Weblog de Joël Riou

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Haridwar

2010-07-31 12:00+0530 (हरिद्वार) — Voyage en Inde IX

Hier matin, je suis allé me promener le long de la Ganga. À vrai dire, c'est dans un canal que l'eau s'écoule. On peut en effet voir en amont les vannes qui servent à réguler le niveau de l'eau.

Je suis très surpris par ce que j'ai vu. Je ne sais pas si ces jours-ci ont une signification particulière pour les pèlerins. En tout cas, ils sont très nombreux. Nombre d'entre eux vont dormir près des marches au bord du fleuve. Les abords du ghat principal sont safran de monde. Je ne peux pas avancer sans qu'on me demande de faire des photographies. Les groupe de pèlerins transportent des sorte de mini-autels dédiés à Shiva sur les épaules. Pour certains de grande taille, il faut s'y mettre à plusieurs. Ils sont de toutes les couleurs. On crie Bol Bam. Ces cortèges occupent toute la rue principale de la ville. Je n'ose imaginer ce que cela doit être pendant le Kumbh Mela (il y en a eu un cette année).

Dans la soirée, je me rends au ghat principal afin d'assister à la Ganga aarti. Elle est beaucoup plus spectaculaire que ce que j'avais vu jusques à présent. Elle dure cependant moins longtemps et est moins stylisée qu'à Varanasi. La foule s'installe en rang serrés sur les marches en amphithéâtre donnant sur le fleuve. En fait, tout se passe au plus près du fleuve où j'ai réussi à me faufiler. Quelques hommes portent de grandes ustentiles enflammés. Au début, les flammes sont très gentiles, mais à certains moments, elles font un bon mètre cinquante de hauteur... Petit moment de frayeur quand les deux porteurs de flamme situés à ma droite et à ma gauche se retournent pour présenter les flammes aux divinités qui se trouvent dans les sanctuaires faisant face à la Ganga. La cérémonie dure à peine une dizaine de minutes. À la fin, on est aspergé d'eau bénite. J'ai l'impression d'en avoir eu un peu plus qu'à mon tour.

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Devprayag

2010-07-29 19:36+0530 (हरिद्वार) — Voyage en Inde IX

Mardi matin, j'ai quitté Rishikesh pour aller à Devprayag (un lieu qui n'est curieusement plus couvert par mon guide Lonely Planet). Cela n'a pas été simple. Tout d'abord, il fallait rejoindre la route de l'autre côté de la Ganga à pieds avec mes sacs, puis ne pas trop me faire arnaquer sur le prix de la course pour la gare routière. Je n'y ai trouvé que des bus pour Haridwar, Delhi et Dehra Dun. Un commerçant m'a expliqué qu'il fallait que j'aille au local bus stand (ce qui est a priori bizarre vu que Haridwar est plus proche de Rishikesh que ne l'est ma destination). Là, je n'ai eu aucun mal à monter dans le bus, mais il fallait attendre qu'il soit plein pour partir.

Devprayag se trouve à environ soixante kilomètres en amont de Rishikesh. On y accède par une route de montagne située sur la rive droite de la Ganga. Les trente premiers kilomètres seront épiques. Les panneaux Attention, chute de pierres ! ne sont pas là pour faire joli. À de très nombreux endroits, de frais éboulis et des arbres déracinés jonchent la route. Ici, on passe à gué sur un ruisseau parce que le petit pont voisin menace de s'effondrer. Là, on passe sous une petite chute d'eau. La deuxième moitié du trajet est plus agréable, quoique les virages soient assez serrés. Presque tout du long, on a vue sur la vallée où s'écoule la Ganga. Les paysages sont superbes.

Cela aura pris environ trois heures. Quand je descends du bus, il pleut et personne ne peut m'indiquer l'hôtel où j'avais réservé (ou plutôt, tout le monde a son propre avis sur la question). Finalement, je trouve refuge à l'hôtel le plus proche de l'arrêt de bus. Au cours des deux jours que je vais y passer, je n'aurais pas trouvé un seul restaurant digne de ce nom. Celui situé au rez-de-chaussée de l'hôtel sert cependant une cuisine assez bonne, j'ai rarement mangé un aussi bon Dal Makkhani. J'ai aussi pris un petit-déjeuner correct au seul autre hôtel (plus haut de gamme) que j'aie vu.

Le nom Devprayag contient Prayag qui est aussi le nom de la ville d'Allahabad où la Yamuna se jette dans la Ganga (visuellement, j'ai toujours eu l'impression que c'était la fabile Ganga qui se jetait dans la puissante Yamuna). De même, Devprayag est le lieu où confluent la Bhagirati et l'Alaknanda pour former la Ganga. Ici, c'est manifestement l'Alaknanda qui est la plus puissante des deux rivières. (Le nom Bhagirati renvoie à une légende qui est racontée dans le Ramayana. Bhagirata conduit la Ganga jusqu'à l'Océan en passant par le lieu où les soixante mille fils de Sagara avaient été réduits en cendres par Kapila. Ainsi, leurs cendres seront purifiés par la déesse.)

