Weblog de Joël Riou

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Conseils pour voyager économe

2008-09-03 23:07+0200 (Orsay) — Voyage en Inde V

Entre mon premier voyage en Inde et le cinquième que je viens de terminer, ma manière de voyager a évolué. Mon budget s'en est aussi trouvé très significativement allégé.

J'ai dépensé 800€ en billets d'avion : un aller-retour Paris-Mumbai et un vol intérieur Mumbai-Kolkata. J'ai acheté un visa de tourisme de cinq ans : 172€. Un visa ordinaire de six mois revient maintenant à 62€, mais comme il est plus que probable que je retourne encore au moins deux fois en Inde d'ici avril 2013, l'investissement devrait s'avérer intéressant (quoiqu'il faille que je prenne quelques mesures supplémentaires de protection de mon passeport vis-à-vis des intempéries afin qu'il tienne jusqu'à cette échéance).

Les dépenses ci-dessus sont difficilement compressibles. La plupart des d'autres dépenses sont soumises à un plus libre choix. Pour mes déplacements sur place, je privilégie le train par rapport aux bus. Ma manière d'organiser mes parcours en Inde fait que je n'ai guère de très longues étapes à réaliser, du type Delhi-Chennai : dans ces cas-là, l'avion serait à envisager. Plusieurs classes sont disponibles dans les trains. Le prix d'une place dans un wagon climatisé est environ le triple de celui dans un wagon ordinaire. Le bénéfice d'être dans un environnement climatisé est à mon avis largement compensé d'autres aspects que je considère comme négatifs. Bref, je voyage plutôt en Sleeper class. Pour ce voyage, j'ai réservé neuf billets de train (dont deux en wagon climatisé) pour la bagatelle de 41€, ce qui m'a permis de parcourir une distance totale d'environ 4000 kilomètres. À titre de comparaison, je signale que les deux tickets de RER Orsay-Charles de Gaulle m'ont coûté 22.80€.

Une nuit d'hôtel m'a coûté en moyenne 5.10€, la moins chère m'ayant coûté 2.30€ et la plus chère 9.20€, c'est-à-dire entre 150 et 600 roupies. Dans mon expérience, on peut trouver des hôtels tout à fait convenables dans cette gamme de prix. Lors de mon premier voyage, je payais environ le triple de cela, souvent en allant dans des hôtels un peu plus grands, plus occidentalisés. Une chambre dans un hôtel en apparence plus seyant n'est souvent pas terriblement meilleure qu'une chambre dans un hôtel plus ordinaire. Une chambre ne donnant sur rien n'est pas un mauvais choix si on a envie de bien dormir : une chambre avec une fenêtre donnant sur la rue offre la certitude d'être ennuyé par des bruits de klaxons et une probabilité plus importante d'être réveillé dès six heures du matin par les rayons de l'astre du jour. Une autre tendance que j'ai observée est que plus l'hôtel paraît organisé, cloisonné en services, plus les demandes les plus simples souffrent de ne pouvoir être exaucées. Dans un mini-hôtel n'offrant qu'une poignée de chambres, on dispose d'un unique interlocuteur. Dans un gros machin, on ne peut pas simplement descendre à la réception pour discuter avec les personnes de l'hôtel qui manient le mieux l'anglais, il faut téléphoner au room-service qui va nous dire dans un anglais approximatif que la personne qui s'occupe de ceci ou cela n'est pas disponible. Ainsi, en temps ordinaire, si j'ai besoin de faire une lessive, je confie mon linge et on me le ramène nettoyé et repassé le lendemain ou le soir-même. Dans mon hôtel à Warangal, il fallait absolument confier son linge le matin entre 7h et 8h au dhobi ; impossible de faire comprendre l'intérêt que je pouvais trouver à dormir dans cette tranche horaire et confier mon linge plutôt la veille au soir à quiconque le remettrait au dhobi le moment venu. Bien sûr, à 7h, on m'a dit que ce n'était pas possible, qu'il fallait attendre. Deux ou trois coups de fils plus tard, une personne est venue. Non seulement j'ai dû me lever tôt, mais en plus, j'ai attendu une heure avant qu'on vienne prendre mon linge. Cette personne (qui n'était pas le dhobi, mais un intermédiaire, ce qui rend plus absurde encore le refus que j'avais essuyé la veille) a d'ailleurs essayé de me truander sur le nombre de vêtements que je confiais, ce qui était idiot puisque l'on ne paye qu'à la livraison.

