Résumé du Rāmāyaṇa

Rāmāyaṇa, chant 1 : Les enfances

2006-04-19 21:11+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa

Voici le premier résumé de la série. Sa rédaction m'a pris beaucoup plus de temps que prévu. Pour ne pas faire trop long, j'ai passé sous silence certains passages. J'ai fait des modifications dans la feuille de style pour que les signes diacritiques aient plus de chances de s'afficher correctement à l'écran (surtout si vous avez la fonte Arial Unicode MS...).

L'ascète Vālmīki interroge le sage Nārada. Il voudrait connaître un homme doué de nombreuses vertus. Nārada lui raconte alors l'histoire de Rāma. Dans un moment de chagrin, Vālmīki invente le mètre du poème, lui donne le nom de śloka et décide de raconter lui aussi l'histoire de Rāma. Par la force de son dharma, il peut voir les événements tels qu'ils se sont passés (Vālmīki est un ṛṣi).

Le roi Daśaratha gouverne à Ayodhyā. Chacun agit selon son dharma. La cité est riche et puissante, mais le roi kṣatriya est sans descendance. Il demande à son chapelain, le ṛṣi brâhmane Vasiṣṭha, de préparer un sacrifice de cheval. Après que le cheval eut erré pendant un an, le sacrifice est célébré par l'ascète Ṛṣyaśṛṅga en présence de nombreux rois et princes. L'ascète procède à une oblation supplémentaire pour procurer quatre fils au roi.

Pendant ce temps, les dieux sont réunis et évoquent les troubles engendrés par Rāvaṇa. Ce rākṣasa avait autrefois obtenu de Brahmā la faveur de ne pouvoir être tué ni par un dieu, ni par un démon, etc. Brahmā annonce que c'est un homme qui va tuer Rāvaṇa puisque par mépris pour les hommes, celui-ci les avait négligés dans la liste des créatures qui ne pourraient pas le vaincre. Le dieu Viṣṇu accepte de prendre forme humaine pour accomplir cette volonté de Brahmā : il va se diviser en quatre et se choisir Daśaratha comme père. Afin d'assurer de nombreux alliés à Viṣṇu, Brahmā met à contribution plusieurs catégories de créatures célestes en leur demandant de s'incarner sous la forme de singes.

C'est alors que surgit du feu du sacrifice de Daśaratha une sorte de génie qui remet au roi une coupe en or contenant du riz au lait. En le faisant manger à ses épouses, le roi obtiendrait des fils. Daśaratha remet une grande portion à Kausalyā, deux portions à Sumitrā et une portion à Kaikeyī. Ainsi, Rāma sera le fils de Kausalyā, deux jumeaux Lakṣmaṇa et Śatrughna naîtront de Sumitrā, et Bharata sera le fils de Kaikeyī. Chacun de ces fils est une portion de Viṣṇu.

Alors que Rāma a à peine seize ans, le ṛṣi Viśvāmitra se présente à Daśaratha. Il demande qu'on lui confie Rāma pour que celui-ci tue les deux rākṣasa qui perturbent un sacrifice auquel il veut procéder. Le roi finit par accepter de laisser partir Rāma et Lakṣmaṇa.

En cours de route, ils entrent dans une forêt dévastée par Tāṭakā, une rākṣasī ne pouvant supporter la malédiction prononcée par le ṛṣi Agastya. Rāma la tue d'une flèche en plein cœur. Le lendemain, Viśvāmitra remet à Rāma de nombreuses armes divines. Ils arrivent à l'ermitage de Viṣṇu lorsqu'il avait pris la forme du Nain Vāmana : le démon Bali étant devenu le roi de la terre, le Nain vint lui demander l'espace de trois pas en aumône, l'asura accepta, Viṣṇu recouvrit alors les mondes de ses pas et Indra recouvra sa souveraineté. Viśvāmitra commence son sacrifice sous la protection de Rāma et de Lakṣmaṇa. Comme prévu, les rākṣasa Mārica et Subāhu viennent perturber le sacrifice mais ils sont vaincus par les deux frères.

Ils se dirigent maintenant vers Mīthilā, le royaume de Janaka. Durant ce trajet, Viśvāmitra raconte de nombreuses histoires, notamment celle de la traversée des mondes de la Gaṅgā pour rejoindre l'océan. Le roi Sagara avait obtenu de Bhṛgu une nombreuse descendance par ses austérités : sa première épouse eut un fils Asamañja et sa deuxième épouse préféra donner naissance à soixante mille fils. Sagara voulut célébrer un sacrifice de cheval, mais Indra vola le cheval, ce qui devait plonger Sagara dans le malheur. Il demanda à ses fils de retrouver le cheval : ils parcoururent la surface de la terre, puis creusèrent, creusèrent, à tel point que la terre (identifiée à l'épouse de Viṣṇu) se mit à crier. Aux extrémités des mondes souterrains, ils rencontrèrent les énormes éléphants gardiens des points cardinaux. Mais Brahmā avait tout prévu : les soixante mille fils de Sagara devaient être brûlés par l'ardeur de Viṣṇu qui avait pris la forme du sage Kapila. Le petit-fils Aṃśumān de Sagara par Asamañja était un homme bon, son grand-père lui donna la mission de retrouver ses soixante mille oncles et de retrouver le cheval du sacrifice. Il fallait procéder aux rites funéraires de ces soixante milles hommes ; la solution fut trouvée par Bhagīratha, le petit-fils d'Aṃśumān : satisfait de son ascétisme, Brahmā fit tomber les eaux de Gaṅgā sur la chevelure de Śiva. Guidée par Bhagīratha, Gaṅgā finit par s'écouler sur la terre et atteindre l'océan et les mondes souterrains pour submerger les cendres des fils de Sagara.

Ils assistent ensuite au sacrifice de Janaka à Mīthilā. Ils y rencontrent son chapelain, Śatānanda, dont Rāma vient de délivrer la mère Ahalyā d'une malédiction provoquée par Indra. Śatānanda raconte à Rāma l'histoire de Viśvāmitra : son passé de roi kṣatriya, son conflit avec Vasiṣṭha au sujet de sa vache d'abondance, son ardeur et son obstination pour devenir ṛṣi, puis ṛṣi brâhmane. Viśvāmitra explique ensuite à Janaka que Rāma et son frère sont venus pour voir l'arc de Śiva qu'il possède. Janaka a obtenu une fille Sītā en labourant le terrain du sacrifice. Il n'accepte de marier cette extraordinaire fille qu'à un prince capable de tendre l'arc de Śiva. Aucun prince n'a jamais réussi ne serait-ce qu'à le soulever. Il faut cinq mille hommes pour tirer le coffre contenant cet arc. Rāma réussit l'épreuve sans difficulté, allant même jusqu'à briser l'arc. Rāma épouse donc Sītā, et Lakṣmaṇa Ūrmilā, l'autre fille de Janaka. Les deux autres frères Bharata et Śatrughna épousent les deux filles de Kuśadhvaja, le frère de Janaka. Les cérémonies de mariage sont prodigieuses, une pluie de fleurs tombe du ciel.

Les cérémonies terminées, Viśvāmitra peut s'en aller et Daśaratha rentrer avec ses fils et brus à Ayodhyā. En cours de route, Rāma (Daśarathi) montre une nouvelle fois sa bravoure en combattant Rāma Jāmadagnya, l'exterminateur des kṣatriya. Les deux autres frères Bharata et Śatrughna partent ensuite avec Yudhājit, le frère de Kaikeyī et roi des Kekaya.

Le chant se termine par un éloge de Rāma évoquant sa dévotion pour Daśaratha, sa gloire, son mariage harmonieux avec Sītā, comparée à la déesse Śri (épouse de Viṣṇu).

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Rāmāyaṇa, chant 2 : Ayodhyā

2006-05-06 22:55+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa

Voici le deuxième épisode. Si vous préférez une version imprimée, j'ai ook-ooké rapidement un petit programme pour convertir mes entrées de blog (en XML) en source TeX (en convertissant les signes diacritiques de la transcription IAST du sanskrit au passage). Il y a donc une version PDF de ce résumé ; je la mettrai à jour à chaque nouvel épisode.

