Budapest

Die Meistersinger von Nürnberg à Budapest

2013-07-11 12:20+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Budapest

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-06-15

James Rutherford, Hans Sachs

Eric F. Halfvarson, Veit Pogner

William Saetre, Kunz Vogelgesang

Domonkos Blazsó, Konrad Nachtigall

Bo Skovhus, Sixtus Beckmesser

Miklós Sebestyén, Fritz Kothner

István Horváth, Balthasar Zorn

Csapó József, Ulrich Esslinger

Lars-Olivier Rühl, Augustin Moser

Piotr Prochera, Hermann Ortel

Ferenc Cserhalmi, Hans Schwarz

Zoltán Nagy, Hans Foltz

Kaus Florian Vogt, Walther von Stolzing

Uwe Stickert, David

Annette Dasch, Eva

Gudrun Pelker, Magdalena

Dömötör Pintér, Un veilleur de nuit

Ádám Fischer, direction musicale

Michael Schulz, mise en scène

Dirk Becker, décors

Renée Listerdal, costumes

Sylvie Gabor, assistant à la mise en scène

Magyar Rádió Szimfonikusok és Énekkar

Csaba Somos, chef de chœur

Nemzeti Énekkar

Mátyás Antal, chef de chœur

Die Meistersinger von Nürnberg, Wagner

J'ai du mal à concevoir comment cette représentation des Maîtres chanteurs de Nuremberg aurait pu être meilleure ! Que l'opéra soit donné dans une salle de concert plutôt qu'un théâtre impose certes des restrictions sur la scénographie, mais la qualité musicale a été telle qu'on se contente bien volontiers d'une plate-forme carrée occupant le tiers central de la scène dont le fond représente au début de l'ouvrage un retable qui est découvert alors que l'on célèbre une messe dans l'église Sainte-Catherine. Une réunion des Maîtres chanteurs y a lieu ensuite. Walther échoue à se faire admettre parmi les Maîtres, ce qui devait lui permettre de participer au concours du lendemain dont le gagnant remportera la main d'Eva, la jeune femme dont il vient de tomber amoureux et que convoite aussi le ridicule Beckmesser. L'opéra se finissant bien, il parviendra néanmoins à gagner le concours. Il sera en cela aidé par le cordonnier Hans Sachs qui lui apprendra comment concilier l'originalité de son chant et le respect de la tradition musicale dont les Maîtres sont les gardiens.

Au début de la représentation, une voix avait annoncé en hongrois et en allemand que l'interprète de Beckmesser (Bo Skovhus) était handicapé en raison d'une opération chirurgicale récente. Il a ainsi joué son rôle avec une béquille. Si cette béquille n'avait pas été prévue par la mise en scène, il aurait fallu de toute évidence l'ajouter tant le chanteur en a fait un usage à mourir de rire ; même un mois plus tard, je ne m'en suis toujours pas remis. La mise en scène comportait une mise en abyme dans la mesure où le thème musical de l'opéra était illustré sur scène par des pupitres et des partitions vocales que les chanteurs tenaient parfois entre leurs mains. Dans son numéro comique, Beckmesser moquait parfois la musique de Wagner, au point qu'il arracha de façon provocante quelques pages de la partition sur laquelle on pouvait lire Wagner...

Les prestations vocales de tous les chanteurs ont été superbes. Pendant le premier acte, j'ai bien eu quelques réserves sur la voix de Klaus Florian Vogt (Walther) en raison de son timbre (une pure question de goût, cohérente avec une impression passée), mais il a tellement bien chanté dans les actes suivants qu'à la fin de la représentation, j'étais conquis par ce chanteur ! J'ai aussi aimé Annette Dasch (Eva). James Rutherford a été relativement endurant dans le rôle très exigeant de Hans Sachs. Le reste de la distribution était excellent, et ce jusqu'au rôle plus modeste du veilleur de nuit dans lequel Dömötör Pintér a fait des merveilles (et il joue aussi du trombone !).

C'était la première fois que j'entendais cet opéra, joyeux et drôle. Les cordes de l'orchestre de la Radio hongroise jouent de façon très différente, beaucoup plus en douceur que lorsqu'ils jouent le Ring ou Parsifal. Je me suis particulièrement délecté par les changements d'atmosphères musicales qui se sont succédées lorsqu'un des personnages fait à Walther le catalogue des modes musicaux reconnus par les Maîtres chanteurs. Les noms quelques peu ridicules de ces modes se retrouvent immédiatement suggérés par la musique. Cependant, les actes qui m'ont fait la plus grande impression sont les deuxième et troisième. Je ne m'attendais pas à un tel echantement ! Toutefois, si les chœurs étaient magnifiques, j'ai malheureusement quelques notions d'allemand et je n'ai pu m'empêcher d'éprouver un léger sentiment de malaise lors du finale exaltant l'Art allemand.

Ailleurs : Paris — Broadway.

Saluts des Maîtres chanteurs

Fanfare

Avant chaque acte, les cuivres de l'orchestre interprétaient un motif extrait de l'opéra pour rappeler aux spectateurs de reprendre place. Ils le font en général depuis une terrasse puis de la passerelle ci-dessus. Avant le dernier acte des Maîtres chanteurs, ces musiciens se font fait remarquer de façon amusante en jouant la fanfare depuis un escalator en marche !

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Parsifal à Budapest

2013-06-20 17:59+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Budapest

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-06-14

Lauri Vasar, Amfortas

Kolos Kováts, Titurel

Matti Salminen, Gurnemanz

Christian Franz, Parsifal

Hartmut Welker, Klingsor

Petra Lang, Kundry

Péter Kiss, Premier chevalier

Ákos Ambrus, Second chevalier

Solistes du Chœur de garçons de Tölz, Premier et deuxième écuyer

István Horváth, Troisième écuyer

Zoltán Megyesi, Quatrième écuyer

Zita Váradi, Cecilia Lloyd, Krisztina Simon, Mónika González, Eszter Wierdl, Éva Várhelyi, Filles-fleurs

Atala Schöck, Une voix du ciel

Bálint Krúdy, Parsifal enfant

Fischer Ádám, direction musicale

Alexandra Szemerédy, Magdolna Parditka, mise en scène, décors et costumes

Károly Györgyfalvay, lumières

Magyar Rádió Szimfonikus Zenekar és Énekkar

Csaba Somos, chef de chœur

Magyar Rádió Gyermekkórus

Dr. Lászlo Matos, chef de chœur

Sándor Kabdebó, co-chef de chœur

Nemzeti Énekkar

Mátyás Antal, chef de chœur

Parsifal, Wagner

Quel plaisir de retrouver l'Orchestre de la Radio hongroise ! Le premier contact a lieu avec les cuivres, qui comme à Bayreuth interprètent quelques minutes avant chaque acte un motif de l'opéra représenté pour rappeler aux spectateurs de se diriger vers leurs places. Une fois installé à ma place, je reconnais quelques uns des musiciens aperçus il y a un an : le corniste, quelques contrebassistes, quelques violoncelles parmi lesquels le soliste barbu, etc. Dirigées par Ádám Fischer, les cordes et plus particulièrement les contrebasses et les violoncelles ont conservé leur inimitable son ! Avec quelle férocité ceux-ci poussent ou tirent sur leur archet, à tel point que certains doivent remettre régulièrement de la colophane pendant les actes ! Certains motifs joués en arrière-plan par les instruments à cordes les plus graves qui auraient sinon risqué d'être occultés dans les ensembles n'en ressortent que mieux. Les vents, et plus particulièrement la clarinette et le hautbois, m'ont paru sublimes dans le troisième acte !

La mise en scène de Alexandra Szemerédy et Magdolna Parditka est d'une sobriété extrême. La scène est initialement toute noire, puis après l'arrivée de Parsifal, la moitié droite deviendra blanche quand le tissu noir qui couvrait cette partie de la scène sera ingénieusement tiré depuis les coulisses. Le blanc règnera sur toute la scène quand Gurnemanz aura pris conscience que Parsifal est le nouveau roi. La duplicité du rôle de Kundry est soulignée par son costume blanc dans les premier et troisième actes tandis qu'elle sera en noir puis en rouge quand, sous l'emprise de Klingsor, elle tentera de séduire Parsifal au deuxième acte. En dehors de la scène des filles-fleurs fort bien réglée, la mise en scène a été assez statique, mais ce ne fut guère un problème compte tenu des merveilles qui sortent de la fosse. Si les solistes ont globalement plus que bien chanté, j'ai été particulièrement saisi dans les premier et troisième actes par les magnifiques chœurs qui avaient pris place sur scène et aux deux étages d'arrière-scène ! L'ensemble était très impressionnant !

Ailleurs : Paris — Broadway.

Saluts de Parsifal

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Deux concerts matinaux à Budapest

2013-06-19 10:24+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Budapest

Liszt Ferenc Kamaterem Concert Hall, Budapest — 2013-06-15

Hámos Júlia, piano

Toccata en ut mineur, BWV 911 (Bach)

Variations pour piano seul en fa mineur, Hob.XVII/6 (Haydn)

Humoresque, op. 20 (Schumann)

Sonate nº9 (Scriabine)

Perpetuum mobile (objet trouvé), Kurtág

Samedi matin, je me suis rendu au musée-mémorial Franz Liszt où j'avais déjà eu l'occasion d'assister à un concert mémorable il y a un an. Une des pièces ouvertes au public héberge actuellement une petite exposition sur Wagner. Avant de la visiter, j'ai assisté à un récital de piano dans la salle de musique de chambre.

