Weblog de Joël Riou

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Barnier perd son français

2009-11-30 23:34+0100 (Orsay)

L'interview avait pourtant bien commencé. À la question Cette fonction, elle revient à Michel Barnier ou à la France ?, il répondit habilement et très-spontanément Elle revient à un Français..

Par la suite, il ne glissa pas des mots qui eussent pu trahir une proximité intellectuelle avec ses homologues députés européens allemands comme Vernehmung, Lücke, Organ, Obmann, mais — hélas — d'autres plus faciles comme hearings, gap, collective body, chairman. Aurait-il un message à faire entendre de l'autre côté de la Manche ?

Peut-être vaut-il mieux qu'il aille au marché intérieur qu'à la Francophonie.

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Le Stabat mater à l'Oratoire du Louvre

2009-11-27 01:50+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Oratoire du Louvre — 2009-11-26

Céline Scheen, soprano

Damien Guillon, contre-ténor & direction

Le Banquet céleste

Cantate pour alto Ich habe genug, BWV 82

Cantate pour soprano Ich bin vergnügt mit meinem Glücke, BWV 84

Stabat mater, Giovanni Battista Pergolese

J'étais déjà passé devant l'Oratoire du Louvre, mais je n'y étais jamais entré. Depuis un ou deux ans, les concerts Philippe Maillard (pas de lien vers leur site pas à jour) y organisent des concerts. La salle est plus petite que l'Église Saint-Roch, mais plus grande que l'Église des Billettes où des concerts se tiennent aussi régulièrement.

Les musiciens de ce soir (Le Banque céleste) sont en effectif très réduit : deux violons, un alto, un violoncelle, une contrebasse, un hautbois, un orgue. Deux voix : une soprano, Céline Scheen, un alto, Damien Guillon (qui dirige aussi l'ensemble). La première partie du programme comporte deux cantates qui permettent à chacun des deux solistes de chanter seul et au hautboïste Patrick Beaugiraud de se faire entendre.

La première cantate me déçoit. Malgré la taille modeste de la salle et l'effectif restreint de musiciens, la voix de la chanteuse ne passe pas les tout premiers rangs pendant la cantate Ich bin vergnügt mit meinem Glücke (BWV 84) qui entre dans ma collection de cantates de Bach entendues en concert. C'est dommage parce que le timbre de sa voix était agréable. On sent aussi qu'elle est à la limite de manquer de souffle à la fin de certaines phrases musicales.

La deuxième cantate Ich habe genug (BWV 82) est une version pour alto d'une cantate que j'ai déjà entendu chanter par un baryton-basse. Pas de problème de volume. La voix haut perchée de Damien Guillon passe bien. Le troisième mouvement Schlummert ein, ihr matten Augen est amusant en ce que Bach semble s'être amusé à créer un effet soporifique en multipliant les reprises (cela fait penser au Schlafe, mein Liebster de la cantate profane BWV 213, et à sa réutilisation dans la deuxième cantate de l'Oratorio de Noël BWV 248).

Entr'acte. La pièce principale du programme est le Stabat mater de Pergolesi. J'apprécie cette interprétation. Le son de cet ensemble est intéressant par rapport à ceux d'ensembles plus nombreux. Les morceaux que je préfère continuent à me plaire, comme le duo Inflammatus et accensus (le seul dont je connaisse le texte par cœur). Le duo Fac ut ardeat cor meum est rejoué en bis.

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Waltraud Meier Salle Pleyel

2009-11-24 01:54+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2009-11-23

Waltraud Meier, soprano

Joseph Breinl, piano

Lieder Wehmut, Die Forelle, Gretchen am Spinnrade, Nachtstück, Der Erlkönig (Schubert)

Wesendonck Lieder Der Engel, Stehe still!, Im Treibhaus, Schmerzen, Träume (Wagner)

Lieder Wie sollten wir gehen sir halten, Morgen!, Die Nacht, Befreit (Strauss)

Vier Letzte Lieder Frühling, September, Beim Schlafengehen, Im Abendrot (Strauss)

Ce soir, c'était la première fois que j'assistais à un récital de Lieder. Comme l'occasion se faisait d'entendre les Vier letzte Lieder chantés par Waltraud Meier, je l'avais saisie.

Le programme a été changé récemment. Je ne m'en plaindrai pas, vu qu'en lieu et place du mauvais Schu- et de Pfitzner, un compositeur inconnu de moi, on aura des Lieder de Schubert, de Wagner, avant ceux attendus de Strauss.