La conduite de Rāma étant en tous points exemplaire, le roi Daśaratha décide d'en faire son prince héritier. Tandis que se prépare cette cérémonie dans l'allégresse générale, Mantharā, l'esclave bossue de Kaikeyī, incite sa maîtresse à s'opposer à cette consécration : elle aurait beaucoup à perdre avec le couronnement de Rāma, mais elle pourrait utiliser une promesse ancienne de Daśaratha pour tourner la situation à son avantage. En effet, après que Kaikeyī lui eut sauvé la vie autrefois, le roi avait accordé deux faveurs à sa favorite. Malgré les réticences premières de Kaikeyī qui affirme ne pas faire de différence entre Rāma et son propre fils Bharata, Mantharā la persuade de demander au roi d'une part que Rāma soit exilé dans la forêt et d'autre part que Bharata soit consacré prince héritier à la place de Rāma.

Après que Kaikeyī eut rappelé à Daśaratha sa promesse et que celui-ci eut promis d'exaucer les deux faveurs qu'elle lui demanderait, Kaikeyī annonce ses prétentions, ce qui plonge Daśaratha dans le désarroi. Le roi loue Rāma et arguë qu'il ne peut infliger une telle punition à ce fils et à son épouse Sītā, mais comme Kaikeyī le lui fait remarquer, en ne respectant pas ses désirs, il trahirait sa parole. Malgré ses supplications, Kaikeyī refuse de renoncer à ses demandes. Le roi est effondré.

La foule, inconsciente de ce qui vient de se passer, acclame Rāma lorsque celui-ci se rend au palais royal. Rāma, s'étonnant de ce que son père ne réponde pas à son salut, lui demande s'il a commis une faute. Mais Daśaratha ne répond rien, c'est Kaikeyī qui annonce ce qui a été décidé. Rāma accepte aussitôt d'accomplir la décision que son père a été contraint de prendre : il s'exilera dans la forêt des Daṇḍaka pendant quatorze ans.

Malgré les protestations de sa mère Kausalyā et de son frère Lakṣmaṇa, Rāma ne change pas d'avis : bien que sa nature de kṣatriya lui permettrait de triompher par la force, il veut avant tout respecter la décision de son père. Par dévotion pour son époux, Sītā demande à Rāma de l'autoriser à l'accompagner dans son exil. Après lui avoir rappelé les dangers et les privations qu'implique la vie dans la forêt et constaté son abnégation, il accepte. Lakṣmaṇa accompagnera aussi le couple pour le protéger. Après avoir fait don de ses richesses, Rāma met son vêtement ascétique formé d'écorce ; Kaikeyī voudrait que Sītā revête également ce vêtement, mais le chapelain Vasiṣṭha intervient en disant que cela ne faisait pas partie des faveurs accordées à Kaikeyī. Par conséquent, Sītā restera habillée de ses plus beaux vêtements.

Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā s'en vont sur le char du cocher Sumantra. De nombreux habitants d'Ayodhyā les suivent, mais Rāma fait en sorte qu'ils perdent leur trace le lendemain. La ville d'Ayodhyā est en pleine désolation lorsque Rāma quitte son royaume. Tandis que Sumantra rentre à Ayodhyā, les trois héros traversent la Gaṅgā avec l'aide de Guha, le roi des Niṣāda. Ils arrivent chez l'ascète Bharadvāja, au confluent de la Gaṅgā et de la Yamunā. Le lendemain, Bharadvāja conseille à Rāma de s'établir au mont Citrakūṭa. Ils traversent la Yamunā sur un radeau pendant que Sītā adresse des prières à la déesse associée à la rivière, puis à un banian situé sur l'autre rive. Après avoir rencontré Vālmīki, ils effectuent les rites de fondation tandis qu'ils s'installent dans le Citrakūṭa.

Quand Sumantra rentre à Ayodhyā, il trouve une ville désolée ; il vient donner des nouvelles de Rāma au roi. Daśaratha se reproche d'avoir cédé aux demandes de Kaikeyī. Bien que rassurée par Sumantra sur la capacité de Rāma, de Lakṣmaṇa et de Sītā à vivre dans la forêt, Kausalyā reproche à Daśaratha de leur avoir infligé ce sort. Celui-ci pense savoir pour quelle faute passée il est puni. Pendant une nuit, dans sa jeunesse, il ne se fia qu'à son oreille pour décocher une flèche dans ce qu'il pensait être un éléphant qui s'abreuvait à la rivière ; il s'agissait d'un anachorète venu remplir une cruche d'eau. Avant de mourir, il lui expliqua qu'il était venu prendre cette eau pour ses parents aveugles ; Daśaratha vint les trouver pour leur expliquer ce qui venait de se passer. Avant de mourir avec son épouse, l'ascète lança une malédiction à Dasáratha : il mourrait de chagrin à cause du sort de son fils. C'est en parlant ainsi à Kausalyā et Sumitrā que Daśaratha expire. Aucun de ses fils n'étant présent, son corps est conservé dans de l'huile.

Tandis que Bharata fait un rêve de mauvais augure, des messagers arrivent à la capitale des Kekaya pour lui transmettre un message de Vasiṣṭha lui annonçant qu'il a une tâche importante à accomplir. En arrivant à Ayodhyā, Bharata a l'impression de voir une forêt ; il vient trouver Kaikeyī au palais royal. Elle lui annonce la mort de son père et l'exil de Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā. Bharata est ulcéré du comportement de sa mère et jure qu'il fera revenir Rāma. Kausalyā vient lui adresser des reproches, mais il affirme qu'il ne connaissait pas l'intention de sa mère et maudit tout homme qui aurait consenti au départ de Rāma.

Les rites funéraires accomplis, Bharata décide de refuser la royauté : il veut faire revenir Rāma et accomplir lui-même les quatorze années d'exil. Alors que son frère Śatrughna menace de tuer la bossue Mantharā, Bharata intervient en disant que Rāma n'accepterait pas cette violence. Bharata envoie de nombreux ouvriers, géomètres, etc. sur le chemin qui doit le mener à Rāma pour qu'ils y construisent une route magnifique. Bharata s'en va avec sa grande armée. Ses ministres, ses chapelains et les épouses de Daśaratha sont également du voyage. Quand ils arrivent au royaume des Niṣāda, le roi Guha qui les accueille s'inquiète de la présence de cette armée : l'odieux Bharata ne voudrait-il pas du mal à Rāma ? Bharata le rassure sur ses intentions, Guha l'accueille chaleureusement et aide Bharata et son armée à traverser la Gaṅgā.

Bharata et Vasiṣṭha viennent seuls à la rencontre de Bharadvāja. L'ascète veut lui aussi savoir si Bharata ne cherche pas à se débarasser de Rāma. Bharata le rassure et lui demande où se trouver Rāma. Bharadvāja demande à Bharata de faire venir son armée, puis invoque les dieux (parmi lesquels Viśvakarman, l'architecte des dieux) pour faire apparaître des merveilles : de magnifiques demeures, des écuries, un palais, des troupes d'apsaras, de la musique enchanteresse, des rivières de riz au lait, etc. Les soldats commencent à se dire qu'ils resteraient bien dans ce décor paradisiaque, mais ces jouissances s'achèvent avec la fin de la nuit.

Le lendemain, Bharata remercie le ṛṣi pour son accueil et se fait indiquer le chemin vers le mont Citrakūṭa. La grande armée se met en marche en effrayant les animaux sauvages par son vacarme. Bharata se dirige vers un endroit d'où se dégage de la fumée. Pendant ce temps-là, Rāma décrit à Sītā l'harmonie qui régnait dans le lieu où ils se trouvent, ce qui l'aide à s'accommoder de la perte de la royauté. Mais le vacarme perturbe cette harmonie ; juché sur un arbre, Lakṣmaṇa aperçoit une armée et en informe Rāma qu'il s'agit de Bharata, venu pour les tuer. Rāma n'est pas de cet avis : il pourrait conquérir la terre sans difficulté, mais là n'est pas son devoir, c'est Bharata qui doit régner et ce dernier n'a pas de mauvaise intention. Rāma propose ironiquement de demander à Bharata que ce soit Lakṣmaṇa qui soit fait roi.

