« Le Chamber Orchestra of Europe et Romain Guyot à Dijon | Priya Venkataraman à l'Espace Reuilly »
2013-03-27 15:08+0100 (Orsay) — Culture — Musique — Opéra
Auditorium de Dijon — 2013-03-24
Edwin Crossley-Mercer, Don Giovanni
Josef Wagner, Leporello
Diana Higbee, Donna Anna
Michael Smallwood, Don Ottavio
Timo Riihonen, Le Commandeur
Ruxandra Donose, Donna Elvira
Camille Poul, Zerlina
Damien Pass, Masetto
Marie Buffet, Suivante de Donna Elvira
Bertille Lucarain, Charlotte Mignot, Figurantes
Élèves du Pôle d'Enseignement Supérieur de la Musique de Bourgogne, bandas
Élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Dijon, danseurs
Gérard Korsten, direction musicale
Jean-Yves Ruf, mise en scène
Anaïs de Courson, collaboration à la mise en scène
Laure Pichat, scénographie
Claudia Jenatsch, costumes
Christian Dubet, lumières
Caroline Marcadé, chorégraphie
Cécile Kretschmar, maquillage, masques et coiffures
Lucie Hermand, assistanat aux costumes
Yvon Repérant, chef de chant, claveciniste continuiste
Mihály Zeke, chef de chœur
Maurizio Prosperi, pianiste répétiteur
Thierry Aveline, CUTFX, vidéo
Atelier Prelud, Ateliers de l'Opéra de Dijon, réalisation des décors
Atelier Caraco Canezou, Ateliers de l'Opéra de Dijon, réalisation des costumes
Thomas and Neel, création des surtitres
Bärenreiter, éditeur des partitions
Chamber Orchestra of Europe
Chœur de l'Opéra de Dijon
Don Giovanni (version de Prague), Mozart
J'ai assisté dimanche à mon quatrième Don Giovanni. J'avais adoré cette œuvre lorsque je l'avais découverte au TCE en 2010. En 2012 à l'Opéra Bastille, j'avais apprécié la mise en scène de Michael Haneke malgré la pesanteur de l'interprétation musicale. Il y a quelques semaines à Budapest, mon plaisir est davantage venu de ma visite du Magyar Állami Operaház que de la représentation de cet opéra, quoiqu'il me parût alors très bien chanté.
Dimanche après-midi avait lieu à Dijon la deuxième représentation d'une nouvelle production de Don Giovanni. Dès l'ouverture, on sent que c'est le Chamber Orchestra of Europe qui est dans la fosse, dirigé par Gérard Korsten. Néanmoins, il est à noter qu'il y avait un travail sur le son des cordes pour que cela sonne un peu baroque. Bien souvent, je me surprenais à entendre des détails de phrasés très finement ciselés !
Tous les chanteurs m'ont paru très bons. J'ai a-do-ré Edwin Crossley-Mercer en Don Giovanni. Les autres chanteurs masculins m'ont tous semblé très convaincants. Michael Smallwood dont le rôle de Don Ottavio reste assez discret pendant le premier acte se révèle au deuxième acte dans le magnifique air Il mio tesoro infanto ! Du côté des dames, mes plus grandes émotions sont venues de Diana Higbee (Donna Anna), dont les airs m'ont beaucoup ému. J'ai aimé Camille Poul dans l'adorable rôle de Zerlina. Il y avait une sorte de fragilité dans la voix de Ruxandra Donose, mais plutôt qu'elles soient dissimulées, il n'était à mon avis pas malvenu que les fêlures du personnage d'Elvira se manifestent ainsi. Voilà une très belle équipe de chanteurs assez jeunes : Damien Pass (Masetto) était à l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris il y a à peine deux ans...
À part les premières minutes de l'opéra qui se passent devant le rideau de scène, l'action est située sur un décor de verdure en pente irrégulière. Cela fait un peu peur au premier coup d'œil, mais cet espace est très habilement occupé par la mise en scène et il paraît tout à fait approprié pour la fête paysanne en l'honneur de Zerlina et Masetto. Les mouvements des membres du chœur tout comme ceux des solistes s'opèrent de façon très fluide et naturelle, ce qui conforte l'impression que l'action de Don Giovanni est sans aucun temps mort : un numéro musical est à peine terminé que le suivant arrive comme un prolongement naturel du précédent, autant pour les oreilles que pour les yeux.
Dans la mise en scène, j'ai particulièrement aimé certains détails qui
éclairent le texte qui est chanté. Ainsi, pendant l'air du catalogue
que Leporello chante à Elvira, il dit de son maître que sa passion
prédominante, c'est la jeune débutante
. À ce moment-là, par ses
mouvements candides, la jeune suivante d'Elvira attire l'attention du
spectateur, en une sorte de prémonition de ce qui se passera au second
acte.
L'idée que le metteur en scène Jean-Yves Ruf explique dans sa note d'intention est de faire de Don Giovanni un personnage errant. Vu le décor utilisé, il apparaît donc tout naturel que le Commandeur soit invité à un dîner sur l'herbe... Les dernières scènes de l'opéra étaient magnifiquement éclairées. Avant cette invitation à dîner, le cortège funèbre du Commandeur était passé avec un grand encensoir. Si les vapeurs d'encens ont indisposé quelques spectateurs des premiers rangs, elles ont surtout contribué à créer une pénombre vaporeuse de toute beauté pour l'apparition du Commandeur sur son piédestal pour sa mise en garde à Don Giovanni.
Pour la mort de Don Giovanni, si l'on excepte le rouge sang projeté sur la chemise blanche du malheureux, la mise en scène a été plutôt sobre. En effet, la partie spectaculaire était tout naturellement confiée à l'orchestre qui se l'est appropriée avec le talent qu'on lui connaît ! Quand le Commandeur est censé frapper à la porte de Don Giovanni, on entend un terrifiant son de cordes. Ceci prépare les oreilles du spectateur aux retrouvrailles avec les rugissants coups de timbales déjà entendus dans l'ouverture. Cet accompagnement musical tout Cihohiësque de l'intervention du Commandeur contribue à faire de ce passage une des scènes d'opéra les plus impressionnantes auxquelles j'aie eu l'occasion d'assister !
Le moins que l'on puisse dire est que je ne regrette pas le déplacement à Dijon pour cette représentation de Don Giovanni et le concert de la veille !
Cette production va faire l'objet d'une captation qui sera diffusée sur medici.tv à partir du 30 mars avant de sortir en DVD...
Bonsoir Joël !
Donose, fragile ? Elle est toujours tendue comme un arc, mais au meilleur sens du terme. Sinon, elle devait être en méforme, parce qu'on fait difficilement mieux techniquement et dramatiquement.
Je suppose effectivement Crossley-Mercer et Poul devaient être idéaux dans ces rôles-là. Je suis curieux d'entendre ça ! (Un peu moins de la mise en scène de Ruf, qui n'est pas forcément dans mes plus grandes inclinations en matière de mise en scène.)
Elle était peut-être fragile comme un arc tendu dont on pourrait craindre qu'il se brise (mais qui ne se brise pas...).
C'est exquisement dit, mais c'est comme le flèche ailée qui vole et ne vole pas : un esprit simple ne s'y retrouve pas. Elle a fait un canard, ou pas?
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