La jeune Júlia Hámos a commencé son programme par un Bach trop violent et fougueux pour me plaire. Ses variations en fa mineur de Haydn étaient meilleurs, mais elles ne sauraient évidemment rivaliser avec l'interprétation d'Emanuel Ax l'année dernière. La suite du programme était plus convaincante : Schumann, et surtout Scriabine. Avant de jouer son bis, la pianiste a parlé un moment de György Kurtág en hongrois, expliquant, semble-t-il, l'importance de ses pièces pédagogiques. L'interprétation de ce Perpetuum mobile (objet trouvé) fut, comme toujours avec Kurtág, très brève (moins de deux minutes), mais ce fut pour moi indiscutablement le sommet émotionnel de mon week-end de concerts, pourtant bien rempli ! Rien que pour ces glissandis de piano, je suis content d'être venu à Budapest. Ce qui est amusant, c'est que l'avant-veille de ce concert, j'avais acheté le premier volume des Játékok dans lequel figure la partition de ce bis !

Júlia Hámos au Liszt Ferenc Kamaterem Concert Hall

Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-06-16

Isabelle Druet, mezzo-soprano

Anne Le Bozec, piano

Shakespeare-dalok

Ophelia halála, op. 18/2 (Berlioz)

Ophélia-dalok, WoO 22 (Brahms)

Ophélia halála, op. 9 (Saint-Saëns)

Shakespeare-dalok, op. 24 - 4 dal (Castelnuovo-Tedesco)

Szerenád (Schubert)

Szilviához (Schubert)

A bolond búcsúdala, op. 127/5 (Schumann)

Zuboly dala (Wolf)

Vízkereszt, op. 60 - 2 dal (Sibelius)

Shakespeare-dalok, op. 28/1-3 (Chausson)

A bohóc dala, op. 29/1 (Korngold)

Erzsébet-kori dalok (nº3, nº1), Ivor Gurney

Shakespeare-dalok, op. 31/4 (Korngold)

Fancy (Poulenc)

Chanson de Shylock (Fauré)

Dimanche, je suis retourné au Palais des Arts pour assister à un récital de mélodies franco-germano-anglo-finlandaises de la mezzo-soprano Isabelle Druet qui était accompagnée de la pianiste Anne Le Bozec. Le concert a eu lieu dans le Fesztivál Színház, le petit amphithéâtre du Palais des Arts, qui était très clairsemé (à peine une quarantaine de spectateurs). Néanmoins, cela n'a pas nui à la qualité de ce concert. Le point culminant a été atteint lors de la toute première mélodie de Berlioz sur Ophélie (le thème du concert était Shakespeare). Quelle diction ! Je n'ai jamais entendu un français chanté aussi intelligible ! Le sens du poème d'Ernest Legouvé d'après Shakespeare était tout à fait limpide. Les mêmes vers étaient d'ailleurs utilisés dans la mélodie de Saint-Saëns chantée quelques minutes plus tard. Je ne ferai pas l'inventaire de mes impressions chacune des mélodies au programme, je retiendrai seulement le nom de Castelnuovo-Tedesco, dont les parties de piano des quatre chansons au programme m'ont particulièrement plu.

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Hófehérke és a 7 törpe

2013-06-18 09:59+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Budapest

Magyar Állami Operaház, Budapest — 2013-06-13

Boros Ildikó, Hófehérke

Pazár Krisztina, Mostoha

Oláh Zoltán, Királyfi

Cserta József, Vadász

Bajári Levente, Banya

Balogh Béla, Tudor

Nagyszentpéteri Miklós, Vidor

Katona Bálint, Szende

Hommer Csaba, Szundi

Várkonyi Zoltán, Hapci

Solti Csaba, Morgó

Szegő András, Kuka

Bedő Dorisz, Riedl Ágnes, Vdovicheva Tatjana, Szörnyecskék

Csányi Valária, direction musicale

Kocsák Tibor, musique

Ifj. Harangozó Gyula, adaptation du conte des frères Grimm, chorégraphie et mise en scène

Rujsz Edit, assistante de la chorégraphe

Rujsz Edit, Fajth Blanka, maîtres de ballet, répétitions

Kemény Gábor, Bíró Rudolf, orchestration

Kentaur, décors

Rita Velich, costumes

Hófehérke és a 7 törpe, Táncjáték két felvonásban.

J'étais tellement pressé de sortir de l'aéroport de Budapest pour rejoindre la ville que j'ai oublié de récupérer ma valise sur le tapis roulant. On m'a heureusement permis de rebrousser chemin très rapidement, et arrivé à l'appartement que je louais, j'ai eu le temps de faire des provisions pour le week-end, acheter un CD Bartók de l'extraordinaire chœur Cantemus et le premier volume des Játekok de György Kurtág avant de me rendre au Magyar Állami Operaház pour assister à une représentation du ballet Hófehérke és a 7 törpe (Blanche-Neige et les Sept Nains). Je suis ressorti assez enchanté par ce programme de ballet, particulièrement bien pensé pour les enfants, jusques aux figurines autocollantes des personnages du ballet apparaissant dans le programme vendu pour la modique somme de 700 forints (moins de 3€). Faisant penser à Prokofiev (en moins bien), la musique de Tibor Kocsák est plutôt plaisante à l'écoute et comporte quelques moments spectaculaires. Elle inclut des motifs très reconnaissables comme celui des Sept Nains, dont le public, à force de l'entendre, marque le rythme en battant des mains. Certains passages me donnent une étrange impression de déja entendu, sans que je puisse identifier les thèmes d'origine dont le compositeur s'est inspiré pour élaborer ses propres développements. L'orchestre dirigé par Valária Csányi m'a fait une bonne impression.

La chorégraphie de Gyula Harangozó n'est pas très exaltante : la danse est pour ainsi dire réservée aux personnages féminins, tous les deux interprétés de façon convaincante : Blanche-Neige (Ildikó Boros) et la marâtre (Krisztina Pazár). Le Prince (Zoltán Oláh) danse bien un peu avec elles, mais le rôle est assez décoratif. Le Chasseur (József Cserta) danse beaucoup, mais ses pas et sauts sont peu variés et les sentiments ambigus du personnages me resteront assez obscurs jusqu'au bout. Un danseur fait cependant des étincelles, c'est András Szegő qui interprète le rôle de Kuka (Simplet), le seul des nains dont le rôle ne se réduise pas à de la pantomime. Le moment le plus délicieux du ballet est sans doute celui où le Prince, alors qu'il danse avec la marâtre, aperçoit Blanche-Neige et ne regarde plus qu'elle tout en évitant d'éveiller les soupçons de la marâtre.

La grande qualité de ce ballet réside dans sa composante narrative, magnifiée par une extraordinaire scénographie utilisant de nombreux décors !

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Don Giovanni par les Hongrois

2013-02-09 15:47+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Budapest

Magyar Állami Operaház, Budapest — 2013-02-01

Csaba Szegedi, Don Giovanni

Klára Kolonits, Donna Anna

Dovlet Nurgeldiyev, Don Ottavio

Géza Gábor, Il Commendatore

Beatrix Fodor, Donna Elvira

Gábor Bretz, Leporello

Marcell Bakonyi, Masetto

Júlia Hajnóczy, Zerlina

György Vashegyi, direction musicale

Gianfranco De Bosio, mise en scène

Andrea P. Merlo, chorégraphie

Nana Cecchi, décors et costumes

Don Giovanni, Mozart.

À peine arrivé à mon appartement à Budapest le vendredi 1er février, j'ai fait le plein de provisions dans un supermarché près de la place de l'Oktogon et me suis dirigé vers l'Opéra national hongrois qui de l'extérieur a un petit air d'Opéra Garnier :

Magyar Állami Operaház

La salle est extrêmement belle. On y trouve un magnifique escalier :

Magyar Állami Operaház

Magyar Állami Operaház

Le plafond n'est pas mal non plus :

Magyar Állami Operaház

Cependant, alors qu'à Paris la salle de spectacle proprement dite n'occupe qu'une petite partie du volume du bâtiment, le bâtiment du Magyar Állami Operaház n'est qu'un fin masque enveloppant la salle. N'espérez pas y boire ou manger quelque chose à l'entr'acte, les bars sont assez inaccessibles (c'est pire qu'au Châtelet, c'est dire !). Je n'ai donc pas essayé de franchir la porte donnant sur le grand foyer que l'on aperçoit au fond de la photographie ci-dessous. Je me suis réfugié aux étages supérieurs dont les couloirs étroits étaient moins encombrés.

Magyar Állami Operaház

Pour environ 15€, j'ai eu une bonne place au deuxième rang d'une première loge côté gauche (Földszint páholy bal).

Magyar Állami Operaház

Magyar Állami Operaház

Même quand les trois dames du premier rang ont pris place, je voyais relativement bien. À savoir : les Hongrois ne font pas semblant de s'habiller quand ils vont à l'Opéra !

Ma raison principale pour aller à l'Opéra ce soir-là était de visiter ce bâtiment, ce qui m'a procuré une grande satisfaction. Accessoirement, j'ai aussi assisté à une représentation de l'opéra Don Giovanni.

La production est très traditionnelle. Le décor est unique, mais comme ce mur placé au fond de la scène doit participer à l'acoustique de la représentation, je ne m'en plaindrai pas trop. Certains déplacement d'éléments de décor se font alors que les machinistes sont visibles. Les costumes sont d'une époque indéterminée dans laquelle semblaient évoluer les personnages de tous les opéras italiens dans les vieux films d'archives.

Le début de l'opéra m'enthousiasme puisque j'ai l'impression d'y distinguer un semblant de direction d'acteurs (notamment dans les scènes avec Donna Anna), mais j'aurai un peu plus de mal à apprécier la suite, d'autant plus que mes souvenirs du livret de l'opéra étaient assez réduits et que les surtitres en hongrois uniquement et le texte chanté en italien ne m'ont pas permis de saisir tous les détails.