Le village se trouve à flanc de colline, principalement dans l'angle formé par le Bhagirati et l'Alaknanda. On franchit facilement ces deux rivières par des ponts piétonniers. Pour franchir la Ganga, il faut descendre un peu plus en aval, mais de la route, on a une belle vue sur Sangam, la confluence. La différence de couleur entre les deux rivières est très nette : l'Alaknanda est marron, la Bhagirati verdâtre.

J'ai beaucoup apprécié ce lieu. On peut bien sûr s'approcher de la confluence où se trouvent marches permettant d'atteindre l'eau (mais le courant est très fort). Un peu plus haut, des marches grimpent jusqu'au temple de Raghunath (un des noms de Rama, descendant de la lignée de Raghu). On y voit son idole toute noire, installée selon la légende par Adi Shankaracharya pour commémorer le passage mythique de Rama en ces lieux après avoir gagné la guerre à Lanka. L'aigle Garuda veille à l'entrée. Au sommet d'une petite colline au bord de l'Alaknanda se dresse un temple dédié à Bhuvaneshvari. Le chemin qui y grimpe commence par un sentier que j'ai eu quelques difficultés à trouver. Il n'était pas possible d'entrer dans ce temple dont les barreaux de la porte étaient bloqués par un cadenas. Si on veut tremper ses pieds dans les eaux en dehors des marches prévues à cet effet (à Sangam notamment), il faut aller dans l'angle entre l'Alaknanda et la Ganga. On y trouve en effet une petite plage sablonneuse.

La pluie ne le permettant pas vraiment le premier jour, je n'ai pris de photographies pour ainsi dire que le deuxième. On fait rapidement le tour de ce paisible village, mais il est agréable de s'y promener (quoique sous la pluie laes rues soient très glissantes). Les connexions téléphoniques n'y sont pas très fonctionnelles. Il est en revanche très facile de continuer sa route vers d'autres lieux de pélerinages ou de revenir à Haridwar. Il faut cependant être prêt à subir les secousses de la cahoteuse route.

Je suis revenu ce midi à Haridwar. Je viens de voir le très mauvais film hindi Khatta Meetha avec Akshay Kumar. Si on pouvait m'expliquer comment cet acteur qui ne joue apparemment que dans des navets se trouve être celui qui gagne le mieux sa vie en Inde (il a dépassé Shahrukh Khan)...

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Cascades

2010-07-26 17:53+0530 (ऋषिकेश) — Voyage en Inde IX

Hier matin, je me suis reposé de la marche de la veille. Je suis ensuite allé visiter le temple Trayambakeshvar, situé au bord de la Ganga, à côté du pont Lakshman Jhula. Il est constitué d'une bonne dizaine d'étages. Pour aller en haut (pas tout à fait au sommet), on passe dans des galeries qui alternent marchands du temple et pièces où se trouvent le plus souvent trois sculptures de divinités et éventuellement un livre associé (comme le Shivapurana). Il doit ainsi y avoir environ une centaine de sculptures. La plupart des divinités principales y sont représentées, et l'on en voit aussi qui sont rarement représentées. (Tous les noms sont bien sûr en hindi.) On peut ainsi voir par exemple Valmiki (le poète du Ramayana), le sage Narada (la figure quasi-universelle du sage rishi dans les écritures sanskrites, représenté ici muni d'un instrument de musique), Skanda (à six têtes, un des fils de Shiva). Sur quelques murs, on découvre quelques fresques en relief. Il y a de l'habituel avec la descente de Ganga et du moins courant, que j'ai mis plus de temps à décoder : la naissance de Draupadi issue du feu sacré (dont est aussi sorti Dhrishtadyumna, né pour tuer Drona dans la grande bataille du Mahabharata). En tant que temple, ce lieu est assez peu intéressant (des touristes indiens ou étrangers n'y montent d'ailleurs que pour trouver un bon angle pour faire des photographies du pont en contrebas).

Dans la soirée, je suis allé du côté de Ram Jhula, l'autre pont piétonnier sur la Ganga. En période d'affluence, il est assez branlant. Après avoir dîné rapidement de l'autre côté, je suis allé dans le temple principal qui donne sur une assez grande statue de Shiva située sur une passerelle au-dessus de la Ganga. Je voulais assister à la Ganga aarti : la cérémonie du soir en l'honneur de la désse. À vrai dire, cela a été plutôt décevant. Les gens s'amassent sur les marches autour d'un petit groupe de musiciens et d'une chanteuse. C'est beaucoup moins pittoresque que ce que j'ai eu l'occasion de voir à Varanasi. J'ai remarqué que l'harmonium utilisé (trois octaves et demie) était d'un modèle très transportable. En effet, si on lui ajoute un couvercle, l'ensemble aura la forme d'une valise.

Sur le chemin, j'ai remarqué quelques personnes en train d'avancer de bien curieuse façon. J'en avais d'ailleurs déjà vu montant au temple de Nilakantha. Ils rampaient. Chaque pas était matérialisé par la pose d'une petite pierre. Comme ils avaient des bagages, ils pouvaient les monter d'une dizaine de mètres normalement, puis reprendre là où ils en étaient...