Bharata vient toucher les pieds de Rāma. Celui-ci l'interroge sur sa famille et lui demande de multiple manière s'il exerce correctement ses devoirs de roi. Bharata supplie Rāma d'accepter de devenir roi, mais Rāma refuse de trahir la volonté de son vertueux père et de Kaikeyī. Il ne voit pas non plus de faute dans la conduite de son frère. Après que Bharata eut annoncé que Daśaratha était mort, Sītā, Lakṣmaṇa et Rāma se rendent auprès de la Gaṇgā pour offrir de l'eau funéraire au roi défunt. Une foule rejoint Rāma, aux premiers rangs de laquelle, les épouses de Daśaratha et le chapelain Vasiṣṭha. Bharata redemande à Rāma d'accepter le trône, parce qu'il ferait un meilleur roi que lui, mais Rāma invoque le destin et le respect de la volonté de son père, puis une promesse de royauté que Daśaratha aurait faite autrefois à Kaikeyī. Pour infléchir la position de Rāma, l'éminent brâhmane Jābāli tient un discours de négateur des Vedas en plaçant le plaisir avant le devoir et l'intérêt, Vasiṣṭha dresse la généalogie de Rāma pour appuyer l'argument selon lequel c'est lui, l'aîné, qui doit succéder à Daśaratha, Bharata commence une grève de la faim. Mais Rāma réfute ces arguments.

Une solution acceptable par tous est trouvée. Bharata fait enfiler des socques à Rāma qui les lui rend. Bharata règnera, mais son action sera guidée par ces socques qu'il place sur sa tête. Rentré à Ayodhyā, Bharata y retrouve une ville sans lumières. Il décide de partir pour Nandigrāma pour y vivre en ascète et régner sous la dépendance des socques de Rāma.

Alors que des rākṣasa perturbent la quiétude de leur ermitage, Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā partent en direction de la forêt Daṇḍaka.

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Rāmāyaṇa, chant 3 : La forêt

2006-05-20 20:56+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa

Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā entrent dans la forêt Daṇḍaka. Le terrifiant rākṣasa Virādha s'approche d'eux, s'empare de Sītā et adresse des reproches aux deux frères : des ascètes ne devraient pas porter d'armes et être accompagnés d'une femme. Un combat s'engage, mais Virādha ne peut être tué. Il s'agit en fait du gandharva Tumburu transformé en rākṣasa à la suite d'une malédiction prononcée par Kubera. Rāma a l'idée de demander à Lakṣmaṇa d'enterrer le rākṣasa. Tumburu reconnaît alors celui qui va le délivrer de sa malédiction. Avant de mourir, il lui indique comment rejoindre l'ascète Śarabhaṅga.

Peu avant que Rāma ne rencontre Śarabhaṅga, il aperçoit le char célestre d'Indra qui converse avec l'ascète. Le roi des dieux s'en étant allé, Rāma interroge Śarabhaṅga qui lui dit qu'après avoir rencontré le vertueux Rāma, le temps est venu pour lui de monter au ciel. Avant d'entrer dans le feu, il lui indique le chemin le long de la Gaṅgā qui le mènera à Sutīkṣṇa. De nombreux ascètes terrifiés par les rākṣasa viennent demander protection à Rāma qui la leur accorde. Quand Rāma rencontre Sutīkṣṇa pour lui demander conseil, ce dernier vient également de recevoir une visite d'Indra. Sutīkṣṇa ordonne à Rāma d'aller d'ermitage en ermitage et de revenir le voir. Après le départ, Sītā s'inquiète : elle a peur que Rāma se montre violent. Il a en effet promis de protéger des rākṣasa les ṛṣi vivant dans la forêt Daṇḍaka. Mais Rāma la rassure : il ne fait là que son devoir de kṣatriya et il tiendra sa parole. Les héros aperçoivent ensuite un lac magnifique, le Pañcāpsaras du fond duquel est émise une musique mélodieuse accompagnant les divertissements du sage Māṇḍakarṇi et de cinq apsaras. Ils vivent paisiblement pendant dix ans en évoluant d'ermitage en ermitage avant de revenir trouver Sutīkṣṇa. Rāma lui demande la permission d'aller voir le ṛṣi Agastya. L'ascète approuve et lui indique le chemin vers l'ermitage du frère d'Agastya.

En arrivant à cet ermitage, Rāma raconte un exploit d'Agastya. L'asura Ilvala invitait des brâhmanes à prendre un repas et leur faisait manger son frère Vātāpi qui avait pris la forme d'un bélier ; après le repas, Ilvala demandait à Vātāpi de sortir du corps des brâhmanes, ce qui déchirait leur corps et provoquait leur mort. Les dieux demandèrent à Agastya de mettre fin à ce brâhmanicide. Alors qu'Agastya venait de manger, Ilvala demanda à son frère de sortir, mais Agastya répondit en riant qu'il l'avait digéré pour de bon. Après avoir rencontré son frère, Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā parviennent à l'ermitage d'Agastya. Le ṛṣi remet à Rāma des armes divines : un arc, deux carquois inépuisables, une épée et le trait de Brahmā. Il lui indique aussi un lieu agréable pour établir son ermitage : Pañcavaṭi, où coule la Godāvarī.

Sur la route de Pañcavaṭi, Rāma rencontre le vautour Jaṭāyus, un ami du roi Daśaratha. Il promet de protéger Sītā en cas d'absence de Rāma et de Lakṣmaṇa. Les héros s'établissent à Pañcavaṭi. Quand l'hiver commence, Lakṣmaṇa en fait l'éloge à Rāma qui apprécie cette saison. Un jour, la rākṣasī Śūrpaṇakhā aperçoit Rāma et en tombe amoureuse. Cette hideuse sœur de Rāvaṇa révèle ses sentiments à Rāma. Mais les deux frères se jouent d'elle, celle-ci se rue sur Sītā, sa rivale. S'indignant du peu d'humour de la rākṣasī, Rāma ordonne à son frère de la mutiler. Lakṣmaṇa lui tranche les oreilles et le nez. La rākṣasī vient trouver son frère Khara qui envoie aussitôt quatorze rākṣasa pour la venger. Ceux-ci sont tués par Rāma. Elle se représente devant Khara pour l'exhorter à tuer lui-même Rāma. C'est toute une armée de quatorze mille rākṣasa du Janasthana menée par Khara qui va combattre Rāma. Remarquant des signes funestes, Rāma ordonne à Lakṣmaṇa de se réfugier avec Sītā dans une caverne. À lui tout seul, Rāma extermine les quatorze mille rākṣasa et tue Khara à l'issue d'un combat singulier. Des pluies de fleurs tombent sur Rāma qui est acclamé par les dieux et les ṛṣi tandis que Lakṣmaṇa et Sītā reviennent de leur cachette.

Un rākṣasa nommé Akampana est parvenu à s'enfuir et se rend à Laṅkā pour avertir Rāvaṇa. Ce rākṣasa aux dix cous veut tuer Rāma, mais Akampana lui suggère de s'en prendre plutôt à Sītā, Rāma étant aussi puissant que Viṣṇu. Rāvaṇa part sur son char tiré par des ânes demander à Mārica de l'aider à enlever Sītā. Celui-ci a déjà été vaincu par Rāma, il dissuade Rāvaṇa d'agir ainsi. De retour à Laṅkā, Rāvaṇa écoute une diatribe de Śūrpaṇakhā. Rāvaṇa n'utiliserait pas d'espions, ce qui en ferait un roi mal informé ; il se comporterait mal ; Rāma et Lakṣmaṇa seraient très puissants, mais en épousant Sītā, Rāvaṇa pourrait profiter d'une très belle femme. Rāvaṇa ne résiste pas à ces arguments et retrouve Mārica. Celui-ci fait l'éloge de Rāma et met en garde Rāvaṇa : Rāma pourrait anéantir tous les rākṣasa. Mais Rāvaṇa est là pour donner des ordres. Mārica ne peut qu'accepter de mettre en œuvre la ruse visant à enlever Sītā.

Les rākṣasa pouvant changer d'apparence, Mārica prend la forme d'une antilope gracieusement recouverte de pierres précieuses et se rapproche de l'ermitage de Rāma. En apercevant cette antilope magique, Sītā est émerveillée et demande à Rāma de la lui rapporter. Bien que Lakṣmaṇa évoque une possible ruse de rākṣasa, Rāma s'éloigne de l'ermitage pour la capturer après avoir demandé à son frère de protéger Sītā pendant son absence. La poursuite de l'antilope s'éternisant, Rāma décide de décocher une flèche pour la tuer. Avant d'expirer, Mārica reprend sa forme de rākṣasa et imite la voix de Rāma pour crier Sītā ! Lakṣmaṇa ! Au secours !. Entendant ce cri, Sītā ordonne à Lakṣmaṇa de partir sauver Rāma. Celui-ci soupçonne encore une ruse de rākṣasa et préfère respecter l'ordre de son puissant frère. Mais Sītā l'accuse de comploter avec Bharata contre Rāma. Lakṣmaṇa s'incline devant Sītā et part à la recherche de Rāma.

