Weblog de Joël Riou

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Pelléas et Mélisande à l'Opéra Comique

2010-06-28 11:32+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Comique — 2010-06-27

Phillip Addis, Pelléas

Karen Vourc'h, Mélisande

Marc Barrard, Golaud

Markus Hollop, Arkel

Nathalie Stutzmann, Geneviève

Dima Bawab, Yniold

Luc Bertin-Hugault, Un médecin

Pierrick Boisseau, Un berger

Max Delor, Agnès Aubé, Martine Demaret, Sophie Dumont, Figurants

Chœur accentus

Orchestre Révolutionnaire et Romantique

Sir John Eliot Gardiner, direction musicale

Stéphane Braunschweig, mise en scène et scénographie

Thibault Vancraenenbroeck, costumes

Marion Hewlett, lumières

Pieter Jelle de Boer, chef du chœur

Pelléas et Mélisande, Claude Debussy

Dernier passage à l'Opéra Comique de la saison et avant longtemps. Il fait horriblement chaud à l'intérieur de la salle. Des éventails en plastique sont cependant gracieusement mis à la disposition du public par le cabinat d'avocats Orrick Rambaud Martel.

Les sur-titres ne sont pas visibles de ma place en loge de face ; regarder les écrans latéraux impose de détourner le regard de la scène. Ce n'est sans doute pas seulement que j'aie visionné un Pelléas et Mélisande en DVD au cours de la semaine si je n'éprouve aucun besoin de lire le texte au fur et à mesure qu'il est prononcé par les chanteurs. Quel choc ! Il s'agit du premier opéra à l'écoute duquel on n'a aucun effort à faire pour entendre ce que disent les interprètes (auquel le compositeur, Debussy, demandait lors de la création d'oublier qu'ils étaient chanteurs). C'est en effet véritablement à du théâtre mis en musique que l'on assiste.

En très court, Golaud (Marc Barrard) épouse Mélisande (Karen Vourc'h) après l'avoir rencontrée dans une forêt où ils se sont tous les deux perdus. Quand ils sont arrivés chez Arkel (Markus Hollop), le grand-père de Golaud, un amour naît entre Mélisande et Pelléas (Phillip Addis), le demi-frère de Golaud. Mais, ils mourront tous les deux : Pelléas au quatrième acte quand Golaud les aura surpris, Mélisande au cinquième après qu'elle aura mis au monde une fille dont la paternité est douteuse.

Les décors existent en deux versions : en grand format, et en petit format, façon jouet pour le petit Yniold. Ils sont constitués de sortes d'anneaux de Saturne en pente et excentrés. Au centre est inséré soit un phare soit rien. C'est très cohérent avec le livret qui évoque la lampe au sommet de la tour qui regarde la mer que Golaud demande dans une lettre, lue par Geneviève (Nathalie Stutzmann), qu'on allume pour lui afin qu'il sache s'il est bienvenu ou non (il a désobéi en épousant Mélisande). La tour apparaît ensuite plusieurs fois dans le livret. C'est aussi à travers une fenêtre de ce phare qu'à la fin du troisième acte, Yniold (Dima Bawab), installé(e) sur les épaules de Golaud, espionnera à sa demande ce que font Pelléas et Mélisande à l'intérieur de la chambre. C'est avec une grande surprise qu'on découvre au deuxième acte, dans la scène de la fontaine (où en jouant avec Pelléas, Mélisande égare son anneau de mariage), que cette fontaine est un trou au milieu de ce même dispositif scénique en pente. Golaud, qui s'est blessé à la chasse pendant ce temps, se retrouve impuissant, les bras bandés au torse, quand il remarque que Mélisande a perdu son anneau. Quelques accessoires (fauteuil roulant, perfusion, couveuse) conformes à l'environnement hospitalier contemporain sont utilisés pour représenter cette blessure de Golaud, mais aussi l'infirmité d'Arkel et plus tard la maternité de Mélisande. Par ailleurs, le fond et les côtés de la scène sont constitués de grands volets, dont une des rares ouvertures possibles est très en hauteur. Cela appuie le sentiment de claustration et de manque de lumière qu'éprouve Mélisande. Les lumières de ce spectacle (Marion Hewlett) sont d'ailleurs excellentes (alors même que l'univers est sombre, on a trouvé le moyen de varier l'éclairage avec cette contrainte tout en faisant en sorte que je distingue toujours très bien les chanteurs, alors même que j'ai oublié de prendre mes jumelles).

Tout est fait dans cette mise en scène de Stéphane Braunschweig pour rendre l'histoire intelligible ; c'est très réussi. Le seul aspect qui m'ait un peu déplu est l'utilisation peut-être excessive du procédé théâtral consistant à faire regarder les personnages vers des objets fictifs qui ne sont pas dans le décor (il doit y avoir un mot grec savant pour dire ça, mais je ne m'en souviens plus). C'est d'ailleurs ainsi que commence l'opéra, alors que Mélisande et Golaud se rencontrent devant le rideau de scène baissé. Golaud remarque un objet qui brille ainsi au fond de l'eau. Il s'agit de la couronne de Mélisande. On n'en saura pas plus. Les deux personnages regardent alors vers la fosse d'orchestre. C'est à la limite de me faire un peu peur pour la suite dans le sens d'une mise en image conceptuelle, mais pour ce passage-là, c'est une idée très bien trouvée. À d'autres moments, je serai un peu moins convaincu. Cela dit, alors même que cette production respecte presqu'autant que possible le texte, il est raisonnable de considérer que l'on peut se passer de quelques éléments de décor que le texte ne mentionne qu'une seule fois.

Cet opéra est tellement différent de tous les autres qu'il est difficile d'avoir une opinion sur les voix. Le fait que les sur-titres m'aient semblé tout à fait superflus et que je ne me sois pas du tout ennuyé est le signe que cela devait être plus que bien. Je dirai juste que Philip Addis (Pelléas) était étincelant et que Karen Vourc'h rendait bien la fragilité juvénile de Mélisande.

D'après le programme, cela devait durer 2h50 entr'acte comprise. Compter plutôt 3h30. Si la musique ne s'arrête jamais à l'intérieur d'un acte, les coupures entre les cinq actes étaient un peu interminables. Peut-être que les instruments de l'Orchestre Révolutionnaire et Romantique de John Eliot Gardiner devaient absolument être réaccordés toutes les demi-heures ? En tout cas, je n'ai pas été frappé par la continuité scénique qui était annoncée. Si le découpage des trois premiers actes correspond sans doute à celui de la pièce de Maurice Maeterlinck, les nombreux changements de décors à l'intérieur de chaque acte font que s'il n'y avait pas de pause à la fin du premier et du deuxième acte, on ne se rendrait pas compte de ce découpage interne et la continuité serait plus frappante.