Si l'interprétation musicale de l'orchestre ne m'a pas paru inoubliable, j'ai beaucoup aimé les voix des chanteurs et la proximité que la configuration de la salle permet avec le public (au moins pour la partie du public à laquelle j'appartenais). Deux passerelles enjambent la fosse d'orchestre et débouchent sur les allées du parterre. Les entrées et sorties des chanteurs peuvent ainsi se faire par ces passages et il n'était pas rare que les airs soient chantés depuis ces passerelles. Qu'il était agréable d'entendre des chanteurs interpréter leurs airs dans une salle dont l'acoustique les dispense de forcer leur voix.

J'ai aimé tous les interprètes des rôles masculins, et tout particulièrement Csaba Szegedi (Don Giovanni) et Gábor Bretz (Leporello). Chez les dames, ma préférence va à Klára Kolonits (Donna Anna) et à l'espiègle Júlia Hajnóczy (Zerlina).

Magyar Állami Operaház

J'ai mangé et bu jusqu'à la dernière goutte une excellente soupe au Zsákbamacskához à l'issue de la représentation :

Zsákbamacskához

Cliquer ici pour voir les autres photographies que j'ai faites à l'Opéra ce jour-là.

Voilà, c'était le dernier de mes billets sur le week-end que j'ai passé à Budapest. J'ai déjà mon billet d'avion pour le prochain !

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Bizet par les Hongrois

2013-02-09 13:40+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Budapest

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-02

Szegedi Szimfonikus Zenekar

Gyüdi Sándor, vezényel

Az arles-i lány - II. szvit, Bizet

Kováts Péter, orgona

g-moll szimfónia orgonára és zenekarra, op. 25, Dupré

Badinerie de la suite pour orchestre en si mineur, BWV 1067.

Vaszy Viktor Kórus (Szeged)

Mise fríg hangnemben, Lajtha László

Samedi dernier, je me suis rendu au Művészetek Palotája de Budapest. En arrivant à la station correspondante de la ligne 2 du tranway, mon visage s'est tout à coup illuminé à la vue de la salle de spectacle (qui en cette saison n'est pas cachée par les feuilles des arbres). Je n'y avais en effet pas mis les pieds depuis juin dernier, le Bartók-Maraton n'y ayant lieu que le lendemain. Après avoir goûté au magnifique vin blanc servi dans les buvettes (dont les comptoirs sont en forme de piano !), je me suis dirigé vers mon siège en loge de côté au plus près de la scène. La salle n'est malheureusement pas très remplie pour ce programme de musique franco-hongroise par l'orchestre symphonique de Szeged.

La pièce au programme qui m'a le plus enthousiasmé est la deuxième suite de L'Arlésienne de Bizet, joué d'une exquise façon par cet orchestre. Le duo entre la flûte et la harpe était divin. Chez les altos, le seul musicien que je voyais était une musicienne, qui grâce à la pulsation de sa tête, aux sourires réjouis quand ses collègues jouaient et aux regards d'un œil vers le chef devint immédiatement ma chouchou dans cet orchestre.

La raison de ma venue à ce concert était la symphonie en sol mineur pour orgue et orchestre de Dupré. Un collègue ayant fait sa thèse à Budapest m'avait en effet recommandé d'aller écouter l'orgue du Mupa (cette vidéo est à voir absolument). Un jeune homme Péter Kováts s'est installé derrière le mastodonte en bois et électronique placé sur la scène et qui commande aux tubes situés sur le mur d'arrière-scène. (Ce dispositif de commande électronique sera aussi utilisé brièvement le lendemain au début du Mandarin merveilleux dans le Bartók-Maraton tandis que dans Le Chateau de Barbe-Bleue, l'orgue sera commandé par les claviers situés à l'étage, à proximité immédiate des tubes.) J'ai aimé cette combinaison d'instruments inouïe pour moi. Je suis content d'avoir entendu cette œuvre dont j'ai apprécié le contrepoint, mais ce n'est sans doute pas l'œuvre qui m'aura le plus marqué au cours de ce week-end budapestois...

Je n'ai pas compris les plaisanteries en hongrois qu'a faites très timidement l'organiste avant de jouer son bis : il n'a pas arrêté d'utiliser le mot Franciaország, ce qui est curieux parce que le bis qu'il a joué était de Bach. Peut-être que la transcription était due à un Français ?

Après l'entr'acte, je me fais enguirlander par l'ouvreuse quelque peu désœuvrée parce que je venais d'avaler une gorgée d'eau. La scène s'est d'ailleurs reproduite à l'identique le lendemain. C'est la seule situation embarassante du week-end vis-à-vis de la longue hongroise : entendre une tirage dans une langue inconnue... Si je garde une petite bouteille d'eau auprès de moi lors des concerts, c'est pour l'avoir à portée de mains au cas où les signes avant-coureurs d'un toussottement se feraient sentir. Je l'ai surtout pour me rassurer et ne pas m'en servir. Lors de ce concert, j'ai d'ailleurs été agréablement surpris par la quasi-absence de toux entre les mouvements : quatre au maximum dont la moitié venait des musiciens de l'orchestre. Le lendemain, le public sera en moins bonne santé, mais par rapport à la moyenne parisienne, c'est un réel soulagement.

L'œuvre qui a conclu le concert est la messe en mode phrygien de László Lajtha. J'ai aimé le côté moderne de l'instrumentation se fondant à la forme plus ancienne de la messe (en latin) et aux intervalles musicaux du mode utilisé. Je suis censé connaître un tout petit peu le Raga Bhairavi qui utilise les mêmes gammes que le mode phrygien, mais cela ne m'a pas vraiment aidé à comprendre se qui se passait dans la musique. Le chœur Vaszy Viktor Kórus de Szeged m'a fait une très forte impression ! Sans cette préparation à l'audition d'un chœur de très haut niveau, le choc du lendemain à l'écoute de la performance du Nyíregyházi Cantemus Kórus aurait-été telle que je serais peut-être mort de plaisir.

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Bartók-Maraton I/III/V/VII/IX/XI

2013-02-07 10:23+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse — Budapest

Après avoir rendu compte des concerts du Bartók-Maraton donnés dans l'amphithéâtre du Művészetek Palotája, je vais maintenant me concentrer sur les six concerts donnés dans la grande salle, en procédant cette fois-ci par ordre chronologique, car sinon je ne m'y retrouverais plus...

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 10:30

Csaba Péter, vezényel

Banda Ádám, hegedű

MÁV Szimfonikus Zenekar

I. hegedűverseny

Concerto

Le programme de ce concert m'intriguait. Comme I. hegedűverseny signifie Concerto pour violon nº1, je me disais quelques jours avant de venir qu'il y avait peut-être une coquille dans le programme parce qu'adjoindre à celà le mot Concerto serait redondant. Je n'osais croire comme l'expliquera Klari que ce mot désignait ce qui est connu par chez nous sous le nom de Concerto pour orchestre, et ce d'autant plus que les deux œuvres ne tiennent pas dans le temps imparti à ce concert, le suivant étant programmé une heure plus tard. Le concert s'est terminé avec un quart d'heure de retard :-)

J'ai aimé retrouver le violoniste Ádám Banda que j'avais adoré il y a quelques semaines à la Cité de la musique dans la Sonate pour violon seul de Bartók. Le début crépusculaire de concerto m'a semblé idéal pour rentrer dans l'univers du compositeur. Je me suis ensuite laissé porter par la musique, tout comme dans le concerto pour orchestre. Comme tous les orchestres qui vont se succéder sur la scène, l'orchestre symphonique du MÁV est impressionnant ! Si tous les musiciens sont très engagés, l'attitude souriante du violoncelliste solo me plaît beaucoup.

Ádám Banda

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 12:30

Kovács János, vezényel

Budapesti Vonósok (Botvay Károly, művészeti vezető ; Pilz János, koncertmester)

Zene húros hangszerekre, ütőkre és cselesztára

Divertimento

L'orchestre à cordes de Budapest présente une particularité vestimentaire : si les hommes ont la tenue habituelle des musiciens d'orchestre, les femmes portent des robes colorées. Cet ensemble joue une des œuvres du Bartók-Maraton que j'attendais avec le plus d'impatience : la musique pour cordes, percussion et célesta. J'avais déjà été captivé quand je l'avais entendue pour la première fois jouée par le LSO en mai 2012. Cela n'a pas raté, j'ai encore été émerveillé par le premier mouvement Andante tranquillo, et par tous le reste, avec une pensée particulière pour le son des timbales. Il m'a semblé voir seize violonistes, huit à gauche du chef et huit à sa droite, et chaque groupe de huit était subdivisé en deux groupes de quatre, lesquels se subdivisaient exceptionnellement en des mini-groupes de deux musiciens, suivant que les musiciens soient du côté gauche ou du côté droit de leur pupitre. À la lecture de l'instrumentation décrite sur Wikipédia, il semble en réalité qu'il s'agisse d'une œuvre pour double orchestre (comme l'est la Passion selon Saint-Mathieu de Bach). Quelle énergie déployée par cet ensemble dont l'effectif n'est en rien pléthorique (seulement deux contrebasses) ! Le Bartók-Maraton se serait arrêté là, j'aurais déjà été heureux d'avoir fait le déplacement. Mais, sans parler des autres concerts, celui-ci m'a aussi donné à entendre le Divertimento...