Rāvaṇa prend l'apparence d'un mendiant pour entrer dans l'ermitage où Sītā, seule, l'accueille avec tout le respect dû à un brâhmane. Il tente de la séduire et lui demande comment une femme aussi belle s'est retrouvée dans un lieu aussi sordide. Sītā lui raconte son histoire et interroge Rāvaṇa à son tour. Celui-ci décline son identité de roi des rākṣasa et demande sans détour à Sītā de l'accompagner à Laṅkā et de l'épouser. Elle lui annonce qu'en lui manquant ainsi de respect, il court à sa perte. Tandis que Rāvaṇa l'emmène de force sur son char, les cris de Sītā réveillent le vautour Jaṭāyus qui vient à son secours. Il parvient à démolir le char de Rāvaṇa mais ce dernier le met à mort et emporte Sītā dans les airs. Apercevant des singes au sommet d'une montagne, elle laisse tomber un vêtement recouvert de parures précieuses en espérant qu'ils informeront Rāma de son enlèvement. Après avoir traversé la Pampā, Rāvaṇa arrive à Laṅkā et installe Sītā dans son gynécée. Répondant à de nouvelles protestations de Sītā, il lui dit que si elle n'accepte pas de l'épouser dans les douze mois, il la mangera. Sītā est conduite à un bois d'aśoka et souffre de son chagrin.

Pendant ce temps, Lakṣmaṇa retrouve Rāma qui lui reproche d'avoir laissé Sītā seule. De retour à l'ermitage, cherchant Sītā avec obstination, pensant qu'elle joue à cache-cache ou interrogeant en vain les créatures de la nature, Rāma tombe dans le désespoir. Les deux frères trouvent finalement les fleurs que Sītā nouait à ses cheveux et les débris du char d'un rākṣasa. Furieux, Rāma s'apprête à embraser l'univers si les dieux ne lui rendent pas Sītā, mais Lakṣmaṇa le ramène à la raison : il faut trouver l'ennemi et le tuer. En découvrant Jaṭāyus, Rāma croit voir l'assassin de Sītā, mais avant de mourir, le vautour lui raconte l'enlèvement de Sītā par Rāvaṇa. Les deux frères procèdent à ses rites funéraires et prennent la direction du sud.

Une autre rākṣasī, Ayomukhī, enlace Lakṣmaṇa, mais celui-ci lui coupe le nez, les oreilles et les seins. Les deux frères rencontrent ensuite Kabandha, un rākṣasa gigantesque, n'ayant ni tête ni jambes. Ayant une bouche sur le tronc, il engloutissait les créatures qu'il attrapait avec ses longs bras. Un premier temps capturés, ils lui coupent les deux bras de leur épée. Kabandha est en fait un beau prince qui a pris cette forme hideuse à la suite d'une double malédiction d'Indra et d'un brâhmane. Seul Rāma pouvait l'en délivrer. Ayant repris sa forme splendide, il incite Rāma à se lier d'amitié avec le singe Sugrīva, fils du Soleil, qui réside sur le mont Ṛśyamūka.

Le chemin des deux héros chemin croise l'ermitage qu'occupait Mataṅga ; sa disciple Śabarī les reçoit généreusement avant de s'immoler dans les feu, des ṛṣi lui ayant annoncé que l'accueil prodigué à Rāma l'autoriserait à rejoindre les mondes suprêmes. C'est un paysage idyllique qu'ils trouvent aux abords de la Pampā où foisonnent les lotus. Rāma et Lakṣmaṇa sont résolus à franchir cette rivière d'où se dresse le mont Ṛśyamūka.

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Rāmāyaṇa, chant 4 : Kiṣkindhā

2006-06-25 21:53+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa

Rāma se réjouit de la vue de la Pampā magnifiée par le printemps. La beauté de cette rivière attise sa peine d'avoir perdu Sītā. Certain qu'ils vaincront Rāvaṇa et retrouveront Sītā, Lakṣmaṇa réconforte Rāma.

Les deux frères ayant franchi la Pampā, le singe Sugrīva les aperçoit du mont Ṛśyamūka et prend peur en imaginant qu'ils ont été envoyés par son ennemi de frère, Vālin, roi des singes. Il demande alors au fidèle Hanumān de se présenter aux deux héros en prenant la forme d'un moine. Hanumān est rapidement rassuré sur leurs intentions. Un pacte d'amitié est célébré entre Rāma et Sugrīva : les singes aideront Rāma, mais il devra préalablement abattre Vālin. Sugrīva montre à Rāma et à Lakṣmaṇa les parures que Sītā avait laissé tomber.

Rāma invite Sugrīva à raconter les raisons de son inimitié avec son frère aîné. Sugrīva explique alors que son frère Vālin avait succédé à leur père. Un asura à l'apparence d'un buffle, Māyāvin, défia Vālin ; avant que leur combat ne se poursuivît au fond d'une crevasse qui s'était ouverte dans le sol, Sugrīva promit à son frère de garder l'entrée du gouffre. Le combat s'éternisa. Au bout d'un an, Sugrīva considéra sincèrement que son frère devait être mort, il bloqua l'entrée de la crevasse avec une pierre et se fit sacrer roi. Mais Vālin revint, victorieux de son combat et furieux envers son frère qu'il chassa de Kiṣkindhā, la capitale de son royaume. Sugrīva, accompagné Hanumān, Nala, Nīla et Tāra, vint se réfugier sur le Ṛśyamūka où ils seraient à l'abri de Vālin, celui-ci ne pouvant y pénétrer sous peine de mort du fait d'une malédiction prononcée par l'ascète Mataṅga qui reprochait au singe d'avoir répandu sur son ermitage une pluie de sang lors de son combat avec l'asura Dundubhi.

Conscient de la force de son aîné, Sugrīva doute de celles de Rāma et le met à l'épreuve : Rāma projète d'un seul orteil le corps de Dundubhi à dix lieues et lance une flèche qui traverse sept arbres śāla, une montagne et les enfers avant de revenir dans son carquois. Le singe est rasséréné, et on décide de partir pour Kiṣkindhā. Sugrīva défie son frère Vālin, un combat terrible s'engage, mais Rāma renonce à lancer la flèche fatale qu'il avait promis de lancer en direction de Vālin : les deux singes lui sont indistinguables, tels les Aśvin, les dieux jumeaux. Sugrīva se réfugie à nouveau sur le Ṛśyamūka et Rāma lui fait remettre par Lakṣmaṇa une fleur à se mettre autour du cou en signe de reconnaissance. Sugrīva revient défier Vālin. Tārā, l'épouse de Vālin, sait que Rāma est l'allié de Sugrīva, et incite le roi des singes à préférer l'amitié de Rāma plutôt qu'à le combattre. Mais Vālin décide de lutter contre son frère, mais il est frappé par une flèche de Rāma. Il débat avec Rāma de la légalité de ce coup avant de prendre refuge en lui. Tārā vient se lamenter devant le corps de son mari, mais Hanumān la réconforte en lui rappelant qu'elle doit veiller sur son fils Aṅgada. Avant de mourir, Vālin confie son fils Aṅgada, son épouse Tārā et un collier d'or protecteur à Sugrīva. Affligés, Tārā et Sugrīva sont réconfortés par Rāma. Les rites funéraires sont effectués, Sugrīva est couronné et Aṅgada fait prince héritier.

Rāma décide de laisser passer la saison des pluies avant d'aller combattre Rāvaṇa. Avec son frère, il vient passer cette saison dans une grotte sur le mont Prasravaṇa situé non loin de Kiṣkindhā. La saison des pluies attise encore la douleur de Rāma, qui fait confiance en la promesse de Sugrīva de l'aider à la retrouver. Pendant ce temps, Sugrīva se livre au plaisir avec son épouse Rumā et avec Tārā. Cependant, Hanumān lui rappelle ses devoirs et il finit par demander à Nīla de rassembler toutes ses troupes. C'est le début de l'automne et Rāma est en colère contre Sugrīva qui semble ne pas tenir parole. Lakṣmaṇa ne peut contenir sa fureur : il décide de descendre à Kiṣkindhā avec son arc en ayant l'intention de tuer Sugrīva. Apprenant cela, le roi des singes ne comprend pas ce qu'on lui reproche, mais Hanumān lui demande de faire profil bas. Par son discours, Tārā parvient à apaiser Lakṣmaṇa qui reproche à Sugrīva son ingratitude. Des troupes de dizaines de milliards de singes se mettent en route pour Kiṣkindhā et Rāma se réconcilie avec le roi des singes. Sugrīva ordonne à ses troupes de partir à la recherche de Sītā aux quatre coins du monde et de revenir dans un délai d'un mois. Des expéditions sont ainsi lancées vers l'Est, le Sud, le Nord et l'Ouest. Au bout d'un mois, les singes partis à l'Est, au Nord ou à l'Ouest reviennent sans avoir aperçu Sītā.

