« Planning de mars 2013 | Des Berlinois à la Cité de la musique »
2013-03-01 12:33+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra — Danse
Le mois de février vient de se terminer. Pour le concertivore que je
suis, cela a été un mois fou. Après l'équipée budapestoire du début du mois
(Mozart, Bizet, Bartók-Maraton), j'ai maintenu un rythme
de spectacle soutenu. Au total, j'aurai assisté à 31 spectacles en 28
jours... J'ai déjà fait un billet sur Nala et
Dayamanti au Quai Branly. Pour dix-sept qui restent, je vais
tenter de revenir au genre des microniquettes
déjà apparu ici en novembre dernier.
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Salle Pleyel — 2013-02-05
Orchestre Colonne
Laurent Petitgirard, direction
Le Chasseur Maudit (Franck)
Gary Hoffmann, violoncelle
Concerto pour violoncelle (Petitgirard)
Symphonie nº1 (Chostakovitch)
Ce concert du Colonne était magnifique ! Le deuxième balcon étant vide, je ne me suis pas fait prier pour descendre à l'orchestre. Tout m'a plu dans ce programme. Les cuivres de l'orchestre étaient superbes dans Le Chasseur Maudit de Franck. Dans le concerto pour violoncelle du chef d'orchestre Laurent Petitgirard, je me suis délecté du duo du début du deuxième mouvement entre le concertiste Gary Hoffmann et la for-mi-da-ble violoncelliste solo de l'orchestre. J'ai donc été plus que ravi que ce deuxième mouvement ait été rejoué en bis ! La Symphonie nº1 de Chostakovitch m'a procuré beaucoup de plaisir. Il serait impossible d'énumérer tous les solos que j'ai aimé, tous les instruments ayant l'occasion de se mettre en valeur au cours de la symphonie. Je les ai tous adorés !
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Salle Pleyel — 2013-02-07
Roland Daugareil, violon solo
Orchestre de Paris
Juraj Valčuha, direction
Danses de Galánta (Galánti táncok), Zoltán Kodály
Yuja Wang, piano
Concerto pour piano nº2 en sol mineur, op. 16 (Prokofiev)
Toccata en ré mineur (Prokofiev)
Variations sur un thème de Carmen (Vladimir Horowitz)
Die Seejungfrau, poème musical (Zemlinsky)
J'ai aimé découvrir les Danses de Galánta de Kodály (où se distinguait le clarinettiste Philippe Berrod !). Je suis resté indifférent (pour ne pas dire somnolent) au concerto pour piano nº2 de Prokofiev interprété par Yuja Wang, qui a fait preuve d'une aussi sidérante que vaine virtuosité dans un bis adapté de Carmen dans lequel Bizet devenait méconnaissable. La Petite Sirène de Zemlinsky (dont j'ai récemment adoré Der Zwerg à l'Opéra Garnier) alterne des moments délicatement aquatiques à la harpe et des tutti cuivrés assourdissants.
À la lecture des autres billets sur la blogosphère, on pourra constater que je partage l'avis des filles : Grignotages, Klari, Andante con anima, Palpatine.
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Théâtre des Champs-Élysées — 2013-02-08
Joyce DiDonato, Ariodante
Il Complesso Barocco
Dmitry Sinkovsky, premier violon et direction
Air d'Orontea Intorno all'idol mio extrait d'Orontea (Antonio Cesti)
Sinfonia (Presto, Grave, Presto) extrait de Tolomeo ed Alessandro (Domenico Scarlatti)
Air d'Ottavia Disprezzata regina extrait de L'incoronazione di Poppea (Claudio Monteverdi)
Air d'Irene Sposa, son disprezzata extrait de Merope (Geminiano Giacomelli)
Concerto pour violon et cordes RV 242 per Pisendel
(Antonio Vivaldi)
Air de Berenice Da torbida procella extrait de Berenice (Giuseppe Maria Orlandini)
Air de Cleopatra Morte col fiero aspetto extrait de Antonio e Cleopatra (Johann Adolf Hasse)
Air de Cleopatra Piangerò la sorte mia extrait de Giulio Cesare in Egitto (Händel)
Passacaglia extraite de Radamisto HWV 12a (Händel)
Air d'Ifigenia Madre diletta, abbraciami extrait de Ifigenia in Aulide (Giovanni Porta)
Musique de ballet extraite d'Armide (Christoph Gluck)
Air de Rossane Brilla nell'alma extrait de Alessandro (Händel)
Air de Fredegunda Lasciami piangere extrait de Galsuinde (Kaiser)
Air de Berenice Col versar, barbaro, il sangue extrait de Berenice (Giuseppe Maria Orlandini)
Joyce ! Ah, Joyce ! Quel plaisir de l'entendre, dans un répertoire
baroque qui alterne des airs lyriques
et d'autres qui ne sont pas
très éloignés du récitatif. L'orchestre qui l'accompagne, Il Complesso
Barocco, semble métamorphosé par la direction du premier violon Dmitry
Sinkovsky.