La dernière fois que j'avais entendu la grande Waltraud Meier, j'avais réussi à me replacer au tout premier rang, ce que je ne fais jamais, mais les places vides visibles du deuxième balcon avant l'entr'acte avaient été très tentantes. Cette fois-ci, j'étais dans les premiers rangs de l'orchestre, au centre ; j'avais opté pour une place de première catégorie, ce que je ne ferais pas pour tous les chanteurs, surtout ceux qui font monter les prix sans modération...

Les conditions étaient donc réunies pour que j'apprécie au mieux ce concert. À chaque groupe de Lieder son atmosphère. Une joyeuse Die Forelle (La Truite). D'émouvants Lieder de Wagner. Entr'acte. Waltraud Meier revient, accompagnée du pianiste Joseph Breinl et de la discrète tourneuse de pages. Avec Strauss, les couleurs de la musique changent aussitôt, devenant plus sombres. Je me demandais ce que donneraient les Vier letzte Lieder en formation réduite soprano-piano plutôt qu'avec un orchestre (comme c'est le cas de l'enregistrement que j'ai ainsi que de tous ceux que j'ai pu trouver sur Deezer). C'est différent, mais le pianiste et la soprano nous font rapidement oublier qu'ils ne sont que deux.

Le public enthousiaste parvient à les faire revenir trois fois interpréter un Lied de plus. Le dernier de ces trois Lieder est un charmant Abschied (Adieu, de Hugo Wolf apparemment), pendant lequel Waltraud Meier s'amuse ; si je comprenais mieux l'allemand (qui chanté correctement est plus facile à parser que bien d'autres langues), j'eusse probablement mieux saisi le comique de la situation et des mimiques de la cantatrice.

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Jayanthi Kumaresh aux Abbesses

2009-11-22 01:53+0100 (Orsay)

Théâtre de la Ville — Les Abbesses — 2009-11-21

Jayanthi Kumaresh, veena Sarasvati

Subramaniam Karthick, ghatam

Christian Ledoux, tampura

D'après le programme de ce concert aux Abbesses, cela faisait plus de quinze ans qu'il n'y avait pas eu de récital de vînâ au Théâtre de la Ville.

Si j'avais déjà entendu deux ou trois fois le son de cet instrument, il n'avait jamais été au centre d'un spectacle auquel j'eusse assisté. Pendant cet après-midi, Jayanthi Kumaresh, qui jouait d'une vînâ Sarasvatî (la même instrument que cette déesse utilise dans les représentations classiques), était accompagnée de deux percussionnistes (mridangam et ghatam) et d'un joueur de tampura.

Pendant un peu moins de deux heures, ce fut un formidable ravissement pour les oreilles, seulement interrompu par des applaudissements et l'annonce des morceaux dans un français correct quoiqu'à la prononciation hésitante. J'ai été moins convaincu par les solos et duos des deux percussionnistes. Peut-être étais-je défavorisé par mon placement sur le côté : au bout d'un moment, j'ai décelé un léger écho répondant aux frappes du joueur de mridangam sur son instrument, je n'ai alors plus entendu que ça...

Après avoir écouté cette interprète, un bon solo de guitare rock paraît bien peu de choses.

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Γ

2009-11-20 20:49+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Culture indienne

Attention. Ce site peut contenir des photographies de dispositions de lettres Γ semblables à celles sur lesquelles on peut marcher à l'Opéra-Comique, observer dans la grande salle du Palais Garnier ou encore dénicher dans des affiches pour le marché de Noël à Orange. Ces dernières sont une honte selon SOS racisme, qui devra probablement retirer ce symbole de son site, quand cette association se sera avisée de porter plainte contre elle-même pour incitation à la haine raciale.

Néanmoins, on serait plus à l'aise si la cible de ce foudre médiatique n'était pas un ancien du Front national.

