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Vingt-quatre heures du râga

2008-09-28 23:22+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse — Danses indiennes — Culture indienne — Dhrupad

Cité de la musique — 2008-09-28

Vingt-quatre heures du râga. L'Inde : le jour.

Sheik Mahaboob Subahani Sheik Meera Saheb, nadhaswaram

Sheik Kale Eshabimahaboob Sheikmahaboob Subhani, nadhaswaram

Govindarajan Rajamannar, tavil

Sankar Manickam, tavil

Musique rituelle des temples (Inde du Sud)

Ensemble Tala Vathyam

Srikanth Venkataraman, violon

Sri Naga Siva Venkata Subbaraya Phal Parupalli, mridangam

Sukanya Ramgopal, gattam

Panwar Koshal Kumar, tabla

Ensemble rythmique

Neena Prasad, danse

Madhavan Nampoothiri Cheerakattu Parameswaran, chant

Satheesan Paliyam Parambil Madhavan, mridangam

Narayanan Muraleekrishnan Pazhangapparambilvadakkemana, vînâ

Krishnakumar Thrikkur Madom Anatharaman, edaka

Danse mohiniattam du Kerala

Shashank Subbu, flûte

Srikanth Venkataraman, violon

Sri Naga Siva Venkata Subbaraya Phal Parupalli, mridangam

Sukanya Ramgopal, gattam

Flûte bansuri (Inde du Sud)

Sudha Ragunathan, chant

Skanda Subramanian Sundarajan, mridangam

Kannan Sadagopan, violon

Raman Ramakrishnan, morsing

Chant carnatique (Inde du Sud)

Divana

Barkat Khan, chant

Anwar Khan, chant

Mehruddin Langa, satâra, sarangui, morchang

Ghewar Khan Manganiar, kamanchiya

Firoze Khan Manganiar, dholak

Gazi Khan Barana, direction, kartâl

Chant du Rajasthan

Kaushiki Chakraborty, chant khyal et thumri

Vijay Gathe, tabla

Hiranmay Mitra, harmonium

Chant khyal et thumri

Ajay Rathore, danse

Aditi Jain, danse

Jyoti Bharti Goswami, tarant

Ramesh Meena, chant, harmonium

Panwar Koshal Kumar, tabla

Danse kathak de Jaipur

Gundecha Brothers

Ramakant, Umakant Gundecha, chant dhrupad

Akilesh Gundecha, pakhawaj

Nirant Gundecha, tanpura

Chant dhrupad

Je reviens des vingt-quatre heures du râga, qui ont commencé hier à 18h. Ce programme audacieux de la Cité de la musique était divisé en deux parties : Nuit, Jour. Sur les neuf spectacles présentés dans chacune des deux parties, sept étaient communs, je n'ai donc pas jugé utile de suivre les deux programmes !

Je me suis donc levé à une heure invraisemblable pour arriver un peu avant 7h à la Cité de la Musique, porte de Pantin, où j'allais pour la première fois. Les alentours de la salle des concerts sont sobrement décorés à l'indienne. J'hallucine un peu en voyant passer devant moi un marchand ambulant de CD ayant quelques difficultés d'expression, ou comment donner aussitôt l'illusion que l'on se trouve sur un autre continent ; en fait, il s'agit d'un musicien d'un groupe rajasthani qui va se produire. Le contrôle est très moderne : l'ouvreur passe un lecteur de codes-barres sur le billet. Évidemment, mon billet fait bugger le système. On n'arrête pas le progrès.

Entre la scène et la première rangée de fauteuils sont disposés des tapis sur lesquels les plus audacieux s'asseyent. Si j'avais su, j'eusse apporté un coussin. Victime du grand ordinateur Shadok, je dois m'installer au deuxième rang. Vu la taille de la salle, dans les configurations usuelles, je suppose qu'à peu près toutes les places doivent être correctes (à moins d'avoir un basketteur devant soi). Les sièges sont très confortables, en tout cas, bien plus que dans un certain nombre d'autres salles parisiennes.

Les groupes se succèdent : musique rituelle des temples (nadaswaram et tavil), ensemble rythmique, danse mohiniattam du Kerala, flûte bansuri, chant carnatique, chant du Rajasthan, chant khyal et thumri, danse kathak de Jaipur, chant dhrupad. Le programme est très chargé : dix heures de spectacles, deux pauses d'un quart d'heure. La première pause d'un quart d'heure a d'ailleurs été quasi-absorbée par le retard accumulé dans la matinée. J'avais à peine fini mon plateau de samosas et mon lassi quand le spectacle suivant commença.