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 15:00

Muzsikás együttes

Jandó Jenő, zongora

Petrás Mária, ének

Farkas Zoltán, Tóth Ildikó, tánc

Kaél Csaba, rendező

Bartók és a népzene

Ce concert mettait en regard la musique folklorique et des œuvres pour piano de Bartók qui en sont inspirées. C'est peu dire que j'ai adoré le pianiste Jenő Jandó qui a notamment joué les Danses populaires roumaines et Allegro barbaro. Je n'ai pas retenu le détail du programme qui n'a été affiché qu'assez furtivement sur des écrans situés sur la scène et sur lesquels étaient projetés des photographies et des films anciens montrant des danses populaires. Un couple de danseur a interprété quelques danses pendant que l'ensemble de musique folklorique Muzsikás jouait. J'ai apprécié la façon dont le pianiste et cet ensemble se sont passé le relais au cours du concert, la musique folklorique s'enchaînant sans pause aux œuvres pour piano de Bartók et réciproquement. La musique folklorique était tout à fait plaisante pour mes oreilles et elle m'a fait découvrir quelques instruments originaux. Il y a ainsi eu une longue flûte tenue verticalement par un musicien multi-instrumentiste (puisque qu'il a joué aussi de l'alto). A également attiré mon attention une contrebasse à trois cordes avec laquelle l'interprète faisait des pizz. à pleines mains, comme s'il allait arracher les cordes ! Tout autant étonnant fut la sorte de violoncelle en bois peu noble accroché sur le ventre et dont les cordes n'étaient pas frottées par un archet mais frappées violemment par une baguette. Pendant quelques minutes, la magnifique voix a capella de la chanteuse Mária Petrás dans la Modvai Ballada s'est fait entendre.

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 17:00

Nemzeti Filharmonikusok

Kocsis Zoltán, vezényel

Kossuth-szimfónia

Táncszvit

Si j'avais écouté ce concert en dehors du contexte du Bartók-Maraton, j'aurais sans doute été plus qu'enchanté. Entre toutes les merveilles programmées lors de cette journée, je dois avouer avoir presque été déçu de n'avoir trouvé que très bon ce concert de l'Orchestre philharmonique national. Les deux œuvres (la Symphonie Kossuth et la Suite de danses) me font penser à un autre compositeur, Stravinski (celui du Sacre du printemps et de Petrouchka). Dans la voluptueuse musique de la Symphonie Kossuth, j'ai aimé l'incongruité d'une sorte de fugue qui est initiée par un ensemble de bassons avant de se propager dans l'orchestre. Dans la Suite de danses, je me suis notamment délecté des glissandi des trombones, du son du hautbois et du tuba (qui a dû mettre et enlever sa maxi-sourdine un certain nombre de fois...).

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 19:00

Pannon Filharmonikusok

Várjon Dénes, zongora

Bogányi Tibor, vezényel

III. zongoraverseny

A csodálatos mandarin - szvit

Quel bel orchestre que cet Orchestre Philharmonique Pannon ! J'envie les habitants de la ville de Pécs où cet orchestre est installé. S'agissant du programme de leur concert, je dois toutefois admettre avoir quelques difficultés à apprécier le concerto pour piano nº3. Je n'avais pas tellement aimé cette œuvre quand je l'avais entendue par le Philharmonia Orchestra. Ayant acquis un enregistrement des concertos pour piano par le Budapest Festival Orchestra dirigé par Iván Fischer avec András Schiff comme soliste, j'ai appris à l'aimer. En vrai avec cet orchestre et le pianiste Dénes Várjon (déjà entendu quelques heures plus tôt dans des œuvres pour piano seul), si j'ai encore une fois adoré le deuxième mouvement, dans l'ensemble je n'ai pas été conquis, mais l'orchestre m'a fait une impression plus qu'excellente. Il est à noter qu'alors que l'Orchestre philharmonique de Vienne est entre autres réputé pour être très masculin, le Pannon est au contraire très féminin. Les femmes ne sont d'ailleurs pas exclues des postes à responsabilité puisque le violon solo est une femme.

Si le point culminant du Bartók-Maraton a été pour moi le concert du chœur Nyíregyházi Cantemus, le plus grand frisson purement orchestral est assurément venu de la Suite du Mandarin merveilleux que cet orchestre a interprété. Si j'avais lu le synopsis de ce ballet-pantomime avant de venir, je n'ai pas véritablement réussi à faire le lien entre ce que j'entendais et l'histoire. J'ai seulement reconnu que le rôle de la prostituée était joué par la (magnifique) clarinette. Plutôt que de penser à l'histoire, je me demandais s'il était possible de faire rugir un orchestre de façon plus impressionnante. Choquant. Sidérant. Un régal !

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 21:00

Budapesti Fesztiválzenekar

Kovács István, A kékszakállú herceg (basszus)

Komlósi Ildikó, Judit (mezzoszoprán)

Gera Marina, Hekler Melinda, Szilágyi Csenge, korábbi feleségek

Szlávik Juli, jelmez

Baumgartner Sándor, fény

Fischer Iván, vezényel

A kékszakállú herceg vára

Parmi les diverses merveilles composées par Bartók que j'ai entendues en 2012, celle qui m'a décidé de venir à Budapest pour le Bartók-Maraton était A kékszakállú herceg vára (Le Château de Barbe-Bleue) interprété par l'Orchestre de Paris en octobre. C'est l'œuvre qui était programmée pour clore le Bartók-Maraton. De façon cohérente avec le propos de l'opéra, on a pour ainsi dire fait l'obscurité dans la salle. C'est le chef d'orchestre Iván Fischer lui-même qui a joué le rôle du barde. Au milieu de ce court prologue, Iván Fischer a commencé à diriger de dos le Budapest Festival Orchestra. Même si j'avais relu le livret quelques jours auparavant, je n'ai pas compris un traître mot de ce qu'Iván Fischer a dit, mais c'était impressionnant et cela m'a immédiatement mis dans l'atmosphère troublée de cet opéra dont je ne suis sorti qu'une heure plus tard, envoûté que j'étais par le flux musical et le chant des deux solistes. Je n'ai été en quelque sorte déconcentré que lorsque j'ai reconnu quelques mots dans le texte comme lorsque Judith se plaint qu'il fasse froid (hideg, comme quoi cela sert d'aller aux bains !), quand elle dit merci à Barbe-Bleue (köszönöm) ou quand le nom de Barbe-Bleue est mentionné (kékszakállú). Je ne me suis pas repéré très précisément dans le succession des ouvertures de portes. Toutefois, dans la musique, l'apparition de sons stridents signalent régulièrement l'effroi de Judith qui voit ou croit voir du sang un peu partout. Dans le délice auditif constitué par l'opéra, les moments que je trouve les plus délectables interviennent lors de l'ouverture des troisième (le trésor tintant) et sixième porte (les larmes évoquées par un glissando de harpe). Pour l'ouverture de la septième porte, trois comédiennes interprétant le rôle des trois ex-épouses se sont rapprochées du centre de la scène. Jusque là, elles étaient au fond de la scène, cachées par des voiles. Portant des robes aux traînes excessivement longues, elles ont fait de Judith une des leurs. J'ai été ému par la sincérité exprimée par Barbe-Bleue (István Kovács), en particulier dans les moments où ses nuances étaient les plus piano. Si j'avais pu suivre le texte hongrois, je l'aurais sans doute été tout autant par Ildikó Komlósi (Judith). Le moment le plus émouvant du concert a été pour moi le silence de quelques secondes entre la fin de l'opéra et le début des applaudissements.

(Je ne l'ai pas encore visionné en entier, mais on peut voir et écouter sur YouTube un film fait à partir de cet opéra dans lequel le rôle de Barbe-Bleue est interprété István Kovács. Celui de Judith est interprété par Klára Kolonits que par le plus grand des hasards j'ai entendue dans le rôle de Donna Anna dans Don Giovanni vendredi dernier...)

Voilà, mon Bartók-Maraton est maintenant tout à fait terminé... C'est quand la prochaine fois qu'un orchestre hongrois vient à Paris jouer du Bartók ?

Ailleurs : Paris ― Broadway, Klari, vadalmacsutka.

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La maison de Bartók

2013-02-06 11:00+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Budapest — Photographies

Lors de ce week-end, la journée de dimanche étant complètement occupée par le Bartók-Maraton, le lundi matin à la récupération et mon arrivée le vendredi ayant été trop tardive pour entreprendre des visites touristiques, il ne me restait que le samedi pour me promener.

Le matin, je suis allé aux bains Gellért. Les voûtes couvertes de mosaïques sont belles, les deux heures que j'y ai passées ont été agréables, mais à mon avis cela ne justifie pas de payer 5500 forints (environ 20€) pour entrer, ce qui est significativement plus qu'ailleurs.

Pont de l'Indépendance et Bains Gellért

La pluie peu aimable tombant ce samedi à Budapest a failli me faire envisager de passer tout le reste de la journée à manger des pâtisseries. En marchant depuis les bains Gellért jusqu'à l'arrêt de bus de la ligne 5, je me suis fait arroser deux ou trois fois par les giclées dues au passage des voitures sur les trop nombreuses flaques d'eau qui se forment dans les rues. À certains endroits, je me disais que si les troittoirs étaient aussi larges, c'était pour que les piétons rasant les murs ne soient dans les trajectoires de l'eau épousant la forme d'un cylindre parabolique.

Maison de Bartók

Après avoir pris le bus 5 et marché un peu, je suis arrivé à la maison dans laquelle Bartók a vécu dans les années 1930. J'ai pu poser sac, manteau et parapluie pour faire la visite à sec. Des partitions accueillent le visiteur dans la cage d'escalier :

Maison de Bartók

Les trois pièces visitables renferment essentiellement des meubles en bois ornés de motifs sculptés colorés ou non. Un piano, un tourne-disque, quelques partitions.

Maison de Bartók

Maison de Bartók

Maison de Bartók

Maison de Bartók

Le plus émouvant est à voir à l'étage supérieur où sont exposés divers objets liés aux travaux d'ethnomusicologie de Bartók.

Maison de Bartók

On peut y voir une sorte de fourchette à 5 pointes permettant de tracer à l'encre des portées de musique, ou encore un métronome de poche :

Métronome de poche

Parmi les objets collectés, quelques instruments dont une vielle à roue :

Vielle à roue

Et quelques costumes traditionnels :

Maison de Bartók

Une statue du grand homme est installée devant la maison :

Bartók

Cliquer ici pour voir les autres photographies que j'ai faites ce jour-là.