Ailleurs : Zvezdo, David.

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La donna del lago à Garnier (suite)

2010-06-22 02:37+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Garnier — 2010-06-21

Juan Diego Flórez, Giacomo V (Uberto di Snowdon)

Simon Orfila, Duglas d'Angus

Colin Lee, Rodrigo di Dhu

Joyce DiDonato, Elena

Daniela Barcellona, Malcolm Groeme

Diana Axentii, Albina

Jason Bridges, Serano

Philippe Talbot, Bertram

Lluís Pasqual, mise en scène

Ezio Frigerio, décors

Franca Squarciapino, costumes

Vinicio Cheli, lumières

Montse Colomé, chorégraphie

Alessandro Di Stefano, chef du chœur

Roberto Abbado, direction musicale

Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris

La donna del lago, Rossini

Troisième représentation de La donna del lago à Garnier, la deuxième à laquelle j'assiste après la première.

Au guichet, la semaine dernière, un panneau annonçait que toutes les dates de ce spectacle étaient complètes. C'était pour décourager ceux qui n'étaient pas venus à Opéra exprès pour tenter le coup, les autres auront essayé d'amadouer le guichetier Il ne vous reste vraiment plus rien pour La Dame du lac. Il s'avèra que tiens, donc, curieusement, on en a encore, et même qu'il y avait l'embarras du choix sur les dates possibles. (Lors de la représentation, je n'ai pas pensé à regarder si les stalles sans visibilité avaient trouvé preneurs.)

En arrivant à la station Auber, j'entends une voix chanter, plutôt pas mal du tout, l'air de Violetta Attendo, attendo du troisième acte de La Traviata. Je pense à sortir exceptionnellement une pièce quand je me rends compte qu'il n'y a pas de sébile et que c'est aujourd'hui la Fête de la Musique.

Ma place à 21€ en fond de premières loges (de trois-quarts) a vu sa valeur augmenter de 233% quand à 19h31, je me suis dit que le premier rang de la loge semblait rester vacant et qu'il convenait que j'invitasse les deux spectatrices qui n'osaient pas le faire d'elles-mêmes d'avancer d'un rang, afin que je pusse faire de même. Une balletomane japonaise nous a rejoint et a été ravie de voir la qualité de sa place enfler dans les mêmes proportions que la mienne.

Je n'ai pas grand'chose à ajouter à ce que j'ai déjà dit sur cette production. Cela fait peut être un peu moins mal à voir la deuxième fois. Placé côté jardin (impair) plutôt que côté cour, je peux observer ce que je n'avais pas pu voir :

  • le brumeux décor montagneux en fond de scène qui est curieusement troué, froissé et déchiré en bas (accident de transport ?) ;
  • l'armure qui reste suspendue côté cour pour qu'Uberto puisse dire Quelle armure vois-je ! ;
  • le cortège funéraire et le défilé de quelque estropié après les combats au fond de la scène (une sorte de mur en brique fissuré) ;
  • le détriplement d'Elena : la chanteuse n'est pas doublée par une comédienne, mais par deux ;
  • les effets de téléportation plus saisissants vus de face que de côté : à un moment, alors que la grande Joyce chante, une comédienne habillée à peu près comme elle marche au deuxième étage de la galerie côté cour, elle disparaît derrière une colonne (dont le style ressemble beaucoup à celles de la salle du Palais Garnier), et dans la galerie côté jardin, sortie de derrière une autre colonne, une troisième Elena paraît !
  • le miroir du fond lors de la dernière scène (ce qui double le nombre de lustres royaux) ;
  • la non-différentiation visuelle de Rodrigo du personnage secondaire Serano (quand ce dernier reparaît au deuxième acte, si l'autre n'était pas censé être mort — ce qui n'a pas été représenté sur scène — on pourrait facilement s'y perdre) ;
  • le très mauvais éclairage (je sais, c'est un reproche récurrent que je fais à presque toutes les lumières) qui était curieusement moins gênant depuis ma place haute et excentrée.

Du côté des voix, je suis toujours enchanté par les trois mêmes : Joyce DiDonato, Juan Diego Flórez, Daniela Barcellona. Dans le rôle de Rodrigo, Colin Lee se donne manifestement à fond, mais sa voix est vraiment trop distordue quand il monte dans les aigus pour que ce soit agréable à écouter (cela ressemble alors plus à de la vocalise qu'à du chant, je ne sais pas ce que la partition dit que cela doit être).

Contrairement à ceux de la première, et paraît-il de la deuxième, les spectateurs de cette troisième représentation n'ont hué personne.

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Anna Caterina Antonacci à l'Opéra Comique

2010-06-20 01:06+0200 (Orsay) — Culture — Musique

Opéra Comique — 2010-06-19

Anna Caterina Antonacci, mezzo-soprano

Donald Sulzen, piano

Mandoline, En sourdine, Green, À Clymène, C'est l'extase (Gabriel Fauré, texte de Paul Verlaine, Cinq mélodies de Venise)

Tyndaris et Phyllis (Reynaldo Hahn, texte de Leconte de Lisle, Études latines)

Fumée (Reynalho Hahn, texte de Jean Moréas)

L'Énamourée et Le Printemps (Reynaldo Hahn, texte de Théodore de Banville)

Chère nuit (Alfred Bachelet, texte d'Eugène Adenis)

My Memories (Paolo Tosti, texte de Clifton Bingham)

Love Me! (Paolo Tosti, texte de Githa Sowerby)

Love's way (Paolo Tosti, texte d'Ethel Clifford)

Once more (Paolo Tosti, texte de Githa Sowerby)

Summer (Paolo Tosti, texte de Malcolm Salaman)

Amor, Amor! (Pieradolfo Tirindelli, texte d'Ada Negri)

Scherzo Ballade (Pietro Cimara, texte de Carlo Zangarini)

3 canti all'antica : L'udir talvolta, Ma come potrei, Ballata (Ottorino Respighi, textes de Giovanni Boccaccio)

Pioggia (Ottorino Respighi, texte de Vittoria Aganoor Pomilj)

Nebbie (Ottorino Respighi, texte d'Ada Negri)

Paolo, date mi pace! (Riccardo Zandonai, Francesca da Rimini

Lu Cardillo (Traditionnel en dialecte napolitain)

O del mio amato ben (Stefano Donaudy)

Moonriver (Johnny Mercer et Henry Mancini)

Son pochi fiori (Pietro Mascagni, L'amico Fritz)

Fin d'une série de sept spectacles en huit jours. Après les Tambours sacrés de l'Inde au Théâtre de la Ville, Amitabh Bachchan au TCE, La Donna del lago, Joyce DiDonato au TCE, Another Sleepy Dusty Delta Day (Jan Fabre Troubleyn) au Théâtre de la Ville (Abbesses) et Kaguyahime, c'était ce soir le temps d'écouter le récital d'Anna Caterina Antonacci à l'Opéra Comique.