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Joyaux à Garnier

2009-11-19 22:07+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Danse

Opéra Garnier — 2009-11-18

Gabriel Fauré, musique (Pelléas et Mélisande, Shylock)

Igor Stravinski, musique (Capriccio pour piano et orchestre)

Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique (Symphonie nº3 en ré majeur, quatre derniers mouvements)

George Balanchine chorégraphie (1967)

Christian Lacroix, décors, costumes

Jennifer Tipton, lumières

Kevin Rhodes, direction musicale

Orchestre de l'Opéra national de Paris

Isabelle Ciaravola, Christophe Duquenne

Eve Grinsztajn, Stéphanie Phavorin

Sarah Kora Dayanova, Séverine Westermann, Julien Meyzindi

Joyaux / Émeraudes

Dorothée Gilbert, Emmanuel Thibault

Stéphanie Romberg

Christine Lagniel, piano

Joyaux / Rubis

Delphine Moussin, Mathieu Ganio

Joyaux / Diamant

Je suis allé hier à la dernière représentations de Joyaux, un ballet de Balanchine en trois parties Émeraudes, Rubis et Diamants. Le programme nous apprend qu'il voulait évoquer respectivement la France, les États-Unis d'Amérique et la Russie en utilisant la musique de Fauré, Stravinski et Tchaikovski. Autant Fauré est évidemment associé à la France, Tchaikovski à la Russie, pour Stravinski, cela peut paraître quelque peu bizarre, le compositeur ayant vécu successivement en Russie, en Suisse, en France et aux États-Unis d'Amérique.

Les costumes de Christian Lacroix sont superbes. Respectivement vert émeraude, rouge rubis et blanc diamant, cela brille, cela étincelle.

Dans Émeraudes, les danseuses du corps du ballet réalisent en se tenant les mains de furtives figures géométriques qui font penser à des pierres précieuses autant qu'à des molécules. Un pas de trois (dans une distribution différente que celle annoncée sur le site de l'Opéra), deux pas de deux : Isabelle Ciaravola, Christophe Duquenne, puis Eve Grinsztajn et Stéphane Phavorin.

Des trois, ma pièce préférée est Rubis. La musique de Stravinski Capriccio pour piano et orchestre est amusante, très rythmée, un peu folle. Comme d'habitude, Dorothée Gilbert, qui danse seule ou avec Emmanuel Thibault, est superbe. Sa danse est espiègle, aguichante, comique, rafraîchissante.

La dernière pièce est Diamants. J'ai moins aimé que les autres. Peut-être est-ce la faute à la couleur des costumes. Le décor, très applaudi, est spectaculaire : des diamants est suspension dans l'air. C'est la première fois que je vois danser Delphine Moussin et Mathieu Ganio. La fin est un peu interminable, ce n'est pas que la danse ne soit pas belle, loin de là, c'est magnifique, mais c'est cette musique de Tchaikovski dans le dernier mouvement de sa symphonie nº3 et son hydr'avion qui met un temps invraisemblable à amerrir.

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“Four Great Tasks”

2009-11-17 01:55+0100 (Orsay) — Culture — Lectures — Culture indienne

Je suis en train de terminer ma promenade dans l'œuvre de Vikram Seth. Ayant fini de lire ce qui a été traduit en français, il ne me reste plus que ce qui ne l'a pas été ou très tardivement comme The Golden Gate, je veux parler de son œuvre poétique. Depuis mon dernier voyage en Inde, je n'avais plus à lire que les quatre recueils de poèmes (procurés à Delhi) et un recueil de fables animalières.

Je lis les recueils par ordre chronologique (en parallèle d'autres lectures). J'ai commencé par Mappings. Je viens de débuter The Humble Administrator's Garden. Je ne suis encore que dans la partie Wutong consacrée à la Chine ; les indienne Neem et californienne Live-Oak suivront.

Le moins que je puisse dire est que la lecture de ce deuxième recueil s'avère plus ardue que celle du premier. Les poèmes, assez descriptifs d'un environnement, d'une ambiance particulière à certains lieux, parleront sans doute beaucoup aux sinophiles. En ce qui me concerne, je suis quelque peu dépassé par certaines références. Comme on va le voir, même le Grand Oracle Omniscient Gardien du Livre de l'Entendement (cela sonne comme un nom de palais impérial chinois, mais c'est de David Madore) a du mal à suivre.

Ainsi, dans le poème Nanjing Night, une alternative se présente à des étudiants qui se massent devant un cinéma : Either the Gang of Four or the Four Great Tasks. Si le Gang of Four, je vois de quoi il peut s'agir, les Four Great Tasks me plongent dans un abîme de perplexité. Après quelques recherches Google infructueuses, le seul lien prometteur trouvé est un extrait d'un livre intitulé Cadres and Kin: Making a Socialist village in West China, 1921-1991 par Gregory Ruf : In the autumn of 1950, CCP work teams began to propagandize the Four Great Tasks (si da renwu) among farmers: eliminate bandits, overthrow local tyrants, reduce rents, and refund extortionate rent deposits..