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Bartók-Maraton II/IV/VI/VIII/X

2013-02-05 10:40+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Budapest

Je viens de passer un week-end à Budapest. La raison principale de ce séjour était le Bartók-Maraton (Marathon Bartók en français), une série complètement folle de onze concerts Bartók sous la direction artistique d'Iván Fischer donnés au Palais des Arts pendant une seule journée. Les concerts ont eu lieu alternativement dans la grande salle (Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem) et dans l'amphithéâtre (Fesztivál Színház). Le placement en I. em oldalerkély bal (les premières bergeries du côté gauche) réduit au minimum la distance à parcourir pour passer d'une salle à l'autre. Les concerts s'enchaînent en effet très rapidement : il y a rarement plus de dix minutes d'entr'acte. Il faut choisir entre grignoter, boire ou plus prosaïquement aller aux toilettes. Un verre de vin blanc (excellent), deux cafés, quelques gorgées d'eau, une tablette de chocolat aux noisettes, je n'ai rien pris d'autre au cours de cette journée-marathon. Pourtant, si des signes de fatigue physique sont apparus en fin d'après-midi, je crois bien avoir réussi à rester concentré sur la musique pendant tous les concerts qui ont tous été de très bons à fantabullissimes. Je ne vais pas les recenser dans l'ordre chronologique, mais dans un ordre d'intérêt ou d'émerveillement personnel (très légèremment) décroissant ; c'est évidemment très subjectif. Je vais me limiter dans ce billet aux concerts donnés dans la petite salle nommée Fesztivál Színház. Je reviendrai sur les six autres concerts donnés dans la grande salle dans un prochain billet.

J'ai recopié les programmes en gardant les noms propres dans l'ordre hongrois (nom suivi du prénom) et j'ai laissé en VO les titres d'œuvres, le nom des instruments, etc. J'aime bien l'idée de garder ces informations sans qu'il y ait de perte par rapport au programme uniquement en hongrois distribué pendant la journée et annoncé sur Internet. Cela me fait aussi travailler un peu mon hongrois... qui est passé au cours de ce séjour de zéro à pas grand'chose. (En cas de problème, utilisez Google Translate, même si le résultat est parfois étonnant...)

Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 14:00

Nyíregyházi Cantemus Kórus

Szabó Dénes, Szabó Soma, vezényel

Egynemű és vegyes karok: Tavasz, Ne hagyj itt!, Jószágigéző, Leánynéző, Bolyongás, Leánykérő, Csujogató, Eladó lány, Négy szlovák népdal, Keserves, Senkim a világon, Játék, Ne láttalak volna, Bánat, Cipósütés, Párnás táncdal, Kánon, Isten veled!.

Pour ce programme de chœurs mixtes et non-mixtes, les sages tenues colorées des choristes inspirent a priori la sympathie tout comme le sourire bonhomme du premier chef de chœur de cet ensemble Nyíregyházi Cantemus Kórus. Je n'osais toutefois pas croire que ce concert me procurerait un plaisir aussi pur. Pour moi, ce concert a été émotionnellement le point culminant du Bartók-Maraton. Les choristes ayant atteint ou dépassé la vingtaine d'années se sont positionnés sur toute la longueur des deux allées entourant les rangées de sièges de l'amphithéâtre. Les autres forment plusieurs rangs sur la scène. Pendant le concert, quelques changements de configuration se sont faits de façon très fluide, alors que tous continuaient à chanter. Assis vers le milieu du deuxième rang, j'écoute ce concert non pas seulement en stéréo, mais dans une configuration sonore inconnue de mes sens (un film au son spatialisé en surround, c'est peu de choses en comparaison). Pendant les premières minutes, j'étais complètement ailleurs, entendant un merveilleux instrument polyphonique et mon impression s'est prolongée jusqu'à la fin du concert. Je n'imaginais pas que des chœurs dont certains s'approchent du genre des chants populaires pouvaient atteindre un tel niveau de raffinement et me procurer un plaisir que même les plus belles œuvres chorales de Bach (pour parler de ce que je connais un peu) ne m'ont fait ressentir, alors même que je n'ai absolument aucune idée du sens des textes chantés.

Pour quelques uns des chœurs, une des choristes jouait un accompagnement au piano, mais pour l'essentiel il s'est agi de chœurs a cappella. Avant chaque morceau de musique, une des choristes chantait brièvement une note après avoir écouté son diapason. En toute simplicité, comme si tout allait de soi, ce chœur m'a donné à entendre un de ces concerts prodigieux qui justifient d'aller inlassablement assister à des spectacles.

Voici un aperçu du travail du chœur d'enfants de cette formation. Note pour plus tard : me procurer ce CD. En attendant, retrouver un peu de l'émotion initiale procuré par Tavasz dans cette interprétation du chœur Kodály de Fukushima.

Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 11:30

Mikrokozmosz (részletek)

Vigh Teodóra (Hubay Jenő Alapfokú Művészeti Iskola, Budapest ; Homor Istvánné, tanára)

I. füzet: Kérdés és felelet (14), Ellenmozgás (17), Imitácio és fordítása (23), Szinkópák (27), Tánc kánon formában (31)

II. füzet: Kromatika (54), Staccato és legato (38), Minuetto (50), Délszlávos (40)

Magyar Valentin (Rózsavölgyi Márk Alapfokú Művészetoktatási Intézmény, Balassagyarmat ; Somogyvári Ildikó, tanára)

III. füzet: Hommage à J. S. B. (79), Kromatikus invenció 2. (92)

IV. füzet: Felhangok (102), Nóta (116)

V. füzet: Dobbantós tánc (128), Perpetuum Mobile (135)

Heinrich Attila Henrik (Miskolci Egressy Béni-Erkel Ferenc Zeneiskola & AMI ; Csabay Csilla, tanára)

IV. füzet: Népdalféle (100), Báli szigetén (109)

V. füzet: Staccato (124), Váltakozó ütem (126), Falusi tréfa (130), Paprikajancsi (139)

Radnóti Róza (Járdányi Pál Zeneiskola, Budapest ; Becht Erika, tanára)

VI. füzet: Hat tánc bolgár ritmusban (2) (149), Tört hangzatok váltakozca (143), Ostinato (146)

Forró Fruzsina (Tóth Aladár Zeneiskola, Budapest ; Eckhardt Gábor, tanára)

VI. füzet: Kis másod- és nagy hetedhangközök (144), Mese a kis légyről (142), Szabad változatok (140)

En parcourant le programme du Marathon il y a quelques jours de cela, je m'étais réjoui du fait que les extraits de cette œuvre en six volumes destinée à l'apprentissage du piano soient joués par des élèves d'écoles de musique (Zeneiskola). Quelle belle idée ! Il est pourtant évident que c'est ainsi qu'il faut le représenter ; je n'imagine même pas que les organisateurs aient envisagé de le faire autrement ! Mes propres capacités techniques se limitent à un sous-ensemble de ce qu'a joué la toute première élève. J'ai reconnu certains des morceaux. Au fur et à mesure que l'on progressait, les élèves devenaient de plus en plus grands et exprimaient chacun à sa manière sa personnalité.

Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 18:00

Báll Dávid, Marouan Benabdallah, zongora

Dénes Roland, Joó Szabolcs, ütőhangszerek

Szonátá két zongorára és ütőhangszerekre

Kádár István, hegedű

Ács Ákos, klarinét

Fejérvári Zoltán, zongora

Kontrasztok

Ce concert de musique de chambre était en deux parties disjointes. Il y eut d'abord la sonate pour deux pianos et percussions. Les deux tourneurs de pages sont très fortement mis à contribution puisque chaque page contient au plus deux ou trois systèmes de portées. Un incident assez sérieux de tourne aura d'ailleurs lieu avec le piano nº1. L'œuvre me déroute quelque peu dans le premier mouvement, mais j'ai adoré les deuxième et troisième mouvements. Cette œuvre rappelle que le piano est aussi un instrument à percussions et que la timbale a également un rôle mélodique. De quelle belle façon la timbale a ainsi repris un thème introduit par un des pianos ! Ce qui m'a le plus réjoui dans cette œuvre est peut-être le xylophone espiègle du troisième mouvement.

Dans Contrastes, je ne me suis délecté du son du clarinettiste, qui me faisait retenir mon souffle quand il jouait dans les nuances les plus douces. La relative aisance apparente du clarinettiste contrastait avec la virtuosité manifestement exigée du violoniste, lequel a joué de deux violons (pas en même temps, hein) dont l'un était dénué de coussin. Autant que je m'en souvienne, le changement d'instrument a eu lieu pour un passage dans un style faisant penser au folklore hongrois. D'après Wikipedia, le troisième mouvement est joué sur un violon accordé d'une façon inhabituelle. Je ne me souviens plus si cela a coïncidé avec le changement de violon ou si le violoniste a changé l'accord en cours de route. En tout cas, cette œuvre étrangement délicieuse m'a plu !

Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 20:00

Kelemen-kvartett

Keleman Barnabás, hegedű

Homoky Gábor, brácsa/hegedű

Kokas Katalin, hegedű/brácsa

Kokas Dóra, cselló

II. ès V. vonósnégyes

Ma capacité d'émerveillement était-elle épuisée pour cet avant-dernier concert du programme ? Avait-ce été une erreur de ma part d'écouter les enregistrements de ces deux quators à cordes enregistrés par le quatuor Keller ? Ce qui est sûr, c'est que j'attendais trop de ce concert. Je ne sais pas comment cela aurait pu être mieux (peut-être en étant placé un peu plus loin des musiciens pour que les sons fondent mieux ?), mais j'espérais un choc plus radical encore que celui que j'avais ressenti à l'écoute du quatuor nº4 par le Quartetto di Cremona lors de la master-class de Kurtág à la Cité de la Musique. Bartók pouvait-il encore me bousculer après que j'ai entendu quelques minutes plus tôt Le Mandarin merveilleux ?! Bref, ce Bartók-Maraton me conforte dans l'idée que l'opinion que l'on se fait d'un concert dépend autant des œuvres et de leur interprétation que de l'état d'esprit dans lequel on franchit les portes de la salle. Je n'ai ainsi donc que moyennement aimé l'interprétation du quatuor nº2, mais le quatuor nº5 m'a vraiment beaucoup plu. Les musiciens étaient ainsi disposés, de gauche à droite : violon I, violoncelle, alto, violon II. J'ai été plus souvent habitué à voir V1/V2/alto/violoncelle ou V1/V2/violoncelle/alto, mais j'aime l'idée que le violon II fasse face au violon I ; j'imagine que ce choix original est influencé par les œuvres. Une particularité étonnante de ce concert est que le violon II et l'altiste du quatuor nº2 ont échangé leurs instruments pour le quatuor nº5 (je ne suis pas assez observateur pour savoir s'ils ont vraiment échangé les instruments ou s'ils ont chacun leur alto et leur violon !). Une autre des facéties de ces deux musiciens dans le nº5 est que pendant une longue phrase de l'altiste, le violon II lui a tourné la page. Si ce concert ne m'a pas plu autant que je l'aurais voulu, j'ai adoré ce quatuor nº5 et les fameux pizz. en glissando du violoncelle du quatrième mouvement.

Ce quatuor jouera entre autres ce quatuor nº5 de Bartók le 27 février à l'Auditorium du Louvre.

Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 16:00

Várjon Dénes, zongora

Szóló zongoraművek: Két elégia op. 8b, Sz. 41, Szvit op. 14, Sz. 62, Szonatina, Sz. 55, BB 69, Improvizációk op. 20, Sz. 74

Ce concert d'œuvres pour piano solo est le seul qui ne m'ait pas franchement plu dans l'ensemble des onze concerts du Bartók-Maraton. Je n'ai aimé ni les deux Élégies ni la Sonatine ni les Improvisations, des œuvres qui m'ont laissé au bord du chemin. En revanche, j'ai beaucoup aimé la Suite. (J'ai l'impression que le pianiste a joué comme s'il était dans une salle beaucoup plus grande que l'amphithéâtre, ce qu'il fera plus tard dans la journée. Ainsi, j'ai parfois éprouvé un sentiment de trop plein sonore.)

Ailleurs : Paris ― Broadway, Klari, vadalmacsutka.

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Quelques photographies de Budapest

2012-06-23 23:48+0200 (Orsay) — Budapest — Photographies

Entre deux représentations du Ring, j'ai fait quelques photographies à Budapest, certaines avec mon téléphone, d'autres avec mon Réflex. Elles sont toutes à la suite sur cette page. On y voit notamment le Palais des Arts, le Parlement, le Château et le Danube...

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Le Ring de Budapest

2012-06-22 17:56+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Budapest

À l'automne, j'avais découvert la Symphonie Écossaise à la sauce Cleveland. J'avais sincèrement aimé. Et puis, j'entendis à nouveau cette œuvre lors d'un concert de l'Orchestre de Paris. Le plaisir d'écoute avait alors été tout autre. Une autre métamorphose s'était produite avec le concerto pour piano nº2 de Bartók, joué par ce même orchestre sous la direction de Pierre Boulez. J'avais aimé, mais là encore, quand les musiciens du Budapest Festival Orchestra (dirigés par Iván Fischer) vinrent à Pleyel pour l'interpréter, j'eus l'impression d'entendre une autre œuvre, tellement supérieure à ce que j'avais entendu la première fois.

Entre le Ring donné en 2010 et 2011 à l'Opéra Bastille sous la direction de Philippe Jordan et celui que je viens d'entendre à Budapest avec Laurent et Klari, c'est le même genre de phénomène qui s'est produit, et ce sont encore des musiciens hongrois qui se distinguent par leur interprétation ! Je commence à souscrire à l'opinion de Klari selon laquelle les Hongrois auraient, du fait de leur langue, une prédisposition à bien jouer les accents. Le rythme de la musique n'en est que plus perceptible. Le phénomène est particulièrement frappant pour les contrebasses de l'orchestre symphonique de la radio hongroise, qui font mur au fond de la fosse, au centre. À chacune de leurs entrées, c'est comme si le sol se mettait à trembler tellement ils sont énergiques. Ils ont confiance en la solidité de leur archet et de leurs cordes. Parfois, c'est comme s'ils écrasaient celui-ci sur celles-là. Pour moi, c'est du jamais vu... Si les impressionnantes contrebasses sont les plus adorables à regarder (et le contrebassiste solo présent pour Das Rheingold et Die Walküre était époustouflant), les autres pupitres de cordes ne sont pas en reste. Les quelques moments de la tétralogie où seuls les instruments à cordes jouaient m'ont procuré un immense plaisir.

Les instruments à vents sont magnifiques également. Je ne sais si je dois cette sensation à la bonne acoustique de la salle ou au fait d'avoir vue sur les vents, mais pour la première fois j'ai pu apprécier certains aspects de l'orchestration de Wagner que je ne soupçonnais pas, notamment la modification du timbre des cordes par la superposition de vents (les flûtes tout particulièrement).

Le son parfois clair parfois inquiétant des cuivres (surtout quand ils jouent avec la sourdine) serait tout à fait inouï pour moi si un autre orchestre hongrois ne m'avait initié à ces sonorités dans Bartók. Dans la scène où Siegfried essaie de communiquer avec l'Oiseau, le cor anglais fera rire de bon cœur toute la salle en jouant (volontairement) faux. Passant juste après lui, le cor solo viendra impérialement jouer le motif de l'Appel du fils des bois, la salle retenant son souffle devant tant de majesté, alors que le musicien est comme seul au monde, sur scène, en habit. Avant chaque acte, une fanfare composée de quelques musiciens de l'orchestre interprétait formidablement bien quelque motif tiré de l'acte qui allait suivre. Lors de la toute dernière fanfare, alors que nous étions tous près d'eux, Klari, Laurent et moi n'avons pas pu nous retenir de continuer à applaudir alors qu'ils repartaient : nous avons eu droit à un salut et un merci rien que pour nous.

Ce serait mentir d'affirmer que l'orchestre ait été parfait pendant les quinze heures de musique de ce Ring, mais ils ont fait preuve de tant de qualités que les petites imperfections paraissent peu de choses par rapport au plaisir procuré. J'ai ainsi aimé voir les musiciens d'orchestre communiquer entre eux. À un moment, un contrebassiste un peu paniqué faisait désespérément signe à son co-pupitre de tourner la page. Le co-pupitre chargé des tournes, malgré une fatigue physique bien perceptible, essayait de le rassurer en lui montrant que le contrebassiste solo était à la même page qu'eux. On a aussi pu voir quelques chuchotements. Alors qu'avec d'autres orchestres, cela donne parfois l'impression que les instrumentistes se désintéressent passagèrement de la musique, avec ces musiciens hongrois, les chuchotis et autres gestes échangés me semblent au contraire le signe d'une envie de bien faire, de rassurer les uns et les autres, bref de faire corps pour affronter tous ensemble l'édifice musical wagnérien.

L'artisan de ce succès est le chef d'orchestre Ádám Fischer. Je l'avais déjà adoré dans La Clémence de Titus à l'Opéra Garnier en septembre dernier. Ici, il dirige parfois assis parfois debout. Dans le prélude de L'Or du Rhin commencé dans l'obscurité totale tout comme se finira Le Crépuscule des Dieux, il dirigera avec une loupiote rouge au bout de sa baguette. Si dès l'entrée dans la salle, j'eus le sentiment que je reviendrais à Budapest une autre fois, quand le Rhin a commencé à se manifester dans la musique, j'étais rassuré, conquis par la faculté de l'orchestre que je découvrais à m'émouvoir. Le retour du Rhin dans Götterdämmerung sera un autre grand moment pour moi. De telles extases musicales (à fort potentiel lacrimal), le chef et les musiciens nous en ont concocté un certain nombre :

  • Le crescendo de fous furieux à la fin de Rheingold (de l'intérêt de commencer les crescendos sur des nuances toutes douces...). (Les cuivres ! les timbales !)
  • La Tempête au début de Die Walküre.
  • Le sublime passage où différents vents (en commençant par la clarinette basse) se passent le motif de la Soumission de Brünnhilde.
  • Le crescendo dans la dernière scène du premier acte de Siegfried dans lequel le motif de Loge est mis en valeur.
  • La version canon du motif du Traité.
  • Les murmures de la forêt. (La clarinette !)
  • Le prélude à la scène de l'enlèvement de Brünnhilde dans Götterdämmerung
  • La marche funèbre de Siegfried.
  • La scène finale !

Si j'ai beaucoup loué l'énergie des musiciens, l'interprétation n'en étant pas pour autant moins analytique, finalement. Certains détails n'étaient certes peut-être pas autant mis en valeur que par d'autres chefs. Pourtant, je n'en tire aucune frustration parce que j'ai entendu d'autres détails insoupçonnés. J'ai eu le sentiment de bien rentrer dans l'univers motivique de Wagner au cours des représentations des trois premiers opéras : Das Rheingold, Die Walküre et Siegfried. Il ne s'est alors pour ainsi dire pas présenté un seul moment où je ne susse faire correspondre aux motifs entendus les idées correspondantes. Je ne vise ici que ce qui était mis au premier plan du flux musical. Il en est allé tout autrement dans Götterdämmerung : j'ai très vite été complètement perdu tant les motifs sont en permanence suggérés, empilés, réorchestrés.