L'expédition chargée d'explorer le Sud est dirigée par Aṅgada et comporte notamment Hanumān, Tāra et Jāmbavān, le roi des ours. Cette exploration exhaustive s'avère difficile. En parcourant la région du mont Vindhya, ils découvrent un grand trou, le Ṛkṣabila, dont s'échappent des oiseaux. Ils y descendent et trouvent un lieu extraordinaire pour sa végétation, ses eaux et ses palais. Ils y recontrent une femme ascète, Svayamprabhā. Elle garde cette demeure construite par l'architecte Maya et appartenant à l'apsaras Hemā depuis que Brahmā la lui offrit. L'ascète nourrit les singes et les fait sortir du souterrain magique.

Ils aperçoivent alors l'océan. Le délai d'un mois accordé par Sugrīva pour retrouver Sītā s'est écoulé, les singes craignent le châtiment pour avoir failli à leur mission. Sous l'impulsion d'Aṅgada, ils commencent même à se laisser mourir quand ils entendent le cri du vautour Sampati à qui ils apprennent la mort de son frère Jaṭāyus. Le vautour leur raconte son histoire. Autrefois, son frère et lui avaient tenté de s'approcher au plus près du soleil. Quand ils ne purent que redescendre, Sampati protégea son frère des brûlures du soleil. Les ailes brûlées, il ne pouvait se déplacer et ne pensait plus qu'à mourir quand il vit le ṛṣi Niśākara qui lui raconta la mission qu'il devrait accomplir : quand il verrait des singes, il devrait leur parler de l'épouse de Rāma ; ainsi, il pourrait retrouver ses ailes. Sampati indique donc aux singes que Rāvaṇa s'est emparé de Sītā, ses ailes de mettent à pousser et il s'envole.

Laṅkā, la cité de Rāvaṇa, est située de l'autre côté de l'océan, long de cent lieues. Les singes se demandent lequel d'entre eux sera capable de le franchir d'un bond. Un premier affirme pouvoir sauter dix lieues, un autre vingt lieues, etc. Le vieux Jāmbavān pense être capable de sauter quatre-vint-dix lieues et affirme qu'Aṅgada serait en mesure d'accomplir cette mission qui ne saurait cependant être confiée au chef. Il se tourne alors vers Hanumān, qui était resté silencieux, et vante ses qualités. Sa mère, l'apsaras Puñjikasthalā, épouse fidèle du singe Kesarin, avait été surprise par Vāyu, le dieu du vent. Dans sa jeunesse, Hanumān avait bondi pour tenter de se saisir du soleil lors de son lever et Indra l'avait frappé de son foudre, le blessant à la machoire, ce qui mit en colère Vāyu qui s'arrêta de souffler. Pour apaiser le dieu du vent, Brahmā avait accordé à Hanumān l'invulnérabilité aux armes et Indra le privilège de choisir le moment de sa mort. Jāmbavān demande à Hanumān de franchir l'océan comme Viṣṇu avait parcouru le monde en trois pas.

Hanumān est fort des qualités de Vāyu et se compare à Garuḍa, le roi des oiseaux. Il affirme que le sol ne supportera pas le choc provoqué par son bond. Il décide de prendre appui sur le mont Mahendra pour s'élancer. Alors que le mont commence à hurler, et les animaux à prendre peur, Hanumān pense à Laṅkā.

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Rāmāyaṇa, chant 5 : Les merveilles

2006-08-02 20:58+0200 (Grigny) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa

Ayant pris une taille colossale, le singe Hanumān s'élance dans les airs depuis le mont Mahendra pour franchir l'océan. Les dieux admirent cet exploit et l'Océan lui-même propose son aide au fils du Vent en faisant se dresser des eaux le mont Maināka. Autrefois, les montagnes avaient des ailes, mais de peur qu'elles ne tombassent, Indra les leur coupa. Celles du mont Maināka furent cependant sauvées par Vāyu qui, de son souffle, l'avait précipité dans l'océan. Mais, ayant promis de ne pas s'arrêter en chemin, Hanumān refuse cette aide et poursuit son vol. Les dieux décident de le mettre à l'épreuve en le confrontant à la mère des serpents, Surasā, qui a pris la forme d'une rākṣasī. Celle-ci essaie de le manger, mais Hanumān prend une taille minuscule pour entrer dans sa bouche et en ressortir aussitôt. Il tue aussi la rākṣasī Siṃhikā qui s'est emparé de son ombre. Le singe atterrit finalement à Laṅkā qu'il observe depuis le mont Trikūṭa.

Hanumān prend la taille d'un chat et attend la nuit pour partir à la recherche de Sītā en toute discrétion. En commençant sa visite, la ville de Laṅkā incarnée en rākṣasī l'attaque, mais elle est vaincue. Hanumān découvre la ville : palais richement décorés, espions, guerriers, chants mélodieux des femmes. Entrant dans le palais de Rāvaṇa, Hanumān contemple le char céleste Puṣpaka que Rāvaṇa a dérobé à son demi-frère Kubera. Il y aperçoit Rāvaṇa endormi, entouré de ses femmes livrées à l'ivresse et à la débauche.

N'ayant pas retrouvé Sītā, Hanumān a peur que l'échec de sa mission ne rende Rāma triste au point d'en mourir. Depuis le palais, le singe atteint le bois d'aśoka de ses bonds. Ce bois céleste au sol précieux et traversé par une rivière est idyllique. Il aperçoit, entourée de rākṣasī monstrueuses une femme belle mais vêtue d'un unique tissu jaune sali. Il reconnaît Sītā. Plus tard, il voit Rāvaṇa venir tenter de la séduire, mais elle le repousse en affirmant que Rāma le tuera. Les rākṣasī essayent aussi de faire changer d'avis Sītā et menacent même de la manger. Sītā tombe dans le désespoir, mais une rākṣasī, Trijaṭa, révèle le songe qu'elle a fait : Rāma resplendissant sur le char Puṣpaka en compagnie de Lakṣmaṇa et de Sītā.

Pour approcher Sītā, Hanumān évoque Rāma, sa rencontre avec Sugrīva et les expéditions visant à la retrouver. Ayant entendu cet éloge, Sītā prend cependant peur en voyant ce singe et pense avoir perdu la raison. Elle imagine même que c'est Rāvaṇa qui a pris cette apprence pour mieux la tromper. Mais Hanumān parvient à la consoler. Après lui avoir raconté son histoire, il lui remet la bague que Rāma lui avait confiée en signe de reconnaissance.

Hanumān propose à Sītā de la ramener sur son dos, mais elle refuse, parce que ce ne serait pas convenable et que c'est à Rāma de la ramener après qu'il aura massacré les rākṣasa. Elle demande à Hanumān de faire se hâter Rāma puisque Rāvaṇa la tuera dans deux mois. Elle lui confie aussi plusieurs signes de reconnaissance pour que Rāma la sache en vie. Elle lui raconte ainsi l'histoire d'un corbeau qui l'avait piquée alors qu'elle était avec Rāma après son bain, Rāma le frappa d'un trait dédié à Brahmā qui ne peut pas manquer son but ; ayant pris pitié du corbeau qui avait parcouru le ciel pour échapper à cette arme, Rāma lui laissa la vie sauve en crevant son œil droit. Sītā lui remet aussi une magnifique perle.

Voulant mesurer la force des rākṣasa, Hanumān saccage le bois d'aśoka, puis massacre les kiṅkara que Rāvaṇa, prévenu par les rākṣasī, a envoyés. Il détruit le sanctuaire des rākṣasa et se saisit d'une colonne pour en massacrer les gardiens. Il tue ensuite les fils de Prahasta, ministre et oncle de Rāvaṇa. Après avoir vaincu Akṣa, un des fils de Rāvaṇa, c'est Indrajit qui vient combattre le singe. Cet autre fils de Rāvaṇa avait autrefois vaincu Indra ! Ayant pris une taille prodigieuse, Hanumān résiste aux flèches lancées par Indrajit, mais ce dernier décoche un trait dédié à Brahma. Voulant respecter la volonté du dieu, Hanumān ne résiste pas, se sachant protégé par Brahma, Indra et Vāyu.