Comme elle est une des chanteuses que j'apprécie le plus (et que j'ai entendue le plus souvent : huit fois, à égalité avec Natalie Dessay), j'avais choisi une place de première catégorie (troisième rang de l'orchestre, au centre).

Je ne suis pas un habitué des récitals de chant accompagnés au piano. Ce n'est que la troisième fois que je vais à concert présentant cette configuration : les deux fois précédentes étaient avec Waltraud Meier et Joyce DiDonato. Ce soir, le pianiste était Donald Sulzen.

Au programme de ce récital, des airs et mélodies de la Belle Époque. La première partie est consacrée à la musique française : Fauré, Hahn, Bachelet. Je ne suis pas surpris de comprendre les vers qu'elle chante, si ce n'est quand elle augmente le volume de sa voix : cela devient alors trop difficile. J'ai particulièrement aimé Tyndaris (Hahn) et Chère nuit (Bachelet). La deuxième partie commence par des chansons en anglais de Paolo Tosti. Viendront ensuite des chansons en italien et l'air Paolo, date mi pace! de Francesca da Rimini de Riccardo Zandonai.

Le public a applaudi avec enthousiasme la chanteuse à la fin de chaque cycle de chansons, et encore davantage à la fin, jusqu'à une standing-ovation. Expérience inouïe pour moi : quatre bis seront ajoutés en sus du programme préétabli : trois chansons en italien et Moon River. Le directeur du théâtre Jérôme Deschamps est venu lui-même lui remettre un bouquet de fleurs.

Ailleurs : Palpatine.

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Kaguyahime à Bastille

2010-06-18 23:37+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse

Opéra Bastille — 2010-06-18

Maki Ishii, musique (1985)

Jiří Kylián, chorégraphie (1988)

Michael Simon, scénographie et lumières

Ferial Simon, Joke Visser, costumes

Elke Schepers, Ken Ossola, Patrick Delcroix, Roslyn Anderson, assistants du chorégraphe

Kees Tjebbes, assistant technique et réalisation lumières

Michael De Roo, direction musicale

Agnès Letestu, Kaguyahime

Vincent Chaillet, Mikado

Ludmila Pagliero, Alice Renavand, Aurélia Bellet, Caroline Bance, Christelle Granier, Villageoises

Nicolas Paul, Josua Hoffalt, Alessio Carbone, Florian Magnenet, Julien Meyzindi, Marc Moreau, Villageois

Florian Magnenet, Matthieu Botto, Les compagnons du Mikado

Ballet de l'Opéra

Kodō, Gagaku et ensemble de percussions invité

Kaguyahime

Je viens de voir le ballet Kaguyahime de Jiří Kylián. C'est un spectacle épatant ! (Et sans doute le plus court spectacle que j'aie vu à l'Opéra Bastille : j'étais arrivé à Orsay à 22h !) La princesse Kaguyahime (Agnès Letestu), venue de la Lune, descend sur Terre. Cinq hommes la courtisent ; elle les repousse en leur donnant à passer des épreuves impossibles. On fête son accession à la majorité. Sa beauté attire encore du monde. Les blancs se battent contre les noirs. Finalement, l'Empereur (Vincent Chaillet) se montre aussi intéressé. Mais, Kaguyahime doit retourner sur la Lune et on ne veut pas la laisser partir. Les gardes ayant été éblouis par l'éclat de l'astre, elle arrive à s'en aller.

La première chose qui surprenne dans ce ballet est la musique de Maki Ishii. L'orchestre n'a pas une forme traditionnelle. Il comprend en effet trois parties : un ensemble de percussions occidentales, un ensemble de tambours japonais (Kodō) et un trio d'instruments à vents (Gagaku). Les instruments mélodiques apparaissent principalement pendant les solos de la princesse Kaguyahime, très contemplatifs, faits d'immobiles mouvements. Quand les autres forces sont en présence, les percussions font un bruit démentiel à un rythme effréné, que les danseurs arrivent à suivre tout en faisant des dérapages contrôlés, des figures très rapides à deux ou à trois danseurs. Dans les scènes de combats au début de la deuxième partie, on trouve toutes les configurations : des hommes combattant entre eux, un homme et une femme, deux femmes, etc. C'est très impressionnant, surtout quand la scène est éclairée par un stroboscope.

Visuellement, c'est aussi très esthétique, le plus éblouissant étant la scène entre la princesse et l'Empereur, sur grand fond doré. Superbe !

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Joyce DiDonato au TCE

2010-06-17 00:47+0200 (Orsay) — Culture — Musique

Théâtre des Champs-Élysées — 2010-06-16

Joyce DiDonato, mezzo-soprano

David Zobel, piano

Danza, danza, fanciulla gentile (Durante)

Se tu m'ami (Pergolesi)

Amarilli mia bella (Caccini)

Mio ben (Rossi)

Nel cor più non mi senti (Paisiello)

Or ch'io non sequo più (Rontani)

Dimmi, ben mio (op. 82 nº1) (Beethoven)

T'intendo si, mio cor (op. 82 nº2) (Beethoven)

L'amante impaziente (op. 82 nº3) (Beethoven)

L'amante impaziente (op. 82 nº4) (Beethoven)

La partenza (WoO 124) (Beethoven)

Cantilène de Desdémone (Chanson du saule) de Otello (Rossini)

I Canti delle Sera : L'assiolo canta, Alba di luna sul bosco, Tristezza crepuscolare, L'incontro (Santoliquido)

Oscuro è il ciel (Pizzetti)

Serenata (Toselli)

O del mio amato bene (Donaudy)

La Pastorello (Castelnuovo-Tedesco)

Lolita, Serenata spagnola (Buzzi-Peccia)

Serenata francese (Leoncavallo)

Canto arabo (Giuranna)

La Spagnola (Di Chiara)

Voi che sapete des Nozze di Figaro (Mozart)

Tanti affetti in un momento de La donna del lago (Rossini)

Cette Joyce DiDonato, quel phénomène ! En sortant de La Dame du lac, lundi, j'avais vu qu'il restait encore des places pour le récital de ce soir au TCE. Ce n'était pas du tout raisonnable, mais j'ai pris une place en fond de loge de face, un placement que je n'avais pas encore eu au TCE.