Ailleurs : Palpatine.
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Cité de la musique — 2013-02-09
Les Dissonances
Symphonie de chambre nº1 op. 9 (Schönberg)
David Grimal, Hans-Peter Hofmann, violon
Hélène Clément, Natasha Tchitch, alto
Christophe Morin, Maja Bogdanović, violoncelle
Sextuor à cordes nº1 en si bémol majeur, op. 18 (Brahms)
Symphonie nº4 op. 98 en mi mineur (Brahms)
Dix jours après ce concert, je n'ai aucun souvenir de la Symphonie de chambre nº1 de Schönberg. J'aurais sans doute trouvé très bien le sextuor nº1 de Brahms si je n'avais pas déjà entendu quelques musiciens berlinois l'interpréter en début de saison. Je ne sais pas par quel mystère les berlinois magnifiaient cette partition qui cette fois-ci n'a pas produit sur moi le même insoutenable émerveillement. Après l'entr'acte, j'ai en revanche adoré la quatrième symphonie de Brahms !
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Théâtre des Champs-Élysées — 2013-02-10
Ensemble Intercontemporain
Matthias Pintscher, direction musicale
Huit miniatures instrumentales (Stravinski)
Concertino pour douze instruments (Stravinski)
Margriet van Reisen, mezzo-soprano
Le Marteau sans maître, pour voix d'alto et six instruments (Boulez)
Octandre, pour huit instruments (Varèse)
Déserts, pour orchestre et bande magnétique (Varèse)
Les Stravinski m'ont plu. Je me suis ennuyé pendant le Boulez. Je suis content d'être resté pour les Varèse. Octandre n'est certainement pas l'œuvre la plus dérangeante de Varèse. Son côté hors-système est plus flagrant dans Déserts pour orchestre et bande magnétique. Je ne vais pas discuter l'interprétation de l'orchestre, mais celle de la bande magnétique : on a beau dire que c'est un son fixé sur un support, le rendu peut être très différent d'une fois à l'autre. En 2009, les basses fréquences m'avaient donné la nausée. Cette fois-ci, je n'ai pas eu envie de vomir. Zut, je pensais que ce concert serait un peu plus déstabilisant !
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Théâtre des Champs-Élysées — 2013-02-11
Nikolaï Lugansky, piano
Dans les brumes, Janáček
Quatre impromptus op. 142 (Schubert)
Sonate nº1 en ré mineur op. 28 (Rachmaninov)
Ma raison d'aller à ce concert était la présence de Dans les brumes de Janáček. J'espérais me régaler autant que lorsque j'avais entendu pour la première fois cette œuvre interprétée par Alain Planès en janvier 2012 ; le plaisir d'écouter à nouveau ce pianiste dans cette œuvre avait d'ailleurs été renouvelé à la Cité de la musique à la mi-janvier 2013. Lugansky a certainement fait ce qu'il voulait faire. Il y avait sans doute plus de fausses notes dans les interprétations de Planès, mais les tempi excessivement lents et les phrasés hachés de Lugansky m'ont donné l'impression d'une déconstruction de l'œuvre, qui perdait à mon sens toute poésie. Pour moi, cela a été vingt minutes de souffrance. On pourra dire que Lugansky a livré une interprétation toute personnelle de l'œuvre de Janáček... Si mon attention était maximale pendant ce Janáček, j'ai sombré dans les impromptus de Schubert, qui avaient pourtant l'air d'être très bien joués. Ne me sentant pas prêt à affronter la première sonate de Rachmaninov et les nombreux bis subséquents, je suis exceptionnellement parti à l'entr'acte...