Aujourd'hui, je suis allé voir les chutes d'eau qui se trouvent sur la rive Ouest, au Nord de la ville. J'y suis bien sûr allé à pieds (quelques kilomètres). Le temps d'ascension s'est avéré plus long que prévu (le guide indiquait quinze minutes). J'ai mis plus d'une demi-heure à redescendre. Conformément aux indications du guide, je pensais aussi trouver des vendeurs d'eau le long de la montée. Cela n'a pas été le cas. Bref, j'ai dû monter et descendre avec moins d'un demi-litre... Heureusement que des petits ruisseaux permettaient de se rafraichir le visage. Vers le haut, il y avait même la possibilité de se baigner, ce que j'ai fait avec d'autres visiteurs, indiens ou anglais. Cela faisait une pause pas désagréable avant de repartir.

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Arrivée à Rishikesh

2010-07-24 21:56+0530 (ऋषिकेश) — Voyage en Inde IX

Hier, j'avais un train à prendre à Delhi en milieu d'après-midi, et je devais aussi libérer ma chambre à 8h. Il fallait trouver le moyen d'occuper ce temps. J'ai commencé par le dépôt de ma valise à la gare de New Delhi, ce qui a pris trois quarts d'heure. Ensuite, je pensais aller dans un cinéma à Connaught Place (c'est chauffé^Wclimatisé), mais on m'a dit que je ne rentrerais pas avec mon sac, par mesure de sécurité. Pour venir, j'avais pris le métro à New Delhi, ce qui m'a fait perdre une bonne demi-heure du fait des files d'attente : une première fois pour acheter un billet, une deuxième fois pour les contrôles de sécurité (prendre le métro à Delhi, c'est un peu comme prendre l'avion). Cette dernière file d'attente était absolument monstrueuse (au passage, si quelqu'un voulait commettre un attentat, il serait peut-être mieux avisé de faire exploser sa bombe dans la queue des contrôles de sécurité plutôt que dans le métro).

Je me souvenais qu'il y avait plein de ventilateurs au Gurdwara Bangla Sahib. J'y suis donc retourné et me suis assis au fond. Ce temple sikh semblait dans une grande période d'affluence. J'ai écouté la musique et les discours de quelques sardarji (pas la moindre idée de ce qu'il disaient). En sortant, je voulais faire une petit tour pour apercevoir le bâtiment circulaire du Parlement. En face, il y a un autre temple sikh et une longue queue pour le World Sikh Matrimonial. En chemin, un indien a eu la drôle d'idée de me demander le sien. Bizarrement, j'ai su quoi lui répondre.

J'ai encore perdu du temps parce que je me suis retrouvé dans un cul-de-sac entre le Parlement et le Central Secretariat.

Arrivé à la gare, les inscriptions sur les panneaux lumineux semblaient aléatoires. J'ai quand même pu monter dans mon train pour Haridwar, qui n'a eu qu'un quart d'heure de retard.

J'ai passé la nuit à Haridwar avant de prendre un bus pour Rishikesh. La gare routière en travaux a été déplacée temporairement de deux kilomètres. Les abords de Haridwar sont impressionnants par le nombre de temples qu'on y voit. J'ai aussi aperçu une sculpture monumentale de Shiva.

Arrivé à Rishikesh, j'ai commencé par prendre un rickshaw collectif pour Lakshman Jhula, un pont piétonnier au-dessus de la rapide Ganga. En fait, pour y accéder, il m'a fallu marcher pas loin d'un kilomètre supplémentaire, alors même que j'avais demandé au chauffeur peu disposé à le faire de me déposer plus loin.

Je me suis installé dans une pension sur la rive est du fleuve. J'ai perdu presqu'une heure pour trouver un dhobi. Finalement, un barbier a bien voulu de mes vêtements.

J'ai déjeuné dans un restaurant qui montrait en spectacle deux sortes de clowns à l'entrée. Grotesques !

J'ai passé tout mon après-midi à marcher pour aller visiter dans les hauteurs le temple de Nilakantha (Celui qui a la gorge bleue, un des noms de Shiva, lié au mythe du barratage de la mer de lait). Les pélerins, vêtus en couleur safran, avaient presque tous un petit bidon d'eau de la Ganga qu'ils verseraient sur Nandi, une fois arrivés au temple. On entendait beaucoup de Bol Bam et de Jai Boleki.

L'accès au temple proprement dit est un vrai jeu de labyrinthe. Tout le monde s'y perdait. À l'intérieur, on passe dans une salle où se trouve des sculptures de Hanuman et de Durga. Puis, on aperçoit Nandi qui veille sur le sanctuaire où se trouve non pas un lingam, mais seulement un yoni. Il y avait dessus quelque chose qui ressemblait à une tortue. Bizarre. Je ne sais pas ce que l'avatar de la Tortue (la seule figure mythologique que je connaisse qui appartienne à cette espèce) viendrait faire là. Plus loin, se dresse non pas un mais deux Nilakantha (un bleu et un autre doré).

Je fais une partie du chemin de retour avec un pélerin dont je n'ai pas compris le nom (et il n'a pas voulu ou pu me l'écrire). Ses connaissances en anglais sont aussi faibles que les miennes en hindi.

Entre l'aller et le retour, j'aurais fait environ vingt kilomètres et bu plus de cinq litres. C'etait épuisant : trois heures de montée et deux heures de descente. En fait, le moment le plus difficile a été le début de la descente, puisqu'elle commence par une montée.