Quand les rākṣasa se saisissent de lui, le trait de Brahma perd son effet et Hanumān se laisse faire. Devant Rāvaṇa, il se présente comme un messager de Rāma, critique sa conduite contraire au dharma et lui décrit la force de Rāma. Rāvaṇa veut tuer l'insolent mais son frère Vibhīṣana l'en dissuade. On ne tue pas un messager.

Rāvaṇa lui laisse la vie sauve mais décide de brûler sa queue et de le faire traîner dans toute la ville. Sītā ayant appris cette situation demande au Feu de la fraîcheur pour Hanumān. Le Vent souffle pour exaucer la prière de Sītā. Le singe s'étonne de ne pas souffrir et, après réflexion, il diminue sa taille pour se défaire de ses liens. Il se saisit d'une massue de fer et tue les gardiens d'une des portes de la ville. Il se lance ensuite sur les toits pour incendier Laṅkā et tous ses trésors (en épargnant la maison de Vibhīṣana), apaisant ainsi le feu de sa queue.

Hanumān pense avoir commis une erreur et craint pour la vie de Sītā, mais il entend des voix célestes se réjouir que celle-ci ait réchappé de l'incendie. Le singe vient saluer la princesse et, tel Garuḍa, repart dans les airs en prenant élan sur le mont Ariṣṭa.

Ayant rejoint le mont Mahendra, il raconte ses exploits aux autres singes. Après ce récit, Aṅgada veut tuer Rāvaṇa tout de suite, mais Jāmbavān dit qu'ils doivent d'abord informer Rāma. S'en étant allés joyeux et excités, les singes remarquent le Madhuvana, le magnifique verger de Sugrīva. Ils s'empiffrent alors tous de fruits et de miel jusqu'à l'ivresse. Dépassé par les événements, le protecteur des lieux, Dadhimukha rejoint le roi Sugrīva pour l'informer de ce saccage. Loin de s'en attrister, le roi des singes se réjouit de ce signe du succès de la mission des valeureux singes qui rentrent à Kiṣkindhā.

Hanumān remet à Rāma le bijou de Sītā et raconte son périple.

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Rāmāyaṇa, chant 6 : La guerre

2007-01-24 22:42+0530 (इलाहाबाद) — Culture — Lectures — Culture indienne — Résumé du Rāmāyaṇa — Voyage en Inde III

Voici la plus longue entrée de ce blog (vingt-deux pages sur mon brouillon). Il s'agit du sixième épisode de mon résumé du Rāmayāṇa d'après la traduction que j'en ai lue. Il y aura prochainement™ le septième et dernier épisode. Cependant, on peut considérer que l'histoire est essentiellement finie après ce sixième chant. Tout en racontant ce qui se passe après, le septième chant apportera surtout des précisions sur ce qui s'est passé avant l'intrigue principale. Le résumé existe aussi en PDF.

Rāma remercie Hanumān pour le récit de son exploit mais il est triste parce qu'il ignore comment traverser l'océan pour ramener Sītā. Sugrīva le réconforte. Avant le départ de l'armée des singes, Hanumān décrit l'inaccessible Laṅkā. Rāma monte sur le dos de Hanumān et Lakṣmaṇa sur celui d'Aṅgada.

Pendant ce temps, à Laṅkā, Rāvaṇa demande l'avis de ses conseillers sur ce qu'il doit faire. Tous souhaitent la guerre, sauf son frère Vibhīṣaṇa qui lui suggère de rendre Sītā à Rāma. Rāvaṇa demande à son général en chef Prahasta de préparer la défense de la ville et prononce un discours guerrier. Bien qu'en désaccord avec son frère, le puissant Kumbhakarṇa accepte de combattre. Mahāpārśva pense que Rāvaṇa pourrait violer Sītā, mais cela ferait éclater sa tête à cause d'une malédiction de Brahmā. Après avoir répété son conseil, Vibhīṣana fait la leçon au fougueux Indrajit. Ayant été banni par Rāvaṇa, Vibhīṣana rejoint Rāma avec quatre autres rākṣasa. Il lui décrit la puissance de Rāvaṇa. Rāma promet de le faire roi de Laṅkā après leur victoire. Un négociateur-espion vient trouver Sugrīva pour lui conseiller de retourner à Kiṣkindhā. Les singes veulent le tuer mais Rāma les en empêche puisqu'il est venu comme messager.

Suivant le conseil de Vibhīṣaṇa, Rāma rend hommage à l'Océan, Sāgara. Mais l'Océan ne se montre pas. En colère, Rāma menace de l'assécher et prend une forme terrible pour lancer des flèches. Tandis que Rāma s'apprête à lancer un trait dédié à Brahmā et que le monde se met à trembler, l'Océan apparaît et accepte que Rāma le traverse. Le singe Nala, fils de Viśvakarman fait construire un pont jusqu'à Laṅkā, mais c'est par les airs, montés sur Hanumān et Aṅgada, que Rāma et Lakṣmaṇa traversent l'océan. Rāma libère un espion, celui-ci vient trouver Rāvaṇa pour lui décrire la puissance de Rāma et de son armée de singes. Il lui conseille de rendre Sītā, ce que Rāvaṇa refuse. Il envoie de nouveaux espions qui prennent l'apparence de singes pour s'infiltrer dans leur armée, mais Vibhīṣana les démasque aussitôt. Rāma leur demande de bien inspecter son armée et de dire à Rāvaṇa qu'il l'attaquera le lendemain. Ces espions décrivent à Rāvaṇa les principaux chefs simiens et lui conseillent de rendre Sītā. Rāvaṇa les chasse et envoie encore d'autres espions.

Utilisant la magie, Rāvaṇa fait croire à Sītā que Rāma est mort en lui faisant voir sa tête et son arc. Désespérée, elle préfère mourir que céder. Sītā se lie d'amitié avec la rākṣasī Saramā, épouse de Vibhīṣana qui la réconforte et épie Rāvaṇa. Le sage Mālyavān met en garde Rāvaṇa : il est invulnérable pour les dieux, démons et autres créatures célestes, mais c'est une armée d'hommes, de singes et d'ours qu'il doit combattre. Ayant remarqué de nombreux signes funestes, il lui conseille de rendre Sītā. Rāvaṇa est inflexible, la guerre est inévitable.

Les armées se préparent. Rāma ordonne aux singes de ne pas prendre forme humaine pendant le combat, ce qui les distinguera de Rāma, Lakṣmaṇa, Vibhīṣana et des quatre autres rākṣasa qui l'accompagnent. Ils grimpent au sommet du mont Susela d'où ils peuvent admirer Laṅkā. Ils y passent la nuit.

Le lendemain, à la vue de Rāvaṇa, Sugrīva s'en va le défier au combat. Rāma lui reproche de ne pas l'avoir consulté avant. Sûr de lui, Rāma envoie Aṅgada porter à Rāvaṇa un message lui annonçant sa mort prochaine. Pendant ce temps, l'armée des singes commence le siège de Laṅkā. Des combats terribles s'engagent entre les rākṣasa munis de nombreuses armes et les singes simplement armés de leurs griffes et de leurs crocs, réduits à lancer des troncs d'arbre et des pierres. Malgré la pluie de traits qui s'abat sur lui, Rāma vainc de nombreux ennemis de ses flèches tranchantes.

Dominé par Aṅgada, Indrajit utilise la magie pour se rendre invisible et en profite pour s'attaquer à Rāma et à Lakṣmaṇa. Transpercés de flèches en forme de serpents venimeux, les deux frères sont très affaiblis. Les singes sont affligés ; Vibhīṣaṇa demande à Sugrīva de reprendre confiance, tandis qu'Indrajit retourne à Laṅkā en annonçant la mort des deux héros.

Rāvaṇa fait monter Sītā sur le char Puṣpaka avec des rākṣasī qui lui font voir le champ de bataille depuis les airs. Ayant vu Rāma et Lakṣmaṇa en si piteux état, elle sombre dans le désespoir, mais la rākṣasī Trijaṭa la rassure.

