cependant, il y a lieu d'être choqué par le comportement de Rāma en au moins trois occasions (il rejette l'innocente Sītā deux fois, il décapite un homme de basse caste parce qu'il avait osé pratiquer l'ascétisme). Dans le Mahābhārata, si des héros du camp du dharma commettent de vils actes, on a l'impression qu'ils n'avaient vraiment pas d'autre solution, que c'était absolument inéluctable.

Du point de vue de la mythologie, cette lecture est vraiment très instructive : non seulement les dieux agissent dans l'épopée via les hommes et autres créatures en lesquels ils se sont incarnés, mais on apprend au détour des récits de nombreux épisodes mythologiques mettant directement en scène les dieux (par exemple, le mythe védique de Vṛtra mis à mort par Indra, la descente de la Gaṅgā...). Le dernier chant est tout particulièrement intéressant puisque c'est là que sont lacées toutes les ficelles qui ont été déliées dans les chants précédents.

Pendant mon voyage en Inde, j'ai acheté une poignée de DVD de films indiens. Il y a quelques jours, j'ai regardé le dessin animé हनुमान, qui raconte l'histoire de ce singe, Hanumān, qui a un rôle si important dans le Rāmāyaṇa. Je ne sais pas trop pour quel public ce film est fait, mais il est clair que si on ne connaît pas déjà l'histoire et les différents noms des principaux dieux, c'est très difficile à suivre puisque de surcroît les épisodes se suivent à grande vitesse (le film fait environ une heure et demie). L'essentiel de ce qui est raconté se trouve dans le Rāmāyaṇa à quelques détails près, mais il y a un ou deux passages assez bizarres. Il est ainsi raconté que dans sa jeunesse, Hanumān aurait vécu un temps une vie d'animal de cirque en compagnie de Viṣṇu et qu'il aurait ainsi bien connu Rāma à la cour de son père Daśaratha, alors que dans l'épopée, ils ne se rencontrent pour la première fois qu'au quatrième chant. Le texte qui défile au début du film m'a beaucoup surpris aussi, puisqu'il y est dit que Hanumān est une incarnation de Śiva ; à ma connaissance, l'épopée n'en fait que le fils du Vent.

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Devdas

2006-05-07 23:01+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne

Je viens de lire le roman Devdas de Sarat Chandra Chatterjee, traduit du bengali par Amarnath Dutta et paru récemment dans la collection La Voix de l'Inde, Les Belles Lettres. Les personnages principaux sont Devdas, son amie d'enfance Parvati 1 et la courtisane Chandramukhi. Ce livre a été adapté de nombreuses fois au cinéma, mais je n'en connais que l'adaptation de 2002 due à Sanjay Leela Bhansali, intitulée elle aussi Devdas. Bien que la couverture du roman soit une image tirée du film, il est manifeste que le film n'est pas une adaptation très fidèle au roman.

Il y a quelques différences sans grande importance. Dans le film, Devdas est allé faire ses études en Londres ; dans le livre, c'est à Kolkata. Dans le livre, Parvati appartient à une famille de commerçants ; dans le film, sa mère est une danseuse (ce qui donne l'occasion d'une séquence musicale...).

Mais il y a des différences plus essentielles. Le caractère de certains personnages est profondément altéré : dans le film, le mari de Parvati est extrêmement antipathique, celui du livre est plutôt sympathique. Le rôle de Chandramukhi est beaucoup plus important dans le livre. Le film contient la fameuse danse de la lampe ; il s'agit de la lampe conservée allumée pendant plusieurs années par Parvati comme symbole de son amour pour Devdas ; dans le livre, Parvati a bien une lampe à l'huile, mais elle ne symbolise rien de particulier. La plus belle séquence de danse réunit Parvati et Chandramukhi 2 ; dans le livre, elles ne se rencontrent jamais.

Comme il y aurait lieu d'être déçu par le film en tant qu'adaptation, je conseillerais de commencer par visionner le film et de lire ensuite le livre plutôt que l'inverse. Ce film est vraiment excellent, superbement esthétique, un des rares films bollywoodiens que je conseillerais à quiconque sans la moindre hésitation 3.

