« Deux concerts à Dijon | La symphonie nº1 “Titan” de Mahler par l'Orchestre de l'Opéra à Pleyel »
2012-02-17 09:51+0100 (Orsay) — Culture — Musique
Salle Pleyel — 2012-02-16
Nicholas Angelich, piano
Roland Daugareil, violon solo
Orchestre de Paris
Juraj Valčuha, direction
Le Roi Étienne, ouverture, op. 117, Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano et orchestre nº5 en mi bémol majeur L'Empereur, Ludwig van Beethoven.
Von fremden Ländern und Menschen, extrait des Kinderszenen (Schumann)
Mazurka en fa mineur, op. 63 nº2 (Chopin)
Symphonie nº3 Écossaise
(Mendelssohn)
Encore un superbe concert de l'Orchestre de Paris... Si d'autres concerts récents de cet orchestre ont contenu des moments d'apogée plus hauts encore, comme pour La Vie de héros (dirigée par Herbert Blomstedt), le concert de ce jeudi a été un égal régal.
Le programme commence par l'ouverture du Roi Étienne. À l'écoute des premières notes, aucun doute stylistique n'est permis, cela ne peut avoir été composé que par Beethoven. Cela ne commence pas par des gros accords, mais par une suite de quatre notes, chacune jouées par de plus en plus d'instruments, en descendant d'une quarte à chaque fois comme il est indiqué dans le programme et on peut le constater sur la partition. Petit couac de non synchronisation entre les pupitres lors du démarrage de la troisième note. Après cette entrée en matière, une joyeuse musique flûtée se fait entendre. Le jeune chef Juraj Valčuha se fait très souriant. On rembobine depuis le départ. Cette fois-ci, les démarrages seront parfaitement synchros. On repart sur la musique flûtée, et puis on se lance dans une grande chevauchée beethovenienne qui va s'étendre pendant environ huit minutes, avec quelques rappels des éléments du début et l'introduction de nouveaux thèmes.
J'avais déjà entendu en concert le concerto nº5 “L'Empereur” de Beethoven : c'était en 2007, Hélène Grimaud accompagnait la Staatskapelle de Dresde. Mis à part la tenue de la pianiste découvrant ses épaules, je n'ai aucun souvenir de ce concert. Ce soir, j'ai l'occasion d'entendre pour la première fois Nicholas Angelich. J'ai beaucoup aimé son interprétation, très contrastée, de la caresse des touches à leur martèlement. J'ai été étonné de percevoir le rythme de la musique même lors des séries de doubles croches du soliste, alors que les pianistes me donnent souvent l'impression d'émettre un flux continu de notes sans structure audible. J'ai apprécié aussi la façon dont certaines phrases passent du piano à l'orchestre puis d'un pupitre à un autre. Superbe premier bis avec le premier numéro des Kinderszenen joué d'une façon plus lente que samedi dernier à Dijon par Andreas Staier, et avec quelques discrètes ornementations aussi. Le deuxième bis était sans doute de Chopin.
J'avais déjà eu l'occasion d'entendre la symphonie “Écossaise” de Mendelssohn. C'était par le Cleveland Orchestra. J'avais plutôt aimé ; Klari avait joyeusement détesté, tout comme Djac Baweur. Comme je les comprends ! Je plaide la candeur : je ne savais pas à quoi, bien exécutée, cette symphonie pouvait ressembler... Cette interprétation est plus poétique, bien plus évocatrice que celle du Cleveland, qu'il s'agisse d'orages ou de chants d'oiseaux. Les musiciens se défonçent. C'est un grand plaisir de regarder le chef Juraj Valčuha diriger l'orchestre. Parfois, il bat la mesure avec précision, parfois il sembler s'exercer à la magie : il tend son bras vers un musicien, puis un autre, etc, et immédiatement ceux-ci se mettent à jouer. Dans les passages plus lents, il pose sa baguette, et sans se forcer à marteler le battement de la mesure, avec ses bras il donne forme à la matière sonore comme s'il s'agissait de pâte à modeler. Il paraît beaucoup moins autoritaire que ne l'était Franz Welser-Möst, il semble également plus à l'écoute de ce que font les musiciens, sinon son visage ne trahirait pas aussi souvent le plaisir manifeste qu'il prend à diriger cet orchestre. Du début à la fin, j'ai adoré cette interprétation. Mention spéciale au duo basson-clarinette dans le quatrième mouvement !
Comme je suis contente pour toi que tu aies entendu une version-bof (version-pouah, même) *avant* une version youpi ! L'inverse est difficilement supportable.
Effectivement, on peut dire que c'était une version youpi !
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