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2013-02-05 10:40+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Budapest
Je viens de passer un week-end à Budapest. La raison principale de ce
séjour était le Bartók-Maraton (Marathon Bartók en français), une
série complètement folle de onze concerts Bartók sous la direction
artistique d'Iván Fischer donnés au Palais des Arts
pendant une seule journée. Les concerts ont eu lieu alternativement dans la
grande salle (Bartók Béla Nemzeti Hangversenyterem) et dans l'amphithéâtre
(Fesztivál Színház). Le placement en I. em oldalerkély bal
(les
premières bergeries du côté gauche) réduit au minimum la distance à
parcourir pour passer d'une salle à l'autre. Les concerts s'enchaînent en
effet très rapidement : il y a rarement plus de dix minutes d'entr'acte. Il
faut choisir entre grignoter, boire ou plus prosaïquement aller aux
toilettes. Un verre de vin blanc (excellent), deux cafés, quelques gorgées
d'eau, une tablette de chocolat aux noisettes, je n'ai rien pris d'autre au
cours de cette journée-marathon. Pourtant, si des signes de fatigue
physique sont apparus en fin d'après-midi, je crois bien avoir réussi à
rester concentré sur la musique pendant tous les concerts qui ont tous été
de très bons à fantabullissimes. Je ne vais pas les recenser dans l'ordre
chronologique, mais dans un ordre d'intérêt ou d'émerveillement personnel
(très légèremment) décroissant ; c'est évidemment très subjectif. Je vais
me limiter dans ce billet aux concerts donnés dans la petite salle nommée
Fesztivál Színház. Je reviendrai sur les six autres concerts donnés dans la
grande salle dans un prochain billet.
J'ai recopié les programmes en gardant les noms propres dans l'ordre hongrois (nom suivi du prénom) et j'ai laissé en VO les titres d'œuvres, le nom des instruments, etc. J'aime bien l'idée de garder ces informations sans qu'il y ait de perte par rapport au programme uniquement en hongrois distribué pendant la journée et annoncé sur Internet. Cela me fait aussi travailler un peu mon hongrois... qui est passé au cours de ce séjour de zéro à pas grand'chose. (En cas de problème, utilisez Google Translate, même si le résultat est parfois étonnant...)
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Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 14:00
Nyíregyházi Cantemus Kórus
Szabó Dénes, Szabó Soma, vezényel
Egynemű és vegyes karok: Tavasz, Ne hagyj itt!, Jószágigéző, Leánynéző, Bolyongás, Leánykérő, Csujogató, Eladó lány, Négy szlovák népdal, Keserves, Senkim a világon, Játék, Ne láttalak volna, Bánat, Cipósütés, Párnás táncdal, Kánon, Isten veled!.
Pour ce programme de chœurs mixtes et non-mixtes, les sages tenues colorées des choristes inspirent a priori la sympathie tout comme le sourire bonhomme du premier chef de chœur de cet ensemble Nyíregyházi Cantemus Kórus. Je n'osais toutefois pas croire que ce concert me procurerait un plaisir aussi pur. Pour moi, ce concert a été émotionnellement le point culminant du Bartók-Maraton. Les choristes ayant atteint ou dépassé la vingtaine d'années se sont positionnés sur toute la longueur des deux allées entourant les rangées de sièges de l'amphithéâtre. Les autres forment plusieurs rangs sur la scène. Pendant le concert, quelques changements de configuration se sont faits de façon très fluide, alors que tous continuaient à chanter. Assis vers le milieu du deuxième rang, j'écoute ce concert non pas seulement en stéréo, mais dans une configuration sonore inconnue de mes sens (un film au son spatialisé en surround, c'est peu de choses en comparaison). Pendant les premières minutes, j'étais complètement ailleurs, entendant un merveilleux instrument polyphonique et mon impression s'est prolongée jusqu'à la fin du concert. Je n'imaginais pas que des chœurs dont certains s'approchent du genre des chants populaires pouvaient atteindre un tel niveau de raffinement et me procurer un plaisir que même les plus belles œuvres chorales de Bach (pour parler de ce que je connais un peu) ne m'ont fait ressentir, alors même que je n'ai absolument aucune idée du sens des textes chantés.