Une robe bleue en première partie. Une robe noirâtre pour la suite. De très brillants bijoux. Au programme, des chansons d'amour en italien. J'ai découvert au passage que Beethoven en avait écrit ! toute la musique vocale que je connaissais de ce compositeur, à savoir son opéra Fidelio et le dernier mouvement de sa neuvième symphonie, est en allemand. Je ne connaissais absolument aucune de toutes ces chansons à part Assisa a' piè d'un salice d'Otello (Rossini).

Les chansons choisies (du XVIe au XXe) ne sont pas des tubes, qui eussent été choisis dans le seul but de flatter les goûts du public. Je trouve ces choix audacieux et intéressants, et l'impression faite est très bonne. Le demande visant à faire respecter l'intégrité du découpage de la soirée en cycles a été essentiellement respectée par le public, si ce n'est à la fin de Amor, amor, che langue il cor (Lolita : Serenata spagnola) d'Arturo Buzzi-Peccia où il n'était vraiment pas possible de se retenir d'applaudir. Vers la fin, j'ai aussi beaucoup apprécié le chant arabe Su la mia fronte la tua fresca mano de Barbara Giuranna.

Le public a très généreusement applaudi la chanteuse et le pianiste David Zobel qui l'accompagnait, et il y eut même une standing ovation, chose que je n'avais jamais vu avant dans cette salle pour de la musique classique (mais il est vrai que je ne suis pas un habitué des soirées Grandes voix).

Le premier bis a été Voi che sapete des Noces de Figaro. Le deuxième, je n'osais l'espérer, mais je m'y attendais un peu, a été le final de La Dame du Lac, dans le même staging qu'à l'Opéra, précisera-t-elle avec humour. Les spectateurs de la première ne furent apparemment donc pas les seuls à penser qu'ils avaient assisté à une version de concert. Peu importent ces péripéties : elle était aussi sensationnelle ce soir que lundi. Ceux dont elle savait qu'ils avaient du mal à trouver des places auront sans doute été ravis !

Profitant de mon placement très près de la sortie, j'ai pu me trouver en très bonne position dans la queue pour pouvoir féliciter l'artiste, qui dédicaçait aussi ses dernières parutions.

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La donna del lago à Garnier

2010-06-15 03:08+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Garnier — 2010-06-14

Juan Diego Flórez, Giacomo V (Uberto di Snowdon)

Simon Orfila, Duglas d'Angus

Colin Lee, Rodrigo di Dhu

Joyce DiDonato, Elena

Daniela Barcellona, Malcolm Groeme

Diana Axentii, Albina

Jason Bridges, Serano

Philippe Talbot, Bertram

Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris

Lluís Pasqual, mise en scène

Ezio Frigerio, décors

Franca Squarciapino, costumes

Vinicio Cheli, lumières

Montse Colomé, chorégraphie

Alessandro Di Stefano, chef du chœur

Roberto Abbado, direction musicale

La donna del lago, Rossini

La Dame du lac était avec La Somnambule un des spectacles d'opéra de la saison que j'attendais le plus. Par chance, je me suis vu attribuer un ticket pour la première, le jour où cet opéra de Rossini entre au répertoire de l'Opéra de Paris. Ma place est cependant excentrée : troisième loge nº6, juste à côté d'un pilier, vue plongeante sur la fosse d'orchestre. Les places sans visibilité de derrière sont occupées par des touristes japonaises, dont les contorsions pour essayer d'y voir quelque chose font un peu de bruit. Puis, plongé dans l'opéra, je n'y fait plus attention. En fait, elles se sont éclipsées au cours du premier acte. Grave erreur, car c'était bien un spectacle d'opéra où les voix étaient tellement belles qu'il n'y aurait pas grand dommage à se contenter d'entendre le spectacle, sa partie visuelle étant par ailleurs assez ringarde...

Le décor principal représente une porte avec une voûte étroite donnant sur des marches descendant sur ce qu'on imagine être le lac Katrine. (La vue d'ensemble ressemble très vaguement à celle de la porte Tilon-ki-Pol à Jaisalmer qui donne sur un lac de bien moindre étendue que celui du poème de Walter Scott.) Le décor en deux parties peut s'ouvrir par le milieu. Il renferme des galeries sur plusieurs étages, des escaliers. Au niveau le plus bas, des portes permettant au chœur d'entrer. Mon point de vue ne me permettait pas de voir le décor du fond de la scène. Les costumes des protagonistes principaux ont l'air recouverts de dorures, on dirait des brocarts.

Voilà pour les côtés positifs du visuel. Le reste fait assez mal à voir. Des projections vidéo sur l'ovale délimité par les marches figurent les eaux ondulantes du lac. Une trappe située au centre de la scène permet de faire monter et descendre des accessoires et des protagonistes. On verra ainsi ce qui est censé représenter la vue de face d'une barque apparaître. Pourquoi pas, mais très vite, on comprend que le but n'est pas de créer l'illusion d'une action réaliste vu qu'un personnage s'éloignera sans hésitation de la barque pour marcher sur l'eau. Cette trappe sera beaucoup utilisée, à des fins donc essentiellement symboliques, telle une apparition mystérieuse d'une harpe vers la fin du deuxième acte. Ce n'était pas un signe que l'action se passait en Irlande (on est en Écosse), mais cela annonçeait un numéro musical où la harpe aurait une grande importance (la place de la harpiste était restée vide jusque là), et était probablement aussi une référence au premier mot harp du poème.