Passons maintenant à la mise en scène, aux décors, etc. Les chanteurs (qui sont presque tous en habits) évoluent sur un dispositif scénique unique pendant toute la durée du Ring. Une estrade au milieu prolongée de quelques marches conduisant à une étroite passerelle collée à un large écran sur laquelle des vidéos sont projetées. Les comédiens ou chanteurs situés derrière l'écran paraissent parfois en ombres chinoises. La première image que je croie avoir vue est celle d'une méduse se transformant en la chevelure d'une fille du Rhin, laquelle reviendra à la fin du cycle. Pour le reste, les vidéos projetées ne semblent régies par aucune vision d'ensemble. Le Walhalla sera représenté comme un gratte-ciel dans Das Rheingold, et puis cette image disparaîtra complètement par la suite. Parmi les images marquantes, je retiens la tempête de neige sur quelque montagne au début de Die Walküre, la déchéance de Brünnhilde représentée par la vision du sol qui se rapproche à toute vitesse comme si on sautait du Walhalla en parachute. L'évocation du fil tissé par les nornes, le voyage sur le Rhin moderne en sont d'autres. La scène d'immolation de Brünnhilde sera intelligemment conçue également, puisque des flammes commenceront à paraître sur un des écrans à surtitres situé en hauteur.

Du point de vue de la mise en scène proprement dite, je n'ai rien vu qui puisse susciter l'adhésion totale ou le rejet absolu. Je pense qu'il faut considérer ces représentations comme des versions de concert améliorées. L'orchestre est tellement formidable que j'ai de toute façon eu du mal à détourner mes yeux de la fosse. Si je n'ai pas compris pourquoi ni Siegmund ni Siegfried n'a jamais brandi l'épée (alors que Wotan tenait sa lance), il m'a semblé avoir remarqué quelques bonnes idées dans cette mise en scène. Par exemple, la façon dont au début de Siegfried l'épée était représentée par une feuille de papier déchirée en deux morceaux sur lesquels étaient dessinés deux morceaux de l'épée (qui est brisée au cours de Die Walküre). Quand Siegfried aura l'idée de réduire l'épée en limaille avant de la forger à nouveau, il déchirera les deux bouts de papier de façon à obtenir de tout petits morceaux. C'est plutôt bien vu, je trouve.

Il me reste à parler des chanteurs. On ne va pas pinailler : je les ai tous trouvés excellents ! (La distribution détaillée apparaît à la fin de ce billet.) J'ai tout particulièrement aimé le ténébreux Walter Fink (Hunding), l'endurant Christian Franz (Loge/Siegmund/Siegfried), le touchant Juha Uusitalo (Wotan), l'attachant Hagen (Matti Salminen). J'ai été impressionné par le chœur des Walkyries répondant aux questions de Wotan à propos de Brünnhilde dans Die Walküre. Le chœur du Crépuscule des Dieux a été superlatif aussi... Enfin, dans le rôle de Brünnhilde, je découvrais Irène Theorin. Si son vibrato était quelque peu prononcé dans les acrobaties vocales du cri d'appel des Walkyries, elle a parfaitement réussi à m'émouvoir par la suite !

Saluts à la fin du Ring

Ailleurs : Laurent (Das Rheingold, Die Walküre, Siegfried, Götterdämmerung), Klari.

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2012-06-12

Juha Uusitalo, Wotan

Oskar Hillebrandt, Donner

Ladislav Elgr, Froh

Christian Franz, Loge

Németh Judit, Fricka

Szabóki Tünde, Freia

Kovácz Annamária, Erda

Hartmut Welker, Alberich

Gerhard Siegel, Mime

Walter Fink, Fafner

Bretz Gábor, Fasolt

Wierdl Eszter, Woglinde

Megyesi Schwartz Lúcia, Wellgunde

Mester Viktória, Flosshilde

Fischer Ádám, direction musicale

Hartmut Schörghofer, mise en scène et décors

Christian Martin Fuchs, dramaturgie

Teresa Rotemberg, chorégraphie

Corinna Crome, costumes et marionnettes

Andreas Grüter, lumières

Momme Hinrichs, Torge Møller (fettFilm), vidéo

Rebekka Stanzel, assistante à la mise en scène

Magyar Rádió Szimfonikus Zenekara

Das Rheingold, Wagner

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2012-06-13

Christian Franz, Siegmund

Walter Fink, Hunding

Juha Uusitalo, Wotan

Michaela Kaune, Sieglinde

Irène Theorin, Brünnhilde

Németh Judit, Fricka

Wittinger Gertrúd, Helmwige

Szabóki Tünde, Gerhilde

Érsek Dóra, Waltraute

Várhelyi Éva, Siegrune

Mester Viktória, Rossweise

Bakos Kornélia, Grimgerde

Kovácz Annamária, Schwertleite

Fischer Ádám, direction musicale

Hartmut Schörghofer, mise en scène et décors

Christian Martin Fuchs, dramaturgie

Teresa Rotemberg, chorégraphie

Corinna Crome, costumes et marionnettes

Andreas Grüter, lumières

Momme Hinrichs, Torge Møller (fettFilm), vidéo

Rebekka Stanzel, assistante à la mise en scène

Magyar Rádió Szimfonikus Zenekara

Die Walküre, Wagner

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2012-06-15

Christian Franz, Siegfried

Gerhard Siegel, Mime

Juha Uusitalo, Der Wanderer (Wotan)

Hartmut Welker, Alberich

Matti Salminen, Fafner

Gál Erika, Erda

Irène Theorin, Brünnhilde

Gál Gabi, Stimme eines Waldvogels

Fischer Ádám, direction musicale

Hartmut Schörghofer, mise en scène et décors

Christian Martin Fuchs, dramaturgie

Vida Gábor, chorégraphie

Corinna Crome, costumes et marionnettes

Andreas Grüter, lumières

Momme Hinrichs, Torge Møller (fettFilm), vidéo

Rebekka Stanzel, assistante à la mise en scène

Magyar Rádió Szimfonikus Zenekara

Siegfried, Wagner

Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem, Művészetek Palotája, Budapest — 2012-06-17

Christian Franz, Siegfried

Oskar Hillebrandt, Gunther

Matti Salminen, Hagen

Hartmut Welker, Alberich

Irène Theorin, Brünnhilde

Markovics Erika, Gutrune

Gál Erika, 1. Norne

Németh Judit, Waltraute, 2. Norne

Szabóki Tünde, 3. Norne

Wierdl Eszter, Woglinde

Megyesi Schwartz Lúcia, Wellgunde

Mester Viktória, Flosshilde

Fischer Ádám, direction musicale

Hartmut Schörghofer, mise en scène et décors

Christian Martin Fuchs, dramaturgie

Vida Gábor, chorégraphie

Corinna Crome, costumes et marionnettes

Andreas Grüter, lumières

Momme Hinrichs, Torge Møller (fettFilm), vidéo

Rebekka Stanzel, assistante à la mise en scène

Magyar Rádió Szimfonikus Zenekara

Götterdämmerung, Wagner

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Művészetek Palotája, le Palais des Arts de Budapest

2012-06-20 00:18+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Budapest

Le Müpa (et plus précisément le Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem) est une des salles de spectacle de Budapest. Depuis le centre de Budapest, on y accède par la ligne 2 du tramway : c'est la ligne qui longe le Danube. Le bâtiment inauguré en 2005 est moderne :

Le Müpa

De nuit, il est beau à voir aussi :

Le Müpa

L'intérieur peut paraître tarabiscoté, mais l'endroit est pratique et agréable. Les spectateurs n'ont pas à se marcher sur les pieds pendant les entr'actes d'une heure au cours des représentations du Ring. Divers escaliers, escalators, ascenseurs permettent de rejoindre les différents étages. Ce n'est qu'au dernier moment, avant d'accéder à son siège, que l'on montre son billet à l'ouvreur. On a alors davantage l'impression de demander un renseignement utile que de passer le contrôle. On circule librement dans les autres parties de la salle, ses nombreux cafés, son restaurant (délicieux menu Wagner à 15€ pendant le Ring !). Les comptoirs servent un large choix de boissons et de pâtisserie. L'atmosphère générale est à la détente, ce qui aide aussi pour commander un Cappy Narancs (ou, plus difficile, un Cappy Őszibarack). Il est possible de manger et boire dans les multiples terrasses accessibles (certains ont même apporté leur pique-nique). (Sinon, pour ceux que cela intéresse, le Wifi gratuit fonctionne très bien. En arrivant le premier jour, je l'ai utilisé pour accéder à Google Translate dans l'idée de traduire les messages de la machine à imprimer les billets de spectacle. Celle-ci ne parlait que hongrois... et refusa d'imprimer mes billets. Les guichetières, qui elles parlent très bien anglais, ont réussi à régler mon problème.)

Ce que j'apprécie tout particulièrement dans l'architecture du bâtiment, c'est l'omniprésence du bois. Il est bien sûr visible dans la salle proprement dite où il doit contribuer à l'acoustique :

Le Müpa

(Noter la présence d'un curieux assemblage de gros blocs de bois suspendus plus ou moins au-dessus de la fosse d'orchestre. Outre une fonction esthétique, je présume qu'ils doivent avoir une influence bénéfique sur les sensations acoustiques des spectateurs assis au parterre.)

Le bois est tout sauf caché, comme on peut le voir sur cette photographie montrant les musiciens de la fanfare annonçant la reprise de la représentation à la fin du premier entr'acte de Siegfried :

Fanfare

Ci-dessus, les musiciens sont installés au niveau du premier balcon sous la coque en bois entourant la salle de spectacle comme un cocon. Pour accéder à la terrasse, on peut passer par des escaliers-galeries dans lesquels on est entouré de bois dans toutes les directions (ou presque, seul le tapis recouvrant les marches est fait d'un autre matériau, évidemment plus souple).

Les sièges sont confortables et les rangs semblent bien aérés. On ne risque pas de se faire mal aux genoux. Le surtitrage est bilingue hongrois-allemand. Un deuxième dispositif de surtitrage est présent pour permettre aux spectateurs qui ne verraient pas le premier de pouvoir suivre le texte.