[1] Son nom est curieusement orthographié en Parvoti. Si le prénom bengali correspond bien au nom de la déesse, il est étrange de ne l'avoir pas écrit Parvati. M'enfin, je suppose que le traducteur a ses raisons.

[2] Cette séquence de danse est absolument époustouflante. C'est de très loin la plus belle que j'ai vue pour le moment, à la fois pour la musique, la chorégraphie et pour la façon dont elle est filmée.

[3] Les parisiens peuvent voir ce film sur grand écran : il passe le dimanche après-midi au cinéma le Brady l'Albatros, boulevard de Strasbourg.

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Dossiers

2006-05-02 17:33+0200 (Paris) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne — Mathématiques

Je viens de passer une journée entière à remplir des dossiers de candidature pour des postes d'attaché temporaire d'enseignement et de recherche. C'est vraiment éprouvant. Il y a des différences subtiles entre les différentes universités où je candidate concernant les pièces demandées. Pour une des universités, j'ai été un peu surpris que l'on me demande un certificat de position militaire (je fais partie de ceux, nés en 1979, qui n'ont eu à faire ni service national ni journée de préparation à la défense).

À part ça, l'épisode nº2 du Rāmāyaṇa devrait arriver au cours de cette semaine. À propos de cette épopée, je suis allé samedi dernier au Grand Rex pour (re)voir quelques films dans le cadre de la Bollywood Week, j'ai donc revu कभी खुशी कभी ग़म (lors de sa sortie en salles en France, le titre avait été grotesquement traduit en La famille indienne). Avec cette nouvelle projection, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ce n'était sans soute pas un hasard s'il y avait beaucoup d'allusions aux héros de cette épopée dans le film : les statues de Rāma sont souvent montrées, on célèbre Divali (c'est-à-dire le retour de Rāma à Ayodhyā). En effet, il y a quelque ressemblance entre le film et l'épopée : dans le film, le fils aîné est contraint à un exil (d'un peu moins de quatorze ans) par la faute de son père tout puissant, etc. Mais bien évidemment l'homologie entre les personnages des deux histoires s'arrête assez rapidement. Rien à voir, mais je me demande bien à quoi ressemblera l'adaptation du Mahābhārata qui est annoncée pour 2007 avec des stars bollywoodiennes dans les rôles principaux (notamment Rani Mukherji dans le rôle de Draupadi).

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Première de Veer-Zaara au Grand Rex

2006-04-27 15:21+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma — Culture indienne — Photographies

Cette semaine se déroule la Bollywood Week au Grand Rex. De nombreux films indiens sont diffusés depuis hier soir jusqu'au premier mai.

Le début du festival était un peu particulier, puisque l'équipe du film वीर-ज़ारा venait présenter ce film qui sortait hier dans quelques salles en France. Plusieurs des plus grandes stars ont donc fait le déplacement : le réalisateur et producteur Yash Chopra, les actrices Rani Mukherji et Preity Zinta, et le comédien Shahrukh Khan. Ce dernier est la plus grande star actuelle de cinéma indien, il a joué dans de nombreux films ayant eu beaucoup de succès (par exemple कुछ कुछ होता है ou देवदास). L'ambiance était donc assez impressionnante, aux abords du Grand Rex, et à l'intérieur, surtout quand le car emmenant ce beau monde est arrivé (avec une heure et demie de retard...).

Suite à la confusion qui régnait, je n'ai pas pu entrer aussi tôt que je l'aurais souhaité dans la salle, j'étais donc assez loin de la scène (il n'y avait pas de numérotation des billets, c'était placement libre). J'ai quand même pu apercevoir ce qui se passait, et en ai fait quelques photographies (qui sont presque toutes floues... je ne laisse que les plus présentables).