Avant d'aller plus loin, un bref aperçu de l'histoire. Le roi James V d'Écosse se perd lors d'une partie de chasse. Enfin, c'est ce qu'il feint lorsqu'il aperçoit Elena, la fille de Douglas, dont il est immédiatement épris. Incognito, il prend le nom d'Uberto. Il ignore qu'il a deux rivaux : Roderick, qui mène une rébellion contre le roi et qui s'est fait promettre la main d'Elena par son père, et Malcolm qui a l'avantage d'être aimé d'Elena en retour. À la fin du premier acte, Elena ne semble pas très enthousiaste à l'idée de se marier avec Roderick, alors qu'une bataille se prépare contre les troupes royale. Au deuxième acte, alors qu'Elena est réfugiée dans un lieu isolé pendant les combats, le roi, toujours déguisé, vient déclarer son amour. Elle lui répond qu'elle en aime un autre. Alors, Roderick débarque et se montre très jaloux. Un duel entre Roderick et Uberto aura lieu ; Roderick sera tué. Pendant ce temps, Douglas a été vaincu. Elena vient retrouver Uberto pour lui demander de l'introduire auprès du roi pourqu'elle obtienne la grâce de son père. Elle est évidemment très surprise quand elle comprend qu'Uberto est le roi et très heureuse quand il pardonne tout le monde pour la rébellion et accorde à Malcolm d'épouser Elena.

Si aucun des chanteurs n'a démérité, trois d'entre eux ont été absolument magnifiques : Joyce DiDonato (Elena), Juan Diego Flórez (Giacomo V/Uberto), Daniela Barcellona (Malcolm). Dans tous les opéras que j'ai vus avec Joyce DiDonato, il y a toujours un rôle travesti (Romeo, Idamante). Pour une fois, elle avait un rôle féminin, et quel rôle ! Elle a de nombreux passages très virtuoses tout au long de l'opéra, et le final est absolument incroyable, effervescent. Pendant une bonne partie du premier acte, il y a des échanges de virtuosités avec Juan Diego Flórez que j'entendais pour la première fois et dont j'ai aimé la voix chaleureuse. Dans le rôle travesti, Daniela Barcellona montre un timbre de voix vraiment agréable. J'ai cru que les applaudissements après son air au premier acte ne s'arrêteraient jamais !

Enfin, quelques mots sur la mise en scène de Lluís Pasqual. J'ai trouvé que c'était principalement de l'opéra à l'ancienne, avec des chanteurs faisant face au parterre, également répartis sur la largeur de la scène. Cela ressemble un peu trop à un opéra en version de concert. D'ailleurs, les membres masculins du chœur étaient en smoking... alors qu'a priori, ce sont des guerriers. Il y avait bien une poignée de figurants muets en habits de guerre au premier plan, mais c'était essentiellement décoratif. De même, on verra quelques danseurs mettre un peu d'animation là-dedans, mais on se demande bien pourquoi. Autre curiosité, en regardant le spectacle d'un œil distrait, on pourrait penser que Joyce DiDonato a des dons d'ubiquité ou de téléportation. On voit en effet à plusieurs reprises apparaître sur scène, en particulier dans les galeries, une femme portant un costume très-semblable au sien et ce, un instant après que la chanteuse a descendu par la trappe, ou alors même qu'elle est aussi sur scène. Il me semble qu'Uberto avait aussi un double, mais je ne suis pas très sûr. La façon dont se termine le duo entre Roderick et Uberto (arbitré par Elena qui défaille) n'est pas non plus convaincante. Ils se défient en duel. On donne une épée à Uberto pour qu'il puisse se défendre, et à la fin de l'air, ils courent tous les deux vers le fond de la scène pour se mettre à l'abri de nos regards, peut-être par souci de bienséance ? Je n'ai pas très bien vu ce qui se passait ensuite au fond de la scène quand les guerriers de Douglas est mise en déroute. Une dernière source d'amusement : quand les bardes chantent à la fin du premier acte Un rayon annonciateur d'une immense splendeur montre déjà le chemin..., on voit un lustre descendre des cintres. Ce lustre, et d'autres, reparaîtront dans la scène finale dans le palais du roi.

Bref, je ne suis pas du tout convaincu par cette mise en scène, qui s'est fait huer lors des saluts. Néanmoins, à part les quelques curiosités susceptibles d'engendrer quelque distraction, rien n'empêche vraiment de ce concentrer sur le chant et la musique, et de les apprécier. C'est déjà ça.

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Amitabh Bachchan au TCE

2010-06-14 01:43+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Culture indienne

Théâtre des Champs-Élysées — 2010-06-13

Amitabh Bachchan

Viju Shah, Claviers 1

Mushraf Khan, Tabla

Prem Singh, Dholak

Ahmed Khawra, Dholak, Duff

Bharat Savla, Percussions

Rajesh Dedhia, Claviers 2

Jayesh Shah, Rythmes électroniques

Amitabh Bachchan lit et chante Harivansh Rai Bachchan

Ce soir, le public clairsemé du TCE était assez différent d'ordinaire : on y voyait beaucoup plus de personnes d'origine indienne que d'habitude. Le spectacle était intitulé Amitabh Bachchan lit et chante Harivansh Rai Bachchan. A priori, on est plutôt venu voir la star du cinéma bollywoodien (standing-ovation immédiate lors de son entrée en scène) qu'entendre les poèmes de Harivansh Rai Bachchan, le père du comédien.

Je ne connaissais qu'un seul de ces poèmes : मधुशाला (Madhushala : Au Cabaret). C'est celui qu'Amitabh Bachchan a chanté en premier, accompagné de musiciens (constituant un effectif inhabituellement élevé pour de la musique indienne : sept). Il y est assez impieusement question d'un lieu où l'on consomme du vin.

La plupart des poèmes qui suivront seront lus sans accompagnement musical. Les sur-titres ont manifestement quelque mal à défiler à la bonne vitesse. Ils sont écrits dans une fonte inhabituellement petite pour ce lieu : les mots défilent plus vite que dans un spectacle d'opéra... En fait, presque systématiquement, Amitabh Bachchan explique en anglais au fur et à mesure le sens des strophes. Comme les vers ne sont pas dénués d'humour, les rires tombent à retardement : une première salve au moment où les mots sont prononcés par ceux qui comprennent le hindi et ceux qui arrivent à lire les sur-titres, une autre fuse quand le sens est expliqué en anglais. Le public applaudit de temps en temps un vers particulièrement édifiant, un peu intempestivement à mon goût.