J'espère que la difficulté ne monte pas crescendo pour finir comme du Mallarmé et qu'il se trouvera encore des friandises comme Thus the young yahoos coexist / With whoso list to list to Liszt.

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Concert Philippe Jordan à Bastille

2009-11-15 01:08+0100 (Orsay) — Culture — Musique

Opéra Bastille — 2009-11-14

Philippe Jordan, direction musicale

Isabelle Faust, violon

Orchestre de l'Opéra national de Paris

Concerto pour violon, György Ligeti

Eine Alpensinfonie, Richard Strauss

Le chef suisse a été nommé directeur musical de l'Opéra de Paris. Il dirigera cette année la première moitié de la tétralogie de Wagner. Ce soir, il dirigeait l'orchestre de l'Opéra de Paris pour un concert symphonique. Les prix de ces spectacles étant modérés par rapport à ceux des opéras, je me suis retrouvé en premier rang de deuxième balcon.

L'œuvre jouée pendant la première partie est sans doute la chose la plus bizarre que j'aie entendue en concert. Il s'agissait du concerto pour violon de Ligeti. Une trentaine de musiciens. Quatre xylophones. La soliste est Isabelle Faust ; elle joue sur un Stradivarius. Le concerto est composé de cinq mouvements. Pendant le premier, la sonorité est tellement bizarre qu'il y a de quoi se demander si les musiciens ne seraient pas encore en train de s'accorder, d'autant plus qu'ils jouent piano. Au bout d'un moment, il n'y a plus de doute, c'est bien le concerto pour piano de Ligeti que l'on entend. À partir du troisième mouvement, cela devient presqu'écoutable. Une partie du public, peut-être trop pressée d'en finir ou pas au courant que le concerto est en cinq mouvements, applaudit à la fin du quatrième. Le violon de la soliste est soumis à des techniques assez inhabituelles. Je n'imaginais pas qu'on pouvait produire de tels sons avec un violon.

Entr'acte. Les musiciens sont maintenant plus d'une centaine. Forcément, c'est du Richard Strauss : Eine Alpensinfonie. Un peu plus de trois quarts d'heure de musique continue, structurée en vingt-deux parties. Une journée complète passée dans les Alpes. Bien sûr, ce sera un jour de tempête. Ébouriffant.

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Salomé à Bastille

2009-11-14 17:33+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse

Opéra Bastille — 2009-11-13

Thomas Moser, Herodes

Julia Juon, Herodias

Camilla Nylund, Salomé

Vincent Le Texier, Jochanaan

Xavier Mas, Narraboth

Varduhi Abrahamyan, Page der Herodias

Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, Erster Jude

Eric Huchet, Zweiter Jude

Vincent Delhoume, Dritter Jude

Andreas Jäggi, Vierter Jude

Gregory Reinhart, Fünfter Jude

Nahuel Di Pierro, Erster Nazarener

Ugo Rabec, Zweiter Nazarener

Nicolas Courjal, Erster Soldat

Scott Wilde, Zweiter Soldat

Antoine Garcin, Ein Cappadocier

Grzegorz Staskiewicz, Ein Sklave

Alain Altinoglu, direction musicale

Lev Dodin, mise en scène

David Borovsky, décors et costumes

Jean Kalman, lumières

Yury Visalkov, chorégraphie

Mikhail Stronine, dramaturgie

Valery Galendeev, collaboration à la mise en scène

Orchestre de l'Opéra national de Paris

Salomé, Richard Strauss

Je viens de relire le texte de la pièce d'Oscar Wilde, Salomé, écrite directement en français. On le trouve sur Gallica et dans le programme de la production présentée à l'Opéra Bastille, en face de la traduction de Hedwig Lachmann. En effet, à quelques modifications et coupes près, c'était essentiellement le texte de l'opéra de Strauss qui j'ai lu en surtitres pendant de la représentation d'hier.