La photo la moins loupée représente les ombres des vedettes sur l'écran :

[L'équipe du film Veer-Zaara sur la scène du Grand Rex]

Le film m'a fait meilleure impression sur grand écran que lorsque je l'avais vu en DVD (sur petit écran) il y a un peu moins d'un an. J'ai malheureusement dû partir à l'entr'acte parce qu'à cause du retard dans le programme, mon RER se serait peut-être transformé en citrouille (en fait, à Juvisy, le RER s'est transformé en car) ; par ailleurs, je devais assurer des TD à Jussieu ce matin... La première moitié du film est un déluge de paysages, de couleurs, d'émotions et de chansons, dans une atmosphère plutôt heureuse, jusques à quelques minutes avant la coupure où se produit un renversement de situation, typique des films indiens.

Je pense que ce film ne souffre d'aucune grotesquitude excessive qui me ferait ressentir une quelconque répugnance à conseiller à un public non habitué aux films indiens de visionner ce film.

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The Mahabharata, de Peter Brook

2006-04-23 01:56+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma — Lectures — Culture indienne

Encore une entrée sur les épopées indiennes...

Aujourd'hui, j'ai regardé le film The Mahabharata, l'adaptation étant de Jean-Claude Carrière 1 et la mise en scène de Peter Brook. Ce film, réalisé en 1989, est une version cinématographique 2 d'une pièce qui avait été produite les années précédentes (avec les mêmes comédiens, si j'ai bien suivi). L'équipe du film est très internationale : il y a des acteurs japonais, africains, européens... et une comédienne indienne qui interprète remarquablement le rôle de Draupadī.

Les scènes sont très bien réalisées. Le texte est vraiment excellent : on sent que chaque mot a été pesé pour rendre en toute clarté et de façon très sobre le sens souvent subtil des différents tableaux.

Cependant, pour obtenir un montage d'un peu moins de trois heures (la pièce de théâtre faisait neuf heures ; d'après IMDb, la durée initiale du film était de 318 minutes : six épisodes d'environ 55 minutes), il semble qu'il ait fallu faire d'importantes coupes. C'est vraiment dommage, puisqu'il y a deux ou trois moments où la continuité du récit est complètement brisée. Tout d'abord, la division du royaume entre les deux fratries est à peine évoquée qu'on arrive déjà à la première partie de dés : il n'est pas du tout question de l'expansion du royaume de Yudhiṣṭhira, de la construction de la sabhā (salle d'apparat) et de son sacre. Ensuite, on passe directement des années dans la forêt au moment important où Duryodhana et Arjuna viennent trouver Kṛṣṇa à son réveil pour lui demander dans quel camp il sera pendant la guerre : l'année passée incognito chez Virāṭa est passée sous silence. Enfin, il n'est pas dit grand chose au sujet des événements qui suivent la fin de la guerre proprement dite : on aurait pu s'attendre à ce que soit évoqué le massacre du clan des vainqueurs, le sacrifice de cheval ou la montrée au ciel.

Mais heureusement, le DVD de making of montre au passage quelques scènes d'épisodes absents de la version courte. C'est un peu frustant, puisque ces courts extraits semblaient aussi bien réalisés que les autres scènes... Bref, s'il y avait une version longue du film en DVD, je la recommanderais sans réserve, mais en version courte, du fait des coupes, j'ai peur que les ellipses rendent une partie de l'histoire incompréhensible pour ceux qui ne la connaissent pas déjà.

[1] Il est amusant de voir que la page IMDb mentionne Vedavyas (story) uncredited dans les writing credits. En effet, du fait des mises en abyme multiples, le texte même du Mahābhārata indique le nom de son auteur : Vyāsa ; ce poète putatif est aussi un des personnages importants de l'épopée : d'une part, c'est le grand-père biologique des deux fratries rivales, et d'autre part, c'est un ṛṣi brâhmane qui a une certaine influence sur le cours des événements. Il y a le même procédé dans le Rāmāyaṇa.

[2] Dans le DVD de bonus, j'ai bien aimé la remarque de Jean-Claude Carrière disant qu'au théâtre, un personnage peut parler d'une armée d'éléphants, l'imagination des spectateurs travaille au point qu'ils voient les éléphants, tandis qu'au cinéma, il faut absolument montrer les éléphants.