Parmi les poèmes particulièrement remarquables, ख़ुन के छपे (Traces de sang) où le poète raconte que sa femme a fait un rêve terrifiant dans lequel un fantôme vient apposer sur des portes de maisons l'empreinte de sa main trempée dans un seau de sang. Il se demande à qui se sang appartient : यह बेगुनाह खून किनकी है ?. Les strophes qui suivent commencent aussi par ce vers, dans lequel l'adjectif बेगुनाह (innocent) aura été remplacé par un autre. Elles évoquent différents aspects de la domination de l'Angleterre sur l'Inde.

Celui que j'ai préféré est बुद्ध और नाचघर (Bouddha et le bal) où les religions (le bouddhisme en particulier) sont ridiculisées. Comme pour d'autres poèmes, Amitabh Bachchan explique le contexte. Ici, le poète est en Angleterre à une soirée dansante. Alors que l'on danse et flirte, il aperçoit dans un coin une statue de Bouddha. Le poète pense alors à la contradiction entre la doctrine de Bouddha, son évolution et sa réduction au statut d'objet décoratif :

Il était contre les idoles
Le monde l'a érigé en idole,
Il s'opposait à toute adoration,
Et le monde l'a fait objet d'adoration,
[...]
Sa tête était dénudée,
On lui a mis une belle chevelure bouclée ;
[...]
(Traduction d'Annie Montaut)

Suivront d'autres poèmes, dont certains seront chantés dans un style folklorique. L'avant dernier est intitulé रुस की गुड़िया (La Poupée russe). Il est dans l'ordre d'idées du fragment littéraire gratuit Divagations métaphysiques redux de David Madore. Une petite poupée russe à qui on demande dans combien de poupées elle est imbriquée explique qu'il doit y avoir un monde au-dessus, puis un autre monde encore au-dessus, etc.

Dans le dernier qu'Amitabh Bachchan présente comme une réponse du poète à une altercation dans laquelle il lui disait en substance : Je suis certes un bon à rien, mais c'est de ta faute, vu que tu porte la responsabilité de ma naissance.. Il lui répond en appliquant récursivement ce reproche à son propre père, puis au père de celui-ci, etc, qui ne lui ont pas non plus demandé son avis avant de le concevoir.

Le spectacle s'est terminé par une reprise de Madhushala.

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Don Giovanni au TCE

2010-06-08 02:17+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Théâtre des Champs-Élysées — 2010-06-07

Nicolas Rivenq, Don Giovanni

François Lis, Il Commendatore

Sandrine Piau, Donna Anna

Donát Havár, Don Ottavio

Véronique Gens, Donna Elvira

Laurent Naouri, Leporello

Christian Helmer, Masetto

Ingrid Perruche, Zerlina

Jean-Claude Malgoire, direction musicale

Pierre Constant, mise en scène

Grégory Voillemet, assistant à la mise en scène

Roberto Platé, décors

Jacques Rouveyrollis, lumières

Jacques Schmidt, Emmanuel Peduzzi, costumes

Béatrice Massin, chorégraphie

Ensemble vocal de l'Atelier Lyrique de Tourcoing

La Grande Écurie et la Chambre du Roy

Don Giovanni, Mozart.

Je reviens du TCE où se jouait la première de la reprise de la production de Don Giovanni de Pierre Constant, décor unique de Roberto Platé, direction musicale par Jean-Claude Malgoire de La Grande Écurie et la Chambre du Roy, avec l'Ensemble vocal de l'Atelier Lyrique de Tourcoing et quelques solistes enthousiasmants.

N'étant pas un très grand admirateur de Mozart, je ne vais que très-occasionnellement voir ses opéras. Don Giovanni n'est que le troisième après Die Zauberflöte et Idomeneo.

Je profite pour l'avant-dernière fois du placement que j'ai eu la plupart du temps au TCE cette année : au dernier rang du deuxième balcon, plein centre. Le décor unique, qui est apparemment utilisé pour les trois opéras de la trilogie Da Ponte présentée ces jours-ci, est multi-usages. Une porte escamotable au fond, des ouvertures sur les côtés, une fenêtre, un dalle au centre de la scène permettant d'accueillir la tombe d'Il Commendatore (François Lis). L'opéra est situé à Séville. Les costumes y font penser, sans pour autant que ce fait passe écrase tout.

À part ça, l'action est rondement bien menée dans cet opéra... Don Giovanni (Nicolas Rivenq) veut toutes les femmes. Il en convoite au moins quatre : Donna Anna (Sandrine Piau) et sa servante, Donna Elvira (Véronique Gens), Zerlina (Ingrid Perruche). Leporello (Laurent Naouri) participe, quelque peu désabusé, aux intrigues ourdies par son maître.

Hormis Laurent Naouri et François Lis que j'avais déjà vus dans ces conditions, c'est la première fois que je voyais les autres dans un opéra en version scénique. Si j'ai aimé les prestations de tous ces chanteurs, j'ai été tout particulièrement été impressionné par les qualités de Véronique Gens, son chant, son attitude (malgré l'austère robe noire qu'elle porte à la fin, peu pratique pour venir saluer...). Elle joue vraiment bien celle qui, malgré toutes les tromperies, voudra toujours croire que Don Giovanni peut l'aimer sincèrement. Sandrine Piau me fait aussi une très bonne impression, notamment dans son grand air au deuxième acte. Ingrid Perruche incarne la belle paysanne pas si naïve que ça et qui pourtant échangerait bien des faveurs contre une promotion sociale.

Le duo de comédiens-chanteurs de Laurent Naouri et Nicolas Rivenq est très vivant. En vérité, leurs personnages conduisent l'action de tous les autres et ces artistes-là le font très bien, et parfois de façon très spectaculaire.

Ce ne peut-être pas mon spectacle lyrique préféré de la saison (c'est qu'il y a de la concurrence avec notamment La Bohème, Platée, The Fairy Queen, Norma, La Sonnambula, La Cenerentola, Les Contes d'Hoffmann), mais je trouve qu'il est quand même sacrément bien...