Au fond de la scène, au premier étage, on voit les tuyaux d'un orgue qui est paraît-il du dernier cri (en tout cas, comment ne pas le penser en visionnant cette vidéo ‽). Il serait à commande électronique. L'organiste peut ainsi en jouer tout en étant sur scène dans une position qui permette aux spectateurs de le voir, comme on peut l'observer sur cette vidéo de concert.

Fréquenter un tel havre musical pendant une semaine rend très difficile le retour à la réalité parisienne. Il me faudra un certain temps pour apprécier à nouveau la Salle Pleyel, qui est pourtant la salle de concert parisienne que je préfère. Le retour au stress parisien a en effet été trop brutal pour moi. Dans le métro, j'ai l'impression que tout le monde veut me rentrer dedans. Au concert de lundi dernier, une ouvreuse de Pleyel insiste auprès d'une certaine petite équipe de blogueurs franco-budapestois papotant dans le hall pour que chacun rejoigne sa place. On se bouscule dans les escaleirs, dans les allées, dans le foyer... J'ai ainsi été soulagé de partir à l'entr'acte de ce concert LSO/Haitink/Pires. Ceci étant dit, la raison principale de ma fuite a été ma fatigue. Le concerto nº23 de Mozart m'a paru tellement court que je ne pense pas être resté éveillé tout du long. Avant cela, j'avais été très agréablement surpris par l'interprétation de la Chaconne en sol mineur de Purcell. Certes, il s'agit de musique anglaise jouée par un orchestre anglais, mais il est remarquable qu'un orchestre non spécialisé dans la musique baroque joue aussi bien une telle œuvre (pour instruments à cordes uniquement).

Pour finir ce billet, voici une vue sur le Danube depuis une des terrasses du Palais des Arts :

Vue sur le Danube depuis le Müpa

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Un trio de Beethoven

2012-06-19 09:41+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danses indiennes — Budapest

Liszt Ferenc Kamaterem Concert Hall, Budapest — 2012-06-16

Ilona Prunyi, piano

Ádám Banda, violon

Ditta Rohmann, violoncelle

Trio en si bémol majeur, op. 97 (Beethoven)

Samedi soir, je suis allé au Liszt Ferenc Kamaterem Concert Hall, à quelques pâtés de maison de l'appartement, lequel se trouve aussi tout près d'une rue dont les bâtiments sont criblés d'impacts de balles...

Je suis arrivé un tout petit peu en avance au concert qui avait lieu dans le cadre du festival Múzeumok Éjszakája. J'ai ainsi pu entendre depuis l'extérieur de la salle des frappes de mains sur les cuisses et des pieds sur le sol d'un groupe de 14 jeunes danseurs que j'ai vus ensuite quand j'ai pu me faufiler vers un siège à la faveur d'une brève ouverture de la porte entre deux numéros dansés. Les quelques minutes de danse que j'ai vues étaient particulièrement virtuoses, la jeunesse et la souplesse des danseurs d'une vingtaine d'années aidant.

Danse folkloriqe hongroise

C'était plus impressionnant que ce que Klari et moi avons pu voir sur la place devant la Maison Gerbeaud au cours de l'après-midi où différents ensembles de danses folkloriques se succédaient sur une scène aménagée pour l'occasion. De façon tout à fait inattendue, on a aussi pu voir quelques minutes de danse kathak !

Accordage du piano

Pour revenir au concert de musique de chambre, la salle de cent places est très belle. Les murs sont d'un blanc immaculé. Au fond de la scène, une peinture monochrome représente notamment Apollon et sa lyre. La pause entre les deux spectacles et le départ de certains spectateurs me permet de me replacer au premier rang, juste en face de la chaise du violoniste Ádám Banda. Cela me permettra aussi d'apprécier le jeu de la violoncelliste qui sera assise à droite. Le clavier du piano sera également en plein dans mon champ de vision. Pendant que l'accordeur de piano finit son œuvre, j'aperçois un petit groupe de jeunes à dreadlocks entrer pour écouter un trio de Beethoven !

Grâce aux indications de Klari, je savais que le violoniste Ádám Banda était assez jeune. La violoncelliste Ditta Rohmann appartient à la même génération (j'apprends en lisant sa biographie qu'elle a déjà joué dans le Chamber Orchestra of Europe et contrairement à ce que son nom peut faire penser, elle est née en Hongrie). Au piano, Ilona Prunyi doit avoir plus de deux fois l'âge des deux précédents. Un certain sentiment d'irréalité s'était emparé de moi quand elle était sortie de la coulisse dans sa très sobre robe bleue à pois blancs. Toutefois, la différence d'âge entre les musiciens ne semble absolument pas un obstacle à leur bonne entente. Les thèmes se passent de l'un à l'autre. Parfois, je suis incapable de dire si certains accords sont le fait de notes jouées en double corde par le violon ou s'ils combinent le son des instruments des deux jeunes musiciens. La façon dont le violoncelle reprend délicatement certaines notes des thèmes joués par le violon est un véritable ravissement pour moi. La violoncelliste a un jeu un peu plus rond que celui du violoniste dont les accents étaient plus marqués, tout comme ses adorables grimaces, que je n'ai vues que de profil.

Au delà des deux jeunes musiciens assis au premier plan, j'ai été frappé par la cohésion du trio tout entier. De ce point de vue-là, la fin du premier mouvement a été absolument merveilleuse. La pianiste dispose par ailleurs d'une sidérante technique pour jouer les crescendos !

S'il ne m'eût pas déplu que le concert durât plus longtemps, j'ai été content qu'aucun bis ne vienne effacer le souvenir de l'unique œuvre qui venait d'être jouée. J'ai été très heureux de pouvoir continuer grâce à ce concert inattendu ma découverte progressive de la musique de chambre de Beethoven.

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Budapest

2012-06-16 14:03+0200 (Budapest) — Budapest

Je suis depuis le début de la semaine à Budapest (en Hongrie, faut-il le préciser ?). La raison principale de venir était le Ring wagnérien au Palais des Arts avec Klari et Laurent. De ce côté-là, après avoir vu trois des quatre opéras, je suis comblé...

Pour le reste, je suis très agréablement surpris par cette ville. Klari et moi avons pu trouver un grand appartement donnant sur une cour intérieure à un prix étonnamment bas. Les rues sont calmes sans être désertes. Les atmosphères peuvent changer subitement : une rue mal éclairée peut se transformer en un équivalent rue Mouffetard quelques pas plus loin. Le système de transports en commun est formidable. La plus agréable des possibilités est le tramway qui quadrille bien la ville, la ligne tournant le long du boulevard circulaire et la ligne longeant le Danube étant particulièrement pratiques.

La ligne de métro 1 est assez particulière. Tout d'abord, il faut apprendre à reconnaître les petits panneaux jaunes indiquant les escaliers. Ceux-ci donnent directement sur les quais. À certains arrêts, il n'y a pas de contrôleurs. J'apprécie l'absence de contrôles, tout comme au Palais des Arts les sacs ne sont pas contrôlés comme cela se fait dans certaines salles parisiennes. Bref, l'atmosphère est beaucoup plus détendue qu'à Paris..

La semaine passe très vite et est rythmée par les représentations du Ring. Cela laisse relativement peu de temps pour parcourir la ville. Je me suis contenté d'une petite visite au château et des promenades en bonne compagnie, notamment à l'île Marguerite (où on peut boire des limonades invraisemblablement délicieuses).

En dehors des musiciens hongrois et de quelques spécialités locales (ne pas se fier à l'apparence des plats, cela peut ne ressembler à rien et être délicieux...), ma grande découverte est celle des bains. Je suis allé à trois d'entre eux. Le plus récent est le Széchenyi. Le bâtiment date du début du vingtième siècle. L'architecture est agréable. Il comporte deux grands bassins extérieurs (séparés par une piscine). Dans le bâtiment voisin, on trouve divers bassins à diverses températures, saunas, hammams. Son seul défaut est qu'il est surtout fréquenté par les touristes.

Dans un autre genre, au bord du Danube, côté Ouest (Buda), j'ai été aux bains Rudas et Király. Ceux-ci ont été construits par les occupants ottomans au seizième siècle. Le bassin principal de ces deux bains est situé sous un très beau dôme troué d'ouvertures par lesquelles la lumière du soleil peut faire quelques percées. Le Rudas est semble-t-il plus excentré que le Király (qui est récemment devenu mixte ; à part un petit vieux à lunettes qui dans le jacuzzi m'a fait du pied de façon suffisamment insistante pour que j'aie des doutes sur ses intentions, l'endroit semble être très sage). J'ai eu l'impression qu'il n'y avait pratiquement que des Hongrois (plutôt âgés) quand j'y suis allé.

Rudas gyógyfürdő

Le Rudas est le bâtiment du seizième siècle le plus moderne que j'aie visité. Les cabines semblent toutes neuves et très modernes (ouverture des portes par bracelet magnétique...). Au contraire, l'intérieur, bien entretenu, fait très authentique et est paisible. Le bassin principal est entouré de quatre petits bassins à diverses températures. Deux portes donnent sur des saunas à diverses températures et un hammam (point faible de l'endroit pour moi : il y avait tellement de vapeur que je ne voyais pas deux mètres devant moi, ce qui n'était pas très rassurant).

Király gyógyfürdő

Le poids des années est bien plus visible au Király, mais l'endroit a un certain charme. Si l'entrée et la sortie se font avec un bracelet électronique, celui-ci ne sert plus à rien pour entrer dans sa cabine puisqu'il faut récupérer une clef auprès d'un homme chargé des cabines. Le bracelet électronique permet néanmoins d'attacher de façon un peu plus sûre la clef à son poignet qu'avec la ficelle lâche qui est fournie. Le hamman est réglé d'une façon qui m'a paru idéale. Les saunas sont très agréables aussi. Un jacuzzi moderne est installé près d'une cour intérieure où quelques uns prennent le soleil.

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