L'opéra raconte l'amour de Salomé pour Jochanaan (Jean le Baptiste), qui la repousse, lui qui est obnubilé par l'arrivée du Messie. Hérode, son beau-père doublement incestueux la fait danser après avoir juré lui donner ce qu'elle voudrait après. Salomé insiste pour obtenir la tête de Jochanaan dans un bassin d'argent. Avant cela, il faut la lui couper, ce que Hérode n'est pas près à faire, craignant le saint homme qu'il a enfermé afin de le protéger des Juifs (qui n'ont l'air d'accord sur rien si ce n'est qu'il faut le leur remettre). Une fois qu'elle a récupéré la tête, Salomé délire et peut faire ce que Jochanaan vivant lui refusait, à savoir l'embrasser. Finalement, Hérode ordonne que l'on tue aussi Salomé.

La musique de cet opéra, avec ses motifs à la Wagner, est envoûtante. Si je ne connais pas suffisamment la langue allemande pour vraiment suivre ce qui se dit, je me suis surpris à en comprendre parfois quelques expressions.

Avant de voir l'opéra, sachant que la voix du jeune syrien (Narraboth) intervient seulement quelques secondes après que la musique a retenti pour dire Wie schön ist die Prinzessin, je me demandais comment l'entrée en scène aurait lieu. En effet, dans beaucoup de productions d'opéra en général, on entend une ouverture, rideau baissé, et quand celle-ci se termine, le rideau est levé, le décor et les personnages apparaissent en pleine lumière. Ce n'était évidemment pas possible ici. Dans cette production, on a coupé toutes les lumières du théâtre pour permettre aux chanteurs de se positionner dans le décor qui sinon était visible. Ainsi, la musique, les lumières et le chant se sont mis en route en même temps. En ce qui concerne les lumières, davantage de luminosité n'aurait pas été un mal : pendant la première demi-heure, entre les personnages secondaires que sont Narraboth, le page de Hérodias (qui comme tous les pages est chanté par une femme) et les soldats, il n'était pas évident de voir qui chantait, même avec les jumelles...

Alors que la Lune auquel le texte fait référence se meut au fond du décor (qui comporte côté jardin un escalier et la cellule métallique escamotable où Jochanaan est enfermé), la situation dramatique se clarifie quand elle se recentre sur Jochanaan et Salomé, puis les mêmes, Hérode et Hérodias. La danse des sept voiles tombe à plat (au passage, la mention des sept voiles apparaît dans le texte de Wilde, mais pas dans le livret de l'opéra). Si un effet comique est créé par le côté lubrique de Hérode et Hérodias qui tente de masquer sa fille à sa vue, la danse de Camilla Nylund n'est guère convaincante.

Les tergiversations qui conduisent à la décapitation de Jochanaan sont peut être un peu longues, Hérodias qualifie même Hérode de ridicule avec les paons qu'il se propose d'offrir à Salomé en remplacement de la tête qu'elle demande qu'on coupe. Cela ne crée qu'une encore plus grande attente pour l'impressionnante scène finale où Salomé soliloque face à la tête inerte.

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Une Bohème pas grisette du tout

2009-11-13 01:15+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Bastille — 2009-11-12

Massimo Giordano, Rodolfo

David Bizic, Schaunard

Inva Mula, Mimi

Wojtek Smilek, Colline

Ludovic Tézier, Marcello

Matteo Peirone, Benoît

Rémy Corazza, Alcindoro

Natalie Dessay, Musetta

Pascal Meslé, Parpignol

Andrea Nelli, Sergente dei doganieri

Marc Chapron, Un doganiere

Myoung-Chang Kwon, Un venditore ambulante

Daniel Oren, direction musicale

Jonathan Miller, mise en scène

Dante Ferretti, décors

Gabriella Pescucci, costumes

Guido Levi, lumières

Alessandro Di Stefano, chef de chœur

Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris

Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris

La Bohème, Puccini

Je suis retourné ce soir voir La Bohème, ce qui m'a aussi donné l'occasion de finir de lire le programme. Cette fois-ci, je suis au deuxième balcon, dernier rang légèrement de côté.

C'est loin, il faut les jumelles pour distinguer quelqu'expression sur le visage des chanteurs. Malgré cela, c'est un vrai plaisir d'être là. Les conditions d'écoute sont merveilleuses. La musique paraît beaucoup plus claire. Je n'ai vraiment pas entendu la même chose que la semaine dernière où j'étais au premier balcon. Bravo à l'orchestre de l'Opéra et à Daniel Oren.