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Die Walküre à Bastille

2010-06-06 02:33+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Opéra Bastille — 2010-06-05

Robert Dean Smith, Siegmund

Günther Groissböck, Hunding

Thomas Johannes Mayer, Wotan

Ricarda Merbeth, Sieglinde

Katarina Dalayman, Brünnhilde

Yvonne Naef, Fricka

Marjorie Owens, Gerhilde

Gertrud Wittinger, Ortlinde

Silvia Hablowetz, Waltraute

Wiebke Lehmkuhl, Schwertleite

Barbara Morihien, Helmwige

Helene Ranada, Siegrune

Nicole Piccolomini, Grumgerde

Atala Schöck, Rossweisse

Philippe Jordan, direction musicale

Günter Krämer, mise en scène

Jürgen Bäckmann, décors

Falk Bauer, costumes

Diego Leetz, lumières

Otto Pichler, mouvements chorégraphiques

Orchestre de l'Opéra national de Paris

Die Walküre, Wagner

Avant de passer à Bastille (où les forces de l'ordre occupent les marches de l'Opéra, les sans-papiers étant sur le trottoir), je suis allé faire un dernier tour à l'exposition Miniatures et peintures indiennes à la BnF (dernier jour : ce dimanche).

À 18h, début de la deuxième représentation de La Walkyrie dans la nouvelle production de Günter Krämer. Les commentaires sur la mise en scène à propos de la première étaient très-unanimement négatifs. La mise en scène et les décors ne m'ont pas du tout plu. Il faut attendre la toute fin de l'opéra pour voir une belle image, encore qu'elle soit gâchée par un dernier soubresaut de la mise en scène...

Sieglinde a été contrainte d'épouser Hunding. Un jour, elle accueille un homme, qu'elle va aimer et qui va s'avérer être son frère jumeau Siegmund. Hunding est le premier à remarquer la ressemblance entre les deux. Il défie l'importun en duel. Les règles de l'hospitalité exigent que les hostilités ne commencent que le lendemain. À la fin du premier acte se trouve mon passage préféré de cet opéra : le long duo entre Sieglinde et Siegmund. Elle lui révèle l'existence d'une épée (qui sera nommée Nothung), durablement plantée dans un arbre, mais que personne n'a jusques à maintenant réussi à enlever. Cette arme est celle qui devrait permettre à Siegmund de vaincre Hunding.

Au Walhalla, Wotan confie à la Walkyrie Brünnhilde la mission d'aider Siegmund dans ce combat, mais son épouse Fricka le force à changer son ordre : Siegmund et Sieglinde ont bafoué le lien sacré du mariage dont elle est la protectrice (que Wotan, qui tel Jupiter ou Zeus est le premier à enfreindre). En expliquant sa nouvelle mission à Brünnhilde, il fait au passage un résumé du prologue (L'Or du Rhin). Brünnhilde vient expliquer à Siegmund qu'il va mourir parce que Wotan a désenchanté l'épée. Abasourdie par son attachement à Sieglinde, elle décide de les aider (respectant ainsi l'ordre que lui avait donné Wotan avant qu'il ne change d'avis). Siegmund sera effectivement tué au combat contre Hunding (Wotan étant intervenu pour briser l'épée), mais Brünnhilde s'en est allée avec Sieglinde.

Le troisième acte commence avec la Chevauchée des Walkyries. Dans cette production, les Walkyries purifient et raniment des guerriers morts au combat (ils sont nus et ensanglantés). Brünnhilde les rejoint avec Sieglinde. Elle demande de l'aide pour que Sieglinde puisse s'enfuir. Comme il s'agit d'aller contre les volontés du père (Wotan), aucune ne veut donner son cheval. Quand Brünnhilde annonce que Sieglinde est enceinte, l'opposition se fait un tout petit peu moins forte : on indique à Sieglinde dans quelle direction elle doit s'en aller, vite avant que Wotan n'arrive. Celui-ci maudit Brünnhilde. Elle est déchue de son statut de Walkyrie. Il va l'endormir et elle devra épouser et obéir à celui qui la découvrira. En insistant beaucoup, Brünnhilde arrive à obtenir que celui-là ne soit pas un lâche : son sommeil sera gardé par les flammes.

J'ai particulièrement aimé les prestations vocales de Ricarda Merbeth (Sieglinde) et Robert Dean Smith (Siegmund), notamment à la fin du premier acte. Dans les autres rôles principaux, j'ai été impressionné par Katarina Dalayman (Brünnhilde) et Thomas Johannes Mayer (Wotan). Il y avait aussi Yvonne Naef (Fricka), Günther Groissböck (Hunding) et huit Walkyries. Le chef d'orchestre Philippe Jordan et l'orchestre de l'Opéra de Paris ont été applaudis comme jamais (en fait, des Bravo se sont fait entendre avant-même que la musique ait commencé).

Si musicalement, c'était très beau, visuellement, cela l'était beaucoup moins. Cela commence par une scène de massacre (où des guerriers s'acharnent particulièrement sur une femme) pendant l'ouverture. Les morts vont rester là pendant tout le premier acte. Autant je peux comprendre qu'on ait envie d'évoquer la violence passée entre les différents clans qui s'affrontent, autant cela fait bizarre de voir par exemple Sieglinde enjamber des cadavres. En outre, à titre d'exemple d'une des manières les plus grossières qui se puissent concevoir pour desservir la musique, on verra, et surtout on entendra, dans la deuxième moitié de ce premier acte de l'eau ruisseler sur une surface faisant toute la largeur du plateau de scène.

Au deuxième acte, on se goinfre de pommes au Walhalla. On est loin de la délicatesse avec laquelle Freia les amassait dans l'Or du Rhin. Dans son long duo avec Siegmund, Brünnhilde aligne des pommes au sol pour faire un grand cercle... La façon dont Siegmund (et Hunding) meurt est très confuse. Il se fait entourer par les hommes de Hunding en habits militaires. Wotan vient toucher sa lance qui est plantée à l'avant-scène. Les militaires desserrent les rangs. On voit Siegmund allongé avec ce qui pourrait être un fusil à baïonnette planté dans le ventre. Ce n'est vraiment pas convaincant. En effet, on ne voit pas Hunding combattre et l'intervention de Wotan n'est suggérée que par un contact avec sa lance à l'écart de l'action.