Je n'ai pas pris exactement le chemin que j'aurais voulu sur la fin, ce qui fait que je me suis retrouvé au bord de la Ganga, plus au Sud de prévu, ce qui m'a permis de voir les préparatifs de la Ganga aarti et quelques temples.

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Infernale Delhi

2010-07-22 19:58+0530 (दिल्ली) — Voyage en Inde IX

Je suis arrivé à Delhi ce matin, mon vol Air India de mercredi n'ayant pas été annulé malgré la grève du contrôle aérien. Je me suis installé pour 24 heures dans un hôtel de Pahar Ganj, faute de mieux.

La ville de Delhi est plus infernale et salissante que d'ordinaire. Tout a l'air d'être en travaux : Connaught Place, India Gate, etc. À Connaught Place, on doit passer dans des zones en travaux, parsemées de tranchées. Beaucoup de poussière et de terre est brassée. Des passages souterrains sont bloqués, ce qui rend difficile certaines traversées de rues. La librairie où j'allais d'habitude semble avoir fermé.

Je suis allé faire un tour du côté de Kashmiri Gate, une infernale station de métro dont il est difficile de trouver la sortie. Arrivé à l'extérieur, je n'ai pas trouvé les lieux que je cherchais. J'ai seulement parcouru le minuscule Parc Maharaja Agrasen (qui abrite une grande statue d'une personnalité du même nom). De l'autre côté s'étend un vaste et joli parc (peut-être est-ce Qudsia Bagh ?). Je ne sais pas s'il est public. Ayant vu une discrète entrée, je l'ai traversé rapidement.

J'ai eu ma ration de Sambar Vada et de Parotha à midi. L'après-midi, je suis retourné visiter le tombeau de Humayun, ma première visite ayant été perturbée par les intempéries d'alors. Et puis je me suis reposé...

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Neuf vies de William Dalrymple

2010-07-15 19:59+0200 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne

Parmi mes dernières lectures indiennes, je recommande vivement Neuf vies, à la recherche du sacré dans l'Inde d'aujourd'hui de William Dalrymple. J'ai bien aimé aussi Quand viennent les cyclones d'Anita Nair. (Les liens en rose pointent vers le Biblioblog.)

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La Petite Renarde rusée à Bastille

2010-07-12 23:34+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Bastille — 2010-07-12

Jean-Philippe Lafont, Le garde-chasse (baryton)

Michèle Lagrange, Sa femme, la chouette (soprano)

Luca Lombardo, L'instituteur (ténor)

Gregory Reinhart, Le prêtre (basse)

Paul Gay, Harašta (baryton-basse)

Adrina Kucerova, La renarde (soprano)

Hannah Esther Minutillo, Le renard (mezzo-soprano)

Nicolas Marie, L'aubergiste (ténor)

Anne-Sophie Ducret, La femme de l'aubergiste (soprano)

Letitia Singleton, Le chien (soprano)

Elisa Cenni, Le coq, le geai (soprano)

Natacha Finette Constantin, La poule huppée (soprano)

Ghislaine Roux, Le pivert (mezzo-soprano)

Paul Crémazy, Le moustique (ténor)

Slawomir Szychowiak, Le blaireau (baryton)

Michael Schǿnwandt, direction musicale

André Engel, mise en scène

Nicky Rieti, décors

Elizabeth Neumuller, costumes

André Diot, lumières

Françoise Grès, chorégraphie

Dominique Muller, dramaturgie

Alessandro Di Stefano, chef des chœurs

Orchestre, chœur de l'Opéra national de Paris

Maîtrise des Hauts-de-Seine

Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris

Příhody Lišky Bystroušky (La Petite Renarde rusée), Leoš Janáček

Je reviens de la dernière représentation de La Petite Renarde rusée (Příhody Lišky Bystroušky) de Janáček à l'Opéra Bastille. J'avais déjà vu cette production d'opéra l'année dernière, dans une distribution légèrement différente.

Cela raconte l'histoire d'une renarde qui est capturée par un garde-chasse et qui lui joue des tours. Elle veut semer la zizanie dans le poulailler contre le pouvoir du coq. Les prolétaires poules étant trop bêtes, elle décide de les massacrer. Plus tard, elle rencontre un renard. À leur mariage, toutes sortes d'animaux viennent les féliciter. Au dernier acte, on découvre leur progéniture. La renarde qui pensait être plus rusée qu'un braconnier se fera tuer d'un coup de fusil. À la fin, un cycle de la nature s'est écoulé : c'est une descendante de la renarde qui vient se chamailler avec le garde-chasse. (J'ai simplifié au peu, il y a d'autres personnages humains et une multitude de personnages animaliers.)