Voyant son frère mal en point, Rāma envisage de se laisser mourir car il ne peut souffrir de devoir faire de la peine à Sumitrā en lui annonçant la mort de son fils. Cette situation attriste Vibhīṣaṇa, mais Sugrīva lui annonce une issue favorable. Le roi des oiseaux, Garuḍa, intervient de façon spectaculaire. Les serpents qui immobilisaient les deux frères sont mis en fuite ; de son toucher, Garuḍa guérit Rāma et Lakṣmaṇa. Rāma interroge Garuḍa sur les raisons de son amitié ; la monture de Viṣṇu lui demande de ne pas chercher à en savoir plus avant d'avoir vaincu Rāvaṇa.

Les singes sont rengaillardis par la guérison de Rāma. Leurs manifestations de joie sont entendues par Rāvaṇa qui réagit en envoyant combattre son oncle Dhūmrākṣa. Une grande bataille s'engage entre singes et rākṣasa. Hanumān fracasse le crâne de Dhūmrākṣa avec une crête montagneuse. Vajraduṃṣṭra est dépêché par Rāvaṇa ; après un combat difficile, Aṅgada lui coupe la tête en deux. Akampana prend la suite. Des signes funestes se manifestent ; une tempête de sable empêche les combattants de distinguer amis et ennemis ; la terre est recouverte de sang. Akampana parvient à briser de ses flèches le roc que lui lance Hanumān ; cependant, un arbre lancé en pleine tête par ce dernier lui est fatal.

Prahasta, le chef d'état-major de Rāvaṇa organise son armée et sort de Laṅkā sur son char malgré les mauvais présages. Le combat est terrible : la terre est une rivière de sang. En lui lançant un rocher sur le crâne, Nīla vainc Prahasta, faisant fuir les autres rākṣasa.

Rāvaṇa décide de s'engager lui-même dans le combat. Étincelant dans ses attributs royaux, il fait forte impression sur Rāma. Mis en colère par l'enlèvement de Sītā, il est néanmoins certain de vaincre le roi des rākṣasa. Rāvaṇa affronte les singes Sugrīva, Hanumān et Nīla, puis Lakṣmaṇa qui le défie de son arc. Rāvaṇa blesse grièvement le frère de Rāma avec une lance que Brahmā lui avait donnée, mais Lakṣmaṇa, se souvenant qu'il est une portion de Viṣṇu, a suffisamment de force pour survire. Hanumān intervient pour soustraire Lakṣmaṇa du champ de bataille et faire monter Rāma sur son dos pour l'aider à combattre Rāvaṇa, tel Viṣṇu montant sur Garuḍa. De ses flèches semblables à la foudre, il vainc Rāvaṇa, mais il le laisse fuir vers Laṅkā.

Rāvaṇa demande alors qu'on réveille Kumbhakarṇa. Ce frère très puissant a été contraint à un long sommeil par une ruse de Brahmā. Pour le réveiller, on hurle, on le tape avec des arbres, on frappe des éléphants pour qu'ils piétinent le géant. À son réveil, il déclare avoir faim. Après qu'il a été rassasié de sangliers, Rāvaṇa lui explique la délicate situation et lui demande son aide. Kumbhakarṇa lui reproche de gouverner en négligeant le dharma, l'artha et le kāma (devoir, intérêt, plaisir), mais consent à lutter contre Rāma.

Faisant trembler les montagnes, Kumbhakarṇa effraie les singes. Il en massacre et en dévore un grand nombre, puis combat les chefs des singes, Lakṣmaṇa et enfin Rāma qui l'achève en lui tranchant successivement les mains, les pieds et la tête de ses traits d'or dédiés à Indra. Des fils de Rāvaṇa s'ajoutent ensuite à la liste des guerriers rākṣasa tués au combat.

Devant cette débâcle, Rāvaṇa adopte une tactique défensive, mais son fils Indrajit, le vainqueur d'Indra, prétend pouvoir continuer à narguer les dieux en tuant Rāma et Lakṣmaṇa. Avant d'engager bataille, Indrajit offre un sacrifice au Feu qui lui procure des présages de victoire. Ni les singes ni Rāma et Lakṣmaṇa ne peuvent résister à cette puissance armée de rākṣasa, conduite par Indrajit, fort de ses traits dédiés à Brahmā.

Ayant vu tomber les deux héros, les chefs des singes sont démotivés. Vibhīṣaṇa explique que, par respect pour Brahmā, Rāma et Lakṣmaṇa ont laissé ce trait les atteindre. L'ours Jāmbavān pense que tant que vivra Hanumān, la victoire reste possible. Il lui demande de se rendre dans l'Himavān, à la montagne aux herbes, et d'en ramener quatre plantes médicinales qui pourront guérir Rāma et Lakṣmaṇa. Les montagnes tremblent lorsque Hanumān prend son élan pour accomplir sa mission. Parvenu au mont Kailāsa, il n'arrive pas à reconnaître les plantes et reproche au mont son manque de compassion. Hanumān décroche la montagne et la ramène auprès des deux frères. Non seulement les deux frères sont guéris grâce au parfum des plantes médicinales, mais les singes blessés ou morts reprennent vie. Hanumān rapporte le sommet montagneux sur l'Himavān et revient aussitôt.

Sûr de la victoire, Sugrīva ordonne aux singes d'incendier Laṅkā. Des centaines de milliers d'habitants meurent. Les combats entre rākṣasa et singes reprennent. Les valeureux fils de Kumbhakarṇa sont tués : Kumbha par Sugrīva et Nikumbha par Hanumān.

Rāvaṇa envoie Makarākṣa sur le champ de bataille. Rāma lui rappelle qu'il a vaincu dans la forêt Daṇḍaka quatorze mille rākṣasa parmi lesquels figurait son père Khara. Le duel est si acharné que des créatures célestes viennent assister au spectacle : Rāma tue le rôdeur de nuit d'un trait dédie au Feu.

Rāvaṇa envoie son fils Indrajit au combat. Comment celui qui a vaincu Indra ne pourrait-il pas tuer Rāma et Lakṣmaṇa ? Après avoir célébré un nouveau sacrifice dédié à Agni, il utilise la magie pour se rendre invisible des deux frères. Lakṣmaṇa menace d'utiliser l'arme de Brahmā pour exterminer tous les rākṣasa mais Rāma l'en dissuade : tous les rākṣasa ne sont pas aussi mauvais qu'Indrajit. Ce dernier réapparaît devant Hanumān sur son char en compagnie de Sītā, uniquement vêtue d'un linge sale. Il la tue. Après avoir combattu contre l'armée d'Indrajit, Hanumān estime qu'il doit avertir Rāma et Sugrīva du crime d'Indrajit.

À la nouvelle de la mort de Sītā, Rāma s'effondre. Désabusé, Lakṣmaṇa ne croit plus au dharma : s'il existait, Rāma ne subirait de tels tourments. Vibhīṣaṇa intervient : la mort de Sītā n'était qu'une illusion mise en scène par Indrajit. Il lui révèle aussi qu'Indrajit va célébrer un sacrifice au sanctuaire de la Nikumbhilā. Si le sacrifice est mené jusqu'à son terme, Indrajit sera invincible ; s'il est interrompu, Indrajit sera vulnérable.

Lakṣmaṇa, Vibhīṣaṇa et l'armée des singes viennent interrompre le sacrifice d'Indrajit. Harrangués par Vibhīṣaṇa, les singes luttent contre les rākṣasa et un formidable duel s'engage entre Lakṣmaṇa et Indrajit. Les créatures célestes viennent assister au déluge de flèches dédiées à divers dieux puissants annulant leurs effets. Finalement, la tête d'Indrajit est tranchée par une flèche que Lakṣmaṇa a dédiée à Indra et au dharma de Rāma. Cependant, Lakṣmaṇa est blessé ; le singe Suṣena le guérit avec le parfum d'une plante médicinale.

Rāvaṇa est attristé par la mort de son fils. Il se met en colère et se précipite au bois d'aśoka pour tuer Sītā. Perdue, elle maudit la bossue Mantharā. Mais le ministre Supārśva détourne Rāvaṇa de cet acte peu compatible avec ce qu'il a appris du Veda.

Avant de combattre Rāma lui-même, Rāvaṇa demande à son armée de massacrer les singes. Ces derniers prennent refuge en Rāma qui anéantit les rākṣasa. En se déplaçant très vite, Rāma leur donne l'illusion d'être partout à la fois et, croyant l'atteindre, ils s'entretuent. Les dieux louent Rāma pour ses exploits.