Ailleurs : Frederick Casadesus.
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Salle Pleyel — 2013-02-12
Freiburger Barockorchester
Sunhae Im, Bellezza
Julia Lezhneva, Piacere
Christophe Dumaux, Disinganno
Jeremy Ovenden, Tempo
René Jacobs, direction
Il Trionfo del Tempo e del Disinganno (version italienne de 1707), Händel
Il Trionfo del Tempo e del Disinganno est censé être un oratorio, mais il s'agit pour ainsi dire d'un opéra dans lequel la Beauté personnifiée finit par se désintéresser du Plaisir pour se tourner vers le Temps et la Désillusion. Dans les airs da capo du Plaisir, je me délecte des ornementations dans le chant de l'adorable Julia Lezhneva. Les solos du premier violon sont fabuleux. La façon dont certaines phrases musicales allant de l'aigu au grave passent sans discontinuité apparente des violons aux violoncelles est sidérante. Les couleurs sonores apportées à l'orchestre par les flûtes à bec sont ravissantes. Que j'aime que la musique baroque soit jouée avec un tel engagement ! Bref, quel merveilleux orchestre baroque que ce Freiburger Barockorchester que je n'avais pas entendu depuis 2005 !
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Conservatoire de Paris, Salle d'art lyrique — 2013-02-13
Orchestre du Conservatoire de Paris
Tito Ceccherini, direction
Alexandre Cravero, assistante à la direction
Marie Soubestre, La prostituée (soprano)
Alban Dugourt, Le soldat (ténor)
Catherine Trottmann, La femme de chambre (mezzo-soprano)
Enguerand de Hys, Le jeune homme (ténor)
Laura Holm, La jeune femme (soprano)
Aurélien Gasse, Le mari (baryton)
Charlotte Schumann, La grisette (mezzo-soprano)
Jean-Jacques L'Anthoen, Le poète (ténor)
Marie-Laure Garnier, La cantatrice (soprano)
Roman Dayez, Le comte (baryton)
Yoan Hereau, Lutxi Nesprias, Fanny Prandi, Thomas Tacquet-Fabre, chefs de chant
Marguerite Borie, mise en scène
Darren Ross, chorégraphie et assistant à la mise en scène
Laurent Castaingt, scénographie et conception lumière
Myriam Dogbé, assistante à la scénographie
Pieter Coene, costumes
Sonia Bosc, assistante aux costumes
Héloïse Grandu, habilleuse
Isabelle Lemeilleur, maquilleuse
Naty Meneau, maquilleuse/coiffeuse
Jean-Pierre Le Gallic, Patrick Buisson, régie générale
Mathilde Lemoine, Magid Mahdi, régie plateau
Bruno Bescheron, Guillaume Fesneau, régie lumière
Stéphane Darmon, régie de scène
Nathalie Berthier, Yann Divet, régie orchestre
Reigen, opéra en dix scènes sur un livret de Luc Bondy d'après Der Reigen, pièce de théâtre d'Arthur Schnitzler, Philippe Boesmans (version de chambre de Fabrizio Cassol).
Mes impressions sur cette représentation d'opéra adaptée de la pièce de Schnitzler sont sur le Biblioblog.
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Opéra Garnier — 2013-02-15
Maki Ishii, musique (1985)
Jiří Kylián, chorégraphie (1988)
Michael Simon, scénographie et lumières
Ferial Simon, Joke Visser, costumes
Patrick Delcroix, Elke Schepers, assistants du chorégraphe
Kees Tjebbes, assistant technique et réalisation lumières
Michael De Roo, direction musicale
Alice Renavand, Kaguyahime
Hervé Moreau, Mikado
Muriel Zusperreguy, Amandine Albisson, Caroline Robert, Laurène Levy, Charlotte Ranson, Villageoises
Alessio Carbone, Vincent Chaillet, Aurélien Houette, Sébastien Bertaud, Adrien Couvez, Villageois
Caroline Bance, Eléonore Guérineau, Christelle Granier, Séverine Westermann, Juliette Hilaire, Allister Madin, Marc Moreau, Daniel Stokes, Mathieu Botto, Yvon Demol, Les Citadins
Julien Meyzindi, Alexis Renaud, Les compagnons du Mikado
Ballet de l'Opéra
Kodō, Gagaku et ensemble de percussions invité
Kaguyahime
Malgré une musique et une scénographie superbe, ce ballet qui m'avait tellement plu en 2010 m'a laissé sur ma faim. Certes, la scène de la guerre au début de la deuxième partie est très impressionnante, j'ai bien sûr aimé retrouver Alice Renavand dans le rôle-titre et j'ai pris beaucoup de plaisir à voir danser Amandine Albisson et Aurélien Houette dans des rôles de villageois. Mais, ce ballet me semble insatisfaisant du point de vue narratif. Si on n'a pas (re)lu le synopsis détaillé, le ballet est tout simplement incompréhensible (je n'ai d'ailleurs toujours pas saisi pourquoi il y a deux scènes de castagne, une avant et une après l'entr'acte). Il n'aurait pas été superflu d'ajouter un peu de pantomime pour donner un sens à ce qui se passait sur scène. Bien malin celui qui comprendrait ce que sont les épreuves impossibles imposées par Kaguyahime à ses cinq prétendants...