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Pride & Prejudice

2006-03-18 05:01+0100 (Grigny) — Culture — Cinéma — Lectures

Je parlais il y a quelque temps du film Pride & Prejudice que j'avais beaucoup apprécié. J'avais alors l'intention de lire le livre de Jane Austen dont il était une adaptation ; c'est maintenant chose faite, bien que j'aie mis pas loin de dix jours à lire ce petit livre (presqu'uniquement pendant mes trajets en RER/métro).

C'est la première fois que le lis un roman en anglais (cf. une autre entrée de ce blog pour une évaluation de mes limites en anglais). J'ai beaucoup hésité entre version originale et traduction, de peur de me rendre compte à l'usage que le lire en anglais serait trop difficile ; mais dans la librairie, j'ai parcouru la première page et me suis convaincu que cela devait être jouable. Comme ce roman a été écrit il y a presque deux siècles, j'avais un peu peur de trouver une langue différente de l'anglais actuel ; à la lecture, le style de Jane Austen m'a semblé très agréable ; ce n'est sans doute pas un hasard, puisque j'y ai retrouvé certaines traits communs avec Les Mille et Une Nuits d'Antoine Galland : j'ai un faible pour les tournures légèrement archaïsantes et pour l'excès de politesse dans les dialogues. Les personnages du roman de Jane Austen s'expriment de façon délicieuse, restant exagérément courtois en toute circonstance, sans être toujours exempts de malice. À ce titre, les (peu nombreuses) répliques de Mr Bennet sont absolument excellentes :

You judge very properly, said Mr Bennet, and it is happy for you that you possess the talent of flattering with delicacy. May I ask whether these pleasing attentions proceed from the impulse of the moment, or are the result of previous study?

Une des particularités de l'anglais utilisé dans ce livre est la proportion de mots « rares » qui semblent empruntés au français ; cela aide à la compréhension.

L'œuvre met en scène la vie d'une famille qui compte cinq filles dont les aînées sont Jane et Elizabeth. Mrs Bennet n'a qu'une envie : marier ses filles. Un jeune homme riche, Mr Bingley, vient habiter dans les environs, il est accompagné d'un ami, Mr Darcy, qui montre un orgueil excessif, à moins qu'il ne soit victime des préjugés des autres, en particulier ceux d'Elizabeth, à son égard. Le personnage principal est Elizabeth ; sans qu'elle soit la narratrice, c'est par son intermédiaire que l'histoire est contée, on voit ses sentiments évoluer, ses préjugés s'estomper...

Après avoir lu le livre, je pense toujours autant de bien de la dernière adaptation cinématographique, dont j'avais appris l'existence sur le blog de Pierre Assouline.

Rien à voir, mais je signale que Courrier international a sorti un hors-série sur l'Inde. Je n'ai pas encore fini de le lire, mais pour l'instant, cela me semble sensiblement plus intéressant que les dossiers que certains autres périodiques ont consacrés à ce pays.

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Nadira

2006-02-09 21:13+0100 (Grigny) — Culture — Cinéma — Culture indienne

Nadira, ce n'est pas un nom d'ordinateur ; il s'agit du nom d'une actrice indienne dont je viens d'apprendre le décès à 75 ans.

Je l'ai vue dans trois films : le classique आन (qui est sorti en DVD en France sous le titre Mangala, fille des Indes), un pseudo-péplum (le méchant y voyage en Cadillac !) et dans deux autres films remarquables : श्री ४२० où elle partage l'affiche avec deux figures du cinéma indien : Nargis et Raj Kapoor et dans एक नज़र.