Ne connaissant pas très bien la musique classique indienne, j'appréhendais un peu cette journée, par peur de m'ennuyer. Dans l'ensemble, tout cela était très écoutable. J'ai découvert deux autres styles de danse : le mohiniattam et le kathak. J'avais déjà entr'aperçu un peu de kathak à Allahabad, mais cela ne compte pas. Le mohiniattam semble avoir quelques similitudes avec le bharata-natyam, un autre style de danse du Sud de l'Inde, mais paraît un peu moins compliqué et d'exécution moins rapide. La première différence que j'ai remarquée avec le kathak, c'est que dans cette dernière danse, les danseurs font beaucoup de pirouettes. L'ensemble des danseurs kathak comportait deux danseuses (d'âges très différents) et un jeune danseur. Le peu de cohésion entre les danseurs, leurs manières d'entrer et sortir de scène (ou plutôt de n'en pas sortir quand il conviendrait) ne faisait pas très pro (contrairement aux sept spectacles qui avaient précédé). Ensuite, est venu un entr'acte musical qui s'est achevé par le son de grelots de cheville approchant. Dans leur nouveau costume, les trois danseurs ont présenté une deuxième partie de spectacle bien plus enthousiasmante que la première.

Je n'ai pas encore fait toute la lumière sur le mystère du tampura. Le son de cet instrument est très important dans la musique classique indienne, pourtant, on ne le voit pas si souvent en scène. Il s'agit d'un instrument à cordes. Chacune des cordes est librement actionnée à tour de rôle, ce qui produit un son métallique fluctuant continûment de façon curieuse. Si on faisait la même chose avec un violon, on entendrait quatre notes qui se suivent. Là, toutes les notes se mélangent... Les instrumentistes de tampura joueront la même suite de notes pendant de longues dizaines de minutes consécutives et auront tendance à s'ennuyer ferme. Certains ont eu l'idée de les remplacer par des machines : de fait, beaucoup d'ensembles utilisent un objet électronique qui ressemble de loin à un vieux transistor. Il permet de synthétiser les combinaisons dont ils ont besoin. Ce matin, le joueur de bansuri n'a pas utilisé une de ces machines, mais son ordinateur portable pour ce faire. S'excusant de ce qu'il soit difficile de transporter des tampura, il a utilisé un enregistrement de cet instrument (en insistant pour dire que c'est du real sound). Le dernier ensemble de la journée comprenait deux joueurs de tampura, et pourtant, le leader a utilisé au début une machine, semble-t-il pour accorder les instruments, mais il me semble qu'il ne l'a jamais éteinte, bizarre.

Dans l'ensemble, les spectacles étaient bons voire très bons. Un d'entre eux m'a semblé excellent. C'était celui de Sudha Ragunathan, qui était accompagnée d'un violon, d'un mridangam (percussion) et d'un morsing (guimbarde). Avant chaque pièce, elle a fait l'effort d'expliquer sa structure et le sens du texte (ce n'était pas le cas par exemple du groupe de chanteurs du Rajasthan, je n'ai pas le début du commencement d'une idée sur ce que signifiaient leurs chansons). Plutôt que d'essayer de décrire de la musique carnatique de Sudha Rahunathan, je renvoie à YouTube.

Vers 17h, il ne restait plus qu'un seul spectacle d'une heure. Je me disais que j'y étais presque, qu'il ne restait plus qu'une heure. La mise en place du dernier ensemble (chant dhrupad) a pris pas mal de temps. Les maestros ont mis un temps fou à accorder les deux tampuras. Une gorgée de thé. Ensuite, ils ont eu un petit problème technique. Nouvelle gorgée de thé. Le machiniste intervient. Gorgée de thé. Pendant ce temps-là, le public cache son impatience. Il ne sait peut-être pas encore que ce dernier spectacle est le plus exigeant et austère de tous et que pour tenir jusqu'au bout, il faudra faire des efforts. Pendant plus de trois quarts d'heure, les deux chanteurs ne sont accompagnés que par le son des tampuras. Le chant évolue tout doucement, quand on croit que l'on va avancer un petit peu, non, on revient en arrière, une petite gorgée de thé au passage (il doit être froid maintenant, mais est-ce bien du thé ?). Tiens, le joueur de pakhawaj (percussion) se dégourdit les doigts, jouera, jouera pas ? allez encore dix minutes à attendre. Je commence franchement à m'ennuyer et à la fin de chaque phrase musicale désespère de constater que ce n'est pas une fin. Ce n'est pas que ce soit désagréable à entendre, non, mais c'est juste trop long pour moi. 18h25, le groupe a très largement dépassé son temps. Applaudissements du public qui a réussi à tenir jusqu'au bout. Applaudissements un tout petit peu trop enthousiastes, parce que, profitant de ce que nous sommes arrivés à la fin du programme, le groupe a le champ libre pour sacrifier à la tradition des rappels. Quand j'ai vu que les tampuras en étaient à se faire réaccorder (ce qui prendrait bien cinq minutes par instrument), j'ai lâchement fui.

PS: (2 octobre) Les vingt-quatre heures du râga ont été diffusées en direct sur Internet. Je viens de recevoir un mail de la Cité de la Musique m'informant que l'on peut revisionner ce programme en intégralité jusqu'au 30 octobre. Apparemment, il faudrait un système d'exploitation de la firme de Redmond pour ce faire, mais c'est assez facilement circumambulable... Enjoy!

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