À propos du troisième acte, je n'ai rien contre la séance de remise en état de marche des guerriers par les walkyries. Néanmoins, à l'arrière de la scène, derrière un rideau semi-transparent (où l'on verra quelques lignes d'une écriture manuscrite indéchiffrable par moi), on aperçoit des figurants portant des masques évoquant apparemment des chevaux en train d'exécuter des mouvements chorégraphiques un peu ridicules (je pense qu'on n'en aurait pas voulu au metteur en scène de ne pas rappeler qu'il s'agissait d'une chevauchée). Plus tard, on voit Wotan poser un corps entouré d'une couverture sur une table. Qui est-ce ? Siegmund ? Mystère. Passons. De façon incompréhensible, le rideau est baissé pour un interlude musical au terme duquel on retrouve en scène les mêmes protagonistes : Wotan, Brünnhilde et la table. À la fin de l'opéra, Brünnhilde s'allonge sur la table et semble s'endormir. Le lieu difficile d'accès où elle va reposer se dévoile progressivement dans un tableau vraiment superbe, mais, alors qu'en principe, tout est accompli, Brünnhilde descend de la table et finalement, se dit que c'est mieux de s'allonger dessous.

Cela dure 3h45 sans compter les deux entr'actes de 45 et 30 minutes. Vu que le spectacle commence à 18h, on sort presque à une heure raisonnable.

PS: Il ne s'agit là que de mon avis subjectif sur cette représentation. Je découvre les opéras de la tétralogie au fur et à mesure (je vais essayer d'intercaler quelques lectures avant de voir Siegfried l'année prochaine) et n'ai pas beaucoup d'éléments de comparaison. D'autres plus expérimentés ont vraiment aimé. Pour ma part, peut-être ai-je été tellement déçu par la mise en scène du premier acte que je n'ai ensuite plus vu que les défauts. (À propos de cet premier acte, le décor me semble difficile à lire depuis le deuxième balcon : peut-être ma vue baisse-t-elle, mais même avec les jumelles, je ne parvenais pas à bien voir les empilements façon trophée de chasse du décor qui se passe chez Hunding. A posteriori, il me semble évident qu'il s'agissait de casques de guerriers tués lors de conflits précédents.).

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De l'opacité de la mise en vente des places de spectacles...

2010-06-02 12:35+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra

Ou pourquoi on ne trouvera guère ici de comptes-rendus de spectacles de l'Opéra Comique l'an prochain...

La vente de places de spectacles est un jeu qui peut parfois être un peu compliqué, plus sophistiqué que le principe du premier arrivé, premier servi.

Dans mon expérience, la palme du système le plus compliqué est remportée haut la main par l'Opéra de Paris. En simplifiant un peu, les différentes manières d'y réserver une place sont, dans un ordre correspondant essentiellement à la chronologie et aux priorités :

  • par abonnement :
    • formules fixes (quelques sélections d'opéras/ballets avec des dates bloquées) ;
    • formules plus libres : on choisit les spectacles et les dates ;
  • par Internet ;
  • par téléphone (0892899090) ;
  • aux guichets (en général, le seul moyen d'avoir des places dans les deux dernières catégories de places assises).
  • le jour-même : places debout à l'Opéra Bastille.

L'avantage que je tire de ce système est que si je n'inclus pas un spectacle dans mon abonnement, je sais que j'aurai encore la possibilité d'acheter des places plus tard. Si je n'ai pas envie de payer trop cher (par exemple, parce qu'il ne restera plus de places dans la catégorie la moins chère vendue sur Internet), il me reste encore la possibilité d'aller faire la queue au guichet le jour de la mise en vente.

Le jeu est très compliqué, mais pourtant, ses règles sont compréhensibles pour le lecteur attentif de la brochure de l'Opéra de Paris (toutes les informations ne sont pas sur le site Internet, voyez ici pour le calendrier de mise en vente sur Internet et aux guichets pour la saison 2010/2011). Bien sûr, on ne vous dira pas dans la brochure que si la vente aux guichets commence bien à 10h30, les portes auront ouvert à 9h30 et que des fous auront attendu dans le froid depuis 6h ou bien avant...

Les systèmes de vente du Théâtre des Champs-Élysées, de la Salle Pleyel et du Théâtre du Châtelet sont apparemment moins compliqués. En gros, il y a les abonnements (qui ne donnent droit qu'à un certain sous-ensemble des catégories de places), et puis il y a une date de mise en vente des places de toutes les catégories : premier arrivé, premier servi.

Il me semble que jusques à l'année dernière, l'Opéra Comique rentrait dans ce groupe de maisons qui à partir d'une certaine date (vers juin) mettent en vente leurs billets à l'unité, notamment sur Internet. C'est par ce moyen que j'ai acheté toutes mes places à l'Opéra Comique. À la lecture de la brochure de cette année (très alléchante : j'étais presque tenté par un abonnement Tutti 8 pour voir tous les opéras programmés, quitte à ce que ce soit dans une catégorie de prix supérieure à celle que je pratique habituellement, hausse de prix en partie compensée par les réductions accordées), il me semble que rien ne laissait présager que cela changerait. Or, hier, à 11h, la réservation n'était pas proposée pour tous les opéras et rumeurs, quand cela a été possible, il y a eu des messages d'erreurs, et quand ceux-ci se sont dissipés, il apparut clairement que seules les trois premières catégories de places étaient proposées à la vente sur Internet. Bref, les règles du jeu ont été modifiées sans avis préalable (et a posteriori, on ne trouve aucun message sur le site Internet de l'Opéra Comique disant que les places de catégories 4, 5, 6, ce n'est pas sur Internet qu'on les trouve). Si cela avait été annoncé, et clairement, je n'aurais rien trouvé à redire : je n'aurais juste pas pu aller à faire la queue hier à l'Opéra Comique, j'aurais peut-être trouvé une autre solution, ou je me serais tout simplement résolu à payer plus cher. Je veux bien que le système de vente soit complexe, pourvu que la règle du jeu soit publique. Cette année, cela n'a pas été le cas, et je trouve que c'est une attitude tout à fait méprisable de la part de cette institution que je trouvais jusque là des plus sympathiques (bonne programmation, accueil bienveillant, un beau design et un contenu intéressant pour les brochures de programme, un site Internet non bridé).

J'aurais sans doute boycotté totalement l'Opéra Comique l'année prochaine pour cette raison s'ils n'avaient pas programmé Le Freischütz, mais j'ai tellement envie d'entendre cet opéra (même chanté en français et avec des passages parlés dans la tradition française de l'Opéra Comique plutôt qu'avec des récitatifs) que je ferai une petite exception (ajout du 29 juin : un tout petit peu plus, ayant découvert par hasard que le site avait été débridé).

Du coup, cela me libère un peu de budget pour les Concerts Philippe Maillard (que j'ai un peu délaissés ces dernières années puisque leur brochure est une des dernières à sortir), dont la programmation vient d'être annoncée.

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