Cette production d'opéra est très belle. Il est dommage que cela ne soit pas davantage connu : un vendeur de programmes m'a confié qu'il resterait 1400 places de libres. S'il est vrai que je ne pratique pas ce sport très souvent, je n'ai pas hésité une seule seconde à l'idée de me replacer au centre du parterre (ma place au deuxième balcon étant très excentrée). Les décors (notamment le rideau de scène), les costumes, les lumières sont magnifiques. La musique est superbe (et parfois amusante quand elle imite le bruit des animaux). Le jeu des chanteurs-comédiens (dont un certain nombre d'enfants) est très bon. Cependant, la faiblesse des voix est une très grosse déception, comme l'année dernière. Il ne s'agit que d'un problème de volume sonore. Alors que l'orchestre ne joue pas particulièrement fort, les voix des chanteurs sont le plus souvent tout à fait inaudibles. Le problème se pose autant avec Adriana Kucerova (La Renarde) cette année que l'année dernière avec Elena Tsallagova (qui m'avait aussi semblé meilleure comédienne). Jean-Philippe Lafont (Le Garde-chasse), appréciable aussi par sa présence scénique, est un des rares à arriver à se faire entendre.

Pour moi, c'était le dernier spectacle avant les vacances. Cette année, l'Opéra de Paris aura été mon plus grand pourvoyeur de divertissement : trente-huit spectacles !

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Kaguyahime (suite)

2010-07-11 18:13+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse

Opéra Bastille — 2010-07-11

Maki Ishii, musique (1985)

Jiří Kylián, chorégraphie (1988)

Michael Simon, scénographie et lumières

Ferial Simon, Joke Visser, costumes

Elke Schepers, Ken Ossola, Patrick Delcroix, Roslyn Anderson, assistants du chorégraphe

Kees Tjebbes, assistant technique et réalisation lumières

Michael De Roo, direction musicale

Alice Renavand, Kaguyahime

Stéphane Phavorin, Mikado

Muriel Zusperreguy, Céline Talon, Séverine Westermann, Charlotte Ranson, Caroline Robert, Villageoises

Stéphane Bullion, Mathias Heymann, Alessio Carbone, Julien Meyzindi, Florian Magnenet, Adrien Couvez, Nicolas Paul, Marc Moreau, Daniel Stokes, Villageois

Julien Meyzindi, Yvon Demol, Les compagnons du Mikado

Ballet de l'Opéra

Kodō, Gagaku et ensemble de percussions invité

Kaguyahime

Cet après-midi, je suis retourné assister à une représentation de Kaguyahime à l'Opéra Bastille afin d'y voir Alice Renavand dans le rôle de la princesse Kaguyahime. Je ne regrette pas d'être venu, puisqu'elle m'a fait meilleure impression que ne l'avait fait Agnès Letestu. J'ai aussi pu voir la nouvelle étoile Stéphane Bullion dans le rôle du premier prétendant, tout comme Mathias Heymann en villageois, et quelques autres.

La salle était à moitié vide. Pour le premier acte, je suis resté au premier balcon, mais en me replaçant dans des conditions a priori idéales : au milieu du dernier rang qui était déserté. Pour le deuxième acte, comme le parterre était très loin d'être rempli, je suis descendu et ai trouvé une place dans les premiers rangs qui ne soit pas trop excentrée. Bizaremment, le volume sonore et l'effet visuel est moins impressionnant depuis le parterre que d'en haut. L'effet de surprise de la première fois y était peut-être aussi pour quelque chose.

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La Donna del lago à Garnier (dernière)

2010-07-11 00:40+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Garnier — 2010-07-10

Javier Camarena, Giacomo V (Uberto di Snowdon)

Simon Orfila, Duglas d'Angus

Colin Lee, Rodrigo di Dhu

Karine Deshayes, Elena

Daniela Barcellona, Malcolm Groeme

Diana Axentii, Albina

Jason Bridges, Serano

Philippe Talbot, Bertram

Lluís Pasqual, mise en scène

Ezio Frigerio, décors

Franca Squarciapino, costumes

Vinicio Cheli, lumières

Montse Colomé, chorégraphie

Alessandro Di Stefano, chef du chœur

Roberto Abbado, direction musicale

Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris

La donna del lago, Rossini

Avant la représentation précédente de La Donna del lago, j'étais passé à la billeterie afin de m'acheter une place à 7€ pour la dernière représentation. Le billet comportait la mention Scène non visible, ce qui était heureusement inexact. Depuis la plus mauvaise place de cette première loge 14, je voyais un petit coin de la scène, entre les têtes de devant et d'en biais. J'ai donc passé l'essentiel du premier acte en position debout, une alternative à la chaise qui me permettait de voir bien.

À l'entr'acte, je rencontre une amie de files d'attente qui m'informe qu'il reste un peu de place à la loge impératrice... J'ai pu m'y installer confortablement sur un coin de banquette. On y est invraisemblablement proche des chanteurs. Dans le champ de vision, j'avais aussi un peu des coulisses, ce qui m'a permis d'éclaircir le mystère de la musique jouée des coulisses. Ce qui m'avait surpris était que le chef arrêtait ses mouvements quand elle se faisait entendre. Depuis ma place, j'ai pu observer furtivement un groupe de musiciens qui semblait obéir aux mouvements d'une autre personne physique. Pendant les chœurs, je voyais aussi des bras s'agiter dans un coin...

Lors de cette dernière représentation, un petit groupe de fans de Karine Deshayes était dans cette loge impératrice. Lors des saluts, l'un d'entre eux lui a même jeté un bouquet de fleurs !