Pour quelques uns des chœurs, une des choristes jouait un accompagnement au piano, mais pour l'essentiel il s'est agi de chœurs a cappella. Avant chaque morceau de musique, une des choristes chantait brièvement une note après avoir écouté son diapason. En toute simplicité, comme si tout allait de soi, ce chœur m'a donné à entendre un de ces concerts prodigieux qui justifient d'aller inlassablement assister à des spectacles.
Voici un aperçu du travail du chœur d'enfants de cette formation. Note pour plus tard : me procurer ce CD. En attendant, retrouver un peu de l'émotion initiale procuré par Tavasz dans cette interprétation du chœur Kodály de Fukushima.
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Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 11:30
Mikrokozmosz (részletek)
Vigh Teodóra (Hubay Jenő Alapfokú Művészeti Iskola, Budapest ; Homor Istvánné, tanára)
I. füzet: Kérdés és felelet (14), Ellenmozgás (17), Imitácio és fordítása (23), Szinkópák (27), Tánc kánon formában (31)
II. füzet: Kromatika (54), Staccato és legato (38), Minuetto (50), Délszlávos (40)
Magyar Valentin (Rózsavölgyi Márk Alapfokú Művészetoktatási Intézmény, Balassagyarmat ; Somogyvári Ildikó, tanára)
III. füzet: Hommage à J. S. B. (79), Kromatikus invenció 2. (92)
IV. füzet: Felhangok (102), Nóta (116)
V. füzet: Dobbantós tánc (128), Perpetuum Mobile (135)
Heinrich Attila Henrik (Miskolci Egressy Béni-Erkel Ferenc Zeneiskola & AMI ; Csabay Csilla, tanára)
IV. füzet: Népdalféle (100), Báli szigetén (109)
V. füzet: Staccato (124), Váltakozó ütem (126), Falusi tréfa (130), Paprikajancsi (139)
Radnóti Róza (Járdányi Pál Zeneiskola, Budapest ; Becht Erika, tanára)
VI. füzet: Hat tánc bolgár ritmusban (2) (149), Tört hangzatok váltakozca (143), Ostinato (146)
Forró Fruzsina (Tóth Aladár Zeneiskola, Budapest ; Eckhardt Gábor, tanára)
VI. füzet: Kis másod- és nagy hetedhangközök (144), Mese a kis légyről (142), Szabad változatok (140)
En parcourant le programme du Marathon il y a quelques jours de cela, je m'étais réjoui du fait que les extraits de cette œuvre en six volumes destinée à l'apprentissage du piano soient joués par des élèves d'écoles de musique (Zeneiskola). Quelle belle idée ! Il est pourtant évident que c'est ainsi qu'il faut le représenter ; je n'imagine même pas que les organisateurs aient envisagé de le faire autrement ! Mes propres capacités techniques se limitent à un sous-ensemble de ce qu'a joué la toute première élève. J'ai reconnu certains des morceaux. Au fur et à mesure que l'on progressait, les élèves devenaient de plus en plus grands et exprimaient chacun à sa manière sa personnalité.
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Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 18:00
Báll Dávid, Marouan Benabdallah, zongora
Dénes Roland, Joó Szabolcs, ütőhangszerek
Szonátá két zongorára és ütőhangszerekre
Kádár István, hegedű
Ács Ákos, klarinét
Fejérvári Zoltán, zongora
Kontrasztok
Ce concert de musique de chambre était en deux parties disjointes. Il y eut d'abord la sonate pour deux pianos et percussions. Les deux tourneurs de pages sont très fortement mis à contribution puisque chaque page contient au plus deux ou trois systèmes de portées. Un incident assez sérieux de tourne aura d'ailleurs lieu avec le piano nº1. L'œuvre me déroute quelque peu dans le premier mouvement, mais j'ai adoré les deuxième et troisième mouvements. Cette œuvre rappelle que le piano est aussi un instrument à percussions et que la timbale a également un rôle mélodique. De quelle belle façon la timbale a ainsi repris un thème introduit par un des pianos ! Ce qui m'a le plus réjoui dans cette œuvre est peut-être le xylophone espiègle du troisième mouvement.