Ayant perdu un mari ou un fils, les rākṣasī tombent dans le chagrin, maudissant Śūrpaṇakhā pour avoir tenté de séduire Rāma et Rāvaṇa pour avoir conduit sa race à sa perte. Monté sur un char éblouissant, Rāvaṇa se lance dans la bataille avec trois grand guerriers rākṣasa : Mahodara, Mahāpārśva et Virūpākṣa. Rāvaṇa répand la mort dans l'armée de singes, mais Sugrīva tue Virūpākṣa et Mahodara, et Aṅgada tue Mahāpārśva.

Furieux, Rāvaṇa s'attaque à Rāma. Obscurcissant le ciel de leurs flèches, les deux combattants se transpercent l'un l'autre et utilisent des flèches incantées. Lakṣmaṇa intervient : il brise l'étendard du roi des rākṣasa, tue son cocher et détruit son arc. Vibhīṣaṇa tue les chevaux de Rāvaṇa, mais est frapé par une lance façonnée par Maya. Lakṣmaṇa se porte à son secours mais Rāvaṇa le frappe lui aussi avec cette lance.

Rāma demande aux singes de veiller sur son frère alors qu'il envisage le duel final avec Rāvaṇa. Cependant, à la pensée de la mort prochaine de Lakṣmaṇa, Rāma tombe dans le désespoir. Le singe Suṣena le rassure : il envoie Hanumān chercher des plantes médicinales sur le mont Mahodaya. Encore une fois, Hanumān rapporte le sommet montagneux. Après avoir broyé les plantes, Suṣena les administre à Lakṣmaṇa par le nez. Aussitôt rétabli, il reproche à Rāma de s'être attristé sur son sort : il doit tuer Rāvaṇa.

Pour que le duel soit disputé de façon équitable, Indra décide d'envoyer son cocher Mātali aider Rāma. Monté sur le char d'Indra, Rāma détruit les flèches en forme de serpent de Rāvaṇa en utilisant un trait dédié à Garuḍa. Les démons assistent au duel en soutenant Rāvaṇa tandis que les dieux veulent voir triompher Rāma. Rāvaṇa utilise une pique pure comme le diamant. Les flèches de Rāma ne peuvent rien contre cette arme redoutable ; il parvient enfin à la détruire en utilisant une arme d'Indra apportée par Mātali.

Les deux combattants continuent à se tirer des flèches. Prenant l'avantage, Rāma reproche à Rāvaṇa d'avoir enlevé Sītā et lui annonce sa mort prochaine. De sa propre initiative, le cocher de Rāvaṇa éloigne le char du champ de bataille, ce qui rend Rāvaṇa furieux contre lui. Pendant que Rāvaṇa s'explique avec son cocher, Agastya vient enseigner à Rāma l'Ādityahṛdaya, un hymne védique au Soleil. En le récitant, Rāma s'assure la victoire.

Alors que les présages sont funestes pour Rāvaṇa et heureux pour Rāma, leur duel terrible reprend sous les regards des singes et des rākṣasa qui restent immobiles. Contrairement à Rāvaṇa, Rāma parvient à détruire l'étendard de son adversaire. Ce duel en char est acharné. Les flèches lancées par les deux combattants forment un deuxième ciel ; la terre se met à trembler ; les créatures célestes sont angoissées.

Avec une flèche en forme de serpent, Rāma tranche une des dix têtes de Rāvaṇa, puis une autre... Mais à chaque fois, la tête tranchée réapparaît aussitôt. Le combat se poursuit pendant sept jours et sept nuits sans qu'aucun des combattant ne prennent l'avantage de façon décisive. Mātali suggère alors à Rāma d'utiliser l'arme sacrée de Brahmā contre Rāvaṇa. Tel Vṛtra frappé par Indra, Rāvaṇa est tué par Rāma. Les singes exultent de joie et des musiciens célestes chantent les louanges de Rāma.

Vibhīṣaṇa prononce un éloge funèbre. Mandodarī se lamente devant la dépouille de son époux, elle pense que c'est Viṣṇu en personne qui a vaincu Rāvaṇa. Sous la pression de Rāma, Vibhīṣaṇa fait célébrer les rites funéraires. Rāma fait sacrer ce vertueux Vibhīṣaṇa roi de Laṅkā.

Rāma demande à Hanumān puis à Vibhīṣaṇa de dire à Sītā de se préparer pour se présenter devant lui richement parée. Elle déclare d'abord vouloir voir son époux avant de s'être lavée puis, devant l'insistance de Vibhīṣaṇa, elle finit par accepter pour l'amour de Rāma. C'est dans la confusion que Sītā rejoint son époux en présence de tout le monde. Rāma déclare l'avoir enfin reconquise après avoir vaincu Rāvaṇa, mais il répudie Sītā puisqu'il ne serait pas convenable qu'il la garde après qu'elle a été prisonnière de Rāvaṇa. Pour prouver sa vertu, Sītā fait dresser un bûcher et y pénètre.

Les dieux Kubera, Yama, Indra, Varuṇa, Śiva et Brahmā viennent voir Rāma. Indigné par sa conduite à l'égard de Sītā, Brahmā lui révèle qu'il est Viṣṇu Nārāyaṇa et que Sītā est Lakṣmī. Après que Brahmā a rappelé à Rāṃa les exploits passés de Viṣṇu, le Feu sort du bûcher en tenant Sītā contre lui. Il assure à Rāma qu'elle n'a aucunement péché. Rāma explique que Sītā devait se soumettre à cette épreuve du Feu pour que la rumeur ne puisse pas se moquer de leur couple. Śiva félicite Rāma et lui demande, ainsi qu'à son frère, de rendre hommage à leur père Daśaratha qui vient d'apparaître. Heureux, il dit à Rāma qu'il doit montrer sur le trône, à Lakṣmaṇa, il promet le ciel et il souhaite de Sītā qu'elle n'en veuille pas à Rāma pour l'avoir répudiée. Indra accorde une faveur à Rāma : que les singes ayant rejoint le royaume de Yama soient ressuscités. Indra l'exauce.

Vibhīṣaṇa permet à Rāma d'utiliser le char Puṣpaka pour rentrer à Ayodhyā. Vibhīṣaṇa et les singes souhaitent l'accompagner. Tout le monde embarque à bord du char céleste. Rāma montre à Sītā la cité de Laṅkā et le pont de Nala depuis les airs. Le char survolant Kiṣkindhā, Sītā demande que Tārā et les autres épouses de singes l'accompagnent à Ayodhyā. Rāma accepte et continue la visite guidée en lui montrant le mont Ṛśyamūka, la Pampā, le Janasthāna, l'ermitage d'Agastya, etc. Rāma rend visite à l'ascète Bharadvāja qui lui explique que Bharata règne sur Ayodhyā en se soumettant à ses socques. Il lui accorde un vœu : les fruits et le miel ne manqueront pas à Ayodhyā, même hors saison.

À la demande de Rāma, Hanumān vient rencontrer Bharata. Il lui raconte les événements qui se sont produits. Śatrughna s'occupe des préparatifs pour faire un triomphe à Rāma pour son retour. Bharata honore Rāma à son arrivée et salue tous ceux qui l'accompagnent, les singes ayant pris une forme humaine. Rāma s'incline devant Kausalyā et salue Sumitrā et Kaikeyī. En ayant reçu l'autorisation de Rāma, le char Puṣpaka retourne au séjour de Kubera. Bharata rend pieusement son royaume à Rāma et ordonne qu'on le sacre. Vasiṣṭha procède à l'onction royale de Rāma avec de l'eau pure recueillie par les meilleurs des singes. Le chapelain des Ikṣvāku lui remet un diadème utilisé autrefois lors du sacre de Manu. On le pare d'un parasol blanc en présence des dieux. Des musiciens et danseuses célestes participent à la cérémonie.

Rāma récompense richement les brâhmanes et les singes. Sītā remercie Hanumān en lui remettant un précieux collier. Ses hôtes étant rentrés, Rāma fait de Bharataa son prince héritier, Lakṣmaṇa ayant refusé cet honneur. Pendant son règne long de dix mille ans, Rāma célèbre dix sacrifices de cheval qui contribuent à l'opulence et au dharma dans la cité d'Ayodhyā.

Ce poème de Vālmīki, le Rāmayāṇa, assure la prospérité à tous ceux qui l'entendent.

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