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Maljournalisme

2010-07-10 13:30+0200 (Orsay)

La source est l'AFP, mais à l'instant, sur le site de Libération, je lis :

La première secrétaire du PS Martine Aubry et le président Nicolas Sarkozy arriveraient à égalité en tête des intentions de vote, à 26% chacun, si le premier tour de la présidentielle se déroulait dimanche, selon un sondage Ifop pour Sud Ouest Dimanche.

À deux ans de l'élection, on ne sait même pas combien il y aura de candidats de gauche, combien il y aura de candidats de droite (le sondage semble faire l'hypothèse que Villepin sera candidat) et on se permet de faire un titre sur le résultat du premier tour. Que les clients des instituts de sondage en demandent qui n'aient aucun sens, c'est une chose ; que la presse les reproduise ainsi sans discernement, c'est le signe d'un certain manque d'esprit critique.

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La petite danseuse de Degas à Garnier

2010-07-10 00:50+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse

Opéra Garnier — 2010-07-09

Denis Levaillant, musique

Patrice Bart, chorégraphie et mise en scène (2003)

Martine Kahane, Patrice Bart, sujet

Ezio Toffolutti, décors

Sylvie Skinazi, costumes

Marion Hewlett, lumières

Claude de Vulpian, assistante du chorégraphe

Koen Kessels, direction musicale

Dorothée Gilbert, La petite danseuse

Ludmila Pagliero, La danseuse étoile

Mélanie Hurel, La mère de la petite danseuse

Mathieu Ganio, Le maître de ballet

Karl Paquette, L'abonné

Yann Bridard, L'homme en noir

Sabrina Mallem, La chanteuse de caf'conc'

Ballet de l'Opéra

Orchestre de l'Opéra national de Paris

La petite danseuse de Degas, ballet en deux parties

Dernier ballet de la saison à l'Opéra de Paris : La petite danseuse de Degas de Patrice Bart. Cela raconte la vie de La petite danseuse de quatorze ans, qui s'appelait Marie Van Goethem. Le ballet mêle en fait des éléments de la vie de la danseuse et de ses deux sœurs. Au début du ballet, la petite danseuse (Dorothée Gilbert) descend de la vitrine où la statue est exposée. On voit ensuite différents épisodes de sa vie : elle va à son cours de danse (le maître de ballet est interprété par Mathieu Ganio), elle admire la danseuse étoile (Ludmila Pagliero) dont elle essaie de suivre les pas, elle pose pour un peintre, elle tombe amoureuse d'un abonné lors d'un bal à l'Opéra (Karl Paquette). C'est difficilement compréhensible aujourd'hui, mais la mère de la petite danseuse (Mélanie Hurel), habillée de noir, la suit partout. Dans la deuxième partie, celle-ci se voit dans un miroir changée en femme prête pour aller danser, ce qu'elle va faire avec sa fille au caf'conc' où une autre danseuse (Sabrina Mallem) tient l'affiche. Déçue par le comportement de l'abonné, la petite danseuse vole son portefeuille, ce qui lui vaut de finir en prison où elle voit paraître la danseuse étoile. Finalement, déchue, elle se retrouve parmi les blanchisseuses. Pendant tous ces épisodes, un homme en noir (Yann Bridard) suit la petite danseuse de façon quelque peu menaçante. Il finit par la remettre dans la vitrine.

Pour l'œil, ce spectacle est superbe. Les lumières sont très bien pensées. Grâce à elles, les transformations d'un tableau à un autre s'opèrent comme par magie : un personnage est éclairé, le reste de la scène est dans l'obscurité et tout à coup, le voile est levé sur un nouveau décor. Les costumes sont aussi très beaux. Si les lumières créent des effets saisissants, la manière dont les décors sont conçus y contribue aussi. Pour partie, ce sont de hauts panneaux faits de plusieurs larges bandes d'une sorte de toile épaisse dont certaines peuvent être enroulées ou déroulées. Comme ces panneaux peuvent être déplacés, le décor représentant une rue peut se transformer très rapidement en une salle de répétition pour le ballet. Évidemment, on joue de l'Opéra à l'intérieur de l'Opéra. Pendant la scène du bal, le fond du décor reproduit le rideau de scène du Palais Garnier. Quand des danseuses viennent saluer sous les applaudissements de la salle, ce sont autant les danseuses que les personnages qu'elles interprètent qui viennent saluer.

Ce qui est gênant avec ce ballet et me fait avoir pourtant un avis mitigé, c'est qu'on a l'impression de voir un clip (d'un peu moins de deux heures). C'est très bien dansé (même quand la petite danseuse doit danser gauchement quand elle essaie de reproduire les pas de l'étoile !), c'est très beau à voir, c'est censé être narratif, mais je n'y ai vu qu'une succession de tableaux. La musique de Denis Levaillant m'a aussi un peu gêné. Là encore, même s'il est vrai que la reprise de certaines phrases musicales donne une cohérence à l'ensemble, des styles très différents de musique se succèdent, comme les tableaux. Dans l'ensemble, on dirait de la musique écrite pour le cinéma (il y a d'ailleurs des passages qui ne sont pas loin de ressembler à des parodies de musiques de films ou de séries). L'instrumentation et les techniques de jeu exigées des musiciens sont inhabituelles pour l'Opéra. Dans la fosse, on trouve ainsi un accordéon, un saxophone, des xylophones (et un piano). Les cordes ont un certain nombre de passages pizzicato et un assez impressionnnant numéro où les cordes sont frappées par le bois de l'archet. Cela dit, quand on accepte de regarder ce ballet comme un film ou une suite de clips, l'ensemble n'a rien de désagréable. Un autre élément déroutant de ce ballet est qu'à certains moments, la scène est un peu trop remplie : plusieurs choses se passent en même temps.