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Pride & Prejudice

2006-01-25 18:57+0100 (Paris) — Culture — Cinéma

Aujourd'hui, je suis allé au cinéma voir le film Pride & Prejudice, sorti mercredi dernier. Je l'ai trouvé en tous points admirable : des demeures et ambiances « d'époque », des dialogues plein d'humour tout en étant assez raffinés, de l'émotion, une très belle mise en scène. L'actrice Keira Knightley crève l'écran ; je ne l'avais pour le moment vue que dans Bend It Like Beckham (en regardant sa filmographie, je constate que j'ai aussi dû l'apercevoir dans King Arthur, mais ce dernier film était tout sauf inoubliable...), je ne l'avais pas reconnue sur les affiches et elle me semblait méconnaissable dans les premières scènes du film, mais dès ses premières paroles et sourires, son identité ne faisait plus de doute. C'est également un plaisir d'entendre cette langue parlée par des comédiens admirables comme Judi Dench. Bref, ce film m'a beaucoup plu, et ne m'incite que davantage à lire le roman de Jane Austen dont il est une adaptation (l'autre transposition que j'en ai vue est Bride & Prejudice de Gurinder Chadha).

En mettant à jour mon filmlog, je m'aperçois l'étendue de l'éternité depuis laquelle je n'étais pas allé dans cinéma. Si l'on excepte des projections en petit comité qu'une amie a la bienveillance d'organiser de temps en temps à l'École normale supérieure, ainsi que quelques possibilités rares de voir des films Bollywoodiens sur grand écran, cela faisait probablement plus d'un an que je n'avais payé ma place pour entrer dans un cinéma !

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Comique ?

2005-09-17 02:46+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma

Tout-à-l'heure, je suis tombé par hasard sur une diffusion du film Le Schpountz de Marcel Pagnol (avec Fernandel et Orane Demazis) que j'avais déjà vu quand j'étais petit. Ce film est vraiment énorme. J'en avais surtout le souvenir d'un film comique quelconque, mais c'est bien mieux que cela, le flot des dialogues est assez abondant, très touffu, à la fois comique et touchant. Une petite citation : le rire est une chose humaine, une vertu qui n'appartient qu'aux hommes et que Dieu peut-être leur a donné pour les consoler d'être intelligents.

Sur Arte, j'aime bien aussi l'émission karambolage qui montre des différences et points communs culturels, linguistiques, etc... entre l'Allemagne et la France, c'est assez intéressant et c'est souvent fait de façon humoristique.

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Retour en France, photos

2005-09-06 18:00+0200 (Grigny) — Culture — Cinéma — Culture indienne — Voyage en Inde I — Photographies

Ce matin, lever très tôt pour me rendre à l'aéroport international de Mumbai. J'ai pu observer que les panneaux à l'extérieur et l'intérieur de l'aéroport étant trilingues : marathi, hindi, anglais. Les différences entre les écritures hindi et marathi étaient parfois assez insignifiantes : un voyelle rallongée ou raccourcie par rapport à l'autre forme (rappelons que ces deux langues utilisent le même alphabet).

À bord de l'avion d'एअर इंडिया pour Paris, j'ai pu dormir un petit peu pour rattraper le réveil à 2h30... manger un petit peu (encore végétarien) et regarder un film indien que j'avais déjà vu. Il s'agissait du film Black de Sanjay Leela Bhansali (Devdas), qui malgré la présence de deux grandes stars de Bollywood est très différent des autres films, il est question de la vie d'une jeune sourde-aveugle et de son professeur-magicien grâce à qui elle finira par obtenir un diplôme...

Arrivée à Charles de Gaulle, contrôles quasi-inexistants à l'arrivée. Au niveau des panneaux fléchés, cet aéroport est vraiment mal foutu, en suivant le panneau indiquant la gare de RER, je me suis retrouvé à un arrêt de bus d'où partait des navettes qui devaient entre autres desservir la gare. C'est vraiment n'importe quoi de supposer que les gens sont a priori des larves même pas capables de traverser l'aéroport pour aller à la gare de RER, bref, il a fallu trouver un plan qui me permette de partir dans la bonne direction. Ne vous-êtes vous jamais trouvés devant un plan indiquant fièrement un gros point rouge « Vous êtes ici » sans pourtant savoir dans quelle direction aller pour prendre telle ou telle rue, faute d'avoir l'information supplémentaire qui serait trivialement donnée par une boussole et une flèche indiquant le Nord sur le plan ; il y aurait vraiment une signalétique à inventer pour régler ce problème ridicule.

