« Shashank au Théâtre de la Ville | Le Freischütz à l'Opéra Comique »
2011-04-08 01:26+0200 (Orsay) — Culture — Musique — Danse
Opéra Garnier — 2011-04-07
Élèves de l'école de danse de l'Opéra
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Marius Stieghorst, direction musicale
Piotr Ilyitch Tchaikovski, musique (1882) (Trio pour piano, violon et violoncelle en la mineur, op. 50 : deuxième mouvement, Thème et variations)
John Taras, chorégraphie (1948)
Jean-Yves Sébillotte, piano
Éric Lacrouts, violon
Matthieu Rogué, violoncelle
Alice Catonnet, Caroline Osmont, Clotilde Tran Phat, Roxane Stojanov
Mathieu Contat, Hugo Marchand
Dessins pour six
Léo Delibes, musique (1870)
Pierre Lacotte, chorégraphie et adaptation (1973) d'après la version d'Arthur Saint-Léon
Charles Nuitter, livret (d'après le conte d'E.T.A. Hoffmann, L'Homme au sable (1816)
Décors d'après les maquettes de Jean-Émile Daran (1875), inspirées de celles de Charles-Antoine Cambon (Actes I et III, 1870) et celles d'Edouard-Désiré Desplechin et Jean-Baptiste Lavastre (Acte II, 1870)
Costumes d'après les maquettes d'Alfred Albert (1870)
Marie Varlet, Swanilda
Germain Louvet, Frantz
Natan Bouzy, Coppélius
Raphaël Bouttier, Le Bourgmestre
Éléonore Thomas, La Paysanne
Cyprien Bouvier, Le Persan
Pascal Bayart, Le Chinois
Isaac Lopes-Gomez, Le Cymbalier
Marie Le Révérend, La Poupée
Coppélia ou la fille aux yeux d'émail, ballet en trois actes
Comme l'année dernière, je suis allé voir le spectacle de l'école de danse de l'Opéra. Cela a commencé par une court ballet de John Taras dont j'avais tant aimé Piège de lumière programmé l'année dernière dans le spectacle. Ce ballet pour six danseurs (quatre filles et deux garçons) ne m'a pas beaucoup intéressé. La musique de Tchaikovski est pour une formation de chambre : piano, violon, violoncelle. Le piano commence par énoncer un thème et de nombreuses variations suivent. Cette pièce ne m'a pas enthousiasmé outre mesure, mais ayant un petit faible pour la configuration piano-violoncelle, je ne me suis pas ennuyé pour autant. Sur la scène vide (fond bleu), les six danseurs évoluent, par trois, par deux, par six, etc. Cela ne raconte pas d'histoire et il n'y a pas non plus un déluge d'émotions (il y en a quand même un tout petit peu). Une belle variation pour un couple se termine par une sortie sur un porté acrobatique. Beaucoup de moments où les danseuses font presque du sur place sur pointes en tournant autour de leurs camarades. C'est au mieux mignon, mais dans un genre voisin, je préfère encore Apollon de Balanchine, qui ne m'avait pourtant pas beaucoup plu.
L'essentiel de la soirée est consacré à l'autre ballet au programme, Coppélia ou la fille aux yeux d'émail de Pierre Lacotte, d'après Arthur Saint-Léon (livret de Nuitter d'après Hoffmann). Il s'agit en fait d'une reconstitution du ballet d'origine, où on a cependant confié le rôle de Frantz à un danseur plutôt qu'à une danseuse travestie comme lors de la création de 1870.
La comparaison entre ce spectacle de l'école de danse et la Coppélia de Patrice Bart par le ballet de l'Opéra est cruelle... mais elle est nettement à l'avantage de l'école de danse !
Tout d'abord, dans la fosse, c'est l'Orchestre de l'Opéra de Paris dirigé par Marius Stieghorst qui avait déjà fait des merveilles l'année dernière pour la musique de Piège de lumière (Damase). Par rapport au résultat obtenu par Koen Kessels, il y a une grande différence ! Et pourtant, j'avais été satisfait par l'orchestre Colonne, notamment dans les passages extraits de Lakmé. Ici, à un numéro près, on entend que la musique d'origine de Delibes pour Coppélia. Elle est jouée de façon beaucoup plus vivifiante, enjouée. Le tempo est plus rapide (privilège de la jeunesse ! La chorégraphie est aussi moins tortueuse). Du côté de la dynamique, le chef met apparemment plus volontiers en valeur les p que les f. Quelques instruments à percussion insolites (dans le prélude du début du deuxième acte, je n'ai fait que regarder les deux percussionnistes, qui ne faisaient rien ! mais regardaient beaucoup autour d'eux). Les musiciens ont donné l'impression de prendre un certain plaisir à jouer pour les élèves de l'école de danse, comme le harpiste, qui était apparemment Emmanuel Ceysson ce soir.
Cette version de Coppélia a une histoire beaucoup plus claire que celle de Patrice Bart. Coppélius est bien un vieux pervers. Il veut transférer l'âme de Frantz qu'il a drogué dans Coppélia, la fille aux yeux d'émail dont Frantz s'était amouraché pour l'avoir vue depuis la rue. En fait, quand Swanilda et ses amies avaient été surprises par Coppélius après qu'elles étaient entrées chez lui et avaient vu ses divers automates, elles avaient toutes fui, sauf Swanilda qui avait pris la place de Coppélia. Coppélius croit insufler un souffle vital dans Coppélia, mais c'est Swanilda qui fait semblant de se mouvoir comme un automate, puis progressivement, au fur et à mesure que les doses d'âme successives arrivent, elle se met à se déplacer comme une véritable jeune fille.
Dans la version de Bart, en plus du corps de ballet, la danse reposait sur trois individualités : Swanilda, Frantz, Coppélius. Dans cette version, tout ou presque repose sur les épaules de la seule Swanilda ! au moins dans les deux premiers actes. Le personnage de Frantz n'y a en effet pas beaucoup à danser, et il est heureux que Pierre Lacotte ait ajouté une variation au personnage. Coppélius n'a que de la pantomime, mais elle est très réussie, ce qui rend d'autant plus convaincant le spectacle dans son ensemble. Bien sûr, on trouve aussi de très beaux ensembles au premier acte.
Ce soir, c'était Marie Varlet qui dansait le rôle de Swanilda. Elle a été absolument fantastique. La métamorphose de Coppélia au deuxième acte a été merveilleuse, passant d'un automate désarticulé à une vraie jeune fille, et rapassant sans cesse de ce rôle en métamorphose à son rôle de Swanilda inquiète du sort de Frantz endormi à la table de Coppélius dès que celui-là a le dos tourné.
Le troisième acte s'achève sur les noces de Frantz et de Swanilda. Il permet de mettre en scène une succession d'ensembles. Le rôle de Frantz devient alors résolument dansant et on apprécie l'aisance avec laquelle il porte sa partenaire. Certes, tout n'a pas été absolument parfait, mais quel beau spectacle cela a été !
Pierre Lacotte est venu saluer, et Elisabeth Platel, la directrice de l'école de danse, a eu le temps de quitter son strapontin du dernier rang de l'orchestre pour venir saluer aussi avant de s'écarter pour laisser aux élèves le mérite qui leur revient.
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