Le ballet comporte quelques moments de grâce. Celui que j'ai préféré intervient lors du tableau des blanchisseuses, où la petite danseuse et dix-huit autres blanchisseuses s'activent pour nettoyer des draps blancs. À un moment donné, les blanchisseuses tiennent deux par deux des draps blancs disposés en cercle (vu d'en haut, les draps forment les rayons d'une roue). Et là, Dorothée Gilbert entre dans la roue, tourne autour de l'axe, se jette successivement dans tous les draps jusqu'à devenir invisible.

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La donna del lago à Garnier (troisième)

2010-07-08 01:22+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Garnier — 2010-07-07

Javier Camarena, Giacomo V (Uberto di Snowdon)

Simon Orfila, Duglas d'Angus

Colin Lee, Rodrigo di Dhu

Karine Deshayes, Elena

Daniela Barcellona, Malcolm Groeme

Diana Axentii, Albina

Jason Bridges, Serano

Philippe Talbot, Bertram

Lluís Pasqual, mise en scène

Ezio Frigerio, décors

Franca Squarciapino, costumes

Vinicio Cheli, lumières

Montse Colomé, chorégraphie

Alessandro Di Stefano, chef du chœur

Roberto Abbado, direction musicale

Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris

La donna del lago, Rossini

Neuvième représentation de La Dame du lac à l'Opéra Garnier. J'y suis allé une troisième fois après les représentations des 14 et 21 juin, non pas pour apprécier encore davantage la mise en scène, mais pour entendre Karine Deshayes et Javier Camarena dans les rôles d'Elena et Giacomo/Uberto.

Cette fois-ci, j'ai un deuxième rang de troisièmes loges de côté impair. C'est un peu excentré, mais pas trop. Je vois la moitié droite de la scène.

Je retrouve les lumières vraiment lamentables de ce spectacle. On n'y voit rien. J'avais noté la non-différentiation visuelle de Rodrigo du personnage secondaire Serano. Comme Javier Camarena apparaît barbu comme les deux autres dans cette deuxième série de représentations, il y a en fait trois personnages (Giacomo, Rodrigo et Serano) que ni les costumes ni la pilosité ne distinguent clairement (Giacomo porte souvent une cape bleuâtre, mais ce critère n'est pas infaillible).

J'ai été très content de réentendre Javier Camarena (déjà entendu dans le rôle d'Elvino dans La Sonnambula et dans celui du conte d'Almaviva dans Il Barbiere di Siviglia). Par ailleurs, c'était la première fois que j'entendais Karine Deshayes, qui si elle ne m'a pas autant impressionné que Joyce DiDonato, m'a cependant fait une excellente impression. Je n'ai pas regretté de m'être levé pour mieux voir la dernière scène qui se passe à la cour du roi Giacomo. Le trio du deuxième acte entre Javier Camarena, Karine Deshayes et Colin Lee a été un autre moment fort de la soirée, de même que l'air de Daniela Barcellona au deuxième acte.

À part ça, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais au cours du premier acte (1h40), la loge où je me trouvais (j'étais au deuxième rang, avec deux néerlandophones devant) a vu paraître trois fois des personnes seules ou accompagnées venues voir si on y voyait quelque chose. J'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi on laisse rentrer ainsi des gens n'importe quand et n'importe comment. Si je trouve un peu pénible qu'il faille se faire ouvrir sa loge avant le spectacle, qu'elles soient fermées de l'extérieur, cela devrait au moins permettre de n'être plus dérangé une fois le spectacle commencé. Apparemment, je me trompais.

Il y a un dernier mystère à propos de cette production. Au cours du deuxième acte, arrivée au palais du roi, Elena s'écrie Quel beau concert tandis qu'elle entend de la musique, et en particulier la voix de Giacomo, qui vient des coulisses. Ce que je me demande, c'est si la musique que l'on entend est pré-enregistrée. En effet, lors des saluts, on ne voit pas de musiciens de scène paraître, et surtout, pendant ces phrases musicales, le chef d'orchestre s'arrête de diriger, alors qu'il pourrait très bien diriger des musiciens cachés via un écran de contrôle.

Pendant l'entr'acte, il m'a semblé que plusieurs portes qui sont d'ordinaires fermées étaient ouvertes. J'ai pu déambuler dans une zone dont j'avais remarqué la forme arrondie depuis l'extérieur, côté rue Halévy, mais sans jamais pouvoir y entrer : la rotonde du Glacier, qui abrite notamment des bustes et des tapisseries.