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Cité de la musique — 2013-02-16
Ensemble Intercontemporain
Alejo Pérez, direction musicale
Modulations (Gérard Grisey)
Hae-Sun Kang, violon
Vita Nova (Sérénades) (Brice Pauset)
Dérive 1 (Pierre Boulez)
Christina Daletska, alto
Gesänge-Gedanken mit Friedrich Nietzsche (Philippe Manoury)
Il y a quelques mois, lors d'un autre concert de l'Intercontemporain, j'avais trouvé merveilleuse la composition #9 de Mauro Lanza. En sortant, Bladsurb m'avait expliqué que c'était de la musique spectrale. En entendant Modulations de Gérard Grisey lors de ce concert, je crois pouvoir dire que j'aime beaucoup cette forme de musique contemporaine. Dans un envoûtant sur-place apparent, le temps semble comme s'arrêter et permet à l'auditeur de s'immerger dans ce son, qui néanmoins se développe et présente de multiples facettes. La retombée sur terre avec la composition de Brice Pauset fut brutale... Après l'entr'acte, j'ai à peine eu le temps de renter dans Dérive 1 de Boulez que l'œuvre était déjà terminée. Pour conclure ce concert, il y avait la première audition en France de Gesänge-Gedanken mit Friedrich Nietzsche de Philippe Manoury au cours de laquelle j'ai été captivé par le chant de Christina Daletska, qui semble n'avoir que des qualités.
Ailleurs : Bladsurb.
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Salle Pleyel — 2013-02-21
Roland Daugareil, violon solo
Orchestre de Paris
Ingo Metzmacher, direction
Emanuel Ax, piano
Concerto pour piano nº17 en sol majeur, KV 453 (Mozart)
Impromptu op. 142 nº2 (Schubert)
Chen Reiss, soprano
Renata Pokupić, mezzo-soprano
Werner Güra, ténor
Johannes Weisser, basse
Chœur de l'Orchestre de Paris
Lionel Sow, chef de chœur
Messe nº3 en fa mineur (Bruckner)
J'avais déjà eu l'occasion d'être émerveillé par le jeu du pianiste Emanuel Ax dans un programme Mozart/Haydn avec l'Orchestre de chambre de Paris. Je me suis régalé en écoutant le concerto pour piano nº17. Je pensais qu'Ingo Metzmacher était un chef spécialisé dans la musique contemporaine (cf. le programme d'un autre concert avec l'Orchestre de Paris en juin 2012). Apercevant son profil gauche depuis ma place, je constate qu'il est manifestement heureux de diriger ce concerto de Mozart. (Le bis du pianiste était superbe, je suis cependant un peu déçu qu'il ait joué le même que lors du concert avec l'Orchestre de chambre de Paris...)
J'étais en théorie placé au fond de l'orchestre, mais je m'étais replacé au rang BB pour être près du pianiste. J'y suis resté pour écouter la Messe nº3 de Bruckner. J'ai donc pour ainsi dire eu le nez dans la partition des premiers violons (les seconds étant à droite du chef). L'effort demandé est impressionnant : des pages et des pages de gammes, avec pratiquement que des doubles-croches ! À force d'entendre continuellement TitatatatatatataTitatatatatataTi... j'en viens à me dire que John Adams et Philip Glass n'ont pas inventé grand'chose. Bien sûr, à l'écoute des autres parties, cet aspect répétitif de la musique disparaît et cette composition comporte quelques merveilles comme le passage très impressionnant du Credo évoquant la Résurrection.