Si j'y suis allé deux fois, c'est qu'il y avait essentiellement deux distributions différentes dans les deux premiers rôles. Si j'avais apprécié Stefano Secco et été un peu déçu par Tamar Iveri, les solistes de ce soir ont fait une très forte impression. A priori, je pouvais craindre de n'entendre pas un volume sonore suffisant depuis les places les plus éloignées du théâtre. Quand Massimo Giordano (Rodolfo) a commencé à chanter, cette crainte s'est évanouie. Il faisait ses débuts à l'Opéra de Paris avec cette production. Quels débuts ! Dans le rôle de Mimi, Inva Mula que j'avais déjà entendue dans Mireille était magnifique. C'était la dernière de Ludovic Tézier dans le rôle de Marcello pour ce passage ; les prochaines représentations seront assurées par Dalibor Jenis. Natalie Dessay a été une bonne actrice qui chante :

Musette : (Maintenant il s'agit de me débarasser du vieux)
(feignant d'éprouver une vive douleur)
Aïe !

Alcindoro : Qu'est-ce ?

Musette : Une douleur ! Une brûlure !

Alcindoro : Où cela ?

Musette : Au pied !

S'il y a un seul détail que je n'aime pas dans les prestations de Natalie Dessay, c'est que, parfois, quand le rôle fait qu'elle doit crier, un affreux bruit strident sort de sa bouche (le cas a dû se présenter au moins dans Lucia di Lammermoor et dans La fille du régiment). Le Aïe d'il y a une semaine rentrait dans cette catégorie. Celui de ce soir était nettement moins déplaisant. L'effet comique de la situation était peut-être mieux rendu aussi.

C'était une des plus belles soirées d'opéra que j'ai eues. Il est rare d'entendre quatre chanteurs aussi irréprochables dans les quatre rôles principaux d'un opéra, évoluer dans d'aussi beaux décors et une aussi belle musique.

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La Bohème à Bastille

2009-11-04 17:20+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Bastille — 2009-11-03

Stefano Secco, Rodolfo

David Bizic, Schaunard

Tamar Iveri, Mimi

Giovanni Battista Parodi, Colline

Ludovic Tézier, Marcello

Matteo Peirone, Benoît

Rémy Corazza, Alcindoro

Natalie Dessay, Musetta

Pascal Meslé, Parpignol

Andrea Nelli, Sergente dei doganieri

Marc Chapron, Un doganiere

Myoung-Chang Kwon, Un venditore ambulante

Daniel Oren, direction musicale

Jonathan Miller, mise en scène

Dante Ferretti, décors

Gabriella Pescucci, costumes

Guido Levi, lumières

Alessandro Di Stefano, chef de chœur

Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris

Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris

La Bohème, Puccini

J'étais hier soir à l'Opéra Bastille pour voir La Bohème de Puccini. C'était la troisième représentation de cette saison, et au total la quatre-vingt-troisième dans cette mise en scène de Jonathan Miller à l'Opéra de Paris. J'ai été rejoint quelques minutes avant le début par Akynou. Depuis le milieu du rang 7 du premier balcon de côté, nous voyons les surtitres sans avoir à nous affaler sur nos sièges : l'information qu'un vendeur m'avait donnée selon laquelle le surtitrage avait été baissé un petit peu s'avère exacte.

Les chanteurs des quatre rôles principaux étaient Stefano Secco (Rodolfo), Tamar Iveri (Mimi), Ludovic Tézier (Marcello) et Natalie Dessay (Musetta). C'était la quatrième fois que j'entendais le ténor Stefano Secco. Comme toujours, il a été excellent. De même pour Ludovic Tézier à ceci près que je le voyais pour la septième fois. Lors du premier acte, la soprano Tamar Iveri n'était pas très enthousiasmante ; elle le fut davantage par la suite. Le deuxième acte est superbe. C'est aussi celui où le rôle de Musetta dans lequel Natalie Dessay faisait ses débuts était le plus consistant. Sans compter les CD, DVD et retransmission sur écrans de cinéma, c'est seulement le deuxième rôle d'opéra dans lequel je l'entends. Même si le rôle de Musetta est bien plus petit que celui de Lucia di Lammermoor qu'elle incarnait sur la même scène il y a trois ans, c'est toujours un plaisir de l'entendre.

Grâce à la musique de Puccini, aux chanteurs, aux superbes décors de Dante Ferretti, voilà une très belle production d'opéra.

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La Fnac Bastille fermera

2009-11-02 20:29+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Je viens d'apprendre que la Fnac Bastille fermera fin décembre. Qu'après ce genre d'opérations on ne s'étonne pas que les gens n'achètent plus de disques.

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