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La Messe en si mineur par le Bach Collegium Japan/Masaaki Suzuki à Pleyel

2012-06-05 10:13+0200 (Orsay) — Culture — Musique

Salle Pleyel — 2012-06-04

Hana Blažíková, soprano

Johannette Zomer, soprano

Robin Blaze, alto

Gerd Türk, ténor

Peter Kooij, basse

Bach Collegium Japan

Masaaki Suzuki, direction

Messe en si mineur, BWV 232, Johann Sebastian Bach.

J'assistais ce soir à ma cinquième Messe en si mineur. La dernière remontait à novembre 2008. À part cette note de blog, je n'en ai aucun souvenir. Je n'ai pas oublié celle dirigée en février 2008 par Hervé Niquet. Ma mémoire a oublié celle de 2006. La première, en 2004, je m'en souviens encore un peu...

En parcourant la brochure de la saison 2011/2012 il y a déjà plus d'un an, j'avais coché immédiatement le concert de ce soir. C'était un des concerts de l'année que j'attendais le plus. En entendant le Bach Collegium Japan il y a quatre ans au TCE, j'avais été particulièrement enthousiasmé par le chœur. Je me réjouissais de l'entendre à nouveau et de voir Masaaki Suzuki diriger puisque ma place était à l'arrière-scène.

Pour moi, ce n'est pas le concert de l'année : la place est déjà doublement prise. Ce n'est que mon deuxième concert Bach de 2012, après La Passion selon Saint Matthieu dirigée par Marc Minkowski. Les cimes atteintes ce soir sont à mon avis à la même hauteur, mais il ne s'agit pas des mêmes montagnes ! Les œuvres et les interprétations sont en effet très différentes : la Saint Matthieu était très incarnée, cette Messe en si très éthérée. C'est très bien ainsi !

C'est avant tout le chœur qui m'a impressionné. En comptant les solistes, on dénombre en tout une vingtaine de chanteurs. Dès les premières secondes du Kyrie eleison, je suis aux anges. Le sommet émotionnel sera atteint pour moi dans le Sanctus. Dans la plupart de ces numéros choraux, j'apprécie la façon dont les différents parties du chœur se mettent à chanter, apparemment toujours dans le même ordre : basses, ténors, altos, sopranos. Et puis, un savant enchevêtrement se met à onduler dans des phrases très élaborées. Il me semble que l'on glisse pas mal d'une note à l'autre. Aucune discontinuité ne vient interrompre des phrases parfois invraisemblablement longues : c'est l'avantage d'avoir plusieurs chanteurs pour chaque voix ? Globalement, cela me procure une étonnante impression de surplace et de mouvement, tout à la fois.

Si mon placement à l'arrière-scène ne m'empêche nullement d'apprécier le chœur, il occulte assez largement les voix des chanteurs solistes. Parmi eux, j'ai été content de réentendre le contre-ténor Robin Blaze dont j'ai particulièrement aimé le Qui sedes ad dextram Patris (qui est en vérité un duo entre le chanteur et un hautbois). La basse Peter Kooij m'a paru assez terne dans le Quoniam tu solus sanctus (le seul numéro dans lequel apparaît le cor naturel, impressionnant, le corniste faisant plein de trucs louches avec sa main droite), mais mon impression s'est inversée dans le Et in Spiritum Sanctum (la présence d'un duo de hautbois dans ce numéro aide peut-être aussi).

Le chef Masaaki Suzuki dirige en ayant une attention toute particulière pour le chœur. Si les violons et les instruments à vents prennent souvent le dessus, mon placement me permet de distinguer le son de l'orgue, ce qui est assez remarquable. Si on ne trouve pas de récitatifs comme dans les cantates (comme Laurent me le faisait observer à l'entr'acte), le continuo (orgue, violoncelles, violone=gros violon~contrebasse]) devient la partie la plus importante de l'orchestre dans quelques uns des numéros de l'œuvre.

Les solistes d'à peu près tous les pupitres ont eu l'occasion de se distinguer au fil de l'œuvre. J'ai déjà mentionné les hautbois, le cor (qui était secondé par les bassons) et le continuo. Dans les mouvements les plus rapides, on ne pouvait rater ni les trompettes ni les timbales. Dans le Laudamus te, il y eut un fort beau solo de violon. Le meilleur solo instrumental sera à mon goût celui de la flûtiste (Kiyomi Suga ?) dans le Benedictus ; oh là là, ce motif ascendant de quatre notes au rythme incertain !

Le public a réagi de façon extrêmement enthousiaste à la fin des deux parties du concert ! J'espère que je n'aurai pas à attendre encore quatre ans pour écouter à nouveau cet ensemble...

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Commentaires

1. 2012-06-08 09:09+0200 (CLAIRE)

Vous avez eu bien de la chance d'avoir pu 'assister à ce concert, moi aussi j'avais beaucoup aimé en Février 2008 la version de H.Niquet et surtout le sublime Agnus Deï chanté par Philippe Jaroussky, mon unique et seule référence pour la Messe en Si et pendant 20 ans la jamais inégalée jusqu'à...... celle sous la direction de G.Leonhardt mais quand j'ai écouté la version dirigée par Masaaki Suzuki dès la première note je me suis laissée emportée par la limpidité,la beauté la perfection de cette interprétation ; j'ai eu le privilège de l'écouter l'année dernière au Carnegie hall à NY : un très grand souvenir..... j'adore aussi toutes les cantates toujours interprétées par la Bach Collegium Japan sous la direction de Masaaki Suzuki j'attend tous les 6 mois environ la sortie de chaque CD. même qualité que la Messe : limpidité beauté simplicité.... Mais si vous appréciez M. Suzuki vous aimerez l'oeuvre de Bach interprété par The Amsterdam Baroque Orchestre 1 Choir sous la direction de Ton Koopman (les Passion le Magnificat les cantates) c'est remarquable notamment la "reconstruction" de la Passion selon Saint Marc (renversant....) , Ton Koopman et Masaaki Suzuki ont étudié de longues années ensemble à Amsterdam.


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