Ailleurs : Paris — Broadway, Palpatine.
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Salle Pleyel — 2013-02-22
Colin Currie, percussions
Pierre-Laurent Aimard, piano
Orchestre philharmonique de Radio France
Jukka-Pekka Saraste, direction
Two Controversies and a Conversation : Concerto pour piano, percussions et orchestre de chambre (Elliot Carter)
Mouvements pour piano et orchestre (Stravinski)
Suite de danses (Bartók)
Sinfonietta (Janáček)
Ce concert démontre que s'agissant de musique, il ne faut pas avoir peur du vingtième siècle ! Une de mes raisons de venir à ce concert était la présence du pianiste Pierre-Laurent Aimard que je n'avais encore jamais entendu en concert. Dix minutes d'Elliot Carter et 8 minutes de Stravinski, c'est malheureusement un peu trop court. En règle générale je pense que la musique gagne à être écoutée et vue dans une salle de concert. La pièce d'Elliot Carter ouvrant le programme fait à mon avis exception. Je suis trop distrait par ce que je vois pour rester attentif à la musique. Les très nombreux et sportifs mouvements du percussionniste entre ses différents instruments (marimba, gongs, etc.) détournent mon attention. L'aspect visuellement haché de phrases musicales réparties entre différents groupes d'instruments m'empêche aussi de véritablement écouter les Mouvements pour piano et orchestre de Stravinski, que j'apprécie aussi davantage à la réécoute...
Après l'entr'acte, l'Orchestre Philharmonique de Radio France interprète la Suite de danses de Bartók. Je les avais déjà entendues à Budapest par le Nemzeti Filharmonikusok (les Philharmoniqueux nationaux) pendant le Bartók-Maraton. Le contraste avec les autres merveilles jouées pendant le Marathon ne m'avaient fait trouver ce concert que très bon. Ayant entendu cette fois-ci cette suite de danses dans un autre contexte. j'ai été tout à fait convaincu par la vigoureuse interprétation du Philhar' dirigé le chef Jukka-Pekka Saraste que j'avais déjà apprécié dans un programme Britten/Chostakovitch. J'apprécie évidemment les glissandos des trombones dans l'Allegro molto, mais je savoure aussi tout particulièrement l'Allegro vivace, une danse paysanne très arabisante !
J'ai été tout autant convaincu par le Sinfonietta de Janáček. Je ne sais pas au juste ce que cette œuvre raconte, mais il est évident à l'écoute que cette œuvre est narrative !
Ce concert est disponible à la réécoute sur Cité de la musique live.
Ailleurs : Paris — Broadway.
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Salle Cortot — 2013-02-23
Marc Duprez, violon
Hélène Lequeux-Duchesne, violon
Joël Soultanian, alto
Sarah Veilhan, violoncelle
Bernard Chapron, flûte
Canon à deux, Ricercar à trois, Canon à quatre, Canon perpetuus per giusti intervalli extraits de L'Offrande musicale (BWV 1079), Bach
Quatuor à cordes nº1 en ut majeur op. 49 (Chostakovitch)
Six Épigraphes antiques (Debussy), transcription pour flûte et trio à cordes de Bernard Chapron
Quatuor pour flûte et cordes en ré mineur, KV 285 (Mozart)
Charmant concert de musique de chambre au programme varié ! Parmi les extraits de L'Offrande musicale qui ont été joués, j'ai adoré le Ricercar à trois, grâce au thème de L'Offrande musicale dont les apparitions et réapparitions m'ont semblé limpides. J'ai encore une fois été charmé par le jeu de la violoncelliste Sarah Veilhan, qui a livré de beaux pizz. fins et délicats dans le Quatuor nº1 de Chostakovitch et qui a fort joliment alterné archets et pizz. dans la cinquième des Épigraphes antiques de Debussy, la plus convaincante à mon goût. La plus belle découverte de ce concert a été pour moi celle du remarquable altiste Joël Soultanian dont le solo au début du deuxième mouvement du Quatuor nº1 de Chostakovitch m'a beaucoup ému.