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Semele au TCE

2010-07-01 03:00+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Théâtre des Champs-Élysées — 2010-06-30

Richard Croft, Jupiter

Peter Rose, Cadmus, Somnus

Danielle de Niese, Semele

Vivica Genaux, Juno, Ino

Sébastien Droy, Apollo

Jaël Azzaretti, Iris

Stephen Wallace, Athamas

Claire Debono, Cupid

Christophe Rousset, direction musicale

David McVicar, mise en scène

Tanya McCallin, décors

Brigitte Reiffenstuel, costumes

Paule Constable, lumières

Andrew George, chorégraphie

Les Talens Lyriques

Chœur du Théâtre des Champs-Élysées

Semele, Händel.

Je reviens de la première de la reprise de Semele de Händel au TCE. Ce n'est que le deuxième opéra de ce compositeur que je voie après Agrippina en 2003. De ce compositeur, je suis en effet plus accoutumé aux oratorios et œuvres assimilées : Messiah (5 fois), Israel in Egypt, Athalia, Ode for Saint Cecilia's Day, Dixit Dominus, Acis and Galatea, Solomon. À vrai dire, le programme annonce qu'il s'agit d'un opéra en trois actes à la manière d'un oratorio. Cela se fait très lourdement sentir pendant le premier acte où il ne se passe essentiellement rien. Le contexte de l'opéra est que Sémélé (Danielle de Niese) est forcée par son père Cadmus (Peter Rose) à épouser Athamas (Stephen Wallace) qui est convoité par sa sœur Ino (Vivica Genaux). La cérémonie est interrompue. On apprend que Jupiter (Richard Croft) a pris l'apparence d'un aigle pour enlever Sémélé. Jusque là, les personnages se sont comportés comme des autistes, en particulier Athamas qui mésinterprète les réactions de Sémélé et Ino. Ils s'écoutent chanter et restent impassibles aux paroles des autres. C'est déroutant. À ce stade, je me demande bien pourquoi on appelle ça opéra !

Jusque là, j'aurais été assez déçu s'il n'y avait pas eu le plaisir de l'oreille (et aussi des yeux, il faut bien le dire) pour l'air The morning lark to mine accords his note interprété par Danielle de Niese seule devant un rideau et mimant de ses mains les mouvements d'une alouette. Viendra ensuite le superbe récitatif accompagné de Peter Rose Wing'd with our fears and pious haste.

Je commence à me dire que l'on entre véritablement dans l'opéra à la toute fin du premier acte quand Claire Debono chante dans son air Endless pleasure, endless love les plaisirs célestes de Sémélé.

Viendront ensuite les deuxième et troisième acte, toujours dans le même décors, dont le rond central a été incliné et dont l'éclairage a changé la couleur. Junon (Vivica Genaux, qui interprète deux rôles) et Iris (Jaël Azzaretti) conspirent contre Sémélé. Pour rejoindre ses appartements, il faut endormir ses gardes. C'est là qu'intervient Somnus, le Sommeil, superbement interprété par la basse Peter Rose (qui joue aussi deux rôles), qui s'endormirait bien tout en chantant ses airs si Iris et Junon baissaient leur vigilance. Ayant pris l'apparence d'Ino (l'illusion est parfaite vu que Vivica Genaux joue les deux rôles, quoiqu'avec des maquillages différents), Junon flatte les envies de Sémélé qui se verrait bien immortelle. Qu'elle se mire dans un miroir embellissant (Myself I shall adore, voir une interprétation par Carolyn Sampson du tube de cet opéra) et qu'elle demande à Jupiter de se montrer sous sa forme divine. Ce que Sémélé découvrira trop tard, c'est qu'elle ne peut être que réduite en cendres dans l'opération.

De retour au monde humain, Ino apprend aux autres que par la volonté de Jupiter, c'est elle qui doit épouser Athamas tandis qu'Apollon (Sébastien Droy) descend annoncer que des cendres de Sémélé et de la cuisse de Jupiter naîtra Bacchus. Le chœur du TCE qui s'est montré excellent se lance alors dans une bacchanale...

Du côté des voix, ma seule déception vient du contre-ténor Stephen Wallace, dont la voix ne monte guère jusqu'au dernier rang du deuxième balcon et qui n'est pas très convaincant scéniquement parlant. On ne l'entend que pendant le premier acte et à la fin du troisième. Les autres m'ont tous fait une très bonne impression. Même si elle ne chante pas beaucoup, Claire Debono est beaucoup présente sur scène depuis la fin du premier acte jusqu'au bout : elle tient une canne et avance à tâtons, et quand Sémélé s'abstente un moment, Jupiter en profite pour l'assaillir...

Du point de vue de la mise en scène, en dehors du premier acte, le seul passage qui m'a un peu déplu ou en tout cas beaucoup étonné est la mort de Sémélé ou plutôt l'apparition que j'imaginais indiscutablement spectaculaire de Jupiter. Les éclairs interrompant le mariage au premier acte étaient beaucoup plus impressionnants. Là, on le voit dans le même habit de nuit quelque peu ridicule et Sémélé descend dans une trappe dont on voit sortir des vapeurs.

Globalement, je suis assez enthousiasmé par ce spectacle, qui doit aussi beaucoup à la musique interprétée par Les Talens Lyriques dirigés par Christophe Rousset. Le public a d'ailleurs applaudi chaleureusement tous les artistes, y compris le metteur en scène David McVicar (la dernière fois que je l'avais vu, en 2004, sa mise en scène du Couronnement de Poppée avait reçu un accueil assez houleux).

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