Mes autres dépenses sur place se sont élevées à 6.60€ par jour. La plupart des restaurants que j'ai fréquentés me coûtaient moins de 2€. Je n'ai pas mangé de viande, mais n'ai pas été végétarien au sens où la plupart des indiens l'entendent puisque j'ai consommé occasionnellement des œufs et des crevettes. J'ai essayé de manger assez léger. Trois menus-types : thali, idli/masala-dosa, plat en sauce quelconque accompagné de chapatis ou de riz. Le thali (aussi appelé meals) est ce qu'il y a de plus recommandable puisque c'est très varié et peu onéreux, mais ce n'est souvent disponible que le midi. J'apprécie beaucoup les spécialités du Sud comme le masala dosa, que l'on peut consommer à toute heure. Les plats en sauce sont plus typiques du Nord. Je commande très souvent un rafraîchisant lassi. Au sujet de l'eau, la plupart des restaurants servent gratuitement de l'eau purifiée parfaitement propre à la consommation. Comme en France, il faut parfois insister un peu pour avoir de cet eau plutôt que de l'eau en bouteille.

Pour en dire un peu plus au sujet de l'eau, plusieurs sources sont disponibles :

  • l'eau en bouteille ;
  • l'eau purifiée distribuée dans les restaurants et hôtels ;
  • l'eau purifiée disponible dans de nombreux lieux publics ;
  • l'eau du robinet dans laquelle on a mis une pastille purifiante.

L'eau en bouteille est sûre, mais elle coûte environ 12 roupies le litre et engendre une pollution au plastique. L'eau purifiée par les restaurants et hôtels est à mon avis sérieuse et gratuite. J'ai plus de doûtes sur celle disponible dans certains lieux publics comme les gares. Une option qui peut plaire aux plus écologistes d'entre nous consiste à utiliser des pastilles servant à purifier l'eau, puisque ce procédé permet de réutiliser les bouteilles en plastique. Ayant acheté des pastilles lors de mon premier voyage, je pratique occasionnellement cette activité artisanale de purification. Si on a soif au milieu de la nuit ou en se réveillant pour prendre son cachet de Malarone, on n'a pas forcément envie de sortir acheter une bouteille d'eau au coin de la rue (au passage, la Malarone est un médicament très cher, le choix de l'utiliser augmente sensiblement le coût du voyage ; dans tous les cas, demander conseil à son médecin avant de partir, au moins un ou deux mois à l'avance pour le cas où des vaccinations seraient jugées opportunes). La première tentative d'utilisation de ces pastilles lors de ce voyage-ci m'a un peu refroidi. C'était à Kolkata. Je disposais de deux bouteilles de la même marque : une vide et une autre toute fraîche. Prévoyant des besoins en eaux pour l'après-midi, j'ai rempli la vide avec de l'eau du robinet et ai fait agir le comprimé. Un peu plus tard, les deux bouteilles se sont trouvées côte à côte. L'une était parfaitement transparente, l'autre était jaunâtre, m'ôtant toute envie de la goûter. Bref, pour éviter de se voir couper l'appétit, mieux vaut regarder avant si l'eau semble au moins passablement claire avant d'utiliser ce procédé. Au niveau du coût, une boîte de cinquante pastille permettant en principe d'assainir cinquante litres d'eau s'achète en France grosso modo au même prix que cinquante bouteilles d'eau en Inde.