En rentrant à Grigny, j'ai extrait les photos de mon appareil numérique...

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Un masala movie

2005-09-04 15:50+0530 (मुंबई) — Culture — Cinéma — Culture indienne — Voyage en Inde I

Hier, je suis allé au cinéma du coin voir आशिक़ बनाया आपने. C'était le premier film venu, dans le premier cinéma venu (une seule salle), mais je voulais vraiment voir à quoi ressemblait une séance de cinéma en Inde. La salle était assez bien garnie, un public très varié (de jeunes habillés à l'occidentale à de moins jeunes habillés de façon plus décente en passant par quelques musulmanes tout en noir avec uniquement les yeux qui dépassent). Avant le film, il y avait des publicités, ce qui était étonnant c'est qu'avant chacune d'elle passait presque subliminalement le visa de la censure (qui semble avoir au moins trois niveaux : U (tous publics), PG (parental machinchose), A (adults only)).

Au bout d'un moment, on voit le drapeau indien flotter sur l'écran et une musique à peine audible se faire entendre. Tout le monde se lève pour écouter l'hymne !

Le film commence, il n'y a pas de sous-titres, mais l'histoire est archi-simple (trois personnages : une fille, deux garçons qui sont tous les deux amoureux d'elle, un méchant, un gentil). À la fin, on découvre que le gentil est en fait le méchant et que le méchant est tout gentil.

Curiosité linguistique, le titre n'était pas écrit de la même manière sur les affiches et dans le générique (le "i" de आशिक़ est bref sur l'affiche et sur le visa de censure mais long dans le générique, je ne suis pas le seul à faire des fautes...).

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Musique et émotions

2005-08-03 01:31+0200 (Grigny) — Culture — Musique — Cinéma — Culture indienne

N'ayant pour ainsi dire aucune formation musicale, la musique provoque néanmoins en moi des émotions parfois très fortes. Je peux tout-à-fait m'extasier en écoutant une symphonie ou un concerto pour piano de Beethoven, mais c'est la musique vocale, baroque surtout, qui me fait le plus grand effet.

Tout-à-l'heure, j'écoutais la messe en si mineur de Bach, et des larmes ont commencé à apparaître lors du chœur Et expecto resurrectionem mortuorum. Bien que parfaitement incroyant, cette musique religieuse (le plus souvent protestante et en allemand, exceptionnellement catholique et en latin ici) m'émeut beaucoup.

Le concert qui m'a probablement le plus ému était donné par le chœur Sotto Voce ; il s'agit d'un chœur d'enfants qui chantait notamment ce soir-là des negro spitituals. Ils m'ont complètement fait craquer : dès la première chanson, impossible de retenir mes larmes.

Dans un autre style, le cinéma populaire indien utilise beaucoup la musique pour décupler les émotions. Le plus souvent, il s'agit de divertir et de provoquer une sorte d'euphorie chez le spectateur avec un intermède musical (qui n'est que rarement bien intégré à l'histoire). Mais parfois, l'émotion est vraiment au rendez-vous. Il y a ainsi une scène qui m'a particulièrement bouleversé dans स्वदेस (profitez-en, il passe encore dans quelques salles de cinéma en France). On a ainsi un indien travaillant à la NASA qui se retrouve dans un village en Inde où un cinéma itinérant va organiser une projection nocturne. Les gens du village s'installent donc devant l'écran (qui est un simple tissu blanc), plus précisément, les uns se mettent devant l'écran, les autres, moins fortunés, derrière (ils verront donc le film comme à travers un miroir) ; tout semble se bien passer jusqu'à ce qu'une coupure d'électricité interrompe la fête. C'est alors qu'intervient notre project manager à la NASA. Il dit à tout le monde de lever la tête vers les étoiles et il se lance dans une leçon d'astronomie ; s'insère alors la chanson यह तारा वह तारा हर तारा (littéralement « cette étoile-ci, cette étoile-là, chaque étoile ») au milieu de laquelle on décroche l'écran, les enfants qui étaient situés de part et d'autre peuvent se mettre à danser joyeusement tous ensemble...

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