Dans Contrastes, je ne me suis délecté du son du clarinettiste, qui me faisait retenir mon souffle quand il jouait dans les nuances les plus douces. La relative aisance apparente du clarinettiste contrastait avec la virtuosité manifestement exigée du violoniste, lequel a joué de deux violons (pas en même temps, hein) dont l'un était dénué de coussin. Autant que je m'en souvienne, le changement d'instrument a eu lieu pour un passage dans un style faisant penser au folklore hongrois. D'après Wikipedia, le troisième mouvement est joué sur un violon accordé d'une façon inhabituelle. Je ne me souviens plus si cela a coïncidé avec le changement de violon ou si le violoniste a changé l'accord en cours de route. En tout cas, cette œuvre étrangement délicieuse m'a plu !
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Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 20:00
Kelemen-kvartett
Keleman Barnabás, hegedű
Homoky Gábor, brácsa/hegedű
Kokas Katalin, hegedű/brácsa
Kokas Dóra, cselló
II. ès V. vonósnégyes
Ma capacité d'émerveillement était-elle épuisée pour cet avant-dernier concert du programme ? Avait-ce été une erreur de ma part d'écouter les enregistrements de ces deux quators à cordes enregistrés par le quatuor Keller ? Ce qui est sûr, c'est que j'attendais trop de ce concert. Je ne sais pas comment cela aurait pu être mieux (peut-être en étant placé un peu plus loin des musiciens pour que les sons fondent mieux ?), mais j'espérais un choc plus radical encore que celui que j'avais ressenti à l'écoute du quatuor nº4 par le Quartetto di Cremona lors de la master-class de Kurtág à la Cité de la Musique. Bartók pouvait-il encore me bousculer après que j'ai entendu quelques minutes plus tôt Le Mandarin merveilleux ?! Bref, ce Bartók-Maraton me conforte dans l'idée que l'opinion que l'on se fait d'un concert dépend autant des œuvres et de leur interprétation que de l'état d'esprit dans lequel on franchit les portes de la salle. Je n'ai ainsi donc que moyennement aimé l'interprétation du quatuor nº2, mais le quatuor nº5 m'a vraiment beaucoup plu. Les musiciens étaient ainsi disposés, de gauche à droite : violon I, violoncelle, alto, violon II. J'ai été plus souvent habitué à voir V1/V2/alto/violoncelle ou V1/V2/violoncelle/alto, mais j'aime l'idée que le violon II fasse face au violon I ; j'imagine que ce choix original est influencé par les œuvres. Une particularité étonnante de ce concert est que le violon II et l'altiste du quatuor nº2 ont échangé leurs instruments pour le quatuor nº5 (je ne suis pas assez observateur pour savoir s'ils ont vraiment échangé les instruments ou s'ils ont chacun leur alto et leur violon !). Une autre des facéties de ces deux musiciens dans le nº5 est que pendant une longue phrase de l'altiste, le violon II lui a tourné la page. Si ce concert ne m'a pas plu autant que je l'aurais voulu, j'ai adoré ce quatuor nº5 et les fameux pizz. en glissando du violoncelle du quatrième mouvement.
Ce quatuor jouera entre autres ce quatuor nº5 de Bartók le 27 février à l'Auditorium du Louvre.
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Fesztivál Színház, Művészetek Palotája, Budapest — 2013-02-03 à 16:00
Várjon Dénes, zongora
Szóló zongoraművek: Két elégia op. 8b, Sz. 41, Szvit op. 14, Sz. 62, Szonatina, Sz. 55, BB 69, Improvizációk op. 20, Sz. 74
Ce concert d'œuvres pour piano solo est le seul qui ne m'ait pas franchement plu dans l'ensemble des onze concerts du Bartók-Maraton. Je n'ai aimé ni les deux Élégies ni la Sonatine ni les Improvisations, des œuvres qui m'ont laissé au bord du chemin. En revanche, j'ai beaucoup aimé la Suite. (J'ai l'impression que le pianiste a joué comme s'il était dans une salle beaucoup plus grande que l'amphithéâtre, ce qu'il fera plus tard dans la journée. Ainsi, j'ai parfois éprouvé un sentiment de trop plein sonore.)
Ailleurs : Paris ― Broadway, Klari, vadalmacsutka.
Bravo Joël ! ton hongrois est parfait !
Dear
Monsier Joel Riou,
we are very pleased to see yor wonderfull blog. I am the press Manager of the BFO and I really appreciate your admiring of the orchestra. My French is not good enough to answer you in your own language, but I hope, you understand my English as well.
I just wanted to help you and wish you a lot more nice experiences with the Festival Orchestra.
Best regards
Julia Varadi
Köszönöm szépen !
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