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Opéra Comique — 2013-02-23
Orchestre philharmonique de Radio France
Hélène Collerette, violon solo et direction
Magali Mosnier, flûte
Concerto pour flûte nº1 en sol majeur, KV 313 (Mozart)
Sérénade nº6 en ré majeur, Serenata notturna, KV 239 (Mozart)
Xavier de Maistre, harpe
Concerto pour flûte et harpe, KV 299 (Mozart)
Merci à Hugo d'avoir attiré mon attention sur ce réjouissant programme Mozart dirigé par Hélène Collerette ! Si les deux sous-ensembles du Philhar' entendus lors de ce concert et celui de la veille sont disjoints ou presque, ils m'ont tous les deux comblé de plaisir ; je note d'aller écouter plus souvent cet orchestre l'année prochaine...
Si j'ai aimé le concerto pour flûte et le concerto pour flûte et harpe, le point culminant de ce concert aura été pour moi la Serenata notturna. Les musiciens semblent prendre autant de plaisir que les spectateurs, très attentifs. Le satisfaction est d'autant plus grande dans le dernier mouvement où des mini-cadences semblent avoir été insérées pour chacun des solistes de cette œuvre (deux violons, un alto, une contrebasse et les timbales). D'après l'enregistrement de cette œuvre dont je dispose, ces solos ne semblent pas prévus par la partition, mais quand bien même certains solos m'ont paru d'un style assez peu mozartien (j'ai même pensé à Boulez !), c'était du meilleur effet !
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Théâtre des Champs-Élysées — 2013-02-26
Orchestre de chambre de Paris
Marina Chamot-Leguay, direction et flûte
Suite nº2 en si mineur, BWV 1067.
John Nelson, direction
Italo Marchini, assistant
Le jeune chœur de Paris
Henri Chalet, chef de chœur
Credo, pour chœur et orchestre (James MacMillan)
Omo Bello, soprano
Marianne Crebassa, mezzo-soprano
Claudia Huckle, alto
Pascal Charbonneau, ténor
Matthew Brook, basse
Magnificat, BWV 243, Johann Sebastian Bach.
La suite pour orchestre “Sonnerie de téléphone” de Bach était malheureusement ratée. Malgré l'effectif orchestral réduit utilisé pour cette œuvre, le son de la flûte (en bois) était inaudible, presque complètement couvert par celui des autres instruments. Ma tristesse est aussi grande que l'estime que je porte à la flûtiste.
Le Credo de MacMillan ne m'a pas autant enchanté que son concerto pour hautbois, interprété en janvier par cet orchestre et François Leleux. J'ai un peu l'impression d'avoir entendu une œuvre pour chœur et une œuvre pour orchestre, mais pas vraiment une œuvre pour chœur et orchestre, comme si les parties chorales et des parties orchestrales s'ignoraient l'une l'autre. L'écriture vocale est archaïsante (oh, des intervalles entre voix du chœur qui sonnent juste), ce qui ne messied point s'agissant d'une œuvre religieuse. Les parties orchestrales sont un peu plus tourmentées, mais j'apprécie tout particulièrement les accords doucement dissonants entre les différents pupitres de cordes (on diraît un tampura mal réglé !). Ayant eu du mal à discerner le texte prononcé par le chœur, je n'ai même pas reconnu le moment où celui-ci dit Et resurrexit..., un passage sans doute totalement dénué d'effet, contrairement à Bruckner dans sa Messe nº3 mentionnée plus haut.
L'interprétation de ce Credo a été perturbée par la présence dans la salle d'un bébé qui a commenté les deux premiers mouvements avec les quelques syllabes à sa disposition. Le troisième mouvement a même été interrompu après quelques secondes. Le chef s'est tourné silencieusement vers le côté, quelques spectateurs ont inventivé contre les parents dudit bébé, les exhortant à sortir (en vain...).
Après l'entr'acte, l'orchestre, le chœur et cinq chanteurs solistes sont venus interpréter le Magnificat de Bach, que je n'avais pas entendu en concert depuis 2007. Cette interprétation réjouissante de la musique de Bach m'a vraiment convaincu. Outre les chanteurs presque tous excellents, j'ai aimé les solos de hautbois, le duo de flûtes, l'organiste, le chœur, le phrasé intéressant choisi par les cordes dans le Deposuit potentes, etc.