À peu de choses près, les autres dépenses, finalement minimes, concernent le tourisme proprement dit. Là où avant, faute de disposer de cartes suffisamment précises et d'une boussole (je ne suis pas encore passé au GPS), j'eusse utilisé moult rickshaws pour rallier tel lieu depuis mon hôtel, sans savoir comment négocier le prix de la course, faute d'avoir la moindre idée de la distance à parcourir, j'utilise maintenant les cartes de mes guides Lonely Planet, en général très largement suffisantes, et explore les villes à pieds. (Tout cela est également possible avec les cartes du Guide du Routard, mais le nombre de villes couvertes est bien moindre.) Hormis l'assurance de ne pas se faire flouer et l'économie ainsi engendrée, la marche à pieds engendre un certain exercice physique, qui répété dans de nombreuses villes, n'est pas sans provoquer quelque baisse de la masse du marcheur. Je trouve aussi que l'on fait nettement mieux connaissance avec la ville, ses habitants et d'éventuels lieux insolites en procédant ainsi. Quand les distances sont trop grandes, utiliser les transports en commun est très intéressant, quoique la compréhension de leur mode de fonctionnement demande de la patience. Pour le moment, je n'ai jamais vraiment essayé de comprendre comment fonctionnait les bus circulant à l'intérieur des grandes villes. L'homologue des métros/RER à Mumbai et Kolkata s'avèrent très pratiques et très économiques par rapport aux taxis. Dans les coins perdus, utiliser un moyen de transport collectif (minibus, rickshaw collectif, etc.) permet de diviser au moins par dix le coût par rapport à un taxi/rickshaw individuel. Cependant, le temps de parcours peut s'en trouver rallongé.

Une fois arrivé près d'un site touristique payant, il faut s'acquitter d'un droit d'entrée, souvent dix ou vingt fois plus élevé pour les touristes étrangers que pour les Indiens. Je trouve dommage que cette politique tarifaire soit appliquée : elle produit une des rares situations dans lesquelles les touristes étrangers ne puissent se soustraire à leur joyeuse condition de vaches à lait. C'est ainsi, mais vu les merveilles que ne laisse de faire admirer l'Inde, il serait à mon avis malvenu d'être pingre au point de snober ces sites. La plupart des sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco font payer 250 roupies : si on en visite une dizaine, cela reviendra au total à moins de quarante euros. Vu le prix investi dans le billet d'avion, je trouve grotesque de se priver. Cette fois-ci, ma seule déception en ce qui concerne les sites payants a été le Charminar : ce qui est proposé à la viste pour 100 roupies est minime. Toutefois, il est intéressant de savoir que dans bon nombre de sites occupant de grandes surfaces (souvent non-contiguës), seule une petite partie est soumise à un ticket d'entrée. Par exemple, on peut visiter toutes les grottes d'Ellora excepté le temple Kailash gratuitement. À Hampi, seul le temple Vittala et deux ou trois autres bâtiments situés plus au Sud sont payants (via un ticket d'entrée commun), l'accès aux autres parties du site étant libre (en particulier au merveilleux temple Ramachandra). Malgré ces concessions à la gratuité, je trouve étonnant de se priver de visiter le temple Vittala, comme j'ai vu une Française le faire, pour une sordide question de budget.

Au voisinage des sites touristiques et à l'intérieur, de nombreux guides et pseudo-guides guettent l'arrivée de touristes étrangers. Je fais très rarement appel à leurs services. Si on n'en a pas l'envie, il n'est pas toujours évident de se soustraire à leurs propositions insistantes, mais il faut tenir bon.

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Commentaires

1. 2008-09-04 19:26+0200 (Ruxor)

Sais-tu comment fonctionnent ces pastilles purifiantes ? Et, en fait, quelles sont les plans sur lesquels l'eau indienne a besoin d'être purifiée ? J'imagine vaguement que c'est pour éviter les infections bactériennes, et que les pastilles sont soit au chlore soit au péroxyde d'hydrogène, mais peut-être que je suis à côté de la plaque.

2. 2008-09-05 00:21+0200 (Joël)

> Sais-tu comment fonctionnent ces pastilles purifiantes ?

Tout ce que je sais, c'est que celles que j'ai contiennent du dichloro-s-triazinetrione de sodium, donc tu ne dois pas être à côté de la plaque.


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