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Cité de la musique — 2013-02-27
Philippe Aïche, violon solo
Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction
Symphonie nº86 (Haydn)
Piotr Anderszewski, piano
Symphonie nº4 (Szymanowski)
Sérénade nº1 (Brahms)
Il faudrait que l'Orchestre de Paris joue plus souvent à la Cité de la Musique. C'était une orgie sonore ! J'ai adoré les trois œuvres. La Symphonie nº4 de Szymanowsky m'a paru cette fois-ci bien plus équilibrée que lorsqu'elle avait été interprétée en décembre par le LSO. La Sérénade nº1 de Brahms est une très belle friandise qui commence espièglement dans une atmosphère très paysanne. Pendant tout le concert, le bassoniste Giorgio Mandolesi a fait honneur à sa réputation !
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Église Saint-Eustache — 2013-02-28
Orchestre Colonne
Marc Korovitch, direction
Fabienne Conrad, soprano
Nicolas Lépolard, baryton
Chœur de l'orchestre Colonne
Francis Bardot, chef de chœur
Am Saum ses Gedankens (Gualtiero Dazzi)
Ein deutsches Requiem (Brahms)
Je ne suis pas très friand a priori des concerts dans les églises. Le placement est souvent libre ; il faut donc penser à arriver un peu en avance. Les chaises sont inconfortables et trop rapprochées les unes des autres. Il fait froid (ou trop chaud si on est assis sur le chauffage...). Les musiciens ne sont pas sur une scène surélevée, donc on ne les voit pas et en outre, le son qu'ils produisent est transformé par la durée de réverbération invraisemblablement longue de ces édifices (cf. le cas de la basilique Sainte-Clotilde).
Le concert a commencé par Am Saum des Gedankens de Gualtiero
Dazzi. Contrairement au Credo de MacMillan entendu l'avant-veille de ce concert, je ne ressens
pas ici de grand écart entre les parties vocales et les parties
orchestrales de cette œuvre contemporaine. J'apprécie l'atmosphère créée
par l'orchestre par différents procédés, comme de longues notes tenues ;
cela m'a parfois fait un peu penser au style spectral (voir plus haut à propos de Modulations de
Grisey). Dans cette œuvre pour orchestre, chœur et voix féminine, mes plus
fortes émotions sont venues des interventions de la soprano Fabienne
Conrad. Certes, il m'a semblé qu'il y avait beaucoup de vibrato dans sa
voix au tout début, mais que ses phrasés étaient beaux ! J'ai ainsi
beaucoup aimé sa façon de chanter une fin de phrase sur le texte den
Stern in die Nacht
. Le clou du spectacle résidait dans l'ondulation
presque dhrupadisante sur les deux syllabes d'un unique
mot vers la fin de l'œuvre, était-ce sur le mot immer
dans le poème
Die Pappel ? Merveilleux !
J'appréhendais de réétendre Ein deutsches Requiem de Brahms. Je l'ai entendu deux fois : en 2006 par le COGE et en 2009 par le Philharmonique de Radio France. À chaque fois, je m'étais ennuyé au point que je m'étais peut-être même assoupi. Je garde aussi en mémoire le souvenir de passages qui m'avaient semblé un peu pompeux.
L'Orchestre et le Chœur Colonne sont dirigés par Marc Korovitch, que j'ai déjà pu apprécier comme chef de l'Orchestre des concerts gais. Amenés comme ils l'ont été, sans affectation, les passages qui joués par d'autres m'avaient parus pompeux m'ont semblé venir tout naturellement dans le flux musical. L'acoustique de l'église valorise tout particulièrement le chœur qui explore une large gamme de nuances. Le premier mouvement Selig... m'a bouleversé. J'ai rarement autant pleuré pendant un concert ! Après un deuxième mouvement tout aussi riche en émotions, j'ai pu retrouver une certaine contenance et écouter la suite de l'œuvre d'un air ravi que je n'ai même pas pensé à quitter quand je me suis pris un gros coup de coude involontaire de la part de la spectatrice située à ma gauche...
Ce qui est fabuleux, c'est ton inextinguible passion pour la découverte musicale et ton inépuisable quête d'horizons sonores diversifiés... te consacres-tu avec autant d'assiduité à d'autres hobbies?
Pour être complet, il aurait fallu un récital de bharatanatyam ou un concert de dhrupad...
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